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27 juillet 2025
par Ibrahima Diop
ALIOUNE NDOYE BIEN MAL PARTI
La décision de subventionner des moteurs hors-bords au profit de la pêche artisanale ne sera pas sans inconvénients sur la gestion des ressources halieutiques dans un secteur, pour l’essentiel surexploité
Sitôt nommé ministre des Pêches et l’Économie maritime, à la faveur d’un jeu de chaises musicales, le ministre Alioune Ndoye multiplie les sorties pour occuper l’espace médiatique et prendre ses marques. En pareilles circonstances, il est toujours utile de prendre le pouls du secteur et de s’imprégner des réalités du terrain. Mais, il est dommage de constater que le nouveau ministre veut danser plus vite que la musique, comme en témoigne sa décision populiste et improductive de subventionner les moteurs hors-bords pour la pêche artisanale. « L’Etat va débloquer 10 milliards de F CFA pour la subvention de 10 mille moteurs de pirogue cette année », déclare M. Ndoye. Avant de s’inscrire dans la démarche de son prédécesseur Oumar Gueye, le nouveau ministre devait tout d’abord faire l’état des lieux de ce programme. Tant du côté des pêcheurs que du côté des fournisseurs de moteurs, les problèmes ne manquent pas. En effet, cette décision de subventionner des moteurs hors-bords au profit de la pêche artisanale ne sera pas sans inconvénients sur la gestion des ressources halieutiques dans un secteur, pour l’essentiel surexploité. La pression sur la ressource sera accentuée par cette mesure annihilant ainsi tous les efforts consentis depuis des décennies pour la réduction de l’effort de pêche. Ces moteurs puissants vont pousser nos pêcheurs à aller encore plus loin en mer, au péril de leur vie. Il y a aussi le risque de favoriser l’émigration clandestine.
Cette option est en parfaite contradiction avec les orientations majeures de la Lettre de Politique Sectorielle de Développement de la Pêche et de l’Aquaculture (LPSDPA) pour la période 2016-2023. L’objectif majeur de ce cadre de référence du secteur est de « faire de la pêche et de l’aquaculture un moteur de croissance durable et d’inclusion sociale, tout en assurant l’alimentation de la population à l’horizon 2023 ». Comment atteindre cet objectif lorsque l’autorité de tutelle fait fi de toutes les recommandations des études scientifiques pour privilégier une démarche populiste en direction des pêcheurs artisans et suivre une logique de profit pour les industriels. En plus de favoriser la surpêche, l’augmentation des capacités de capture des pêcheurs sans la mise en place d’unités de conservation et de transformation est un cautère sur une jambe de bois.
Pour la pêche industrielle, la mafia autour des licences de pêche est connue de tous. Le rapport de Greenpeace publié en 2015 intitulé : « Arnaque sur les côtes africaines : la face cachée de la pêche chinoise et de ses sociétés mixtes au Sénégal, en Guinée et en Guinée-Bissau » a mis un faisceau de lumière sur cette fraude organisée. Le document renseigne qu’au Sénégal, « entre 2000 et 2014, le manque à gagner occasionné par les licences non payées par la China National Fisheries Corporation, plus grande entreprise de pêche lointaine de la Chine, a été estimé à plus de 371 404 800 FCFA ». A ce jour aucune mesure n’a été prise pour mettre un terme à cette fraude opérée par le Chinois en complicité avec des personnes haut placées dans l’administration sénégalaise. Pire, le Sénégal vient de renouveler, en catimini, le protocole d’accords de pêches accordées à l’Union européenne. Au total, une quarantaine de navires de l’UE vont siphonner nos eaux en échange d’une modique somme. Comme par le passé, le Sénégal a accordé des quotas à pêcher sans avoir fait une étude sur ses stocks disponibles. Quelle absurdité !
Autre dossier qui méritait d’attirer l’attention du ministre Ndoye pour la gestion durable des ressources halieutiques est le manque de respect ou de mise en œuvre de la règlementation aussi bien par les acteurs que par l’administration des pêches elle-même. L’exemple des permis de pêche, de l’embarquement des observateurs et de l’utilisation des filets mono filament considérés comme très destructeurs, est toujours d’actualité. Pour ce qui concerne les observateurs, un recul a été noté dans le nouveau Code de la pêche qui crée une discrimination, puisque leur embarquement à bord des navires sénégalais n’est plus systématique. Même pour les bateaux étrangers où l’embarquement est obligatoire, les observateurs sénégalais, au nombre de 10, ne sont pas suffisants pour le nombre de navires qui s’activent dans nos eaux. Concernant l’interdiction des filets mono filament, pourtant prévue par le nouveau Code, son application avait été différée par le département des pêches, confronté aux réalités du terrain. Dans ces conditions et pour une bonne politique de préservation des ressources et du milieu marin, il est légitime de se demander s’il n’était pas plus judicieux de subventionner des filets réglementaires au profit de la pêche artisanale à la place des moteurs hors-bords. Mais pour comprendre ces enjeux, le ministre Ndoye doit impérativement sortir de l’isolement dans lequel il s’est confiné et se départir de sa morgue dédaigneuse qui témoigne d’une condescendance aveuglante. Il doit privilégier une démarche inclusive et être conscient de complexité de ce département. Au lieu d’être engoncé dans ses certitudes. Un peu de modestie lui referait beaucoup de bien.
Membre de la Commission de discipline qui a exclu Moustapha Diakhaté de l’Apr, l’ancien ministre Mbaye Ndiaye était toutefois absent lors de la réunion à laquelle cette décision a été entérinée. De retour de voyage, il s’est exprimé, en exclusivité sur les ondes de la radio du groupe Emedia, iRadio (90.3 FM).
Le Directeur des structures du parti au pouvoir tient à tempérer et annonce qu’il va entamer une médiation pour éviter le départ de celui qui vient de créer un mouvement. « Je viens d’être informé par vous-même de cette décision majeure », commence-t-il par répondre à Alassane Samba Diop qui l’interrogeait, avant de confirmer que la Commission de discipline est bien habilitée à exclure un membre du parti au pouvoir. « En tout état de cause, il ya des instances dans le parti qui peuvent être sollicitées dans de pareilles situations. »
Mbaye Ndiaye enchaine en rappelant le parcours historique de Moustapha Diakhaté au sein de l’APR. « Macky Sall est un homme rassembleur, qui aime tout ses militants, en particulier ses compagnons historiques et Moustapha Diakhaté en fait partie. C’est vrai que dès fois, il y a des sorties qui sont très gênantes pour l’image du parti, mais je pense que tout doit être discuté, négocié. Il y a des canons de recherches de réparation... Je fais partie de ceux qui pensent qu’il a toujours sa place dans le parti, comme on l’avait fait avec Moustapha Cissé Lô, je suis prêt à faire les mêmes démarches pour que ce grand camarade de compagnonnage historique ne puisse pas être délaissé en cours de route parce que le président Sall a encore besoin de tout le monde pour réaliser son rêve pour le Sénégal, l’émergence. »
par Nioxor Tine
DIALOGUE NATIONAL, SE REPLACER DANS LA TRAJECTOIRE DES ASSISES !
Le dialogue version BBY a peu de chances de contribuer à la résolution de la crise sociopolitique manifeste que vit notre pays - On a du mal à percevoir ce qui oppose les protagonistes de la classe politique dont la majorité a déjà été aux affaires
À observer la scène politique nationale, on comprend mieux tous ces petits tracas, qui jalonnent le soi-disant dialogue national. Cette instance, dont on attend qu’elle traite de questions majeures de la marche de l’État, s’embourbe désespérément dans des détails insignifiants, comme des querelles de préséance ou le remboursement de frais de transport.
Il faut dire, que ses initiateurs manquent terriblement de vision et d’ambition et c’est cela qui différencie fondamentalement ce rassemblent hétéroclite des mémorables Assises Nationales de 2008 – 2009. Ces dernières voulaient remédier à la mal-gouvernance endémique, qui a toujours caractérisé le mode de gestion des pouvoirs publics depuis plusieurs décennies et procéder à une refondation institutionnelle bien comprise.
Le dialogue, version Benno Bokk Yakaar, quant à lui, a peu de chances de contribuer à la résolution de la crise sociopolitique manifeste que vit notre pays.
Premièrement, contrairement au parti socialiste et à l’AFP, qui avaient reconnu, durant les Assises nationales, des insuffisances dans leur long règne d’avant 2000, le processus actuel semble écarter toute approche critique et autocritique.
Il chercherait plutôt à blanchir une autocratie électorale coupable, depuis bientôt 8 longues années, des pires délits en matière de manipulation constitutionnelle, de fraude électorale et instrumentalisation de la Justice sur fond d’un autoritarisme avéré.
Ensuite, les divergences au sein de la vieille classe politique ne renvoient à aucune différenciation idéologique, aucune référence à des choix de société. Tant et si bien qu’on a du mal à percevoir ce qui oppose réellement les protagonistes de la classe politique, dont l’écrasante majorité a déjà été aux affaires. Pas étonnant dés lors que certains évoquent le projet de mise sur pied d’un gouvernement élargi à certains opposants, comme étant la finalité ultime du dialogue.
Enfin, les signaux, qui émanent du mode de gestion du pouvoir apériste, sont loin d’être rassurants. Nous constatons, en effet, une intolérance notoire n’épargnant même pas les militants du parti présidentiel, en pleine déliquescence. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’exclusion de Moustapha Diakhaté de l’APR, après son limogeage et celui de Sory Kaba
Il y a aussi la répression impitoyable à l’encontre des mouvements de jeunes activistes, qui dans le cas de l’exemplaire militant Guy Marius Sagna, frise la persécution cruelle.
Tous ces jeunes patriotes semblent vouloir s’émanciper de la classe politique traditionnelle victime de léthargie, d’absence de renouvellement et du non-respect des procédures au sein de leurs propres organisations politiques, souvent instrumentalisées pour assouvir les ambitions des groupes dirigeants.
Autre fait remarquable, cet esprit de sacrifice et d’abnégation dont cette génération montante fait preuve, transcendant la hantise de l’enfer carcéral de Rebeuss et qui manque si cruellement aux entrepreneurs politiques des temps nouveaux, si prompts à retourner leur veste, soit pour décrocher un strapontin juteux ou pour tout bonnement transhumer.
L’atmosphère politique est devenue si exécrable, qu’on se demande si notre pays, certes encore exempt de violences politiques ou de tout ce qui peut s’apparenter à une guerre civile, n’a pas davantage besoin d’une Commission Vérité et Réconciliation, en lieu et place d’un comité de pilotage du dialogue national.
Oui, assurément, notre pays est en danger, à cause de l’injustice et l’arbitraire qui y règnent, de la hausse du coût de la vie, de la remise en cause des libertés publiques, et des griefs crypto-personnels au sein de la classe politique...
Tous ces facteurs ajoutés aux risques induits par la découverte des nouvelles ressources naturelles font craindre une explosion sociale imminente, surtout compte-tenu de l’environnement sécuritaire précaire de la sous-région.
Face à cette situation préoccupante, le pouvoir en place ne semble pas prêt à réformer profondément sa gouvernance désastreuse et autoritaire, pendant que certaines franges de l’opposition se montrent très complaisantes à son endroit, fermant les yeux sur des abus de pouvoir manifestes.
L’impasse, dans laquelle se trouve notre pays, s’explique largement par le refus de Macky Sall et de ses alliés d’appliquer les conclusions pertinentes des Assises Nationales. Lesquelles découlaient d’un diagnostic minutieux de la situation politique de notre pays, qui ne pourra sortir de l’ornière que si les tenants du pouvoir acceptent de revenir à l’esprit de la charte de gouvernance démocratique, qui permet de garantir l’équilibre et la séparation des pouvoirs.
Il s’agira, en premier lieu, de mettre un terme à l’hypertrophie de l’institution incarnée par le président de la république et de séparer la fonction présidentielle de celle de chef de parti.
Il faudra aussi procéder à une réforme pertinente du code électoral (suppression du parrainage, réforme du mode de scrutin aux élections locales et législatives, pour rendre les élus plus indépendants) et mettre en place une haute autorité de la démocratie. Cette dernière sera chargée de veiller à l’adoption de critères pertinents de création des partis politiques et à la promotion de la participation citoyenne et du suivi du processus électoral.
Le pouvoir judiciaire doit s’émanciper de la tutelle de l’Exécutif, particulièrement, de celle du président de la République.
Enfin, les finances publiques comme l’ensemble de l’économie doivent être gérées au profit des masses populaires, sans arrière-pensées politiciennes et électoralistes ni soumission aux injonctions des officines financières internationales.
Il s’agira, en un mot, de réhabiliter le projet de constitution de la CNRI, si on veut que le dialogue national, se replace dans l’esprit des Assises nationales et connaisse un succès éclatant.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
PAPE ALÉ NIANG, REVU DE PRÈS
EXCLUSIF SENEPLUS - 20 ans de carrière, une stature qui s’affirme et une personnalité qui questionne voire divise - Un parcours déjà riche et pourtant, l’homme a encore des rêves plein la tête et des combats à mener - INVENTAIRE DES IDOLES
20 ans de carrière, une stature qui s’affirme et une personnalité qui questionne voire divise. Pape Alé Niang est l’un des journalistes politiques les plus en vue du pays, jusqu’à incarner une figure de la résistance face au pouvoir de Macky Sall. Un parcours déjà riche, à la radio, comme à la télé, et pourtant, l’homme a encore des rêves plein la tête et des combats à mener. Portrait.
La scène se passe le 31 décembre 2019 à 20 heures. Au palais présidentiel, Macky Sall a invité une dizaine de journalistes pour un jeu de questions-réponses. L’exercice, institué l’année précédente, soufflé par les conseillers du chef de l’Etat, vise à donner des gages de pluralisme. Plusieurs médias sont de la partie dans le désormais temps fort annuel de l’échange avec le président. Après la brève et traditionnelle allocution à la nation, commencent les échanges, diffusés en direct sur la télévision nationale, la RTS et dont le signal est repris par plusieurs autres chaines de télévision privées. Au même moment, sur la Sen TV, c’est Ousmane Sonko qui entre en scène dans un jeu de miroir bien huilé. Il est accueilli par Pape Alé Niang, son hôte, entouré d’une journaliste et de deux éditorialistes. Le but de la manœuvre est double : un coup de communication et un coup politique, bénéfiques à l’accueillant et à l’accueilli. Le troisième homme du dernier scrutin présidentiel y affine sa stature. A l’aise dans les dossiers, avec son ton monacal et son énergie, il déroule son homélie programmatique. Dans les foyers sénégalais, l’impression est curieuse, la défiance de la mise en scène inaugure un nouveau temps de l’opposition de style, de médias et d’hommes politiques. Echo plus marqué de cette sourde bataille sur les réseaux sociaux, où la diffusion en ligne fait en effet l’objet d’une intense séquence de commentaires. Les partisans des deux camps se jaugent à coup de métriques des audiences. La capsule en direct de la Sen TV semble afficher plus de spectateurs, peut-être le camp présidentiel peut-il revendiquer une avance sur la diffusion hertzienne. Au palais, une ambiance de cour, avec des journalistes autour du souverain et de ses hommes. Dans les locaux de la Sen TV, un contrepoint, et parfois, dans l’air, comme une connivence entre l’intervieweur-vedette de la chaîne et le nouvel homme fort de l’opposition.
Un journaliste au cœur de la bataille politique
Il faut dire qu’entre les deux hommes, en plus de leur affinité générationnelle, les têtes-à-têtes se sont multipliés récemment, jusqu’à faire naître dans l’opinion, et surtout chez les détracteurs, l’idée d’un pacte partisan entre le journaliste et l’homme politique. Pape Alé Niang s’en défend. D’ailleurs, se rebiffe-t-il et se montre-t-il offensif : « j’ai été tour à tour désigné comme le soutien de Idrissa Seck, Macky Sall lui-même, et aujourd’hui de Ousmane Sonko. Ça ne prouve qu’une chose : ma cohérence ». Cette plaidoirie pro-domo caractérise l’homme, pas du genre à se laisser impressionner. Serigne Saliou Guèye, éditorialiste aux textes remarqués sur SenePlus, et présent à ses côtés le soir du 31 décembre, vole à son secours, plutôt louangeur : « quand il s’agit de défendre les valeurs sacro-saintes de la République, l’engagement du journaliste Pape Alé Niang est indéfectible. Le caractère apparemment subjectif de ses chroniques ou du choix des invités de ses émissions n’entame en rien la crédibilité, le professionnalisme et son attachement inoxydable à l’éthique et à la déontologie qu’exige la profession ». L’adoubement est fort de la part d’un ponte du métier, le présentateur ne pourrait espérer mieux. Même si on note d’autres sons de cloche nettement moins enthousiaste comme chez cette journaliste qui a requis l’anonymat : « Pape Alé Niang est à mon avis plus un politicien qu’un journaliste. Il prend des positions dénuées d’objectivité, de mesure et surtout de déontologie. Il se comporte comme un homme politique encagoulé dans sa façon de traiter l’information. Des « journalistes » comme M. Niang font beaucoup de mal à notre profession et à la réputation des journalistes sénégalais. Leur proximité avec certains hommes politiques entache leur neutralité au point d’être source de suspicion sur leurs réelles motivations. » Le propos est tranchant et sans concession, symbole du clivage qui existe sur sa perception par les collègues.
Pour la mise en scène du palais, le président a voulu la jouer magnanime en allant même jusqu’à inviter ce journaliste que tout Dakar érige en résistant face au rouleau compresseur du pouvoir. Convié à prendre part à l’échange, il décline. Il a ses raisons : « c’est mon média qui a été invité et le format ne me convenait pas », poursuit-il. Dans cet espace où la prise de parole est minutée, les relances presqu’impossibles, les ricanements de cour monarchique perceptibles, il se sait probablement à son désavantage. L’anecdote de son refus a nourri les commentaires médiatiques et renforce surtout un sentiment de divorce sans retour entre le clan du président et le journaliste. La revanche, il la tient sur SEN TV où il est maître du jeu, seul aux commandes. Pape Alé Niang a-t-il une dent personnelle contre le locataire du palais ? La question affleure souvent tant les relations envenimées paraissent tenir de l’animosité. Il est catégorique : « non ». Il tempère et recourt à sa mémoire. Il en veut pour preuve avoir été le « seul » journaliste, à avoir invité régulièrement l’ancien opposant, lors de sa traversée du désert. Il connaît bien l’homme dont il a suivi les misères, ballotté, mis à l’écart, et esseulé après avoir été défenestré par son mentor d’alors, Abdoulaye Wade. Un souvenir plus précis émerge de cette période, la remise d’une médaille à Macky Sall par l’ambassade de France. Pape Alé Niang dit avoir été l’un des journalistes présents à la cérémonie et que si l’on a des images de cet événement de 2008, c’est « grâce à lui ». La chronologie des faits lui donne partiellement raison. Il a entretenu « d’excellentes relations », confie-t-il, avec une pointe de regret magnanime, avec l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Questions contexte, le scrutin présidentiel passé a cristallisé à un degré aigu un sentiment qui n’a cessé de croître au fil des années. L’impression que les médias sont devenus des bastions politiques, avec leurs colorations respectives. Une politisation plus marquée et moins soucieuse des lignes de démarcation nécessaires pour éviter le mélange des genres. Une exacerbation plus nette des querelles par chapelles interposées a été notée, avec des prises de positions plus radicales, dans une presse politisée, souvent propriété d’hommes d’affaires pour ce qu’il s’agit du privé et sous les ordres du régime pour ce qui est des antennes publiques. A ce jeu, la tentation peut être grande de condamner toute la presse, au risque d’écraser nombre de talents réels qui essaient de tirer leur épingle du jeu. Mais le constat amer est là : l’idéal d’un journalisme transparent, indépendant, se meurt, pris entre les griffes d’un jeu politique, devenu jeu de massacre. Si Pape Alé Niang se défend de quelque proximité avec Ousmane Sonko, il le sait, il est devenu en 20 ans un journaliste qui compte, égérie d’un journalisme de la résistance, qui bande des muscles, avec ce que cela comporte de gloire, de défis, de fragilités et de postures.
Une égérie médiatique du nouveau siècle
C’est en 2000 que les auditeurs sénégalais découvrent la voix atypique, un poil fantasque et théâtrale, de ce journaliste gringalet, qui tient la revue de presse en wolof et en français sur SUD FM radio. Il redonne du tonus au genre et imprime un style qui deviendra une forme d’école et de tradition dans la radio, jusqu’à la caricature des émules. Dans les maisons sénégalaises où le poste de radio est un sanctuaire quotidien, la tonalité tranche. On ne rate rien des envolées du bonhomme qui suscite vite l’admiration par son jeu habile avec la langue et ses audaces novatrices. Exit l’empire et la raideur des seules radios publiques, SUD FM et l’école du renouveau qu’elle lance, amènent sur le plateau de nouvelles figures, jeunes et énergiques. Parmi ces ambassadeurs de la nouvelle vague, Pape Alé Niang construit vite sa légende. A-t-il lancé cette mode de la revue de presse revisitée, ou s’est-il seulement approprié ce qui a déjà été fait ? Sur la paternité du concept, les avis divergent. Une ancienne de la maison Sud se souvient : « j'ai appris que c'est Abdoulaye Cissé qui a commencé avec cette façon de faire la revue de presse. Quand il est parti, Pape Alé a su et pu le remplacer au pied levé et c'est sa façon de faire qu'ont imité Mamadou Mouhamed Ndiaye et Ahmet Aïdara ». Une chose est sûre, le journaliste a marqué le registre et depuis il est copié. La revue de presse s’invite dans les habitudes. On attend ce moment, séduit par ses envolées, ses chutes, son légendaire et guttural Bismillah, scandé en ouverture. Cette science de la diction résonne encore dans les mémoires.
En dépoussiérant le genre, l’homme avait en tête une idée, comme une boussole : « rendre les informations accessibles à la vendeuse de cacahuètes et innover », se souvient-il. En gros, démocratiser un exercice élitiste. Voilà sa stratégie, et si on peine à savoir si elle est spontanée, pensée de longue haleine, le résultat est probant : ça cartonne. Ousseynou Nar Gueye, cofondateur du quotidien Tract dans les années 2000, depuis devenu un site d’information en ligne, abonde d’ailleurs dans ce sens mettant à l’actif du journaliste « l’avènement et le triomphe d’un éditorialiste en wolof, qui a rendu les analyses politiques accessibles au plus grand nombre sans filtre et d’un intervieweur pugnace en langue nationale, ce dont on n’avait pas l’habitude. » Juste, note-t-il, plus loin en formulant le reproche « qu’il flirte souvent avec le métier d’animateur en pensant faire du journalisme. » De toutes façons, peu importe pour les auditeurs, le créneau est libre et la célébrité commence à envahir ce jeune homme fin, avec ses contours bien dessinés, son visage d’enfant sage sur lequel se sont invitées des lunettes à montures épaisses, et qui a le regard à la fois espiègle et batailleur. A Sud, Papé Alé Niang restera 7 ans. Il le sait, il a bénéficié de la formation d’un groupe précurseur, qui reste la référence du journalisme sénégalais. D’ailleurs, ses hommages vont à ses formateurs, dont Babacar Touré, fondateur du groupe. Le journalisme d’enquête, l’initiation à la politique comme sujet fort, l’apprentissage de la chronique, la revue de presse, le contact avec les professionnels du groupe, marquent le jeune qui commence à bâtir sa réputation et à caresser un rêve de grandeur. Il a côtoyé des voix et des plumes, à qui il destine sa gratitude. Il est prêt pour le sevrage.
Après l’envol, fini la radio, après de loyaux services et une marque déposée de la revue de presse que s’arrachent nombre d’aspirants. Place à la petite lucarne. La télévision privée pousse ses premiers cris de naissance sous la houlette de El Hadj Ndiaye et de sa femme en 2003 avec le lancement de la 2stv. Comme pour Sud, la nouvelle aventure séduit le jeune homme, qui y est coopté. Pape Alé Niang n’est plus seulement une voix, il est désormais aussi un visage, un ton, une inclination pour la politique, série d’actifs qui le conduisent dans le faste naissant de la chaîne qui propose aussi des Talk-shows, jusqu’à mordre les mollets du l’ogre RTS, la télé nationale et historique. L’homme crée ses émissions qui deviennent des rendez-vous prisés : Pile ou Face, Décryptage, entre autres. Il prend de l’épaisseur et devient rédacteur en chef. « Laisser une marque, une empreinte », à l’écouter en parler, semble être un désir de conquête chez l’homme. Une volonté de postérité. A la 2stv, l’art de la mise en scène, déjà perçu à la radio, mûrit. La télévision a une puissance de cristallisation. L’homme s’épanouit, il atteint rapidement une vitesse de croisière. Il diversifie son offre et surtout pilote désormais ses propres émissions. Le passage redouté à la tv après la radio se fait finalement sans baisse de régime. Pour ne rien gâcher, il a une véritable complicité avec la directrice de la chaîne et femme du PDG. Il entretient de bonnes relations avec le boss lui-même. De toute cette expérience, dont il garde un « excellent souvenir », c’est surtout la plongée au cœur du personnel politique, lors des émissions, qui donne de l’épaisseur au journaliste. Dans un pays, où la politique est la matière première des journalistes, au risque d’oublier la chronique sociale du quotidien, l’homme a un levier majeur, un carnet d’adresses, et son plateau est un lieu annexe d’empoigne entre leaders. De quoi jouer d’égal à égal avec les politiques et de risquer d’oublier l’idéal premier du métier.
A la recherche d’un nouveau souffle
Tout le monde défile chez Pape Alé Niang et surtout les opposants dont un certain Macky Sall, avant l’heure de gloire. Il devient leur confident et leur confesseur. Comment expliquer que cette romance ait pris fin, une fois l’ancien maire de Fatick arrivé à la tête du pays ? Pape Alé Niang est évasif, il invoque son « honneur » et le primat de la « quête journalistique sur le phénomène de cour ». Il dénonce également la trahison de la promesse de gouvernance « sobre et vertueuse » et l’ensemble des dossiers étouffés par le régime. Il ne sera pas plus loquace. A être un rebelle, à parfois se complaire dans cette position, ne risque-t-il pas, de tomber dans l’inverse : un acharnement vengeur ? Il botte facilement en touche. Il a son passé pour avocat, son actif pour œuvre inaliénable, plaide-t-il. Pour Samba Dialimpa Badji, ex-pensionnaire du CESTI et rédacteur en chef d’Africa Check, qui témoigne sur le cas Pape Alé : « sans partager certaines de ses prises de positions et postures, il incarne aujourd’hui ce que beaucoup de médias sénégalais n’incarnent plus, être un poil à gratter pour le pouvoir. C’est-à-dire questionner sans arrêt ce que fait le pouvoir. » A la 2stv, tout se passe bien, jusqu’à la veille du scrutin présidentiel de février 2019 et des enjeux qu’il charrie. Les changements de rapports de force, la recomposition médiatique à l’œuvre, le petit mercato des journalistes, les intrusions politiques au gré du jeu des alliances, créent des bisbilles sérieuses avec le boss de la 2stv. L’incompatibilité est de plus en plus marquée. D’un commun accord, dans une rupture à l’amiable très diplomatique et remplie de non-dits, Papé Alé Niang quitte la maison où il est resté douze ans. Amer ? « Non », répond-il. Il ne règle pas plus de comptes que ça. Il avait « fini un cycle », le conflit s’est révélé être une aubaine, « une libération », ajoute-t-il.
L’ombre du pouvoir, les immixtions politiques à craindre dans ses émissions, dans un contexte qui se tend, tout explique ce changement dont le fond de l’affaire semble plus sérieux et plus personnel. Mais Pape Alé, dans un pacte d’élégance, ne veut pas déballer. Il tient à une forme de tact qu’il cultive. Résultats des courses, il se retrouve à la Sen TV, du magnat Bougane Gueye Dany, bref aspirant candidat à la présidentielle, éconduit pour défaut de parrainages et dont l’empire médiatique D-Média pousse crânement à Dakar. Pour une fois, entre Papé Alé Niang et un média qui l’accueille, il ne semble pas y avoir une convergence naturelle. La Sen tv n’est ni Sud, ni la 2sTV. Ce ne sont pas les mêmes histoires. La nouvelle TV n’incarne alors rien comme avant-gardisme journalistique et prospère à coup de buzz sur la fibre de télé urbaine. La collaboration permet néanmoins à l’homme de reprendre du service, et à continuer au cœur du réacteur politique où il a acquis ses lettres de noblesse. Seulement, il le fait dans une configuration nouvelle, où ses accointances politiques nouvelles, influent forcément sur sa réputation. La Sen TV de Bougane, très politisée, hostile au régime, n’est pas forcément le meilleur canal pour un journalisme au-dessus de la mêlée. A trop fuir le compromis, il tombe dans un autre.
Agitateur précoce
Trop captif de la seule politique, le journalisme sénégalais semble peiner à innover et à exporter ses concepts, à créer des émissions-phares qui résistent au temps et marquent de leur empreinte toute une génération. Si Pape Alé Niang dit vouloir contribuer à changer la donne, on ne sent pas encore l’esquisse franche et l’impact décisif. Sa carrière est déjà riche. Pour ce garçon né en 1974, d’un père commerçant et d’une mère au foyer, agitateur au lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque, lycée de la ville historique du Sénégal, les combats et les engagements sont précoces. Tête de cortège des grèves, il n’est pas le dernier à mener la fronde. Cette fibre de l’insoumission, il la tient d’un père très à cheval sur des valeurs cardinales. Il dit avoir reçu de ce patriarche, cette devise qui est devenue celle de sa vie « la dignité et la droiture sont comme un brin d’allumette, on ne les allume qu’une fois. Les entretenir précocement est un gage pour illuminer sa vie ». Il poursuivra des études de sociologie avant de décrocher une maitrise. Cap ensuite à l’ISSIC de Latif Coulibaly, d’où il sort avec un diplôme supérieur de journalisme et de communication. Après deux ans dans un journal économique, Performance, à la veille des années 2000, sous le mentorat de Baye Diagne, c’est Sud, le nid de l’envol. Aujourd’hui, l’homme semble à un carrefour, il a repris des études de Relations Internationales au CEDS [Centre d’études diplomatiques et stratégiques] pour accrocher un master et se tanner le cuir, la tête pleine de projets. Il porte un regard froid sur les compromissions entre la sphère politique et la sphère religieuse et note le « grand complexe » de Macky Sall face à la France, ce qui explique selon lui, une telle présence économique dans le pays. Il évoque les enseignes de la grande distribution française qui fleurissent à Dakar, dans la ville, en tuant le petit commerce. Et preuve parmi les preuves, le chantier gag et irresponsable du TER, comme symbole de la déférence, à la France, du président.
Enfant, Pape Alé Niang rêvait de devenir spin doctor, ces génies des cabinets, faiseurs de destins et marionnettistes de l’ombre. A défaut d’être dans les coulisses de la vie des politiques, c’est face à eux qu’il a réussi à se trouver, lui qui s’inspire de Bernard de La Villardière et de Martin Faye, n’a pas encore renoncé à ses rêves. C’est sans doute le sens du chapitre qui s’ouvre qui le conduira peut-être à réaliser son rêve : « bâtir son propre groupe de presse ».
L’AIBD pourrait connaitre une paralysie durant trois jours dans la période du 22 au 25 février si les travailleurs de la société Handling 2AS mettent à exécution leurs menaces.
L’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) pourrait connaitre une paralysie durant trois jours dans la période du 22 au 25 février si les travailleurs de la société Handling 2AS mettent à exécution leurs menaces.
Le collège des délégués regroupé au sein du Syndicat unique des travailleurs du transport aérien et des activités annexes du Sénégal a adressé un préavis de grève à leur directeur général, le turc Askin, qui fait la pluie et le beau temps à l’Aibd. Ce dernier interpellé depuis près de trois mois à propos de la plateforme des travailleurs fait dans le dilatoire. Ce qui a eu le don de faire monter l’adrénaline au niveau des travailleurs de 2aS.
Ils réclament entre autres, des réponses sur leurs préoccupations tournant autour de l’actionnariat salarié, sur la retraite complémentaire, sur les difficultés pour se faire soigner, sur l’intégration des intérimaires, sur le non-respect des dispositions légales sur les classifications catégorielles. en outre, ils dénoncent ce qu’ils appellent le laxisme sur le renouvellement du matériel de servitude, tout comme aussi la démarche d’air Sénégal qui non seulement n’a pas libéré ses parts dans le capital de 2aS mais encore chercherait à concurrencer sa propre structure en bénéficiant d’une licence d’auto assistance.
« Les travailleurs de 2AS ont décidé de se lever comme un seul homme afin de défendre ce bébé qui a vu le jour par la volonté de l’Etat et l’implication sans faille des agents. Les travailleurs de 2AS accompagnés par leur syndicat et les délégués du personnel vont se battre afin d’améliorer le quotidien de la famille 2AS et vont débusquer tous les pseudo-hommes d’affaires qui militent pour la dislocation du Handling au profit des mafieux » indiquent les délégués dans le document transmis à leur dg et que le témoin a pu lire.
Partant de tout ce tableau, les travailleurs de 2aS ont décidé d’un arrêt de travail le 22 février à 23h59 pour se terminer le 25 février à 23h59. Ce qui serait une catastrophe pour un aéroport qui vient de fêter ses deux ans d’existence. Le drame vécu par les travailleurs de 2aS, c’est que les turcs qui contrôlent la quasi-totalité de l’aéroport de Dakar font ce qu’ils veulent sur le tarmac.
Les employés disent vivre une misère permanente faite de brimades, d’humiliations, de licenciements sans suite. « Les turcs ne respectent personne dans ce pays à commencer par le président de la république, ne pensons même pas à leur ministre de tutelle Alioune Sarr ravalé à un rang de zéro. Les travailleurs regrettent amèrement Léopold Sédar Senghor » écrivent ces employés. a quelques jours d’une énième visite du président turc Recep Tayyip Erdogan au Sénégal, une éventuelle grève des travailleurs de l’Aibd ferait très mauvais effet à coup sûr…
"LE POUVOIR A UN COMPTE À RÉGLER AVEC GUY MARIUS SAGNA"
Jamais les droits et libertés n’ont autant reculé au Sénégal qu’au temps de Macky Sall, selon Seydi Gassama d'Amnesty International
Selon le directeur exécutif de Amnesty international Sénégal, Seydi Gassama, la décision de la justice de maintenir l’activiste Guy Marius Sagna en prison, pendant que ses autres codétenus ont été libérés, laisse croire que le régime en place a des comptes à régler avec le jeune qui est présent dans tous les fronts.
« Pour nous, c’est une très grosse déception que la Chambre d’accusation ait décidé de le maintenir en prison. Mais ça ne nous surprend pas. Car, dès le début, on sait que le régime actuel avait des comptes à régler avec Guy Marius Sagna. Il y a beaucoup de contestations dans ce pays que Guy a portées », a soutenu M. Gassama, joint par Pressafrik.
Partant ce de constat, Gassama estime que le régime, pour tuer toutes ces contestations, a besoin de maintenir le président de Frapp France dégage en prison, de façon totalement injuste ». « Guy Marius n’est pas une personne violente. Il n’a jamais fait de rébellion contre les autorités. Il était souriant à chaque fois que les policiers l’arrêtaient ».
Seydi Gassama a promis que le combat va continuer pour la libération de l’activiste et pour exposer au monde entier la véritable nature du régime de Macky Sall. « Jamais les droits et libertés n’ont autant reculé au Sénégal qu’au temps de Macky Sall. On a l’impression qu’on retourne dans les années 90 sous le régime de Abdou Diouf. Nous sommes choqués et nous allons continuer à exiger sa libération et sans condition »a promis le directeur exécutif d’Amnesty international Sénégal.
LES INTERNAUTES TOURNENT EN BOURRIQUE LE COMMUNIQUE DE L’APR !
L’exclusion de Moustapha Diakhaté a fait le buzz sur le réseau social Facebook avec des internautes qui se sont bien moqués des quatre dignitaires de l’APR ayant signé la lettre d’exclusion.
L’exclusion de Moustapha Diakhaté a fait le buzz sur le réseau social Facebook avec des internautes qui se sont bien moqués des quatre dignitaires de l’APR ayant signé la lettre d’exclusion de l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité à l’Assemblée nationale. Selon les internautes, en tout cas, ces hiérarques de l’APR n’ont pas pris le soin de bien étudier le fond tout comme la forme du document portant exclusion de Moustapha Diakhaté de l’Alliance pour la République. Des rigolades, chahuts, métaphores et ironies ont détourné le communiqué du parti présidentiel de son vrai sens !
Moustapha Diakhaté exclu de l’APR ! Personne, à commencer par l’intéressé, bien sûr, encore moins les internautes n’a été surpris par une telle décision. Beaucoup soutiennent même s’y être attendus. Pourtant, bien que cette exclusion ne soit pas une surprise, elle a suscité moult réactions sur le réseau social Facebook. Les commentaires portent sur les signataires, le fond et la forme dudit document portant exclusion de ce militant de la première heure de l’apr. un document qui serait truffé de fautes, selon ces internautes. Le nommé Jean-Claude note une « indiscipline notoire dans l’écriture » du communiqué.
D’abord, et tout au début du document, « l’absent », qui figure bel et bien sur la liste des présents, du nom de Mbaye Ndiaye serait « excusé ». Pour cela, Dabanar Diop demande une explication sur cette personne absente et excusée mais qui paraphe tout de même un document d’exclusion. Ce qui surprend Ndiamé Thiam, « c’est l’aridité du texte qui tient office de lettre d’exclusion sans compter la composition de la commission qui a traité le cas Moustapha Diakhaté ».
A la place de ce dernier, dit-il, « je ne donnerais aucune suite à cette lettre. Le contenu nous renseigne sur les membres, le fonctionnement du parti et surtout l’irrespect envers Moustapha. il ne devait jamais recevoir une exclusion venant de ces militants ou responsables de second rang ». Alors qu’on n’avait pas fini d’en rire avec ce commentaire d’un internaute qui parle de « trois pelés et un tondu absent et excusé », Amadou Bâ, un autre internaute qui doute de l’authenticité du communiqué pondu, pense que « c’est un fake news ». « Car c’est très gros pour venir des instances du parti présidentiel », soutient-il. « C’est la première fois que je vois une structure chargée de la discipline et autres être composée par quatre membres. Généralement c’est avec toujours un nombre impair que ses membres sont constitués (3, 5, 7…) », a fait remarquer Mbagnick Manet qui se demande comment peuvent-ils exclure quelqu’un sans au préalable l’entendre ?
Moussa Bala Fofana, lui, n’a aucune clémence pour les signataires du communiqué d’exclusion. Selon lui, « quand la notion d’indiscipline est plus évidente à la simple lecture des noms des membres de la commission dite d’indiscipline, on finit par ne plus s’attarder sur le nom de la personne convoquée pour indiscipline ». Selon Mamadou Lamine Diatta, ils auraient dû solliciter les services d’un sachant. Ce n’est pas la peine, renchérit Diambarou Pastef. de toutes les façons, estime-t-il, Moustapha Diakhaté allait démissionner de ce parti bourré de farceurs. donc pour ne pas que cela affecte leur réputation, ils ont cru bon de prendre les devants. Déjà, celui (ndlr, le départ) de Mary teuw niane est une grande perte ».
Pape Mamadou Seck, lui, se demande si cette exclusion empêchera M. Diakhaté de parler. Selon lui, « ces gens veulent juste montrer leur petite force partout ». de toutes les façons, et « vu la légèreté de la motivation de son exclusion, il (ndlr, Moustapha Diakhaté) peut saisir la justice pour la faire annuler. Car, ils lui reprochent juste des propos séditieux et fractionnistes non étayés par aucune source incriminante (interviews télé, radio, publication Facebook…). en outre, aucune mise en demeure ou avertissement préalable n’ont été énoncés. Manifestement, la commission de discipline n’a pas respecté les droits de la défense.
D’après l’article 21 des statuts de l’APR, il y a une échelle des sanctions avant l’exclusion. D’autre part, c’est le président du parti qui prononce la sanction sur proposition du conseil national. Enfin, la lettre d’exclusion a oublié de mentionner les voies des recours dont dispose Moustapha Diakhaté ».
Karl Pape trouve que cette exclusion faite par « ces plaisantins » est illégale. et c’est peut-être pourquoi le concerné lui-même, Moustapha Diakhaté, pour ne pas le citer, parle d’une « commission de farceurs ». « Ce qu’ils ont fait, c’est de la diversion, c’est de la provocation. Je n’ai pas le temps de ces gens-là. Mon temps je le consacre à la mise en place du Mouvement Manko takhawu Sunu apr/initiative pour la refondation de l’alliance. Je donnerai plus d’informations par rapport à l’organisation et aux objectifs du mouvement au peuple sénégalais et au militants de l’APR », a confié l’intéressé emedias.
LES HERITIERS DE MME FATOUMATA MATAR NDIAYE OBTIENNENT 350 MILLIONS CFA EN GUISE DE… RECONFORT MORAL
Condamné à la prison vie, Samba Sow doit payer la somme de 350 millions CFA à titre de dommages et intérêts aux héritiers de la défunte.
Condamné à la prison vie, Samba Sow doit payer la somme de 350 millions CFA à titre de dommages et intérêts aux héritiers de la défunte. Mais, comme l’avait déploré « Le Témoin » dans une de ses éditions la semaine dernière, ces condamnations pécuniaires ne constituent qu’un réconfort moral. Car on voit mal un Samba Sow qui a tué pour 300 mille francs afin de financer son mariage débourser une somme si faramineuse. La Justice sénégalaise doit-elle créer un fonds de garantie au profit des victimes comme en France ?
Travaux forcés à perpétuité ou prison à vie. telle est la sentence qui s’est abattue comme un couperet sur la tête de Samba Sow. Il est reconnu coupable d’avoir froidement tué Mme Fatoumata Matar Ndiaye lors d’un cambriolage avorté. en même temps que cette sentence, la guillotine financière a été activée puisque la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar a condamné également le meurtrier à payer 350 millions de francs à titre de dommages et intérêts aux héritiers de la défunte. on a du mal à croire qu’un voleur aussi pauvre et fauché que Samba Sow puisse débourser une telle somme, en milieu carcéral où il se trouve qui plus est, pour désintéresser la famille de Mme Fatoumata Matar Ndiaye.
Un Samba Sow qui voulait voler un montant de 300.000 francs pour pouvoir célébrer dignement son mariage… Comme nous l’avions expliqué dans notre dossier (Voir édition du jeudi 16 janvier 2020), devant l’ex-Cour d’assises comme à la barre de l’actuelle chambre criminelle, la guillotine pénale entraîne toujours une sentence financière : les dommages et intérêts. Des sommes allant de 10 millions à 500 millions voire des milliards de francs que les juges allouent généreusement à longueur de sessions. Selon un ancien directeur de l’administration pénitentiaire, que nous avions cité, ces sommes exorbitantes qui font rêver ne représentent rien d’autre que du… réconfort moral. Sans aucune possibilité d’être recouvrées un jour ! a l’issue de chaque procès de ce genre, on entend des dommages et intérêts alloués aux parties civiles. Comme ce fut le cas, hier, dans l’affaire Fatoumata Ndiaye où le président de la chambre criminelle a alloué la somme de 350 millions CFA aux héritiers de la défunte.
Certes, les sommes allouées à titre de dommages et intérêts font rêver. Malheureusement, ces dommages et intérêts qui constituent la compensation financière à laquelle peuvent prétendre les parties civiles, ne constituent bien souvent, si ce n’est la plupart du temps, qu’une sorte de « réconfort moral ». Selon donc notre officier retraité de l’administration pénitentiaire, « durant 40 ans de service au sein de cette administration, je n’ai jamais vu un condamné payer des dommages et intérêts aux ayants droit de ses victimes. Jamais ! Même élargis après 15 ou 25 ans de travaux forcés, ils n’auront même de quoi prendre un car rapide pour rentrer chez eux, à plus forte raison penser à dédommager des héritiers dont ils avaient sauvagement tué le parent pour un portable de 10.000 Cfa ou une chaîne en or par exemple » avait expliqué cet ancien régisseur de la prison de Rebeuss.
En quoi consiste donc la contrainte par corps ? « Ne me parlez surtout pas de contrainte par corps qui consiste à incarcérer ou maintenir en détention une personne solvable pour l’obliger à payer le montant d’une condamnation pécuniaire. Même si c’était une modique de 50.000 francs, aucun condamné pour crime de sang ne serait capable de la payer. Souvent, ces condamnés sortent de prison trop âgés (environ 70 ou 80 ans), sans famille, sans repère social, sans fréquentation. Car, durant toute leur jeunesse, ils vivaient dans le grand banditisme jusqu’à leur arrestation.
Donc, comment ces gens là peuvent ils désintéresser à coups de millions des ayants droit de victimes ? D’ailleurs, les parties civiles, après la condamnation judiciaire, ne se préoccuperont plus de la vie carcérale de l’assassin de leur parent. Que le condamné soit élargi ou non, mort ou vivant, les familles éplorées sont obligées de tourner cette page douloureuse. Mieux, l’ancienneté des faits finira toujours par éloigner les deux parties à savoir les condamnés et les héritiers de la victime » avait ajouté cet ancien régisseur de prison.
Demain, un Fonds de garantie « judiciaire » ?
En France, pays que nous connaissons le mieux et qui a inspiré nos textes judiciaires, c’est le Fonds de garantie « judiciaire » qui prend le relais pour l’indemnisation des victimes si la personne condamnée n’est pas solvable. et ensuite, le même Fonds se retourne contre le condamné pour tenter de recouvrer les sommes payées à la victime. toujours est-il qu’au Sénégal, on ne connait que le Fonds de garantie automobile chargé d’indemniser les accidentés de la circulation lorsque le responsable d’un accident automobile demeure inconnu ou n’est pas assuré. Souhaitons que demain, un Fonds de garantie soit créé auprès des chambres criminelles sénégalaises ! En attendant, ce n’est pas demain la veille que les ayants droit de la pauvre Fatoumata Matar Ndiaye pourront compter leurs liasses de billets de banque venant de Samba Sow, le meurtrier de leur mère ou parente…
CES BOULETS QUI FREINENT LE PAYS
Les différents gouvernements s’endettent, se succèdent et ne finissent pas forcément d’éponger. ‘’EnQuête’’ revient sur certains programmes de développement économique et social dont le remboursement des emprunts grève toujours le budget du Sénégal
Abdou Diouf n’était pas encore président de la République. Abdoulaye Wade venait de fêter le 6e anniversaire de son Parti démocratique sénégalais. Le président Macky Sall était perdu quelque part entre ses études d’ingénieur géologue et le militantisme à l’université. Ils ont tous contribué, pourtant, de manière différente, à contracter, alourdir et effacer une ardoise de la dette sénégalaise dont le remboursement, pour certains programmes, se terminera en 2029, 2033 ou 2037.
Au Sénégal, le stock de la dette publique totale est arrêté ‘‘à 7 339 milliards F CFA, au 31 décembre 2019 et est projeté à 8 076,6 milliards F CFA en 2020. Le ratio d’endettement public se situe à 54,9 %, au terme de la gestion 2019, et est prévu à hauteur de 54,5 %, à fin 2020 ; un taux qui reste contenu bien en deçà de la norme communautaire de 70 %’’, d’après un document du ministère du Budget consulté par ‘’EnQuête’’. Les près de 2 000 milliards de dette extérieure méritent une surveillance. A l’analyse de sa composition, on se rend compte que le Sénégal doit toujours rembourser des emprunts dont l’essentiel s’est constitué entre 1980 et 2000. Bien sûr que l’Etat, c’est la continuité et bien sûr que la deuxième alternance, sous Macky Sall, s’endette et un autre régime remboursera les emprunts.
Le Sénégal n’a pas encore fini de payer pour Manantali (2026) ; le PDIS a encore 17 ans pour un remboursement complet
L’exemple le plus connu de l’opinion sénégalaise reste sans doute les barrages de Diama et Manantali signés en 1982 avec le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe. Le Sénégal devrait finir de payer dans six ans (2026) pour ce prêt contracté dès les premières années de gestion du président Abdou Diouf. La finalité laissera à désirer, puisque les remarques concernant l’utilité de ce barrage sont absolument critiques.
‘‘Voiture de luxe sans moteur’’, estime le journaliste suisse Roger de Diesbach en 1988 ; ‘‘un non-sens économique et environnemental’’, estimera, pour sa part, le ministre allemand de l’Assistance au développement, Carl-Dieter Spranger, en 1993. D’ailleurs, explique Peter Bosshard de l’ONG International Rivers, la Banque mondiale a refusé de soutenir le barrage de Manantali, qu’elle ne considérait pas comme un investissement raisonnable et a cessé tout financement à l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) en 1979. L’USAID a également refusé de soutenir la construction du barrage, quoiqu’ayant fourni une assistance financière et technique pour les évaluations environnementales.
La construction de ce barrage de Manantali a coûté environ 500 millions de dollars. Le financement a été fourni par plusieurs gouvernements arabes, les Banques islamique et africaine de développement (BID – BAD) l’Italie, la CFD française, la KfW allemande, l’ACDI canadienne et l’Union européenne (UE). Les contrats de travaux de génie civil ont été attribués à Ed. Zublin (Allemagne) et Losinger (Suisse). En 1972, les gouvernements du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal ont créé l’OMVS afin de promouvoir l’irrigation, la production d'électricité et la navigation dans la vallée du Sénégal.
Sous les auspices de l’OMVS, la construction du barrage de Manantali a débuté en 1981. Le but était d'irriguer une superficie de 3 750 km², de générer de l’hydroélectricité et de permettre la navigation entre les villes de Saint-Louis et Kayes. Dans le même temps, le barrage de Diama a été construit sur le delta du fleuve, pour empêcher l'intrusion d’eau salée dans la basse vallée. Le barrage de Diama a été achevé en 1986 et Manantali en 1987. Bien que tous les financements aient été consommés à ce moment-là, la centrale n’avait pas été construite et le fleuve n'était pas apte à la navigation commerciale. De graves tensions politiques et militaires entre la Mauritanie et le Sénégal, qui avaient été alimentées notamment par les impacts du barrage de Manantali, ont paralysé l’OMVS et arrêté toute planification de projet à partir de 1989.
Le document des services du Budget fait savoir également que le développement rural Mbour-Kaolack, financé par le Fonds international de développement agricole (Fida) en 1980, fait encore de ‘‘la résistance de dette’’. Son dernier paiement sera complété dans dix ans, en 2029. Des prêts qui se seront réalisés sous le magistère des deux prédécesseurs au président Macky Sall. La coopération entre le Fida et le Sénégal s’est fortement développée au cours des années 1990. Alors qu’il n’y avait qu’un seul projet pendant les années 1980, quatre autres ont démarré dans la décennie de 1990 et six projets étaient en cours en 2004.
‘‘L’engagement financier total pour les 11 projets approuvés à ce jour s’élève à 235 millions de dollars US (environ 150 milliards de F Cfa) dont 114 millions de dollars US de prêts du Fida. Pour les cinq projets clôturés, la durée moyenne de mise en œuvre a été de neuf ans et le taux de décaissement final des prêts Fida a été de 77 %. Le taux de décaissement moyen des cinq projets en vigueur au moment de l’évaluation est de 21 % pour une durée d’exécution moyenne actuelle de trois ans’’, d’après un document du Fida. Les chiffres actualisés de février 2015 montrent que le Fida a investi au Sénégal plus de 248 milliards de F CFA pour le financement de 16 projets en 36 ans de partenariat.
Le Projet de développement sanitaire intégré (PDIS) signé en 1998-2007 avec le Fonds nordique de développement, est la première phase de mise en œuvre du Programme national de développement sanitaire (PNDS). C’est également l’un des projets les plus ‘‘durables’’, puisque la dette sera apurée en 2037.
Décennie 2000 : recapitalisation Senelec, dernier paiement en 2033, autoroute de l’Avenir jusqu’en 2039 et hôpital Dalal Jam
Si le document accable la tenue de Diouf et des emprunts mal calculés, l’alternance de 2000 ne sera pas non plus un modèle en matière d’endettement responsable. Au total, ‘‘le Sénégal devra s’acquitter exactement de 1 887,8 milliards de F CFA, pour des prêts contractés entre 2000 et mars 2012’’, lit-on dans ce document du ministère du Budget. L’atteinte du plafond de la dette, dans les dernières années de la première alternance, étonnera, révolte même notre source qui ne comprend pas le Sénégal qui a profité, en 2006, d’un effacement total de sa dette, en compagnie de treize autres pays, contractée auprès du FMI, de l’Association internationale de développement (AID) – la filiale de la Banque qui accorde des crédits concessionnels aux pays à faible revenu – et de la Banque africaine de développement (Bad). L’encours de la dette, qui égalait 78 % du PIB en 2000 (huit points de plus que la norme communautaire) baisse alors jusqu’à 21 % avec cette mesure. Mais le taux d’endettement remontera jusqu’à 40 %, cinq années plus tard, en 2011.
La recapitalisation de la Senelec, financé par l’Agence française de développement (AFD) en 2008, a également été l’une des décisions du président Wade dont la tenue, sous son magistère de 12 ans, fait toujours ressentir des contrecoups d’une gestion bancale. Le Sénégal épongera l’ardoise de cet appui financier concessionnel de 33 milliards de F Cfa en 2033. A la signature de cette convention par le ministre Abdoulaye Diop, le but était de procéder à la recapitalisation de la Senelec sur la période 2007-2009, afin de lui permettre de retrouver l’équilibre financier et les ratios de gestion standard, d’ici à 2009.
Mais les résultats seront plus que décevants. Cette même année, le projet autoroute à péage Dakar - Diamniadio est signé avec la même agence pour un partenariat public-privé de 30 ans. Après la prise en charge, par l’État, de la construction de la première partie de l’autoroute reliant Dakar à Pikine, l’AFD, la Banque mondiale, la Bad et la BOAD ont financé la construction de la fin de l’autoroute entre Pikine - Diamniadio. L’AFD a, par la suite, financé le prolongement de l’autoroutière à péage depuis Diamniadio jusqu’au nouvel aéroport international Blaise Diagne (17 km).
Sous le magistère de Wade, le projet de construction et d’équipement d’un établissement public de santé hospitalier de troisième niveau, Hôpital Dalal Diam, a également été signé en 2006 avec la Banque islamique de développement dont le paiement va s’échelonner sur 25 ans (2031).
Depuis près d’une décennie, Macky Sall est également dans la logique d’un endettement qu’il assume et qualifie de ‘‘responsable et prudent’’, pour assurer l’équilibre des finances publiques et financer le développement économique. Le Sénégal a été présent sur le marché financier international en 2014, 2017 et 2018, pour lever des ressources nécessaires à la mise en œuvre de projets et programmes d’investissements structurants.
En attendant de voir le jugement de la postérité sur sa méthode d’endettement, il devra bien éponger celle de ses prédécesseurs.
MBEUBEUSS, FONCIERÈMENT AGRESSÉE JUSQUE DANS SON MILIEU NATUREL
Non contents d’avoir construit aux abords de la décharge, les riverains tentent encore de la faire dégager. Alors que, normalement, c’est eux qui auraient dû aller voir ailleurs. « Le Témoin » pose le débat…
Pourquoi le président Macky Sall ne doit pas céder à la…pression
Implantée à Yarakh bien avant l’indépendance, la décharge publique de la capitale avait finalement été délocalisée à 30 kilomètres de Dakar, précisément à Mbeubeuss, suite à l’agrandissement de la ville. C’était en 1968. Hélas, en plus de 50 ans, cette extension de la métropole a atteint Mbeubeuss et la décharge se voit une nouvelle fois sommer de déménager, voire déguerpir, pour aller très loin de la capitale ! . Non contents d’avoir construit aux abords de la décharge, les riverains tentent encore de la faire dégager. Alors que, normalement, c’est eux qui auraient dû aller voir ailleurs. « Le Témoin » pose le débat…
« Mbeubeuss dégage »! Pourtant, ce sont ceux qui hurlent ce slogan qui aurait dû dégager. a tout le moins, ils n’auraient jamais dû habiter aux abords de cette gigantesque décharge. Hélas durant 50 ans, des courtiers, des spéculateurs et des opérateurs immobiliers sans droit ni titre sont allés agresser la décharge publique de Mbeubeuss jusque dans son milieu naturel. implantée à Yarakh (Dakar) bien avant l’indépendance, la décharge publique d’ordures ménagères avait été victime d’un premier revers suite à l’ « éclatement » d’une bombe démographique qui l’avait contrainte de se refugier à 30 km de Dakar : Malika ! Ce, dans une sorte de cuvette voire de « mare aux crocodiles » qui s’étend sur plus de 75 ha et nommée Mbeubeuss . Dans l’exposé des motifs d’un projet de loi (1967) créant cette décharge publique, le législateur avait justifié le choix de la zone d’accueil en ces termes : « Située à Malika, cette nouvelle décharge publique d’ordures est un ancien lac asséché et sur les flancs de la grande dépression humide des Niayes, la principale zone maraîchère au Sénégal. Le site n’a fait l’objet d’aucun aménagement préalable puisqu’il est destiné à accueillir l’ensemble des déchets ménagers et industriels de la région de Dakar » lit-on. Vous constatez bien avec nous que Mbeubeuss et ses flancs (abords) n’étaient alors, c’est-à-dire en 1967, qu’un environnement sauvage inhospitalier pour l’être humain.
Un pied dans les poubelles !
Plus de 50 ans après son ouverture (1968) dans cette zone non aedificandi, la décharge de Mbeubeuss souffre de l’attaque et de la persécution d’un grand banditisme foncier. Jusqu’aux années 80, la décharge était très éloignée des villages traditionnels comme Malika, Keur Massar et Yeumbeul. Selon le vieux o. Ka, notable à Malika, la décharge de Mbeubeuss était si éloignée du village qu’il y avait une zone tampon désertique à perte de vue. « Le daara de Malika construit en 1978 était l’un des rares bâtiments que l’on voyait dans cette zone. C’était avec l’appui du président Senghor que cette maison d’accueil pour talibés mendiants avait été construite. en dehors du daara de Malika, il y avait quelques vergers et poulaillers éloignés de la décharge. Mais aujourd’hui, les gens, non contents de venir construire et habiter aux abords de la décharge, habitent dans la décharge même parfois ! de manière anarchique, sans droit, ni titre. et ce sont ces gens-là qui manifestent leur colère contre la décharge de Mbeubeuss ! La même chose s’est produite à la plage de Malika où les squatteurs fonciers ont chassé les soldats du bataillon des parachutistes de leur propre champ de tir » déplore « Vieux » Ka. Notre octogénaire a raison puisque des maisons sont construites aux abords directs de Mbeubeuss, presque un pied dans les poubelles pour ne pas dire « un pied dans l’eau ». Néanmoins, plaide notre sage de Malika, l’état doit trouver une solution pour les populations riveraines puisque Mbeubeuss est devenu un problème de santé publique. allez faire un pèlerinage écologique au « pays » des ordures ! Tout visiteur s’aventurant sur les lieux peut constater en effet que les pouvoirs publics ont laissé pourrir la situation pour avoir longtemps fermé les yeux sur les constructions anarchiques et les occupations illégales de cette zone très hostile pour l’être humain. il est vrai que la région de Dakar s’est vite agrandie.
Les départements et les communes se sont multipliés. Les quartiers périphériques n’ont cessé de s’agrandir alors que d’autres sont nés sous la pression démographique et l’exode rural. Lequel s’est aggravé avec les années de sécheresse. a cela s’ajoute la flambée des loyers qui ont fini par pousser les « goorgorlous » à transformer les zones agricoles en lieux d’habitation. tout simplement parce que la politique de logement social et l’accès au foncier viabilisé n’ont jamais été une préoccupation majeure pour les régimes précédents (Senghor et Diouf). Pour tout cela, le coût et l’accessibilité à un habitat décent constituent un éternel défi que de nombreux groupes peinent à relever. Il en résulte alors des courses de masse effrénées vers les terrains libres, fussent-ils des fleuves asséchés ou dormants. Là, on peut au moins comprendre et tolérer pour des raisons d’ordre social et humanitaire. Seulement, peut-on admettre ou concevoir que des gens aillent ériger des habitations dans des ravins et montagnes de déchets comme l’immense décharge publique de Mbeubeuss ? et pire dans un environnement où ils sont exposés aux polluants toxiques et endémiques tels que l’eau impropre des nappes phréatiques, l’air atmosphérique pollué, les fumées d’incinération des ordures et des déchets industriels etc. Pour dire que les riverains de Mbeubeuss vivent au mépris des règles d’urbanisme et d’hygiène les plus élémentaires !
Récupérateurs et ferrailleurs sonnent la résistance !
Quand l’anarchie devient la règle, les vagues de contestation populaire se retournent contre l’état. A preuve par les riverains réunis au sein du collectif « Mbeubeuss dégage » et qui réclament la fermeture de la décharge publique. Mieux, ils dénoncent les conséquences sur leur santé de la pollution occasionnée par la décharge ! « Ce dépotoir n’a qu’à dégager de notre environnement. Mbeubeuss, ça va, ça suffit ! » S’est étranglé Mamadou Fall, coordonnateur du collectif des riverains lors de leur dernier rassemblement sur le site où ils ont tenté d’empêcher l’accès des camions-bennes. « Cette décharge est une bombe écologique. Nous ne pouvons plus vivre avec elle décharge et demandons sa délocalisation » a sommé un certain M. Touré dont la maison se trouve à quelques mètres des ordures et des déchets. « Les membres de ma famille ont des problèmes pulmonaires sans oublier les autres asthmatiques à cause des effets polluants de cette décharge à ciel ouvert » s’est-il plaint. Pendant ce temps, récupérateurs et recycleurs jouent aux arbitres bien que s’opposant à la délocalisation du site où ils s’activent pour gagner leur pain. du matin ou crépuscule, ils fouillent dans les ordures en compagnie de leurs familles pour y récupérer des déchets de métaux, du plastique, des verres, du bois, des objets encore utilisables jetés par les ménages aisés etc. « non, Mbeubeuss ne dégage pas et ne doit pas dégager ! Car, cette plateforme d’ordures constitue notre lieu de travail. J’ai fait 22 ans dans cette zone à ordures dont les activités m’ont permis de construire ma maison à Bambey. Donc, délocaliser Mbeubeuss serait une erreur ! » a tonné M. Gueye joint au téléphone par le biais d’un camionneur benne. Toutes choses qui font qu’on se demande qui, des riverains ou des ordures, devrait dégager de la zone? Selon nous, ce sont les populations riveraines qui devraient être sommées de vider les lieux pour s’être rapprochées irrégulièrement de Mbeubeuss. Seulement voilà, il s’agit d’une question de santé publique et d’humanisme pour ces nombreux pères et mères de famille et leur progéniture vivant dans la zone.
Dans l’impossibilité de dégager ces gens pour toutes sortes de raisons dont celles énumérées ci-dessus, l’état devra trouver une solution rapide et durable en accélérant le processus de modernisation ou d’industrialisation de la décharge. Car, ailleurs dans le monde, notamment dans tous les pays développés, les ordures ménagères ne sont plus considérées comme des déchets et autres matériaux sans valeur, mais plutôt comme des ressources voire des matières premières à valoriser pour en tirer des bénéfices économiques et sanitaires. Voire pour produire de l’énergie. Car fermer Mbeubeuss et la déplacer, c’est combler de bonheur les autres et provoquer le malheur des uns. or qui dit fermeture, doit forcément envisager ouverture !
Et une nouvelle décharge publique d’ordures ne pourrait être ouverte que dans une autre localité, un autre quartier, un autre site proche de Dakar compte tenu de la nécessaire rotation des camions-bennes devant évacuer les déchets de la capitale. et on voit mal comment, avec la sensibilité actuelle aux problèmes d’environnement, comment des populations d’autres localités pourraient accepter d’accueillir chez elles une décharge aux effets réellement toxiques qui va s’étendre sur des dizaines, voire des centaines, d’hectares ?
Quand le ministre Abdou Karim Fofana se rétracte…
Ce qui est le plus grave c’est que, au lieu de faire régner l’ordre écologique à Mbeubeuss victime d’une agression foncière sans précédent, M. Abdou Karim Fofana, ministre de l’urbanisme, du Logement et de l’hygiène publique avait cédé dans un premier temps sous la pression des riverains lors de son passage le 18 décembre 2019 devant le haut Conseil des Collectivités territoriales. « La décharge de Mbeubeuss sera bientôt fermée » avait-il annoncé. et un mois après, le ministre s’est rétracté dans les colonnes de notre confrère Libération : « Mbeubeuss ne sera pas fermée ! Car, il n’est jamais question de délocalisation du fait que l’état du Sénégal est en train de mettre un programme de modernisation, de restructuration, de valorisation et de gestion des déchets » avait-il rassuré pour calmer le collectif « Mbeubeuss dégage ! ».
Seulement, notre ministre aurait dû demander aux riverains comment se sont-ils retrouvés aux abords des ordures jusqu’à y construire des habitations. Dommage que, pour des calculs politiques et raisons électoralistes, l’état ait une nouvelle fois reculé devant une « résistance » populaire. Cette anarchie foncière à la « Mbeubeuss » est constatée également au village de Ngor où de richissimes particuliers ont « repoussé » la mer avant d’ériger des villas sur des remblais. et s’ils sont victimes, demain, des effets dévastateurs d’une houle (nous ne le souhaitons pas !), ces nouveaux riches ayant « deux pieds dans l’eau » vont-ils se retourner eux aussi contre l’état pour demander la « délocalisation » de la mer ? en tout cas, de multiples raisons militent pour que le gouvernement du président Macky Sall ne cède pas sous la pression de « Mbeubeuss dégage » tout en trouvant une solution écologiquement et « sanitairement » acceptable pour le bien-être des riverains !