Même si le pays a connu des avancées certaines dans toutes les étapes du processus électoral, force est de reconnaître que le model sénégalais suscite toujours des débats à chaque échéance.
À en croire l'expert électoral Raoul Niang, bien que le modèle sénégalais soit un des meilleurs au monde, il subsiste quelques dysfonctionnements à corriger. Il les évoque largement à travers cette interview accordée à SenePlus.
Macky convoque un SEN de crise aujourd’hui
Le Président Macky Sall est acculé de toute part. Le front social commence est en ébullition et son parti l’Alliance pour la République est secoué par son ancien chef de cabinet, Moustapha Diakhaté qui a engagé une rébellion qui lui a valu d’être de la formation marron-beige. Mais force est de constater que son renvoi de l’Apr a fini de faire des frustrés. D’où les dissonances notées chez des responsables. Pour limiter les dégâts, le Président Macky Sall qui a débarqué tard à Dakar dans la nuit du mercredi au jeudi, a tenu exceptionnellement hier la réunion du Conseil des ministres. Aussitôt après, il a convoqué pour aujourd’hui une réunion de crise du Secrétariat Exécutif National (Sen) qui s’était largement penché, lors de sa dernière rencontre, sur le cas Moustapha Diakhaté. Sans doute, l’ancien président du groupe parlementaire de Benno sera-t-il au centre des discussions du Sen.
Macky annonce la tenue du Cpi
Présidant hier la traditionnelle réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le chef de l’Etat a informé le gouvernement de son intention de tenir un Conseil Présidentiel de l’Investissement (Cpi). En effet, Macky Sall a demandé au ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, de préparer la 14e session du Conseil Présidentiel de l’Investissement (CPI) dans le courant du mois de mars 2020. A cet effet, Amadou Hott devra compter sur l’appui de Apix Sa qui a été instruite, dans ce cadre, par le Président Macky Sall.
Macky propose un dialogue avec le G7
Puisque nous sommes à la salle des banquets de la Présidence de la République qui accueillait hier la réunion du Conseil des ministres, restons-y pour dire que le chef de l’Etat est sensible aux doléances posées par les enseignants. Abordant la gestion du climat social, Macky Sall a demandé en effet au ministre de la Fonction publique Mariama Sarr et à son collègue de l’Education nationale de maintenir un dialogue constructif avec le collectif des syndicats d’enseignants, notamment ceux regroupés dans le G7. Poursuivant, il a également instruit le ministre de l’Education nationale de veiller au développement de l’enseignement arabe, en améliorant les conditions pédagogiques des apprenants et le statut des enseignants». Peut-être que ces recommandations faites par le Président pourront calmer les enseignants membres du G7 qui ont observé hier une grève suivie, dans l’après-midi, d’une marche.
Braquage de deux véhicules à hauteur de Niagha
Les malfaiteurs ont encore frappé hier à Niagha, une commune située dans la région de Sédhiou. En effet, des hommes armés ont braqué sur la Route Nationale 6 (RN6), au niveau de la commune de Niagha, plus précisément entre les villages de Sinthiang Tening et Saré Tening, deux véhicules avant de dépouiller les passagers de leurs biens. Dans un premier temps, ils avaient pris en otage les passagers, mais finalement ils ont décidé de les libérer. Les assaillants soupçonnaient une patrouille de la gendarmerie dans la zone. Aucune perte en vie humaine n’a été enregistré, ni même un blessé. Nos sources signalent que l’un des véhicules appartient à la Sodefitex et l’autre à la société indienne Kalpataru Power. Elles ajoutent que les malfrats, après avoir accompli leur forfait, ont pris la direction de la Guinée-Bissau. Les pandores de la brigade de Gendarmerie de Samine, informés, se sont déployés sur les lieux pour procéder au constat avant d’ouvrir une enquête.
Echanges de tirs entre malfrats et gendarmes à Gathiary
Des échanges de coups de feu ont été notés entre des brigands sur une moto et des gendarmes du Groupement d’Action Rapide de Surveillance et d’Intervention (Garsi), dans la nuit du 22 au 23 janvier dernier, au cours d’une patrouille. Selon des sources de «L’As», l’altercation a eu lieu vers 23h30, aux abords du village de Gathiary dans l’arrondissement de Kenieba. Les assaillants, au nombre de trois, étaient sur une moto et tentaient de fuir la patrouille des pandores. Mais, ils ont été immédiatement repérés par les gendarmes du Garsi qui ont engagé une course-poursuite. Les brigands ont alors abandonné la moto pour se servir plus efficacement de leurs jambes. Les gendarmes ont ramassé des étuis de balles de calibre 07,62 mm, un fusil de chasse et un sac à dos contenant des effets personnels et des poignets de fusil AK7. Pour rappel, le Garsi mène des opérations de sécurisation dans les régions de l’Est du pays pour combattre le terrorisme et le grand banditisme transfrontalier.
Les gendarmes de Tamba ouvrent une enquête
Restons avec les éléments du Garsi en patrouille vers Gathiary. Selon nos sources, dès leur retour de patrouille, ils ont saisi leurs collègues de la Brigade de recherches de Tambacounda. Ces derniers ont ouvert une enquête pour retrouver les assaillants et les mettre hors d’état de nuire.
Crise dans le secteur de la Boulangerie
Les boulangers, en colère contre le gouvernement, menacent d’entamer un mouvement d’humeur pour contraindre les autorités à respecter leurs engagements. Ils comptent observer une grève au mois de février et organiser une marche pour réclamer l’homologation du prix du pain à 175 francs comme retenu dans le protocole d’accord qu’ils avaient signé avec l’Etat du Sénégal, en présence de l’ancien Premier ministre Mahammad Boune Abdallah Dionne. Ces membres du Regroupement des boulangers du Sénégal (Rbs) se sentent trahis par le gouvernement. Aujourd’hui, ils se disent fatigués de leurs conditions de travail. A les en croire, il y a un manque à gagner énorme d’où la fermeture de 250 boulangeries dont 170 dans la région de Dakar. Ils appellent d’ailleurs leurs camarades de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs) et les meuniers à se solidariser de leur lutte pour la préservation de leur outil de travail. Ils interpellent le Président Macky Sall pour le respect du protocole d’accords.
Lancement de «Afrique Dem Dikk»
Le terminus de la société Dakar Dem Dikk (Ddd) de la Commune des Parcelles Assainies a accueilli hier la cérémonie de lancement de la ligne «Afrique Dem Dikk». C’était en présence du Directeur général, Moussa Diop et du président du Conseil d’administration (Pca) de la société, Maham Diallo, et du Secrétaire général du ministère des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement (Mittd), Aubin Jules Marcel Sagna. Selon Moussa Diop, le lancement de «Afrique Dem Dikk» colle avec la vision du président de la République de rendre effective l’intégration sous régionale par le transport. Et pour ce premier test, c’est la Gambie qui va être le porte-étendard de ce programme de modernisation du transport avec 12 bus qui disposent de toutes les commodités.
Lancement de «Afrique Dem Dikk» (bis)
Restons à la cérémonie de lancement de «Afrique Dem Dikk» pour dire que Jules Aubin Marcel Sagna a appelé les transporteurs à faire preuve d’ouverture afin d’accompagner l’Etat dans sa volonté de moderniser ce secteur longtemps affecté par l’anarchie. Il a également annoncé le lancement très prochain par le Président Macky Sall de l’autoroute à péage Mbour-Kaolack. A l’en croire, l’Etat envisage des concertations avec les transporteurs qui se plaignent souvent des tracasseries sur les routes. Toutefois, M. Sagna a tenu à préciser que les contrôles routiers sont obligatoires pour la sécurité des passagers. Il a demandé aux employés de Dakar Dem Dikk d’être des ambassadeurs de leur pays partout où ils seront.
Maïmoune Ndoye Alioune Sarr
Dans notre édition d’hier, nous avons écrit qu’en révélant la bamboula au sujet des 85 emplois au ministère du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr mouillait son prédécesseur Maïmouna Ndoye. En réalité, ce scandale ne concerne pas le secteur des Transports aériens que dirigeait l’actuelle administratrice à la Bad, mais plutôt du Tourisme qui était un département autonome piloté à l’époque par Mame Mbaye Niang. Aïssatou Winnie Bèye qui a câblé «L’As» précise que l’actuel ministre en charge du Tourisme et des Transports aériens Alioune Sarr et Maïmouna Ndoye Seck ancienne ministre des Transports aériens entretiennent des relations fraternelles que rien ne peut entacher. Aussi indique-t-elle que les problèmes notés relèvent plutôt du secteur du Tourisme. Toutes nos excuses aux deux personnes concernées.
Cambriolage au marché des Parcelles Assainies
Saliou Guèye et Pape Idrissa Kane sont poursuivis pour vol en réunion par effraction, commis la nuit. En effet, il est reproché aux mis en cause d’avoir cambriolé une boutique aux Parcelles Assainies, dont la valeur est estimée à 7 millions Fcfa. Après leur forfait, ils ont caché le butin dans le magasin du père de Saliou Guèye. Le lendemain, le propriétaire du magasin, Oumar Cissé, a déposé une plainte au commissariat. Alors que les limiers avaient déjà les brigands dans leur viseur, Pape Idrissa Kane, marchand ambulant de son état, liquidait tranquillement les marchandises à des prix modiques. Pour alpaguer ces derniers, les policiers se sont présentés comme de grands acheteurs de marchandises. Après avoir trouvé un accord sur le prix, le marchand ambulant les conduit dans l’entrepôt où se trouvaient des cartons pleins. Saliou Guèye les retrouve sur les lieux. Ils sont arrêtés. A en croire Saliou Guèye, c’est Pape Idrissa Kane qui lui aurait confié les marchandises, sans lui préciser leur provenance. Et après chaque vente, il lui remettait une somme de 15.000 Fcfa en guise de commission. A son tour, Pape Idrissa Kane a battu en brèche les allégations portées à son encontre, tout essayant de se justifier. Le tribunal qui a suivi le parquet a condamné les prévenus à 2 ans de prison dont 3 mois ferme.
Dakar, capitale du cinéma
Dakar va abriter la première édition du festival de cinéma dénommé Camera 72 ! Les journées du documentaire artistique de Dakar vont se tenir du lundi 27 au mercredi 29 janvier 2020 à la Maison de la Culture Douta Seck. Ce festival est consacré essentiellement aux documentaires qui traitent des sujets liés aux arts. C’est une initiative du très culturel confrère de «Radio Sénégal», Alioune Diop en l’occurrence. D’après lui, la présente édition a pour thème : «patrimoine artistique et développement». Le sujet sera développé par Baba Diop critique de cinéma au Sénégal et Marwen Trabelsi réalisateur tunisien. Au programme, il y aura des projections de 6 films documentaires du Sénégal à savoir : «Kalidou Kassé, un ange de l’idéal» de Adramé Diop ; «Iba Ndiaye» de Paulin Soumanou Vyera ; deux films de Laurence Attali, «Moustapha Dimet 93 94» et «Mourtala Diop, le voyageur de l’art». Deux réalisateurs de la RTS verront aussi leurs films projetés. Il s’agit de «La Cadence d’une danse» de Cheikh Sadibou Diagne et «Le fruit du grenier» de Lobé Ndiaye. Pour les films venus du continent, il y aura «La culture et la solution» de l’Association marocaine Racine, «Bamako Photo Taxi» du Malien Kaourou Magassouba, «La danseuse d’ébène» des Burkinabé Sékou Traoré et Seydou Boro. Deux films proviennent de la Tunisie : «L’homme qui est devenu Musée» de Marwen Trabelsi et «Sadika artiste multidimensionnelle» de Farah Khadar. Il y aura au total 7 films sur les arts visuels, deux films sur la danse, un film sur le théâtre et un film sur la photographie d’art.
L’ancien de la Banque mondiale se reconvertit bien dans les BTP. Après les deux sphères ministérielles de Diamniadio, il va réaliser la cité des Nations Unies à Diamniadio via son entreprise Envol Immobilier Sénégal
Déjà trois grands chantiers d’envergure dans le Pôle urbain de Diamniadio. Envol Immobilier Sénégal a la baraka. La société de Madani Tall, ex-Directeur des Opérations mondiales de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest, va exécuter le chantier de la cité des Nations Unies que Macky Sall compte ériger à Diamniadio, près de l’aéroport de Diass. La ‘‘Lettre du Continent’’ sert ce réchauffé que Macky Sall avait déjà annoncé, il y a un an, en réceptionnant la 2e sphère ministérielle de Diamniadio le 16 janvier 2019.
Ce mégaprojet, dont ‘‘les études et les travaux ont déjà démarré’’, selon le PCA Madani Tall, dans une interview à ‘’Financialafrik’’ datée de septembre 2018, vise à centraliser la présence de toutes les agences des Nations Unies présentes au Sénégal. Au total, 33 d’entre elles devraient être logées dans ce qui va être vraisemblablement appelé ‘’Onu City’’, dans un délai de livraison de 24 mois. L’ancrage déjà profond de cette entreprise, malgré sa jeunesse, a poussé l’Etat du Sénégal, à travers l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (AGPBE), à sélectionner Envol Immobilier pour ce projet. Il sera accompagné, de l’aveu même de M. Tall, par le plus grand groupe bancaire chinois, la Industrial and Commercial Bank of China’’ (ICGC).
En parallèle, une cité résidentielle devra être construite pour répondre au besoin de logement des futurs fonctionnaires des Nations Unies et résidents de Diamniadio. Dans la vision de Macky Sall, la ville nouvelle de Diamniadio est une sorte de Smart City. Elle doit s’ériger, outre sa vocation économique, numérique et universitaire, ‘‘en centre administratif de premier plan’’ avec l’installation progressive et définitive des ministères, a-t-il l’habitude de défendre.
Le chef de l’Etat sénégalais et Madani Maki Tall se rejoignent sur un point, puisque Macky Sall, obsédé par la réduction de la charge locative de l’Etat, se retrouve parfaitement dans les objectifs affichés par le PCA du groupe Envol Immobilier. ‘‘Un de nos objectifs premiers est de proposer des solutions techniques et financières optimales à nos Etats clients afin de leur permettre de sortir du piège de la location ‘ad vitam aeternam’ et enfin devenir propriétaire des infrastructures qui abritent les services publics notamment. C’est ainsi que nos Etats pourront remplir dignement leurs missions régaliennes et offrir aux citoyens le meilleur service public possible’’, a déclaré Madani Tall dans une interview à ‘’Financialafrik’’ en septembre 2018.
Sept mois d’avance sur le délai de livraison de la première sphère ministérielle
Les choses sont allées très vite pour le directeur des Opérations de la BM en Afrique de l’Ouest, qui a quitté ses fonctions en 2013. Après plus de 25 ans au sein de cette institution, il a créé un cabinet de conseil en stratégie, spécialisé dans la conception de grands projets de développement et d’opérations d’investissement en Afrique, notamment dans le domaine des partenariats publics-privés (PPP). Le 16 janvier 2019, la 2e sphère ministérielle de Diamniadio (plus tard appelée Ousmane Tanor Dieng) était livrée par Envol Immobilier, ainsi que le consortium Teylium, devant un président Macky Sall content de cette performance, au point d’utiliser, pour la première fois, dans une allocution officielle, son anglicisme du moment. ‘‘Il y a des entreprises sénégalaises capables de rivaliser avec les entreprises étrangères. Quand je parle de ‘fast-track’, je ne m’adresse pas seulement à ces dernières. Teylium, comme Envol, viennent de montrer que nous avons des entreprises du secteur privé national qui peuvent répondre aux exigences du ‘fast-track’ dans la qualité et la rapidité’’, s’était alors félicité le chef de l’Etat.
La première ‘‘prouesse’’ s’est faite huit mois plus tôt, le 2 mai 2018, quand la société de M. Tall livrait la première sphère avec sept mois d’avance sur le délai contractuel dont le coût global de l’investissement est de 56 milliards de francs CFA. Un financement assuré par Envol Immobilier lui-même, grâce à un emprunt bancaire de 30 milliards de francs CFA contracté auprès du groupe Coris Bank.
Mais s’il est question de diminuer la charge locative de l’Etat, il est aussi question d’amortir le coût de l’investissement. Pour les six années à venir, l’entreprise de M. Tall exploite et entretient ce bâtiment avant son transfert à l’Etat moyennant un loyer. ‘‘Compte tenu du mode de financement innovant, des risques encourus par le développeur et dans l’intérêt économique de l’Etat du Sénégal, une annexe fiscale, conforme à la réglementation sénégalaise ainsi qu’aux dispositions de l’Ohada, a été conçue et annexée au contrat de location-vente, dans le but d’éviter que les charges financières sur les crédits qui serviraient à financer les impôts ne viennent renchérir le coût global du projet.
En d’autres termes, l’objectif du régime fiscal du projet est de neutraliser les effets-coûts de la fiscalité indirecte sur le projet afin de rendre ainsi le coût des loyers plus abordable pour l’Etat du Sénégal’’, a déclaré M. Tall dans son interview à ‘’Financialafrik’’. La société anonyme est de droit sénégalais, avec un capital de deux milliards de francs CFA.
L’université Amadou Makhtar Mbow en ligne de mire ?
Les circonstances aidant, M. Tall pourrait être le chemin le plus court pour aller d’un problème chronique à solution très pratique. Excédé par le retard d’autres chantiers du Pôle urbain de Diamniadio dont la réception de l’université Amadou Makhtar Mbow, qui fait partie des 200 projets structurants de ce pôle, Macky Sall avait menacé de sortir la cravache en janvier 2019. ‘‘Je vais demander la résiliation pour que la reprise soit faite, et l’année prochaine, qu’elle puisse ouvrir ses portes. Cette université a malheureusement connu des retards. Il faut savoir sanctionner négativement quand c’est nécessaire’’, s’était-il pratiquement emporté.
Une année après la menace, hier, le quotidien d’informations sénégalais ‘‘Libération’’ faisait savoir, dans sa livraison, que les pouvoirs publics sénégalais ont finalement sévi. ‘‘L’Etat chasse officiellement Adama Bictogo et Cie de Diamniadio : 30 milliards décaissés pour une université fantôme’’, a titré ce journal en page 3. Une opportunité de plus qui se ferme pour l’ancien ministre de l’Intégration de Côte d’Ivoire, après son contentieux avec l’Etat sénégalais sur la confection des cartes biométriques. Et peut-être une énorme opportunité qui s’ouvre pour le PCA d’Envol Immobilier qui a aussi en charge l’exécution des travaux pour l’université de San Pedro, en Côte d’Ivoire.
par Ousseynou Nar Gueye
VENTRILOQUIE À REWMI, IL FAUT FAIRE PARLER LE SOLDAT IDRISSA SECK
Il a un contentieux non réglé avec la psyché collective sénégalaise, qui le tient pour trop ductile pour être parfaitement honnête, depuis ses allers-retours chez Wade avant le premier tour de la présidentielle de 2007
J’ai commis une tribune dans l’édition de Jeune Afrique datée du 19 au 25 janvier 2020, titrée ‘‘Les papes du Nopi’’. Parmi ce quatuor de silencieux opposants sénégalais - puisque le ‘‘Nopi’’, urbi et orbi, dont il est question, est le leur- figure en bonne place Idrissa Seck.
Le ‘‘cas Seck’’ turlupine tous les analystes (et acteurs politiques ?), si ce n’est l’opinion publique sénégalaise toute entière, bien qu’elle joue les blasés sur le mode « Idy, on le connait ». Plus habitués que nous sommes aux saillies du Thiéssois qu’à ses silences, nous nous posons tous la question, même si nous ne sommes unanimes à nous l’avouer.
Idy est aphone depuis février 2019 : personne ne l’a entendu s’exprimer en public depuis la présidentielle où il a récolté un peu plus de 20% des voix. Toutes les affaires (y compris d’État) qui ont secoué la pirogue Sénégal depuis la réélection de Macky Sall ont laissé Idrissa Seck de marbre et aussi énigmatique que la Pythie de Delphes. Toute la presse sénégalaise y va donc de ses conjectures : ‘‘Le Témoin’’ du 21 janvier titre à sa Une : « Mutisme d’Idrissa Seck : stratégie de com ou lâcheté politique ». ‘‘Sud Quotidien’’, le 18 janvier, dans un article, pointe ‘‘le leader (de Rewmi) Idrissa Seck confiné dans un silence assourdissant depuis la défaite électorale de la présidentielle de février dernier ». Seneplus.com, le même jour, parlant de la ‘‘(re)naissance d’une opposition radicale », relève « le silence d’Idrissa Seck ».
Bref, un silence qui fait beaucoup de bruit. Tract se doit d’y aller aussi de son analyse. Pour paraphraser l’inénarrable Cheikh Yérim Seck : ‘‘Entrons donc dans la tête du leader de Rewmi’’. Notre analyse est de juger qu’Idrissa Seck a choisi cette cure de mutisme désormais sempiternel pour trois raisons principales :
Premièrement, mettre ses lieutenants devant leurs responsabilités : il n’y a pas de raison qu’à Rewmi, le leader soit le seul à payer de sa personne et à tenir le crachoir. Quand on se veut un (futur) parti de gouvernement, on se doit de jouer une partition collective digne d’un orchestre symphonique et pas seulement applaudir aux solos du ténor en chef.
Deuxio : En poussant ses lieutenants à se signaler aux avant-postes et à avoir des sorties médiatiques de leur propre initiative, Idy veut envoyer aux Sénégalais(es) le message subliminal selon lequel Rewmi dispose de cadres en nombre suffisant pour gérer le pays au pied levé et dès le premier jour de leur accession au pouvoir, dans le cas où le parti orange serait appelé aux affaires par les électeurs.
Ter : Idrissa Seck entend émuler celui qui reste son baromètre (« barreau-maître » ?) en politique, Abdoulaye Wade, qui avant sa dernière tentative d’opposant qui fut la première victorieuse, s’était emmuré dans un silence prolongé pendant plus d’un an derrière les murs de sa résidence de Versailles, suscitant ainsi la demande expresse de l’opposition sénégalaise, dont les faiseurs de rois étaient venues le quérir presque à son corps défendant, pour (enfin) bouter Abdou Diouf hors du pouvoir en 2000.
Pour ce qui est de la première raison, le leader de Rewmi a raison : il ne peut se payer le luxe de se coltiner des adjoints qui soient autant de fardeaux, seulement attentifs à attendre qu’Idrissa Seck secoue le cocotier pour lui faire chorus. Ceux- ci doivent pouvoir le suppléer, démontrer au passage qu’il y a une démocratie interne dans Rewmi (denrée trop rare dans le paysage politique sénégalais) et prouver que l’aventure Rewmi ne s’arrêtera pas avec la retraite politique (momentanée ou définitive) d’Idrissa Seck : Déthié Fall, Yankhoba Diattara, Abdou Fouta Diakhoumpa, et tutti quanti, on doit vous entendre plus et plus souvent, vous voir vous battre et battre le macadam plus et plus souvent, si le rêve présidentiel de l’ancien maire emblématique de Thiès doit un jour devenir réalité. ‘‘Pour accéder au pouvoir suprême, il faut qu’il y ait plus de gens, notamment dans votre proximité immédiate, qui le veuillent plus que vous –même, le candidat’’.
Pour ce qui est de la deuxième motivation que nous lui prêtons et qui découle de la précédente, nous pensons que c’est aussi une bonne tactique pour Idrissa seck : lui qui a une fois dit que ‘‘la forêt qui pousse ne fait pas de bruit’’, a raison de vouloir montrer aux Sénégalais qu’il n’est pas l’arbre qui cache le désert. Et qu’il y a bel et bien pléthore de cadres valables dans les rangs de Rewmi. A eux de s’affirmer et de le faire savoir. Comme dit Wolof Ndiaye, « wakh, ci guémigniou borom la dakkhé ».
Toutefois pour la dernière raison qui motive Idrissa Seck, c’est un pari risqué : il a un contentieux non réglé avec la psyché collective sénégalaise, qui le tient pour trop ductile pour être parfaitement honnête, depuis ses allers-retours chez Abdoulaye Wade avant le premier tour de la présidentielle de 2007, jeu de voltige qui l’a certainement empêché de mettre Gorgui en ballotage, pour cette élection dont beaucoup s’accordent à dire que c’est celle où Idy devait être élu président de la République. En 2019, 20% des électeurs ont voté pour Idy. C’est un score honorable de challenger crédible, dans toute démocratie qui se respecte. Mais cela peut aussi s’interpréter ainsi : 4 Sénégalais sur 5 ne font pas confiance à Idrissa Seck.
S’il l’a fait un peu et à demi-mots, il ne l’a pas fait franchement : Idy n’a pas donné acte au peuple sénégalais de cette erreur stratégique de sa part en 2007 (presqu’une faute morale !) et ne s’en est pas suffisamment battu la coulpe devant les populations avides de votre contrition publique pour vous considérer à nouveau digne de confiance.
Mais l’espoir reste permis, car Gorgui, avant l’alternance de 2000, avait lui aussi un contentieux avec les Sénégalais, pour être entré deux fois dans les gouvernements d’Abdou Diouf, au sujet duquel il alla jusqu’à dire : « « je suis son prolongement ». La victoire finale et l’accession éventuelle à la magistrature suprême, pour Idrissa Seck comme pour tout autre homme d’Etat (ce qu’il est sans aucun doute !) est et sera avant tout affaire de circonstances : « être l’homme qu’il faut à la place qu’il faut au bon moment ».
D’ici la prochaine échéance présidentielle, encore lointaine de 2024, Idrissa Seck a le loisir d’alterner le froid (silence polaire prolongé) avant de revenir au chaud (retour au naturel à ses shows oratoires). ‘‘On ne dirige que comme on est’’, dit un axiome du management. ‘‘Et on ne fait campagne que comme on est’’, sommes-nous tentés d’ajouter. Comme le volcan en éruption qu’a été Abdoulaye Wade lors de la campagne présidentielle de 2000, il faudra bien qu’un jour Idrissa Seck accepte à nouveau de jouer sur son véritable registre et de mettre en avant sa véritable nature, en abandonnant les rôles de sexagénaire assagi : les bons mots, les piques assassines et le verbe haut. Mais avant cela, il lui faudra bien – oui, peut-être bien - passer par la case (demande de) « Grand Pardon » au peuple sénégalais. Afin de remettre les compteurs à zéro et de repartir comme en l’an quarante. « Silence », puis « s’y lance ! ».
Comme le disait Miles Davis, « le silence qui suit la musique est aussi de la musique ».
Ousseynou Nar Gueye est fondateur de Tract
par Sams Dine Sy
L'ÉCO, SYSTÈME FÉDÉRAL 2.0
Il est de la responsabilité de l’UA de cesser de se concevoir comme une zone de projection et de se positionner comme la Plateforme Globale qui articule les trois espaces dans lesquels elle s’insère : Afroeuropéen, Afroasiatique et Afroaméricain
L’avènement de la monnaie unique en Afrique de l’Ouest consacre une transformation systémique dont la dimension ubiquitaire déconcerte. Innovation sortie indemne de la « traversée de la Vallée de la Mort », elle a franchi tant d’obstacles dressés sur son passage que sa pleine mise en œuvre suscite aussi des controverses inévitables, bien au-delà de cette zone. L’Eco et le programme d’Union Economique et Monétaire sont ainsi parasités par toutes sortes d’idées reçues qui distraient de l’essentiel. Pourtant l’examen de la base des données sur le régimes monétaires (AREAER 2010-2018) et les leçons tirées de l’expérience européenne suffisent pour amorcer le consensus. Un coup d’œil sur les projections économiques à l’horizon 2050 éclaire aussi le jeu des grandes puissances face à cet écosystème qui les confronte à une situation du type « dilemme du prisonnier ».
Pourquoi tant d’idées reçues sur le régime monétaire et l’UEM ?
Le débat sur le régime monétaire se réduit pour l’essentiel à la parité. Aux tenants de l’ancrage à une parité fixe du type Euro/Fcfa ou souple à définir, s’opposent les partisans d’une parité moins restrictive, voire libre ciblant comme le Nigeria un agrégat monétaire ou comme le Ghana l’inflation. Aux premiers il est reproché une forme d’asservissement en échange d’une stabilité macroéconomique. Selon les statistiques du FMI, seul 12% des pays choisi un « ancrage fixe » tandis que la majorité (34%) opte en fait pour le « flottement ». Quant, l’ancrage intermédiaire, dit « souple », il apparaît plutôt comme une auberge espagnole pour paradis fiscaux. Les Pays Africains de la Zone Franc CFA sont promenés d’une année à l’autre entre ces différentes classes : « fixe » en 2006 au même titre que la Zone Euro ou ces îles et pays de la Zone ECCU « souple » en 2018 quand les deux autres basculent vers le « flottement libre » pour le premier et le « fixe » pour le second. Ou quand au nom de la stabilité, la Zone FCFA flirte avec les paradis fiscaux.
Les partisans d’une parité moins restrictive voire libre sont accusés de mimétisme dans leur quête d’une efficience dynamique car ce choix est considéré comme l’apanage des puissances grandes ou moyennes. En 2006, ils étaient 22 pays africains à l’avoir fait. Ils ne sont plus que 9 en 2018, avec des profils très différents : Somalie et Ghana ou encore Madagascar et Afrique du Sud. S’il est difficile d’évaluer l’impact potentiel de ce régime sur l’efficience microéconomique, il faut aussi se demander pourquoi au cours de cette période tous les pays pétroliers africains ont renoncé au flottement de leur monnaie.
Fixe ou flottant, l’impact du choix d’un régime monétaire sur la cohésion sociale, les capacités substantielles, l’équité régionale et l’égalité transgénérationnelle attend toujours l’éclairage de l’économie politique positive. Depuis la floraison de travaux sur la conversion/transformation de l’ancienne Union Soviétique, c’est le silence quasi-complet.
L’UEM comme processus d’intégration régionale constitue une autre source d’amalgame. Cette démarche est érigée en modèle par les partisans d’une approche gradualiste et repoussoir pour les tenants de l’Afrique Unie « ici et maintenant ». Aux premiers, il est reproché de ne pas tirer les leçons des échecs de l’Union Européenne qui reste encore au stade de Fédération d’Etats-Nations malgré 70 ans de construction. Aux seconds, de confondre rêve à la réalité d’un espace captif, zone grise confiné à l’amont des chaînes de valeur, à la merci de chasseurs, apprentis sorciers ou marchands. Pourtant là aussi, l’histoire de la construction européenne et la critique de la théorie du processus politique offrent un éclairage qui renvoie dos à dos ces deux camps irréconciliables.
De quoi s’agit-il ? Au départ, c’est le « Rapport sur l’union économique et monétaire de la Communauté européenne » (1989) qui avait, à la demande des pays membres, défini le processus et les étapes vers l’UEM. Devant la lenteur à l’approuver et les hésitations de ces derniers, la Commission mis au point un stratagème qui consistait à brandir le chiffon de l’Union Politique sans préciser s’il s’agissait d’une condition préalable ou d’une obligation préliminaire. Elle fit recours au principe Erga Omnes, à la Clause de Sauvegarde et à l’obligation de Lever les Obstacles Juridiques à l’Ecu pour contraindre les pays à adopter le programme, y compris en dénonçant tous les accords monétaires bilatéraux avec des pays non européens. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une levée de bouclier et pousser les dirigeants réunis au Sommet de Gênes en 1991 à s’étriper sur l’Union Politique tout en acceptant sans discussion la dévolution des compétences en matière d’Union Monétaire pour ne pas étaler publiquement leur division. Si le stratagème a bien fonctionné puisqu’il a été couronné par le Traité de Maastricht, force est de reconnaître que depuis ce Sommet, l’Union Politique est devenue un non-sujet voire un tabou malgré les risques de dislocation.
Au-delà de la dimension historique et économique, il convient de rappeler que l’UEM n’est que l’illustration du cadre théorique en vogue à l’époque, plus connu sous le nom « Heuristique des Etapes », interprétée comme un raccourcie du processus politique. Ce cadre participe, avec d’autres courants et théories, de ce qu’il est convenu d’appeler l’analyse de politique, science qui s’est déployée de façon vertigineuse aux USA dans la seconde moitié du XXe siècle, au sein d’une administration en quête de capacité à formuler et mettre en œuvre des bonnes politiques, se démarquant de la tradition philosophique westphalienne européenne du pouvoir qui tire sa légitimité de l’exercice de la puissance publique à travers la distribution de l’autorité et la main mise sur le service public. Tardivement adopté en Europe, ce courant continue néanmoins d’y prospérer au point de structurer la quasi-totalité des initiatives et programmes dont ses institutions sont partie prenante, y compris celles en charge de la spécification des exigences globales. Ce courant a été remis en cause depuis les années 80 et abandonné par les principaux maîtres à penser de la discipline qui peinent pourtant à proposer d’autres théories pour sortir de la dérive positiviste n’en déplaise aux tenants des approches normatives. D’où la nécessité d’investir dans cette discipline pour disposer d’un cadre intellectuel à même de relever les défis conceptuels de l’intégration régionale et de la globalisation. Ceci ne concerne pas seulement les instituions africaines mais aussi toutes les entités internationales. Malheureusement tout le monde ne prend pas cette direction surtout en qualifiant l’une d’elles en « état de mort cérébral » ce qui revient à signer le même acte pour toutes celles qui en sont encore restés à l’heuristique des étapes : UE, OCDE, G7 et Union Africaine, parmi d’autres. A cet égard, la décision de l’OTAN d’initier un exercice de réflexion prospective doit être saluée. Encore faudrait-il que les leçons des exercices à vocation exploratoire précédemment conduits ici ou là soient tirées, notamment en matière de construction d’échelles globales. C’est le cas pour le « Monde en 2020 et Megatrends STI/OCDE », « Global Trends/NIC », « le Monde en 2025/UE », sans oublier « Agenda 2063/UA » parmi d’autres.
Sommes-nous déjà en 2050 ?
A force de faire une fixation sur le régime monétaire et l’UEM, on en oublie presque l’essentiel que livrent les projections économiques à l’horizon 2050 et dont les conclusions sont sans appel, du moins pour les 5 principaux pays qui se partagent près de 80% du PIB mondial : Chine, USA, Zone Euro, Japon, Inde, Royaume Uni.
Prenons le cas de l’Europe, en particulier la Zone Euro dont la monnaie sert d’ancrage exclusif à près de la moitié des pays africains contre seulement 4 pour le Dollar. Avec 20% du PIB mondial, elle se classe en 3e position derrière les USA et la Chine et devant le Japon et l’Inde. A l’horizon 2050 - sauf bifurcation majeure dont cette région est coutumière - la part de la Zone Euro dans le PIB mondial tombe à 10% si elle ne parvient plus à se maintenir en Afrique. Face à cette situation du type « dilemme du prisonnier », la rhétorique darwiniste, anti-immigrationniste, grand remplacementiste, protectionniste de mode de vie apparaissent pour ce qu’elle est, un contre-feu. Au même titre que le « retenez-moi sinon... ». Pour sortir de ce dilemme, chaque pays membre s’invite dans l’agenda africain en optant pour une stratégie du type « passager clandestin ». Quand, pour reprendre sa place, l’un se lance - sabre au clair - dans la restitution d’œuvres d’art, de lingots d’or et de dépôts d’espèces, tel autre aligne des « promesses compactes ». Aucun d’entre eux ne se donne cependant la peine de tirer les leçons d’échecs passées, comme celle de ce « deal » conclu avec un pays de l’espace asiatique sur le dos de l’Afrique à peu près en ces termes : « tu réduis tes exportations et investissements vers l’Europe en échange on t’accorde une place dans le marché africain ».
Le même type de dilemme affecte l’espace asiatique, en particulier la Chine. Avec ce pays, le continent africain est passée en moins d’une décennie du statut de déversoir des surplus, fripes et contrefaçons à celui de pôle sur le triangle de croissance. Au même niveau que l’espace eurasiatique pour les infrastructures de transport (Belt & Road Initiative), que l’espace transpacifique pour les infostructures numériques (G5...). Aussi, plus l’Europe et les USA agitent le chiffon de la guerre commerciale, plus la Chine mais aussi l’Inde se rapprochent de l’Afrique pour maintenir leur position dans le top 5 du PIB mondial tout en renforçant la position du continent comme Marché Global.
Venons-en à l’Amérique, en particulier les USA, confrontés à une perte progressive de l’aura mondiale qui se transforme en cauchemar avec la perspective d’une chute régulière de sa part dans le PIB mondial, de 30% en 2010 à 20% en 2050. Si cette projection devient effective, la part des échanges mondiaux libellés en Dollar sera réduite d’autant. Alors sa monnaie et ses bons du Trésor ne lui permettront plus de faire supporter aux autres le coût d’un endettement explosif qu’il est le seul à s’autoriser. Pour continuer de compter au cours de cette première moitié du siècle, ce pays devra à son tour explorer d’autres options : redéfinir son rôle vis-à-vis du ROW (le Reste du Monde) ; mobiliser les afro-descendants pour « remplacer » l’Europe et l’Asie en Afrique ; lancer ses plateformes globales à l’assaut du continent... Le point commun entre ces options est qu’elles ciblent l’espace circum-saharien et son ventre mou comme point d’entrée. Il ne manquera pas de spécialistes en polémologie pour théoriser le redéploiement de l’Otan en recyclant le postulat sibérien en ces termes : « qui tient le Sahel tient l’Afrique. Qui tient l’Afrique détient la clé des changements globaux. Qui détient cette clé tient celle du monde de demain ! ».
Quel agenda pour l’Union Africaine ?
L’Union Africaine est tenue de prendre pleinement conscience des implications de la démarche en cours dans sa partie Ouest, qui concerne également les zones frontalières Nord et Centre. C’est le lieu de rappeler que ces 3 zones n’ont pas su être à la hauteur quand le reste du continent a réussi l’exploit de mettre en place la Zone Tripartie anticipant la ZLECA. Il est donc de la responsabilité de l’UA de cesser de se concevoir comme une zone de projection et de se positionner comme la Plateforme Globale qui articule les trois espaces dans lesquels elle s’insère : Afroeuropéen, Afroasiatique et Afroaméricain. C’est à son niveau que doit se faire l’inscription de l’Eco dans la dynamique de la construction d’une Monnaie Globale. Au lieu de se disperser sur la parité de l’Eco, les instances de l’Afrique de l’Ouest devraient mettre ce point au centre de l’agenda de la prochaine réunion. Il appartient aussi à cette Communauté de se positionner comme partenaire incontournable de tous les géants du numérique opérant à partir des trois espaces transcontinentaux. Ce point devra provoquer une réflexion inédite au sein d’une « Platform Summit » car c’est à partir de là que le cycle 2.0 de l’Eco Système Fédéral Africain Post-Westphalien devient viral.