ALFRED GOMIS EN SOINS EN ITALIE : «la situation est un peu compliquée…»
Pour se remettre de sa grave blessure au genou, contractée le 8 février dernier avec Dijon, Alfred Gomis s’est rendu en Italie. Un pays actuellement touché par une vague de contaminations au coronavirus. Le portier sénégalais raconte comment il essaie de retrouver la forme malgré le confinement.
Dans une excellente dynamique depuis son arrivée l’été dernier à Dijon en provenance de SpaL, Alfred Gomis s’imposait comme l’un des meilleurs portiers de la Ligue 1. Titularisé 19 fois en 19 apparitions pour un temps de jeu de 1621 minutes, le joueur de 26 ans multipliait les belles prestations. Ce, jusqu’au 8 février et une grave blessure contre Nantes (3-3).
L’irm effectuée avait confirmé une rupture du ligament croisé postérieur du genou droit. Cette blessure devait l’éloigner des pelouses pour une durée de 3 mois. Son forfait pour la double confrontation avec la Guinée-Bissau, finalement reportée à cause du coronavirus, était acté. Si la blessure ne nécessitait pas une intervention chirurgicale, Alfred devait observer une période de repos et de soins pour désenfler son genou.
Afin d’accélérer sa guérison, il lui fallait aussi un renforcement musculaire pour stabiliser l’articulation. Le gardien a alors pris la direction de l’Italie pour se soigner. Mais, il n’imaginait pas que la pandémie du coronavirus, qui a causé des milliers de morts dans le pays et dans le monde, allait le perturber dans le travail qu’il effectue pour revenir en forme. Il est ainsi obligé de prendre des mesures strictes pour éviter toute contamination au covid-19 lors de ses séances d’entraînement. «Je suis en Italie pour me soigner depuis ma blessure de février. Je suis dans un centre spécialisé. Il y a tout le matériel nécessaire pour assurer la santé de tout le monde. On utilise des gants et des masques. Je suis dans cette salle parce qu’on a des choses à y faire. Mais générale- ment, on s’entraîne dans d’autres salles où je suis tout seul.
Après chaque séance, il y a quelqu’un qui vient pour stériliser. En Italie, la situation est un peu compliquée comme vous pouvez le voir dans les informations. Je pense que c’est la même situation en France. Mais, ils ont commencé le confinement avant la France et peut- être qu’ils vont gagner un peu de temps», a-t-il confié dans un entretien vidéo avec Canal Plus Sport.
Le vice-champion d’Afrique 2019 exhorte les populations su- bissant les affres du confinement à tenir bon. «Je suis de tout cœur avec toutes les personnes qui sont confinées. Nous vivons tous la même situation. C’est un peu compliqué. Il faut être solide si on veut sortir de cette situation et recommencer à vivre», ajoute-t-il.
Sacadior 2 donne signe de vie
Malade depuis des années, le lutteur de Guédiawaye Sacadior 2 est parti en Espagne pour se soigner. Tout récemment, il a fait une vidéo pour s’adresser à sa communauté. Une communication qui montre que ce mentor de Gouye Gui se porte de mieux en mieux. Même s’il n’a pas encore annoncé officiellement sa retraite, les amateurs sont nostalgiques de lui.
Ama Baldé toujours muet
Ama Baldé de Pikine n’a pas encore participé à la campagne de sensibilisation sur le coronavirus, qui touche le monde entier. Le prochain adversaire de Modou Lô est dans son coin en train de se confiner en toute discrétion. Le fils de Falaye Baldé est toujours muet mais il ne devrait pas tarder à briser le silence.
Bathie Séras fait un clin d’œil à PAF
De 2012 à nos jours, Bathie Seras n’a disputé que deux combats dans l’arène. Ces deux duels portent la signature du promoteur Pape Abdou Fall. Ce lutteur espère que PAF ou un autre promoteur va le contacter. Le grand retour de Bathie Séras est fortement réclamé par les amateurs.
Nguel Dione, une saison à oublier
Jusque-là, Saliou Dione dit Nguel n’a pas connu une saison réussie. En effet, pénalisé par une blessure en début de saison, le lutteur de Ngoundiane a participé à quelques galas sans réussite. Il a également vu son combat contre Calme Ndour tomber à l’eau, ce dernier ayant refusé de l’affronter. Ce qui fait que Nguel Dione traverse un moment difficile ces temps-ci.
Jackson Jr, un lutteur plein d’avenir
Jackson Jr est lutteur d’avenir. Et, les amateurs qui étaient au stade Iba Mar Diop le samedi 14 décembre 2019 peuvent en témoigner. Le pensionnaire de Guédiawaye Mbollo, qui croisait Pape Ndoye (Fass), a en effet surpris son monde en battant son adversaire par un impressionnant KO. Jackson Jr a mis tout le monde d’accord sur son talent.
Mame Faly Sarr, un danseur hors pair
Mame Faly Sarr, ce nom n’est pas familier dans le milieu de la lutte avec frappe, mais les acteurs de la lutte sans frappe le connaissent très bien. Il participe souvent aux galas organisés au terrain Gaal Gui. Il ne s’est pas distingué par le nombre de combats remportés, mais plutôt par ses pas de danse. Le lutteur est un vrai animateur, un danseur né.
Yékini Jr attend Sa Thiès
Pour cette présente saison, Yékini Jr était très attendu pour nouer son nguimb après sa défaite contre Amanekh en 2018 au stade Amadou Barry de Guédiawaye. Mais, il risque de concéder une seconde saison blanche d’affilée à cause de la pandémie de coronavirus. N’empêche, il attend toujours Sa Thiès de pied ferme pour solder ses comptes avec lui. Un beau combat en perspective.
Paul Bou Darou ouvre sa saison par un nul
Grand espoir de l’écurie Dieuf Soga Neck, Paul Bou Darou a ouvert sa saison par un combat sanctionné par un nul contre Bébé Ama de Pikine Mbollo. C’était le 14 décembre 2019 passé au stadium Iba Mar Diop. Pour sa prochaine sortie, il devra rectifier le tir.
À quand la 4ème journée de Yidaly Gningue ?
Pour le compte de la saison 2019-2020, le promoteur Yidaly Gningue s’est bien distingué. Avant que la saison ne soit suspendue pour un mois à cause de la propagation du Covid-19, il avait jusque-là organisé trois journées. D’ici à la fin de la saison, il est attendu pour effectuer sa quatrième sortie afin de montrer qu’il monte en puissance.
Covid19 - les Chinois installés au Sénégal offrent une enveloppe de plus de 170 millions F Cfa à l'Etat Les Chinois qui sont installés au Sénégal ont apporté leur contribution au plan de riposte contre le coronavirus, « Force Covid-19 », lancé par le président de la République, Macky Sall. Ils ont contribué à hauteur de 171 100 000 F CFA. Selon nos confrères de Emedia, l’argent est réparti comme suit : l’Association des Entreprises Chinoises 57 millions 500, la CRBC (China Road and Bridge Corporation) 50 millions, les commerçants de Petersen 23 millions 600, les acheteurs d’arachides 40 millions. Pour rappel, le ministère de la Santé a annoncé 20 nouveaux cas confirmés au covid-19 ce lundi et deux (2) malades dans un état grave. Le Sénégal a enregistré, à ce jour, 162 cas positifs dont 28 guéris et 134 patients encore sous traitement.
Covid-19 : Un individu déféré au parquet pour transmission de fausse nouvelle
Les fausses informations véhiculées sur les réseaux sociaux et liées au Covid-19, viennent de faire leur première victime. A. Seck est déféré au parquet ce matin pour diffusion de fausse nouvelle. En effet, il avait envoyé dans un groupe WhatsApp un enregistrement audio qui disait que chez un opérateur économique, une personne était atteinte de Covid-19. Puis il demandait au voisinage de faire attention et d'informer tout le monde de ne plus se rendre dans cette maison. Arrêté depuis jeudi, suite à une plainte déposée par l'opérateur économique, A. Seck est en face du juge Youssou Diallo, pour audition.
Covid-19 : Le Sénégal totalise 162 cas déclarés positifs ce lundi
162 personnes ont été testées positives au coronavirus au Sénégal dont 28 guéris et 134 sous traitement, a annoncé lundi 30 mars le ministère de la Santé et de l’action sociale. L’état de santé des patients hospitalisés à Dakar (Diamniadio y compris), Touba et à Ziguinchor est stable. En effet, sur 87 tests réalisés, 20 sont revenus positifs. Il s’agit, entre autres, de 5 cas importés, 14 cas contacts suivis et un cas un communautaire. Pour rappel, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, avait annoncé dimanche 12 nouveaux cas positifs au covid-19, portant le nombre de personnes atteintes de la maladie au coronavirus à 142 au Sénégal. Et sur les 151 tests réalisés, 12 sont revenus positif.
Dr Abdoulaye Bousso : « Il faut s’attendre à d’autres cas graves »
Record du nombre de malades. Ce lundi, 20 nouveaux cas ont été détectés dont deux graves. « Nous venons d’avoir nos premiers cas graves dont l’un est sous assistance respiratoire. Ce sont des personnes âgées qui avaient d’autres maladies sous-jacentes. Ce sont des cas qui sont prévisibles. Il faut s’attendre à avoir d’autres cas graves », prévient le Docteur Abdoulaye Bousso, Directeur des opérations d’urgence sanitaires. Selon lui, à ce jour, il y a 46% de cas importés, 49 % de cas secondaires et 5% de cas contaminés. Il a, dans le même sillage, expliqué les raisons pour lesquelles le Sénégal enregistre toujours des cas importés. Les frontières ont été fermées le 20 mars, donc, c’est le 4 avril prochain que les cas importés devraient cesser. En outre, il a fait savoir que 6 régions sont actuellement touchées par la maladie. La région de Fatick vient de rallonger la liste. « La particularité de la région de Fatick c’est que c’est un cas importé qui a été arrêté dans un bus en partance pour Kédougou. Tous les passagers dudit bus ont été mis en quarantaine », informe-t-il. De même, Docteur Bousso a indiqué qu’il y a, présentement, 78 districts sanitaires fonctionnels dans le pays. En sus, il y a 7 sites de prises en charge qui sont tous fonctionnels. Mieux, il indique que le site de réanimation de l’hôpital Fann a été ouvert et, c’est là où sont internés les deux malades graves. A ce jour, révèle le Docteur Bousso, 1441 tests ont été faits au Sénégal.
Abdoulaye Diouf Sarr porte plainte contre Amadou Samba Sall, le faux médecin
Après l’Ordre des médecins, c’est au tour du ministère de Santé et de l’Action Social de porter plainte contre Samba Sall, le faux médecin qui a effectué plusieurs tests de coronavirus sur des cas suspects. La nouvelle a été donnée, par le Dr Aloyse Diouf, Directeur du cabinet d’Abdoulaye Diouf Sarr. Pour rappel, la quarantaine, a été arrêté, le 27 mars dernier, par les limiers de la Sûreté urbaine de Dakar. Il avait été engagé par plusieurs grosses sociétés au Sénégal pour effectuer des tests sur leurs employés. Samba Sall, qui avait falsifié l'entête de l'Institut Pasteur, déclarait systématiquement négatifs les cas suspects qui sont d'ailleurs tous en quarantaine après l'éclatement de cette rocambolesque affaire. Il déclinait son CV, en ces termes : «Je me nomme Amadou Samba. Je suis médecin. J’- effectue une spécialisation en développement industriel du médicament. Je suis titulaire exécutif d’un MBA à l’ISM. Par ailleurs, je suis un acteur politique et un membre de l’Apr militant de Rufisque.» Une perquisition à son domicile a permis aux policiers de découvrir des poches de sang ainsi que des contrats liant le faux médecin à de grandes structures de la place.
Covid-19 : Réouverture probable de l’usine Médis
Médis, la seule usine pharmaceutique du Sénégal a fermé ses portes depuis janvier 2020. C’est une usine qui fabriquait de la Chloroquine, de la Nivaquine, du Paracétamol, Doliprane entre autres. Dans ce contexte actuel de propagation du coronavirus au Sénégal, le Dr. Cheikh Sokhna, épidémiologiste, juge opportune la réouverture de l’usine Médis. « Je pense que le ministère de la Santé est en train de prendre toutes les dispositions nécessaires en relation avec les autorités de Medis au Sénégal pour la réouverture de cette usine. On est dans une logique de l’ouvrir d’autant plus que dans le monde, tous les pays sont en train de fabriquer de la chloroquine mais ils ont les stricts minimums. Donc je pense qu’il faut prendre les décisions ou des directives normales pour que cette usine commence à reproduire de la nivaquine non seulement pour le Sénégal mais pour toute la sous-région », a-t-il soutenu sur IRadio. Par ailleurs, une rencontre est prévue entre le ministre de la Santé et les responsables de l’usine Médis pour voir comment relancer la production de chloroquine jugée efficace dans le traitement des malades de Covid-19.
Guinée : le ministre des travaux publics testé positif au Covid-19
Le ministre des Travaux publics, Moustapha Naïté a été testé positif au Coronavirus. L’information a été confirmée ce lundi 30 mars 2020. C’est le ministre Naïté lui-même qui a annoncé avoir été testé positif à travers son compte Twitter. « Chers tous. Ne me sentant pas bien ces derniers jours, j’ai pris ma responsabilité de me faire dépister au Covid-19. Ce matin, le test est revenu positif. A part quelques quintes de toux et sensation de fièvre, je me sens globalement bien. Je me suis isolé et ordonné. Le dépistage automatique de tout mon entourage familial, amical et professionnel immédiat. Je suivrai les consignes de traitement au Centre National et je vous tiendrai informés de l’évolution de ma situation. Pas de panique. Svp, restez chez vous et suivez les consignes». Depuis le 13 mars, la Guinée a enregistré 16 cas positifs dont un guéri. L’Etat d’urgence a été décrété pour limiter la propagation du Covid-19, rapporte Guinée360.com
par Dialo Diop
CHEIKH ANTA DIOP, SAVANT ET POLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - La stature d’érudit quasiment encyclopédique du parrain de l'Ucad, contraste étrangement avec le statut mineur réservé à sa pensée et à son action politique, le plus souvent méconnues ou sous-estimées
Trente-quatre ans après sa disparition soudaine et prématurée, la célébration manquée de la Journée du Parrain de l’Université de Dakar, ce 31 mars 2020, offre une bonne occasion de réexaminer l’héritage multidimensionnel que Cheikh Anta Diop a laissé principalement à l’Afrique et aux Africains du monde, mais aussi à l’humanité entière, une fois qu’elle sera débarrassée de tout préjugé racial ou ethnique.
Un double constat paradoxal saute aux yeux. Tout d’abord, bien que son œuvre scientifique ait triomphé de son vivant, lors du Colloque international du Caire (1974) et soit aujourd’hui largement reconnue comme digne d’intérêt, elle ne figure encore au programme d’aucune Faculté de l’Université de Dakar, qui porte pourtant son nom. Il en va de même au niveau de l’enseignement primaire et secondaire, malgré la réponse apparemment favorable du président Macky Sall à la pétition des dizaines de milliers de jeunes Sénégalais réclamant, en vain depuis des années, l’introduction de ses livres dans les curriculae de l’éducation nationale. Ensuite, cette stature d’érudit quasiment encyclopédique contraste étrangement avec le statut mineur réservé à sa pensée et à son action, politiques, le plus souvent méconnues ou sous-estimées.
Mais, le paradoxe n’est qu’apparent, si l’on admet avec Aimé Césaire qu’avec la publication de son premier ouvrage, Nations Nègres et Culture (1954), fruit d’une thèse jamais soutenue, le jeune étudiant africain avait d’emblée et « définitivement ruiné les bases scientifiques de l’érudition occidentale ». Ceci expliquant sans doute cela.
Le 9 janvier 1960, ayant fini par obtenir cette « peau d’âne » du Doctorat d’Etat ès Lettres en Sorbonne, il rentre aussitôt au pays, non sans avoir au préalable confié à Présence Africaine l’édition de ses deux thèses (principale et secondaire sous les titres : L’Afrique Noire Précoloniale et L’unité culturelle de l’Afrique Noire, respectivement). Il va dans la foulée publier son manifeste politique intitulé « Les Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire », dont il dira que ses conclusions pratiques en quinze points « constituaient l’essentiel des programmes » des deux premiers partis politiques qu’il devait créer au Sénégal : le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) et le Front National Sénégalais (FNS), successivement dissout et interdit en 1963 et 1964 par le président Léopold Senghor.
Ajoutons que le premier parti politique auquel il ait adhéré, durant ses études universitaires à Paris, fut le Rassemblement Démocratique Africain (RDA), fondé à Bamako en 1946, et dont il a dirigé la section estudiantine en France de 1951 à 1953.
Ceci pour illustrer à quel point les travaux du savant sont indissociables des combats du politique. Une ligne de conduite constante tout au long de sa vie, en théorie avec son dernier ouvrage, Civilisation ou Barbarie (1981), comme dans la pratique avec la fondation du Rassemblement National Démocratique (RND) en 1976, qu’il dirigera en qualité de Secrétaire général jusqu’à sa mort subite survenue le 7 février 1986, à Dakar.
De fait, l’on ne saurait réduire le projet scientifique de Cheikh Anta Diop à la seule réfutation des diverses falsifications de l’historiographie euraméricaine, lui-même ayant indiqué que le noyau dur de ses recherches en sciences humaines était précisément de restaurer la conscience historique amputée des Africains (du continent et de la diaspora), en rétablissant le sens de sa continuité à travers le temps et l’espace. L’accumulation des résultats obtenus grâce à une méthode de travail caractérisée par un respect méticuleux des faits dans l’investigation alliée à la clarté démonstrative va le conduire, en fin de compte, à la définition d’un nouveau paradigme scientifique, disons africain plutôt que « diopien ».
Bien que n’étant l’objet d’un enseignement systématisé et officiel dans aucune université d’Afrique, à notre connaissance, ce paradigme a d’ores et déjà fait la preuve de sa puissance tant dans l’analyse rétrospective que dans la recherche prospective. Cependant, il est habituel d’entendre dire que sa validité scientifique se limiterait au rétablissement de la vérité historique, tandis qu’il relèverait plus de l’idéologie que de la science en ce qui concerne l’étude du présent et la prédiction de l’avenir.
Pour faire justice de ce mauvais procès, rappelons brièvement que, selon Cheikh Anta Diop, l’Afrique, berceau des premiers humains qui vont peupler le reste de la terre, est également le foyer de la toute première civilisation qui, de la haute préhistoire à la fin de l’Antiquité, va initier, instruire et éduquer, à partir de la vallée du Nil et de proche en proche, l’ensemble des populations du bassin méditerranéen et au-delà. A commencer par la parole, l’écriture et le calcul ou encore l’agriculture, l’élevage et la médecine humaine ou vétérinaire, en passant par l’architecture, l’astronomie, la navigation, la poésie et la musique, bref tous les acquis primordiaux des sciences et techniques comme de la philosophie et de la religion du monde antique proviennent du génie africain de la civilisation égypto-nubienne ancienne.
Fort de ce constat, Cheikh Anta Diop constate la régression historique de l’Afrique qu’il explique essentiellement par la perte de sa souveraineté suite aux invasions eurasiatiques, mais aussi par diverses tares de l’Etat pharaonique, notamment le mode initiatique de transmission du savoir entre les générations. Soulignant que pareille régression va entraîner un retour à la barbarie, pouvant aller jusqu’à l’anthropophagie !
D’où la question suivante : que faire pour inverser cette tendance historique négative lourde, qui dure depuis plus d’un millénaire ? Autrement dit, comment les peuples africains peuvent-ils renouer avec l’initiative historique positive ?
Telle est le questionnement du savant auquel va s’efforcer de répondre le politique.
Examinons maintenant ses principales thèses relatives au passé récent et à l’avenir du continent africain, voire du monde, en comparant l’état des lieux au moment de la parution de ses écrits (seconde moitié du 20ème siècle) à celui qui prévaut en ce début de 3ème millénaire.
C’est dès 1948 qu’il pose, dans un article retentissant intitulé « Quand pourra-t-on parler d’une Renaissance Africaine ? », le problème capital de « la nécessité d’une culture fondée sur les langues nationales », soulignant le rôle central de la culture dans le processus d’émancipation d’un peuple. Récurrent de son discours militant, il ramassera plus tard son propos en un triptyque mémorable : « La démocratie par le gouvernement dans une langue étrangère est un leurre, et c’est là que le culturel rejoint le politique » ; « le développement par le gouvernement dans une langue étrangère est impossible, à moins que le processus d’acculturation ne soit achevé, et c’est là que le culturel rejoint l’économique » ; « le socialisme par le gouvernement dans une langue étrangère est une supercherie, et c’est là que le culturel rejoint le social ». Avec un recul d’environ soixante-quinze ans, comment nier cette évidence que l’éradication de l’illettrisme et de l’analphabétisme de masse en Afrique restera une mission impossible, tant que le statut de langue officielle sera exclusivement réservé aux langues européennes.
De même, en 1952, c’est en tant que Secrétaire général de l’Association des Etudiants du RDA qu’il publie, dans le journal La Voix de l’Afrique Noire, l’article « Vers une idéologie politique africaine », dans lequel il formule des principes de base pour atteindre l’objectif premier de la lutte d’indépendance nationale selon lui, à savoir « provoquer la prise de conscience de tous les Africains » ; citons juste les cinq premiers :
On doit lutter pour des idées et non pour des personnes ;
Le sort du peuple est avant tout dans ses propres mains ;
Il ne dépend pas essentiellement de l’éloquence revendicative d’un quelconque député à une quelconque Chambre ou Assemblée européenne ;
Ce sort peut être amélioré ici-bas par un moyen naturel déjà pratiqué avec succès par d’autres peuples, autrement dit que l’homme peut transformer la société et la Nature ;
Que ce moyen naturel dans la pratique est la lutte collective organisée et adaptée aux circonstances de la vie (grève de vente de récoltes et grève d’achat, appuyées par les Coopératives réorganisées, grèves de la faim, grève politique, (…) ; autres mouvements de masse, tels que manifestations locales ou coordonnées à l’échelle du continent dès que possible).
Après avoir traité des voies et moyens de surmonter les barrières d’ethnie, de caste et de langue et indiqué l’organisation et la discipline comme armes invincibles de notre salut collectif, il invite les membres de l’AERDA à réaliser « l’union la plus large avec leurs camarades vivant sous d’autres dominations étrangères » d’une part, et à « chercher à connaître l’Afrique dans tous les domaines pour mieux la servir » d’autre part. L’année suivante, dans les colonnes du même journal, il ira plus loin en affirmant, face à la création à Londres d’un « Conseil permanent de Coordination » qualifié de « véritable Sainte Alliance Européenne agonisante » (regroupant outre l’Angleterre, la France, le Portugal, l’Espagne et l’Afrique du Sud), qu’à la coalition, il nous faut opposer la coalition ! Et il ajoutait : « Il est plus que jamais nécessaire de dresser contre la coalition de la vielle Europe celle des jeunes peuples de toute l’Afrique victimes de la colonisation. Or, quel est le caractère de la lutte en Afrique à l’heure actuelle ? Le fait dominant à l’heure actuelle en Afrique noire est l’existence de mouvements politiques prétendus réalistes, absolument décidés à s’ignorer les uns les autres. Le résultat est que les puissances colonisatrices les écrasent successivement avec la plus parfaite aisance, sans coup férir. L’exemple du RDA et de l’Union Nationale du Kenya sont typiques à cet égard ». Et il concluait ainsi : « Sortir de l’isolement où se trouvent engagés les mouvements africains et donner à la lutte un caractère continental, tel apparaît le moyen le plus sûr de quitter l’impasse actuelle de la politique africaine (…) Le jour où cette coordination existera, le rapport des forces sera profondément modifié. Or tout est là. Nous serons maîtres de la situation ».
Et encore ne s‘agissait-il là que d’écrits de jeunesse ! Son ouvrage politique de la maturité sera publié lors du tournant historique de 1960, l’année charnière de sa soutenance de thèse, dite aussi « année des indépendances africaines ». Il s’agit des Fondements, déjà mentionné plus haut et dont le titre initial était « Fondements industriels, techniques et culturels d’un futur Etat fédéral d’Afrique noire ». Il s’agit de son livre de référence en matière politique, au même titre que « Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique » (1967) en matière scientifique. Il suffira ici de citer les cinq premiers points de programme :
Restaurer la conscience de notre unité historique.
Travailler à l’unification linguistique à l’échelle territoriale et continentale, une seule langue de culture et de gouvernement devant coiffer toutes les autres ; les langues européennes, quelles qu’elles soient, restant ou retombant au niveau de langues vivantes de l’enseignement secondaire.
Elever officiellement nos langues nationales au rang de langues de gouvernement servant d’expression au Parlement et pour la rédaction des lois. La langue ne serait plus un obstacle à l’élection d’un député ou d’un mandataire analphabète de souche populaire.
Etudier une forme de représentation efficace de l’élément féminin de la nation.
Vivre l’unité fédérale africaine. L’unification immédiate de l’Afrique francophone et anglophone, seule, pouvant servir de test. C’est le seul moyen de faire basculer l’Afrique sur la pente de son destin historique, une fois pour toutes. Attendre en alléguant des motifs secondaires, c’est laisser le temps aux Etats de s’ossifier pour devenir inaptes à la Fédération, comme en Amérique latine.
D’où provient sa célèbre formule selon laquelle « A la croisée des chemins, l’Afrique est condamnée à s’unir sinon, faute de se fédérer, elle sera vouée non à la balkanisation, mais bien à la « sud-américanisation », qu’il définit comme « une prolifération de petits Etats dictatoriaux sans liens organiques, éphémères, affligés d’une faiblesse chronique, gouvernés par la terreur à l’aide d’une police hypertrophiée, mais sous la domination économique de l’étranger, qui tirerait ainsi les ficelles à partir d’une simple ambassade… ». Considérant que « l’idée de fédération doit refléter chez nous tous, et chez les responsables politiques en particulier, un souci de survie, (par le moyen d’une organisation politique et économique efficace à réaliser dans les meilleurs délais), au lieu de n’être qu’une expression démagogique dilatoire répétée sans conviction du bout des lèvres », il conclut en ces termes : « Il faut cesser de tromper les masses par des rafistolages mineurs et accomplir l’acte qui consomme la rupture avec les faux ensembles (Communauté, Commonwealth, Eurafrique) sans lendemain historique. Il faut faire basculer définitivement l’Afrique Noire sur la pente de son destin fédéral ».
Aujourd’hui, une soixantaine d’années plus tard, certains auront vite fait de dire que le parrain était un visionnaire, alors que ses écrits de fond comme ses propos conjoncturels prouvent qu’il était d’abord et surtout un observateur assidu et vigilant, sur la longue durée, de l’évolution de notre continent comme du reste du monde, se bornant à en tirer des leçons pour l’avenir des Africains et de l’humanité.
Même si la méthodologie de la recherche en sciences sociales diffère de celle des sciences expérimentales, comment ne pas voir l’évidente pertinence des analyses et conclusions des travaux de Cheikh Anta Diop en sociologie politique ?
Un seul exemple probant ; à défaut d’avoir réalisé son unité politique autour d’un exécutif fédéral lors de la conférence constitutive de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) d’Addis Abeba (1963), sanctionnée par la défaite du Groupe de Casablanca réputé « radical », au profit de celui dit « modéré » de Monrovia, le processus de décolonisation du continent se poursuivra dans le cadre fragmenté des « Etats-nations » issus du partage impérial européen de Berlin (1885). Aussi, le Sommet du Caire de l’OUA (1964) va-t-il adopter le curieux principe dit d’« intangibilité des frontières héritées de la colonisation ». Cette disposition, outre son incompatibilité totale avec l’esprit et la lettre du panafricanisme authentique, s’est dans les faits avérée inapplicable, d’abord en Ethiopie même avec la sécession de l’Erythrée, puis avec l’éclatement de la Somalie ou la guerre d’annexion marocaine au Sahara Occidental et la partition du Soudan, entre autres exemples.
Aujourd’hui, en dépit de l’achèvement formel du travail du Comité de décolonisation de l’OUA, couronné par l’indépendance de la Namibie et l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud, et l’avènement d’une Union Africaine en l’an 2000, (véritable clone institutionnel de l’Union Européenne), la valeur prédictive de l’avertissement du parrain est irréfutable. La sud-américanisation de notre continent est si grossière qu’elle en est devenue caricaturale : des élections frauduleuses et sanglantes au renversement violent de chefs d’Etat indociles, des tentatives de recolonisation armée sous le couvert de lutte contre le « terrorisme », (remplaçant désormais le « communisme » comme bouc émissaire) au piège mortifère de la dette extérieure et de la servitude monétaire, avec son cortège de pauvreté dans les villes et de misère dans les campagnes, en passant par la vulnérabilité extrême des populations aux maladies même curables et autres fléaux sociaux (chômage, prostitution, alcoolisme, toxicomanies, violences domestiques, sauve-qui-peut vers le mirage d’un eldorado euraméricain, etc.).Si l’on y ajoute la cocaïnisation massive de la côte atlantique, (de l’Angola au Maroc) et du littoral de l’Océan Indien, (de l’Erythrée au Mozambique), non plus seulement comme zones de transit des producteurs colombiens vers les consommateurs européens, mais aussi comme centres de redistribution locale, le tableau devient dantesque et confine à la caricature.
Par conséquent, les faits ont donné raison à Cheikh Anta Diop au-delà de toute contestation possible, sur ce point précis comme sur beaucoup d’autres. Ses nombreux aphorismes, tellement galvaudés en Afrique qu’ils sont devenus des slogans vides de sens, au lieu de servir de mots d’ordre phares pour l’action… Citons notamment : « l’intégration politique précède l’intégration économique » et « la sécurité précède le développement », ou bien « l’endettement extérieur est le mode de financement malsain par excellence », ou encore à la différence des fédérations antérieures fondées par le fer, le feu et le sang, « l’Afrique est confrontée au défi historique sans précédent de bâtir sa fédération par la persuasion », etc.
L‘illustration de la justesse des thèses politiques du parrain aurait pu être développée plus avant à la lumière de son action de terrain avant et après son retour au pays, en particulier dans le RND. Rappelons tout de même qu’il est le seul et unique député de l’histoire de l’Assemblée nationale du Sénégal à avoir catégoriquement refusé d’y siéger, en guise de protestation pour, écrivit-il dans sa lettre de démission, « de préserver nos mœurs électorales de la dégradation ». Mais il est temps de conclure.
On a pu dire que Cheikh Anta Diop faisait de la science comme s’il s’agissait de politique et, inversement, faisait la politique comme s’il s’agissait de science. Si les problèmes de tout le monde sont les problèmes politiques et que, réciproquement, les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde, alors il serait tout à fait naturel que la science qui n’est l’apanage de personne, mais bien une activité générique des humains, de tous les humains, recoupe et chevauche la politique, comme en témoignent les exemples des deux derniers esprits encyclopédiques du 20ème siècle, Albert Einstein et Cheikh Anta Diop.
Dialo Diop est SG Honoraire du RND
LES SAVANTS IMAGINAIRES DU CORONAVIRUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Didier Raoult a peut-être, peu ou prou raison, mais le problème c’est que des activistes se l’approprient pour concocter un dangereux cocktail entre médecine et politique
(L’exemple du Docteur Samba, d’Adama Gaye et de tant d’autres internautes)
Chaque soir, à 19h15, la France décompte son nombre de morts. C’est une projection statistique inquiétante et morbide d’un cabinet anglo-saxon qui a fait agir Emmanuel Macron et l’a fait décider à fermer les écoles. L’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis d’Amérique et la France enterrent leurs morts, jour après jour, parfois dans des conditions impensables pour ces pays dits développés. La peur collective de la mort, à forte contagiosité en conséquence, provoque une angoisse jusque-là inconnue auprès des générations de l’après-guerre. Les rues quasi-désertes de Paris laissent planer un parfum de fin du monde !
A cet instant, je pense à nos jeunes, à nos enfants. Comment vont-ils sortir de cette épreuve, cette génération de PlayStation, accoutumée à vivre dans le virtuel ? Euxmêmes, à rares exceptions certes, peuvent être frappés comme cette jeune parisienne de 16 ans ! Comment vont-ils conjurer, exorciser cette rencontre inattendue d’une Nation avec la mort ? C’est violent, très violent d’être confiné alors que la nature, dehors, se réveille dans l’hémisphère nord après son hibernation. C’est terrifiant de leur apprendre à ne pas être libre pour leur bien et le bien des autres. Cette liberté, pourtant, est si consubstantielle à l’homme moderne et aux luttes démocratiques.
Dans ce contexte difficile pour l’humanité, certains s’improvisent médecins comme dans le malade imaginaire de Molière, satire de la médecine. A cette époque, la révolution scientifique en cours se confrontait aux traditions des saignées et des purges. C’est à peu près la même chose qui se passe avec le Covid-19 : comment des sociétés en pointe dans les technologies sont-elles contraintes de confiner toute leur population, de même qu’au Moyen-âge ? Le contraste est saisissant ! C’est sans doute un appel à révolutionner notre médecine, encore à la croisée des chemins, entre le passé et le futur. C’est aussi un appel à lui consacrer plus de moyens, d’attention, de respect et d’amour.
Au Sénégal, c’est un arnaqueur, le présumé Docteur Samba, qui fait la une de la presse. D’autres inconnus se révèlent tout aussi dangereux que lui : ils propagent des fake news, des complots internationaux, qui convainquent les plus ignorants d’entre nous. En pleine peur collective, ils sont assurés d’un succès d’audience. Ils créent des groupes WhatsApp où tout le monde devient plus savant que le savant lui-même ! De la géopolitique à la recette de grand-mère, tout y passe ! Semblable au faux Docteur Samba, il suffit de porter la blouse blanche et le stéthoscope autour du cou, et le tour est joué ! Comme dans le malade imaginaire, il suffit d’imiter Sganarelle et Toinette, tous deux domestiques, en recourant à des mots savants. En un mois, nous avons enrichi notre vocabulaire épidémiologiste qu’un professeur de lycée en biologie n’aurait su faire en une année auprès de ses élèves. Quel exploit ! Nous sommes tous devenus des savants du coronavirus.
Je vous avoue humblement mon incapacité à trancher des polémiques d’hommes de science. Je suis juste convaincu que le Pr Didier Raoult est devenu, malgré lui ou pas, la satire de la peur de notre mort. Les livres comme La peste d’Albert Camus partent comme des petits pains ! Mais relisez avec le recul nécessaire « Le malade imaginaire » de Molière ! Avons-nous changé depuis ? Pas si sûr ! Le Pr Didier Raoult n’est pas n’importe qui. Il a, peut-être, sans doute, peu ou prou raison, mais le problème en l’espèce c’est que des activistes se l’approprient pour concocter un dangereux cocktail entre médecine et politique. Or la science en général et la médecine et la recherche en particulier, s’exercent dans la sérénité et selon des règles déontologiques. Tout le contraire du landerneau politique et du monde des activistes !
Sous l’effet de l’émotion, de la crainte de mourir, la chloroquine est présentée comme le médicament miracle. Je comprends ceux qui s’y accrochent car il y a urgence. Pourtant, certains instrumentalisent le Pr Didier Raoult comme une figure de proue de l’antisystème, de l’anti-occidentalisme, de l’anti-mondialisme et de la lutte contre le capitalisme. J’aimerais l’entendre dire stop à tout cela avant que cela ne dégénère en cacophonie dangereuse pour les patients ! A moins qu’il s’en délecte ! C’est le 2ème acte des gilets jaunes qui se jouerait devant nos yeux, avec à la clé un schisme mondialisé entre l’establishment et le petit peuple ? Sur les réseaux sociaux, la paternité d’un message contre un vaccin de Bill Gates est faussement attribuée au professeur français. C’est la nouvelle trouvaille largement relayée : l’Afrique serait en danger ; ses habitants seraient les prochains cobayes d’un vaccin contre le covid-19 ! Le délire à l’état pur d’un soi-disant dépeuplement organisé par les grands de ce monde sous l’égide des Nations unies et de son agence l’OMS !
Adama Gaye, lui non plus, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère ! Il s’en est pris au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Ce dernier a eu le tort de vouloir mobiliser la communauté internationale pour que l’Afrique ne soit pas le laissépour-compte. S’il n’avait pas lancé cet appel, n’aurions-nous pas reproché son silence, son inaction ? Ce faisant, le responsable des Nations unies a évoqué des millions de morts. Il est alors perçu comme un oiseau de mauvais augure ! Un argentier qui veut se faire de l’argent sur le dos de l’Afrique ! Et si Antonio Guterres ne faisait qu’obéir à la modélisation de l’évolution de la pandémie. Nous prions tous pour que l’Afrique soit épargnée mais c’est de sa responsabilité de dirigeant d’agir. Peu importe qu’il en déplaise au grand savant Adama Gaye ! Croyez-vous que, ce matin, j’ai pris plaisir à entendre Catherine Hill, une épidémiologiste et lanceuse d’alerte, nous soutenir que, selon sa modélisation, plus de 64.000 français mourront du coronavirus. Me suis-je emporté en invoquant les dieux africains, le panafricanisme, la souveraineté nationale, le patriotisme, et je ne sais quoi encore !
Le covid-19 est la biopic de notre humanité d’aujourd’hui, à savoir de la peur de notre mort et de la crainte de l’autre. Un étranger devient soudainement un sénégalais car né à Dakar mais a fortiori car il symbolise l’espérance de vie, c’est le fameux Pr Didier Raoult. Des professeurs de médecine sénégalais, plus prudents sur les traitements, sont au contraire vilipendés par les leurs ! Ils pourraient se faire lapider sur la place publique que cela ne m’étonnerait guère. Tandis qu’une statue du Pr Didier Raoult serait érigée en lieu et place de celle du général Faidherbe ! Le coronavirus nous fait marcher sur la tête ou alors à y regarder de près révèle en pleine lumière ce que nous sommes : une bête humaine incontrôlable tant nos contradictions nous empêchent d’aller de l’avant ! Les activistes qui appelaient au retour des étudiants de Wuhan, sont les premiers à avoir pesté contre le retour des « modou-modou », porteurs de la maladie ! La peur de la mort et de l’autre font perdre la tête à beaucoup d’entre nous. Ce qui est plus grave, c’est que certains, conscients de cet état de fragilité psychique, avancent leurs pions pour tirer profit des peuples désemparés. Ce sont les nouveaux gourous du coronavirus ! Ils se filment, ils s’auto-proclament savants !
Il y aura le temps de se pencher sur le multilatéralisme et ses défaillances. Dans les démocraties à l’inverse des dictatures, il y aura le temps de rendre compte au moment venu dès lors que des régimes d’exception ont été mis en place. C’est le cas de la France et du Sénégal. Les conflits d’intérêt s’il y en a, seront jugés. Les fautes politiques s’il y en a, seront sanctionnées. Il y aura le temps de s’interroger sur la faillite du politique qui, dans sa façon de gouverner, ne sait plus prévoir mais seulement administrer, et encore ! Pour l’heure, laissons nos héros, les médecins, faire leur travail ! Laissons nos chercheurs infatigables trouver un vaccin pour éradiquer ce virus ! Laissons nos autorités politiques prendre mesure de toutes leurs responsabilités ! Et nous, pendant ce laps de temps, n’essayons surtout pas de devenir des savants du coronavirus et de suivre bêtement des charlatans !
APRES LE CONFINEMENT, LE MONDE ENTIER RETROUVERA LES JOIES DE LA NATURE ET NOUS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Où iront donc les Sénégalais après avoir été confinés ? Les murs de bétons et la pollution seront-ils une échappatoire ? Cette nature que tout le monde a hâte de retrouver doit être plus considérée
La pandémie de Covid19 n’a décidemment pas fini de nous donner des leçons. Aujourd’hui, c’est la nature qui reprend sa place comme pour dire que sans l’Homme, une harmonie parfaite se serait faite entre la faune et la flore. Tous les jours, des images à la fois attendrissantes et touchantes nous parviennent du monde entier. Avec le calme plat et la fin des nuisances, ce sont des dauphins que l’on aperçoit dans des eaux inhabituellement limpides à Venise comme pour venir au chevet de cette Italie meurtrie. La couche d’ozone rien que cela, serait en phase de reconstitution au dessus de l’antarctique et que dire des canards qui se promènent tranquillement dans les rues désertes de Paris !
Aujourd’hui, à travers les cinq continents, pour tenter d’endiguer le virus, plus d’une trentaine de pays soit la moitié de l’humanité, se retrouvent confinés. Dans l’histoire contemporaine, une telle situation n’a jamais eu lieu et on aurait pensé qu’une guerre serait la seule capable de créer une telle situation.
Cette liberté restreinte permet sans doute à l’humanité de réfléchir sur les joies de sortir se balader, de respirer de l’air pur, de se promener dans des parcs ou à la campagne, en somme d’être le plus proche de la nature et de toutes ses composantes.
Si Paris a son bois de Boulogne, New-York son central Park ou encore Vienne en Autriche ses quatre mille parcs, quand est-il de nos villes africaines ?
« Restez chez vous », voici le slogan actuellement à la mode au Sénégal et à Dakar en particulier.
Depuis plus d’une semaine, le couvre-feu rappelle l’importance de se confiner afin de limiter la propagation du virus mais le slogan « Restez chez vous » a carrément fini de convaincre les sénégalais de la nécessité de ne pas sortir car on note clairement une baisse de l’activité dans les rues.
La capitale Sénégalaise qui d’habitude grouille de monde, avec ses transports en commun bondés et polluants, ses véhicules qui créent des embouteillages à n’en plus finir, donne aujourd’hui l’image d’une ville post-coloniale lorsqu’elle comptait à peine 500 000 habitants. La qualité de l’air qui faisait la une des journaux en plaçant la presqu’île comme étant une des villes les plus polluées du monde, est temporairement une vielle histoire depuis une semaine.
Pour rappel, Dakar représente 0,28% du territoire nationale mais abrite plus de 25% de la population globale du pays soit pas moins de 3 300 000 personnes. Un parc automobile de plus de 400 000 véhicules vient alimenter des routes étroites et visiblement pas faites pour ce flux. Comment Dakar fait-elle pour respirer ? Bien qu’étant une presqu’île, les négligences liées à la préservation de l’environnement font que la ville étouffe et ce qui n’a pas été fait à Dakar ne le sera certainement pas dans les autres villes. Tous les jours à travers le pays des agressions contre la nature sont signalées, comme dernièrement avec le trafic de bois en Casamance. Pas une forêt, ni une mangrove, ni une zone supposée classée ne sont à l’abri de la folie humaine. La spéculation immobilière a fini de faire de Dakar une ville où on ne voit plus la mer et les 700 km de littoral que le Sénégal a la chance d’avoir sont tous les jours menacés.
Où iront donc les Sénégalais après avoir été confinés ? Les murs de bétons et la pollution seront-ils une échappatoire ?
Environnement et maladies pour ne pas dire virus
Faut-il rappeler que la pharmacopée tire son origine de toute la biodiversité et plus particulièrement des plantes que la nature nous offre ? Nous sommes en partie responsables de la recrudescence des maladies et des virus en détruisant notre environnement. La déforestation pour l’élevage ou l’agriculture intensive tue chaque année des millions d’arbres qui au-delà de leur utilité pour la capture du CO2, retiennent aussi des espèces animales dans la forêt. La chauve-souris qui est un animal pouvant transporter un certain nombre de maladies, se retrouvent contrainte de vivre au contact direct de l’homme avec les conséquences que l’on peut imaginer. Nul besoin de parler des maladies respiratoires dues à la pollution et devenues des facteurs aggravant du coronavirus qui à ce jour à fait malheureusement plus de 30 000 morts.
L’après covid19, une nouvelle ère ?
A quelque chose malheur est bon. Aucun accord ou sommet n’aura malheureusement été plus efficace que le covid19, pour limiter les gaz à effet de serre. Après cette pandémie, une nouvelle ère s’annonce et le monde aura l’obligation de changer de paradigme. Toutes nos actions et modes de consommation qui engendrent la dégradation de l’environnement doivent cesser. Cette nature que tout le monde a hâte de retrouver doit être plus considérée. Le monde peut-il continuer à être diriger par une économie sans cœur où seules les dividendes des actionnaires sont la finalité ? L’enjeu pour un pays comme le Sénégal est social avec le coronavirus qui a foulé du pied nos habitudes, le fait de vivre en communauté, de manger ensemble, etc. N’est-il pas temps d’améliorer les conditions de vie, d’assainir notre économie et d’avoir enfin une croissance inclusive pour limiter la promiscuité qui aura certainement pris un coup avec cet épisode malheureux ? La question environnementale devra être mise au premier plan car la nature qui sauve, la nature qui donne et la nature qui sort de l’enfermement ne pourra presque pas nous répondre lorsque l’on quittera nos maisons à la fin du virus car étant quasiment à l’agonie. La protection de l’environnement devra être au premier rang au passage de la nouvelle ère et à tous ceux qui aspirent à être des leaders, il faudra qu’ils comprennent que le leader de demain est celui qui respectera les humains, la faune et la flore.
par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
DE PRÉSIDENT À “COMMANDER-IN-CHIEF ”
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président fait parfaitement tout ce qu’on attend de lui, mais pour qu’on ait une victoire il faudrait que toute l’administration s’attelle à la performance, chacun excellant volontairement dans son rôle
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 30/03/2020
Je vais commencer par m’excuser d’utiliser le terme anglais “ Commander-in-Chief” parce qu’il est usuel aux USA surtout, où il trouve tout son sens et sa pleine mesure. Le président y a plus souvent l’occasion de jouer le rôle de commandant suprême de ses puissantes forces armées déployées un peu partout dans le monde.
L’état d’urgence ici instauré ne nous est pas inconnu, les présidents Senghor et Diouf ont eu respectivement à l’exercer. Cependant, celui-ci est différent des précédents du fait des motifs sanitaires qui l’ont fondé : opposer une farouche résistance à une agression virale et se donner les moyens d’une victoire sur un ennemi morbide, qui dans nos rues rôde et brandit une menace inouïe d’anéantissement de notre nation.
Les précédents avaient toujours été convoqués comme dernier recours d’un régime chancelant, face à des troubles sociaux en passe de devenir incontrôlables. Cette fois-ci et pour la première fois de son histoire notre nation est en guerre. Notre président en vient par conséquent à exercer une autre aptitude de son leadership, le rôle de commandant suprême de forces armées engagées dans une guerre.
Nous pouvons lui faire confiance car tous les actes réfléchis qu’il a posés jusqu’à présent ont fini par convaincre les plus sceptiques, avec juste raison, qu’il est l’homme de la situation.
Je voudrais ici saluer l’élan de solidarité des leaders de tous bords qui ont répondu sans hésiter à son appel, faisant fi de toutes émotions. Devant une menace à la nation aussi grave et inédite que celle-ci, trouver un quelconque alibi pour ne pas répondre à un noble appel à la communion des cœurs et esprits, relève d’une tyrannie narcissique qui porte à croire que Dieu est exclusivement à son service. Heureusement tout le monde a répondu, l’on a par conséquent toutes les raisons d’être fier de nous-mêmes, nation sénégalaise.
Le temps de la performance
Nous sommes en guerre et même si ça ne ressemble guère aux guerres classiques avec armes conventionnelles entre congénères, le résultat est le même : le pire des sorts ; anéantir l’ennemi le plus tôt possible. Il faut savoir que dans cette guerre, notre vulnérabilité est le fait que la chronologie et la géographie des tensions, tout comme leur ampleur, sont dictées par l’ennemi/le virus. D’un autre côté, pour l’ennemi, sa plus grande vulnérabilité est qu’il n’a pour véhicule que notre interaction sociale, en l’occurrence une culture qui s’enorgueillit de sa téranga et son empathie, lesquelles dans la situation actuelle sont devenues des tares. D’où notre difficulté de nous soumettre aux consignes comportementales tendant aux respects des gestes barrières. Dans cette parenthèse temporelle à l’adage Ouoloff qui dit “Nitt, nitt moye garabam” s’est substitué “Nitt, Nitt Moy moussibaam”.
Le président fait parfaitement tout ce qu’on attend de lui, mais pour qu’on ait une victoire il faudrait que toute l’administration s’attelle à la performance, chacun excellant volontairement dans son rôle. Il est question de s’extirper du nivellement à hauteur de la médiocrité et d’intégrer par une volonté personnelle, dans un élan de dépassement de soi, des objectifs au-delà des limites données et les poursuivre assidûment. L’état d’urgence n’exclut pas le confinement total, au contraire, au vu de ce qui arrive dans le reste du monde, il nous conduit à envisager un durcissement. La performance réside dans notre capacité à anticiper les plus redoutables développements de l’ennemi et organiser les représailles à même de l’annihiler à temps. Je sais pouvoir compter sur le tempérament de gagneur du président Commander-in-Chief et l’équipe qu’il a mise en place pour une bonne stratégie dans la perspective d’un confinement.
Puisque je parle de performance entendue collective et individuelle, je voudrais quand même mettre l’accent sur les revers par lesquels l’ennemi pourrait nous terrasser.
À propos des fonds qui vont circuler et dont une partie est destinée à des personnes vulnérables, gare aux rapaces qui toujours les détournent. Lever la hantise de ce risque postule de nouvelles mesures très dissuasives.
A propos des ressources humaines nécessaires avec l’accroissement éventuel des malades : certains évoquent la venue probable de médecins chinois et cubains à notre aide, tant mieux si cela arrive, mais l’idée de compter d’abord sur nous-mêmes ne devrait-elle pas primer ? Pourquoi ne pas faire appel d’abord à tous ceux qui ont une notion en médecine et les former rapidement aux techniques de protection personnelle et d’assistance afin qu’ils puissent intervenir au besoin.
A propos de la logistique et surtout du déficit d’hôpital particulièrement dans les zones rurales reculées : Le crédo connu du président Macky Sall est l’équité territoriale et sociale, alors quand il est demandé aux symptomatiques de ne pas se déplacer et d’appeler à un numéro donné, il faut veiller à ce que le dispositif mis en place soit performant à l’endroit de tous et en tout moment. Les numéros d’appels doivent être faciles à retenir et à composer, également figurer partout dans l’espace public, et être communiqués largement.
A propos des victimes qui malheureusement pourraient succomber à la maladie : se préparer à comment nous allons nous y prendre, si leur nombre venait à excéder quotidiennement la capacité de nos morgues et cimetières.
Je nourris l’espoir tout en priant pour qu’on n’en arrive jamais là. Cependant, compte tenu de la létalité connue de l’ennemi, autant baser sa stratégie sur l’éventualité du pire pour asseoir une bonne résilience. Je tiens à exprimer toute ma gratitude et saluer ici l’engagement et la bravoure de nos valeureux soldats dans cette guerre, ainsi que nos médecins et personnels des hôpitaux, pompiers, policiers, forces armées, agents de l’administration concernés. C’est pour l’intégrité de tout ce système efficient mis en place par le président Macky Sall et dont ils sont la superstructure, que j’invoque un focus sur la performance.
Conversation entre Achille Mbembe et Yala Kisukidi dans le cadre des ateliers de la Biennale Yango II au centre culturel Mont des Arts Kinshasa, le 4 février dernier
« Si les grands commerçants et autres patrons se plaignent déjà des effets du coronavirus, qu’en sera-t-il pour nous qui peinons à gagner 5000 F CFA par jour ? », s’interroge Alsséni Diallo
C’est le crépuscule à Ngor, une commune du district ouest de la capitale sénégalaise. Dans les rues, les passants se dépêchent pour regagner leurs maisons avant 20 heures : le début du couvre-feu.
Le président de la République Macky Sall, pour tuer dans l’œuf un début d’épidémie due au Covid-19, a récemment décrété l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national.
Désormais, de 20 heures à 6 heures du matin, il est strictement interdit de circuler sauf dérogation. Les forces de défense et de sécurité se chargent tous les soirs de faire respecter cette mesure. Souvent à coups de matraque.
A Ngor, la vie nocturne s’arrête. Dans cette petite localité léboue (l’une des ethnies du pays), un silence de cathédrale remplace le vacarme habituel. Dans les ruelles étroites et parfois sombres, seuls les miaulements des chats violent le calme plat dans le 18ème arrondissement de Dakar.
Une situation qui plonge dans le désarroi de nombreuses personnes qui subvenaient à leurs besoins grâce aux activités nocturnes. Alpha Diallo est propriétaire d’une gargote installée non loin du terminus des bus Tata. Les pieds croisés, ce quinquagénaire est à bout.
« D’habitude, je vendais au minimum 180 sandwichs. Mais aujourd’hui, plus rien. Contrairement à d’autres, nous sommes très exposés ici. Et si l’on s’aventure à violer la loi, nous risquons gros », explique-t-il avec une mine déconfite.
Reconnaissant la nécessité du couvre-feu pour endiguer la propagation de la maladie, ce polygame et père d’une dizaine d’enfants estime néanmoins que son application sur une longue durée serait lourde de conséquences.
« Prions tous pour que cette maladie disparaisse au plus vite. Autrement, beaucoup risquent de sombrer dans une pauvreté chronique », redoute Alpha.
Comme lui, Alsséni Diallo s’est confiné durant trois jours avant d’être obligé de reprendre le travail. Pour ce vendeur de brochettes à la plage, c’est une question de survie. « Si les grands commerçants et autres patrons se plaignent déjà des effets du coronavirus, qu’en sera-t-il pour nous qui peinons à gagner 5000 F CFA par jour ? », s’interroge-t-il. Son épouse, assise à côté, lui reproche immédiatement de ne pas avoir appliqué ses conseils : « Je t’avais dit de chercher un local. Tu m’as répondu que tu resteras à la plage jusqu’au jour où on t’y chassera. Et voilà où cela nous a conduit ».
S’adapter pour survivre
A ce jour, 142 cas de Covid-19 ont été déclarés positifs au Sénégal. S’inspirant de la Chine voire de l’Occident, le gouvernement pourrait durcir les restrictions si le bilan s’alourdit. Prenant les devants, certains restaurateurs ajustent leurs horaires pour s’en sortir. C’est le cas notamment d’Idrissa. Son restaurant, niché à quelques encablures de la deuxième mosquée du village, ne désemplit pas.
Il est bientôt 20h et tous les clients n’ont qu’une seule envie : récupérer leurs sandwichs pour rentrer à temps. Fortement recommandées par les autorités sanitaires, les mesures de distanciation sociales ne sont plus une priorité.
« Je n’ai même pas encore effectué la prière du crépuscule à cause des clients qui m’ont envahi », lance-t-il, tout en regardant le poêle servant à faire des omelettes. Submergé, Idy comme le surnomme les acheteurs, a bousculé ses habitudes : « Maintenant, je travaille à partir de 15 heures. Toute personne qui veut acheter peut venir. Et c’est le mieux que je puisse faire pour mes clients ».
Aux premières nuits du couvre-feu, de jeunes Ngorois ont montré de la défiance à l’égard des forces de l’ordre. Finalement, aucune âme qui vit n’ose plus sortir dès le déclenchement du couvre-feu.
« C’est bien. Cela nous permet d’écouler tôt nos mets et de partir nous reposer. Comme ça, on se réveille plus facilement pour honorer la prière de l’aube », fait savoir Abdourahmane, un autre gérant de gargote dans le village.
A Dakar, où de nombreuses familles joignent difficilement les deux bouts, la restauration rapide nocturne s’est développée de façon exponentielle. A moindre coût, des citoyens mangent à leurs faims en espérant des jours meilleurs.
Mais ce secteur n’est pas le seul à être affecté par le couvre-feu en vigueur depuis lundi dernier. Debout devant sa voiture clando, Babou Guèye, vêtu d’un grand boubou bleu assorti à un couvre-chef noir, attend d’éventuels passagers désirant se rendre dans la commune voisine de Ouakam.
Comme nombre de ses collègues, il s’est résolu à effectuer le trajet de jour. « Nous avions l’habitude de travailler le soir. Il m’arrivait de rouler parfois jusqu’à 1 heure voire 2 heure du matin. Mais tout cela est révolu. Nous sommes obligés de venir concurrencer les autres transporteurs en commun. Et ce n’est pas facile vu qu’ils ont une tarification moins chère », regrette le jeune homme.
Dans les boutiques de quartier, certains vendeurs développent des stratagèmes pour continuer leurs activités durant le couvre-feu. « Je ferme à 19h 45, mais je n’éteins pas les lampes de la boutique. Tout client qui veut acheter un produit frappe à la porte. Je lui vends et referme immédiatement. Ça nous permet d’éviter des nuits blanches sans remplir le tiroir d’argent », révèle, sous le couvert de l’anonymat, un jeune.
Pour atténuer les effets de la crise sanitaire sur l’économie nationale, le chef de l’Etat Macky Sall a mis en place le fonds Force Covid-19 qui sera doté d’une enveloppe de 1000 milliards F CFA. Si les ressources de ce fonds serviront, entre autres, à soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora, il n’en demeure pas moins que le secteur informel aura besoin d’appui pour se remettre de cette grippe.
par Jean Pierre Corréa
L'ETAT, D'URGENCE !
Les actes que Le « Docteur » Amadou Samba à commis, sont pires qu’un crime. Ils relèvent de la faute de goût collective qui a pu permettre à une telle supercherie de prospérer durant sept années jusqu’au cœur du pouvoir
« Le concept de l'honnêteté ne veut plus rien dire. Il faut parler de légalité. C'est elle seule qui a le pouvoir de légitimer les formes les plus raffinées de la grande escroquerie que l'on nomme le commerce entre les hommes ». Albert Brie
« Passées les bornes, il n’y a plus de limites »…La connerie n’est décidément plus ce qu’elle était censée être, à savoir une « affaire de cons ». Le niveau monte et la concurrence est rude pour en devenir le roi. Mais un con, ça ose tout ! C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît. Les actes que Le « Docteur » Amadou Samba à commis, sont pires qu’un crime. Ils relèvent de la faute de goût collective qui a pu permettre à une telle supercherie de prospérer durant sept années jusqu’au cœur du pouvoir. Nous pensions naïvement en avoir fini d’avec les « affaires Johnny Ba ou Gadiaga » qui ont pu se trouver en situation d’escroquer des Premiers ministres de manière tellement vulgaire, que nous nous sommes avant tout interrogés afin de comprendre comment de tels histrions ont pu se trouver ne serait-ce qu’à proximité de nos locaux républicains et administratifs, a fortiori dans les bureaux de nos ministres, vautrés dans leurs canapés en cuir.
En pleine gestion difficile s’il en fût de cette crise sanitaire qui plonge le Sénégal et ses citoyens dans une profonde inquiétude quant à leur avenir et celui de leurs enfants, alors que chaque jour, à chaque instant, des recommandations et même des ordres sont donnés à la population, laquelle les respectent, tant bien que mal, avec leur traditionnel fatalisme, le pouvoir juste à cet instant vient nous désespérer de l’adage qui veut que pour bien balayer un escalier, il convient de le faire en allant du haut vers le bas. Qu’à cet homme extrêmement bien réseauté dans le marigot républicain, les plus hautes autorités de notre pays aient pu confier certaines tâches et missions, relève soit de l’incompétence, soit de la complicité. Que durant sept ans, aucun des ministres, cadres et notables du « Macky », n’ait parcouru sa page Facebook et regardé ses post et photos de profil, est désopilant de légèreté et de désinvolture vis-à-vis de « la chose publique », comme peut l’être la santé des sénégalais.
Qu'un médecin soit "confiné" aussi loin du Robert et du Bescherelle, qu’il "ose" se chausser de telles pompes à halluciner son épouse, a pu logiquement alerter les hommes de Pasteur... Ceux qui nous diront que depuis 2013 ce clown les a bernés, insultent nos intelligences...
Dans cette sinistre tragi-comédie, banalement et tristement sénégalaise, les citoyens souhaitent ardemment retrouver « l’Etat ». Dans toute sa puissance, et sans aucune faiblesse coupable de considérer l’importance des liens que cette brute impitoyable entretiendrait avec tel ou tel proche de qui que ce soit… L’Etat aussi se doit d’être impitoyable, faire œuvre de justice rapidement, et ne surtout pas empêcher un exemplaire et dissuasif verdict.
Que désirent voir et sentir les sénégalais ? DE L’Etat ! et « d’urgence» !
Ils veulent plus d’Etat pour stopper cette folklorisation obscène du don, surtout télévisé, par d’obscurs entrepreneurs ou artistes en mal de publicité. Ils veulent que leur Etat leur dise et leur rende visible ce « budget de guerre » de 1000 milliards, et éloigne d’eux l’idée que ces milliards vont encore partir en « 4x4 ».
Ils veulent, ces sénégalais, que leur Etat contraigne ces grosses multinationales auxquelles il a filé tous les gros marchés de notre émergence, de cotiser dans la caisse de cette intendance de guerre, et aide plutôt notre « secteur privé » auquel il n’a laissé que les miettes du festin, à sortir de cette crise sans trop de casse.
Les sénégalais attendent de l’Etat qu’il prenne urgemment d’importantes mesures sociales, avant que des « Hommes » ne deviennent des « loups » pour les autres hommes, et nous fassent côtoyer les abîmes de la barbarie, lorsque justement, « franchies les bornes, il n’y aurait plus de limites », permettant à toutes sortes de veuleries de se répandre dans un pays qui n’a absolument pas le temps de gérer la colère. Pour le coup, ce serait une énorme connerie !!