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27 juillet 2025
PAR Achille Mbembe
POURQUOI ONT-ILS TOUS PEUR DU POSTCOLONIAL ?
Qui peut honnêtement nier que l’esclavage et surtout la colonisation, mais aussi l’extraction des richesses du sol et du sous-sol, les migrations, ont joué un rôle décisif dans ce processus de collision et d’enchevêtrement des peuples ?
Contrairement à Edward Saïd, Homi Bhabha ou Gayatri Spivak, je ne suis pas un théoricien du postcolonialisme, encore moins l’un des grands prêtres de la pensée dite décoloniale et dont l’essentiel des thèses, tout comme au zénith de la théorie de la dépendance (ou de ce que l’on appelait alors « le développement du sous-développement »), nous viennent d’Amérique Latine. Des subaltern studies (un important courant de pensée historiographique né en Inde dans les années 1980), je n’en ai entendu parler qu’au début des années 1990, lorsque je me suis établi aux États-Unis après des études à l’université de Paris I-Panthéon Sorbonne et à Sciences-Po.
C’est vrai, j’ai publié en 2000 un essai intitulé De la postcolonie, une réflexion avant tout d’ordre esthétique qui tirait son inspiration de l’écriture romanesque et de la musique africaine de la fin du XXe siècle[1]. Passé sous silence en France, l’essai fut rapidement traduit en anglais et connut un remarquable succès aux États-Unis et dans les mondes anglo-saxons où il est devenu un classique[2]. Les « études postcoloniales » n’en constituaient pas l’objet. En vérité, il s’agissait d’une contribution à la critique de la tyrannie et de l’autoritarisme, ces facettes souvent inavouées et longtemps réprimées de notre modernité tardive.
J’interrogeais en particulier la manière dont les formations sociales issues de la colonisation s’efforcèrent, alors que les politiques néolibérales d’austérité accentuaient leur crise de légitimité, de forger un style de commandement hybride et baroque, marqué par la prédation des corps, une violence carnavalesque et une relation symbiotique entre dominants et dominés. À ces formations et à ce style de commandement, je donnais le nom de postcolonie, un terme inventé de toute pièce, qui jusqu’à ce jour, du moins à ma connaissance, n’existe d’ailleurs dans aucun dictionnaire français.
Ne me reconnaissant guère dans ces mouvements d’idées, je n’ai par ailleurs aucune raison de leur être hostile. À quoi cela servirait-il ? Comme tant d’autres courants issus d’autres traditions intellectuelles à diverses périodes de notre histoire, je les considère comme faisant partie des archives du Tout Monde, une part désormais inéradicable de nos multiples héritages, que ceux-ci soient assumes ou non. Ailleurs et dans le reste du monde d’expression française, beaucoup l’ont au demeurant compris. Pourquoi priveraient-ils, alors que le nouveau siècle s’ouvre sur un déplacement historique majeur ? L’Europe, en effet, « ne constitue plus le centre du monde même si elle en est toujours un acteur relativement décisif » [3]. Pour avancer dans la nuit qui nous guette, ne vaut-il pas mieux rester éveillé, prêt éventuellement à accueillir l’inattendu, voire ce qui, à première vue, nous désoriente et nous déroute?
Toxicose
Hélas, telle n’est manifestement pas la sensibilité de l’époque. La preuve ? À peu près tous les deux ou trois mois, le public lettré d’expression française dans les quatre coins du monde est convié à un curieux sabbat au cours duquel des sacrificateurs auto-désignés procèdent à l’immolation rituelle non point d’un bélier, d’un agneau ou de tout autre bouc émissaire, mais de ces courants de pensée, auxquels il convient d’ajouter les études de genre ou de la race, et de leurs dévots supposés. Cela fera bientôt vingt ans que dure le manège et rien, en l’état actuel des choses, ne semble devoir l’arrêter. À y regarder de près, cette offrande à l’on ne sait quel dieu a toutes les apparences d’une tentative d’idéicide.
Il faut la qualifier d’idéicide dans la mesure où ce dont on cherche à empêcher la dissémination et ce dont on réclame à cors et à cris l’extirpation, ce sont des idées, quitte à blesser au passage ceux et celles qui les portent. Dans la langue des nouveaux sacrificateurs, plusieurs épithètes et sobriquets servent à typifier ces courants juges nocifs, et dont beaucoup, apparemment, redoutent ouvertement l’emprise sur les esprits et sur les institutions. « Obsédés de la race », « racistes anti-blancs », « bonimenteurs » en sont quelques-uns, sans doute pas les plus fleuris, d’une longue et scabreuse flopée. Que dire des multiples autres désignations, les unes plus sexistes que les autres, dont la fonction est, manifestement, de jeter le discrédit sur des pratiques et des univers cognitifs dont on ne sait pas grand chose, dont au fond on n’a cure (“féminisme radical, groupusculaire, vindicatif et victimaire”), ou que l’on réduit à une affaire de petits sous (vulgaire “business”), voire à une oiseuse et bruyante distraction (un simple “carnaval”) ?
Toutes ces épithètes, insultes et caricatures et tous ces sobriquets ont en commun une chose. Ils cherchent vainement à éloigner un spectre et à conjurer la terreur que ne cesse de provoquer un hideux fétiche mal acquis et mal dissimule, le colonial ou, ou, plus précisément, la colonialité, ses généalogies, ses structures et ses conséquences dans le présent. L’interminable campagne de stigmatisation et de dénigrement, et dans certaines circonstances d’intimidation pure et simple n’a, quant à elle, strictement rien d’un débat académique. Souvent menée à coup d’injures, ses véritables significations se trouvent ailleurs, et c’est sur ce dont elle est le symptôme (et non sur l’objet stigmatise) qu’il convient donc de se pencher.
Cette campagne de dénigrement est passée par plusieurs étapes. Au début des années 1990, très peu ayant pris la peine de s’informer, de lire les textes majeurs, de les traduire en français ou de les étudier sérieusement dans leur langue d’origine, ce ne furent que condescendance et indifférence, sarcasmes et quolibets, à quoi l’on ajoutait, de temps à autre, la traditionnelle dose de mépris. Ignorance, suffisance et arrogance ne parvenant guère à endiguer la vague, l’on passa au début des années 2000 au procès en illégitimité. Désormais, le temps est au combat frontal. Pour masquer la bêtise récurrente, l’on n’hésite plus à recourir aux injures ou à vilipender ce au sujet de quoi l’on ne sait strictement rien ou si peu. Du coup, ceux et celles d’entre nous qui s’attendaient à une véritable joute intellectuelle en sont pour leurs frais.
Car, à aucune de ces étapes, la raison n’aura avancé d’un seul pas. Au contraire, les approximations et raccourcis se multipliant, la pieuvre de l’ignorance et de la veulerie continue d’étendre au loin ses tentacules, recouvrant d’un assourdissant brouhaha les voix de ceux et celles, en vérité très peu nombreux, qui ont effectivement pris la peine de lire et d’étudier les dits courants de pensée afin d’en saisir le lexique, les méthodes, les énoncés exacts et leur impact réel ou supposé sur la compréhension de notre monde.
Comment expliquer autrement la confusion ambiante, entre ceux qui font semblant d’oublier d’où eux-mêmes parlent, et ces autres qui ne cessent de bégayer, de se mêler les pieds, de mélanger les noms, les dates, les lieux, les catégories et les arguments, de prendre le postcolonial pour le décolonial, le décolonial pour le racisme anti-blanc, la communauté pour le communautarisme (le vieux nouveau chiffon rouge), le racisme pour la race et l’étranger pour l’ennemi de l’universel ?
On le voit bien, nous sommes face à un cas de toxicose aigüe, du genre qui affecte les vieilles nations impérialistes lorsque, le deuil n’ayant vraiment jamais été fait de la colonie, sonne l’heure de la nostalgie et de la mélancolie. Hier, en effet, il s’agissait d’accaparer le monde au profit de quelques-uns. Telle était la définition, en dernière instance, du colonialisme. Dans un comique retournement de l’histoire, tout se passe comme si le monde qu’hier l’on croyait s’être accaparé cherchait aujourd’hui à nous dévorer de l’intérieur. La forteresse serait donc assiégée et prise d’assaut. D’où la panique. La bunkerisation. La volonté d’expurgation, l’irrépressible désir de violence en réponse au défi de la planétarisation du monde, ce vieux nouveau programme culturel européen.
À coup d’exhortations, d’appels répétés à la vigilance, à la dénonciation, à l’excommunication, voire à la répression bureaucratico-administrative, des personnages de diverses obédiences se sont donc mis à crier en chœur au loup. En ces temps où les plus forts se prennent pour des victimes, des gens qui ont tous pignon sur la place publique, dans les médias et dans les grandes institutions académiques et culturelles de la République, sans compter les grandes revues et les grandes maisons d’édition, se mettent soudain à pleurnicher. Afin de protéger de juteuses rentes de situation et de continuer de vivre et d’opérer dans une chambre d’échos, ils n’hésitent plus à en appeler à davantage de brutalité contre leurs propres collègues, voire leurs subordonnés sur lesquels ils veulent voir s’abattre la lourde main de l’État. Ravis de se retrouver entre soi, n’ont-ils pas pris l’habitude, des années durant, de pérorer sans interruption ni réplique à longueur de saisons ?
La communauté des nouveaux sacrificateurs se définit par son œcuménisme. L’on y retrouve, pêle-mêle, ceux pour qui la perte de l’Empire (et en particulier celle de l’Algérie française) fut une catastrophe, des marxistes dogmatiques pour lesquels la lutte des classes (et la question sociale) constitue le dernier mot de l’histoire, des anciens de la Gauche prolétarienne passés avec armes et bagages au néolibéralisme, des catéchistes de la laïcité défenseurs modèle républicain policier et autoritaire tout content d’éborgner à la pelle, des épiciers et pontificateurs de l’universalisme abstrait, des apologètes autoproclamés des valeurs de l’Occident ou encore de l’identité catholique de la France, des nostalgiques et orphelins de la culture classique, des lecteurs de Maurras et de Mao confondus, des tenants de l’antiaméricanisme de gauche comme de droite, des croisés anti-postmodernistes et adversaires de ce qu’ils nomment dédaigneusement la « pensée 68 », des fémonationalistes prêtes à reprendre le flambeau, à savoir le vieux « fardeau de l’homme blanc », et la foule des sans noms aux yeux desquels toute “personne de couleur” est par définition un “communautariste” qui s’ignore.
Mais de quoi ont-ils donc peur ? Qu’est-ce qui dans le discours post- ou décolonial ou les études de genre les traumatise tant, se demandent le prix Renaudot Alain Mabanckou et le critique américain Dominic Thomas dans une tribune récente. Il faut élargir l’interrogation et se poser la question de savoir quelle est cette figure de la panique et du traumatisme qui, subrepticement, s’empare du sujet apeuré et le pousse à hurler avec la foule et à ne plus s’exprimer que sur le mode du bégaiement, dans la langue de l’injure et en bordure de la diffamation? En d’autres termes, de quoi cette panique et la façon dont elle se manifeste sont-elles le symptôme ?
Les nouveaux voyages de la pensée
Car, dans le reste du monde y compris d’expression française, la critique de l’esclavage, du colonialisme, du racisme et du patriarcat n’a pas commencé aujourd’hui. Elle a toujours consubstantielle à celle des Temps modernes. Après tout, le virage postcolonial dans les sciences sociales et les humanités (pour nous limiter à cette approche) a eu lieu il y a bientôt un demi-siècle. Depuis lors, la critique postcoloniale, au même titre que la critique féministe, pèse dans de nombreux débats politiques, épistémologiques, institutionnels et disciplinaires. C’est le cas aux États-Unis, en Grande Bretagne et dans nombre de régions de l’hémisphère Sud, de l’Asie du Sud et du Sud-Est, voire de l’Europe orientale. À ce que l’on sache, dans ces parties du monde, ce tournant n’a pas été à la source du genre de traumatismes que l’on observe dans la France d’aujourd’hui.
Dès sa naissance, la pensée postcoloniale a fait l’objet d’interprétations fort variées et a suscité, à intervalles plus ou moins réguliers, des vagues de polémiques et controverses, voire des objections totalement contradictoires les unes avec les autres. Il a aussi donné lieu à des pratiques intellectuelles, politiques et esthétiques tout aussi foisonnantes et divergentes, au point que l’on est parfois fondé à se demander ce qui en constitue l’unité. Ces controverses, souvent d’une incontestable facture, se poursuivent allègrement, sans jamais déboucher sur la sorte d’hystérie autoritaire et néoconservatrice si typique de la scène intellectuelle française contemporaine[4].
La fragmentation de ce courant nonobstant, l’on peut affirmer qu’en son noyau central il se propose d’expliquer les conditions qui ont conduit à l’entremêlement de nos histoires et les conséquences de la concaténation de nos différents mondes depuis le début de l’ère moderne. Qui peut honnêtement nier que l’esclavage et surtout la colonisation, mais aussi la ponction des corps, l’extraction des richesses du sol et du sous-sol, le commerce et les migrations, la circulation des formes et des imaginaires ont joué un rôle décisif dans ce processus de collision et d’enchevêtrement des peuples ? C’est donc non sans raison que la pensée postcoloniale en a fait des objets privilégiés de ses enquêtes et de ses discours.
Dans leurs empires respectifs les puissances européennes avaient inventé des machines spécialisées dans la production de la différence. De tels dispositifs fonctionnaient, pour l’essentiel, sur des bases raciales. Des statuts juridiques differenciés et chaque fois infériorisants furent mis en place. En retour, au cours de leurs luttes pour l’abolition de la servitude et pour la remontée en humanité, bien des sujets colonises procédèrent à la critique des torts qu’ils avaient subi, recourant à l’occasion à des contre-grammaires tirées de l’arsenal colonial lui-même. La pensée postcoloniale examine ainsi le travail accompli par ces dispositifs et d’autres technologies de la différence.
Elle s’intéresse par ailleurs à l’analyse des phénomènes de résistance qui jalonnèrent l’histoire coloniale, aux diverses expériences d’émancipation et à leurs limites, à la façon dont les peuples opprimés se constituèrent en sujets historiques et pesèrent d’un poids propre dans la constitution d’un monde transnational et diasporique, celui dans lequel nous vivons. Elle se préoccupe, enfin, de la manière dont les traces du passé colonial font, dans le présent, l’objet d’un travail à la fois politique et de resymbolisation, ainsi que des conditions dans lesquelles ce travail donne lieu à des figures identitaires inédites, hybrides ou cosmopolites.
Au passage, une immense contre-bibliothèque a pu être constituée, que l’on ne peut ignorer ou négliger qu’à ses propres dépens. Des savoirs autrefois insoupçonnés ont été sauvés de l’oubli et réhabilités. Des voix que l’on avait coutume d’étouffer se sont levées et ont prononcé des paroles neuves sur à peu près tout ce qui, auparavant, relevait de la seule parole des maîtres d’antan. Des institutions ont été mises en place. Des revues ont été créées dont le rayonnement international est sans conteste. Des littératures mineures ont enrichi le canon traditionnel. Il n’y a pas jusqu’à l’enseignement de la langue française à l’étranger qui n’en ait tiré de gros bénéfices, grâce en très grande partie à l’ensemble des créations d’expression française dans leur transnationalité.
De nouveaux voyages de la pensée ont donc été entrepris. Leur scène, ce n’est point une famille incestueuse dans laquelle règne en despote un père obsédé par la peur d’être évincé non pas par ses propres fils, mais par une descendance étrangère. Leur scène, désormais, c’est la planète tout entière. Ces voyages n’excluent guère l’Europe, mais ses principaux protagonistes ne se soucient plus guère d’en solliciter, comme auparavant ni la bénédiction, encore moins l’imprimatur. Incapables d’en faire le deuil, est-ce la fin du patriarcat épistémique longtemps exercé par l’Europe sur le reste du monde que nos sacrificateurs sont en train de vivre comme un parricide, reportant dès lors leur rage et leur traumatisme sur le mauvais objet ?
Capacité de vérité
Les vieilles nations ont en effet leurs façons d’inventer des moulins à vent. Quand elles jouent à se faire peur, il faut se méfier car c’est généralement dans le but de commettre un sinistre forfait aux dépens de plus faible qu’elles. On connait l’antienne. Les dominés seraient responsables de la violence qui s’abat sur eux. De cette violence, les puissants ne seraient guère responsables puisqu’ils ne l’exerceraient jamais que malgré eux, a contre-cœur, et souvent pour le bien même de ceux à qui elle est infligée puisqu’en fin de compte, il s’agirait de les protéger contre leurs mauvais instincts. Une telle violence ne serait donc pas criminelle. Relevant à la fois du don et de la miséricorde, elle serait éminemment civilisatrice.
La vérité, on s’en doute, est ailleurs. À la faveur du tournant autoritaire et néoconservateur d’une très large portion de la scène intellectuelle et culturelle française, beaucoup, de nos jours, ne veulent pas entendre parler du passé colonial. Ils prétendent que ce passé a été « globalement positif » (ce pour quoi les ex-colonisés devraient leur être reconnaissants), ou alors qu’il est cliniquement mort (pourquoi, des lors, le remettre en scène ?). Ils clament qu’en tout état de cause, ils n’en sont guère responsables, et que de toutes les façons seul importe le présent.
Ce pieux mensonge n’est pas seulement partagé par les milieux populaires supposément séduits par l’idéologie de la préférence nationale. Il est alimenté par des élites désireuses, elles aussi, de bénéficier de la rente de l’autochtonie. À titre d’exemple, ce présentisme radical (typique de la vulgate néolibérale) est l’un des fondements idéologiques de la politique africaine d’Emmanuel Macron : « Moi j’appartiens à une génération qui n’est pas celle de la colonisation, proclame-t-il fièrement. Le continent africain est un continent jeune. Les trois quarts [des habitants] de votre pays [la Côte d’Ivoire] n’ont jamais connu la colonisation. »
Dans sa vision du monde, le colonialisme, évènement à géométrie variable, fut tantôt un “crime contre l’humanité” (sa déclaration à Alger) et tantôt une “erreur”, une “faute de la République” (sa déclaration à Abidjan). Recourant volontiers à la ficelle générationnelle, il fait semblant de croire que le présent n’est jamais le produit du passé, ou encore que le rapport de l’un à l’autre est strictement de l’ordre de l’aléatoire. Il semble bien que pour lui, le passé colonial en tant que tel n’est pas passible de critique (tâche inutile). Il est inéluctablement voué à l’oubli. Et contrairement à ce que nous apprirent aussi bien son maître Paul Ricœur que les meilleurs des nôtres, il ne croit pas qu’il existe quelque relation que ce soit entre la mémoire et l’imagination[1]. Le fait pour une génération d’être née après un évènement traumatique scellerait nécessairement l’innocence de cette génération, autorisant dès lors le déni de responsabilité à l’égard de l’histoire dont elle est, par ailleurs, structurellement l’héritière.
On a beau expliquer que le meilleur de la pensée postcoloniale ne considère la colonisation ni comme une structure immuable et a-historique, ni comme une entité abstraite, mais comme un processus complexe d’invention à la fois de frontières et d’intervalles, de zones de passage et d’espaces interstitiels ou de transit, rien n’y fait. On a beau affirmer que parallèlement, cette pensée fait valoir, à juste titre, que l’un des résultats de la colonisation fut l’institution, sur une échelle planétaire, de rapports de subalternité entre les puissances coloniales d’une part, et d’autre part des entités humaines qui auparavant jouissaient d’une relative autonomie, voire étaient indépendantes. Là n’est apparemment pas la question.
La bête à cornes et la saison des poisons
Puisqu’en vérité il ne s’agit pas d’un débat académique, il faut donc prendre le taureau par les cornes.
Le tournant autoritaire et néoconservateur de la pensée française coïncide avec la réactivation du mythe de la supériorité occidentale et la redistribution de la haine sur une échelle planétaire. La guerre apparaissant dans ce contexte comme le sacrement de cette nouvelle époque, celle du brutalisme. Exploitant à sa manière tout l’arc des émotions et passions populaires, la nébuleuse des sacrificateurs contribue à entretenir le fantasme d’une France débarrassée des créations de l’esprit venues de l’étranger et de la pensée des Autres, ces symboles par excellence de l’Ailleurs, de ceux-la auxquels nous ne pouvons guère nous identifier, et que l’on doit, dans tous les cas, empêcher de se glisser dans nos formes de vie, puisqu’ils finiront tôt ou tard par nous empoisonner.
Le risque d’empoisonnement se trouve donc au cœur de la panique actuelle. Haïr viscéralement ce que l’on ne connait pas, ce dont on a cure ou ce à l’égard duquel l’on n’éprouve qu’indifférence est notre nouvelle passion, la passion pour les poisons de tout genre. Celle-ci est la conséquence d’une lecture ultra-pessimiste du moment contemporain marqué, entre autres, par la redéfinition de l’étranger en tant que porteur de risques mortels (les idées y compris) contre lesquels il faut à tout prix se prémunir. Le statut polémique qu’occupe l’étranger et ses idées dans l’imaginaire et le champ français et européen des affects n’incite guère à l’optimisme. L’hostilité à l’égard des courants de pensée post- et décoloniaux et des critiques du féminisme civilisationnel participe d’une nouvelle forme de “commissariat”, le commissariat pour la “protection du mode de penser européen” (à supposer qu’une telle curiosité existe), le pendant du portefeuille pour “la protection du mode de vie européen” concocté récemment par l’Union Européenne elle-même. Cette hostilité est le complément philosophique et culturel du désir renouvelé de la frontière. Elle va de pair avec la réactivation des techniques de séparation et de sélection généralement associées à toute institution frontalière.
Loin d’être à la repentance, l’ère est plutôt à la bonne conscience. À travers la colonisation, les puissances européennes cherchaient à créer le monde sinon à leur image, du moins à leur profit. « Rude et laborieuse race de mécaniciens, d’agriculteurs, de constructeurs de ponts » et de statues (dirait Nietzsche), les colons ne purent finalement accomplir que de grossiers travaux. Mais ils étaient armés d’une poignée de certitudes que la décolonisation n’a guère effacées et dont on peut constater la résurgence et les mutations dans les conditions contemporaines.
La première était la foi absolue en la force. Les plus forts ordonnaient, dictaient, agençaient, commandaient, et donnaient forme au reste du troupeau humain. La deuxième, toute nietzschéenne, était que la vie même était avant tout volonté de puissance et instinct de conservation. La troisième était la conviction selon laquelle les colonisés représentaient des formes morbides et dégénérées de l’homme, corps obscurs en attente de secours et qui réclamaient de l’aide. Quant à la passion de commander, elle se nourrissait du sentiment de supériorité à l’égard de ceux dont l’unique tâche était d’obéir et de se laisser instruire. S’y ajoutait l’intime certitude que la colonisation était un sublime acte de charité et de bienfaisance pour lequel les colonisés devaient éternellement témoigner de sentiments de gratitude, d’attachement et de fidélité.
Ce complexe idéo-symbolique sert de fondement à ce qui passe pour la bonne conscience européenne et à son fantasme-maître, le fantasme de l’innocence. Cette bonne conscience a toujours consisté en un mélange d’indifférence, de volonté de ne pas savoir et de pulsion de brutalité, notamment à l’encontre des non-parents. Elle a toujours consisté à vouloir n’être coupable de rien, la revendication d’un irénique état d’innocence qui trahit paradoxalement la peur de la vérité. Cette fuite permanente dans l’irénisme, cet attachement viscéral à un état illusoire d’innocence aura chaque fois poussé une certaine Europe à toujours vouloir nier ses crimes. Elle repose paradoxalement sur la conviction selon laquelle les instincts de haine, d’envie, de cupidité et de domination font partie de la vie, et qu’il ne saurait donc y avoir de morale valable pour tous, les forts comme les faibles. L’homme supérieur ne saurait être condamné sur la base de la morale du faible. Et, puisqu’il existe une hiérarchie entre les hommes, il devrait en exister entre les morales. Aux yeux des contempteurs des pensées minoritaires, la critique du passé colonial ne sert à rien, sinon à déviriliser l’Europe, à la dévitaliser et à en alanguir la volonté, c’est-a-dire la capacité de brutalisation.
Telle est la bête à cornes. Nietzsche disait qu’elle a toujours exercé le plus grand attrait sur l’Europe. Cet attrait ne s’est guère affadi. Bien au contraire, il est en pleine résurgence. Ceci étant, c’est son procès qu’il faut urgemment intenter si le monde tout entier doit redevenir le sol commun de toute l’humanité.
La pensée critique d’expression française se trouve à un véritable tournant. Si, comme l’explique la philosophe Nadia Yala Kisukidi, la colonisation a signifié l’accaparement du monde et du sol commun par quelques-uns pour le profit de quelques-uns, alors la décolonisation exige de « rendre à chaque partie du monde la possibilité de faire monde ». C’est à cette égale possibilité de faire monde que s’opposent les caporaux “du mode de penser européen”. Ils sont convaincus que de la liquidation des pensées venues d’Ailleurs dépend la survie de ce mode de penser. Ils ne veulent ni faire monde avec d’autres, ni habiter un monde commun.
Ainsi que je l’écrivais dans Critique de la raison nègre en 2013: « l’Europe ne constitue plus le centre de gravité du monde. Tel est en effet l’événement ou, en tous cas, l’expérience fondamentale de notre âge. Et, s’agissant d’en mesurer toutes les implications et d’en tirer toutes les conséquences, nous n’en sommes justement qu’au début. Pour le reste, que cette révélation nous soit donnée dans la joie, qu’elle suscite l’étonnement ou qu’elle nous plonge plutôt dans l’ennui, une chose est certaine : ce déclassement ouvre de nouvelles possibilités – mais est aussi porteur de dangers – pour la pensée critique » [5].
Dans le cas de la pensée critique d’expression française, ces dangers seront mortels si la raison défaite, l’intimidation, l’injure et la diffamation l’emportent sur la parole accueillante et dédiée à la seule tâche qui, aujourd’hui, vaut varitablement la peine, à savoir la réparation du monde et la réconciliation entre tous ses habitants, humains et non-humains.
[1] Achille Mbembe, De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000. Cet ouvrage vient de faire l’objet d’une réédition en format poche chez La Découverte, avec une préface inédite de Nadia Yala Kisukidi [Paris, La Découverte, 2020].
[2] Il a été traduit en anglais sous le titre On the Postcolony, Berkeley, University of California Press, 2001.
[3] Achille Mbembe et Felwine Sarr (sous la direction de), Écrire l’Afrique-Monde, Paris, Philippe Rey, 2017.
[4] Voir, par exemple, le numéro spécial « Racial France » de la revue americaine Public Culture, Volume 23, no 1, 2011, avec des contributions entre autres de Sylvie Tissot, Jean-Francois Bayart, Robert J.C. Young, Ann Laure Stoler, Marnia Lazreg, Ranjana Khanna. Lire, par ailleurs, Dipesh Chakrabarty, « Postcolonial Studies and the Challenge of Climate Change » et Robert C.J. Young, « Postcolonial Remains », New Literary History, Volume 43, no 1, 2012. Ou encore le numéro special « New Topologies of the Postcolonial », in Cambridge Journal of Postcolonial Literary Inquiry, Volume 1, no 1, 2014.
[5] Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, Paris, La Découverte, 2013, p. 9.
Achille Mbembe est historien, Enseigne l'histoire et les sciences politiques à l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud) et à l’université de Duke (Etats-Unis)
DIP DOUNDOU GUISS, UN FLOW PROVOCATEUR
Son talent n’a d’égal que ses grandes ambitions. Estimant que le hip hop sénégalais reste encore à parfaire, il considère avoir les bonnes pièces du puzzle qui passeront le parfait maquillage
Il marche actuellement sur l’eau, Dip Doundou Guiss. Le jeune prodige du rap, qui vient de publier dans les bacs un nouvel album, «Lnn», voit son nom et ses titres partout. Prolifique, provocateur, chouchouté, audacieux, confiant, son talent n’a d’égal que ses grandes ambitions. Estimant que le hip hop sénégalais reste encore à parfaire, il considère avoir les bonnes pièces du puzzle qui passeront le parfait maquillage.
Son album sorti en fin d’année 2019 se consomme comme l’aloko en Côte d’Ivoire. Tout en restant dans un flux ininterrompu, «Lnn» enregistre en ce moment plus de deux millions de téléchargements en streaming. Les casques personnalisés et estampillés ainsi que les clefs Usb, qui en sont les principaux supports, se vendent également comme de petits beignets à la crème. Ce bijou musical de Dip Doundou Guiss, bien apprécié par le public, carillonne partout et sonne comme l’opus vedette de ce début d’année. De plus, les critiques en donnent des observations élogieuses. Ce qui réjouit le rappeur. «La commercialisation du produit est un bon indice, certes. Il est important que les gens aient la culture d’acheter ce que nous faisons et nous appuient. Mais, ce qui est plus significatif pour moi est que les gens soient charmés par la qualité et créditent tout le travail qui est abattu dans les coulisses», fait savoir Dip, trouvé décontracté entre ses potes, dans son studio d’enregistrement et label «Reptyle Music».
A l’écoute des 19 morceaux de l’album, on est confronté à des couleurs musicales enchanteresses, de rythmes novateurs et de beats intrépides. Le titre éponyme, où Dip est en featuring avec le tonitruant Bass Thioung, concentre bien le ton de l’opus et prouve toute l’audace de l’artiste. Et encore, le propos ne sonne pas toc. «Lnn» est un travail mitonné pendant un bon moment, selon Dip, et dont les moindres traits ont été soigneusement pensés et élaborés. «Lnn», sigle de «Loo ñeme ñàkk», est une expression du jargon populaire qui invite son interlocuteur à tenir un pari et à un courage de racaille. Cet album, autant dans son esprit que dans la dénomination, traduit la personnalité et le style de Dip Doundou Guiss.
HOMME DE DÉFIS
Il est un homme de défis et se classe dans la rubrique des révolutionnaires qui apportent un souffle nouveau et moderne au mouvement hip hop. Depuis le début de sa carrière en 2012, Dip Doundou Guiss est, hormis le chouchou de son art, comme la révélation du hip hop local. Parce que son groove est original, ses lyrics profonds et saisissants. Le jeune homme est influencé dans sa prime adolescence par les tubes de Daara j, Positive black soul, de Karim Xrum Xaax, entre autres. «J’écoutais un peu de tout», embraye-t-il. A l’international, il s’abreuve des rimes cadencées de Dmx et de Ti, ainsi que des mélopées de J Cole dont il raffole ses story tellers. «J’aime bien ce style, et je fais souvent des égos trips, c’est vrai. Mais, contrairement à ce que beaucoup pensent, je ne parle pas toujours de moi et je ne veux rien dévoiler. Je vis en société, et bon nombre de mes concitoyens s’identifient à mes propos et ont besoin de quelqu’un qui parle à leur place. Je ne traduis que les préoccupations des jeunes et de la société», précise-t-il avec son visage oblong. Ceci justifie, peut-être, l’adhésion populaire à sa musique.
Une autre partie de l’explication se trouve dans le berceau de son enfance. Dominique Preira est né en mars 1991. C’est dans les dédales de son Grand-Yoff natal, un quartier populeux, peu éclatant, qu’il a pétri son talent, griffonné ses premiers textes et écumé les premiers battles de rap. Il se distingue à partir de ces joutes et gagne les premières bobines de son futur costume de star. Lui, l’enfant d’une famille «peu aisée». Il a grandi ensuite entre ce quartier et celui de son Castors, chez son grand-père, fait un peu plus de 400 cents coups et développe le virus de la turbulence et, surtout, de la musique.
Cette passion fera que le bachelier ne fasse pas vieux os dans les amphis de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il fait de la musique son choix de vie à la place des subtilités du droit et dit ne rien en regretter aujourd’hui. Dominique Preira est marié et père d’un enfant, et vit dans l’ombre discrète d’un Dip projeté sous les lumières du succès.
Cette reconnaissance, Dip l’a gagnée en peu d’années à la faveur de son groove, son style et son script singuliers. En six années, il en est à son sixième projet musical, sans compter les singles et autres featurings à son actif. Le jeune musicien estime qu’il y a, avec le talent, énormément de travail, de la maturité, de l’habilité gagnée avec le cursus et la conscience de sa responsabilité, ses responsabilités. Il est de cette mouvance qui conçoit que le mouvement hip hop est évolutif, et il a l’objectif d’imposer sa signature sur ce qui constituera le point de sa progression. «Mon travail se sentira plus tard, quand la génération à venir commencera à bénéficier des fruits de notre révolution. Il se sentira lorsque, d’ici quelques années, on retiendra que Dip aura donné une bonne impulsion à la marche», laisse entendre Dip, un tantinet prémonitoire, signifiant en passant qu’il ne veut pas durer dans le game.
GÉNÉROSITÉ
Toutefois, admet-il que même s’il mourrait aujourd’hui, son nom serait tout de même bien évocateur dans le milieu. Dip est remarquable par sa générosité. Son label, «Reptyle music», où il est coproducteur, constitue un incubateur pour plusieurs jeunes talents qui ne cherchent qu’à révéler voix et talents. Dip ne voit là qu’une logique, en rendant un ascenseur qui lui a été envoyé à un moment propice. Selon lui, dans un ton vif et perspicace, il est le patron du rap sénégalais. «Il faut avoir le courage de l’affirmer. Ce n’est pas une auto-proclamation parce que ce sont les chiffres et le public qui l’attestent. Ce n’est ni de la vantardise ni un manque de modestie. Et si la modestie doit dissiper la vérité, c’est qu’elle n’est plus une vertu», assène Dip, dans une espièglerie accentuée par le fin tracé de sa moustache en voûte. Pas dédaigneux, mais un brin hardi. Dominique, bon catholique, n’a foi qu’en Dieu. Dip Doundou Guiss croit dur en son talent et reconnaît qu’il y a encore beaucoup de travail à effectuer.
Au détour de son nouvel album, Dip amorce un virage à partir duquel il entend entreprendre la conquête du marché international. Son duo avec le rappeur français Lefa, ex-figure du groupe «Sexion d’assaut», donne le la de cet objectif. Il considère que la tendance mondiale subit des mutations, et il a le devoir d’y apporter sa touche. Outre sa notoriété et la présentation de son empreinte, il veut aller à l’assaut du marché international afin de populariser et commercialiser le produit sénégalais. D’autant plus que, conçoit-il, il a déjà fait ses preuves, dispose d’assez de courage pour oser le neuf et est le chef de file et porte-étendard du hip hop sénégalais nouvelle version. De son avis, il se dégage comme l’ambassadeur attitré et idéal. D’après lui, il suffit juste de constater la ruée de ses pairs sur sa personne pour s’en apercevoir.
«Si aujourd’hui mon style est copié et toutes les attentions concentrées sur moi, c’est que je suis le premier de la classe. Certains peuvent continuer à dénigrer en disant que je fais du taasu ou du mbalax. C’est dommage parce que c’est soit une méprise, soit une incompréhension. Mais ça n’enlèvera en rien au fait que je suis sur le trône. Je n’ai nommé personne, mais eux tous me nomment, financent des clips vidéos, tissent des bobards et se tuent au studio pour m’apporter une réplique», nargue Dip Doundou Guiss, faisant allusion à la série de clashs notée dernièrement.
Même s’il affirme n’avoir pas donné le départ de cet épisode, c’est de son single «Président Fifa» qu’est partie la flopée qui a retenu les attentions. Des répliques les unes les plus acerbes et grossières que les autres. Dip dit ne pas en être fier et regrette d’avoir proféré des injures et la tournure des choses. Ceci, à cause de ce principe d’ellipse d’ordre social qui instruit la censure de certains faits et propos. Toutefois, il note deux conclusions. «Le rap n’est pas né des maisons, il reste une acticité de rue. A force de le nettoyer, il pourrait en perdre son sens, même si, c’est vrai, nous devons être regardants. A côté également, l’incident a bien promu mon album. Et ceci montre que seul le travail reste et compte», argue le rappeur.
Dip inscrit ce clash derrière lui et dit faire focus sur ses perspectives. Il prépare son concert en France le 1er février, celui du Cices le 8 suivant, en plus des tournées en gestation. L’artiste, qui est aujourd’hui sanctifié par les vétérans du rap galsen comme la relève de la matière, dit avoir conscience du poids de ses responsabilités. Des responsabilités qu’il compte assurer comme un grand. Sans aspérités et loin des fadaises.
CES VILLAGES OÙ LES HOMMES ONT DISPARU
Les hommes sont partis tenter de gagner leur vie en Europe. Alors, dans ces villages sénégalais, restent les femmes, seules pour assumer toutes les charges sous des regards réprobateurs
The New York Times via Courrier International |
Dionne Searcey et Jaime Yaya Barry |
Publication 23/01/2020
Cela fait des années que son mari a traversé les mers pour chercher du travail en Europe. Des années que Khadijah Diagouraga se rend seule jusqu’aux champs d’arachides, pour tenter de trouver de quoi nourrir sa famille nombreuse : elle a treize personnes à faire vivre. Jusqu’à ce jour où la pompe à eau du village est tombée en panne. Khadijah a alors attelé un âne à une carriole pour acheminer l’eau depuis un puits voisin, maudissant son époux absent tout le long du chemin. Un simple geste qui a choqué Koutia, son village conservateur de l’est du Sénégal. Conduire des animaux, c’est un travail d’homme, ont déclaré les anciens du village. “C’est un spectacle auquel j’aurais préféré ne jamais assister”,lance Baba Diallo, 70 ans, assis à l’ombre de tiges de maïs séchées. Il secoue la tête, comme pour se débarrasser de ce souvenir.
Dans toute l’Afrique de l’Ouest, les villages se sont vidés des maris, des frères, des fils dans la force de l’âge. Beaucoup sont partis pour l’Europe en quête d’argent et ne sont jamais revenus. Seules, les femmes ont peu à peu pris en charge des tâches traditionnellement réservées aux hommes. Comprenant qu’elles risquaient de ne jamais voir la couleur de l’argent que leurs époux avaient promis de leur envoyer, elles n’ont eu d’autre choix que de gagner leur vie pour assurer la subsistance de leur famille.
Le pays est l’un des plus touchés par ce phénomène : peu à peu, les hommes ont disparu. Vers le milieu de la décennie écoulée,le Sénégal était l’un des dix principaux pays d’origine des migrants qui débarquaient en Italie. Depuis, ces mouvements de migration ont brutalement baissé, le nationalisme ayant poussé certains pays d’Europe à imposer des contrôles plus sévères. Certains des hommes, morts durant la traversée du désert ou celle de la Méditerranée, ne reviendront jamais. À Koutia et dans les villages alentour, près de 130 personnes auraient ainsi perdu la vie, assurent les responsables locaux.
Dans l’est du pays, Koutia et les plaines environnantes brûlées par le soleil sont les terres sénégalaises d’où viennent de nombreux migrants. Ici, pour vivre, on dépend presque exclusivement de la culture – surtout de l’arachide –, et la sécheresse ne faiblit pas. Nombreux sont les hommes à avoir baissé les bras, espérant mieux vivre et gagner plus ailleurs. D’après le chef du village de Koutia, où vivent 95 familles, en un peu plus d’une génération, 200 hommes ont émigré vers l’Europe. Partout, on voit ce que permet l’Europe. Au beau milieu des cases en brique, se dressent çà et là des maisons en béton, parfois hautes de deux étages, peintes et ceinturées de murs de ciment. Toutes ont été financées par de l’argent envoyé au pays, renouvelant sans cesse l’attraction de l’Europe. Autrefois, quand ils marchaient pour rejoindre leurs champs d’arachides, Khadijah Diagouraga et son mari passaient devant ces belles maisons. Ils voyaient les antennes satellite sur les toits, ces voisins qui brandissaient des iPhone. Il y avait aussi la mosquée scintillante, aux murs carrelés, flanquée de son haut minaret. Elle avait été construite avec des fonds rassemblés par des migrants originaires des environs, se vantait le chef du village. Certains villageois avaient même de quoi s’offrir une voiture.
Il y a quelques années, Mohamed Diawara, l’époux de Khadijah Diagouraga, avait réussi à acheter un petit moulin automatique, il arrivait à faire de la farine de millet et de maïs qu’il vendait ensuite. Mais l’appareil coûtait cher en carburant, et il tombait sans cesse en panne. Et puis les travaux agricoles étaient rudes. Mohamed Diawara n’avait qu’un seul âne pour l’aider à travailler la terre, alors que ses voisins étaient équipés de charrues modernes : chaque récolte semblait plus pauvre que la précédente.
Malgré tout, il avait réussi à économiser un peu d’argent pour acheter de nouvelles pièces pour son moulin, puis il s’est ravisé. Il préférait utiliser cette somme pour payer des passeurs et se rendre en Italie, a-t-il dit un jour à Khadijah. Elle savait que c’était dangereux : trois hommes du village étaient déjà morts cette année-là en tentant de rejoindre l’Europe. “Reste, on se débrouillera”, l’a-t-elle supplié. “Ça fait des années qu’on a du mal à joindre les deux bouts”, lui a-t-il répondu, décidé.
Alors un matin, il y a cinq ans, alors que résonnait l’appel à la prière, Mohamed Diawara est parti. Khadijah a glissé dans ses mains une couverture bleu et blanc qu’elle avait brodée spécialement pour lui, et elle a passé la journée en larmes. Il lui a fallu attendre cinq mois avant d’avoir de ses nouvelles. “Je ne savais même pas s’il était en vie, raconte-t-elle. Peut-être avait-il perdu son téléphone. J’avais entendu dire que les migrants se faisaient détrousser. Peut-être qu’il était mort en prison. Ou en mer.”
Le jour où il a enfin appelé, elle s’en souvient bien : elle était occupée à faire la cuisine. Il lui a dit qu’il était en Italie et qu’il avait traversé l’enfer pour y arriver. Il ne lui a pas donné de détails. L’important, c’était d’avoir réussi. Elle l’a remercié d’avoir risqué sa vie pour sa famille. Il n’a ensuite rappelé que quatre mois plus tard. Les communications entre eux sont devenues rares, et brèves. Pour finir, il lui a envoyé de l’argent, l’équivalent d’une vingtaine d’euros. Puis toute une année s’est écoulée avant qu’il ne renvoie quelque chose.
En réalité, les migrants sont tout sauf assurés de trouver du travail en Europe. Mohamed Diawara a expliqué à Khadijah qu’il partageait sa chambre avec quatre autres hommes et qu’il lui arrivait de passer plusieurs jours sans manger. Il travaillait dans une société de nettoyage mais le salaire qu’il touchait était très faible. Il n’avait plus les moyens de rentrer au pays.
Khadijah savait que la vie était dure pour lui. Mais de son côté elle devait subvenir aux besoins de ses deux enfants, mais aussi de sa famille à lui : plusieurs nièces et neveux, ainsi que la mère, souffrante, de Mohamed. Livrée à elle-même, Khadijah éprouvait souvent de la colère. Et s’il la trompait en Italie ? Elle a chassé cette pensée de son esprit. Elle se sentait bien seule désormais dans leur lit double au couvre-lit jaune et à la tête de lit en bois. Elle avait songé à le quitter. Mais elle l’aimait. Et comment pourrait-elle quitter un homme qui s’efforçait d’améliorer le sort de sa famille ?
Dans des villages voisins, des femmes avaient divorcé de maris migrants pour trouver des compagnons proches de chez elles. À Magali, Ida Traoré, 32 ans, s’est retrouvée enceinte de jumeaux, tandis que son mari vivait en France. Le beau-père de la jeune femme a appelé son fils, Diarsso, pour lui dire que sa femme avait une liaison. Ce dernier s’était immédiatement excusé auprès d’elle : voilà treize ans qu’il était à l’étranger. “Elle a des besoins sexuels, a expliqué Diarsso la première fois qu’il a rendu visite à sa femme depuis son départ. C’est difficile à accepter, mais je ne dois pas me voiler la face.” Certaines femmes sont sous la coupe de leur beau-père, qui s’immisce dans leur vie tandis que leur fils est à l’étranger. Dans le village de Niaouli Tanoun, six hommes sont ainsi partis pour l’Europe, et leurs épouses se sont plaintes de leurs beaux-pères respectifs, qui les empêchaient de circuler librement, et plus encore de gagner de l’argent.
Mais ailleurs, des femmes se sont unies et ont repris le dessus. Dans le village de Magali, elles font du jardinage, partagent les récoltes et se prêtent de l’argent les unes aux autres. C’est Safy Diakhaby, 28 ans, dont le mari est parti pour l’Europe il y a onze ans alors qu’elle était enceinte, qui a pris la tête du groupe. À l’époque, elle l’avait encouragé à partir. Désormais, elle a de la chance, son mari envoie un peu d’argent : elle a pu construire une maison en dur. Mais cela ne suffit pas pour faire vivre les 21 personnes de son foyer.
Safy Diakhaby a embauché une équipe d’hommes pour les travaux des champs. Consciente qu’ils n’obéiraient pas facilement à une femme, elle leur fait à déjeuner pour les motiver. Elle stocke des cacahuètes qu’elle vend quand la saison des récoltes est passée, ou en période de vaches maigres. Quand, au contraire, la récolte est bonne, elle partage le surplus avec d’autres femmes qui traversent la même épreuve. “Si nous ne nous serrons pas les coudes, nous souffrons toutes”, dit-elle. Mais pour de nombreuses femmes de migrants, seuls les dons assurent leur subsistance. Les anciens préfèrent, d’ailleurs.
Habsatou Diallo vit aux abords d’un chemin de terre sinueux, non loin de chez Khadijah. Son mari est parti pour l’Europe il y a six ans, sans un adieu. Il n’a donné aucune nouvelle depuis. Le four en argile que Habsatou utilisait pour cuire le pain qu’elle vendait au marché s’est détérioré à défaut d’entretien. De toute manière, elle n’a plus d’argent pour acheter de la farine. Elle vit grâce à son beau-père.
Khadijah, elle, se souvient des premiers temps : “Je ne savais même pas à qui demander de l’aide. Tout me mettait en colère. Je me suis dit qu’il valait mieux que je me débrouille seule.” Elle a alors décidé de travailler davantage. Elle a attelé son âne pour lui faire labourer le champ, et s’est aussi servie de l’animal pour puiser de l’eau au puits. Elle a commencé à tirer un peu d’argent de sa récolte et a ouvert une échoppe, où elle vend du thé et des sandwichs.
Elle a entendu des réprobations chuchotées de la part de passants. Certains restaient là à la regarder. “Les femmes devraient vivre de la charité”, disaient certains hommes. D’autres estimaient qu’elle n’était pas assez forte, ou étaient désolés pour elle. Il y a peu, elle est tombée malade et a dû se procurer des médicaments avec l’argent destiné à l’achat de marchandises pour son échoppe. Un après-midi, quand sa fille de 5 ans a déboulé de l’école avec une facture de frais de scolarité, Khadijah en est restée médusée : il y en avait pour moins d’un euro, mais c’était encore trop pour ses faibles moyens. “Je vais aller parler à ton instituteur et lui demander d’être patient”, a-t-elle dit.
Et puis elle est partie travailler après avoir mis des haricots à tremper pour le dîner. Toute en sueur, elle courait derrière son âne, le poussant à remonter des seaux d’eau depuis un puits profond.
Certains des rares jeunes hommes restés au village restaient affalés dans l’ombre, non loin de là. De temps à autre, ils levaient la tête pour la regarder trimer, par cet après-midi torride. “Je prie Dieu pour qu’elle recueille le fruit de son labeur”, a lancé Hamidou Diawara, 19 ans. Les jeunes étaient là depuis des heures à ne rien faire : ils ne rêvaient que du grand voyage vers l’Europe.
MOUSTAPHA DIAKHATE POURRA-T-IL ÉBRANLER L’APR ?
Les points de vues contradictoires des Pr Maurice Soudieck Dione et Moussa Diaw de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Mardi dernier, Moustapha Diakhaté était exclu de l’Alliance pour la République (APR) par la commission de discipline de ca parti dirigé par Abdoulaye Badji. Quelles conséquences politiques après l’exclusion de Moustapha Diakhaté ? Le Témoin pose le débat… Certes si l’homme est perçu comme « un influenceur », le fait qu’il ne dispose pas de base politique, ni de réseau relationnel dense fera qu’il sera forcément isolé face à la toute- puissance du rouleau compresseur du parti présidentiel. Moustapha Diakhaté, une bravade perdante. Une hypothèse soutenue et défendue par des analystes politiques notamment les enseignants Maurice Soudieck Dione et Moussa Diaw.
Sans aucune surprise, l’alliance pour la république (APR) a décidé mardi dernier de se séparer définitivement de Moustapha Diakhaté, le « rebelle » qui ne cessait de critiquer à tout-va son leader et, par ailleurs, président de la république mais qui ne cessait également de brûler médiatiquement toutes les initiatives du pouvoir. le professeur Maurice Soudieck Dione, lui, retient que l’exclusion de l’ancien président du groupe parlementaire de Benno Bokk yaakar (Bby) est faite de façon cavalière parce que, pense-t-il, ceux qui ont pris cette décision devaient d’abord avertir le « rebelle », ensuite le blâmer avant de prendre la décision de l’exclure définitivement de leur parti. « Mais lorsqu’ils visent directement l’exclusion, cela remet en question la démocratie dans ce parti. Eux, ils disent que les sorties et propos de Moustapha Diakhaté détruisent l’image de leur parti mais cette exclusion pourrait plutôt laisser penser que leur parti est dictatorial », analyse Maurice Soudieck Dione. et même s’il n’est pas précisé que le document annonçant l’exclusion est un communiqué ou une décision, le professeur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis pense que même les fautes de grammaire et d’orthographe relevées dans ce texte prouvent à suffisance la légèreté de cette décision. poursuivant, notre analyste du jour pense que plus on s’approche de 2024, plus des responsables du parti présidentiel se démarqueront et cracheront du feu sur le président et son gouvernement. il donne à cet effet l’exemple de l’ancien ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Pr Mary Teuw Niane, et responsable du parti au pouvoir à Saint-Louis qui a annoncé sa candidature à la mairie de cette ville. « Vous voyez bien que Mary Teuw Niane est en train de se frayer un chemin et d’autres le suivront sans doute », fait constater le Pr Maurice Soudieck Dione.
Pr Moussa Diaw, analyste politique : « Son exclusion ne va pas laisser de traces »
De son côté, le professeur Moussa Diaw est d’avis que l’exclusion de Moustapha Diakhaté aura bien des conséquences politiques dans la mesure où ce dernier va être en marge de son parti. « Mais, comme il le dit, il est soutenu par ses proches. Qui sont ces proches-là ? Est-ce qu’ils sont du parti ? Est-ce qu’ils ont une force politique ? » Se demande notre politologue. Mais, dans tous les cas, cette exclusion traduit, selon lui, une crise au niveau de l’alliance pour la république. Poursuivant, Pr Moussa Diaw se demande si cette crise a un Link (lien) avec des responsables du parti gouvernemental. « Moustapha Diakhaté va être isolé me semble-t-il. Même s’il avait quelques soutiens, cela ne peut ébranler son désormais ex parti. Moustapha Diakhaté n’a pas de base politique. Et si vous n’avez pas une base et des personnes que vous pouvez mobiliser, vous ne pesez pas lourd dans le landerneau politique » estime l’enseignant à l’UGB.
Pr Maurice Soudieck Dione : « Moustapha Diakhaté n’a pas de base politique mais c’est un influenceur »
À la question de savoir si l’exclusion de Moustapha Diakhaté, qui n’a aucune base politique, pourrait laisser des séquelles à l’APR, le Pr Dione souligne d’abord que l’ancien chef de cabinet du président de la république est une icône dans le landerneau politique. « C’est quelqu’un qui a été le premier à dire non au président Abdoulaye Wade. Ensuite, il a aidé le président Macky Sall dans la création de leur parti et son accession au pouvoir. Avec des politiques comme Moustapha Diakhaté, c’est moins une question de base politique mais c’est plutôt une question d’influence. Moustapha Diakhaté fait partie des gens qui peuvent influencer beaucoup de gens », martèle Maurice Soudieck Dione. Un point de vue contredit par son collègue Moussa Diaw, enseignant chercheur en politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, qui pense, lui, que l’exclusion de l’ancien patron du groupe parlementaire de la majorité à l’assemblée nationale ne va pas laisser de traces. « À mon avis, Moustapha Diakhaté ne bénéficie pas de soutien de grandes pointures du parti. Puisque des consignes ont été données par le président Macky Sall et que tous ceux qui sont dans son camp devront respecter. Pour cette raison, ce serait très risqué pour certains hauts responsables de manifester leur soutien à Moustapha Diakhaté. Compte tenu de cette donne, ce dernier sera sans doute seul dans son combat destiné à refonder l’APR », pense en conclusion le Pr Moussa Diaw.
NAISSANCE D’UNE GRANDE ECOLE DES OFFICIERS
L’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès et l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie nationale de Ouakam (Eogn) seront bientôt fusionnées afin de mieux répondre aux défis de défense et de sécurité dans le cadre d’une formation commune
L’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès et l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie nationale de Ouakam (Eogn) seront bientôt fusionnées afin de mieux répondre aux défis de défense et de sécurité dans le cadre d’une formation commune. D’où la naissance d’une Grande école militaire des officiers que « Le Témoin » quotidien magnifie.
Quoi qu’on puisse lui reprocher, le président de la république Macky Sall, Chef suprême des armées a fait la défense et la sécurité du Sénégal une préoccupation majeure. Une ambition qui s’est traduit depuis sept ans par une impressionnante montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité. Lesquelles ont été équipées durant cette période comme elles ne l’avaient jamais été auparavant. Elles disposent d’armes redoutables mais aussi de moyens navals et aériens dont les différents défilés du 4-avril n’ont donné qu’un aperçu très incomplet. En même temps, la formation et l’entraînement ont fait un saut qualitatif tandis que la logistique suit à merveille. De même, plusieurs réformes ont été opérées dans le but de rendre ces forces plus opérationnelles et aussi leur permettre de s’adapter aux nouvelles menaces. la dernière date concerne la fusion de l’ecole nationale des officiers d’active (Enoa) de Thiès et l’école des Officiers de la Gendarmerie nationale Eogn) de Ouakam.
Une fusion qui sera bientôt actée afin de mieux répondre aux défis de défense et de sécurité à travers une formation commune. Concrètement, tous les futurs officiers (armée et Gendarmerie) seront désormais formés dans un même moule c’est-à-dire à l’école nationale des officiers d’active (Enoa) de Thiès. Une école qui sera transformée en académie militaire ou alors en une Grande école militaire des officiers. Donc une sorte de retour à l’orthodoxie !
Jusqu’à une époque récente, l’Enoa de Thiès était notre prestigieuse saint-Cyr (France) pour l’enseignement supérieur et la formation militaire des officiers de l’armée. Ceux de la Gendarmerie aussi y faisaient leur formation de base. Après leur sortie de Thiès, ils allaient faire leur spécialisation à l’école nationale de gendarmerie installée à Melun en France. Car, la Gendarmerie restait et demeurait toujours un corps très attractif des armées nationales. Parce qu’à un moment donné, tout élève officier major de sa promotion se faisait orienter systématiquement vers la Gendarmerie. Jusqu’à ce qu’une réforme vienne casser cette tradition en laissant libre choix aux élèves de faire leur propre option. et pourtant, d’autres filières comme l’infanterie et le Génie faisaient toujours bonne figure d’autant que la majorité des Chefs d’état Major Généraux des armées (Cemga) sont issus de ces deux prestigieux corps. Mieux, plusieurs jeunes officiers du Génie et de l’infanterie ont fait de brillantes carrières dans les armées jusqu’à atteindre la haute hiérarchie. Mais cela n’empêchait pas que la Gendarmerie nationale demeurait à la fois attractive et attrayante.
L’école des Officiers de la Gendarmerie nationale implantée à Ouakam (Dakar) visait seulement à satisfaire la forte demande mais aussi à renforcer les besoins de la Maréchaussée en officiers. Mais aujourd’hui, nous sommes dans un contexte de défis sécuritaires où les officiers de l’armée et ceux de la Gendarmerie doivent s’adapter à l’évolution des graves menaces à la paix et la sécurité internationales. Une adaptation qui ne peut se faire qu’à travers une formation militaire commune voire un tronc commun. Toujours est il qu’ils seront sans doute nombreux, les officiers retraités ou actifs, à magnifier voire saluer l’initiative de cette fusion Enoa -Eogn qui vient assurément à son heure.
MOUSTAPHA DIAKHATÉ SE LANCE DANS LA ‘’REFONDATION’’ DE L’APR
Mànkoo Taxawu sunu APR se veut ’’un mouvement ouvert et populaire’’ qui ‘’ne demande ni carte d’entrée et rassemble toutes celles et ceux qui agissent pour promouvoir le programme de la refondation de l’Alliance"
Moustapha Diakhaté a rendu publique jeudi la ‘’déclaration fondatrice’’ de son mouvement ’’Mànkoo Taxawu sunu APR / Initiative pour la Refondation de l’Alliance : démarche pour une APR nouvelle’’ qui compte ’’donner la parole aux militants’’ pour ’’sortir le parti des querelles intestines, postures sectaires, clientélistes et courtisanes’’.
Exclu de l’APR, mardi, Diakhaté relève à travers sa page Facebook que ’’depuis onze ans’’ ce parti ’’fonctionne comme une masse informe, une foire d’empoigne, un parti de querelles de personnes, de luttes des places sans merci sur fond d’ambiguïté idéologique, de déliquescence des structures, organisations et instances de direction à tous les niveaux’’.
Il estime que ’’ce tableau apocalyptique de la locomotive de la majorité présidentielle doit alerter plus d’un et appeler à la mobilisation de toutes les militantes et de tous les militants pour remettre l’APR en l’endroit. Il nécessite qu’en permanence on s’interroge sur nos pratiques militantes’’.
Moustapha Diakhaté en appelle à une ‘’révolution militante’’, un travail qui exige, selon lui, ‘’de donner la parole aux militants pour qu’ils s’y impliquent, qu’ils y soient à l’origine ou en soutien’’.
Selon lui, partir de la base, c’est faire de l’APR, ’’au-delà de la collecte des suffrages, de politiques électoralistes’’, ’’un instrument de conscientisation, d’éducation, d’encadrement des militantes et militants et d’intermédiation entre le peuple sénégalais et son gouvernement’’’.
Mànkoo Taxawu sunu APR/Initiative pour la Refondation de l’Alliance se veut ’’un mouvement ouvert et populaire’’ qui ‘’ne demande ni carte d’entrée et rassemble toutes celles et ceux qui agissent pour promouvoir le programme de +la Refondation de l’Alliance+’’, explique Diakhaté.
Le mouvement, dit-il, ’’entend assumer sa mission en participant au renouveau de l’action militante à travers la production et la diffusion de propositions sur l’ensemble des sujets qui structurent la vie du Parti et de la Nation’’.
Pour Moustapha Diakhaté, il faut que ’’la démocratie interne devienne la norme et la liberté le cadre de la vie politique dans l’APR’’.
Dans sa ‘’plateforme revendicative’’ figurent la dissolution du Secrétariat exécutif national, de toutes les structures, organismes internes et la mise en place de la Présidence du Parti, etc., la mise d’une Direction collégiale provisoire chargée de piloter la Refondation du Parti, la réaffirmation de l’option libérale du Parti et sa double appartenance du Réseau libéral africain et de l’Internationale libérale, la dévolution et l’exercice démocratique des responsabilités et des pouvoirs dans le part, etc.
Mànkoo Taxawu sunu APR a pour entre autres objectifs de ’’reconstruire la confiance de l’engagement militant dans l’APR ; revitaliser la démocratie interne, participative et inclusive ; réfléchir sur les missions fondamentales du parti ; améliorer les modes d’intervention du parti au profit des populations ; proposer des solutions de gouvernances innovantes à destination des instances, structures internes et organismes affiliés’’, indique-t-il.
Moustapha Diakhaté annonce que ’’cet appel du jeudi 23 janvier 2020’’ sera suivi d’autres ’’initiatives et actions’’.
Il a annoncé le lancement de ’’plusieurs plateformes collaboratives pour recueillir des propositions, points de vue’’, la préparation de ’’grandes rencontres thématiques sur l’indépendance, l’intégration, le vivre ensemble, la démocratie, l’Etat de droit, la gouvernance sobre et vertueuse, la rupture, la Patrie avant le parti et le PSE’’.
LA SENELEC A FAIT UNE MAUVAISE COMMUNICATION SUR LA HAUSSE DU PRIX DE L'ELECTRICITÉ
Membre de l’Apr, Lass Badiane estime que, de façon générale, les responsables du parti au pouvoir et leurs alliés ne défendent plus assez Macky Sall.
Le président du mouvement Dieum Kanam, Lass Badiane, pense que la Senelec a mal communiqué sur la hausse du prix de l’électricité. Membre de l’Apr, ce conseiller municipal de Grand-Yoff estime que, de façon générale, les responsables du parti au pouvoir et leurs alliés ne défendent plus assez Macky Sall.
Macky Sall maintient toujours le flou autour d’un éventuel 3eme mandat. Quel est votre avis ?
Je pense que, comme l’a dit le Président au soir du Réveillon, c’est un débat inutile puisqu’il a été réélu avec plus de 58%. Le président de la République, en homme aguerri, expérimenté, ne va pas tomber dans un piège qui est un débat de rue. Ce qui l’intéresse, c’est comment faire pour améliorer les conditions de vie de nos compatriotes, réaliser des routes praticables, des postes de santé pour que les populations puissent être satisfaits de son bilan 2019-2024.
Maintenant il y a certaines personnes qui sont préoccupées par des débats de succession. Mais l’heure n’est pas de dire ce qui va se passer en 2024 parce que nous sommes en 2020. Seul Dieu sait qui sera présent en 2024. Ce qui nous intéresse au niveau de l’Alliance pour la République, c’est la matérialisation des projets du président de la République qui ont été conçus sur un programme.
Donc l’heure pour nous, les ministres, les Directeurs généraux, même pour nous qui n’avons aucun poste nominatif, c’est d’aider le président de la République à réussir sa mission en vulgarisant ses réalisations.
L’actualité, c’est aussi la hausse du prix de l’électricité qui ne passe pas chez beaucoup de Sénégalais…
Il n’y a pas de hausse sur le prix de l’électricité, mais plutôt une baisse de la subvention de l’Etat. Entre 2012 et 2018, il y avait une baisse drastique du prix du baril de pétrole. Maintenant il y a une légère hausse. C’est cette subvention-là qu’il a diminué et qui était de 26%.
Raison pour laquelle les prix ont augmenté légèrement non pas pour les petits ménages, mais pour les industriels. Je pense que la Senelec a fait une mauvaise communication sur cette décision parce qu’il ne s’agit pas d’une hausse du prix de l’électricité mais plutôt d’une baisse de la subvention.
Pour beaucoup de Sénégalais, il y a une restriction des libertés sous Macky Sall. Qu’en pensez-vous ?
L’opposition est en train de manifester comme bon lui semble. Il n’y a pas de restriction de liberté. Pour le cas de Guy Marius Sagna, il a bravé une interdiction. Nous sommes dans une République et une Répu blique est régie par des règles. Si on commence à les transgresser, on ne peut plus les revendiquer. Et l’une de ces règles, c’est le respect du droit.
Donc, quand l’autorité préfectorale interdit une manifestation, il faut la respecter. Nous sommes tous des républicains dans l’âme. Donc si ces opposants-là ont l’ambition d’être à la tête de ce pays, il faut qu’à partir d’aujourd’hui ils apprennent à respecter les décisions des autorités.
«SI JE SUIS ÉLU, JE NE TOUCHERAIS PAS À MON SALAIRE DE MAIRE…»
La promesse est du président du mouvement « And Suxxali Sénégal ak Habib Niang Falaat Macky Sall », Mouhamed El Habib Niang, candidat à la mairie de Thiès-Nord
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 23/01/2020
« Si je suis élu à la tête de la commune de Thiès-Nord, le premier acte que je poserai consistera à affecter mon salaire de maire aux œuvres sociales ». La promesse est du président du mouvement « And Suxxali Sénégal ak Habib Niang Falaat Macky Sall », Mouhamed El Habib Niang, candidat à la mairie de Thiès-Nord, qui était ce weekend l’invité de l’émission « Jakarlo ak Askan Wi » de Walf-TV
« Le fauteuil de maire ne nous intéresse pas, notre seule ambition c’est de construire Thiès, une ville aujourd’hui engloutie dans une barque en naufrage ». Cette déclaration du président du mouvement « And suxxali Sénégal » en dit long sur les raisons du ralliement massif de plusieurs catégories de la population de la cité du rail à la bannière de M. Habib Niang. Jeunes, personnes atteintes de handicap, dizaines de groupements féminins, personnes du troisième âge…tous ont adhéré au mouvement « and suxxali Sénégal ak Habib Niang Falaat Macky Sall ».
Ce n’est pas tout puisqu’on compte également parmi les forces qui lui ont fait allégeance le regroupement des cochers de la commune de Thiès-nord constitué de plus de 200 membres, le mouvement des conducteurs de mototaxis «Jakarta», l’association des tailleurs de la zone-nord, beaucoup de sportifs, le regroupement des photographes de Thiès, entre autres forces vives de la ville aux-deuxgares.
Toutes ces associations et tous ces regroupements ont adhéré à la philosophie du Chef du Bureau du Cadastre de Guédiawaye, dont le mouvement connait depuis l’élection présidentielle du 24 février dernier une réelle montée en puissance dans la ville-aux-deux-gares. Mouvement indépendant, « and suxxali Thiès » s’est mué plus tard en « and suxxali Sénégal »pour embrasser très large et, pourquoi pas, étendre ses tentacules dans toutes les régions de notre pays. en attendant, il a décidé d’aller, même seul, à l’assaut de la mairie de Thiès-nord, parce que conscient de son poids électoral auprès des populations et très optimiste quant à ses chances de gagner compte tenu de son « excellent travail » sur le terrain.
Le jeune technocrate dit avoir réussi l’exploit de « conquérir le cœur de Palal, un gros village sérère devenu célèbre pour sa virginité politique, niché à la frontière des communes de Pout et Keur Mousseu, dans le département de Thiès, qui a beaucoup contribué à réélire le Président Macky Sall au soir du 24 février 2019 ». il revendique aussi la prouesse d’avoir « sauvé de justesse Thiès du naufrage collectif lors de la dernière présidentielle ». Faisant partie des leaders qui ont réussi à ressusciter la coalition présidentielle à Thiès, Habib Niang estime qu’« à Thiès le président Macky Sall n’a pas un problème de bilan, non plus il ne se pose pas au niveau de la ville un souci de ressources financières ou logistiques parce qu’il en a assez donné. Mais son problème reste l’absence de ressources humaines compétentes, malgré l’existence de leaders thiessois qui sont ministres, députés, directeurs nationaux et Pca de société, hommes d’affaires, entre autres. Des leaders qui ont obtenu, en termes de moyens politico-financiers, beaucoup de faveurs ».
Aussi, Mouhamed el Habib Niang, bien que ne se réclamant d’aucun clan, a, au cours de cette interview, porté un œil critique sur le fonctionnement de la mouvance présidentielle à Thiès. sa conviction est que « le chef de l’Etat est trompé à Thiès par des gens qui ne sont pas dans la vraie politique ».
Le soutien des Thiessois à la vision de l’homme
En tout cas, nombre de thiessois ont réitéré leur engagement aux cotés d’un « leader social incarnant un leadership fort à Thiès-nord », qui se singularise par de « bonnes actions » à travers un « programme social » qui a fini de le classer comme étant, parmi tous les leaders que compte Thiès nord, le seul à répondre aux critères définis par les électeurs. À savoir « un espoir, une chance pour Thiès ».
Des témoignages de bénéficiaires éparpillés à travers les quatre coins de la ville, il est ressorti que Habib Niang a traduit tous ses engagements en « actes concrets ». ses supporters, intarissables, saluent ses réalisations parmi lesquelles « l’autonomisation des femmes du mouvement avec la mise en place d’un crédit mutuel mais aussi de projets de développement en coopération avec des partenaires sérieux, les dons de matériels d’entretien et de nettoiement composé de brouettes, pelles, râteaux, de lots de moustiquaires imprégnés, les actes régulièrement posés qui ont considérablement impacté sur la vie économique surtout des femmes constituées en groupements, au point qu’aujourd’hui nombre de familles démunies ont changé de statut, en respirant l’aisance ». Des bénéficiaires qui n’hésitent point à magnifier « la politique de création d’emplois, de lutte contre le chômage des jeunes et des femmes, d’allègement des travaux ménagers » du jeune cadre thiessois peint sous les traits d’un « leader qui, avant d’être politique, reste un acteur de plain-pied dans le développement surtout social, un technicien, un technocrate toujours à l’écoute des populations, qui tient ses promesses et est prompt à répondre favorablement à la demande sociale de ses citoyens ».
Toujours à son actif, s’inscrit l’accompagnement aux jeunes et à plus d’une centaine de groupement des femmes dans la transformation de produits céréaliers (renforcement de capacités, outillage pour la fabrication d’eau de javel, de savon et d’huile pour cheveux, entre autres). Des actions d’accompagnement, de formation et d’encadrement des populations pour explorer toutes les opportunités pouvant permettre de générer des revenus et un mieux-être, et toutes autres initiatives à caractère social. le président de « and suxxali Sénégal », pour les besoins du ramadan dernier, n’avait-il pas procédé à la remise de 64 lots de 30 paquets de sucre (sukaru Koor) pour un montant global de 1.500.000 FCFa à plusieurs groupements de femmes de sa structure ? par la même occasion, il avait offert au regroupement des photographes de Thiès-nord 25 carnets de santé pour Cmu, pour la prise en charge de 75 personnes. Des « actes positifs » dont bénéficient beaucoup de maisons, des lieux de culte, toutes les couches de la population. Ce qui impressionne le plus chez l’homme qui se dit «aujourd’hui prêt à vendre mon véhicule pour sauver des patients », c’est, selon nombre de thiessois, le «respect de la parole donnée». un homme dont on dit qu’il a beaucoup investi dans le domine de la santé à Thiès, surtout au niveau des structures sanitaires de la ville. Un allié du président Macky Sall, qui se dit « très fier d’être thiessois », connu pour sa promptitude à accéder aux besoins de ses compatriotes souvent démunis, avec la « création de quelques 2500 mutuelles de santé dans la ville » etc..
Thiès a besoin de changement, selon Habib Niang
le jeune cadre de l’administration est revenu sur la structuration de son mouvement composé à 90% de femmes sur toute l’étendue du territoire national, son programme de candidat à la mairie axé autour de la création d’emplois, avec entre autres un intéressant projet de vélos-taxis, la santé, le social. aussi il a évoqué l’aide destinée aux étudiants thiessois de Dakar, Bambey, Ziguinchor, Fatick, etc. le responsable politique qui pense que « Thiès a besoin de changement », espère effectuer dans un futur proche une tournée de remobilisation de ses troupes sur l’ensemble du territoire national. Praticien, ingénieur géomètre titulaire d’un Master 2 en aménagement des infrastructures publiques, homme social et de développement, à la tête d’un mouvement de plus de 15000 membres, qui dispose de jeunes et de femmes dynamiques et d’un réseau d’enseignants très dense, faisant la politique « autrement », le fils de Diakhao révèle avoir été « saisi par de hauts cadres dans l’entourage du président Macky Sall selon qui ce dernier a besoin d’un jeune capable de relever le défi à Thiès ». Habib Niang assure entretenir de « bons rapports » avec les autres responsables du camp présidentiel à Thiès et se réjouit d’avoir été choisi par les thiessois pour aller à l’assaut de la mairie de Thiès-nord. « Ce n’est pas une initiative personnelle », jure-t-il en conclusion.
LA LÉGALISATION DU CANNABIS SERAIT UNE CATASTROPHE
La criminalisation des drogues à travers la Loi Latif Guèye, « une loi très dissuasive », a permis d’amoindrir les dégâts médicaux et sociaux de l’utilisation de ces substances, selon le Dr Falilou Samb
La criminalisation des drogues à travers la Loi Latif Guèye, « une loi très dissuasive », a permis d’amoindrir les dégâts médicaux et sociaux de l’utilisation de ces substances, selon le Dr Falilou Samb. Pour lui, la légalisation du cannabis serait une catastrophe sanitaire et sociale
Alors qu’on n’a pas encore fini de panser les plaies de la société sénégalaise gangrenée par ses lots de vols et de viols, de kidnappings et de meurtres, voilà qu’on nous demande d’ouvrir une autre plaie plus béante. et comme arguments brandis par les partisans de la légalisation de la consommation du cannabis, on nous dit qu’« un contrôle va être légalement exercé sur la qualité du produit, en particulier sa teneur en THC, la répression serait plus efficace et il y aurait des vertus thérapeutiques dans le cannabis ». Par rapport à ce dernier point relatif à la présence de vertus thérapeutiques dans le cannabis, le Dr Falilou samba se veut clair.
A l’heure actuelle, dit-il, le cannabis ne répond pas à la définition d’un médicament qui reste « une molécule possédant des propriétés préventives ou curatives à l’égard des maladies humaines et animales, susceptibles de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques ». « Donc de la découverte de la molécule à l’Autorisation de Mise sur le Marché (Amm), un médicament doit franchir avec succès différentes phases qui peuvent s’étaler sur environ 10 ans. Il y a la phase recherche et développement, l’étude de toxicologie, la recherche clinique avec une étude de tolérance, d’efficacité, de comparatif et une étude administrative.
La mise au point d’une nouvelle spécialité coûte environ 800 millions d’euros. Et pour que le médicament obtienne une autorisation de mise sur le marché, il doit présenter un bon rapport bénéfices/risques », explique longuement, et comme dans un cours, le Dr Falilou Samb. le médecin recense environ 75 types de cannabinoïdes qui seraient identifiés dans la plante parmi lesquels « le térahydrocannabinol (thc) et le cannabidiol « Cbd) ». Or, à ce jour, selon le praticien, « aucun de ces composés d’origine végétale n’a fait l’objet d’un protocole d’étude en vue d’une autorisation, et donc aucun d’entre eux ne peut être qualifié de médicament.
De plus, jusqu’à présent, et étant donné l’insolubilité du Thc, traiter des patients en leur faisant fumer soit la plante elle-même, soit sa résine, reste une méthode peu contrôlable, tant le passage des principes à l’organisme est aléatoire. Comme on le voit, seule une substance issue du cannabis et ayant obtenu une autorisation pourrait être qualifiée de médicament » estime Dr Falilou Dr samb.
Selon lui, cette argumentation n’entrave en rien une poursuite des recherches pour mieux connaitre les « mécanismes d’action » du cannabis. En attendant, soutient-il, personne ne devrait en conscience utiliser l’argument du médicament pour justifier la légalisation du cannabis plus connu sous le nom de « yamba » dans notre pays. sur ce, il demande aux pouvoirs publics d’appliquer réellement notre arsenal répressif, mais aussi de mettre en place un plan de prévention destiné à informer nos jeunes élèves des écoles primaires sur les dangers de cette drogue. « L’expérience vécue par les pays qui ont légalisé le cannabis doit nous inciter à refuser cette éventualité. La logique financière et économique ne doit plus primer sur la santé de notre société. Introduire la légalisation du cannabis serait une catastrophe sanitaire dont nos pouvoirs publics porteraient une lourde responsabilité devant l’histoire et nos générations futures », soutient avec force Dr Falilou Samb. Cette idée du droit-de-l’hommiste Seydi Gassama, qui fait fi des conséquences de cette substance prohibée — aussi bien du point de vue de la religion que de la loi — , et qui peut faire perdre à la personne sa raison, ne reviendrait-elle donc pas à faire basculer dans le gouffre une société qui titube déjà ?
LES ANCIENNES PENSIONNAIRES, SI LOIN, SI PRES DE LEUR ETABLISSEMENT
La convergence des anciennes du lycée Ameth Fall (Calaf) va organiser, ce vendredi, la 7ème édition de la caravane retour aux sources, à Saint-Louis, dit «Dellu Ndar».
La convergence des anciennes du lycée Ameth Fall (Calaf) va organiser, ce vendredi, la 7ème édition de la caravane retour aux sources, à Saint-Louis, dit «Dellu Ndar». Jadis appelé lycée des jeunes filles de Saint-Louis, cet établissement a formé d’illustres dames qui se battent pour préserver le label qualitatif du lycée.
Le Lycée Ameth Fall de Saint-Louis abritera, ce vendredi, la 7ème édition de la caravane « Dellu Ndar ». Une initiative inédite, fortement appréciée par l’administration et le corps professoral de l’école. Selon Aïssatou Kébé Diagne, la Vice-présidente de la Calaf qui s’exprimait au nom de la Présidente Madame Ndèye Tenning Ndoye, la Calaf a été créée le 18 juin 2005. Elle s’est fixée pour objectif de maintenir les filles à l’école, de les orienter dans les filières scientifiques et techniques et surtout faire du lycée Ameth Fall un pôle d’excellence.
Poursuivant, Aïssatou Kébé Diagne estime que la Calaf, c’est toute une génération passée par le lycée des jeunes filles de Saint-Louis, des promotions de 1946 à nos jours. Toujours d’après cette ancienne cadre de la Sonatel, la Calaf profite de la caravane « Dellu Ndar » pour tenir, entre autres activités, une procession à la place Faidherbe, une cérémonie de don de sang, mais également une causerie sur les thèmes suivants : «Mieux connaître la Calaf» et «la criminalisation du viol». Il s’agit pour ce dernier de mieux sensibiliser les filles du lycée sur ce fléau.
«Dans le cadre de la recherche de moyens, nous allons doter l’établissement d’œuvres aux programmes, d’ordinateurs, de manuels pour la bibliothèque… » Aïssatou Kébé Diagne rappelle qu’en 2017, la Calaf a réalisé un important lot de matériel médical et phytosanitaire d’une valeur de 6 000 000 de francs CFA ainsi que 14 trousseaux scolaires d’une valeur de 50 000 francs aux 14 meilleures élèves du lycée toutes séries confondues.
La vice-présidente témoigne que l’Amicale a tenu à présenter un vibrant hommage aux pionnières et aux anciennes de la Calaf. Rappelant tous les bienfaits effectués par ces dernières par le passé, elle a soutenu que c’est ce legs qu’elles veulent, en tant que dirigeantes et membres de l’association, préserver et transmettre à la nouvelle génération du lycée Ameth Fall de Saint-Louis du Sénégal.