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28 juillet 2025
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LES PREMIÈRES CARTES DE PRESSE SERONT LIVRÉES EN MARS
EXCLUSIF SENEPLUS - Rôles et prérogatives de la Commission, les attentes vis-à-vis des acteurs des médias - Daouda Mine, nouveau président de la commission de la carte nationale de presse, parle de sa mission qui participe à l'assainissement des médias
Officiellement installée par le ministre de la culture et de la communication Abdoulaye Diop, la Commission de la carte de nationale de presse décline sa feuille de route pour assainir le secteur. A en croire son président Daouda Mine, les premières cartes seront disponibles dès la validation du règlement intérieur. '' La prochaine étape, c'est la validation du règlement intérieur qui va nous permettre de commencer le travail. Donc, si tout se passe comme prévu, les premières cartes nationale de presse seront disponibles vers la fin du mois de mars 2020'', a-t-il révélé.
Le journaliste du groupe GFM, revient par ailleurs, dans cet entretien, sur le rôle et les prérogatives de la Commission qu'il préside, mais aussi sur ses attentes vis-à-vis des acteurs de la presse, particulièrement les patrons d'entreprises de presse.
Erdogan à Dakar depuis hier
Le Président turc est arrivé à Dakar hier, vers 22 heures, où il a été accueilli par le ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence de la République Mahammad Boun Abdallah Dionne. Il est prévu un point de presse aujourd’hui entre Erdogan et Macky Sall sur la situation des relations entre le Sénégal et la Turquie et le renforcement du cadre juridique de coopération. Macky Sall se trouvait en Allemagne où moment où nous mettions sous presse, mais il est attendu à Dakar vers 3 heures du matin.
Abdoulaye Diouf Sarr à Fann et Albert Royer
Pour avoir une idée de l’application des mesures prises pour une gestion des urgences en début d’année, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a effectué hier une visite au centre hospitalier universitaire de Fann et à l’hôpital d’enfants Albert Royer. Au terme de sa visite, Abdoulaye Diouf Sarr pense qu’il y a une nécessité d’accompagner ces structures sanitaires. Il promet de relever le plateau technique et de renforcer les ressources humaines. Le ministre de la Santé reconnaît que l’hôpital Fann par exemple manque d’infirmiers. Quant à l’hôpital Albert Royer, il promet de le doter en ambulances. Pour ce qui est de la prise en charge des urgences, Abdoulaye Diouf Sarr informe que le dispositif est en marche, mais ils ne vont pas dormir sur leurs lauriers.
Proxénétisme à l’hôtel Milano
Après avoir érigé l’hôtel Milano avec toute la paperasse règlementaire, Birane Niang l’aurait transformé en lieu de proxénétisme. Il y hébergeait, d’après les accusations, des travailleuses du sexe qui occupaient toutes les 17 chambres du bâtiment. Avisés des activités de Monsieur Niang, les gendarmes de la Section de Recherches ont fait une descente sur les lieux. A l’entrée du bâtiment, les pandores ont trouvé un gardien qui contrôle les entrées et oriente la clientèle. Son travail consiste également à demander aux prostituées l’option de location qui les intéresse. Dès qu’elles entrent dans leur chambre, les filles disposent de plusieurs téléphones portables dont les numéros sont publiés dans de nombreux sites internet. Ainsi, à longueur de journée, elles reçoivent des clients avec la complicité du propriétaire de l’immeuble.
Proxénétisme à l’hôtel Milano (bis)
Arrêté pour proxénétisme, Birane Niang a nié les faits qui lui sont reprochés. Jugé en première instance, il a été relaxé. Une décision contestée par le ministère public qui a interjeté appel. Devant la Cour d’Appel de Dakar où il répondait des chefs de proxénétisme et blanchiment de capitaux, Birane Nang, opérateur économique, dit être propriétaire de l’hôtel Milano. C’est en 2015 qu’il a obtenu une licence d’exploitation de l’autorité administrative. Les gendarmes, dit-il, lui ont demandé le certificat de mariage des clients qui logent dans l’hôtel. «Je n’ai blanchi aucun argent. Il n’y a aucune activité de prostitution déguisée dans mon hôtel. Les studios étaient loués à 25 000 Fcfa, et les chambres entre 15 000 et 20 000 francs», s’est-il défendu. Pour l’avocat du prévenu, Me Assane Dioma Ndiaye, «les filles de joie ont dit qu’elles ne connaissent pas le mis en cause. Dans tous les hôtels, vous prenez une chambre munie d’une carte d’identité». Aussi, a-t-il sollicité la restitution de sa voiture Toyota avant d’ordonner le déblocage de son compte à la Cbao et à la BOA et la restitution de ses numéraires emportés par les gendarmes lors de leur perquisition. Le jugement sera rendu le 3 février prochain.
Des Sénégalais en détresse à Wuhan
Plusieurs pays ont mis en place un plan de rapatriement de leurs ressortissants en Chine pour les préserver du coronavirus qui y est en train de faire des ravages. Le Sénégal traîne encore le pas alors que ses ressortissants vivant à Wuhan (épicentre du coronavirus) seraient en détresse, d’après le président de l’Ong Horizon Sans Frontières. Boubacar Sèye renseigne dans un communiqué que 12 de nos compatriotes résidant actuellement à Wuhan ne savent plus à quel saint se vouer, alors que la ville est mise en quarantaine depuis des jours. «Nos compatriotes sont très fatigués en ce moment et souhaitent un rapatriement dans les meilleurs délais comme sont en train de le faire d’autres pays pour leurs ressortissants », a déclaré la président de Horizon Sans Frontières. Il suggère à l’Etat du Sénégal de mettre en place une cellule de crise avec un numéro vert pour nos compatriotes établis en Chine.
Cisse Lô médiateur en Gambie
La répression de la marche des «3 years Jotna» préoccupe le Parlement de la Cedeao. En session en Gambie, le président dudit Parlement, Moustapha Cissé Lo et ses collègues sont en train de jouer les bons offices au pays de Adama Barrow pour préserver la paix, la stabilité et promouvoir le dialogue dans le respect. Le parlementaire de la Cedeao, Abdoulaye Wilane, dira que toutes les parties sont conscientes du caractère prépondérant de la légalité constitutionnelle et de l’impérieuse nécessité de dialoguer sérieusement pour rester dans le sillage de la démocratie, le développement et l’intégration. A ce propos, Moustapha Cissé Lo a reçu en audience le leader de UDP, Ousainou Darboe qui multiplie les sorties pour demander au Président Barrow de quitter après avoir bouclé ses trois ans de transition. Les parlementaires de la Cedeao s’investissent ainsi pour la paix et la stabilité de la Gambie dans le cadre de la légalité constitutionnelle et la promotion d’un Dialogue national et politique sincère.
Le Synpics soutient les travailleurs de la Rts
Le Synpics est très préoccupé par la tension à la Radio Télévision Sénégalaise (Rts) où les travailleurs réclament le départ du responsable des ressources humaines. Selon le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, il y a eu un déploiement de forces de l’ordre à l’intérieur comme à l’extérieur du siège de la Rts. A l’en croire, des journalistes de la presse privée qui devaient couvrir les activités du Syndicat de la Rts, ont été interdits d’accès au lieu. BambaKassé invite les autorités policières au respect du droit de manifester et la liberté d’expression.
Abdoulaye Seck voulait se faire payer son argent par le sexe
Une rocambolesque affaire de viol a été jugée, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Abdoulaye Seck, la quarantaine, vend des tissus et des effets de toilettes. N’ayant pas de magasin, ce vendeur d’étoffes de haute facture livre ses produits à ses clients ; charge à ces derniers de payer suivant un échéancier. Ce procédé de vente appelé « Bëcëk» en ouolof est une forme de prêt à travers laquelle le client paie son fournisseur suivant un échéancier, après avoir acquis le produit. Monsieur Seck, qui s’active dans ce business, avait l’habitude de commercer de cette manière avec Déguéne Diop. Au fil des années, le vendeur et la dame ont eu à établir une relation de confiance. Ainsi, à chaque fois qu’Abdoulaye Seck fournissait des produits à Déguéne Diop, celle-ci payait par tranche via sa fille Ndèye Coumba. Mais un jour, Abdoulaye Seck proposa des rapports sexuels à la place de l’argent qu’elle versait quotidiennement. A en croire Déguéne Diop, sa fille, Ndèye Coumba a refusé catégoriquement avant de venir se plaindre à elle. Surprise et furieuse, elle décide de ne plus payer sa dette estimée à plus d’un million de francs Cfa.
Abdoulaye Seck voulait se faire payer son argent par le sexe (bis)
Ne pouvant plus supporter cet état de fait, Abdoulaye Seck est allé défoncer la porte de la dame. Mais devant la barre, le prévenu a balayé d’un revers de main de telles allégations portées à son encontre. Toutefois, à l’enquête préliminaire, le prévenu avait bel et bien proposé des rapports sexuels aux plaignantes pour effacer les dettes. Les enquêteurs révèlent que le prévenu est retourné le 21 janvier à minuit et a défoncé la porte de la chambre de la dame. En plus, dans le procès-verbal, il est mentionné que le prévenu a déclaré qu’il avait des djinns qui le forçaient à entretenir des rapports sexuels. Et qu’il ne pouvait pas résister aux filles. Répondant aux questions du procureur, le prévenu déclare que les accusations de la plaignante sont fausses. Le mis en cause affirme qu’il n’a jamais proposé d’entretenir des rapports sexuels avec qui que ce soit. Il a également soutenu qu’il n’est pas entré dans la chambre de Ndèye Coumba. Pour lui, ce sont des stratagèmes quelles ont mis en œuvre pour ne pas payer l’argent. « Quand je suis venu chez elles, il y avait des personnes devant la maison. Donc, je ne pouvais pas leur proposer des séances de jambes en l’air. J’ai deux femmes», a-t-il soutenu. Le procureur, dans son réquisitoire, estime qu’il n’y a pas eu de pénétration sexuelle même si le procès-verbal mentionne qu’il a débarqué nuitamment. Il affirme qu’il n’y a pas d’éléments qui justifient que le prévenu a tenté de la violer. L’avocat de la défense, Iba Mar Diop, dans sa plaidoirie, affirme que son client ne pouvait pas proposer des rapports sexuels car il était venu pour se faire payer. Sur ce, la robe noire sollicite la relaxe pure et simple au bénéfice du doute. Au cours des débats, le Tribunal a relaxé le prévenu sur la tentative de viol, mais l’a condamné à 2 mois de prison avec sursis pour violence exercée la nuit.
Dakar, 27 janv (APS) - Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est arrivé ce lundi peu après 22 heures à Dakar, dernière étape de sa tournée africaine.
Le président turc et son épouse ont été accueillis par le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Mahammed Boun Abdallah Dionne, et la première Dame Mariame Faye Sall.
Erdogan est accompagné d’une forte délégation comprenant le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, ses homologues de la Défense, Hulusi Akar, de l’Industrie et de la Technologie, Mustafa Varank.
Le ministre turc de l’Énergie et des Ressources naturelles, Fatih Dönmez, le chef du service de renseignement Hakan Fidan et des opérateurs économiques sont également dans la délégation.
Cette visite s’inscrit dans le cadre des relations d’amitié cordiale et de coopération multiforme entre les deux pays.
Les deux chefs d’Etat Macky Sall et Erdogan auront mardi dans la matinée, un entretien bilatéral avant de présider la cérémonie d’ouverture du forum économique qui réunira des représentants des secteurs privés sénégalais et turc.
Le président Recep Tayyip Erdogan avait effectué, en février 2018, une visite à Dakar.
AU SENEGAL, IL SOUFFLE UN VENT ANTI-DOMINATION FRANCAISE
Le sentiment anti-français est-il une réalité ou une invention des médias internationaux ? Qu’en est-il du Sénégal qui est un partenaire traditionnel de la France et accueille une flopée d’entreprises françaises ?
Le sentiment anti-français est-il une réalité ou une invention des médias internationaux ? Ces derniers mois, on en parle en Afrique de l’Ouest. Les récents propos du président Macron, aux allures de sermon, lors du Sommet de l’Otan, n’ont fait que rajouter de l’huile sur le feu. Qu’en est-il du Sénégal qui est un partenaire traditionnel de la France et accueille une flopée d’entreprises françaises ?
‘’Elle sert à quoi, cette armée française !’’, lance le président du collectif Yèrè Wolo, moteur des manifestations contre la présence des forces françaises au Mali, en marge d’un rassemblement. ‘’Dehors, Barkhane dehors ! Les Forces armées maliennes peuvent sécuriser le Mali", "Le gouvernement français est un frein à notre développement" ou encore "À bas la France, Barkhane doit quitter", peut-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants maliens sur la place de l’Indépendance, à Bamako, vendredi 10 janvier. Une énième manifestation pour réclamer le départ des troupes françaises, en raison de la multiplication des attaques terroristes, malgré leur présence sur le territoire depuis 2014.
L’ardeur est la même au Burkina Faso où l’opinion publique pose le débat de la pertinence de l’accord intergouvernemental de défense de décembre 2018 avec l’ancienne puissance coloniale ; surtout que, depuis, l’offensive djihadiste s’accentue. Autant de faits que le président Macron a qualifié de ‘’sentiment anti-français’’.
Au Sénégal, on ne parle point d’attaques terroristes. Mais, de plus en plus de voix haussent le ton pour dénoncer la gourmandise économique de l’ex-colonisateur. Au banc des accusés, sont principalement cités les groupes Auchan, Orange et Total.
Bien loin d’un discours radical et virulent comme chez ses pays voisins, on assiste à un sursaut qui tend à se généraliser et se trouve être plus perceptible sur Internet. Derrière un écran ou au travers d’un smartphone, les citoyens, jeunes pour la plupart, ne se font pas prier pour déverser leur bile sur la République française. ‘’La jeunesse a soif d’un mieux-être. Il ne s’agit pas d’un sentiment de mépris à l’endroit des Français. Je pense que ceux à qui nous en voulons le plus, ce sont nos dirigeants qui courbent l’échine face à la République française. Que ce soit dans le domaine politique comme économique, l’ex-colon a toujours son mot à dire. Pis, ses multinationales poussent comme des champignons, au détriment du commerce local’’, martèle l’étudiant en troisième année de médecine Mansour Faye.
Il est évident que grogne il y a, et Internet aidant, les informations circulent à la minute près. Ces derniers mois, les mouvements Frapp (Front pour la révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine) France dégage et Aar Li Nu Bokk se sont le plus illustrés en matière de dénonciation et d’éveil de tout un peuple. A la mi-juillet 2019, le premier, dans un post Facebook, accusait la France de préparer un attentat terroriste contre le Sénégal ; une publication qui a fait l’effet d’une bombe et dont Guy Marius Sagna a fait les frais.
Pourtant, le 22 juillet 2019, le deuxième s’est chargé, lors d’une conférence de presse, d’étayer cette accusation. En proposant à l’opinion un enregistrement audio dans lequel on entend le député de Benno Bokk Yaakaar, Khoureichi Niasse, déclarer, lors d’un meeting en marge de la campagne électorale à Kasnack (Kaolack) : ‘’C’est la France qui nous a colonisés durant plus de deux siècles. Et la France n’a jamais pensé que le Sénégal aurait du pétrole, du gaz et bien d’autres ressources. Bien évidemment, il faut qu’elle vienne réclamer sa part. Quand elle est venue demander une zone pour exploitation, si le président Macky Sall avait refusé de lui concéder cela, la France allait ouvrir les portes du Sénégal aux djihadistes du Mali. Elle aurait aussi réarmé les rebelles casamançais et créé d’autres problèmes dans le pays.’’
Une déclaration visiblement passée sous silence par les autorités sénégalaises, à un moment où le débat sur la transparence dans l’attribution des blocs pétroliers était pourtant chaud brûlant dans les médias et grand-places.
Si, pour beaucoup de Sénégalais, le sentiment anti-français existe depuis belle lurette au Sénégal, certains pensent qu’il faut relativiser. De l’avis du jeune entrepreneur Amadou Wade, ‘’sur les réseaux sociaux, il y a de plus en plus de gens qui prennent tous les maux de notre pays, qui n’ont parfois rien à voir avec, pour dire que la source du problème c’est la France. Je pense qu’il y a un peu de fanatisme dans cette affaire. C’est le cas chez les partisans de ce nouveau parti dit antisystème. C’est comme s’ils sont passés de personnes antisystèmes à des fanatiques et rebelles qui ont modifié une idée politique en idéologie dogmatique telle une bible’’.
Une question détournée de son vrai sens
Quant à la montée en puissance d’un discours de rupture avec toute forme de domination, les avis divergent. Le professeur en géopolitique et relations internationales Lat Soucabé soutient, pour sa part, que le sentiment anti-français est loin d’être généralisé. Il est diffus, voire inexistant. ‘’Je ne le perçois pas. Il n’y a que quelques Sénégalais qui s’indignent sur Facebook ou Twitter. De plus, rien n’a changé dans la relation bilatérale entre la France et le Sénégal. Notre pays déroule sa politique économique et le président Macky Sall est en bonne intelligence avec Macron’’, dit-il. Et s’il ne s’agissait pas, en réalité, d’un sentiment dirigé contre la France ?
Ce contrepied est, en tout cas, le point de vue du leader de Pastef-Les patriotes. Selon le député Ousmane Sonko, il faut plutôt parler d’un sentiment pro-africain. Un désir ardent de la nouvelle génération et même d’anciens de voir un partenariat gagnant-gagnant entre la France et le Sénégal. Il est rejoint dans sa position par bon nombre d’hommes politiques. ‘’De manière globale, les Sénégalais n’éprouvent pas de sentiment anti-étranger, peu importe la nationalité. Cela ne répond pas à la culture sénégalaise qui prône la ‘Teranga’ (le sens de l’hospitalité). Toutefois, il n’y a pas de situation irréversible. Un peuple pacifique peut être amené à devenir violent. Tout dépend des circonstances. Ce fut le cas avec la Mauritanie, en 1989. Ce qu’il y a, c’est que l’impérialiste d’hier, qui a opprimé, est le même qui, aujourd’hui, implante ses tentacules chez nous, qui gagne les plus gros marchés. C’est encore le même qui vient imposer à nos gouvernements des politiques en matière étrangère et de défense’’, explique Madièye Mbodj, responsable du parti Yoonu Askan Wi. Il poursuit : ‘’La jeunesse ne réagit pas sur la base d’un sentiment anti-français, mais plutôt sur la base d’un sentiment anti-domination française, un sentiment anti-oppression de notre peuple. Un sentiment qui dit : nous sommes souverains chez nous. Nous voulons décider nous-mêmes, aux plans politique, militaire et économique ; la santé et l’éducation, un sentiment anti-impérialiste.’’
« IL EXISTE D’AUTRES MODÈLES DE DÉVELOPPEMENT PLUS ADAPTÉS À L’AFRIQUE »
Pour l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, l’aide publique au développement doit prendre en compte les spécificités culturelles en Afrique pour encourager l’émergence de modèles de développement proprement africains
La notion de « développement » vient selon vous du Nord. Que voulez-vous dire ?
C’est un fait : les critères de développement sont formulés par les puissances économiques dominantes. Celles-ci décrètent, en quelque sorte, qui peut s’asseoir à la table du G7 ou du G20. Or ces critères ne coïncident pas forcément avec les critères de développement vus d’Afrique. Notre continent a ses propres traditions, une autre manière de gérer les conflits, un autre rapport aux institutions. Nos institutions traditionnelles sont, d’ailleurs, souvent perçues à l’extérieur comme étant incompatibles avec le sens de l’évolution des sociétés.
Finalement, c’est un peu comme la définition des critères de beauté. Dans plusieurs régions d’Afrique, une femme forte est très convoitée. En Europe, il faut être mince, voire anorexique, pour mériter la couverture d’un magazine ! En ce sens, l’idée dominante de la beauté est européenne tout simplement parce que les Européens ont tous les moyens de diffuser leur définition à travers leurs journaux, leurs médias, leurs produits. L’Afrique n’a pas cette capacité à imposer aux autres ses propres critères. Et la présence de régimes autocratiques, de mon point de vue, n’arrange pas les choses. Les notions de développement et d’autocratie sont en effet antinomiques, même si la Chine est une grande puissance incontournable, et l’Inde une puissance émergente de plus en plus forte.
Face au dérèglement climatique et dans un modèle économique fondé sur la croissance de plus en plus critiqué, l’Afrique a-t-elle une carte à jouer ?
L’Afrique regarde et s’inspire des autres nations émergentes, en particulier en Amérique latine. Elle observe notamment sa capacité, à travers la valorisation des cultures et des produits locaux, à se doter d’une certaine autonomie économique et à réguler les élans faussement généreux de certains gouvernements occidentaux qui reprennent de la main droite ce qu’ils ont d’abord donné de la main gauche. Il existe indéniablement d’autres modèles de développement plus adaptés à notre continent, intégrant la manière africaine d’exister, de gérer les conflits, de partager les richesses et aussi de les fabriquer.
Quel rôle assignez-vous à la diaspora africaine ?
Elle a un grand rôle à jouer. Celui-ci consiste non seulement à donner de l’enthousiasme aux populations du continent, mais aussi à accompagner les économies locales, par ses actions et initiatives économiques. La diaspora donne déjà beaucoup, à travers ses transferts d’argent du Nord vers le Sud ou par la création d’entreprises. De même, en repensant et en réécrivant l’Afrique, la diaspora intellectuelle – comme nos aînés dans les années 1930-1940, les Aimé Césaire et autres Léopold Sédar Senghor – lui donne la possibilité de se sentir fière d’elle-même.
Dans les pays du Nord, de nombreuses voix politiques disent vouloir instaurer un « partenariat d’égal à égal ». Qu’en pensez-vous ?
On est là dans un monde idéal. Pour instaurer une relation d’égal à égal, un équilibre préalable est nécessaire. Si je veux forger un véritable partenariat avec la France, la seule richesse ne me suffit pas. Un souffle démocratique, l’esprit d’entreprise, l’existence d’un gouvernement qui ne s’apparente pas à un syndicat de responsables pillant les ressources de l’État : tout cela est indispensable. Par ailleurs, une question se pose : si les comptes publics d’un partenaire ne sont pas clairs, la France doit-elle traiter avec lui ? Il faut pouvoir être sûr que l’aide parviendra bien dans les mains de ceux à qui elle est destinée et qu’elle sera utilisée à bon escient. Certes, on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque euro dépensé. Mais il faudrait instaurer des mécanismes de contrôle adéquats. Les gouvernements des pays riches octroient souvent leur aide en faisant confiance au gouvernement pour la répartir au sein de son peuple. C’est une erreur et cela crée beaucoup de suspicion parmi la population.
Face à un gouvernement autoritaire, susceptible de détourner l’aide internationale, faut-il alors s’abstenir ?
Ce serait une erreur. Les aides font partie de la courtoisie internationale. Elles nous distinguent de la bestialité. On ne peut pas accepter l’idée de non-assistance à peuple en danger. Par ailleurs, l’aide ne vient pas de nulle part, c’est un processus qui résulte de relations historiques, économiques, culturelles communes. La population de l’État qui aide doit avoir conscience qu’il a contribué, d’une certaine manière, à la détérioration de l’espace de l’État qui reçoit cette aide. Mais il convient aussi, je le répète, de s’assurer que l’aide octroyée de bonne foi est répartie équitablement entre les partisans et les adversaires du régime en place. Il faudrait même faire en sorte que cette aide favorise une certaine démocratisation du pouvoir. Car l’aide ne se suffit pas en elle-même, il faut en examiner les conséquences sur le terrain.
Le bailleur ne s’expose-t-il pas, dans ce cas, au soupçon de « l’ingérence postcoloniale » ?
Ce soupçon ne sera sans doute jamais totalement écarté. Mais si l’on pouvait tracer le cheminement de l’aide, depuis son déblocage jusqu’à sa réception par les bénéficiaires, cette suspicion, ce soupçon de connivence, disparaîtrait en partie. Le problème, c’est qu’en Afrique, l’aide atterrit souvent dans les poches du dirigeant local…
Y a-t-il une forme d’injustice de la part des pays du Nord à demander aux pays en voie de développement de contribuer à l’Accord de Paris ?
C’est le résultat du déséquilibre entre les pays développés et les autres. Mais les gouvernements africains ne peuvent pas laisser la forêt du bassin du Congo partir en fumée. Il s’agit d’un bien commun, qu’il faut protéger tous ensemble, de la même manière que certains monuments font partie du patrimoine mondial de l’humanité. Si nous perdons cette forêt, c’est un bien de l’humanité qui disparaîtra.