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30 septembre 2025
par Ousmane Sonko
POURQUOI JE M’ABSTIENDRAI DE VOTER LE PROJET DE LOI D’HABILITATION !
Même en temps de crise, l’Assemblée ne doit pas être dépouillée de ses prérogatives - Ce projet procède d’une rédaction très vague visant à doter le président d’une habilitation à légiférer, en toutes matières
En ces temps d’anxiété nationale, il peut paraître périlleux de prendre position, tant il a été vendu à l’opinion l’impératif commun de « s’aligner » derrière le Président de la République. Oui pour l’union sacrée pour faire face à un ennemi commun aussi insaisissable que vicieux ! Mais cela ne doit pas signifier pour autant une négation des rôles et des responsabilités. Le temps de guerre est certes le temps de la solidarité nationale, mais uniquement dans l’intérêt général. Il n’est pas un temps de « non-opposition ». Il est au contraire le temps de plus, mais surtout de « mieux-d’opposition »“ comme il doit être le temps de plus et surtout « mieux-d’État ». Il est simplement, le temps de la patrie. Nous ne devons donc pas, par nos attitudes complaisantes, donner raison à Rudyard Kipling qui disait que : « la première victime d’une guerre, c’est la vérité ».
L’Assemblée nationale vient d’être saisie d’un « Projet de loi habilitant le Président de la République à prendre, par ordonnances, des mesures relevant du domaine de la loi pour faire face à la pandémie du COVID-19 ».
Rappelons d’abord que l’habilitation du Président de la République à gouverner par ordonnances dans des matières relevant de la loi est prévue par la Constitution dont l’article 77 dispose que : « L’Assemblée nationale peut habiliter par une loi le Président de la République à prendre des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. Dans les limites de temps et de compétence fixées par la loi d’habilitation, le Président de la République prend des ordonnances qui entrent en vigueur dès leur publication mais deviennent caduques si le projet de loi de ratification n’est pas déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale avant la date fixée par la loi d’habilitation. L’Assemblée nationale peut les amender à l’occasion du vote de la loi de ratification ».
À la lumière des dispositions de sa source constitutionnelle, ce projet de loi, qui sera certainement voté sans hésitation demain par la plénière de l’Assemblée réduite à sa portion congrue (une trentaine de députés sur les 165), soulève de notre part les réserves ci-après :
I- UNE LOI D’HABILITATION NE SIGNIFIE PAS UN BLANC-SEING AU PRÉSIDENT:
Lors de notre entretien de la semaine dernière, j’avais posé au Chef de l’État une batterie de questions relatives, entre autres :
1. au détail de la dotation du fonds FORCE-COVID-19 : mesures de réallocations budgétaires, recours aux mécanismes multilatéraux d’endettement, reste attendu de donateurs?
2. Au détail des crédits programmés :
− pour le volet sanitaire (soignants, masques et gels, kits de détection rapide, équipement des centres d’accueil et de traitement) ;
− pour le volet social (aides alimentaires, enseignement privé, couches vulnérables (talibés, marchés) ;
− pour le volet économique (organisation de la résilience et la relance de l’économie, soutien aux PME/PMI en difficulté, usage de l’instrument fiscal, …).
3. À la forme et la nature de la mesure annoncée de soutien à la diaspora.
4. À la pertinence de la mesure annoncée de réquisition des hôtels en lieu et place ? d’édifices publics donc certains sont déjà équipés de lits (universités).
Ce qui précède n’est pas pour entrer dans le détail de nos échanges, mais plutôt pour rappeler qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de visibilité sur ce qui doit se faire, et cela exige du Président qu’il présente au peuple sénégalais et à sa représentation parlementaire un plan-programme très précis, chiffré et adossé à un chronogramme d’exécution. C’est ce qui se fait dans toute démocratie respectable et affirmée.
Aux États-Unis, Républicains et Démocrates viennent de trouver un compromis au Sénat pour approuver le plan de 2000 milliards de dollars du Président Trump, après une dizaine de jours d’âpres discussions autour d’un document final de mille pages.
En France, une loi de finances rectificative et une loi d’urgence pour faire face à l’épidémie du Covid-19 ont été adoptées après deux jours de discussions au Sénat.
Le Chef de l’État m’avait rassuré que ce plan, en cours de finalisation par les ministres concernés, serait disponible dans les heures qui suivraient. Le fait que ce plan ne soit toujours pas à l’ordre du jour nous fait douter de sa volonté, pour une fois, de gérer en toute transparence et avec la rigueur exigée par le contexte, ces deniers publics qui, en réalité, seront le fruit de l’effort et des sacrifices de chacun et chacune des Sénégalais qui en supporteront les coûts jusqu’au dernier centime.
II- UNE LOI VAGUE ET IMPRÉCISE À SOUHAIT
Avec une loi d’habilitation tirée de l’application de l’article 77 de la Constitution, le pouvoir du Président de la République ne peut être absolu. Même en temps de crise, l’Assemblée ne doit pas être dépouillée de toutes ses prérogatives. L’état d’urgence ne signifie pas la mise en congé ou la suspension de la légalité. C’est pourquoi la loi doit dire de manière précise et non générique, les matières dans lesquelles le Président est habilité à intervenir.
1. La délégation de pouvoir au Président de la République est encadrée et circonscrite dans son objet (l’article 77 de la Constitution dispose : « dans les limites de compétence fixées par la loi ») et dans sa durée (l’article dispose « dans les limites de temps (…) fixées par la loi d’habilitation »).
Or, l’article 1er du projet de loi d’habilitation dispose a contrario : « dans les conditions prévues à l’article 77 de la Constitution, le Président de la République est habilité à prendre, par ordonnances, dans un délai de trois mois à compter de la publication de la présente loi, toute mesure, relevant du domaine de la loi, afin de faire face aux besoins d’ordre économique, budgétaire, JURIDIQUE, sécuritaire et sanitaire ».
Ce projet est de manière flagrante anticonstitutionnel en ce qu’il procède d’une rédaction très vague qui vise à doter le Président d’une habilitation à légiférer, en toutes matières, par ordonnances. À titre d’exemple, la loi d’habilitation de 1994 consécutive à la modification de la parité de la monnaie nationale avait été accompagnée d’une annexe listant limitativement les matières dans lesquelles le Président de la République était autorisé à prendre des mesures par ordonnance. Il s’agissait précisément :
- de la législation sur le commerce intérieur, les prix, les loyers, les salaires et traitements ;
- des primes à l’exportation ;
- du contrôle des changes et relation financières avec l’étranger ;
- des droits d’importation et d’exportation au tarif général des douanes et timbre douanier ;
- des impôts, droits et taxes intérieurs, taxes parafiscales et paiements divers.
Les pouvoirs exceptionnels généraux ne peuvent être accordés au Président de la République qu’en vertu, d’une part des dispositions de l’article 52 de la Constitution et non l’article 77 invoqué, et sur la base de circonstances particulières limitativement énumérées.
Article 52 : « Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la nation, l'intégrité du territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le Président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels ».
Il peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation.
Il est clair que nous ne sommes dans aucune de ces situations et rien ne justifie ce recours excessif à une telle habilitation exigée de l’Assemblée nationale.
L’article 77 rappelle clairement que, si habilitation il doit y avoir, elle ne saurait concerner tous les domaines de la loi. En l’espèce, elle ne doit concerner que des domaines à préciser, relevant exclusivement de la lutte contre le Coronavirus (hygiène et santé publique), les mesures de soutien à l'économie et le social, et non tout ce qui relève du domaine de la loi.
Qu’on ne nous parle surtout pas du contrôle a posteriori – le mal sera déjà fait - que l’Assemblée nationale exercerait au moyen des lois de ratification des ordonnances (article 2 du projet de loi). La pratique parlementaire tirée des expériences des lois d’habilitation n°61-043 du 20 août 1960 et 94-18 du 18 janvier 1994 renseigne que beaucoup d’ordonnances prises en vertu de ces lois n’ont jamais été soumises à la ratification de l’Assemblée. Les rares qui l’ont été furent avalisées, sans aucun détail explicatif, par les majorités automatiques sous la formulation laconique suivante :
LOI n° 94-52 du 27 mai 1994 portant ratification
de l'ordonnance n° 94-27 du 15 février 1994 abrogeant
les articles 332 alinéa 2, 379 à 383 et abrogeant et remplaçant
certaines dispositions du livre II du code général des impôts :
« L'Assemblée nationale a délibéré et adopté en sa séance du mercredi 18 mai 1994;
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article unique, - Sont ratifiées les dispositions de l'ordonnance n° 94-24 du 31 janvier 1994 abrogeant l'article 262 alinéa 4, certaines dispositions de l'annexe III du livre I et l'annexe II-C-20e du livre II du Code général des Impôts et modifiant certaines dispositions dudit code.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.
Fait à Dakar, le 27 mai 1994 »
Abdou DIOUF
Enfin, les audiences accordées dans la foulée aux présidents du conseil constitutionnel et de la cour suprême ne rassurent pas sur l’impartialité attendue des institutions chargées du contrôle de la conformité constitutionnelle ou législative des lois et actes réglementaires qui seront pris dans ce contexte.
Mais il y a pire, avec l’amendement fait par le Garde des sceaux, Ministre de la justice, qui propose à l’Assemblée de réécrire l’article premier en supprimant « d’ordre économique, budgétaire, sécuritaire et sanitaire » pour le remplacer par « de tous ordres, notamment économique, budgétaire, JURIDIQUE, sécuritaire et sanitaire ». Bonjour la fin de l’état de droit !
Par ailleurs…
2. L’article 4 du projet de loi d’habilitation dispose : « Il est autorisé, au-delà de la période de 12 jours de l’état d’urgence déclaré par le Président de la République, la prorogation de celui-ci pour une période de trois mois à compter de la publication de cette loi. Il peut être mis fin à l’état d’urgence par décret avant l’expiration du délai fixé par la loi prorogeant l’état d’urgence ». Cette disposition est un cavalier législatif sans aucun objet avec l’habilitation. L’anticipation de la prorogation de l’état d’urgence dans la même loi d’habilitation viole la Constitution. Elle ne se justifie pas ; il s’agit de deux régimes juridiques différents qui exigent deux lois différentes. En effet, en vertu de l’article 69 de la Constitution, l’état d’urgence peut être déclaré par décret pris par le Président de la République pour une période de 12 jours. Après quoi, sa prolongation suppose une loi votée par l’Assemblée Nationale. Ce schéma n’est pas respecté par la loi d’habilitation.
Chers compatriotes, l’exercice de concertation avec des segments jugés significatifs de la nation auquel le Chef de l’État s’est livré depuis quelques jours en ces moments où son temps précieux aurait pu être consacré entièrement à monter au front de la lutte en bon timonier, ne doit surtout pas se résumer à une mise en scène théâtrale. Il doit plutôt être un moment fort où la nation toute entière sait démontrer sa capacité à faire face et vaincre un ennemi commun. C’est pourquoi il doit être dénué des petits calculs et exiger de chacun et chacune d’entre nous deux vertus essentielles en la circonstance : la sincérité et la transparence.
En conséquence, puisque la situation sanitaire leur sert de prétexte pour procéder au tri des députés « autorisés » à assister aux travaux de commission et à la plénière, qu’à ce motif je fais partie de la grande majorité des députés « exclus » de ces travaux, je vous informe que pour toutes les raisons sus-évoquées, j’ai décidé de m’abstenir de voter un projet de loi qui :
- concentrerait entre les mains d’un seul homme une manne financière dont le montant n’est pas spécifié dans le projet ;
- conférerait au Président de la République des pouvoirs exceptionnels en toute matière, dépassant largement le seul cadre de la lutte contre le COVID-19 et ses implications sociales et économiques,
- n’est pas précédé de la présentation d’un plan de lutte permettant d’en saisir les détails ;
- n’est non plus pas précédé de la présentation à l’Assemblée nationale d’un projet de loi de finances rectificative ;
- enfin, poserait des problèmes sérieux de contrôle a posteriori.
Chers compatriotes !
La solidarité dans la lutte contre le COVID-19 est nécessaire. Nous le concevons. Mais, pour paraphraser Francesco Alberoni, elle ne doit pas se transformer en une coalition d’égoïsmes où les acteurs se taisent sur les violations allègres de la loi et les mauvaises pratiques républicaines pour faire bon genre dans le contexte actuel.
À LA PATRIE QUE DIEU VEILLE SUR LE SÉNÉGAL
texte collectif
CORONAVIRUS : QUELLES MESURES À METTRE EN OEUVRE AU SEIN DE NOS ENTREPRISES ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Il nous faut rester dans un état d’esprit de « guerrier » positif, conserver sa motivation, profiter de ce temps si précieux pour faire face à la situation et anticiper la sortie de crise sanitaire et économique pour nos entreprises
Forts d’un engagement citoyen et motivés par une forte inquiétude liée à la crise sanitaire et économique qui s’abat au niveau mondial, notre collectif d’entrepreneurs a souhaité jouer sa partition dans la guerre qui s’est engagée au Sénégal contre #Covid19 et ses effets dévastateurs. Notre collectif s’est formé de manière spontanée afin de réfléchir et de proposer ses contributions aux mesures à mettre en œuvre pour amortir le choc économique de la crise actuelle pour les TPEs et PMEs sénégalaises.
Chers Entrepreneur (e) s,
En ces temps de crise, il semble inimaginable d’envisager l’Avenir avec sérénité. Et pourtant, en tant que chefs d’entreprises, nous nous devons de rester forts et focus sur nos objectifs et nos plans de développement. Certes, nos plans sont contrariés pour cette année. Il n’empêche que nous serons appelés à continuer à nous réinventer, à trouver des solutions et à faire croître nos entreprises.
Il nous faut rester dans un état d’esprit de « Guerrier » positif, conserver sa motivation, profiter de ce temps si précieux pour faire face à la situation et anticiper la sortie de crise sanitaire et économique pour nos entreprises.
En tant qu’acteurs de l’économie sénégalaise, nous apportons aux entreprises tout notre soutien moral et nous appelons tout un chacun à contribuer à l’élan de solidarité nationale ayant pris forme depuis le début de la crise au Sénégal.
Pour jouer notre part, nous proposons les mesures pratiques suivantes :
Recommandations aux chefs d’entreprises
Mesures non financières
1. Rassurer l’Humain : En tant que dirigeants d’entreprises et donc leaders au sein de vos structures, des décisions avisées sont attendues de votre part. Vous vous devez de communiquer avec vos équipes et de les rassurer quant à la situation actuelle. Soyez transparents et communiquez sur les mesures que vous mettez en œuvre afin de préserver leur santé et celle de l’entreprise. Si vous entrevoyez des difficultés à venir du fait de l’évolution de la crise, parlez leur franchement afin de les motiver et de renforcer leur sentiment d’appartenance à l’entreprise. Rassurez vos équipes et parlez leur régulièrement pour leur permettre de garder le moral en ces temps de grosses inquiétudes ;
2. Mettre en place les mesures barrières à la propagation du virus :
a. Équipez vos employés avec des gels hydro alcoolisés et des masques ;
b. Mettez en place des points d’eau avec savon à l’entrée de l’entreprise afin que chaque personne qui arrive se lave les mains avant d’accéder à vos locaux ;
c. Si vous le pouvez, équipez-vous de thermo flashs pour prendre la température de chaque personne arrivant à l’entrée de vos locaux ;
d. Faites nettoyer et désinfecter les locaux régulièrement, notamment les poignées de portes ;
3. Activer le plan de continuité d’activités de l’entreprise : La priorité immédiate est que les entreprises élaborent ou mettent à jour des plans de continuité opérationnelle et puissent les mettre en œuvre. Ce plan correspond aux mesures alternatives définies par l’entreprise pour continuer à fonctionner malgré des problèmes d’accès au site principal de production de l’entreprise. Ces mesures doivent permettre aux différentes fonctions de l’entreprise de poursuivre leurs activités en cas de circonstances exceptionnelles comme celles que nous vivons actuellement et de faire face au risque de non continuité de l’exploitation :
a.Mettre en place un comité ou une équipe de gestion de crise ainsi que le processus de décision pouvant l’accompagner ;
b.Activer un groupe de contacts avec les coordonnées de tous les employés de l’entreprise et identifier leurs lieux de résidence si cela n’a pas été fait auparavant ;
c.Permettre la continuité de l’activité grâce aux actions suivantes :
i. Identifier les différents membres du personnel impliqués dans votre production et arbitrer sur le besoin de présence sur site ou non des uns et des autres ;
ii. Mettre en place un dispositif de télétravail pour le personnel dont les tâches peuvent être réalisées à distance ;
iii. Réduire les déplacements au strict minimum nécessaire pour faire fonctionner l’entreprise et ses sites de productions grâce à l’utilisation des technologies de communication (téléphone, mail, plateforme de partage de données et de visioconférences, réunion virtuelle)
iv. Réduire éventuellement les sites de production actifs en fonction des prévisions de ventes résiduelles en cette période de crise ;
v. Appliquer des mécanismes de rotations des unités de production pour maintenir le fonctionnement minimal de l’entreprise et pallier à la réduction éventuelle des heures de travail. 4.
Sensibiliser ses équipes : nous avons tous une responsabilité envers chacun d’entre nous et chacun à son niveau doit s’assurer que l’autre comprend les enjeux du moment et applique les gestes recommandés pour barrer la route à la propagation du virus. Donc sensibilisez, parlez régulièrement à vos équipes, notamment grâce à tous les moyens de communication en ligne dont vous disposez. Conscientisez au maximum autour de vous ;
5. Encourager, aider et féliciter ses équipes : en cette période plus qu’avant, vos équipes ont besoin de sentir que vous êtes sereins et que vous êtes là pour les épauler :
a. Multipliez donc les échanges en ligne avec elle, donnez-leur des informations, échangez avec elles et motivez les encore plus qu’en temps normal ;
b. Montrez leur que vous vous souciez vraiment d’elles et de leur bien-être ;
c. Si vous en avez la possibilité, permettez leur de disposer de leurs salaires en avance pour régler leurs besoins ;
d. Soyez attentifs aux employés les moins nantis afin de les aider au mieux ; e. Félicitez les pour les efforts réalisés, surtout s’ils font de belles performances en ces temps difficiles ;
6. Remettre en cause ses stratégies prédéfinies et réinventer son modèle économique : profitez de ces heures de confinement pour repenser votre modèle économique :
a. Echangez avec vos pairs entrepreneurs pour identifier de nouvelles idées ;
b. Discutez avec vos clients pour mieux comprendre leurs besoins et affiner vos services envers eux après la crise ;
c. Envisagez déjà vos premiers investissements d’après-crise : il faut se préparer à l’Après #Covid19 car il arrivera inévitablement.
d. Soyez créatifs et identifiez des opportunités d’activités pendant et après la crise ;
7. Vendre et profiter de toute opportunité qui se présente pour vendre : Il ne faut en aucune façon avoir honte de faire du chiffre d’affaires dans cette période de crise. Pour chaque entrepreneur qui peut arriver à vendre ses produits ou services, qu’il en use et en abuse car en vendant, il assure des revenus à son personnel et à ses fournisseurs, ce qui permet de continuer à faire tourner la machine économique même si elle est au ralenti, ce qui est critique pour assurer la relance économique à un moment ou à un autre. Il faut certes être solidaire avec ceux qui sont les plus touchés et leur apporter de l’aide mais il faut également continuer à faire tourner son activité si possible ;
Mesures financières
8. Préserver sa trésorerie en temps de crise : en période de crise, le chiffre d’affaires de l’entreprise baisse forcément de manière drastique entraînant une baisse des ressources financières de celle-ci. Nous recommandons aux chefs d’entreprise d’anticiper cette perte de revenus et, par conséquent, de réduire leurs dépenses, en se limitant aux dépenses prioritaires et essentielles relatives à leur fonctionnement, notamment les salaires, les loyers, les outils de communication permettant de travailler à distance et les dépenses de base leur permettant de produire.
Nous recommandons aussi de poursuivre, par des moyens appropriés, la production et la fourniture de biens et de services à sa clientèle si possible ;
9. Revoir toutes ses prévisions de trésorerie avec différents scenarii : Il est primordial pour chaque chef d’entreprise de procéder à des simulations sur la gestion de sa trésorerie disponible afin de voir comment tenir sur du court, moyen ou long terme en fonction des scenarii possible : crise courte sur 1 mois et demi, crise longue sur 3 mois, crise sur plus de 3 mois.
Il faudra également anticiper la reprise de l’activité et envisager d’avoir l’organisation requise pour y faire face le moment venu.
Des outils peuvent être mis à disposition pour accompagner les entreprises en ce sens. En tant qu’experts de l’entreprise, un accompagnement approprié peut être apporté à chaque chef d’entreprise afin de se projeter au mieux financièrement d’ici la fin de l’année 2020 ;
10. Renégocier les échéances bancaires et les lignes de découverts sur une période de 3 à 6 mois afin de soulager votre trésorerie et de programmer au mieux le paiement de ces échéances sur la fin de l’année 2020. Chaque entrepreneur devra se rapprocher au plus tôt de sa banque, après avoir fait ses simulations, afin de demander l’accompagnement requis pour maintenir son entreprise en activités d’ici le reste de l’année 2020 ;
11. Solliciter les banques pour obtenir un prêt avec des échéances prédéfinies et un différé de paiement permettant de soutenir le besoin en fonds de roulement de l’entreprise tout en vérifiant la viabilité économique de la souscription audit prêt ;
12. Demander si possible toute subvention ou prêt auquel vous pourriez avoir droit du fait des mesures gouvernementales mises en place et qui pourrait vous permettre de soulager votre trésorerie mais aussi de garder de l’argent pour envisager la reprise d’activités ;
13. Demander des reports des échéances fiscales et sociales, notamment celles du 30 Avril et du 15 Juin 2020, auprès des autorités concernées jusqu’après la phase de reprise d’activités éventuellement au mois d’Octobre ou de Novembre 2020 ;
14.Régler si possible les dettes dues aux fournisseurs afin de continuer de faire tourner l’économie un tant soit peu en s’assurant de vos possibilités financières sur une période de 6 mois ;
15.Garantir au maximum le maintien des salaires de vos employés même à temps partiel afin de leur permettre d’avoir des revenus et de se mettre à l’abri de tout besoin en ces temps de crise : chômage partiel, réduction du temps de travail, télétravail…. Tâchez de préserver les emplois !
Cette liste non exhaustive de mesures permet non seulement de maintenir les activités de l’entreprise et les emplois, mais constituent également des actions fortes de résistance collective à la crise économique. Nous nous tenons aux côtés des entrepreneurs pour faire face et avancer ensemble vers une reprise économique inéluctable à laquelle il faudra arriver pour redynamiser l’économie et dissiper les effets néfastes de cette crise.
Ensemble, nous vaincrons le Covid#19 !
Ndèye Marième Fall, G&G Professional Services, Présidente Réseau Entreprendre Dakar
Salif Kande, IML Consulting
Ibrahima Diagne, Gainde 2000
Ndongo Camara, NKAC Audit & Conseil
Papa Landing Mane, LQT Consulting
Mamadou Fofana, DINAFOF Biz
CORONAVIRUS : PAPE DIOUF HOSPITALISÉ À DAKAR
Actuellement au Sénégal, où il vit une partie de l’année, l’ancien président de l’OM est sous assistance respiratoire depuis samedia après sa contamination. Sa famille aimerait le rapatrier en France
La Provence |
Jeremy Tordjman |
Publication 31/03/2020
Le Covid-19 n’épargne malheureusement personne. Actuellement au Sénégal, où il vit une partie de l’année, l’ancien président de l’OM (2005-2009) a été contaminé par le virus qui paralyse la planète entière depuis maintenant plusieurs semaines.
Placé sous assistance respiratoire depuis samedi, Pape Diouf est actuellement hospitalisé à Dakar, à l’hôpital Fann. D’après un proche, sa famille aimerait le rapatrier en France.
QUELLES DIFFÉRENCES ENTRE L'HYDROXYCHLOROQUINE ET LA CHLOROQUINE ?
Les deux molécules sont proches, et souvent confondues dans les médias. Mais c'est bien l'hydroxychloroquine qui est actuellement à l'essai pour traiter le Covid-19
Vous remarquez que «beaucoup d’articles parlent de la chloroquine et d’autres de l’hydroxychloroquine», et nous demandez : «Pourquoi cette différence ? Y a-t-il une différence entre ces deux produits ?» Dans le cadre des recherches en cours pour traiter les malades du Covid-19, c’est bien l’hydroxychloroquine qui est testée, et non la chloroquine. Même si les deux molécules sont proches.
La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont des dérivés de synthèse de la quinine, isolée par des pharmaciens français au début du XIXe siècle. La chloroquine a de longue date été utilisée comme un traitement contre le paludisme, mais des mutations de cette maladie l’ont progressivement rendu résistante à ce traitement dans certaines régions. Comme en Guyane où elle n’est plus prescrite depuis 1995, relève Le Monde, constatant que «ce médicament à l’emploi thérapeutique limité est de moins en moins produit.»
L’expérience a toutefois montré que ces antipaludéens pouvaient servir à traiter d’autres maladies : «Les gens qui avaient un lupus ou une maladie auto-immune constataient que ce traitement contre paludisme diminuait leurs symptômes, raconte à CheckNews le professeur Zahir Amoura, chef du centre de médecine interne II de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. D’où l’idée de l’utiliser contre les maladies auto-immunes comme le lupus ou de polyarthrite rhumatoïde.»
Comme en témoignent les notices des médicaments à base de chloroquine (nivaquine) et d’hydroxychloroquine (plaquenil), ils sont en effet notamment indiqués pour les traitements de la polyarthrite rhumatoïde, du lupus, ou de prévention des lucites.
«D’un point de vue sécurité du médicament»
Pourquoi, au vu de ces similarités, l’hydroxychloroquine a-t-elle été préférée à la chloroquine, dans les essais du professeur Raoult comme dans le protocole européen Discovery visant à déterminer quel médicament est efficace pour lutter contre le Covid-19 ? «La chloroquine donne parfois un certain nombre de complications comme des problèmes cardiaques, elle a une certaine toxicité rétinienne si on le prend longtemps, et sa toxicité fœtale est démontrée», poursuit le professeur Amoura. Qui développe : «L’ajout d’un dérivé hydroxydé permettait d’avoir moins souvent des complications. Ainsi, dans le cadre d’administrations chroniques, l’hydroxychloroquine a moins d’effets secondaires indésirables que la chloroquine.»
Lors de sa conférence de presse du 23 mars pour répondre aux questions de journalistes sur l’essai Discovery, le professeur Bruno Lina donnait une explication complémentaire : «Ce sont deux molécules qui se ressemblent beaucoup, qui ont le même mode d’action, mais qui n’ont pas tout à fait le même profil de sécurité d’utilisation. On parle dans ces médicaments d’un index thérapeutique, c’est la différence de dose qui existe entre la dose thérapeutique et la dose toxique. Quand vous utilisez la chloroquine, la dose en schéma thérapeutique est très proche de la dose qui est connue pour être toxique chez l’homme. Pour l’hydroxychloroquine c’est un tout petit peu différent. Cette dose utilisée pour traiter l’homme est beaucoup plus basse que la dose toxique. C’est pour ça qu’on a choisi l’hydroxychloroquine. C’est le même mode d’action, et ça va avoir le même impact, mais par contre d’un point de vue sécurité du médicament, c’est beaucoup mieux que la chloroquine qui est potentiellement toxique.»
"LA FRANCE NE PEUT PAS REFUSER À LA ZONE CFA DES PRATIQUES MONÉTAIRES QU'ELLE MET EN OEUVRE DEPUIS 2005"
Les mesures financières de relance budgétaire et économique initiées par les Etats Unis, l’Europe et, entre autres, le Japon et la Chine, nous replongent dans une chronique publiée sur Financial Afrik en 2017 par Abdou Cissé, expert en Finance
Alors que la BCE et la FED monétisent les dettes de leurs Etats, l’annulation des dettes d’Etats africains est une demande légitime. Les mesures financières de relance budgétaire et économique initiées par les Etats Unis, l’Europe et, entre autres, le Japon et la Chine, nous replongent dans une chronique publiée sur Financial Afrik en décembre 2017 sous la signature de Abdou Cissé, expert en Finance et Actuariat (Lire ici ).
En gros, l’expert sénégalais écrivait : «les pessimistes n’auront aucune raison de crier au gonflement du bilan de nos banques centrales, car nous y avons droit à l’image des pratiques de toutes les grandes banques centrales du monde depuis la crise de 2008 ; aucune raison de crier à une planche à billets déguisée car c’est exactement par ce mécanisme que la Banque Centrale Européenne (BCE) a mis sous perfusion monétaire un pays comme la France depuis mars 2015 ; aucune raison d’avoir peur de l’inflation qui est une réaction normale d’une économie».
Aux antipodes des prescriptions du FMI et de la Banque Mondiale, Abdou Cissé mettait en garde les États africains: «il faut éviter l’endettement des Etats sur les marchés, éviter le financement par des organismes internationaux, et ne pas compter uniquement sur la collecte d’impôts, pour plusieurs raisons comme le niveau d’endettement actuel de nos États et compte tenu de leurs capacités de remboursement ». L’expert sénégalais préconisait ainsi en 2017 une solution, les CFA obligations, largement étayée dans sa chronique. Dans ce nouvel entretien, réalisé dans le contexte de la pandémie mondiale du conronavirus (Covid-19), Abdou Cissé donne son avis sur la situation financière internationale et la demande d’annulation de la dette des africains.
Toutes les puissances du G7 injectent de la liquidité pour soutenir leur économie. Le président Macky Sall et les chefs d’Etats de la CEMAC appellent à l’annulation pure et simple de la dette des pays africains. Les Institutions de Bretton Woods (FMI et Banque Mondiale) proposent plutôt de suspendre avec effet immédiat, le remboursement des dettes des pays en développement et accordent des financements pour les urgences sur demande des pays intéressés. L’idée étant de répondre aux besoins immédiats de liquidités pour faire face aux défis engendrés par la pandémie du Covid-19, en attente d’évaluer l’impact de la crise et les besoins de financement de chaque pays.Que pensez-vous de ces différentes approches ?
La priorité est d’abord de sauver des vies ; le choc sera-t-il temporaire ou durable ? La bataille sanitaire sera décisive et nous prions pour que l’humanité soit très vite épargnée de cette pandémie. Ensuite, je voudrais saluer les efforts de Financial Afrik pour le retour sur mon article de 2017 et sa connexion avec l’actualité. Le Président de la république du Sénégal et les chefs d’Etats de la zone CEMAC ont parfaitement raison de demander l’annulation de leurs dettes ; les autres chefs d’Etats concernés doivent réagir très rapidement dans le même sens. La situation financière internationale impose cette annulation de dette et les chefs d’Etats de la zone CFA doivent s’armer d’arguments techniques et économiques pour défendre cette position devant le FMI, la Banque Mondiale et la France.
Comment pouvez-vous nous détailler ces arguments techniques et économiques ?
Pour rappel, depuis la crise de 2008, les banques centrales occidentales sont sorties de leur mandat officiel pour mener des politiques monétaires axées sur des taux d’intérêts bas et de l’assouplissement quantitatif avec deux vrais objectifs : financer gratuitement les déficits des Etats et baisser fortement le poids du service des dettes souveraines sous couvert bien sûr de relancer l’économie par l’injection massive de monnaie aux banques.
En dehors de toutes les injections de liquidité démarrées en 2012 par la Réserve Fédérale Américaine (FED) et en 2015 par la Banque Centrale Européenne (BCE), ce mois de mars 2020 est marqué par une continuité à grande vitesse de l’inondation des marchés :
Un programme massif d’injection d’argent frais dans l’économie européenne, pour des achats d’actifs d’urgence pandémie (750 milliards d’euros), lancé jusqu’à la fin de l’année au moins, pour tenter d’aider les entreprises à traverser le choc de l’épidémie ; avec 120 milliards d’euros pour des rachats de titres obligataires sur les marchés jusqu’en fin 2020 ;
Un niveau d’injection de liquidité par la FED sans commune mesure que toutes les autres banques centrales (Angleterre, Suède, Japon, Chine …) qui disposent d’une autonomie monétaire ont suivi en pratique.
On note deux nouveautés comme l’hélicoptère monnaie des Etats Unis (le président TRUMP promet de remettre un chèque de 1000$ à chaque citoyen et 500$ à chaque enfant) et la nationalisation des salaires privés par l’Etat français sur au moins trois mois (Smic et 85% des salaires au-dessus du Smic) ; des évènements inédits dans l’histoire monétaire de l’Occident.
Le franc CFA étant arrimé à l’euro, examinons le cas de la BCE. Depuis 2015 elle s’engage à racheter tous les titres de dettes publiques des Etats européens ; elle achète même à partir de ce mois de mars 2020, les émissions supplémentaires des Etats et précise aussi que la dette grecque est éligible à ce programme. Les objectifs visés étant la relance budgétaire, la baisse des taux d’intérêt d’emprunt d’Etats de la zone euro, le maintien de la liquidité sur les marchés et le financement des entreprises et des ménages.
Le principe du quantitative easing (QE) c’est exactement de racheter des dettes d’Etats et les échanger avec de la monnaie destinée aux détenteurs des titres. La BCE monétise ainsi toutes les dettes européennes et sans limite ; donc pas de crises de dettes, pas de tension sur les taux d’emprunt et pas de limite liée au taux d’endettement des pays de la zone euro (conséquence économique qui fera jurisprudence au cas où la France nous opposerait son éventuel juridisme).
Il reste juste une limite, à savoir jusqu’où la BCE peut s’aventurer en création monétaire. Mais, comme aucun économiste ne s’aventure à l’invention d’un modèle qui limite cette création monétaire, alors elle ira loin dans l’espace et dans le temps ; et c’est d’autant plus vrai depuis 1971 lorsque les Etats Unis ont coupé le lien entre la monnaie et l’actif terminal, l’or.
Donc les obligations d’Etat d’un pays comme la France sont émises, vendues en primaire, rachetées par la BCE en secondaire. Seulement, ces titres détenus par la BCE vont techniquement disparaitre car sa vocation ne lui permet pas de les échanger avec les autres acteurs des marchés financiers et elle ne pourra pas non plus en exiger le remboursement aux Etats au risque de surendetter des sujets déjà endettés. Donc le rachat des dettes d’Etats par la BCE est techniquement irréversible et équivaut exactement à une annulation pure et simple des dettes souveraines des pays européens.
De plus, une analyse approfondie des flux financiers de telles opérations entre la BCE, les Etats et les acteurs du marché détenteurs des titres de dettes publiques rachetées, fournit une preuve supplémentaire que ces dettes sont annulées.
Si les occidentaux considèrent qu’un tel montage financier ne représente pas un financement par de la création monétaire indue, c’est qu’ils ont décidé de ne pas appeler les choses par leur nom.
Seulement, nous africains, sommes persuadés, convaincus et certains, qu’au cours des cent prochaines années, les pays européens ne rembourseront jamais leurs dettes à la BCE par le biais d’une production donnant naissance à une création de valeur qui engendre une création monétairesaine. Le désastre financier qu’ils vivent depuis la crise de 2008 démontre que cette chaine reliant la production, la valeur et la création monétaire a été complètement cassée.
Ainsi, la France se retrouve en 2020 avec une dette souveraine virtuelle, qui n’existe que par son montant car la BCE a la capacité de l’annuler par son pouvoir monétaire illimité (‘ea tenus’) ; On pourrait alors parler de ‘pouvoir d’épuration’ comme certaines ‘centrales’ industrielles.
Aux dernières statistiques, la BCE a déjà racheté environ 417 milliards de dettes publiques françaises ; et rien que pour la semaine dernière, elle a atteint près de 20 milliards d’euros de dettes européennes.
Il en va de même pour tous les pays du G7 à l’image du Japon dont les deux tiers sont rachetés par sa banque centrale. Ainsi, les dettes de tous les pays en voie de développement doivent être annulées ; le Président Macky Sall et les chefs d’Etats de la CEMAC ont tout à fait raison et peuvent même aller plus loin.
Quels peuvent être les obstacles à une telle demande d’annulation ? Nous faisons allusion aux institutions de Bretton Woods qui proposent un simple gel et les contraintes du CFA avec la France …
A mon avis il n’existe aucun obstacle. Les Etats de la zone CFA doivent parler d’une même voix et lancer un vaste projet qui inscrit ce changement d’orientation monétaire dans les réformes des mécanismes de fonctionnement du franc CFA. La France ne peut pas leur refuser des pratiques monétaires qu’elle met œuvre depuis 2015. Un document projet succinct pourra être rédigé en collaboration avec nos banques centrales avant d’inviter la France autour d’un débat d’experts ; le FMI et la Banque Mondiale doivent nous appuyer pour la réussite de ce projet. En plus des arguments développés ci-dessus, il faut ajouter que la France a vu sa banque centrale stopper toutes ses règles de limitations de budget et de dette jusqu’à nouvel ordre ; donc elle n’a plus de contraintes règlementaires pour se financer. Entre 2008 et 2020 la France a vécu l’explosion de toutes ses frontières entre politique monétaire, budgétaire et économique. Le franc CFA est arrimé à l’euro et la France accède à toutes les formes de souplesses monétaires ; cette demande d’annulation de nos dettes est donc légitime, il faut juste qu’on en débatte dans la sérénité, et fixer ensemble les modalités de mise en œuvre.
Après la pandémie liée au coronavirus risque de déboucher sur la crise économique et les difficultés à venir du financement de nos futurs projets ?
Pour nos besoins au sujet de la pandémie et de la crise économique, l’Afrique subsaharienne ne doit pas s’endetter d’autant plus que nous sommes victimes. Pour être précis, la France, le FMI et la Banque mondiale ne doivent pas nous proposer de nouvelles dettes car le G7 doit fournir aux africains toute la liquidité nécessaire pour faire face aux défis et gratuitement ; les africains méritent leur hélicoptère monnaie comme aux Etats Unis et la nationalisation de leurs salaires comme en France ; il faut que nos chefs d’Etats soient vigilants à ce niveau.
Après, il faudra aborder le financement de la construction des structures de l’Afrique subsaharienne que nous n’avons jamais réalisée depuis les indépendances. Cela nécessite un accès aux services publics monétaires que j’ai détaillé dans l’article en référence ci-dessus ; il ne sera peut-être pas nécessaire de créer une société de financement des économies de l’Afrique subsaharienne (SFEAS) car l’agence UMOA-Titres (en collaboration avec son équivalent en Afrique Centrale) pourra pleinement jouer son rôle et créer un relais sous forme de marché secondaire. Il faut noter que cette nouvelle orientation monétaire que je propose dans l’article est nettement plus propre que les pratiques actuelles de la BCE et de la FED, car elle permet d’adosser notre capacité de création monétaire à nos structures et à notre capacité de production (et demain à la valeur de nos richesses).
Au regard des marchés financiers, les banques centrales occidentales comme la FED et la BCE sont devenues des investisseurs volontaires à la détention de toutes les dettes de leurs Etats. Au regard d’une modélisation actif-passif des échanges de flux associés à cette monétisation des dettes souveraines, la BCE porte une double casquette :
Elle est devenue le réassureur des Etats européens qui sont des assureurs couvrant le risque lié à la continuité de l’activité de leur économique ;
Elle est aussi devenue l’assureur des marchés financiers.
Certes, mais c’est un assureur-réassureur qui ne reçoit aucune prime et accepte de régler tous les sinistres survenus et à survenir, quoi qu’ils en coûtent ; (la CIMA serait enchantée d’accueillir de telles compagnies dans son environnement de contrôle).
Comment expliquer que cette nouvelle orientation monétaire que vous proposez ne mènera pas à des dérives inflationnistes ou même de forte dépréciation de notre monnaie ?
Nous n’aurons aucune dérive inflationniste ni de dépréciation de monnaie pour trois raisons :
En matière de lutte contre l’inflation et de maintien de la stabilité financière, nous ne pouvons absolument rien reprocher à une banque centrale comme la BCEAO ; elle mérite même d’être félicitée ; si les procédures référencées dans l’article de 2017 sont correctement respectées alors nous n’avons pas à douter de la capacité de nos banques centrales à gérer les situations économiques qui se présenteront.
Aussi, si vous regarder de très près le modèle que je propose dans l’article de 2017, il décrit une méthodologie de monétisation des dettes de nos Etats, basée sur la réalisation de projets de développement (production) qui va créer de la valeur qui justifiera clairement la création monétaire.
Aujourd’hui, cette monétisation des dettes est pratiquée par la BCE et la FED (pour ce qui nous concerne de près), mais aussi par les banques centrales du Japon, de la chine et de l’Angleterre ; on le retrouve ainsi dans tous les pays considérés comme développés ; mais nous ne constatons pas de fluctuations importantes entre les monnaies des Etats qui pratiquent cette monétisation de dette et l’inflation a complètement disparu en Occident depuis la crise de 2008. Le franc CFA est arrimé à l’euro et la France veillera à ne jamais déstabiliser ses entreprises qui sont en Afrique.
Pour ces trois raisons, nous n’aurons aucun risque de dérive.
En conclusion ?
Combien de temps durera cette crise sanitaire ? Prions encore pour que l’humanité entière soit très vite épargnée. De par ses impacts géopolitiques, le virus Covid-19 nous invite à un changement de monde à travers une nouvelle page de l’histoire ; il faut en profiter pour entamer le procès du Capitalisme et son Economie de Marché, car les pays occidentaux tombent de leur piédestal et doivent se rendre compte qu’ils ne sont pas loin du déclin.
Un pays comme la France doit en tirer des leçons pour sortir de son arrogance intellectuelle dans ses relations avec l’Afrique. En effet, les pays de la zone euro sont monétairement beaucoup plus indisciplinés que les pays de la zone franc CFA ; l’Allemagne le leur rappelle tout le temps en refusant de mutualiser les dettes européennes par des Euros bonds en 2010 et par l’émission de Coronabonds en 2020 (car elle est persuadée que les dépenses publiques vont s’envoler en Europe). Tout ce cocktail qui entoure l’Occident, en désordre économique ordonné, donne aujourd’hui à nos gouvernants toutes les cartes pour que la France, le FMI et la Banque Mondiale nous libèrent de la pression continue qu’ils exercent sur nos économies depuis les indépendances.
La crise sanitaire est partie de la Chine, passant par l’Europe pour voyager vers nos pays africains et infecter nos populations qui n’ont pas demandé. La faim tue les enfants du tiers monde depuis plusieurs années ; Coronavirus tue 60 fois moins que la tuberculose et 40 fois moins que le paludisme. Ce monde doit changer ; les africains ont besoin de vivre dignement.-
*CISSE Abdou
GROUPE CISCO²NSULTING-SOLVISEO
Remerciement à C. MOMBO Baros, pour sa contribution à l’article de décembre 2017
par Yaye Fatou Sarr
LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Permettez moi de vous dire de supprimer tous les postes politiques inutiles et de renforcer le plateau médical de ce pays maintenant et de poursuivre après le Covid-19
Monsieur le président, pour une quelconque raison je vous ai plusieurs fois écrit mais aujourd'hui plus que jamais je souhaite me faire lire.
Monsieur, je suis une jeune femme qui connaît les allées de tous les hôpitaux de Dakar et beaucoup de leurs services, une jeune qui connaît les couloirs du service des maladies infectieuses et son personnel exigeant comme je connais la réalité de mon Sénégal, notre Sénégal. J'ai fait quelques hôpitaux et centres de santé du pays, et monsieur, je souhaiterais vous demander de trouver un moyen de rendre hommage au personnel de santé de ce pays tous les jours. Allons jusqu'à chanter l'hymne national tous les matins avant le point du ministère de la santé juste pour applaudir leur patriotisme.
Monsieur le président, les études de santé de l'infirmier au médecin, passant par l'aide soignant, le biologiste, le laborantin, le pharmacien, le brancardier, etc. rien que les études avec ces hauts et bas sont infernales. Monsieur, exercer la profession, que cela soit par amour ou par devoir est difficile. Monsieur, les risques sont toujours présents, d'une seringue de contaminé par une pathologie grave à la toux d'un malade très contagieux. Monsieur, les conditions de travail de notre personnel de santé sont indiscutablement insupportables.
Monsieur, j'ose oui car j'ai choisi une voie, qui n'est ni la plus rapide ni la plus facile mais une vraie, j'ose vous dire monsieur que l’« après Covid-19 » c'est maintenant. Monsieur, avec mes sincères encouragements et accompagnements continus, permettez moi de vous dire de supprimer tous les postes politiques inutiles et de renforcer le plateau médical de ce pays maintenant et de poursuivre après le Covid-19.
Monsieur, beaucoup de nos jeunes compatriotes, dans leur métier, gagnent bien plus qu'un jeune de la santé en travaillant moins que lui et en étant moins exposé. Monsieur, beaucoup de jeunes viennent de se rendre compte de l'utilité, la vraie utilité de nos médecins, infirmiers, laborantins, etc. jusqu'au brancardier. Et pourtant, ces héros n'ont d'autres choix et ne se donnent le droit d’abandonner pour avoir fait un serment et promis de toujours être là.
Monsieur, une amie médecin m'a dit : « je suis très remontée, pourquoi le président de la République n'a pas plutôt choisi de beaucoup échanger avec les médecins », un autre rajoute « nous n'avons plus le matériel nécessaire pour nous protéger. Ça vient à compte goutte ». Voyez-vous monsieur, dans ma transversalité, ce sont ces mots et ces maux qui rythment mon quotidien depuis toujours et de plus en plus depuis 15 jours.
Monsieur, l'une des voix sans voix que je réclame être vous demande de faire encore mieux. Nous avons besoin de ce mieux. Et surtout monsieur, préparons aussi l’après Covid-19, revoyez le salaire du personnel de santé, revoyez notre plateau médical.
Avec mes respects monsieur le président, prenez soin de votre personne.
Citoyennement votre
« LA PANDÉMIE A DONNÉ NAISSANCE À UN PRÉCARIAT MONDIAL »
Alioune Sall, directeur exécutif de l’Institut des futurs africains, invite à tirer profit de cette crise pour un changement de vision sur la démarche économique à adopter en Afrique à court et moyen terme
La pandémie du Codi-19 était-elle prévisible ? La prospective qui n’est pas la divination ne saurait répondre par l’affirmative. « Elle était simplement un scénario parmi d’autres possibles », nous dit Alioune SALL, directeur exécutif de l’Institut des futurs africains basé à Johannesburg. Plustôt que de se livrer à un « entêtement rétrocpectif » (vouloir chercher la solution dans le passé) contre lequel le père Gaston Berger, mettait en garde, il invite à tirer profit de cette crise pour un changement de vision sur la démarche économique à adopter en Afrique à court et moyen terme
La pandémie de Covid-19 semble avoir pris de court les dirigeants mondiaux à voir l'impréparation et les réactions de panique notées un peu partout. Du point de vue prospectiviste, ce genre de pandémie était-elle prévisible? Si oui pourquoi les dirigeants n'ont rien fait pour s'y préparer ?
Était-elle prévisible ,la pandémie actuelle ?Je n’en sais trop rien mais il est certain qu’elle n’a pas été pré-dite et ne pouvait l’être car la situation actuelle ,à savoir le passage d’un épidémie à une pandémie en l’espace de quelques semaines , n’avait rien d’inéluctable au début de l’épidémie ;elle était simplement un scenario parmi d’autres possibles. La situation actuelle ne procède donc pas d’une fatalité à laquelle l’humanité ne pouvait echapper;elle est le résultat de dynamiques multiples dans lesquelles se mêlent des variables d’ordre économique, social, politique, environnemental, culturel et techno-scientifique. La pandémie aurait pu prendre une tournure différente ,moins dramatique ,si les autorités sanitaires étaient mieux préparées pour y faire face. Pourquoi ne l’étaient-elles pas ? Sans prétendre à l’exhaustivité ,ni vouloir les hiérarchiser, je citerais parmi les facteurs explicatifs le poids de la dictature des urgences qui conduit à traiter les dossiers dans l’ordre que dictent les urgences et non nécessairement en fonction de leur portée stratégique ;la faiblesse des allocations budgétaires au parent pauvre qu’est la sante dans nombre de pays; une approche par trop sectorielle des questions de sante publique ; la faiblesse des capacités de recherche nationales par manque d’investissements dans ce secteur. Tous ces facteurs contribuent à l’érosion des capacités d’anticipation et de gouvernance proactive et ,de façon symétrique ,font le lit à la montée de l’impéritie en lieu et place d’une planification et d’une gestion rationnelle et rigoureuse du développement. Se préparer au pire pour le conjurer n’est plus à l’ordre du jour des décideurs en matière de développement depuis que leurs maitres- à -penser, en l’occurrence les fondamentalistes de la croissance, ont classé la sante dans les secteurs sociaux ,comprenez non-prioritaires. On peut en faire remonter les origines aux années 80 et à l’ère reagano-thatcherienne , âge d’or du néo-libéralisme en Occident et des programmes d’ajustement structurel (PAS) en Afrique
Au-delà du lourd bilan humain les conséquences économiques s'avèrent désastreuses. Quelles pistes de sortie de crise préconisez-vous?
Dire des conséquences économiques de la pandémie qu’elles sont désastreuses relève sans doute de l’euphémisme car tous les experts s’accordent à dire que la croissance du PIB africain n’excèdera pas 2% alors qu’en début d’annee les prévisionnistes la situaient à 2,9% . Qu’en sera-t-il de ces projections lorsque la pandémie ,dont il faut souligner qu’elle n’en est qu’à ses tout débuts en Afrique, atteindra son pic sur notre continent ?Plaise au Ciel que jamais ne se produise le tsunami annoncé car ce sont des décennies d’efforts qui se verraient réduites à néant.
Si l’on veut conjurer un tel scenario, et l’on se doit de s’y atteler, trois pistes méritent considération
-Il nous faut ,en premier lieu ,mobiliser les connaissances, les compétences pour comprendre et combattre le corvid 19. Même si le déficit de connaissances est à première vue criant ,abyssal ,voire pathétique ,il n’en existe pas moins des instituts de recherche et des chercheurs africains et afro-descendants qui font partie des sommités mondiales en la matière ..L’Institut Pasteur de Dakar et le National Institute for Communicable Disease de Johannesburg doivent être une source de fierté pour les Africains et le renforcement de leurs capacités une priorité pour tous.
-Il nous faut, en second lieu, communiquer, encore communiquer et toujours communiquer. Communiquer c’est ,en l’occurrence ,donner la bonne information, au bon moment et en utilisant les bons canaux. La bataille est loin d’être facile dans un paysage ou l’infox ,comme la mauvaise monnaie, chasse souvent les bonnes informations ,où les demi-vérités relèguent dans l’ombre la vérité, et où les charlatans tiennent le haut du pavé. Pour séparer le bon grain de l’ivraie, les leaders religieux et coutumiers ne seront pas de trop dans une société sénégalaise dont Bakary Sambe a raison de dire que, face à la crise du coronavirus ,elle dévoile une conception paradoxale de la laïcité .-Il nous faut, en troisième lieu, agir. En la matière, comme en beaucoup d’autres, j’entends ceux qui plaident pour une réponse africaine ;i.e. spécifique à l’Afrique. Ils mettent en garde contre le mimétisme en faisant valoir ,à bon droit, qu’en Asie tout comme en Occident les réponses sont différentes d’un pays à l’autre et que les controverses abondent sur des sujets comme le confinement ou l’efficacité de certaines thérapies. Peut-on pour autant ignorer les leçons des efforts entrepris ailleurs pour endiguer la pandémie ?Certainement pas ! car même si les conditions spécifiques varient d’un continent à un autre et d’un pays à l ’autre au sein d’un même continent, il est des principes généraux qui semblent avoir une portée universelle.
Parmi ceux-ci figure la nécessite de faire face de manière responsable. Le sensationnalisme de ceux qui annoncent des ravages doit être combattu au même titre que les postures incantatoires des magiciens du verbe ou des marchands d’empathie .Un leadership politique crédible , stratège et audacieux capable de faire face à une situation inédite est aussi une exigence de taille surtout lorsqu’il s’agit ,comme aujourd’hui, de trouver des stratégies innovantes de financement des politiques publiques de lutte contre le coronavirus. Enfin, un changement de vision sur la marche économique à adopter en Afrique à court terme et à moyen terme serait salutaire. Une fois la pandémie maitrisée et les mesures sanitaires actuelles levées ,les efforts d’investissement des États devront être poursuivis pour résorber le déficit infrastructurel, y compris les infrastructures sanitaires . L’emploi et l’employabilité devront aussi retenir davantage l’attention des pouvoirs publics s’ils sont soucieux de. construire un dividende démographique susceptible de stimuler ou soutenir une nouvelle économie post Covid-19. Enfin ,face au risque important d’éviction des PME/PMI du marché du crédit en raison des besoins de financement importants de la part des États et des grandes entreprises , les banques centrales devront mettre en place mesures incitatives pour conduire le système bancaire à avoir de l’appétit pour des crédits aux PME/PMI africaines qui sont la pierre angulaire de toute politique de développement.
Quelles leçons l'humanité doit tirer de cette crise ?
Il y a onze ans, Jacques Attali soutenait que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur. S’il a raison ,il y a gros à parier que la crise actuelle sera une de celles qu’il appelle des peurs structurantes qui ont la particularité de pouvoir faire surgir « mieux qu’aucun discours humanitaire ou écologique la conscience de la nécessité d’un altruisme au moins intéressé ». Je ne crois pas que nous irons vers un gouvernement mondial par suite de la prise de conscience que nous sommes dans une société du risque ,que nous n’avons qu’une planète et qu’il n’y a pas d’alternative à l’action concertée ,au multilatéralisme choisi, voulu ,assumé et vécu mais je crois que le limites de l’uni- ou du minilatéralisme seront si criantes qu’elles seront de moins en moins supportées par les peuples.
Rien ne devrait plus être comme avant car ce que la crise révèle c’est que des millions de gens qui ne se parlent pas habituellement découvrent qu’ils ont besoin les uns des autres.
Le slogan si cher aux tenants de l’internationalisme prolétarien selon lequel « unis nous gagnons, divisés nous tombons » n’a jamais été aussi pertinent qu’aujourd’hui ou l’épidémie a donné naissance à un précariat mondial. Les sociétés ont certes la mémoire courte mais il me semble qu’il sera difficile ,après cette crise, de douter de ce que notre société doit être différente. Il sera difficile d’ignorer que ce qui définit une société c’est la compassion et non l’insécurité, l’inégalité et la peur.
Lors de la crise financière de 2008 l'Afrique a été peu affectée du fait de sa faible connexion à l'économie mondiale à l'époque. Là, certains spécialistes prédisent un choc beaucoup plus important pour l'économie du continent. Partagez-vous cette analyse ? Comment voyez-vous les perspectives du continent après la pandémie ?
Du fait de l’arrêt des activités ,il y a une chute drastique de la demande mondiale pour les produits d’exportation africains. Les 6 premières économies africaines -Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Angola et Maroc qui font 65% du PIB du continent -sont ,pour trois d’entre elles,(Nigéria, Algérie, Angola) fortement dépendantes du pétrole dont le cours mondial a dévissé avec un baril tombé en deçà de 25 dollars. Quant aux trois autres des 6 premières économies africaines (Afrique du Sud,Egypte,Maroc) elles vont souffrir de la baisse des cours des matières premières qu’ils exportent (or,platinum,coton) mais aussi de la fin d’une forme de tourisme mondiale avalisée par la fermeture généralisée des frontières. Qu’en sera-t-il après la pandémie actuelle ?Pour répondre à cette question, qu’il est juste de se poser, la crise financière de 2008 me semble ne pouvoir être d’aucun secours tant la situation est differente.2008 était une crise financière ;la crise actuelle est sanitaire et touche ceux sans qui il n’y a pas de finances :les sociétés dans toute leur complexités et toutes les sociétés, riches ou pauvres, du Nord comme du Sud. Les solutions d’hier ,si elles venaient à être envisagées ,relèveraient davantage de l’ »entêtement rétrospectif » -contre lequel le père de la prospective , Gaston Berger, mettait en garde - que de l’imagination créatrice nécessaire pour sortir des sentiers battus et trouver des réponses à la hauteur d’une situation exceptionnelle. En tout état de cause, le destin de l’Afrique est indissociable de celui de l’humanité de ce point de vue-là.
Comment jugez-vous la gestion de la crise par le gouvernement sénégalais ?
Je salue l’effort du PR pour forger une alliance qui transcende les considérations partisanes .La réponse unanime de la classe politique ,y compris pour attribuer au PR des pouvoirs exceptionnels , procède sans doute d’un sentiment d’urgence et accrédite l’idée que quelque chose de nouveau est en train de se passer ,comme le suggère le poète Amadou Lamine Sall. La mise à contribution des acteurs culturels dans cet effort de sensibilisation mérite aussi d’être saluée tant il est vrai que « l’art c’est ce qui dit ce qui ne va pas dans une société » pour citer Charles Baudelaire, l’auteur des Fleurs du Mal. Une reconnaissance plus forte de l’apport des personnels scientifiques et soignants du Sénégal aurait été appropriée. Loin de la déparer ,la présence de ces corps dans la feuille d’audiences du PR aurait signifié on ne peut plus clairement que ,face à une crise sanitaire qui justifie l’état d’urgence ,force doit rester à la loi ,certes, mais surtout aux lumières de la raison dans l’esprit du sigle de l’Université C. A. Diop :Lux mea lex ….
Par Oumar-Diouf FALL
L’HEURE EST GRAVE OU QUELQUES PETITES HISTOIRES AUTOUR DE CE MECHANT VIRUS
Car, comme le dit le président de la République du Ghana, « nous savons comment relever une économie, mais comment relever un mort, nous ne le savons pas ! ».
On raconte que, dans un marché toujours bien animé, une vendeuse de légumes n’accepte de servir ses clients qu’à condition qu’ils déposent leurs pièces de monnaie dans une bassine d’eau bien javellisée. On ne sait pas si elle exige également que les billets de banque soient plongés dans la même bassine d’eau !
À l’entrée d’une officine de pharmacie, le client est soumis au test de température à l’aide de thermoflash, même mode opératoire dans les banques et autres services publics ou privés utiles aux usagers. Avant l‘interdiction de tout rassemblement, les mosquées et autres lieux de culte n’étaient pas épargnés par des anecdotes aussi croustillantes qui illustrent l’état de panique et de peur qui gagne les fidèles. Lesquels réalisent subitement qu’Allah n’est pas « obligé » de les protéger s’ils ne font pas d’efforts et de don de soi.
Pour dire combien les populations semblent avoir pris la pleine mesure du danger que représente cette maladie à coronavirus, le COVID -19. Malgré tout, elles restent confrontées à un dilemme sans réponse jusqu’ici : respect de principes de précaution contre recherche informelle de la dépense quotidienne. D’où l’urgence de procéder à l’application des mesures prises par le président de la République qui me semblent accuser des lenteurs. Il faut aller vite pour à la fois distribuer les kits de protection et les denrées nécessaires aux populations qui en ont le plus besoin afin de les « confiner » chez elles. Il est difficile de rester chez soi le ventre vide et la famille en désarroi.
En vérité, le secteur informel du commerce et des services à la personne est au ralenti poussant au chômage forcé. Revenu zéro. Encore une fois, comment survivre tout en se protégeant ? L’heure est grave. C’est un drame humain qui se profile à l’horizon. Vingt nouveaux cas ce lundi 30 mars 2020 dont deux graves, selon le docteur Bousso du ministère de la Santé.
La peur habite tout le monde et partout. Peur de mourir tout simplement. C’est malheureusement le moment choisi par quelques lugubres individus pour se nourrir sur la bête. Les voleurs et cambrioleurs s’en donnent à cœur joie, trompant on ne sait trop comment la vigilance des forces de l’ordre supposées pourtant être sur le qui-vive en ces temps de couvre-feu. Mais véritablement, le cas de ce « Docteur Samba » reste invraisemblable tellement le procédé est osé. S’illustrer de façon si criminelle en effectuant des tests au coronavirus, en soignant des diabétiques et en pratiquant des opérations chirurgicales sur des malades reste une horreur.
Le comportement de ce « Docteur Samba » est innommable et doit être sévèrement puni. Un comportement qu’il faut par contre saluer, celui de l’ancien ministre Moustapha Guirassy qui a fait preuve de courage et de responsabilité en acceptant son sort de personne atteinte qui doit être traitée dans des règles strictement préconisées par les médecins. C’est heureux qu’il en soit sorti guéri. Son exemple devrait faire tache d’huile. Il ne faut donc pas baisser les bras dans la sensibilisation. Et ne surtout pas banaliser les précautions et mesures d’hygiène afin de ralentir ou stopper si possible l’évolution de cette pandémie. Car, comme le dit le président de la République du Ghana, « nous savons comment relever une économie, mais comment relever un mort, nous ne le savons pas ! ».
Oumar-Diouf FALL
MediaPower221.com
Par Dr Waly Ndiaye
LETTRE AU MAIRE ALIOUNE NDOYE
L’histoire retiendra qu’en pleine pandémie de coronavirus, vous avez osé demander qu’on ne fasse pas accoucher de braves dames dans une maternité
Monsieur le Maire, il est de mon devoir de citoyen, de surcroit évoluant dans le milieu médical, de vous écrire. Je vous écris cette missive suite à celle que vous avez adressée à Madame l’infirmière chef de poste.
En fait, vous l’avez adressée à Madame l’infirmière chef de poste ou à Madame la sage - femme d’état ? Pouvez- vous répondre à mon interrogation ? L’objet de cette question tourne autour de l’installation d’une unité de maternité dans le poste de santé de Raffenel.
Dans votre missive, vous faites part de votre opposition quant à la mise en place d’une unité de maternité avec la prise en charge des accouchements. Une maternité est un établissement ou un service hospitalier où s’effectuent les accouchements d’après le petit Larousse.
Pourriez-vous enlever « avec la prise en charge des accouchements » ? Pourtant, le 25 mai 2017, votre adjointe Marie Père Paye et la secrétaire municipale étaient allées féliciter la mère du premier bébé né dans cette maternité. Est-ce que vous les aviez notifiées votre opposition en cette période?
Vous évoquez dans votre missive de : « la pyramide sanitaire du Sénégal et du fait que le poste de santé n’a pas le droit d’hospitaliser des patients car ne disposant ni d’une unité d’obstétrique ni d’une unité de néonatologie encore moins d’une unité de réanimation néonatale ». J’ose espérer cher Maire, que votre secrétaire, en saisissant cette lettre, n’avait pas pris son café si elle en prend d’habitude. Maintenant la maternité accueille des patients!!! C’est le monde à l’envers cher Maire.
Trop d’amalgames : une unité d’obstétrique, une unité de néonatologie et encore une unité de réanimation néonatale. L’obstétrique est la technique de l’accouchement d’après le petit Larousse donc elle s’exerce dans une maternité cher Maire. Une unité de néonatologie est une unité qui s’occupe des bébés de 0 à 28 jours de vie.
Toute unité de néonatologie a une réanimation. Savez- vous que tout bébé qui nait, qui ne respire pas et ne crie pas, a besoin de réanimation ? Si on attend cette fameuse unité de réanimation néonatale, beaucoup de nouveaux nés vont mourir dans nos maternités. Ceci ne contribuera pas à la diminution de la mortalité néonatale cher maire. Un bébé ayant crié à la naissance et bien rose n’aura pas besoin de votre fameuse unité de réanimation néonatale. Vous parlez dans votre missive de : «référer à la structure adaptée et compétente les cas de grossesse qui vous viennent, même si vous assurez uniquement des activités prè et post natales.»
Savez vous que si les cas de grossesse qui viennent à la sage-femme sont référés à la structure adaptée et compétente », toutes ces structures vont être débordées cher Maire. C’est pour désengorger toutes ces structures que les autorités sanitaires ont pensé à cette pyramide sanitaire. En respectant cette pyramide, elles ne doivent recevoir que les grossesses à risque ou les césariennes. La sage-femme peut exercer des activités pré et post natales mais elle ne peut pas faire des accouchements. Sachez que, toute sage-femme d’état est formée pour faire des CPN (consultations prénatales), des accouchements, des consultations post-natales, des activités puériculturistes et de planning familial. Vous parlez dans votre missive du fait de : « ne plus continuer à exposer les populations et le poste de santé de Raffenel en y pratiquant des actes non autorisés par le statut de l’établissement et du fait de respecter strictement l’organisation de la pyramide de santé ».
Pouvez vous me dire les actes autorisés par le statut de l’établissement ? Monsieur le Maire, à lire votre missive, on comprend aisément que l’accouchement ne doit pas être fait dans cet établissement. C’est vous maintenant le médecin chef du district sud pour prendre une décision allant dans le sens d’interdire à la sage-femme de faire des accouchements dans le poste de santé de Raffenel.
On n’est pas dans l’Armée
Monsieur le Maire, s’il vous plaît, arrêtez vos injonctions. On n’est pas à l’Armée. Je suis un des plus autochtones de Dakar Plateau pour vous dire de reprendre cette lettre, de la déchirer et de la mettre à la poubelle. Cette brave sage-femme d’état est formée à la bonne école. Elle est le pur produit d’un de nos professeurs émérites. Nous qui avions côtoyé ce professeur, savons de lui un maître vigoureux et consciencieux de son travail. Il ne formera point de médiocre. Tous les actes que pose cette sage-femme d’état sont d’ordre à donner la vie. Elle est formée pour cet objectif. Elle n’est pas formée pour exposer les populations. Que la population de Dakar Plateau sache que cette dame est un fonctionnaire de l’Etat. Monsieur le Maire, vous oubliez sans doute qu’elle n’est pas payée par la mairie de Dakar Plateau. La population de Dakar plateau vous demande solennellement de rénover cette maternité et de l’équiper comme un conseiller municipal de Dakar plateau vous l’a demandé.
Avec nos milliards qui dorment au trésor public, vous devez être capable d’arriver à une telle réalisation. L’histoire retiendra qu’en pleine pandémie de coronavirus, vous avez osé demander qu’on ne fasse pas accoucher de braves dames dans une maternité. Nous sommes en état de guerre contre cette pandémie. Pourriez-vous me dire ce que vous avez fait pour les populations de Dakar Plateau afin de les protéger ? Mon cher collègue Médecin Chef du district Sud vous dira qu’il n’a pas votre temps. Je ne saurai terminer cette missive sans vous rappeler ce que Beaumarchais disait : « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». Veuillez recevoir, Monsieur le Maire de Dakar Plateau mes salutations les plus chaleureuses.
Dr Waly Ndiaye est Médecin généraliste Médecin urgentiste
Ampliations :
Habitants Dakar Plateau
Médecin chef district Sud
Sous - préfet de Dakar Plateau
UN OPERATEUR ECONOMIQUE ET UN ÉMINENT ÉCONOMISTE ALERTENT SUR LES RISQUES DE FAMINE
Tandis que la chaine d’approvisionnement du marché intérieur est au ralenti depuis la parution du coronavirus en Chine, les Sénégalais, sommés de réduire leur mobilité en guise de prévention sanitaire, redoutent pour leur survie
Tandis que la chaine d’approvisionnement du marché intérieur est au ralenti depuis la parution du coronavirus en Chine, les Sénégalais, sommés de réduire leur mobilité en guise de prévention sanitaire, redoutent pour leur survie. Les raisons : une balance commerciale déficitaire dans une économie dominée en grande partie par les PME et PMI mais aussi un pouvoir d’achat particulièrement faible des populations. Commerçants et experts économiques craignent tous les répercussions d’une telle situation.
Entre le marteau de la pandémie et l’enclume de la famine, les Sénégalais font face à une question de survie collective. Le chef de l’Etat, Macky Sall, dans une déclaration solennelle adressée à la nation, a lancé un fonds Force-Covid19 qui sera doté de 1000 milliards de F CFA pour atténuer l’impact économique du coronavirus sur pays. Dans ce plan de lutte contre le coronavirus, il est aussi question de l’approvisionnement du pays en denrées de première nécessité ainsi que d’un soutien au panier de la ménagère. Mais l’équation qui taraude fortement les esprits en ce temps de crise sanitaire résulte de la réduction de la mobilité des personnes. «Les manques à gagner seront énormes autant pour l’Etat que pour les entreprises. Mais pire, les pauvres de ce pays vont être confrontés à une situation extrêmement difficile pour pouvoir survivre dans un tel contexte de confinement. Pour la simple raison qu’au Sénégal, rares sont les familles qui assurent leur ravitaillement alimentaire pour un mois. La plupart d’entre nous gagnent leur pain au jour le jour », explique Alla Dieng, directeur exécutif de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS) Yessal. A l’en croire, chez les commerçants et industriels, la majeure partie évolue dans l’informel. D’ailleurs, souligne M. Dieng, depuis que le coronavirus a fait son apparition en Chine, nos commerçants sont affectés par rapport aux importations qui ont connu une baisse drastique. « Et maintenant sur le plan de la production et de la distribution des marchandises, un confinement de la population sera le comble de nos souffrance et même celui des populations dans une situation de précarité », regrette le directeur exécutif de l’Unacois YéssaL.
Pr Aly Mbaye, économiste « Le pays va faire face à un choc économique»
Selon l’économiste Aly Mbaye, ancien doyen de la Faculté des sciences économiques de l’Université Cheikh Anta Diop, le confinement des populations est souhaitable pour parer à la propagation du virus mais hélas le Sénégal va devoir faire face, dans ce cas-là, à un choc économique engendré par la pandémie du coronavirus qui sévit dans le pays. Et cette situation, prédit-il, va se répercuter non seulement sur l’offre mais aussi sur la demande. C’est pourquoi, il faut s’attendre à ce que les répercussions de ce confinement sur notre économie de manière générale soient dévastatrices. « Il y’a un ensemble de défis que le gouvernement devrait songer à relever. Parce que demander aux gens de se confiner à domicile, signifie aussi les pousser à l’immobilité. Or, dans ce cadre, il faudra que l’Etat lui-même les aide à trouver de quoi se nourrir.
Et pour cela, il faut mettre en place une organisation très efficace pour s’assurer que les gens reçoivent leurs besoins alimentaires ; que cela soit gratuit ou payant », explique l’économiste. Le professeur d’économie étaye ses arguments par le fait qu’au Sénégal, c’est quotidiennement que les gens cherchent un revenu leur permettant d’assurer la nourriture pour le lendemain. Abordant la question du déséquilibre qui secoue le marché intérieur, il entrevoit un risque de « cartélisation ». « Autrement dit, des commerçants qui se mettent d’accord pour augmenter les prix des marchandises. C’est pourquoi, très tôt, l’Etat doit prendre les choses en main accordant une importance capitale à la régulation du marché sinon les consommateurs vont en pâtir. Parce que quand on est dans un contexte de crise où il y a un mouvement généralisé sur fond de panique doublée d’une restriction de déplacement des biens et des personnes, il va y avoir une accentuation de la spéculation sur les marchandises. Donc l’Etat doit impérativement prendre ses responsabilités, faire en sorte que les denrées de première nécessité ne connaissent pas une inflation importante » suggère l’éminent professeur d’économie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.