La planète est fermée. Le temps s’est arrêté. Le monde s’est confiné.
En ces jours les plus sombres et les plus incertains de l’histoire de l’humanité, mieux vaut vivre confiné que d’être contaminé par la pandémie mondiale du Covid 19.
Face au pire désastre humanitaire lié à l’épidémie de décès dans le monde, les médecins sont désorientés, les gouvernements dépassés, les populations déstabilisées, quand bien même la riposte s’organiserait sur tous les plans, non sans mal.
Nous voici ainsi catapultés dans « la gouvernance de crise » où les instruments juridiques auront pour noms : pouvoirs exceptionnels ; état de siège ; état d’urgence ; loi d’habilitation ; ordonnances ; couvre-feu ; entre autres.
Dans la quasi-totalité des Etats démocratiques, le niveau de gravité et d’immédiateté du péril en appelle, avant tout, à limiter les dégâts considérablement gigantesques.
Dans cet ordre d’idées, la question de droit constitutionnel se pose en des termes à la fois simples et complexes : Comment décider juste en situation d’urgence ?
Auparavant il faut rappeler qu’au-delà des intérêts personnels les plus respectables, au-delà des intérêts collectifs les plus défendables, se placent indubitablement l’intérêt général, l’intérêt national et l’intérêt supérieur. Cet ordre public sanitaire mondial que [re]découvrent les gouvernants des pays riches et pauvres, recommande à tout Etat digne de ce nom, d’assurer la survie de la population, face à un chaos d’une ampleur sans précédent.
Décider juste en situation d’urgence
C’est pourquoi, le président de la République, à bon droit, a décrété l’état d’urgence sanitaire, le 23 mars 2020, conformément aux article 69 et 77 de la Constitution du 22 janvier 2001, en même temps qu’il a saisi ce lundi 30 mars 2020, l’Assemblée nationale en vue de l’adoption d’une loi l’habilitant à prendre pour une durée de 3 mois, des mesures relevant du domaine de la loi afin de faire face aux défis et enjeux d’ordre sanitaire, économique, financier et social imposés par la pandémie.
Soit dit en passant, cette habilitation sera probablement prorogée de 3 autres mois, compte tenu de la dure période de soudure qui arrive et de l’état de notre agriculture essentiellement pluviale.
Pour sûr, avec une forte majorité parlementaire, cette loi d’habilitation sera adoptée et publiée dans le journal officiel, le 3 avril 2020, au plus tard. Elle habilitera de jure et de facto le gouvernement à prendre un concert de mesures urgentes et d’ordonnances salutaires dans les domaines budgétaire, de sécurité sociale, de fiscalité, d’appui aux entreprises et d’assistance et de soutien aux personnes les plus vulnérables.
Le projet de loi d’habilitation actuellement sur le bureau du parlement permettra d’administrer avec diligence et agilité un « trésor de guerre » appelé Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force-Covid-19). Objectif final : lever 1.000 milliards de FCFA en provenance des structures de l’Etat et de la participation populaire et citoyenne. « Un trésor de guerre » assez modeste à nos yeux. Nous pouvons et devons aller à 1.500 milliards de FCFA, une véritable « économie de guerre » qui permettra d’alimenter les quatre fronts les plus sensibles : la protection des personnes vulnérables, l’assistance aux ménages, l’appui aux entreprises, enfin le soutien au personnel médical et aux travailleurs sociaux.
Dans cette filiation directe, il est techniquement possible de rapatrier hic et nunc les 8.000 milliards de FCFA de réserve de change dont la moitié est déposée dans les comptes d’opération de la Banque de France. Carrément ! Dans un leadership de crise, le Général en chef doit viser loin, voir grand et juger large. Sous ce rapport, nous proposons dix vigoureuses ordonnances pour le grand corps malade qu’est devenu notre cher Sénégal.
1. Mesures relatives aux personnes les plus vulnérables. Une enveloppe de 100 milliards CFA - au lieu des 60 annoncés - consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence. Au soutien de cette mesure, pour lutter efficacement contre la flambée des prix, nous proposons de subventionner le riz à hauteur de 50% tout en assurant la distribution dans les magasins référencés.
2. Mesures relatives au report des factures d’eau, d’électricité et de loyer. Il est évident que la majorité des ménages tire principalement ses revenus de l’activité informelle. En conséquence, les ménages ne pourront pas honorer leurs engagements dans les trois prochains mois. D’où la proposition de report jusqu’en juillet 2020.
3. Mesures relatives aux factures des petites entreprises. En application du principe général de droit « zéro recettes, zéro dépenses », les factures d’électricité et d’eau et de loyers des entrepreneurs, commerçants et artisans en situation de précarité professionnelle ne seront pas payées dans les trois prochains mois. Leur paiement sera échelonné sans aucune pénalité.
4. Effets induits de la baisse du prix du baril de pétrole. Du fait de l’effondrement de l’économie causé par le Covid-19, les prix du baril du pétrole brut demeurent historiquement faibles depuis un mois. La conséquence directe devrait être la forte baisse des prix de l’essence à la pompe au Sénégal dans quelques jours.
5. La réquisition pour cause d’utilité publique sanitaire des industries et usines. Plusieurs d’entre elles sont capables de participer à la production, à la confection et à la fourniture des tests, masques et gels hydro alcooliques, etc., à l’instar de l’Institut Pasteur et Valda Afrique en relation avec la Chine et la Corée du Sud.
6. La réouverture sans délai de l’usine Médis spécialisée dans la chloroquine.
La seule industrie pharmaceutique capable de produire de la chloroquine a fermé ses portes en raison des difficultés financières. Plus 120 employés licenciés pour motif économique.
7. Une allocation d’une prime exceptionnelle à tous les travailleurs du secteur de la santé livrés au combat le plus périlleux de leur vie.
8. La création d’un fond spécial d’appui aux secteurs en crise. Il s’agit de l’hôtellerie, de la restauration, du transport et des médias.
9. Mesures relatives à la dette intérieure. La priorité devra être le remboursement rapide de la dette intérieure et le rééchelonnement du service de la dette extérieure.
10. Recadrage budgétaire du ministère de la santé et l’action sociale. Le budget 2020 est arrêté à plus de 4.200 milliards de FCFA. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale bénéficie d’une modeste allocation budgétaire d’environ 192 milliards de FCFA, très loin des 15% recommandés par les organisations internationales et régionales. Sans parler de 1% réservé à la recherche scientifique. Au vu de ce qui précède, il y a nécessité absolue de multiplier par six le budget de la santé.
Résultat ! A défaut d’atténuer les conséquences économiques et sociales indéchiffrables, ces dix propositions d’ordonnances limiteront autant que possible, les dommages incalculables et insondables liés au chaos sanitaire en cours dans le monde et au Sénégal. En ces temps tristes et sinistres, abondance de précautions ne nuit pas. La vie reprendra bientôt son cours normal.
Dieu bénisse le Sénégal et pardonne l’humanité !
A tout bientôt !
Cheikh Omar Diallo est Docteur en Science Politique, Juriste et Expert en Communication, Directeur de l’Ecole d’Art Oratoire
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
UN TEMPS POUR ESPÉRER
EXCLUSIF SENEPLUS - Il y a actuellement, au Sénégal, un esprit de corps qui se forme, qui n’a pas encore de direction ni de perspectives. Il doit être prolongé après la crise en une unité d’action et de pensée - NOTES DE TERRAIN
Samedi 28 mars 2020. Il sera 20 heures, dans moins de 45 minutes. Je marche tranquillement pour rentrer. Je suis à cinq minutes de chez moi. Les nombreux appels à la prière qui tonnaient en cascades, vibrants et entremêlés, à cette heure de la journée, ne parviennent pas à mes oreilles. Un seul muezzin donne de la voix. Par ondes compressées. Son cri est faible. Les paroles arrivent dans mes oreilles par petites vibrations, presque imperceptibles. Comme des vagues à la dérive, qui montent et descendent et finissent par perdre leur énergie dans le creux des oscillations.
Un vent frais se propage. Il emplit mes narines d’un air pur. Le temps est agréable. Le soleil continue lentement de décliner derrière les murs des immeubles. Une douceur triste se diffuse dans ce crépuscule d’habitude poussiéreux et crépitant. L’instant est chargé de moiteur. Il s’insinue dans l’atmosphère un spleen fugitif. Tel un bourdon perdu, enivré de nectar, seul dans sa solitude, qui volette dans tous les sens en ruminant une nostalgie tiède. Des ombres éparses défilent çà et là. Par mouvements aléatoires.
Quelques personnes hâtent le pas. Je me dis qu’elles doivent rentrer loin. Deux hommes marchent côte à côte. Celui qui vient à ma gauche porte sur son épaule deux instruments de travail enroulés dans un sac de ciment. Je distingue une pelle. L’autre tient fermement, avec ses deux mains, les bretelles de son sac à dos. Leurs pieds lourds sont presque synchronisés. Ils ne se disent rien. Dix mètres plus loin, devant une maison défraîchie, la vendeuse de couscous de mil est absorbée par son activité. Un groupe s’agglutine autour de sa table. Elle a mis des gants et un masque. Elle tient dans sa main un sachet en plastique transparent. Elle y introduit la semoule, à l’aide d’une louche à manche courte.
Des garçons déambulent sans effort. Ils empoignent tous des baguettes de pain. Ils s’arrêtent devant un tas de sable, déposé au pied d'une maison en construction. Une voiture déboule dans la rue. Elle soulève un peu de poussière. Son conducteur klaxonne, plusieurs fois, et roule à vive allure. Là encore, je me dis qu’il doit rentrer loin, pour m’expliquer la raison de son empressement. Une boutique est ouverte, quelques mètres plus haut, à ma droite. Mais il n’y a personne à l’intérieur. Le boutiquier se tient debout à l’extérieur de son office, le pied gauche soulevé derrière, en appui contre le mur. Il balaye du regard le lointain horizon de la rue. Les deux boulangeries du quartier sont encore ouvertes. Elles sont assiégées. Une dizaine de personnes y font la queue. Bientôt, il sera vingt heures. Il faudra cesser toutes activités.
Dans notre pays, où le coronavirus semblait être une menace lointaine, extérieure, le discours et les habitudes changent. Les gens prennent conscience d’un danger, qui tel un ouragan, pourrait être dévastateur. Derrière cette inquiétude, il y a la promesse, à notre portée, d’un bel avenir. Si la majorité des Sénégalais respectent le couvre-feu et s’obligent à rester le soir chez eux, c’est un peu par contrainte. Mais c’est aussi par adhésion. Ils acceptent de faire nation. Ils sont d’accord pour mettre leurs libertés en berne. Pour être solidaires et participer à l’effort afin de vaincre la calamité qui fait trembler la planète. Il y a actuellement, au Sénégal, un esprit de corps qui se forme, qui n’a pas encore de direction ni de perspectives. Il doit être prolongé après la crise en une unité d’action et de pensée.
La majorité de nos concitoyens sont depuis longtemps enserrés dans le déclassement, la précarité, l’appauvrissement. Ils sont les oubliés d’un système sans boussole, qui les tient dans un univers de vulnérabilité. Marqué par les agressions à la culture, la déshérence de la justice, le massacre des services publics, les parjures moraux de l’autorité, la destruction des espaces de respiration. La faillite de l'espoir. Beaucoup de liens ont été coupés. Ou n’ont pu être établis dans une relation de collaboration. Nous vivons, depuis toujours, éparpillés en petites unités élémentaires. De croyances, de hiérarchies et castes sociales. Il n’est pas encore advenu, au Sénégal, un contrat social qui relie entièrement les citoyens. Les uns aux autres. La crise, vient un peu nous le rappeler. Nous avons l’opportunité, aujourd’hui, de remettre à l’endroit notre vie en communauté.
De cette anxiété, de ce temps mort, de ce grand bouleversement de l’Histoire, peut-on ouvrir une nouvelle voie ? Je le pense. Le moment est propice à la délibération. Il nous revient de trouver les logiques combinatoires et additives, qui nous permettront de vivre dans une vraie nation. En peuple. C’est-à-dire, dans un pays nouveau. Défriché des obstacles à l’émancipation de l’homme. Pour que ce dernier ne soit plus un spectateur passif, parfois fanatique, d’un système déréglé. Dans un monde qui ne lui appartient pas totalement. Puisque le chamboulement est inévitable, nous pouvons dès à présent regarder en face, sans faux-semblants, sans échappatoire, les tares et les points de ressorts. Qui doivent guider des lendemains meilleurs.
Il s’agit d’entreprendre, et de trouver des alternatives qui permettront de renouer les liens. De densifier la coopération communautaire, en qualité. De construire un vrai contrat social. Le mouvement collectif ne doit pas reprendre, après la crise, tel quel. Qu’est-ce qu’il faut pour rendre l’Etat et la justice au service des citoyens ? Quelles structures permettront de soutenir l’empathie et le progrès de l’esprit ? Comment développer une économie solidaire et protectrice ? Quels nouveaux rapports fraternels développer avec les autres et inaugurer avec le monde ? Comment mener la conversion écologique ? Quelles méthodes concevoir pour construire une démocratie directe et horizontale ? Comment mieux partager les biens collectifs ? Voici les questions qu’il nous faut poser. D’abord pour ne pas ajouter à l’anxiété. Ensuite pour entrevoir des indices qui mèneront vers un processus de régénération sociale.
Retrouvez désormais sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
A la fois instrument de musique, danse aérienne et art de vivre, le tambour sabar a été modernisé par le maître Doudou N'Diaye Rose. Son fils Tapha, qui a pris sa succession, remonte pour nous à l'origine du sabar du Sénégal
Le sabar irrigue toute la culture sénégalaise : à la fois instrument de musique, danse aérienne et art de vivre, le tambour sabar a été modernisé par le maître Doudou N'Diaye Rose. Son fils Tapha, qui a pris sa succession, remonte pour nous à l'origine du sabar du Sénégal.
LE CORONAVIRUS AU SÉNÉGAL ET DANS LE MONDE EN TEMPS RÉEL
Cas déclarés, nombre de morts et de guérison, actualisés pays par pays à la minute près
LES DIRIGEANTS AFRICAINS INTERDITS D'HÔPITAUX FRANCAIS ?
A en croire, les réseaux sociaux, Marine Le Pen aurait récemment déclaré "qu'aucun dirigeant africain ne sera accepté dans les hôpitaux français", au motif qu'ils ont eu "60 ans pour disposer d'hôpitaux dignes". Il s'agit d'une fausse citation
Observateurs de France 24 |
Publication 29/03/2020
Une citation prêtée à Marine Le Pen circule depuis la semaine dernière sur Facebook et Twitter. La dirigeante française d'extrême-droite aurait ainsi récemment déclaré "qu'aucun dirigeant africain ne sera accepté dans les hôpitaux français", au motif qu'ils ont eu "60 années derrière eux pour disposer d'hôpitaux dignes". Or cette citation n'a jamais été prononcée par Marine Le Pen : elle est inventée par un internaute, que nous avons retrouvé.
La citation a été relayée par différents comptes Facebook. L'une des publications affiche 11 000 partages.
Quelques sites ont aussi repris la citation, comme celui-ci, qui cite The Telegraph comme source. Or on ne trouve aucune trace de cette citation en regardant sur le site du quotidien britannique. Contacté, la rédaction de ce média nous a confirmé n'avoir aucune trace d'une telle citation.
Contacté, le Rassemblement national a aussi démenti, estimant qu'il s'agissait "d'une fake news".
En utilisant le site whopostedwhat, on peut parvenir à remonter au compte qui a posté cette rumeur en premier.
Nous l'avons contacté, et il a reconnu avoir inventé la citation. Il s'agissait pour lui d'une "inspiration personnelle" car il dit "en vouloir aux dirigeants africains qui ne pensent qu'au pouvoir et oublient leur peuple".
Cet exemple est typique d'une intox "bouche-à-oreille" dont la source initiale est une blague, mais qui se retrouve copiée et prise comme une vraie citation.
Il était peu probable que Marine Le Pen ait prononcé une telle phrase, étant donné les liens étroits entre sa famille et certains dirigeants africains. Dans son programme à l'élection présidentielle de 2017, Marien Le Pen proposait "un nouveau partenariat" entre l'Europe et l'Afrique, afin que les deux continents vivent "leurs identités propres dans la paix, la sincérité et la prospérité".
IL FAUT SAUVER LE SERGENT DU « 32 MARS » !
A quelque chose malheur est bon ? Ce brave Diouf Sarr, coronavirus oblige, doit rêver debout d’être le premier des ministres dans l’actualité, pour avoir grillé la politesse à tous ses collègues… Il doit s’y croire déjà : Maire de Dakar aux locales !
En ce vendredi 27 mars, c’est en prenant son ton le plus solennel que le ministre de la Santé et de l’Action sociale, l’omniprésent Abdoulaye Diouf Sarr, présente à la Nation timorée ses comptes d’apothicaire du coronavirus… Après les chiffres alarmants qui annoncent la barre franchie des 100 contaminés, ceux consolateurs de la contribution spontanée de nos compatriotes : 1,3 milliard de nos francs CFA. Nos « milliardaires » tropicaux réunis sous la bannière du patronat multicolore, auraient rassemblé, essoufflés, la colossale somme de 600 millions et des toussotements de francs CFA. Un butin qui sera viré, selon le ministre, « dès le 32 mars » dans le compte du Trésor public dédié à la lutte contre le virus « chinois ».
A n’en pas douter, Abdoulaye Diouf Sarr manifeste des signes de fatigue, même s’il fait bonne figure en présentant un teint frais et son côté le plus photogénique aux caméras et aux flashes. Y a que sa langue qui fourche, jusque-là. Le bon sens populaire le dit si bien : « niân bou nàngou sonal borôm ». Quand on est en politique, jouer les premiers rôles est un but ultime. Le président Macky Sall ayant supprimé le poste de Premier ministre, le raccourci est inévitable : le ministre de tutelle monte au créneau en temps de crise et s’offre jusqu’à une fanfaronnade publique derrière le chef de l’Etat. Un peu comme Karim Fofana qui n’en finit pas de poser il y a de cela quelques mois, quand Sa Rondeur Macky décrète le grand ménage des rues du Sénégal.
A quelque chose malheur est bon ? Ce brave Diouf Sarr, coronavirus oblige, doit rêver debout d’être le premier des ministres dans l’actualité, pour avoir grillé la politesse à ceux des Forces Armées, des Affaires Etrangères et des Finances… Il doit s’y croire déjà : Maire de Dakar aux prochaines locales !
La bataille du Coronavirus s’annonce chaude dans la Presqu’île du Cap-Vert, où convergent toutes les sénégalaiseries qui font le lit de l’épidémie : insubordination manifeste, indiscipline, promiscuité, insalubrité… Bien entendu, il y en aura que nos errements laisseront sur le carreau à la fin du décompte macabre. Si ses chiffres restent acceptables, pour notre héraut de la Santé, la conquête de la capitale est lancée !
Revenons sur terre, et à nos moutons… Pour l’heure, l’urgence est de sauver Abdoulaye Diouf Sarr, le sergent du « 32 mars ». Mission presque surhumaine, non pas parce que le microbe est invincible mais parce que le véritable ennemi est notre propre état d’esprit. Quand pointe le danger, il n’y a pas grand monde à se demander ce qui peut être fait pour ce pays auquel nous devons tout… Nous pleurnichons déjà sur notre sort : Dieu n’entend plus nos prières. La preuve, les affaires ne marchent plus !
Premiers déserteurs, les acteurs du tourisme : hôteliers, restaurateurs, transporteurs… Alors que le personnel de santé est au front, aucun d’eux ne pense à ces braves gens qui frôlent la mort et le virus au quotidien et doivent rentrer chez eux avec du virus dans les manches et les cols. Offrir le gîte, le couvert et le transport à proximité de leur lieu de travail à tous ces personnels médicaux devait être un réflexe naturel. Vous savez bien, la téranga… Rien. Ils préfèrent fermer boutique et quémander l’aide publique pour redistribuer du bénéfice encore et encore en fin d’année, quand tout ceci ne sera qu’un vague souvenir.
Le monde bigarré de la confection ferme boutique, au lieu d’anticiper sur la pénurie de combinaisons, de masques et de gants pour les personnels de santé et de sécurité… Ça préfère se terrer peureusement derrière une apparente crise économique que le corona virus nous ramène au grand galop.
La remise d’impôts de 200 milliards de francs CFA ? C’est l’inverse que les capitaines d’industries devraient demander : un paiement anticipé des impôts sans la moindre exonération, pour cas de force majeure, en exigeant que ce pactole soit consacré à la lutte contre le coronavirus et non pas à des per diem, des voyages et des heures sup’ de fonctionnaires surévalués et mauvais coucheurs…
Disons-le tout net : il n’y a pas un seul Sénégalais de trop (même pas la Fondation Servir le Sénégal) pour vaincre le coronavirus. Seulement voilà : avec la CREI qui va vous demander des comptes quand le calme sera revenu, personne n’est assez fou pour faire étalage de sa richesse. Vous savez bien, les plus riches ne sont pas forcément les plus honnêtes !
Quoi qu’il en soit, aux armes, citoyens ! Faut sauver le sergent du 32 mars…
"LA PRESCRIPTION DE LA CHLOROQUINE DOIT ÊTRE MÉDICALE"
A l’hôpital de Fann à Dakar, la chloroquine est expérimentée par le professeur Moussa Seydi, le chef du service des maladies infectieuses pour faciliter la guérison des malades - ENTRETIEN
Au Sénégal, 112 cas de coronavirus sont confirmés dans le pays. Un pays qui vit au ralenti, toujours en état d’urgence depuis le début de la semaine. Le couvre-feu est en vigueur de 20h à 6h. A l’hôpital de Fann à Dakar, la chloroquine est expérimentée par le professeur Moussa Seydi, le chef du service des maladies infectieuses pour faciliter la guérison des malades. Le médecin s’est inspiré des travaux de l’infectiologue Didier Raoult à Marseille.
Rfi : Professeur Moussa Seydi, pourquoi avoir essayé la chloroquine sur vos patients, ici à l’hôpital de Fann ?
Professeur Moussa Seydi : J’ai essayé l’hydroxychloroquine pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il y a les résultats préliminaires du professeur Raoult sur un petit nombre de patients. Parce que nous sommes en situation d’urgence sanitaire mondiale. Parce que nous avons besoin de traiter les patients très vite, pour libérer des places et prendre en charge d’autres patients. Le rapport bénéfice-risque était en faveur du bénéfice. C’est pour cela que nous avons commencé à traiter nos patients avec l’hydroxychloroquine, en ayant quand même la précaution de demander leur consentement préalable.
Vous parlez d’hydroxychloroquine… Quelle est la différence avec la chloroquine ?
L’origine est la même, mais ce sont deux molécules légèrement différentes. L’hydroxychloroquineest mieux tolérée et peut-être qu’on a besoin d’une dose mois forte avec l’hydroxychloroquine.
Vous parlez de résultats encourageants. Très concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?
Quand nous avons démarré le traitement chez nos patients, nous avons constaté que la charge virale baissait beaucoup plus rapidement. Maintenant, c’est juste un traitement que nous donnons aux malades, après consentement. Nous sommes ici dans une situation pratique, et plus tard, nous allons faire un traitement dans le cadre d’un projet de recherche scientifique, en respectant toutes les normes scientifiques avec l’Institut Pasteur de Dakar…
Là, ce n’est pas scientifique, ce que vous faites ?
C’est scientifique, mais ce n’est pas de la recherche. Si on avait une étude validée à cent pour cent, on aurait prescrit le traitement. Donc le médecin prescrit le traitement pour pouvoir guérir son malade. Ce n’est pas dans la recherche. C’est dans la prescription, juste dans la pratique.
Sur combien de patients vous avez essayé la chloroquine, à l’heure actuelle ?
Nous l’avons utilisée sur une cinquantaine de patients à l’heure actuelle.
Il y en a qui s’en sont sortis, qui sont guéris grâce à cela ?
Il y a peut-être une personne qui est guérie, mais d’ici une semaine on verra le nombre de patients qui vont s’en sortir. Parce que là, nous nous sommes basés sur les résultats de l’Institut Pasteur, qui nous montrent une baisse assez rapide de la charge virale.
L’Organisation mondiale de la santé est assez réservée au sujet de la chloroquine aujourd’hui. Est-ce que vous n’avez pas l’impression d’aller contre l’avis de l’OMS, en vous lançant dans ces expérimentations ?
Je ne me positionne pas par rapport à aller contre un avis ou à un autre. Non, je prends mes responsabilités en tant que médecin. Je suis responsable de la prise en charge de ces malades au niveau national et je suis chercheur en même temps. Je prends toutes mes responsabilités en fonction de la manière dont je vois les choses. Ceci dit, ce médicament est à déconseiller en automédication. Ce serait très dangereux de le faire en automédication, et en prévention, il n’est pas prouvé que cela marche.
Vous lancez donc un appel aux Sénégalais : « Ne vous ruez pas sur la chloroquine ». C’est ce que vous leur dites ?
Je leur dis : non seulement, ne vous ruez pas sur l'hydroxychloroquine, mais c’est dangereux pour (vous)… La prescription doit être médicale ; ils ne connaissent pas les contre-indications. Par exemple, l’hydroxychloroquine ne doit pas être administrée chez un enfant de moins 6 ans, chez une femme enceinte, une femme en état de grossesse, une femme qui allaite… Devant certaines pathologies oculaires ou cardiaques on ne doit pas l’utiliser…
La transmission est devenue communautaire. Quel regard portez-vous là-dessus ? Etes-vous inquiet, professeur ?
La transmission communautaire est une bombe ! La transmission communautaire peut nous mener vers n’importe quelle situation. On peut se lever un beau jour et avoir le nombre de cas multiplié par dix, quinze, cent ! Vous voyez, on vous disait dans les premières études comment on a contaminé deux à trois patients… Ensuite, d’autres ont dit sept, huit, neuf, patients... Mais nous, nous avons un patient qui a contaminé vingt-cinq autres personnes. Donc la transmission communautaire c’est vraiment extrêmement inquiétant pour nous !
Le virus circule au-delà des horaires de couvre-feu, de 20 heures à 6 heures ; est-ce qu’il ne faudrait pas aller plus loin et opter pour le confinement des populations, comme cela se fait dans beaucoup de pays européens ?
Vous avez raison. C’est cela la bonne méthode sur le plan sanitaire. C’est cela qu’il faut faire. Mais comme vous le savez, il faut tenir compte d'autres aléas.
Le président n’est pas allé assez loin, selon vous ?
Il est allé assez loin. Il est allé, même plus loin, mais il suit les recommandations qu’on lui donne. Nous, nous faisons des recommandations et à partir de nos recommandations, il prend les décisions. A l’heure actuelle, il n’y a pas eu une recommandation unanime pour demander un confinement total (compte tenu) de notre mode de vie : les gens vivent au jour le jour, la plupart sont dans un état assez précaire… Donc le confinement total peut être un peu difficile. Le fait de travailler à domicile, le télétravail, tout cela ce sont des aspects assez complexes. Donc il faut mûrir tous ces aspects, avant d’aller vers un confinement total. Mais il est presque certain que, tôt ou tard, nous irons vers cela.
Avez-vous les moyens, aujourd’hui, de travailler à éradiquer ce virus ?
Oui, par rapport au nombre de cas, nous avons parfaitement les moyens. Nous sommes à l’aise pour travailler, comme je l’ai toujours dit depuis le début. Mais si le nombre de cas explose, on n’aura plus les moyens…
A partir de combien de cas cela va devenir un problème ?
C’est difficile de dire à partir de combien de cas, parce que chaque fois on s’adapte. Mais il vaut mieux ne pas attendre tous ces milliers de cas comme en Europe : on serait dans des difficultés plus énormes encore que les difficultés constatées dans ces pays. Donc la prévention doit être le combat qu’il faut mener en priorité.
LA GRANDE ÉQUATION DES RESPIRATEURS ARTIFICIELS
La barre des 100 patients souffrant de la Covid-19 franchie, des spécialistes commencent à s’interroger sur les capacités du pays à prendre en charge un flux massif de malades. Surtout ceux qui auront besoin d’appareils de respiration artificielle
Après 25 jours de présence de la Covid-19 au Sénégal, la situation semble toujours sous contrôle. Dans les différents centres de traitement, les autorités ne cessent de se déployer pour assurer aux malades les meilleures conditions de traitement. Mais la question qui taraude bien des spécialistes demeure les capacités du pays à prendre en charge les cas les plus graves. Une crainte d’autant plus justifiée que même les pays développés rencontrent d’énormes difficultés à ce niveau.
Anesthésiste-réanimateur, l’ancien chef du bloc opératoire de l’hôpital Le Dantec, Dr Oumar Boun Khatab Thiam, tente de rassurer : ‘’Nous pouvons nous réjouir qu’en ce moment, il n’y a pas encore de cas graves qui méritent une telle assistance. Mais il est évident que si les cas se multiplient, nous aurons des difficultés. Non seulement en termes de matériel, mais aussi en termes de personnel.’’
Parmi ces personnels incontournables pour une bonne prise en charge des cas graves de Covid-19, il y a les réanimateurs ou urgentistes et les infirmiers techniciens supérieurs en réanimation. Dans un entretien publié par la revue scientifique française ‘’Iris’’, le 24 mars dernier, le professeur Moussa Seydi, Coordonnateur de la prise en charge médicale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 au Sénégal, affirme : ‘’On pourra s’adapter, mais on aura des difficultés énormes, si le nombre de cas nécessitant une ventilation assistée est élevé.’’ Après avoir rappelé, pour rassurer, la létalité qui peut aller, selon les cas, de 2 à 3 %, il lance un appel à la sérénité, mais plus à la prévention. ‘’La négligence et le manque de prévention, souligne-t-il, peuvent entraîner une situation extrêmement grave’’.
Ainsi, au Sénégal, le nerf de la guerre, à en croire nombre de spécialistes, reste la prévention. Il faut, soutiennent-ils, tout faire pour qu’il n’y ait pas une explosion des cas positifs au nouveau coronavirus, comme c’est le cas dans certains pays européens.
Toujours est-il que, depuis l’arrivée du virus, le 2 mars, les autorités sanitaires ont fait preuve de leur capacité à s’adapter de manière plus ou moins rapide. Alors qu’à l’époque, le pays ne disposait que d’une trentaine de lits et d’un seul centre de traitement, les capacités ont été renforcées en un temps relativement court. Aujourd’hui, le Sénégal compte 4 centres de traitement, à savoir Dakar, Diamniadio, Touba et Ziguinchor, pour un total d’au moins 90 lits, rien que pour les trois premiers centres. Ce, compte non tenu de tout un dispositif mis en place pour aller crescendo. À ce niveau, donc, il semble y avoir moins d’inquiétudes.
Mais si des efforts énormes ont été faits ou sont en voie de l’être dans ce sens, les respirateurs artificiels semblent toujours faire défaut de façon criarde. Faisant des projections tenant compte du nombre de décès, de l’âge des patients et d’autres facteurs de risque, Dr Thiam évalue à environ 2 respirateurs pour 100 patients. Interpellé sur le nombre de respirateurs dans le pays, il explique : ‘’Ce qui est sûr, c’est que c’est insuffisant. Pour vous donner une idée, sachez que, puisque la létalité est entre 2 et 3 %, on suppose qu’entre 2 et 3 % de patients passent par ce stade de la réanimation et auront besoin de ce genre d’assistance. Il faut constater qu’au rythme où évoluent les cas, nous serons largement en deçà, vu le nombre de salles dont nous disposons. Il faut prier que les cas graves ne soient pas importants. Jusque-là, on touche du bois, nous n’en avons pas connaissance.’’
Du côté des autorités, c’est pour le moment le grand verrou. Les différents responsables que nous avons saisis estiment ne pas être en mesure de donner les renseignements concernant ce point. Ce qui est sûr, c’est que dans son interview accordée à ‘’Iris’’, Dr Seydi disait qu’au niveau de Fann comme à Diamniadio, il existe ‘’quelques respirateurs’’. En ce qui concerne Touba, il signalait : ‘’Les respirateurs ne sont pas encore arrivés au moment où je vous parle.’’
Par ailleurs, une chose est de disposer de respirateurs, mais une autre est de pouvoir disposer de personnels pour les utiliser. A ce niveau, les inquiétudes sont encore très importantes, selon certains spécialistes. Pour le réanimateur à la retraite, Dr Thiam, c’est d’autant plus complexe que, du fait des combinaisons qu’ils portent, les médecins réanimateurs, ou plus globalement ceux qui sont en contact avec les malades, ne peuvent rester sur une longue durée avec les patients.
Autant de choses qui rendent complexe la prise en charge et nécessiteront, après la crise, des solutions beaucoup plus structurelles. C’est, en tout cas, la conviction de l’ancienne ministre de la Santé, Awa Marie Coll Seck, il y a quelques jours, sur la Télévision futurs médias. Interpellée sur la disponibilité des respirateurs artificiels pour prendre en charge les cas les plus graves, elle annonçait : ‘’On n’en a pas suffisamment. C’est pour cela, lorsque j’étais à la tête du ministère de la Santé, on avait tout fait pour avoir des urgentistes bien formés. Je crois qu’on n’est pas à un stade où l’on peut dire que tout va bien. Je pense que la pandémie est arrivée à un point où les pays vont revoir leur méthode.’’ A bon entendeur !
AUDIO
OBJECTION AVEC AIDA SYLLA
Le professeur titulaire de psychiatrie dresse le tableau psychologique des Sénégalais en cette période de pandémie, au micro de Baye Omar Guèye
Aida Sylla, professeur titulaire de psychiatrie à l'Ucad, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
COVID-19 : FODÉ SYLLA LANCE UN SOS POUR LES MIGRANTS AFRICAINS
S’exprimant dans un communiqué parvenu à l’APS, l’ex-président de ‘’SOS Racisme’’ et ancien député européen, a par ailleurs salué ‘’les efforts du maire de Marsa, en Tunisie, Moez Bouraoui qui, selon lui, a lancé un appel à la solidarité pour les réfugiés
Saint-Louis, 29 mars (APS) - Fodé Sylla, ambassadeur itinérant auprès du chef de l’état, Macky Sall, a déploré la situation des réfugiés et des migrants, soulignant qu’ils sont des centaines de milliers à travers l’Afrique à être ‘’piégés et démunis, constituant ainsi une menace pour eux et pour les populations locales face au COVID-19’’.
S’exprimant dans un communiqué parvenu à l’APS, l’ex-président de ‘’SOS Racisme’’ et ancien député européen, a par ailleurs salué ‘’les efforts du maire de Marsa, en Tunisie, Moez Bouraoui qui, selon lui, a lancé un appel à la solidarité pour les réfugiés subsahariens’’.
A cause des mesures de confinement et malgré l’aide que leur apportent les ONG sur le terrain, ces réfugiés sont dans la ‘’précarité et le dénuement et la communauté africaine doit soutenir cette démarche du maire de Marsa’’, souligne le texte.
Le communiqué souligne que dans ce pays, ces réfugiés ont perdu toutes leurs sources de revenus depuis l’entrée en vigueur du confinement sanitaire et la plupart d’eux sont des irréguliers n’ont pas accès aux soins médicaux.
‘’Nous devons obtenir des garanties pour que les migrants bénéficient des mesures de confinement dans les camps de rétention et exiger que les campements des migrants en Europe ne soient plus démantelés’’, soutient l’ancien député européen
Il faut un suivi médical et une aide d’urgence pour les réfugiés et migrants en Afrique, notamment sur l’axe subsaharienne et Maghreb, note le communiqué.