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30 septembre 2025
LE MALI SE REND AUX URNES POUR SES LEGISLATIVES MALGRE L’EPIDEMIE DE CORONAVIRUS
Les élections législatives maliennes, déjà deux fois reportées, ont finalement lieu ce dimanche 29 mars, en pleine épidémie de Covid-19. Le pays compte à ce jour 18 cas déclarés, ainsi qu'un mort.
Les élections législatives maliennes, déjà deux fois reportées, ont finalement lieu ce dimanche 29 mars, en pleine épidémie de Covid-19. Le pays compte à ce jour 18 cas déclarés, ainsi qu'un mort.
Au Mali, les bureaux de vote ont ouvert à 8h (TU et heure de Bamako) ce dimanche. Au quartier Mali, dans le sud de la capitale, quelques personnes étaient déjà devant les portes des bureaux avant l'ouverture. Il s'agit de l’un des plus gros centres de la capitale : plus de 9 000 personnes y sont inscrites, selon son président.
La journée de vote s’annonce particulière en raison de la pandémie de Covid-19. A Bacodjicoroni, il n’y avait quasiment que les assesseurs présents. La plupart avec leur matériel de protection personnel. « Un seul masque et une seule paire de gants ont été distribués par bureau de vote », expliquait un coordinateur de centre ce matin.
Des stations de lavage ont été installées à l’entrée. Certains électeurs s’y arrêtent, mais d’autres passent devant sans se laver les mains. Ce matin, il était difficile de respecter les mesures de distanciation dans les bureaux de vote.
Craintes pour la participation
Vers 8h30, le ministre de l’Administration du territoire, organisateur du scrutin, a fait le déplacement au quartier Mali pour aller voter. « Aucune instruction, que les gens sortent voter », a lancé Boubacar Alpha Bah. La grande question du jour en effet, c’est celle bien-sûr de la participation.
Mamadou Diallo, lui, s’est déplacé pour voter car dit-il « il faut renouveler le mandat des députés, illégal depuis un an ». Cependant, même lui s’attend à une faible participation. D’autres, effrayés par le coronavirus, ne feront pas le déplacement.
« Il n’y a même pas un stylo par électeur. Tout le monde va tremper son doigt dans la même encre et on risque de se contaminer », s’inquiétait ainsi un chauffeur de taxi qui a fait le choix de rester chez lui.
Selon le ministère de l’Administration du territoire, il y a une semaine, seulement un quart des électeurs avaient récupéré leur carte de vote, un chiffre inférieur au taux de retrait national, qui est de 60 %.
LE SÉNÉGAL ENREGISTRE 12 NOUVEAUX CAS
Comme tous les jours depuis l’apparition du Covid 19 au Sénégal, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait le point de la situation sur cette pandémie. Selon les derniers chiffres publiés, la maladie continue de gagner du terrain au Sénégal.
Comme tous les jours depuis l’apparition du Covid 19 au Sénégal, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait le point de la situation sur cette pandémie. Selon les derniers chiffres publiés, la maladie continue de gagner du terrain au Sénégal.
Sur les 151 personnes testées, 12 sont revenues positifs. Il s’agit de quatre cas importés et de huit cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé. Neuf patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et sont, donc, déclarés guéris. Selon Abdoulaye Diouf Sarr, l’Etat de santé des patients hospitalisés est stable.
Donnant les détails des cas enregistrés jusqu’ici, il indique, à ce jour, 142 cas ont été déclarés positifs au Sénégal dont 27 guéris et 115 encore sous traitement.
Le ministère de la santé et de l’action renouvelle à la population son appel au respect strict des mesures de préventions individuelles et collectives. Il faut préciser que les cas communautaires ont diminué là où les cas contacts se multiplient.
PAR Kako Nubukpo
ET SI LE CORONAVIRUS ÉTAIT UNE CHANCE POUR LES ÉCONOMIES AFRICAINES ?
Les dirigeants africains doivent comprendre que le discours de leurs collègues occidentaux a toujours été à géométrie variable. Sous-traiter à d’autres les attributs de sa souveraineté économique est une erreur
Jeune Afrique |
Kako Nubukpo |
Publication 28/03/2020
« Le temps du monde fini commence. » Cette pensée du poète français Paul Valéry traduit bien l’atmosphère de fin d’époque qui englobe la planète, avec l’accélération des décès dus à la pandémie de Covid-19. L’Afrique n’échappe pas à la panique, même si ce sentiment est plus observé parmi ses élites urbaines mondialisées qu’au sein des populations rurales. Ces dernières, traditionnellement laissées en marge de « l’émergence », savent bien qu’en dépit de sa dangerosité le coronavirus ne causera pas autant de décès parmi les Africains que le fléau du paludisme.
Un FMI en plein aggiornamento et toujours plus keynésien
Et pourtant, le paludisme n’a jamais fait l’objet de mesures d’état d’urgence ou de « riposte coordonnée » chez nombre de dirigeants africains, pourtant plus prompts à imiter la sémantique guerrière de leurs congénères occidentaux, dans un mimétisme qui confine souvent au ridicule, qu’à être attentifs aux besoins vitaux de leurs populations.
Il n’empêche, cette pandémie du coronavirus a le potentiel, si l’on accepte de tirer les leçons de son impact, encore mal évalué, d’engendrer un changement de vision salutaire sur la marche économique à adopter en Afrique, à court terme et à moyen terme.
À court terme, les annonces de mobilisation de ressources donnent le tournis : 3 000 milliards de dollars aux États-Unis, 2 500 milliards d’euros en Europe et plus de 450 milliards de F CFA (environ 700 millions d’euros) en provenance de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, une véritable prouesse de la part d’un régulateur financier peu habitué à autant de prodigalité en matière de création monétaire.
Même le FMI n’en finit plus de faire son aggiornamento intellectuel, devenant à chaque crise majeure plus keynésien que les plus orthodoxes des disciples de l’économiste britannique John Maynard Keynes, avec des liquidités faramineuses prêtes à être injectées dans l’économie mondiale.
Cruel déficit de financement des activités génératrices de revenus
Ces mesures conjoncturelles sont d’autant plus bienvenues que les économies africaines souffrent cruellement d’un déficit de financement des activités génératrices de revenus et de la chute drastique de la demande mondiale. Parmi ces conséquences : un dévissage du cours mondial du baril du pétrole, tombé en deçà de 25 dollars, et la fin d’une forme de tourisme mondialisé, avalisée par la fermeture généralisée des frontières.
L’Afrique, déjà exposée au risque de surendettement, subit, elle, de plein fouet ce choc sur la demande mondiale. Trois de ses six premières économies (Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Angola et Maroc, soit 65 % du PIB du continent) sont fortement dépendantes du pétrole (Nigeria, Angola et Algérie). Dans la zone CFA, en Afrique centrale, les États devront subir le même cycle dépressif qu’en 2015-2016. Ce qui renouvelle les craintes d’une dévaluation du franc CFA expérimentées au second semestre de 2016.
Renoncer aux discours néolibéraux des bailleurs de fonds
Cette période constitue peut-être une occasion inouïe pour le continent de renoncer aux discours néolibéraux des bailleurs de fonds qui nous ont conduits à négliger la construction d’États dignes de ce nom et celle de secteurs clés (santé, éducation…) dans le cadre des programmes d’ajustement structurel et de leurs multiples avatars récents. Nos dirigeants devraient comprendre que le discours de leurs collègues occidentaux est – et a toujours été – à géométrie variable. Aujourd’hui, les gardiens intraitables de l’austérité se montrent soudain plus pragmatiques, loin de leurs propos habituels sur les urgences de « l’équilibre budgétaire » et de « la stabilité monétaire ».
Trouver une réponse structurelle aux défis du développement
Pour l’Afrique, le principal enseignement à moyen terme de la crise du coronavirus est celui-ci : le continent continuera d’être vulnérable aux chocs exogènes tant qu’il ne trouvera pas de réponse structurelle aux défis de son développement. Une chose est claire : la perpétuation d’une insertion primaire du continent au sein du commerce international, à savoir se limiter à exporter des matières premières vers le reste du monde et attendre passivement en retour des ressources financières volatiles qui alimentent les économies de rente, est proprement mortifère.
Transformer sur place les matières premières
L’urgence africaine, c’est la transformation sur place des matières premières, qui seule est véritablement capable de créer de la valeur, des emplois, et de diversifier la base productive de l’économie. C’est de cette manière que l’Afrique pourra alimenter son futur marché intérieur de plus de 2 milliards d’habitants grâce à sa propre production et réduire sa vulnérabilité vis-à-vis du reste du monde.
L’historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo ne cessait de dire : « Il ne faut pas dormir sur la natte des autres, car c’est comme dormir par terre. » Aujourd’hui, l’Afrique est à terre et attend une énième fois un secours en provenance du reste du monde. Gageons qu’elle saura se relever par elle-même et qu’elle comprendra enfin qu’elle ne pourra pas sous-traiter à l’infini tous les attributs de sa souveraineté économique.
Kako Nubukpo est économiste, ancien ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques du Togo et ancien directeur de la Francophonie économique et numérique au sein de l’OIF.
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La TFM propose des programmes faisant office de cours aux enfants déscolarisés à cause de la pandémie de Covid-19
La chanteuse malienne a été « élargie » de la prison de Fleury-Mérogis, où elle a passé quinze jours (et fait la grève de la faim), en raison d’un mandat d’arrêt européen lancé contre elle par la Belgique en octobre 2019 pour enlèvement, séquestration et prise d’otage de son propre enfant — sa fille Uma, 5 ans, qui vit avec elle à Bamako. Une remise en liberté qui « va lui permettre de se battre à la fois pour la levée du contrôle judiciaire dont elle fait encore l’objet à Paris, et contre le mandat d’arrêt en lui-même », précise son avocat Kenneth Feliho. Pour ce faire, elle va se pourvoir en cassation en France.
L’affaire oppose Rokia Traoré à son ex-compagnon Jan Goossens, ancien directeur du prestigieux Théâtre royal flamand (KVS), actuel directeur du Festival de Marseille. Un an après leur séparation en août 2018, et une première plainte déposée à Bruxelles par Rokia Traoré pour attouchements sexuels du père sur la fille, il a obtenu la garde principale de sa fille (60 % du temps) en première instance en Belgique. Une décision dont Rokia Traoré fait appel — appel en cours pour lequel elle s’est rendue à Paris, où elle a été arrêtée. Depuis, elle a porté deux autres plaintes pour attouchements, et elle ne « présente » l’enfant ni à son père, ni à la justice belge — qui a classé sa plainte sans suite. Or, l’article 432 du code pénal belge estime que retenir l’enfant dans un pays « étranger » représente une circonstance aggravante, passible de un à cinq ans de prison.
La scène artistique et intellectuelle remontée
Le contentieux privé s’est étalé sur la place publique, où les réactions ont été symptomatiques d’un « ras-le-bol » post-colonial diffus, qui dépasse largement ce fait divers. L’emprisonnement de la diva malienne a fait bouillir le monde artistique, intellectuel ainsi qu’une partie de l’opinion africaine et afrodescendante. Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais, a le premier crié « au scandale » sur sa page Facebook. Youssou N’Dour, Salif Keita et Angélique Kidjo ont emboîté le pas.
Une pétition lancée par l’association belge de mères monoparentales, les Mères veilleuses, a rassemblé 30 000 signatures, tandis qu’une tribune publiée par Libération a estimé « inacceptable qu’à l’heure où il est de bon ton de distinguer l’homme de l’artiste, la mère, la femme, la Noire et la musicienne subissent sans égards un sort d’une telle violence ». Ce texte a été signé par Edgar Morin, Barbara Cassin, Achille Mbembe et Souleymane Bachir Diagne, entre autres sommités.
Simon Njami, commissaire d’exposition renommé, ancien directeur des Rencontres photographiques africaines de Bamako et maître d’œuvre de la Biennale des arts de Dakar en 2016 et 2018, a transmis au Monde diplomatique ce billet d’humeur : « Cette année 2020 où à la demande du Président de la République devrait s’ouvrir Africa 2020, la Saison artistique africaine, le signe qui vient d’être donné aux artistes africains est pour le moins clair : vous serez traités comme des moins que rien. Et la criante contradiction entre les discours et les faits me contraint à me demander ce que la France attend de l’Afrique et des Africains. Imaginez un instant Élisabeth Huppert ou Catherine Deneuve accueillies de la sorte dans un quelconque pays. L’événement provoquerait un scandale planétaire. Mais que pèse l’Afrique dans le débat international ? Que pèse l’Afrique dans la conscience de l’ancien colonisateur ? Bien peu semble-t-il. »
Deux poids deux mesures
Des mères africaines se sont reconnues dans l’affaire, emblématique d’un deux poids deux mesures dans le règlement des litiges chez les couples mixtes. Le cas Rokia Traoré irrite d’autant plus en Belgique que l’un des avocats de Jan Goossens s’est forgé une réputation de misogyne notoire. Sven Mary a dit à la presse en mars 2019 qu’il n’engagerait plus de femme stagiaire dans son cabinet. La raison ? Une mauvaise expérience avec une jeune femme « qui prétendait avoir eu une mauvaise évaluation à cause du fait qu’elle n’avait pas cédé à mes avances, et je ne veux plus m’exposer à ce genre de risque ». Et de préciser : « Évidemment, elle a fait chou blanc car sa plainte n’était basée sur rien ». De son côté, une ancienne employée du KVS, à Bruxelles, n’est pas étonnée du jusqu’au-boutisme de Jan Goossens, qu’elle décrit comme un « dictateur qui faisait régner la peur au théâtre », et dont le « seul comportement a incité beaucoup de collègues à signer la pétition pour Rokia Traoré, même si nous ne la connaissons pas ».
La chanteuse, qui a la double nationalité française et malienne, et dont la fille a la double nationalité belge et malienne, refuse de se plier à une justice belge à laquelle les mères afrodescendantes reprochent un lourd passif colonial. En Belgique, l’enfant d’un couple mixte se verrait le plus souvent confié au conjoint belge de souche, estimé a priori comme un parent plus responsable, dénoncent des collectifs.
L’histoire particulière des métis belgo-africains
Pour mémoire, les enfants métis des colonies belges (République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi) ont fait l’objet d’une « ségrégation ciblée », ne devant se mélanger ni avec les colons belges, ni avec les « indigènes ». Entre 14 000 et 20 000 d’entre eux ont été arrachés à leur mère africaine avant les Indépendances pour être confiés à des religieux, dans des orphelinats ou des pensionnats. Entre 1959 et 1962, un millier de métis ont été « rapatriés » en Belgique, séparés de leurs mères et de leurs fratries, pour être placés auprès de familles d’accueil ou d’institutions. Les 90 % qui n’étaient pas reconnus par leur père n’avaient pas la nationalité belge, et ont dû se battre pour l’obtenir.
Le drame n’a fait l’objet d’excuses officielles de la Belgique qu’en avril 2019, par la voix du premier ministre Charles Michel. François d’Adesky, cofondateur de l’association Métis de Belgique, né en 1946 d’un père belge employé d’une société minière et d’une mère rwandaise, a vu son long combat enfin reconnu.
« Je souhaite aussi exprimer notre compassion envers les mamans africaines, dont les enfants leur ont été arrachés », a déclaré à cette occasion le premier ministre, souhaitant que « ce moment solennel soit une étape supplémentaire vers une prise de conscience de cette partie de notre histoire nationale ».
Quoi qu’il en soit, les parents africains ou afrodescendants qui entrent dans des litiges autour de la garde de leurs enfants estiment avoir du mal à faire valoir leurs droits. Un chercheur italien, Maurizio Ambrosini, a pointé dans la Revue européenne des migrations internationales la « complexité » par nature des situations familiales transnationales. En France, la récurrence des litiges au sujet d’enfants issus de couples franco-algériens a donné lieu à des conventions entre les autorités des deux pays. Mais faute de statistiques et d’enquêtes sur le sujet précis des couples mixtes afro-européens, un sentiment d’injustice diffus émerge dans le débat public en Belgique.
« Il y a un patriarcat et un racisme encore largement inconscients dans les tribunaux belges, même chez les avocats et même quand le père est africain, témoigne ainsi une mère belgo-béninoise qui s’est battue pour obtenir une pension alimentaire. J’ai dû me justifier auprès du juge sur l’utilité des dépenses pour les loisirs de mes enfants, comme s’ils n’en avaient pas besoin. J’ai été choquée d’entendre des propos au tribunal sur un prétendu « modèle de famille africaine » dans lequel le père serait de toute façon absent. C’est très humiliant ».
Passeport diplomatique malien
Certains se demandent pourquoi Rokia Traoré a choisi de faire escale à Paris, où elle savait qu’elle se jetait dans la gueule du loup, même avec son passeport diplomatique malien — que la police française lui a indiqué « ne rien valoir » dans son cas — au lieu d’aller directement à Bruxelles. Déjà arrêtée une première fois à Dakar, en octobre, elle avait été libérée après intervention des autorités sénégalaises auprès d’Interpol. Elle a ensuite passé deux jours de garde à vue à Paris fin novembre, en route vers la Russie, après une escale à Bruxelles, où le juge d’instruction lui a donné deux mois pour « présenter » l’enfant à son père, puis encore un mois en janvier 2020.
Son passage en prison, retentissant, devrait faire bouger les lignes — et pas seulement pour son seul cas. La décision de la justice belge est remise en question par les avocats, d’autant plus que le Mali a rendu un jugement en référé — qui ne pèse pas plus lourd en Europe qu’un passeport diplomatique malien — confiant la garde exclusive de la fillette à sa mère.
En dehors de cet imbroglio, pour nombre d’observateurs africains, toute l’affaire relève d’une question de principe : pour un seul cas symbolique et aussi médiatisé que celui de Rokia Traoré, qu’en est-il de tous les anonymes africains qui traversent ce type de conflit ? Si le sort réservé à une ambassadrice de la culture ouest-africaine heurte autant, c’est qu’il renvoie à un profond mépris, dénoncé en ces termes par Koyo Kouoh, commissaire d’exposition et directrice du musée d’art contemporain Zeitz Mocaa au Cap, en Afrique du Sud : « On ne peut nous célébrer et nous humilier en même temps ».
COMMENT MANU DIBANGO S'EST FAIT PILLER SON PLUS GRAND SUCCÈS PAR MICHAEL JACKSON ET RIHANNA
Riche de plus de 40 albums, la carrière du saxophonniste mort le 24 mars du Covid-19, est pourtant souvent résumée à un seul titre de 1972 : "Soul Makossa". Et pour cause : un sample extrait de ce titre figure (illégalement) dans deux tubes planétaires
France Inter |
Julien Baldacchino |
Publication 28/03/2020
"Mamasé Mamasa Mamakossa" : si vous avez tendu l’oreille à la radio ou dans des soirées ces quarante dernières années, il y a des chances que vous ayez mémorisé ces mots entêtants, récités comme un mantra. Et pour cause : on les retrouve non pas dans un, mais dans deux tubes de la musique pop : "Wanna be startin’ something" de Michael Jackson, et "Don’t stop the Music" de Rihanna.
Mais en réalité, c’est Manu Dibango qui en est l’auteur. Le chanteur et saxophoniste camerounais, mort ce mardi des suites du Covid-19, la maladie véhiculée par le coronavirus, a laissé sa patte dans ces deux tubes internationaux, à son insu. Car l’histoire de cette phrase musicale est celle d’une des plus grandes affaires de plagiat de l’histoire de la musique moderne.
Tout commence en 1972, quand Manu Dibango sort son titre "Soul Makossa" sur un album éponyme. Le titre est enregistré, à l’origine, pour être la face B de l’hymne de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se joue cette année-là au Cameroun. Il crée alors ce titre, inspiré du makossa, style musical camerounais, mêlé des influences jazz et soul cultivées par Manu Dibango. Le disque est cassé par milliers au Cameroun (par les supporters déçus de la défaite camerounaise), fonctionne modérément en France, mais est surtout exporté vers les États-Unis par des disc-jokeys qui le passent à la radio.
"Comme on a perdu la coupe, personne ne voulait plus entendre parler de ça", a raconté Manu Dibango, en 2014 dans une interview à TV5 Monde. "Mais quand les noirs américains sont venus chercher de la musique en France dans les petits labels, il y avait ce 45 tours". Le succès du titre outre-Atlantique permet à Manu Dibango de partir pour la première fois en tournée américaine.
Premier acte : Jackson reprend Dibango
Dix ans plus tard, un certain Michael Jackson réutilise la phrase d’accroche de ce titre pour en faire le refrain d’une chanson intitulée "Wanna be startin’ something". Il se trouve que ce titre est le premier d’un album nommé "Thriller", qui n’est autre que le disque le plus vendu du monde.
Si Manu Dibango a reconnu après coup que Michael Jackson "a fait revivre la chanson", il intente alors une action en justice pour faire reconnaître ses droits, car il n’est pas mentionné dans les crédits du titre. Face à lui, les avocats de Michael Jackson assurent qu’il s’agit d’un air traditionnel - Dibango dit quant à lui ne pas se souvenir la genèse exacte de cette phrase.
"Il y a eu des procès, on a fait travailler les avocats. Toujours est-il qu’il a écouté la musique de Manu, il a aimé ce morceau, il l’a prise, d’une façon pas toujours correcte. Mais il y a eu un procès, des arrangements après. Ce qui veut dire qu’il y a eu une reconnaissance", racontait-il, toujours à TV5 Monde. Au Parisien en 2009, il détaille les termes de l’accord financier : sa maison de disques touche un million de francs (environ 150.000 euros), lui un autre million.
Deuxième acte : Rihanna reprend Jackson, qui s'auto-remixe
L’histoire aurait pu s’arrêter là… mais elle a recommencé au milieu des années 2000. En 2007, la chanteuse Rihanna sort un titre nommé "Don’t Stop The Music", qui réutilise un sample de la chanson de Michael Jackson - et donc de celle de Manu Dibango.
Et en 2008, pour le 25e anniversaire de Thriller, le roi de la pop co-signe avec le rappeur Akon un remix de la chanson.
Touché par ces deux nouvelles utilisations de sa chanson (Les Enfoirés reprennent même cette année-là "Don’t stop the music", toujours sans créditer Dibango), le chanteur attaque à nouveau en justice, en 2009, les maisons de disques de Michael Jackson et de Rihanna : l’accord obtenu en 1986 ne couvrait pas les utilisations futures de la chanson.
Pourtant, la plainte est jugée irrecevable : l’année précédente, un juge avait demandé à la maison de disques de Rihanna de créditer Manu Dibango sur les pochettes des rééditions du disque… et l’artiste s’était désisté de son action en justice. Au final, Manu Dibango n’a donc jamais touché un centime de plus de ces deux titres sortis dans les années 2000.
par Cheikh Tidiane Dièye
IL EST TEMPS DE CONFINER LE PRÉSIDENT !
A partir du moment où le virus est dans la communauté, chaque individu, y compris ceux qui rentrent au Palais, en devient un potentiel porteur. La légèreté et le relâchement ne doivent pas venir d’en haut
Je comprends bien qu’il était utile de discuter avec l’opposition parlementaire en amont, pour déterminer les modalités et conditions d’adoption et de mise en œuvre d’une Loi d’habilitation. Encore que, dans le contexte actuel, un échange téléphonique aurait pu suffire.
Mais le défilé incessant de personnes au palais de la République m’est incompréhensible. Car il ne renvoie pas seulement des signaux contradictoires à la population quant aux mesures de sécurité sanitaire à prendre, notamment la distanciation sociale et l’évitement des déplacements. Il met aussi clairement en danger le Président, Commandant en Chef dans cette guerre que nous menons. A partir du moment où le virus est dans la communauté, chaque individu, y compris ceux qui rentrent au Palais, en devient un potentiel porteur. Il suffit alors de toucher une rampe d’escalier, un vase, un micro, l’accoudoir d’un fauteuil, etc. pour y déposer le virus, avant qu’un autre ne le ramasse pour l’amener ailleurs.
Le Professeur Seydi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann vient de nous rappeler que le grand danger est encore devant nous. La légèreté et le relâchement ne doivent pas venir d’en haut. Or j’ai le désagréable sentiment que les autorités ne montrent pas encore, par leur comportement, que l’heure est vraiment grave.
Si cela peut rassurer le Président, qu’il sache que tout le monde est derrière lui, avec lui. Il n’a pas besoin de recevoir tout le monde, pour bâtir le consensus autour de la pandémie. Il faut tout juste qu’on le préserve pour qu’il continue de commander. L’exemple du Premier Ministre Britannique Boris Johnson devrait montrer à tous les Chefs d’État qu’ils ne sont pas à l’abri, en dépit des précautions que leurs équipes peuvent prendre.
APPEL CONTRE LA STIGMATISATION DES PERSONNES
Le Haut Représentant pour l'Alliance des civilisations des Nations Unies, et le Conseiller spécial pour la Prévention du génocide, expriment leur préoccupation face aux discours de haine visant des individus arbitrairement associés au covid-19
SenePlus publie ci-dessous, l'appel conjoint à la solidarité, à la compassion et à l'unité de Miguel Moratinos, Haut représentant pour l'Alliance des civilisations et Adama Dieng, Conseiller spécial pour la Prévention du génocide, en cette période de crise sanitaire mondiale due à la pandémie du coronavirus.
"Le Haut Représentant pour l'Alliance des civilisations des Nations Unies, Miguel Moratinos, et le Conseiller spécial pour la Prévention du génocide, Adama Dieng, expriment leur vive préoccupation face à l'augmentation de la stigmatisation, des discours de haine et des crimes de haine visant des individus et des groupes injustement dénigrés et arbitrairement associés au coronavirus à travers le monde. «Nous sommes tous confrontés au même ennemi, qui est invisible, progresse rapidement, emportant des vies et causant des ravages sans discrimination. Mais lui permettre de déchirer le tissu de nos sociétés est peut-être l'un des bouleversements les plus graves que la pandémie de COVID-19 inflige à notre monde », ont déclaré le Haut représentant et le Conseiller spécial.
Même si la pandémie représente une menace mondiale pour la paix et la sécurité, elle offre également l'occasion de faire preuve d'unité et de se donner la main. Puisque la pandémie affecte tout le monde, nous devons tous nous rappeler notre humanité commune, que nos vies sont interconnectées et que notre survie dépend d'un soutien réciproque.
En cette période de distanciation physique, nous appelons à la solidarité sociale et à la construction de ponts de générosité et de compassion qui transcendent les barrières érigées par l'homme. Nous appelons également à la protection des plus vulnérables, y compris les personnes âgées, qui sont les plus affectés par la pandémie.
Plus que jamais, il est impératif de lutter contre la stigmatisation, le discours de haine, la xénophobie, le racisme et toutes les formes de discrimination qui sont un affront aux valeurs et droits humains universels. Vaincre la pandémie implique une coopération internationale efficace et la mise en oeuvre d'une approche de l'ensemble de la société, qui inclut les gouvernements nationaux, la société civile, les médias, les entreprises privées, les leaders religieux, les jeunes et les femmes.
Miguel Moratinos et Adama Dieng saluent le Plan mondial de réponse humanitaire au COVID-19 lancé par le Secrétaire général pour veiller à ce que personne ne soit laissé en arrière dans la lutte contre cette pandémie. Ils saluent également le leadership dont ont fait preuve certains gouvernements dans la promotion de messages de solidarité et d'unité à travers le monde et dans la mise en oeuvre de mesures contre la propagation du COVID-19.
Miguel Moratinos a souligné que l'Alliance des civilisations des Nations Unies continue de s'efforcer de respecter sa devise -« De nombreuses cultures. Une seule humanité.»- en encourageant le dialogue interculturel et interconfessionnel, en jetant des ponts de compréhension et en combattant les stéréotypes et la polarisation.
Adama Dieng a souligné que son bureau intensifie ses efforts pour mettre en oeuvre la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies pour lutter aux niveaux national et mondial contre le discours de haine, la stigmatisation et la discrimination qui y sont liées.
«Si nous voulons que les sociétés soient inclusives, cohésives et pacifiques, c'est le moment de favoriser une alliance entre les cultures, les civilisations et les peuples. Il n'y a pas de temps à perdre », ont ajouté le Haut Représentant de l'Alliance des civilisations et le Conseiller spécial pour la prévention du génocide./"
L'ISOLEMENT D'ALPHA CONDÉ S'ACCROÎT SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE
« La rapidité de la réaction internationale et le ton employé ne sont pas communs. Mais il est rare ces derniers temps d’avoir une telle mascarade électorale en Afrique de l’Ouest et une telle parodie démocratique », note un diplomate français
Le Monde Afrique |
Christophe Châtelot |
Publication 28/03/2020
La nouvelle constitution soumise à référendum par le chef de l’Etat a été adoptée par 92% des voix, à l’issue d’un processus électoral très contesté.
Cinq jours après un double scrutin législatif et constitutionnel boycotté par l’opposition, violemment contesté et endeuillé par la mort de plusieurs personnes, la commission électorale nationale indépendante (CENI) a finalement rendu son verdict, vendredi 27 mars au soir. Sans surprise, la nouvelle constitution soumise à référendum a été adoptée par 92% des voix. Une fausse (quasi) unanimité qui dissimule mal un paysage politique ravagé et l’isolement du pouvoir guinéen.
Sa mise au ban est notable sur la scène internationale. Trois des principaux partenaires de la Guinée - l’Union européenne, les Etats-Unis et la France - qui n’entretenaient aucune illusion sur le sens à accorder aux chiffres - avaient déjà rendu un jugement sans appel concernant le manque de crédibilité du processus électoral. Les uns et les autres ne se sont pas embarrassés de circonvolutions diplomatiques. Quarante-huit heures seulement après le vote, le Quai d’Orsay tranchait : « Le caractère non inclusif de ces élections et non consensuel du fichier électoral, ainsi que le rôle joué par des éléments des forces de sécurité et de défense excédant la simple sécurisation du processus, n’ont pas permis la tenue d’élections crédibles et dont le résultat puisse être consensuel ». Des termes quasiment identiques ont été utilisés par Bruxelles et Washington.
Pression internationale
Les Etats-Unis ont également demandé aux autorités « d’enquêter de manière rapide et transparente sur tous les décès liés aux manifestations et aux élections et que les résultats de ces investigations soient rendus publics ». Officiellement, six personnes - 12 selon l’opposition - ont été tuées dimanche, plus une trentaine d’autres ces six derniers mois. Les organisations de défense des droits humains imputent ce bilan aux tirs des forces de l’ordre mais aucune enquête n’a été ouverte.
« La rapidité de la réaction internationale et le ton employé ne sont pas communs », note un diplomate français. « Mais il est rare ces derniers temps d’avoir une telle mascarade électorale en Afrique de l’Ouest et une telle parodie démocratique », ajoute cette source. Avant même le scrutin, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao, la principale organisation sous-régionale) avaient pris leurs distances avec Conakry. Plusieurs audits avaient en effet conclu à la présence de quelque 2,5 millions d’électeurs suspects sur un total de 7,3 millions de personnes inscrites sur les listes.
Le pouvoir avait alors accepté, sous la pression internationale et singulièrement celle de ses voisins africains, de reporter ce double scrutin. Mais un report de deux semaines seulement. Et sans rien concéder à l’opposition qui demandait un assainissement transparent des listes électorales. Celle-ci exigeait également l’abandon du référendum sur une nouvelle constitution qui, à ses yeux, n’a d’autre but que de permettre au président Alpha Condé, déjà élu deux fois en 2010 et 2015, de se présenter pour un troisième mandat à la fin de l’année 2020. Ce que l’actuelle loi fondamentale lui interdit.
L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (UFR) de Sydia Touré ont donc boycotté le double rendez-vous électoral. Un boycott « actif » très suivi dans les fiefs de ces deux partis d’opposition, qui à eux deux pesaient pour 46 % des sièges au dernier parlement, accompagné du saccage de dizaines de bureaux de vote, rendant d’autant plus douteux le taux de participation de 61% annoncé par la CENI.
Scrutin vicié
La ligne de défense du pouvoir est loin d’être infaillible. Convoqué jeudi par le ministre des affaires étrangères, Mamadi Touré, l’ambassadeur de France à Conakry, Jean-Marc Grosgurin, s’est ainsi vu reprocher « l’ingérence française dans les affaires guinéennes ainsi que le parti pris français en faveur de l’opposition », nous indique une bonne source. Peu auparavant, Naby Youssouf Kiridi Bangoura s’interrogeait : « Comment juger un scrutin dont vous n’avez participé ni à l’organisation ni à l’observation? » Le porte-parole de la présidence, considéré comme un radical dans le camp présidentiel, oubliait de préciser qu’aucun pays, ni même aucune organisation africaine ou autre n’avaient voulu observer, ni cautionner, ce scrutin vicié à la racine.
Le président Alpha Condé n’est pas habitué à pareil traitement. Auréolé de son statut « d’opposant historique » - il avait été condamné à mort par contumace sous la dictature de Sékou Touré (1958-1984) puis emprisonné vingt mois pendant le règne autocratique de son successeur Lansana Conté (1984-2008) - personne n’avait remis en cause son élection en 2010 pourtant controversée (cinq mois de tripatouillages avaient séparé les deux tours de scrutin). Pas plus que celle de 2015, pour le moins surprenante, dès le premier tour. Mais à Paris, Alpha Condé ne peut plus compter sur la mansuétude de ses amis en fonction lors de ces deux scrutins, notamment l’ancien ministre des affaires étrangères (de 2007 à 2010), Bernard Kouchner, ou l’ex-président, François Hollande (2012-2017).
Outre l’adoption de la nouvelle constitution, le résultat des votes du 22 mars devrait, selon toute vraisemblance, déboucher sur un parlement monocolore, acquis au président. Autant de « succès démocratiques » que l’opposition mais aussi les partenaires de la Guinée ont promis de ne pas reconnaître.
Etat d’urgence sanitaire
Dans l’immédiat, à l’heure de compter ses amis, le meilleur allié d’Alpha Condé est probablement le COVID-19. L’état d’urgence sanitaire, décrété jeudi après l’apparition des premiers cas, interdit les rassemblements de plus de vingt personnes. « Nous n’allons probablement pas faire prendre de risques aux gens en les appelant à manifester », nous confie un opposant. Les chefs d’Etat de Côte d’Ivoire et du Niger, principales forces de pression sur Conakry avant le scrutin, ont maintenant d’autres chats à fouetter. « Chacun se replie sur ses affaires intérieures », observe un diplomate français.
Idem à Bruxelles qui étudiait pourtant la possibilité d’appliquer des sanctions personnelles ciblées contre certains responsables guinéens. « C’est aujourd’hui moins probable, admet notre interlocuteur, surtout si l’on ne peut pas s’appuyer sur les pays de la région ». Autant de temps gagné par Alpha Condé qui, toutefois, ne signe pas une victoire définitive. Cellou Dalein Diallo, le chef de l’opposition avait prévenu avant même le double scrutin : « la lutte ne se terminera pas au soir du 22 mars ».
Par Mohamed GUEYE
LE BON PAS DANS LA BONNE DIRECTION
Avec le fonds Force-Covid-19 au moins, on peut être sûr d’avoir échappé à cette sorte d’arnaque.
Le gouvernement a ouvert un compte bancaire destiné à recevoir les dons et contributions volontaires apportés par différentes sources dans la lutte contre le Covid-19. Il était temps. On a vu, dès que l’épidémie a commencé à s’étendre dans notre pays, des personnes et des organisations voir le jour pour appeler à la contribution de toutes les bonnes volontés dans la lutte. Il est vrai que la première annonce du chef de l’Etat, annonçant une mise de 1,5 milliard de francs Cfa, ne pouvait qu’inciter tout le monde à donner son obole. Et on a vu le défilé des contributeurs auprès du ministère de la Santé et de l’action sociale.
Des dirigeants d’entreprise aux personnes physiques, c’était au début une belle foire de m’as-tu-vu. Certains chefs d’entreprise donnaient même le sentiment de se faire une concurrence par rapport aux montants qu’ils annonçaient. Quand l’un déclarait donner 10 millions de Cfa, son collègue déclarait le montant de 11 millions.
Même des Sénégalais de la diaspora, à l’instar de certaines vedettes du football, n’ont pas voulu être en reste. On pourrait s’attendre à ce que cet élan pris dans l’implication des Sénégalais, ainsi que des entreprises et des personnes basées au Sénégal, continue de prendre de l’ampleur, tant tout le monde se sent impliqué par ce virus.
Le fait que le nombre de personnes infectées continue d’augmenter ne peut qu’ajouter l’inquiétude et la volonté de tous de doter nos personnels soignants de tous les moyens dont ils ont besoin pour faire leur travail ; d’où l’énorme coup de chapeau que l’on doit tirer au gouvernement pour avoir eu l’idée d’ouvrir le compte bancaire «Spécial fonds coronavirus/Covid-19» auprès de la Bceao, et d’avoir indiqué la manière d’y contribuer. Nous évitons ainsi ce que l’on a connu par le passé, dans des circonstances similaires.
En septembre 2017, des personnes, sans doute bien intentionnées au départ, avaient eu l’idée d’organiser un Téléthon pour collecter des fonds afin de venir en aide à la communauté Rohingya, cette minorité musulmane du Myanmar, persécutée par le pouvoir en place. De l’argent avait été collecté, mais dont on ne sait toujours pas comment il a été dépensé et où il est allé. On peut néanmoins imaginer qu’il n’a pas été perdu pour tout le monde.
Dans la même optique, des collectes d’argent avaient été organisées dans ce pays pour assister des personnes victimes de terribles inondations qui avaient secoué ce pays. A ce jour, on ne peut nous citer nulle famille qui a eu à en bénéficier. La faiblesse de ces initiatives individuelles avait été de manquer de coordination centrale au niveau de l’Etat. N’importe quel «bienfaiteur» pouvait se lever, faire de lui-même ses comptes et déclarer les montants reçus, ou même, comme pour la plupart des cas, ne rien annoncer à personne, et ne rendre compte à personne, sans que cela ne tirât à conséquence.
Avec le fonds Force-Covid-19 au moins, on peut être sûr d’avoir échappé à cette sorte d’arnaque. Il reste toutefois aussi, de la part des pouvoirs publics, de s’assurer que ces fonds ainsi collectés, fruit de l’effort de tous les Sénégalais, soient utilisés à bon escient, et comme le disait Ousmane Sonko après sa rencontre avec le Président Macky Sall, ne servent pas à payer des véhicules tous terrains pour le compte de ces personnes qui seraient censées lutter contre cette maladie ou pires encore, alimenter des fonds secrets pour le bénéfice de certaines personnes. Déjà, la publication des donateurs et de leurs contributions reçues à ce jour est un bon pas dans la bonne direction.