SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
21 juillet 2025
VIDEO
LA DAME QUI AVAIT CHAHUTE MACKY À LONDRES SE PRONONCE
La nommée Mbayang Camara avait interrompu le président dans la capitale britannique aux cris de : « Libérez Guy Marius Sagna ! Non à la suppression de la démocratie au Sénégal !... » - Elle revient sur cet épisode dans une interview à Jotna TV
La nommée Mbayang Camara avait interrompu le président dans la capitale britannique aux cris de : « Libérez Guy Marius Sagna ! Non à la suppression de la démocratie au Sénégal !... » - Elle revient sur cet épisode dans une interview à Jotna TV.
UN SYMPOSIUM EN L'HONNEUR DE SAMIR AMIN
En prélude à cette rencontre qui se tiendra du 10 au 12 février prochain à Dakar, les organisateurs ont tenu hier une conférence de presse pour décliner le programm
L’œuvre et la vie de Samir Amin vont être revisitées lors d’un symposium prévu du 10 au 12 février prochain à l’université cheikh Anta Diop de Dakar (ucad). Les participants qui viendront de 32 pays du continent en profiteront pour se pencher sur la situation politico-économique des pays du tiers monde.
En partenariat avec Enda, Codesria et d’autres organisations, le Forum du Tiers Monde va organiser un symposium en hommage à l’économiste franco-égyptien Samir Amin. En prélude à cette rencontre qui se tiendra du 10 au 12 février prochain à Dakar, les organisateurs ont tenu hier une conférence de presse pour décliner le programme. Celui-ci comportera plusieurs communications qui vont toutes converger vers le thème général intitulé : «Gestion de la crise multidimensionnelle du système mondial : les réponses des pays du Sud.
Selon le Pr Chérif Salif Sy qui présentait le programme, l’on est en face d’une crise qui inquiète tout le monde. D’où l’importance du symposium qui sera une tribune pour apporter des réponses aux multiples questions qui touchent la marche du monde. En plus d’une projection de film sur le parcours de Samir Amin et d’une exposition des œuvres de l’homme, ces trois jours de rencontre seront également des moments d’intenses réflexions sur diverses problématiques. En effet, les participants qui viendront de 32 pays d’Afrique vont traiter des questions relatives à la démocratie, au progrès social, à la terre et l’industrialisation.
La question de l’Etat-nation sera au cœur des débats qui porteront également sur la coopération Sud-Sud conformément à la logique de la lutte de Samir Amin. D’autant que le célèbre économiste a mené toute sa vie le combat pour l’émergence des pays du Sud. Les participants vont venir de 32 pays d’Afrique, de la Suisse, de la Belgique, du Canada, de la France et de la Grande Bretagne entre autres.
Le Pr Moustapha Kassé, doyen honoraire à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (Faseg) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) préside le comité scientifique du symposium. Demba Moussa Dembélé et Ndongo Sylla sont les rapporteurs généraux. Pour les organisateurs, le symposium a une dimension internationale qui va rassembler plusieurs pays. D’où l’utilité de prendre le temps de bien l’organiser et de permettre aux participants de bien préparer les documents qui seront présentés. «Nous avions décidé de ne pas nous précipiter, pour organiser l’hommage que nous voulons lui rendre», a indiqué Pr Chérif Salif Sy.
Par Babacar DIOP
RÉINVENTER LES PARTIS POLITIQUES
Je dois dire qu’il est nécessaire de conquérir le pouvoir car ceci est la vocation naturelle de tout parti politique. Toutefois, la constatation fâcheuse est que nos partis de gouvernement cessent d’être des partis de combat engagés pour la cause sociale
Le mercredi 04 décembre vers 18 heures, accompagné de mes avocats Me Moussa Sarr, Me Khoureichi Ba, Me Amadou Diallo, Me Babacar Ndiaye et Me Malick Fall, je fus le premier du groupe de mes codétenus à entrer dans le cabinet du doyen des juges Samba Sall pour être auditionné.
Après près de 50 minutes d’audition, malgré les brillantes plaidoiries de mes avocats, qui ont sollicité ma libération, arguant que j’étais bien domicilié à Dakar et qu’à chaque fois que la justice aurait besoin de m’entendre, je me mettrai à sa disposition. Ils ont aussi précisé que des milliers d’étudiants m’attendaient à l’université. Malgré tout, le juge resta inflexible et décida de me placer sous mandat de dépôt pour participation à une manifestation interdite. Me Moussa Sarr avait bien prévu ce scénario. Je dois dire que je doute de la liberté des juges dans ce pays et je n’ai pas été surpris par cette décision téléguidée, dont la cohérence par rapport à l’acte d’une marche pacifique et sans aucune violence était difficile à percevoir. Il n’y a rien de pire qu’un juge qui refuse d’assumer son indépendance.
Le vieux et sage Djibril Samb a écrit ces propos qui doivent être inscrits sur les frontons de tous les palais de justice pour rappeler aux magistrats tous les jours leur responsabilité : « L’indépendance de la justice émane uniquement de la volonté des juges – et de rien d’autre.[…] Une justice sans juges indépendants n’est pas une justice, mais une misérable parodie ; un juge qui n’est pas indépendant n’est pas un juge, mais un pitoyable faquin » (L’heur de philosopher la nuit et le jour, III, 2019, p.255). Le juge ne doit jamais oublier qu’il est le garant des libertés qui ne sont pas négociables dans une démocratie. Depuis le commissariat central, je me dis que mes bourreaux peuvent m’atteindre physiquement, mais ils ne le peuvent ni moralement ni psychologiquement, car je me suis bien préparé à affronter l’épreuve de la prison.
Cheikh Ahmadou Bamba et Nelson Mandela sont mes références en la matière. Je demandais à Me Moussa Sarr, dans le bureau de Samba Sall même, de contacter mon camarade et ami Serigne Assane Kane afin de lui demander de m’amener à Rebeuss dans les plus brefs délais un carnet où noter mes méditations et un certain nombre de livres dont j’aurais besoin. Je veux profiter de mon séjour de Rebeuss pour lire et écrire. Mais depuis mon arrivée, l’administration pénitentiaire, en violation flagrante de mes droits, me refuse l’accès à la bibliothèque. Malgré cette décision surprenante et arbitraire, je me débrouille dans des conditions difficiles pour lire et écrire. En réalité, je ne peux pas me passer du livre car il sera mon compagnon partout où j’irai dans le monde.
Dès mon arrivée, les prisonniers m’avertissent : « l’administration a peur de ceux qui écrivent, elle confisquera tes carnets ». Je sais que je suis sous haute surveillance, mais je prendrai toutes les dispositions nécessaires pour sauver ce qui sera demain la mémoire de notre époque. Comme disent les latins « Verba volant, scripta manent » (les paroles s’envolent, les écrits restent). Depuis mon arrivé à Rebeuss, la grève de faim m’empêche de me mettre au travail comme je le souhaite. Je n’ai pu reprendre réellement le travail qu’hier 13 décembre, au lendemain de l’arrêt de notre grève de faim. Malgré cette promiscuité qui bafoue la dignité humaine, les prisonniers me témoignent une disponibilité et un accommodement qui me touchent profondément. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour me permettre de travailler. J’ai remarqué qu’ils ont diminué le son de la télévision, ils parlent moins fort, ils me préparent du café. Je dois revenir ce soir sur les échanges que j’ai eus avec les jeunes dans la cellule du commissariat central. J’aborde ici la question des partis politiques et cette question spécifique me vient des remarques que j’ai eues des discussions avec eux sur les partis politiques traditionnels.
LA NECESSITE D’UN IDEAL POLITIQUE
La construction d’une société nouvelle n’est jamais spontanée, car très souvent, ce sont des acteurs politiques organisés qui essaient de se constituer en peuple. Après la remise en cause de l’ordre social injuste, ils s’engagent à construire un ordre nouveau plus égalitaire et plus éthique. Au fait, la création de nouvelles institutions vient toujours d’un long processus historique de transformation. C’est la raison pour laquelle un outil politique cohérent est nécessaire pour porter le projet de construction de la société nouvelle. Une société démocratique ne peut pas se passer des partis politiques qui sont nécessaires dans les luttes politiques. Ces partis permettent des alternatives démocratiques, parce qu’ils proposent au peuple des offres politiques différentes.
Ainsi, il est de mon avis illusoire de croire qu’on peut se passer des partis politiques en démocratie. Je pense bien que ceux qui prédisent la fin des partis se trompent car la politique reste déterminée par le rapport de forces entre les différents projets qui s’affrontent. C’est pourquoi, je demeure convaincu qu’il n’y a pas de démocratie sans confrontation politique, mais cette confrontation, pour être légitime, doit être encadrée par des institutions légitimes. Les partis politiques nourrissent la confrontation démocratique parce qu’ils concourent au suffrage universel. Sans cette opportunité, une société sans partis politiques serait simplement totalitaire. Ainsi, pour la transformation de notre société, il n’est pas réaliste de se passer d’un instrument politique, qu’on l’appelle parti politique ou front. Le changement, tel que nous le souhaitons, n’émerge pas spontanément car il nous faut un instrument pour gagner les luttes sociales et politiques. L’instance capable de fédérer des milliers, voire des millions d’acteurs autour d’une volonté commune n’est rien d’autre que le parti politique qui porte le projet de société qu’il prétend construire. Ainsi, les partis politiques doivent porter des offres politiques différentes et concurrentes, au regard de leur doctrine philosophique sur l’évolution sociale souhaitée. La similarité des points de vue produirait un désenchantement de la politique.
Par conséquent, une action politique efficace, exige la création d’« un véhicule organisateur qui soit capable d’orienter et d’unifier les multiples efforts qui surgissent spontanément, et d’en proposer d’autres » (M. Harnecker, La gauche à l’aube du XXIe siècle, 2001, p.308). De ce fait, les partis politiques constituent le point de départ de tout projet de société. Cependant, il est nécessaire de repenser les partis politiques car le discrédit vient du fait qu’ils ne jouent plus le rôle de critique de la société et ne proposent pas de projets de société novateurs. De nos jours, ils sont devenus des instruments pour seulement gagner des sièges au sein des institutions pour leurs partisans.
REPENSER LES PARTIS POLITIQUES
Les partis politiques doivent être réinventés pour mieux assumer leurs responsabilités politiques et citoyennes. Ainsi, il nous faut une nouvelle conception de la politique, un nouveau cycle politique qui nous fera sortir définitivement de la partidocratie, le pouvoir des partis politiques traditionnels empêtrés dans la culture du népotisme, du clientélisme et de la corruption. Aujourd’hui plus que jamais, les partis doivent se démocratiser en ouvrant des perspectives de participation interne de tous les militants. L’autoritarisme politique conduit à des déviations et à des erreurs qui jettent le discrédit sur les partis politiques. Il est important de comprendre qu’un parti politique sans critique publique est une caserne dangereuse: « Il est, par conséquent, le lieu où le représentant peut régénérer sa délégation du pouvoir construit à partir d’en bas.
Le membre-de-base du parti doit pouvoir interpeller, blâmer, critiquer, le camarade représentant quand il trahit les principes ou n’accomplit pas les promesses » (E. Dussel, Vingt thèses de politique, 2018 pp.169-170). De manière déterminée, la bureaucratie est un fléau qu’il faut combattre, parce qu’elle accentue la crise de confiance entre les citoyens et les acteurs politiques. L’idéal démocratique n’est pas compatible avec une autorité centrale qui décide de tout, contrôle tout jusqu’au moindre détail au nom d’une fallacieuse discipline de parti qui ne laisse plus aucun pouvoir aux militants. Il ne s’agit pas non plus de considérer toute nouvelle initiative comme une hérésie et une violation à la discipline du parti. Nous devons incorporer la base au processus de prise de décision pour impulser une démocratie interne et participative aux partis politiques. Par ailleurs, la direction doit avoir une capacité d’écoute pour comprendre la préoccupation des militants de la base. En vérité, le moment est venu de fermer la petite école autoritaire où l’on pense que le dirigeant est celui qui donne des ordres à une masse docile, n’ayant pour seuls gestes que d’applaudir et danser.
L’avènement d’Internet et des réseaux sociaux encourage la démocratie participative qui reste le grand défi des partis politiques modernes. Il est temps de dépasser ces partis à la traine de l’histoire qui fonctionnent comme des « partis machine électorale », c’est-à-dire comme outil politique essentiellement préoccupé à la conquête du pouvoir (occuper des sièges à l’intérieur des institutions) en oubliant la dimension transformationnelle qui devait être la finalité ultime. Le parti machine électorale est de nature conservatrice, refuse le changement et réduit la politique à une conception traditionnelle qui est le choix des candidats aux postes de responsabilité. De ce fait, le pouvoir devient la finalité de la politique et l’engagement des militants est déterminé par les postes et les prébendes qu’ils espèrent tirer de la victoire de leur camp. Un tel parti politique, tel que nous le connaissons au Sénégal, fonctionne par le clientélisme pour assurer sa survie.
Dans les pays postcoloniaux, comme en l’Amérique latine et en l’Afrique, le parti politique traditionnel est le plus souvent au service des intérêts d’une bourgeoisie corrompue et d’une oligarchie métropolitaine. C’est pourquoi, par dédain pour ce modèle, E. Dussel soutient : « Le parti machine électorale est pourri, il est inutile pour la critique, la transformation ou la libération des mouvements populaires, pour le peuple des opprimés et des exclus. C’est un scandale ! » (Vingt thèses de politique, p.170). A l’inverse, le parti politique moderne à construire doit avoir pour objectif de créer de nouvelles institutions pour la construction de l’équité et de la justice sur terre. C’est un parti qui cesse d’être celui de l’oligarchie corrompue pour renouer avec le peuple, car il choisit d’être la voix des victimes, des exclus et des pauvres. Ce nouveau parti est un « corps de serviteurs publics » engagé avec dévouement à servir l’intérêt général.
De cette conception, la politique retrouve ses lettres de noblesse, car elle cesse d’être une profession pitoyable pour devenir une vocation noble. C’est pourquoi E. Dussel observe de manière éloquente : « Un parti moderne n’est pas un mécanisme électoral, mais un corps de serviteurs publics avec une idéologie décantée, produite, étudiée, se réalisant dans des actions politiques toujours publiques » (Vingt thèses de politique, p.73).
Pour conclure, je dois dire qu’il est nécessaire de conquérir le pouvoir car ceci est la vocation naturelle de tout parti politique. Toutefois, la constatation fâcheuse est que nos partis de gouvernement cessent d’être des partis de combat engagés pour la cause sociale. Nous devons former des cadres à pouvoir occuper des postes au sein des institutions publiques avec compétence et honnêteté ; mais ils doivent se faire l’écho des souffrances et des espérances des centaines de milliers de travailleurs et des millions de victimes de toutes sortes, qui luttent quotidiennement dans tous les secteurs pour la transformation de leur milieu de vie. En définitive, le vrai parti politique est engagé dans la lutte des masses.
Dr Babacar DIOP,
Leader du FDS
Maison d’arrêt de Rebeuss, le 14 décembre 2019
«LIVERPOOL DEVRAIT VENDRE SALAH ET GARDER MANE»
Entre Mouhamed Salah et Sadio Mané, Darren Bent n’a pas hésité pour faire son choix. Sur le plateau de «Talksport »
Entre Mouhamed Salah et Sadio Mané, Darren Bent n’a pas hésité pour faire son choix. Sur le plateau de «Talksport », l’ancien joueur de Tottenham a fait savoir que l’international Sénégalais avait le meilleur profil pour continuer l’aventure avec les Reds.
Sadio Mané ne devrait pas quitter Liverpool, malgré les nombreuses tentatives des grosses écuries européennes. C’est du moins l’avis de Darren Bent. Sur le plateau de Talksport, l’ancien joueur de Tottenham a estimé que le Sénégalais devrait s’inscrire dans la durée, contrairement à Mohamed Salah qui devait être, selon lui, vendu. «Nous savons que Salah marque beaucoup de buts et il est un joueur de haut niveau. Il est deux fois meilleur buteur de la Premier League, vainqueur de la Ligue des Champions. Et il est même sur le point d’être vainqueur de la Premier League. Mais quand vous regardez son jeu par rapport à Sadio Mané, je dois dire que ce dernier a été meilleur que lui.
Liverpool ne devrait pas exclure l’idée de vendre Mohamed Salah », a déclaré l’ancien international anglais. Darren Bent qui a eu à analyser le rendement des deux joueurs finira par conclure que le Sénégalais est en avance sur son coéquipier. « Salah peut marquer plus de buts que Mané. Mais le rythme de travail de Mané pour l’équipe est plus important. Il cherche toujours les autres en premier. Vous ne pouvez donc pas vendre Mané. Il est si important pour Liverpool.
Firmino, nous savons qu’il ne marque pas autant de buts. Mais c’est lui le dépositaire du jeu. Il relie tout cela. Il est sans doute l’un des meilleurs du championnat. Il est fantastique. Liverpool ne devrait pas exclure l’idée de vendre Mohamed Salah», a-t-il insisté. Auteur de 89 buts en 137 matchs depuis qu’il a rejoint Liverpool en provenance de la Roma en 2017, Mohamed Salah n’est plus qu’à 11 points pour atteindre la barre des 100 buts.
Mais malgré ces folles statistiques, Darren Bent estime que Liverpool devrait chercher un autre ailier plus collectif au style de jeu des Reds. «Quand vous regardez Salah, oui, il est un grand buteur. Mais complète-t-il vraiment Mane et Firmino ou cherche-t-il plus de buts? J’ai vu certaines situations cette saison où il devrait réussir, mais il a tiré. Et vous pouvez voir la frustration quand il ne marque pas. Il ne s’agit pas de le vendre et d’obtenir 100 millions de livres sterling. Mais si vous pouvez le remplacer par un Mbappé ou quelqu’un comme un Jadon Sancho, je pense que cela vaut la peine d’y penser», a ajouté l’ancien joueur des Spurs.
LES PÊCHEURS INSTALLENT LE CHAOS A SAINT-LOUIS
C’est une image apocalyptique : le siège de l’Omvs incendié, l’agence de la Senelec vandalisée, Tribunal saccagé, voitures calcinées, circulation barrée, de nombreux blessés enregistrés dont des policiers.
Gonflés à bloc, les pêcheurs de Guet-Ndar ont plongé la ville de Saint-Louis dans le chaos pour réclamer l’application des accords de pêche entre le Sénégal et la Mauritanie. Dans leur sillage, les manifestants ont tout détruit et blessé plusieurs agents des Forces de l’ordre.
C’est une image apocalyptique : le siège de l’Omvs incendié, l’agence de la Senelec vandalisée, Tribunal saccagé, voitures calcinées, circulation barrée, de nombreux blessés enregistrés dont des policiers. Les pêcheurs de Guet-Ndar, qui ont bloqué le pont Moustapha Malick Gaye, pendant plusieurs heures, ont affronté les Forces de l’ordre sans répit.
Alors qu’ils réclamaient juste l’application stricte des accords de pêche signés avec la Mauritanie et la fin des tracasseries et harcèlements des garde-côtes mauritaniens. Gonflés à bloc et décidés à en découdre, ils ont investi les rues hier en milieu de journée. Aussi longtemps qu’ils se souviennent, les Saint-Louisiens ne se rappellent pas d’une manifestation aussi violente.
Durant leur marche, ils ont brûlé tous les objets (morceaux de bois, vieille pirogues et autres) qu’ils ont ramassés pour marquer de manière inédite cette journée chaotique. En colère, ils ont incendié trois voitures, saccagé le dépôt installé par l’entreprise en charge des travaux de requalification de la place Faidherbe dans le cadre du plan de développement touristique, vandalisé l’agence de la Senelec.
Même l’hôpital n’a pas été épargné. Lors de ce face-àface avec les flics, plusieurs personnes ont été blessées et évacuées à l’hôpital dont plus d’une dizaine de policiers. Cette manifestation a impacté les activités des populations, car le centre-ville a été paralysé pendant des heures.
En tout cas, les revendications tournent autour de l’octroi de licences de pêche, qui devraient découler des accords signés par les deux pays. Les pêcheurs avancent que les autorités mauritaniennes les ont «arnaqués dans la mesure où après la signature des derniers accords, elles nous ont empêchés de pêcher» alors qu’ils se sont acquittés de toutes les taxes imposées par Nouakchott.
«Cette situation est inacceptable et a été favorisée par l’attitude passive des autorités sénégalaises», râlent les Guet-Ndariens. Ils veulent mettre la pression sur le gouvernement pour obliger la partie mauritanienne «à respecter ses engagements». En plus, ils dénoncent «le harcèlement et les tracasseries» dont ils sont victimes de la part des garde-côtes mauritaniens.
Ils «arraisonnent» régulièrement leurs pirogues, les «dépouillent» de leur matériel de pêche et les «violentent». Autant de revendications, qui ont sorti les pêcheurs de leurs pirogues pour rejoindre la terre ferme. Ce n’est pas tout : le problème du balisage et du dragage de la brèche, qui continue d’avaler les pêcheurs avec plus de 400 morts recensés à cause de nombreux accidents. Pourtant, l’Etat a promis depuis plusieurs années de résoudre cette revendication.
Lors de sa dernière visite, le ministre de la Pêche, Alioune Ndoye, avait fait savoir que les autorités mauritaniennes avaient décidé d’annuler les taxes du troisième trimestre que les pêcheurs Sénégalais devaient payer à la partie mauritanienne et dont ils avaient souhaité être exonérés dans la mesure où ils n’avaient pas pêché pendant cette période.
Il avait aussi annoncé aussi que Nouakchott avait accepté d’annuler à hauteur de 75% les amendes que les pêcheurs sénégalais devaient payer suite à des contraventions. Sans oublier la prorogation d’un an du protocole signé par les deux pays, qui permettait aux Sénégalais de pêcher librement dans les eaux mauritaniennes un quota de 50 mille tonnes avec obligation de débarquer au moins 2% en Mauritanie.
Aujourd’hui, les pêcheurs dénoncent un retard dans l’octroi des licences de pêche alors qu’ils ont payé chacun 1,5 million F Cfa. Une situation qui a embrasé hier la ville de Saint-Louis.
LE FONIO, UNE "CULTURE CULTURELLE" REVALORISÉE PAR L’ENGAGEMENT DES FEMMES
Le fonio, une céréale généralement associée à certaines communautés du sud-est du Sénégal, sort de sa relative confidentialité depuis quelques années, grâce notamment aux femmes productrices et transformatrices de la région de Kédougou
Kédougou, 5 fév (APS) - Le fonio, une céréale généralement associée à certaines communautés du sud-est du Sénégal, sort de sa relative confidentialité depuis quelques années, grâce notamment aux femmes productrices et transformatrices de la région de Kédougou dont les efforts de valorisation en ont fait un produit désormais très prisé aux plans national et international.
Considéré comme produit typique de certaines communautés du Sénégal - bédik, bassari, mandingue, koniagui, jaaxanké, dialounké, peul, etc., de la région de Kédougou -, pour lesquelles il sert notamment de plat de référence pendant les grandes fêtes et les moments de réjouissance, le fonio s’émancipe de plus en plus de son espace de confinement et de ces aires culturelles déterminées. Il est de plus en plus au goût du jour, grâce par exemple à l’engagement des femmes regroupées au sein du Groupement d’intérêt économique (GIE) Niokolo Koba Club, dirigé par Aïssatou Aya Ndiaye.
La contribution des groupements de promotion féminine a permis, avec l’appui de partenaires privés et publics, de booster les rendements avec une production de 1300 tonnes en 2018, soit un bond de 17 % par rapport à 2017. Ces statistiques de la campagne 2018-2019 ont été annoncées par Jean Paul Malick Faye, l’adjoint du gouverneur de la région de Kédougou chargé des affaires administratives, lors de la dernière célébration de la journée du fonio, dont la cérémonie officielle a été organisée dans l’enceinte de la mairie de Kédougou.
Selon le maire de Kédougou, Mamadou Adji Cissé, 90 % des femmes de la région de Kédougou s’adonnent à l’exploitation du fonio, dans la commune comme dans les zones rurales, dans la culture ou dans la transformation et la commercialisation.
Les femmes de la communauté bassari principalement, dont ‘’Onyan’’ est désormais l’appellation officielle depuis la dernière codification des langues nationales, se sont imposées avec le temps comme le fer de lance de l’héritage lié à la culture du fonio, aliment des grandes occasions comme les fêtes d’initiation.
De la commune de Kédougou, certaines de ces femmes font tous les jours le trajet séparant leurs foyers des champs, par le biais d’une route caillouteuse de quelque 6 km qui traverse plusieurs villages malinké, peul et bassari. De part et d’autre de ce chemin de fortune, des habitats en toits de chaume et autres hautes herbes jaunies par la fin de l’hivernage, plongent le visiteur dans un décor très particulier.
Cira Delphine Bindia, Mathia Bindia et Penda Bonangue, comme à l’accoutumée, sont déjà arrivées très tôt dans leurs champs. Un fourrage herbacé brouté et piétiné par le cheptel.
Le fonio étant fauché en cette période de récoltes, il ne reste que quelques gerbes dans la parcelle.
A quelques mètres de là, on trouve par-ci des gerbes de fonio piétinées et par-là d’autres étalées sur des supports en bois en attendant leur battage. Plus loin encore, un tapis herbacé signale la présence d’autres spéculations comme l’arachide, l’oseille de Guinée, la canne à sucre, le mil.
Il ressemble à une pelouse mal rasée des stades de football avec des herbes jaunâtres. Il s’agit d’une parcelle de fonio qui n’a pas eu le temps de murir à cause de l’arrêt des pluies, renseigne Cira Delphine Bindia, entourée des autres productrices.
Sur le plan agronomique, renseigne l’ingénieur-agronome Cheikh Guèye, le fonio est une culture qui ressemble un peu à du gazon, avec ses graines minuscules de l’ordre d’un à deux millimètres. Dans les champs, seuls les avertis peuvent savoir s’il s’agit bien de la céréale du fonio ou d’une autre variété.
Le fonio, de son nom scientifique herbacée, digitaria exilis, peut s’adapter à tous les sols, en raison de sa valeur intrinsèque, cette espèce étant dotée d’un ‘’système racinaire pivotant’’ pouvant aller jusqu’à 7 mètres de profondeur dans certains cas, indique l’ingénieur agronome.
Il s’y ajoute que le fonio, l’une des plus anciennes céréales cultivées en Afrique, est une culture pas très exigeante aussi bien en eau qu’en nutriments.
Aussi la culture du fonio est-elle considérée comme l’apanage des ‘’paresseux’’, parce que ‘’c’est une culture moins exigeante’’ qui ne demande ni abattage d’arbres, ni épandage d’engrais, ni même aucune surveillance, souligne Tama Bindia, traditionnaliste bassari et époux de Cira Delphine Bindia.
"C’est une herbe comme les autres’’, ajoute M. Bindia, soulignant qu’il suffit d’avoir ‘’des terres très peu fertiles’’ et d’épandre un peu partout le fonio pour qu’il pousse et murisse et soit récolté dès le mois d’août, à point pour que les familles puissent faire face à la période de soudure.
"Nous avons l’habitude de cultiver le fonio depuis notre tendre enfance. C’est une culture simple qui ne nécessite aucune surveillance parce que c’est une graminée. Après le semis, vous pouvez retourner à la maison sans vous faire des soucis sur d’éventuels dégâts causés par les oiseaux granivores et autres rongeurs. Vous trouverez que la plante a poussé’’, explique Mme Bindia.
Le fonio n’est donc pas cultivé à la base dans un but commercial, mais s’inscrit dans un contexte culturel marqué par le besoin de perpétuer un héritage culturel et de préserver une manière de vivre et des traditions basées sur la religion traditionnelle. Il faut là penser aux grandes cérémonies initiatiques au cours desquelles des offrandes sont faites aux ancêtres pour assurer la protection des futurs initiés.
Si ce n’est cette motivation première, fondamentalement identitaire, qui a stimulé l’engagement des communautés concernées dans la promotion de cette céréale, la culture du fonio aurait disparu depuis longtemps, tranche Cira Delphine Bindia.
"Nous ne voulons pas que la culture du fonio disparaisse mais les rendements ne sont pas importants en raison des conditions de travail très difficiles liées au manque de matériel agricole. Nous sommes obligées d’emblaver de petites parcelles’’, déclare-t-elle en peul.
Elle insiste sur les difficultés auxquelles les productrices de fonio font face, de la période des semis à la récolte.
Il y a l’entrave liée à l’impossibilité d’utiliser des tracteurs pour cultiver le fonio, du fait que même si la plante s’accommode de tous les terrains, elle exige en revanche peu de sol pour espérer une bonne levée des graines. Ces femmes productrices misent par conséquent sur d’autres méthodes culturales en utilisant des charrues à trois dents pour espérer augmenter les superficies cultivées et les rendements.
Elles font également tout pour ne pas rater la période des semis (juin-juillet), promesse d’une bonne production.
De fait, outre le manque de matériel agricole, ces femmes disent être limitées par d’autres types de contraintes, au moment de la récolte – qui se fait de façon manuelle -, mais aussi en termes de stockage et de séchage des gerbes. Le battage et le vannage, le séchage comme le stockage également constituent d’autres défis, de même que le décorticage et le blanchiment des grains, ainsi que le lavage et le dessablage avant cuisson de la céréale, selon Cira Delphine Bindia.
Quand la plante arrive à maturité, les productrices doivent procéder au fauchage de la paille pour éviter que les graines ne se répandent par terre. Les gerbes de fonio risquent aussi de se noircir et surtout de pourrir quand le champ est gorgé d’eau, explique Cira Bindia.
"Le fauchage de la paille nécessite une main-d’œuvre importante’’, alors que ‘’certaines personnes refusent de sortir de la commune pour travailler dans les champs’’, sans compter que les opérations de battage ‘’demandent beaucoup d’efforts physiques parce qu’il faut utiliser les mains et les pieds’’, insiste Mme Bindia.
Une partie du fonio paddy est destinée à la consommation des ménages, une autre est vendue au GIE Niokolo Koba Club spécialisé dans la transformation et le conditionnement de cette céréale, indique la productrice bassari, saluant les innovations technologiques à l’origine du regain d’intérêt pour le fonio, jadis considéré comme une plante de soudure. La transformation du fonio, une opération longue et pénible
La production a ainsi enregistré un bond significatif, en raison des mesures incitatives mises en place par les partenaires publics et privés. Les producteurs en ont profité pour prendre leur destin en main en mettant sur pied le Réseau des acteurs de la filière du fonio (RAFF), dirigée par Aïssatou Aya Ndiaye, présente dans le secteur depuis des décennies.
Mme Ndiaye (73 ans), est surnommée la ‘’reine du fonio’’, pour son engagement dans la transformation, la commercialisation et la promotion de cette céréale, au centre d’une journée qui lui est dédiée chaque année à Kédougou.
Elle a réussi à fédérer les groupements de promotion féminine, en mettant sur pied le GIE Niokolo Koba Club, une entreprise leader au Sénégal dans la production et la commercialisation du fonio précuit.
Le GIE a installé une unité de transformation de fonio et une unité de production de beurre de karité sur l’avenue Fadiga, également appelée ‘’Lawol Tamba’’ et qui mène à Tambacounda. Une fois franchies les portes du premier bâtiment, une machine dessableuse de fonio, destinée à séparer les produits des récoltes des impuretés, grains de sable et autres corps étrangers, donne toute la mesure des ambitions de modernisation des installations de ce GIE.
Un autre bâtiment sert de lieu de stockage et abrite aussi une machine à transformer le fonio - créé par Sanoussi Diakité, ancien directeur général de l’Office national de formation professionnelle (ONFP) – et un décortiqueur à fonio GMBF doté d’un moteur électrique d’une capacité de traitement de 100 à 150 kg/heure.
Le décorticage et le blanchiment manuel du fonio sont des opérations pénibles et fastidieuses, nécessitant 4 à 5 opérations successives au pilon et au mortier, séparées par autant de vannages manuels.
"Le fonio est agréable à consommer, mais sa transformation n’est pas chose aisée parce qu’il faut d’abord le dessabler, le nettoyer, le cuire, le sécher et le paqueter. Il faudrait aussi respecter les normes hygiéniques’’, explique Aïssatou Aya Ndiaye.
Les tamis, les calebasses, les bassines en plastique sont les ustensiles utilisés par les femmes transformatrices pour laver le fonio avant sa cuisson. Il est ensuite mis dans de grands bols en aluminium dont les fonds sont percés de trous pour le cuire à la vapeur.
La dernière opération consiste à sécher le fonio précuit. Pour cela, une unité de séchage d’une capacité de 2 tonnes a été aménagée à l’arrière-cour du bâtiment, grâce à l’appui financier de l’Union européenne (UE), dans le cadre d’un partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, selon Mme Ndiaye.
Dans cette perspective, elle appelle le gouvernement du Sénégal à s’inspirer du Mali et du Burkina Faso qui appuient leurs producteurs et transformateurs de fonio pour leur ouvrir les portes du marché international.
"Nous participons au Salon international de l’Agriculture (SIA) de Paris, mais nous amenons de faibles quantités comparés aux producteurs du Mali et du Burkina Faso. Si l’Etat nous appuie davantage, nous pourrions conquérir le marché international au même titre que les autres pays de la sous-région’’, assure la présidente du GIE Niokolo Koba Club, lauréat en 2018 du Grand prix du chef de l’Etat pour la promotion de la femme. Le combat pour la reconnaissance du fonio comme culture prioritaire
Il reste que ces dernières années sont marquées par un regain d’intérêt pour la culture du fonio dans les régions de Tambacounda, Kolda et surtout Kédougou.
Cet intérêt s’explique par le fait que le fonio n’a pas de gluten contrairement aux autres espèces végétales consommées dans le monde, dont le riz, note l’ingénieur-agronome Cheikh Guèye.
Du point de vue biochimique, le fonio est riche en acides aminés indispensables à l’organisme. De par ses propriétés bêta-glucanes, il peut aider les personnes souffrant de diabète dans leur alimentation, poursuit M. Guèye, par ailleurs coordonnateur du Réseau des acteurs de la filière fonio (RAFF).
Il est également avéré que le fonio est bon pour ceux qui veulent garder la ligne, l’obésité étant en train de devenir un fléau dans certains pays occidentaux, a-t-il dit, ajoutant que sa consommation est aussi conseillée aux personnes qui développent des allergies par rapport à certaines céréales en raison de la présence de gluten.
Le fonio constitue également une soupape alimentaire pour les communautés, en ce sens qu’il murit avant les autres cultures. Souvent décrite dans certaines zones comme une culture des sols pauvres, la céréale s’adapte parfaitement aux changements climatiques avec sa gamme de variétés dont les cycles culturaux vont respectivement de 45 jours à 4 mois.
Mais la principale contrainte liée au fonio réside dans le fait qu’il est considéré comme ‘’une culture culturelle’’, caractérisé par des ‘’pratiques spécifiques’’ à des cultures et à des traditions déterminées, relève le coordonnateur du Réseau des acteurs de la filière fonio.
"Ce n’est pas une technique à vulgariser ou à faire en sorte que toutes les autres contrées du Sénégal s’y mettent. Il y a un brassage qu’il faut pour arriver à cela’’, insiste l’ingénieur-agronome qui travaille sur le fonio depuis 2003.
Cheikh Guèye voit la culture du fonio sous l’angle de la ‘’pratique et tout ce qu’elle comporte comme paramètres déterminants’’ qu’il faut considérer si on veut faire la promotion de la culture de cette céréale sur le territoire national.
"Notre combat aujourd’hui, c’est de se battre pour que le fonio soit hissé au même rang que les autres cultures prioritaires au Sénégal comme le riz, l’arachide, etc. A l’entame ou à la fin de chaque campagne, pourquoi parle-t-on du prix d’arachide et non de celui du fonio ?’’, déplore l’ingénieur-agronome.
C’est dans cette perspective que le 30 juillet 2018, les acteurs de cette filière ont organisé à Kédougou le premier atelier de lancement de la campagne de production du fonio, auquel étaient conviés les producteurs des autres régions du pays. Une rencontre qui a permis de tirer les leçons des campagnes passées et de se projeter dans la nouvelle campagne, renseigne-t-il.
"Nous avons compris que l’Etat n’est pas dans les dispositions de restructurer la filière fonio. Donc, nous avons pris les devants dans le cadre du partenariat public-privé, nous nous sommes battus’’ pour élaborer des contrats de culture avec les producteurs de la région de Kédougou, dans le cadre de cette campagne 2019, note Cheikh Guèye.
Sur cette base, il a été décidé qu’un prix d’achat soit fixé pour le fonio, ce qui a été fait pour la présente campagne de commercialisation, le prix du fonio paddy ayant été arrêté à 300 francs CFA le kilogramme, informe M. Guèye.
Il assure que ce prix satisfait les producteurs, déjà heureux qu’un contrat pareil leur soit proposé pour la première fois.
Une telle incitation, ‘’si elle est soutenue, peut permettre de booster la production et d’accorder une place de choix dans l’assolement paysan pour la culture du fonio. Ils attendent que l’Etat et les autres partenaires du public et du privé les soutiennent dans cette lancée’’, dit le coordonnateur du RAFF.
Il ne s’agit pas que de production au champ, précise-t-il, ajoutant qu’il y a un travail global qui est en train d’être fait sur toute la chaîne de valeur pour la sortir de sa situation de confinement. Des défis à relever dans tous les maillons de la chaîne de valeur
Le premier goulot d’étranglement, c’est le marché, un point sur lequel les acteurs du fonio sont en train de travailler, assure M. Guèye, avant d’insister sur ‘’une bonne coordination’’ des différents maillons de la chaîne de valeur et la création d’une réelle valeur ajoutée, ainsi que la mise en place des pôles de transformation professionnalisés.
"Bref, il faut restructurer la filière. Il y a un travail de restructuration à faire en impliquant tous les acteurs de la filière’’, préconise le technicien. Il a rappelé qu’en 2018, la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (DER) s’était signalée dans le financement des producteurs, par exemple.
Mais ‘’beaucoup de choses restent à faire’’, estime Cheikh Guèye, selon qui les acteurs du fonio doivent être dotés de plus de moyens pour qu’ils puissent faire bien leur travail.
A ce jour, les producteurs ne disposent pas de semences typiquement sénégalaises et encore moins de semences certifiées, même si des efforts ont été faits dans ce sens, reconnaît l’ingénieur agronome.
Selon lui, en partenariat avec les chercheurs de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), un Règlement technique particulier (RTP) a été élaboré depuis 2017. Ce document attend cependant d’être validé, dit-il.
Il ajoute que sa validation permettrait de lancer rapidement la production semencière certifiée, l’ISRA ayant d’ores et déjà isolé trois variétés de fonio destinées à être multipliées et certifiées. Le retard noté dans la validation du RPT s’explique par l’absence d’un programme spécial dédié à la filière fonio, déplore-t-il.
Dans cette perspective, l’ingénieur-agronome a insisté sur la nécessité de lever les contraintes liées à la production, concernant notamment les semences et l’acquisition de matériel de transformation. ‘’Au-delà de la culture, fait-il savoir, il n’y a pas encore de machines pour faucher le fonio. Quand le plant de fonio est mûr, il se couche et au moindre geste ça coule’’.
Jean Paul Malick Faye, l’adjoint au gouverneur de la région de Kédougou a pour sa part exhorté les acteurs de la filière à s’armer de la ‘’culture des données statistiques’’ en vue de permettre à l’exécutif régional de planifier ses futures actions dans ce domaine.
Il assure que l’Etat du Sénégal a beaucoup investi dans la filière fonio à travers la Délégation à l’entreprenariat des femmes et des jeunes (DER) et le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural (PADAER).
"Pour soutenir cette chaîne de valeur, il nous faut savoir si ces financements injectés ont produit des résultats’’, a-t-il souligné, estimant que cette perspective devrait également passer par la formation des acteurs en matière de gestion des données statistiques.
"Selon lui, sans cette formation, ils ne pourront procéder à la collecte de données statistiques fiables. Il a donc invité les acteurs de cette filière à faire de la collecte des données ‘’une priorité’’. Le fonio, ‘’une culture culturelle’’
Le fonio s’adapte aux changements climatiques avec sa gamme de variétés, mais la principale contrainte à sa promotion réside dans le fait que c’est ‘’une culture culturelle’’, caractérisée par des ‘’pratiques spécifiques’’ à des cultures et à des traditions, note Cheikh Guèye.
"Ce n’est pas une technique à vulgariser’’, et il ne s’agit pas non plus de ‘’faire en sorte que toutes les autres contrées du Sénégal s’y mettent. Il y a un brassage qu’il faut pour arriver à cela’’, selon lui.
L’ingénieur-agronome voit la culture du fonio sous l’angle de la ‘’pratique et tout ce qu’elle comporte comme paramètres déterminants’’ à considérer, dans le cadre de la promotion de la culture de cette plante sur le territoire national.
Depuis 2003, date du début de ses travaux consacrés à cette céréale, Cheikh Guèye n’a eu de cesse de considérer le fonio comme ‘’une culture sacrée’’. Son action combinée à celui d’autres acteurs a finalement abouti à l’inscription du fonio au patrimoine immatériel du Sénégal, le 25 avril 2019, en même temps que ‘’les pratiques sociales divinatoires mystiques qui lui sont associées’’.
Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ces pratiques sociales, du point de vue historique comme anthropologique, notamment, il s’est rendu à Bandiagara, au Mali, chez les Dogons.
"Pour eux, le fonio s’appelle +la graine de vie+. A l’image des Massaï du Kenya qui considèrent la vache comme leur propriété, les Dogons disent aussi que le fonio leur appartient’’, explique le technicien sénégalais, qui a aussi vécu pendant des années au Burkina Faso, un des grands producteurs du fonio en Afrique de l’Ouest.
"Il y a plein de secrets qui sont rattachés au fonio et au riz. Et les initiés ne le disent pas aux non-initiés. Ce n’est pas des choses qu’on étale en public’’, conclut l’ingénieur-agronome.
Selon le traditionnaliste Tama Bindia, le fonio, du point de vue de la communauté bassari, ‘’c’est d’abord un aliment culturel et même spirituel puisqu’il est au cœur de la religion traditionnelle’’.
"A côté des champs de riz, de mil, d’arachide, de maïs, etc., le Bassari cultive toujours le fonio qui est réservé uniquement aux cérémonies et pratiques thérapeutiques traditionnelles’’, explique Bindia, qui a écrit un poème dédié au fonio, lequel a été déclamé par une jeune fille de sa communauté lors de la journée annuelle dédiée à la céréale.
Considéré comme un aliment cultuel, le fonio est présent lors des offrandes offertes aux ‘’esprits surnaturels’’, explique le traditionnaliste.Pour cette raison, renseigne-t-il, un repas offert aux esprits tutélaires est toujours fait à base de fonio. De même, cet aliment est présent à l’occasion des grandes initiations, un des moments les plus importants en pays Bassari.
"Même les Bassari vivant à Dakar et hors du pays qui veulent initier leurs enfants doivent s’assurer qu’ils auront du fonio et des coqs rouges. Ceux qui sont restés au village gardent du fonio pour eux. Le fonio va intervenir à tout moment de l’initiation’’, signale M. Bindia, enseignant à la retraite et ancien adjoint au maire de Kédougou (2009-2014).
En prévision des années d’initiation, les Bassari cultivent toujours du fonio pour les besoins rituels liés à cette cérémonie traditionnelle. Ils peuvent aussi réserver des années d’avance des récoltes de fonio pouvant servir lors des cérémonies initiatiques. D’autant que c’est une céréale qui ne s’avarie pas trop vite et peut rester intacte pendant trois à quatre ans. Le fonio est ainsi gardé jalousement dans le grenier familial.
Lors des cérémonies initiatiques, les repas à base de fonio préparés par les femmes sont portés par les hommes pour le bois sacré où des offrandes seront faites aux esprits tutélaires.
Le traditionnaliste raconte qu’il existe même une ‘’place fonio’’ dans les villages, localisée juste avant le bois sacré, là où les hommes se disputent les repas à base de fonio. Des mets simples, à base souvent de viande de chèvre, qui accompagne les futurs initiés, selon Tama Bindia.
Au total, le fonio, un aliment léger, agréable à manger et consommable par tout un chacun, quels que soient l’état de santé et les caractéristiques biologiques des uns et des autres, a une fonction éminemment spirituelle en pays bassari, au-delà de sa valeur nutritive.
Il est à ce point spécial chez les bassari que ce peuple détient des recettes à partir desquelles il est possible de proposer une dizaine de plats différents, sur la base de cette seule céréale.
LE G7 NE RELACHE PAS LA PRESSION
Une grève totale est ainsi exécutée ce jour, mercredi, par le G7 qui regroupe le Saemss, le Sels, le Siens, le Cusems, le Sels/A, l’Uden et le Sneelas/Fc et qui ne compte reculer d’un iota dans son combat
L’année scolaire 2019-2020 est partie pour être mouvementée. A moins que le « Macky» ne trouve des réponses dynamiques et instantes aux revendications des personnels enseignants, les syndicats et autres cartels de l’école vont continuer de dérouler leur mot d’ordre de grève générale sur l’étendue du territoire national. A l’instar du G7, composé du Saemss, du Sels, du Siens, du Cusems, du Sels/A, de l’Uden et du Sneelas/Fc, qui entend paralyser aujourd’hui les enseignements-apprentissages dans tous les établissements scolaires, après avoir débrayé hier, mardi, dans le cadre de son deuxième plan d’actions. Avec en conséquence, de fortes menaces sur le calendrier des compositions.
Revoilà le jusqu’au-boutisme qui s’empare encore du système éducatif sénégalais, entre un gouvernement incapable de satisfaire ses principaux engagements et des personnels enseignants déterminés à tordre la main des autorités pour rentrer dans les acquis syndicaux arrêtés d’accord partie. Une grève totale est ainsi exécutée ce jour, mercredi, par le G7 qui regroupe le Saemss, le Sels, le Siens, le Cusems, le Sels/A, l’Uden et le Sneelas/Fc et qui ne compte reculer d’un iota dans son combat initié depuis des mois pour pousser le gouvernement à régler ses revendications.
Après avoir bouclé donc leur premier plan d’action qui avait tant soit peu perturbé le secteur éducatif, Saourou Sène et ses camarades passent à l’étape suivante avec un deuxième plan d’action qui a démarré depuis hier, mardi, par un débrayage suivi d’Assemblées générales départementales d’informations avant la grève totale pour ce mercredi 5 février. Si le premier volet de ce plan d’action n’a pas fondamentalement perturbé les établissements d’enseignement hier, mardi , avec des élèves qui étaient en pleine séance de compositions, il reste que la grève totale a poussé les autorités académiques de Dakar à décaler le calendrier des examens prévus.
Il est 11 heures au lycée Saidou Nourou Tall de Dakar et la cour est vide. Certains élèves sont en train de prendre tranquillement leur petit-déjeuner, alors que les autres suivent tranquillement leurs compositions. Des élèves qui se disent en ce moment très concentrés sur leurs évaluations expliquent : « Nous sommes en composition et on n’est pas au courant d’un mouvement d’humeur des enseignants».
Au lycée Galandou Diouf de Mermoz, non loin de là, on trouve des élèves regroupés en groupuscules, dans le vestibule de l’école. Et la rengaine n’est guère différente : « Vous ne faites pas cours ?». Et les filles de répliquer : «Si, Monsieur. Par contre on est en composition. En plus, nos professeurs sont en réunion d’information ».
Dans une salle, se trouvent les membres du G7 en pleine discussion. Ils refusent de répondre à nos questions : «Attendez dans quelques minutes :» ; nous a fait entendre l’homme a la porte. Sur ces entrefaites, des élèves nous font savoir que les classes de 2nde, 1ère et 4ème sont en phase de compositions. Par contre, retrouvés devant la porte de leur salle de classe, des élèves de 3ème nous confient : «nous sommes là depuis ce matin, on n’a pas vu notre professeur, on a entendu qu’il est en réunion et aussi qu’ils sont en colère contre l’Etat ».
Interpellé à l’issue d’une assemblée générale tenue avec ses collègues du G7 au lycée Galandou Diouf, Ndongo Sarr, secrétaire général adjoint du Cadre unitaire syndicale des enseignants du moyen et du secondaire (Cusems) explique que leur réunion était destinée à évaluer l’entame de leur deuxième plan d’action matérialisé par un débrayage du mardi 04 février, et une grève totale, aujourd’hui, dans tout le territoire national. « Au menu de cette assemblée générale, il était question de sensibiliser les collègues du G7, les informer des enjeux de la lutte afin de pouvoir maintenir et renforcer la mobilisation ». Avant d’affirmer que le mouvement est bien suivi par ses collègues.
Comme en témoigne, selon lui, « l’acte pris par les autorités académiques de la région de Dakar de repousser le calendrier des examens prévus demain (ce mercredi-ndlr) ». Ce qui est, de son avis, un indice du taux de suivi du mouvement de grève. Ndongo Sarr ne s’empêchera toutefois pas de constater « nous avons en face de nous des autorités qui, il faut le regretter, ne réagissent que quand on leur met la pression». Pour cause, il arguera que le G7 a observé une trêve d’une année pour donner le temps au gouvernement de matérialiser le protocole d’accords signés depuis le 30 avril 2018 mais « nous avons l’impression que les autorités ne se soucient guère de nos préoccupations ».
Pour lui donc, la balle est dans le camp des autorités qui n’honorent pas leur parole. Toujours dans sa logique de justification, le secrétaire général adjoint du Cusems dira : « dans les pays normés, les protocoles d’accords mettent fin à une crise. Malheureusement, chez-nous, ils sont l’objet d’une crise ». Et de conclure : « Nous voulons que l’Etat honore sa parole en apurant le passif social car c’est l’Etat même qui avait dit que ces accords sont réalistes et réalisables».
DES PEINES ALLANT JUSQU’A 10 ANS ET 100 MILLIONS D’AMENDE
La nouvelle loi sur le plastique prévoit des dispositions coercitives afin de réduire considérablement l’usage des sachets plastiques.
La nouvelle loi sur le plastique prévoit des dispositions coercitives afin de réduire considérablement l’usage des sachets plastiques. Elle prévoit un emprisonnement pouvant même aller jusqu’à 10 ans de détention, avec une amende de 100 millions de F CFA
La loi n°21-2019 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques qui abroge celle n°2015-09 du 4 mai 2015, vise à restreindre l’usage du plastique à son strict minimum. En effet, celle-ci interdit les produits plastiques à usage unique ou jetables, prohibe les sachets plastiques sorties de caisse, qu’ils soient biodégradables, oxo biodégradables ou oxo fragmentables, instaure un système de consigne des bouteilles en plastique et prévoit des objectifs d’intégration de plastique recyclé dans les produits neufs constitués ou fabriqués à partir de matières plastiques mis sur le marché. Mieux, elle met en place un régime de responsabilité élargie des producteurs qui les obligent à prendre en charge les produits qu’ils mettent sur le marché lorsque ceux-ci deviennent des déchets et institue une taxe qui frappe les produits fabriqués à partir de matières plastiques non recyclables.
Par ailleurs, selon les clauses de cette nouvelle loi, la production, l’importation, la détention en vue de la vente, la mise en vente, la mise à la disposition de l’utilisateur, l’utilisation, sous quelque forme que ce soit, de produits plastiques à usage unique ou produits plastiques jetables sont interdites .
L’interdit concerne, les gobelets, les verres et les couvercles à verre, les couverts et les assiettes, les pailles et les bâtonnets mélangeurs pour boissons (pipettes), les sachets destinés et utilisés pour conditionner l’eau ou toute autre boisson alcoolisée ou non à des fins de mise sur le marché. Elle stipule aussi que les sacs plastiques sorties de caisse, avec ou sans poignées, avec ou sans bretelles, sont interdits qu’elle que soit leur épaisseur. Cependant, selon les dispositions de cette nouvelle loi, l’interdiction ne vise pas les sachets plastiques destinés et utilisés dans les points de vente pour emballer les denrées alimentaires afin de les protéger, de permettre leur manutention ou leur acheminement du producteur ou du revendeur au consommateur et d’assurer leur présentation.
TOUTES LES BOUTEILLES FERONT L’OBJET D’UNE GARANTIE
La loi prévoit aussi qu’une consignation (garantie) est exigée à l’achat de tout produit contenu dans des bouteilles en plastique. Le montant de la consignation fixé par décret est perçu par le vendeur au moment de l’achat et est restitué en cas de retour de la bouteille en plastique vide, informe-t-elle. Mieux, il est aussi dit que tout vendeur est tenu, en cas de retour, d’accepter les bouteilles en plastiques vides et de les acheminer au point de collecte le plus proche. Les producteurs sont également tenus, tous les 6 mois, de présenter au ministre en charge de l’Environnement, un rapport sectoriel contenant, entre autres, la quantité de bouteilles en plastiques mises sur le marché, celle collectée et le nombre de points de collecte mis en place ainsi que leurs nature et localisation. La restriction sur le plastique concerne aussi les importations. Il est mentionné dans le texte que l’importation de plastiques sur le territoire national est interdite.
En cas d’importation, le produits est saisi et réexporté dans son pays d’origine ou de provenance, aux frais de l’importateur, sans préjudice des poursuites pénales. En outre, des sanctions sont prévues contre les fabricants et les importateurs de sachets plastiques. La loi prévoit que quiconque fabrique ou importe des produits en plastique à usage unique et des sacs plastiques sorties de caisse, est puni d’une peine d’emprisonnement allant d’une année à 3 ans, assortie d’une amende de 5 à 10 millions de FCFA. Et, l’utilisateur des produits en plastique à usage unique sortis de caisse, est puni d’une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans. L’exportateur de plastique, sans autorisation du ministère de l’Environnement, encourt une peine d’emprisonnement de 3 voire 5 ans et d’une amende allant de 50 à 100 millions. Celui qui importe du plastique court le risque d’être condamné de 3 à 5 ans de prison, avec une amende de 50 à 100 millions de FCFA.
RADDHO ET HORIZON SANS FRONTIERES S’INDIGNENT
La sortie du président de la République, Macky Sall, disant que «le Sénégal n’a pas les moyens de rapatrier ses ressortissants de Wuhan», n’est pas du goût des défenseurs des droits de l’homme.
La sortie du président de la République, Macky Sall, disant que «le Sénégal n’a pas les moyens de rapatrier ses ressortissants de Wuhan», n’est pas du goût des défenseurs des droits de l’homme. Le Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), Sadikh Niass, tout comme le président d’Horizon Sans Frontières, Boubacar Sèye, ont déploré cette déclaration de Macky Sall. Si pour le premier, le «président Macky Sall a parlé trop vite», le second, quant à lui, qualifie cette sortie «d’aveu d’échec». Pour rappel, depuis quelques jours, les Sénégalais vivant à Wuhan, ville chinoise qui est l’épicentre du Coronavirus, ont lancé un cri de cœur à travers les médias et les réseaux sociaux pour leur rapatriement au Sénégal. D’ailleurs, plusieurs pays ont déjà rapatrié leurs citoyens.
SADIKH NIASS, SECRETAIRE GENERAL DE LA RADDHO : «Le Président a parlé trop vite»
«La pandémie du Coronavirus est très inquiétante. Elle doit être gérée avec responsabilité, à l’instar du dispositif qui a été mis en place pour gérer l’épidémie d’Ebola. C’est une maladie dangereuse et qui n’est pas bien connue, surtout en Afrique. Toutefois, à mon avis, le président a parlé trop vite. Il a tranché le débat en rejetant cette demande de nos compatriotes terrifiés en Chine, alors qu’il est de la responsabilité de l’Etat de protéger ses citoyens, quelles que soient les conditions dans lesquelles ils se trouvent et partout dans le monde. Un discours plus prudent serait le mieux, du genre : «nous sommes en train d’étudier la faisabilité du rapatriement». Un Etat a beaucoup de possibilités et d’alternatives. Je crois que le président faisait allusion aux moyens techniques et aux dispositifs sanitaires plus qu’aux moyens financiers. Mais, même dans ce cas, des solutions peuvent être recherchées dans le cadre de la coopération avec d’autres Etats partenaires qui disposent de tels moyens et ensemble voir comment, si la situation s’empire, prendre en charge nos compatriotes qui sont actuellement à Wuhan.»
BOUBACAR SEYE, PRESIDENT D’HORIZON SANS FRONTIERES : «Cette sortie du président de la République est un aveu d’échec…»
«Gouverner, c’est prévoir ! Pour nous, cette sortie du président de la République est un aveu d’échec dans la prise en charge des problématiques liées à la protection des Sénégalais de l’extérieur. Car, des situations d’urgence peuvent se pointer du jour au lendemain. A quoi servent nos liens avec les autres nations ? Comment des pays comme la Tunisie, l’Algérie, le Maroc ont-ils trouvé solutions, alors que leurs fils vivaient la même situation ? Cette déclaration, que nous jugeons légère, fait des Sénégalais de l’extérieur des cibles faciles, exposées à tous les dangers et sans aucune assistance. Ce fait est purement et simplement assimilable à une non-assistance à personne en danger. Encore une fois, nous lançons un appel pour secourir ces Sénégalais dont leurs familles vivent dans une angoisse incommensurable. Monsieur le président, si vous permettez, prenez votre responsabilité devant l’histoire car, demain, vous pourriez être tenu pour responsable, s’il leur arrive malheur…»
«LA GESTION DES DECHETS N’EST PAS CE QUE L’ON VEUT NOUS FAIRE CROIRE DEPUIS DES ANNEES»
Le directeur de l’Institut africain de gestion urbaine (Iagu), Oumar Cissé, pense que pour une réussite du programme nettoiement initié par les autorités, il faut que le mode de gestion des déchets soit revu.
Deux éditions après leur lancement en grande pompe par le Chef de l’Etat, Macky Sall, les «Cleanings days» connaissent des fortunes diverses. Le directeur de l’Institut africain de gestion urbaine (Iagu), Oumar Cissé, pense que pour une réussite du programme nettoiement initié par les autorités, il faut que le mode de gestion des déchets soit revu. Mieux, ajoute-t-il, il est nécessaire également d’avoir un système de revalorisation performant des ordures, relavant que la gestion des déchets n’est pas ce que les autorités veulent nous faire croire, depuis des années.
Deux éditions se sont écoulées après le lancement des Journées nationales de nettoiement appelées «Clearings days». Quelle lecture vous en faites ?
Il y a une volonté politique, depuis quelques mois, qui se réaffirme pour montrer qu’on veut mettre un terme à l’insalubrité qui prévaut dans le pays, en particulier dans des villes comme Dakar. De l’autre côté, il faut revenir sur les fondamentaux. La gestion des déchets n’est pas ce que l’on veut nous faire croire depuis des années. Elle fait complexe. Car, elle fait intervenir de nombreux paramètres. Tout un tas d’engagement citoyen est nécessaire pour rehausser la conscience collective autour de cette problématique. Mais, il faut instaurer les fondamentaux, depuis le producteur jusqu’à son étape final ; il y a un ensemble d’exigences qu’il faut prendre en compte. Ce n’est pas encore le cas. Qui dit déchets ultimes, pense à une élimination correcte comme cela doit se faire. Il est impensable qu’à l’heure actuelle, 1% des déchets ne sont pas éliminés correctement. La situation de Mbeubeuss est là pour le prouver. Les manquements sont nombreux sur toute la filière. Sur toute la filière, nous souffrons parce que nous n’évaluons jamais les systèmes que nous mettons en place. Quand une autorité prend le secteur, il croit que la gestion des déchets est née sous son magistère. Donc, nous ne savons pas où est-ce qu’on a des acquis et des insuffisances. Quel que soit l’engagement citoyen, la volonté politique ou la mobilisation, tant que nous ne mettons pas en place les fondamentaux, l’action risque d’être vaine.
Le constat avec les éditions des «Cleanings days» est que les politiques se sont plus approprié la question que les populations. Cela ne peut-il pas nuire à l’initiative ?
On peut escompter qu’ils vont réveiller des communautés. Tant que celles-ci, ne sont pas conscientisées, cela ne servira à rien. Ils peuvent insuffler ce déterminisme communautaire qui est incontournable. Les politiques savent très bien que tant que la mayonnaise ne prendra pas au niveau de la communauté, ça ne servira absolument à rien. Dans leur lecture, à force de répéter, d’être présent sur le terrain, les citoyens vont prendre en charge la question.
Des images qui circulent sur internet montrent des déchets médicaux jetés sur la plage du Cap Manuel. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Ce sont des déchets biomédicaux qui sont dangereux mais qui ne peuvent pas avoir un autre sort que les ordures ménagères. On n’a pas besoin d’autres explications pour comprendre. Il y a une destination autre qui est basée beaucoup plus sur le traitement à partir de l’élimination, c’est le transport des déchets. Il y a des exigences. Les jeter dans la nature, ça se fait. Mais, c’est mal faire. C’est faire de façon dangereuse. Il y a des ménagères et d’autres biomédicaux. Ces deux familles (de déchets, ndlr) ne doivent même pas se rencontrer. A partir de la salle de soin, comment ils sont stockés ? A partir de quel moment, ils sont transportés à l’intérieur de l’infrastructure hospitalière ? Où on doit passer ? Comment les gens qui les collectent doivent s’équiper ? Et comment les éliminer ? Ce sont des exigences très rigoureuses que les spécialistes connaissent. Les exigences d’enfouissement ne sont pas les même que les déchets ménagères et industriels.