QUE SAIT-ON VRAIMENT DU COMPTE D'OPÉRATION OUVERT AU TRÉSOR FRANÇAIS ?
Avec les débats sur le CFA et l'Eco, ce fameux compte est l’objet de l’ire des populations africaines qui s’estiment dépouillées. A tort ou à raison ? Eclairage
Un retrait définitif des réserves en devises des Etats de l’UEMOA du compte d’opérations ouvert au trésor français. C’est assurément la clause la plus intéressante du projet de monnaie unique ECO qui se profile cette année, et pour cause… Ce fameux compte est l’objet de l’ire des populations africaines qui s’estiment dépouillées. A tort ou à raison ? Eclairage.
Il faut rappeler que la BCEAO et la BEAC y déposent 50% de leurs réserves de change. Le compte sert de garantie à la convertibilité et à la stabilité du Franc CFA dans les deux zones monétaires que sont l’UEMOA et la CEMAC.
AUDIO
LE CALVAIRE DES MALADES DU CANCER DE SEIN
Le manque de scanner freine le dépistage du cancer du sein chez les femmes au Sénégal. A ceci s’ajoutent le coût élevé des analyses et l’absence de registre recensant les tumeurs par région
"Quand j’ai vu le médecin, il a regardé les résultats puis a déclaré : Madame ! Je suis désolé, vous avez le cancer du sein. C’est comme si le monde m’était tombé dessus. Je ne sentais plus mes pieds, je tremblais."
Binta a les larmes (nom d'emprunt) aux yeux. A 44 ans, cette Dakaroise un peu affaiblie se bat contre le cancer du sein depuis six ans. Comme la plupart des patientes qui souffrent du même mal qu'elle, Binta n'a pas eu les moyens financiers pour se faire dépister à temps.
"Avant de découvrir que tu souffres du cancer, il y a beaucoup d’analyses qui coûtent chères. Il y a trop de frais. Tu fais le scanner qui coûte environ 90.000 francs CFA (137 euros) dans le service public et 180.000 francs CFA (274 euros) chez les privés. Ce sont toujours les malades qui paient ça. Si l’Etat pouvait prendre en charge l’intégralité de ces dépenses, ce serait mieux ! Ce serait mieux, franchement."
Les efforts de l’Etat et l’engagement des ONG insuffisants
Chaque année, le pays enregistre 1.750 nouveaux cas de cancer du sein, déclare Fatma Guénoune. La présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer affirme que la couverture maladie universelle (CMU) ne prend pas en charge le traitement du cancer et qu’il existe de nombreux obstacles à sa prévention.
"Pour le cancer du sein, tous les hôpitaux du Sénégal ne disposent pas d’appareils de mammographie. Nous avons des régions où l’appareil de mammographie ne fonctionne pas. Et quand cet appareil tombe en panne, il n’y a pas de technicien qui puisse le réparer. Ils sont obligés de faire appel à des techniciens européens qui viennent de l’étranger pour faire la maintenance, pour réparer les appareils en panne. Nous n’avons pas de registre de tumeurs fonctionnel qui permet d’enregistrer tous les malades qui viennent au niveau de tous les hôpitaux pour que nous puissions vous dire : c’est telle zone qui est la plus touchée par tel type de cancer. L’obstacle en grande partie est financier."
Le Sénégal est le seul pays de l’Afrique de l’ouest qui dispose de trois appareils de radiothérapie dans le service public et un dans le secteur privé.
Mais cela ne suffit pas pour lutter efficacement contre le cancer qui a tué en 2018, selon les chiffres de l'observatoire global du cancer (Globocan), plus de 4.000 femmes.
VIDEO
LE SÉNÉGAL A ÉVOLUÉ DE FAÇON DRAMATIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes devenus indépendants sans projet réel – Les instances de socialisation sont en crise – Ce pays est gangrené d’abord par son élite – SANS DÉTOUR AVEC MARIE ANGÉLIQUE SAVANÉ
Le Sénégal ressemble à un navire qui vogue sans horizon, à en croire le plateau de Sans Détour. Selon l’invitée Marie Angélique Savané, les différentes crises (meurtres, viols, vol, etc.) que vit le pays ces derniers temps sont la conséquence d’un projet postindépendance inopérant. « La structure de l’économie est restée la même depuis la période coloniale », regrette l’ancienne fonctionnaire des Nations-Unies, qui pointe du doigt nombre de problèmes comme la promiscuité, l’urbanisation anarchique, l’indiscipline, entre autres.
Un diagnostic appuyé par la sociologue Selly Ba qui regrette un manque d’actions et de structuration claire de la part de l’Etat. « Les autorités ont suffisamment de matériaux pour agir. Nous avons beaucoup de production dans ce pays », relève-t-elle, lassée par un agenda politique électoraliste.
Le rapport à l’argent facile, le rôle des élites dans le pourrissement de la société, la menace djihadiste, ont meublé la suite de cette émission exceptionnellement présentée par Penda Mbow avec Charles Faye, également présent sur le plateau.
par notre éditorialiste, bacary domingo mané
LA PAROLE VRAIE DU PRÉSIDENT SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - La communication du chef de l'Etat au sujet de la situation des étudiants sénégalais de Wuhan où sévit le coronavirus, peut être qualifiée de bonne
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 04/02/2020
La communication du président Sall, à l’occasion de la cérémonie de «Levée des couleurs», le lundi 3 février, au sujet de la situation des étudiants sénégalais de Wuhan où sévit l’épidémie du coronavirus, peut être qualifiée de bonne. Le chef de l’Etat ne nous a pas habitués à un tel langage de vérité, en soulignant que le rapatriement de nos compatriotes nécessite des moyens logistiques qui sont hors de portée du Sénégal.
La construction du message tient la route et obéit surtout aux exigences d’une communication de crise.
Faire preuve de compassion et d’empathie
D’abord, le président a fait preuve de compassion pour nos compatriotes qui vivent une situation très difficile loin de leur pays, dans un confinement où le stress, l’ennui et le doute deviennent le compagnon d’un quotidien complètement déconnecté d’une vie sociale. En affirmant qu’il a «une pensée très grande» à leur égard, M. Sall met aussi en avant l’empathie en se substituant aux concernés.
C’est clair, en communication de crise si l’on ne commence pas par écouter la douleur des victimes ou impactés, il y a des risques réels de ne pas être entendu par la suite. Le vrai communiquant laisse exprimer son pathos pour mieux entrer en relation avec le récepteur.
Le temps de la parole vraie
Ensuite, le président de la République a joué la carte de la transparence. C’est le temps de la parole vraie où l’on explique la méthode de travail, ce que l’on sait et ce que l’on ignore pour l’instant. Le chef de l’Etat a donné les statistiques de nos compatriotes présents à Wuhan : «Nous en avons 12 et un 13è qui était en séjour», dit-il. Le président Sall n’a pas esquivé la question du rapatriement. Mais reconnaît que «ce n’est pas simple». Même les grands pays, dit-il, ont rapatrié avec beaucoup de difficultés leurs compatriotes. Il faut des avions spéciaux, un personnel qualifié. Une fois ces personnes au bercail, il faut les mettre en quarantaine avec tout ce que cela demandera comme dispositif. Notre pays n’est pas encore à ce niveau, confie-t-il.
A ce stade de la communication, le président reconnaît, sans faux-fuyant, les limites de l’action gouvernementale dans ce dossier. Ce qui renforce sa crédibilité.
Des actes concrets pour faire bonne figure
Enfin, le temps de l’action, en communication de crise, consiste à rassurer les populations par des actes concrets sur le terrain pour renvoyer l’image de quelqu’un qui essaie de faire face. Le président Sall a pris en compte cette exigence, en affirmant que l’Etat du Sénégal «travaille avec les autorités chinoises pour voir toute la possibilité de les suivre de façon convenable». Mieux, il est en «contact avec eux (étudiants) par le canal du ministère des Affaires étrangères et de notre ambassade à Beijing». L’Etat les a aussi appuyés financièrement, souligne le premier des Sénégalais. Autre acte, certes symbolique, posé par M. Macky Sall, est le renoncement au voyage en Corée pour le prix qui lui a été décerné. In fine, le président de la République a donné l’assurance que l’Etat fera tout ce qui est en son pouvoir pour veiller à la santé de ses compatriotes, il n’abandonnera pas ses enfants…
Mais le gouvernement gagnerait à se rapprocher davantage des familles des étudiants en leur fournissant régulièrement des informations au sujet de l’état de santé de nos compatriotes. Elles constituent (les familles) avant tout le premier public à rassurer.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ET SI VOTRE FILS SE TROUVAIT À WUHAN
Un peu d’imagination vous aurait suggéré de contacter vos «alliés» dans le monde afin d’aider 13 compatriotes à échapper à un virus brutalement surgi de nulle part - Cette insouciance dramatique semble logique. Triste !
C'est avec une franchise diabolique que le chef de l’Etat a affirmé hier, ouvertement, que le Sénégal n’a pas les moyens de rapatrier les «13» Sénégalais pris au piège du coronavirus qui sévit dans l’épicentre de Wuhan et qui a déjà tué plus de 360 personnes en Chine. Cette déclaration scandaleuse et irresponsable de la part de la plus haute autorité du pays est un attentat politique du président de la République contre le pays qu’il dirige, contre les Sénégalais eux-mêmes, contre la diaspora sénégalaise et, surtout, contre ces infortunés compatriotes dont le seul tort est d’avoir été sur un lieu à un mauvais moment.
En dépit du respect que l’on doit vouer au premier magistrat de notre pays, nous nous faisons un devoir de lui poser la question qui fâche : Monsieur le président, si un de vos fils avait eu la malchance de se trouver à Wuhan au moment de l’épidémie, qu’auriez-vous fait ? Auriez-vous dit : je n’ai pas les moyens de le rapatrier ? Auriez-vous dit : c’est trop compliqué car il faut des moyens et de la logistique que je n’ai pas ? L’auriez-vous abandonné dans cet enfer chinois devenu fantôme en arguant de votre impuissance ?
Le propre d’un grand président, c’est justement de rendre possible l’impossible, de retourner les situations désespérées en opportunités et espérances, de transformer le mal en bien, le noir en bleu ciel… Il n’est donc pas de subir les événements en clamant son impuissance dans un monde que l’on sait sans doute impitoyable – notamment dans les rapports que les pays entretiennent entre eux, et vous en savez quelque chose – mais vous ne manquez pas de ressorts.
Un peu d’imagination et de folie dans la tête vous aurait suggéré de contacter vos «alliés» dans le monde afin d’aider 13 compatriotes à échapper à un virus brutalement surgi de nulle part. La France, les Etats-Unis, le Canada et bien d’autres pays ont trouvé les moyens d’aller chercher ceux de leurs ressortissants qui voulaient quitter Wuhan.+
Depuis 8 ans que vous êtes au pouvoir, vous avez tellement fait pour la France, pour son économie et ses entreprises installées au Sénégal qu’elle avait le devoir moral et humain de vous aider à rapatrier nos compatriotes. Avez-vous sollicité votre ami Emmanuel Macron à cet effet ? La Chine, omniprésente dans notre pays, serait-elle incapable de vous faire exfiltrer 13 personnes de Wuhan ? Même l’Algérie a fait l’effort auquel vous vous êtes refusé en prenant en charge elle-même le retour de ses ressortissants…
Cet «abandon» de vos compatriotes en rase campagne chinoise, cette insouciance dramatique, ce «refus» de se casser la tête pour imaginer des solutions… Finalement, tout cela semble logique. Triste !
VIDEO
CHEIKH TIJAAN SOW ET L'AFROCUBANO PROJETO RENDENT HOMMAGE À SAMORY TOURÉ
C'est un groupe d'esprits heureux installés à Bordeaux, dont les racines plongent en Afrique et dans les Caraïbes. Musiciens aguerris aux histoires riches, ils ont commencé en 2016 à revisiter des standards de la musique afrocubaine
L' Afrocubano Projeto, une musique festive et engagée, une expérience chaleureuse et fédératrice...
Ma foi en l’humain et ma conviction que tout être est une merveille se sont forgées au fur et à mesure de mes expériences de militantisme, de vie sociale et professionnelle. Je me considère aujourd’hui comme un metteur en réseau, un passeur de frontières surtout symboliques, un accompagnateur et médiateur. J’aime la vie et elle me le rend bien. J’aime partager mon enthousiasme et toute rencontre est une nouvelle modalité d’être au monde, même quand rien semble ne pas se passer. Africain né au Sénégal, j’ai largué les amarres sans oublier d’où je viens, arrivé ici, j’ai laissé pousser mes racines. Je suis marié et père de deux enfants. Je suis entre autre, écrivain avec la publication de deux romans : en 2015, "Luuti l'orphelin suivi de Mes Bris Collés". En 2012, "Plus on en parle moins on en fait" Editions La Cause du Poulailler. Cet essai porte sur la démarche participative. Musicien et conteur dans mes heures gagnées.
A l'origine d'Afrocubano Projeto, Cheikh Tijaan Sow, compositeur, chanteur, saxophoniste, conteur, Cheikh est un militant engagé pour la culture populaire. Il ponctue ses concerts de références historiques et anecdotes qui font toute la différence... Philosophe et anthropologue de formation, Cheikh est intervenant et consultant en communication interculturelle et démarches participatives. Sa bonne humeur et sa soif de liberté se transmettent de morceaux en poèmes, laissant aux spectateurs enthousiastes l'espoir d'une utopie réaliste sans frontières. Afrocubano Projeto est un groupe d'esprits heureux installés à Bordeaux, dont les racines plongent en Afrique et dans les Caraïbes. Musiciens aguerris aux histoires riches, ils ont commencé en 2016 à revisiter des standards de la musique afrocubaine avec des arrangements originaux inédits. Leurs multiples improvisations, véritables portes ouvertes vers le voyage géographique comme artistique et culturel, les ont finalement menés vers leurs propres compositions inspirées des rythmes et mélodies d'Afrique.
Leurs chansons parlent de sagesse ancestrale (Soxna Biige), d'enfants qui disparaissent dans le ventre de nos mers et océans (Maam Goor)... Mais aussi d'universalité et d'humanité (Black and White), de démocratie et des potentats qui ne veulent pas lâcher le pouvoir (Dipite Député). Plusieurs créations d'Afrocubano Projeto rendent hommage aux grands résistants de la lutte anti-colonialiste (Papa Lumumba, Aliin Sitooy Jaata, Samory Touré).
Jamais loin du continent mère, ils essayent de revenir régulièrement au pays se ressourcer et partager leur amour de la musique. La vidéo sur Samory à été filmée lors de de leur dernière tournée au Sénégal en décembre 2019.
«LE MINISTRE DES FINANCES PEUT PARDONNER A QUELQU’UN QUI A COMMIS UNE FAUTE DE GESTION ; ALORS QU’IL N’EN A PAS LE DROIT»
À quel niveau se situe la force contraignante des décisions de la cour des comptes? Le professeur de droit public Ndiogou Sarr a essayé de répondre à cette interrogation en rappelant les différentes possibilités offertes à la juridiction des comptes.
À quel niveau se situe la force contraignante des décisions de la cour des comptes? Le professeur de droit public Ndiogou Sarr a essayé de répondre à cette interrogation en rappelant les différentes possibilités offertes à la juridiction des comptes.
La publication des rapports de la Cour des comptes pose le débat sur l’application des décisions de ladite Cour et l’opportunité de la création d’une commission pour exploiter ces rapports. Joint au téléphone, le professeur de droit public, Ndiogou Sarr, n’a pas voulu trop s’épancher sur cette commission et son intérêt. Toutefois, il est revenu sur les prérogatives de la juridiction des comptes.
Selon lui, quand la Cour statue en matière juridictionnelle, elle juge les comptes des comptables publics en regardant si le compte est irrégulier et fait l’objet de malversations. Le cas échéant, la Cour dépose le rapport sur la table du président de la République.
Ainsi, dit-il, il appartiendra au Ministère des Finances de saisir ou non les juridictions pour sanctionner le comptable qui avait en charge le compte régulé à défaut. « Mais la Cour en tant que telle ne peut pas aller saisir le procureur. Il ne peut que constater l’erreur et la faute avant de laisser à l’administration le choix de saisir ou non la Justice », soutient-il.
Toutefois, le professeur de droit public estime que le danger, c’est que le ministre peut pardonner à quelqu’un qui a commis une faute de gestion ; alors qu’il n’en a pas le droit. «Un comptable peut commettre une faute et voir son compte régulé par défaut. Mais après le constat de la Cour des comptes, le ministre peut décider de faire une remise de délai administratif ou une remise gracieuse ou partielle. Et cela pose des problèmes au niveau des sanctions administratives », a-t-il laissé entrevoir.
Au-delà des fonctions juridictionnelles, Monsieur Sarr affirme que la Cour des comptes peut aussi, dans ses fonctions, établir l’exactitude des comptes à l’Assemblée nationale et la loi de règlement. Tout comme elle peut aussi faire des rapports sur les entreprises et les structures de l’Etat pour les amener à redresser leur mode de gestion. Par ailleurs, sur la décision de créer une commission pour exploiter les rapports de la cour des comptes, une autre source préférant garder l’anonymat est un peu perplexe. Selon notre interlocuteur spécialiste des Finances publiques, il ne voit pas pourquoi donner un tel rôle à une commission.
Pour lui, comme la juridiction des Comptes a déjà fait le travail, il faudrait tout simplement soumettre le rapport au procureur de la République. Charge à celle-ci de juger de l’opportunité ou non de poursuivre. Non sans relativiser en disant que c’est peut-être pour faciliter le travail que le Président Macky Sall a pris la décision de créer une commission pour exploiter les rapports. « Si le chef de l’Etat décide de confier ce travail à une commission, c’est parce qu’il veut faire le distinguo avant de prendre une quelconque décision entre ce qui relève d’une faute devant faire l’objet d’une sanction juridictionnelle à travers la saisine du procureur et ce qui relève de la recommandation et de l’assistance », a-t-il conclu.