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28 juillet 2025
EN GUINÉE, UNE FEMME UTILISÉE COMME BOUCLIER HUMAIN PAR DES POLICIERS
Des policiers guinéens ont été filmés à leur insu par un vidéaste amateur, le 29 janvier, en train d’utiliser une femme comme bouclier humain, à Conakry. Un homme, qui a recueilli la femme après la scène, raconte ce qu’il s’est passé
Les Observateurs de France 24 |
Alexandre Capron |
Publication 30/01/2020
Des policiers guinéens ont été filmés à leur insu par un vidéaste amateur, le 29 janvier, en train d’utiliser une femme comme bouclier humain, dans la commune de Ratoma, à Conakry, capitale de la Guinée. Un homme, qui a recueilli la femme après la scène, raconte ce qu’il s’est passé et donne des nouvelles de la victime.
La vidéo dure un peu plus de trois minutes. Elle montre une femme retenue par un policier, accompagné de trois autres. Ils font face à plusieurs jeunes Guinéens, le 29 janvier, lors d’une nouvelle manifestation contre le possible troisième mandat du président Alpha Condé.
Les trois policiers placent la femme devant eux pour se protéger de jets de pierre et l’emmènent avec eux sur plusieurs mètres avant de la traîner au sol. La scène se termine dans la confusion après un tir de l’un des policiers.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu identifier le lieu exact de la scène dans le quartier de Wanindara 3. Une photo envoyée par un habitant de la zone permet de reconnaître le même arbre ou les mêmes maisons.
La vidéo, récupérée et postée par Abdourahmane Bah, un habitant du quartier Wanindara 3, a été vue plus de 350 000 fois sur Facebook en moins de 24 heures. Il a recueilli la victime après avoir entendu des cris dans la rue.
"C’est une dame qui travaille au marché Enco 5 comme femme de ménage, à quelques centaines de mètres de là. Elle était venue dans le quartier car elle avait appris le matin même qu’un enfant d’une de ses proches avait été blessé au pied lors des manifestations. Elle venait donc rendre visite à la famille de cet enfant, mais elle ne connaissait pas bien le quartier, car elle vit dans un autre quartier de Conakry.
Elle est tombée sur ces policiers, qui lui ont alors dit de rester avec eux, car il y avait des jeunes non loin. Mais c’était un piège, puisque rapidement, les policiers l’ont gardé avec eux pour faire face à ces personnes qui leur lançaient des pierres. Les policiers n’avaient plus de gaz lacrymogènes, et garder cette femme avec eux, c’était le seul moyen qu’ils avaient pour se protéger des pierres. Ils ont voulu négocier avec les manifestants par ce moyen, mais les jeunes ont refusé."
"La femme n’était pas enceinte, mais a un bébé en bas âge"
Après avoir été trainée sur plusieurs mètres, les policiers ont finalement abandonné la femme par terre, et se sont enfuis vers l’avenue Le Prince [route principale du quartier, NDLR]. Nous avons recueillis la femme qui était très choquée. Ses vêtements étaient couverts de boue, ma mère lui a donné de nouveaux habits pour qu’elle puisse partir. Cette femme n’était pas enceinte, comme on a pu le voir écrit ici ou là. Mais elle a un bébé de six mois [ainsi que 4 autres enfants, selon le site Guinéematin qui a pu l'interviewer, NDLR], et elle a eu très peur d’être blessée ou tuée dans les affrontements. Elle a de nombreuses plaies au genou.
Ce qu’il s’est passé est inacceptable. C’est la première fois que je vois un tel comportement avec une femme de la part des policiers, ça prouve que même les femmes ne sont pas épargnées. Depuis le début des manifestations, mon quartier est l’un des plus réprimés, et la présence des forces de l’ordre est permanente. On ne se sent pas en sécurité.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu confirmer l’identité de la victime, qui a témoigné auprès de médias guinéens dont GuinéeMatin. Cette dernière a indiqué être traumatisé par l’événement, et avoir une "douleur à son pied droit".
Les trois policiers aux arrêts
Nous avons également échangé avec le ministre de la Sécurité publique, Albert Damantang. Il a affirmé que trois policiers avaient été mis aux arrêts. Il a ajouté qu'un quatrième, présent avec eux, n'avait pour l'heure pas été identifié. Selon lui, ces policiers seront présentés à un conseil de discipline et prochainement sanctionnés.
En guise de défense, le policier aurait affirmé avoir vu la dame "donner des pierres aux jeunes", raison pour laquelle il l'a d'abord interpellée, une version qu'on "ne peut pas corroborer à ce stade" a dit le ministre. Il a par ailleurs renouvelé ses excuses à la victime, comme il l’avait fait dans cette vidéo publiée sur Facebook, et a affirmé qu'elle serait reçue par la ministre de l'Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance Mariama Sylla après avoir échangé avec elle par téléphone.
De son côté, François Patuel, chercheur à Amnesty International sur la Guinée, estime que cette vidéo est un exemple supplémentaire des abus de la police guinéenne :
"Cette scène d’une femme utilisée comme un bouclier humain contrevient à plusieurs pactes internationaux signés par la Guinée. L'exposition volontaire de personnes à des souffrances ou blessures est une grave violation des droits humains. Mais cela s’inscrit dans une tradition d’impunité pour les violations commises par les forces de sécurité : depuis 2010, plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans le contexte de manifestations.
Malgré les plaintes déposées par les familles, un seul policier a été condamné. Sa hiérarchie directement responsable n’a pas été inquiétée."
Les abus policiers se multiplient en Guinée depuis fin 2019, alors que les protestations ne faiblissent pas contre le projet de nouvelle Constitution qui permettrait à Alpha Condé de se représenter pour un troisième mandat. Le 14 janvier, une vidéo montrant un homme âgé être malmené par la police avait déjà suscité l’indignation.
OUATTARA RÉPOND A LA ZMAO
Le président ivoirien a balayé jeudi les critiques du Nigeria et plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest anglophones qui ont dénoncé à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l'Eco, assurant que la date de juin 2020 tenait toujours
Le président ivoirien Alassane Ouattara a balayé jeudi les critiques du Nigeria et plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest anglophones qui ont dénoncé à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l'Eco, assurant que la date de juin 2020 tenait toujours. "C'est une intoxication pure et simple. Il n'y a que 5 pays qui se sont retrouvés (à Abuja) sur les 15 de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) (...)
La majorité des pays n'a pas été à cette réunion. Ce n'était pas une réunion des chefs d'Etat mais de ministres et gouverneurs", a déclaré M. Ouattara."Ce que nous avons décidé au niveau des chefs d'Etat, notre volonté c'est de mettre l'Eco en 2020", a-t-il ajouté, précisant qu'il y avait des "conditions"."La première condition c'est de réunir les (cinq) critères de performance: déficit de -3%, dette de moins de 70%, faible inflation etc... (...)
Pour le moment, il n'y que 4 ou 5 pays dont la Côte d'Ivoire qui remplissent ces critères", a-t-il poursuivi, soulignant que le processus devait être "graduel"."Cinq, huit, dix pays (respectant les critères) peuvent se mettre ensemble", a-t-il dit ajoutant que d'autres pouvaient ensuite les rejoindre à l'image de la zone Euro commencée à 11 et qui comprend 19 pays aujourd'hui."Nous voulons faire les choses par étapes. Nous ne voulons pas de précipitation mais nous ne voulons pas non plus que les pays qui ne respectent pas les critères de convergence bousculent le processus", a-t-il conclu dans une claire allusion au Nigeria.
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) avaient dénoncer "la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en Eco d'ici à 2020", le 16 janvier à Abuja.Huit pays francophones d'Afrique de l'Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l'"Eco" et de rompre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l'euro.
L'annonce surprise avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d'une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, au lendemain d'un sommet de la Cédéao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d'ici à juillet.
DAARA J EN LUTTE CONTRE LE CAPITALISME
Quatre ans après Foundation, les deux rappeurs, Faada Freddy et Ndongo D, reviennent avec Yaamatele, un nouvel opus forgé entre Dakar, Paris et Kinshasa. Sur ses pistes, ils militent pour l’écologie et s’adressent aussi bien aux peuples qu’aux puissants
Quatre ans après Foundation, les deux rappeurs sénégalais de Daara J Family, Faada Freddy et Ndongo D, reviennent avec Yaamatele, un nouvel opus forgé entre Dakar, Paris et Kinshasa. Sur ses pistes, ils s’insurgent contre le capitalisme, militent pour l’écologie, et s’adressent, en wolof, en français et en anglais, aussi bien aux peuples qu’aux puissants. Pour eux, le rap, hérité des griots, est vecteur d’éducation. Encore une fois, avec Daara J Family, on est à bonne école !
RFI Musique : Que signifie le titre de ce disque, Yaamatele ?
Ndongo D : Yaamatele, c’est un personnage comique d’un dessin animé des années 1980, Onze pour une coupe : un robot, avec une grosse télé à la place du ventre. Depuis, dans le jargon de rues, au Sénégal, on utilise son nom pour désigner les personnes droguées à leurs écrans – télés, ordinateurs, téléphones portables. Notre titre-parabole dénonce cette addiction.
Faada Freddy : Aujourd’hui, tout est tellement digitalisé qu’on en perd notre humanité. Parfois, dans une maison, un membre de la famille regarde la télé dans la chambre, l’autre dans le salon…Et pour communiquer, ils s’envoient des SMS ! Les gens passent tant de temps agglutinés à leurs écrans, qu’ils en oublient de vivre ! Et puis, sur leurs appareils, arrivent tout un flux d’infos non triées : l’annonce de guerres, de décès tragiques, au milieu de bimbos aux seins nus… Le danger, c’est de devenir insensible à tout !
ND : En Afrique, il y aura bientôt 660 millions de smartphones. Même les grands-pères, dans les villages les plus reculés, possèdent ces outils numériques. Désormais, ce ne sont plus les politiciens qui gouvernent le monde, mais Facebook ou WhatsApp. D’ailleurs, les réseaux sociaux s’imposent comme des armes politiques puissantes, dont se sont servi Trump ou Bolsonaro pour arriver au pouvoir. Nous ne demandons pas aux jeunes d’abandonner leurs smartphones, mais d’adopter un recul critique face aux contenus.
Le dessin sur votre pochette de disque représente cette addiction…
FF : Oui, il révèle un arbre à palabres. Auparavant, tout le monde se réunissait autour de lui et de l’odeur d’un thé brûlant, pour s’offrir des moments de discussion, des temps d’échange et de partage. Sur la pochette, dans des lueurs crépusculaires, on voit désormais ces gens obnubilés par leurs écrans. Sur les branches de l’arbre, pendent des smartphones, tels des parasites ! En Afrique, on est même en train de perdre notre culture de l’oralité. Avant, un griot entraînait sa mémoire à garder l’art de la parole... Aujourd’hui, il cherche ses références sur Internet.
ADN, le titre d’ouverture de votre disque, s’avance comme un hymne écologique. Pourquoi ?
ND : Comme beaucoup, nous sommes profondément préoccupés par l’avenir de la planète. Déjà, en 2012, on avait sorti ce titre, Niit (qui signifie "observer de près avec une torche") et nous avions tourné le clip dans la plus grosse décharge de Dakar. Au Sénégal, il commence à y avoir une fragile prise de conscience. Quelques hommes politiques – un ou deux sur dix –, dont le ministre de l’Hygiène Publique, tâtonnent pour trouver des solutions écologiques. Et puis, il y a des initiatives, des mouvements comme Sénégal Ney Set ("Que le Sénégal soit propre") avec lequel nous collaborons.
FF : Au fil de nos voyages, nous croisons des gens qui partagent les mêmes angoisses, sur la déforestation et la pollution. Ainsi, j’ai pu échanger avec le Brésilien Almir Surui, le chef de la tribu Paiter Surui, en Amazonie. Les autochtones sont menacés de mort parce qu’ils protègent la forêt ; ils sont bousculés par les gros industriels qui veulent les faire disparaître. En Afrique, je citerais l’exemple de Kigali, qui interdit le plastique sur son sol : une des solutions vers une planète plus saine…
Vous rappez depuis vingt ans. Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts ?
FF : Dès l’origine, on a tâché de transmettre une parole qui pouvait élever les esprits. Nos parents respectifs étaient instituteurs. On avait en nous ce bagage-là pour prôner l’éducation. D’où notre nom, Daara J : l’école de la vie. Et notre responsabilité s’est accrue avec la notoriété. Depuis vingt ans, ce qui a changé et s’est empiré, c’est cette maladie qui ronge le monde : la globalisation et le capitalisme mondial. Aujourd’hui, la valeur d’un être humain se mesure à son compte en banque. Son bonheur, à son sourire posté sur Instagram. Nous sommes aussi dans une ère de l’ultra-communication, qui peut friser le mensonge. Même pour faire la guerre, on use de la communication. Nous, en tant que colibri, nous faisons notre part. Et en tant que rappeurs, nous tâchons de réinvestir une parole digne de sens.
Quelle est la situation au Sénégal ?
ND : Au niveau culturel, la situation évolue positivement. Il y a par exemple la Biennale des Arts…Beaucoup d’artistes continuent de repousser les limites. Mais là où ça coince, c’est au niveau des politiques, au service du capitalisme… Ca gâche tout ! Tu fais des beaux châteaux de cartes, et ils s’écroulent instantanément. Dans un titre comme Jotna, par exemple, on parle de la mainmise sur les économies en Afrique…
FF : On s’adresse aussi aux dirigeants. Avant de signer un accord, on leur dit : "prenez le temps de réfléchir. Ne voyez pas uniquement vos intérêts, vos amitiés personnelles. Pour protéger un lobby, vous sacrifiez toute une génération sur 50 ou 70 ans. Réfléchissez !". Dans Jamono, on parle au peuple, à tous ces jeunes Africains qui cherchent l’Eldorado en Europe, au péril de leur vie. Comme le dit l’écrivaine Fatou Diome, ils se jettent dans le "ventre de l’Atlantique" en emportant leurs rêves. A ces voyageurs du désespoir, je dis : "Vous partez chercher le diamant, mais vous oubliez que vous êtes assis dessus".
Derrière vos lyrics, votre musique a aussi évolué… Comment ?
FF : On a composé entre Kinshasa, Paris et Dakar. On est sortis de notre zone de confort ! Ainsi, au Congo, on a été inspirés par la rumba, avec des compositeurs comme Kratos. On mélange et ça donne Chaka Zulu, une certaine transe ! A Paris, on a travaillé avec Manu Sauvage qui collabore avec Youssoupha ou Arthur H.
ND : On a effectué un travail de recherche : comment faire pour que nos musiques parlent aux nouvelles générations, sans tomber dans la copie de la tendance, par nature éphémère ?
FF : En gros, on a forgé une musique équilibrée, qui garde ses racines. Je convoque souvent la métaphore de l’arbre : quand les "temps" viennent, les feuilles changent, mais les racines demeurent toujours, qu’importent les saisons ! Et puis, même si on travaille énormément sur nos lyrics et la musique, on essaie aussi de se laisser porter par la vibe, de ne pas tout contrôler, pour recevoir la magie de l’univers.
Comment se porte aujourd’hui le hip hop au Sénégal ?
FF : Le pays regorge de talents. Avec Internet et les home studios, les jeunes s’organisent. Ils osent aller de l’avant, sans attendre que les grosses maisons de disques les produisent. Ils créent leurs affaires, ils nous demandent des conseils…
ND : Il faut que ça devienne une industrie, au même niveau que les pays anglophones, portée par des investisseurs.
De toute façon, le hip-hop vient d’Afrique !
FF : Bien sûr ! C’est ce que nous expliquions dans notre album Boomerang, en 2003. Pour preuve, tous les précurseurs du rap américains avaient des noms africains, Afrika Bambaataa et la Zulu Nation en tête ! Le hip hop trouve directement sa source dans le griotisme, cet art rythmique de la parole. Il y a justement une vidéo qui circule sur le net, où Quincy Jones explique à Kendrick Lamar que le hip hop vient d’Afrique. On est ultra fiers !
Vous pensez que le rap et plus largement la musique, peut-être une solution ?
FF et ND : Evidemment ! On est souvent bien plus écoutés que des politiciens !
par Oumou Wane
MACKY SALL, L’EMPÊCHEMENT PERMANENT !
Le président qui n’est pourtant qu’au début de son second mandat, se bat seul ou presque contre une horde de détracteurs et d’affabulateurs obsessionnels qui n’ont de cesse de croiser le fer avec lui
Plébiscité il y a moins d’un an par la grande majorité des Sénégalais, le président Macky Sall qui n’est pourtant qu’au début de son second mandat, se bat seul ou presque contre une horde de détracteurs et d’affabulateurs obsessionnels qui n’ont de cesse de croiser le fer avec lui. Rien ne lui est épargné !
Entre ses opposants politiques naturels qui le harcèlent par leur virulence, leur insistance et parfois leur violence. Ceux de son propre camp qui pensent représenter à eux seuls un courant au sein de l’APR, pleurant un siège en ébène ou un tabouret doré à l’or fin. Ceux chez qui fait rage le débat autour du troisième mandat et qui spéculent déjà sur son successeur, malgré les mises en garde du président lui-même. Ceux qui, mais c’est peine perdue, font des accusations pour décrédibiliser son action politique. Ceux qui, conspirateurs cachés, l’assurent de leur soutien. Ceux qui, bénis hier, sont honnis aujourd'hui. Ceux qui le regardent avec méfiance dès qu'il s'agit d'argent. Ceux qui disent que sa vision se limite à Diamniadio…
À ces frustrés, s’en ajoutent d’autres qui, n’ont pas assez accès au chef de l’État et se pensent pourtant calibrés pour les gros cigares.
Mais nous dans tout cela, on n’en peut plus ! Fantasmes et ambitions nous tuent ! Dieu merci, les effets ambivalents de l'horizon électoral ne semblent pas affecter la conduite des politiques publiques. Car enfin, comment la vision de Macky Sall pourrait-elle déjà se trouver à l'épreuve des temporalités électorales.
Nous aurions tout à y perdre. Observons sa force de travail, sur tous les chantiers et dans tous les domaines et imaginons ce que cela pourrait être s’il ne devait pas lutter en permanence contre ce volcan en constante éruption.
Après Lomé ce mois-ci et le Royaume-Uni, le chef de l’Etat Macky Sall s’est envolé pour la Suisse, où il prit part au Forum économique mondial de Davos non sans un certain leadership. « Je prends part au Forum de Davos, pour évoquer les enjeux climatiques, économiques et sociaux qui doivent intégrer nos plans de développement »… « C’est en faisant dialoguer l’ensemble des acteurs politiques et la société civile que nous ferons face aux grands défis de ce siècle », a-t-il écrit via son compte Twitter.
Dans le monde entier la parole de notre président est crédible et écoutée. Il n’y a bien qu’ici chez nous que l’on aime casser du Macky sous prétexte que ce dernier refuse d’être l’otage de son propre clan, y-compris de ceux qui ont combattu avec lui dans l'opposition et qui attendent qu’il leur rende la monnaie de leur pièce.
Pour espérer succéder au président de la République, tous ceux-ci devront prendre un autre ascenseur, celui de la sociale démocratie.
Car les temps ont changé et le système a le devoir de promouvoir des hommes et des femmes nouveaux pour assurer le renouvellement politique. Personnellement, j’ai apprécié par exemple le discours de la présidente du Mouvement national des femmes de l’Alliance pour la République (APR) : «Attention les hommes, les femmes foncent sur vous ! Elles arrivent avec l’intention de prendre les mairies, car il est temps qu’elles soient portées à la tête de nombreuses mairies lors des prochaines locales», a déclaré samedi Ndèye Saly Diop Dieng.
Mais revenons à notre président Macky Sall et soyons objectifs. Nous qui l’avons élu et plébiscité pour nous gouverner, cessons de lui mettre des bâtons dans les roues et ayons ensemble l’audace de faire progresser les esprits, de dialoguer pour construire la cité. À commencer par nettoyer devant nos portes.
S’agissant par exemple de la mobilisation citoyenne lors des prochaines journées nationales du nettoiement, prévues le 1er février 2020, donnons à nos villages et nos communes l’appui nécessaire et récoltons les fruits de notre travail.
Il y a tant à faire pour gérer des urgences multiples, particulièrement économiques et sociales dans notre pays, que continuer d’empêcher en permanence sa bonne gouvernance, serait suicidaire. Alors, pour mettre fin à cette guerre des clans et de positionnement à l’extérieur comme au sein du pouvoir, que chacun prenne d’abord un siège et vienne s’asseoir à la table du dialogue national.
DOUDOU DIAGNE DÉCHIRE LES NOUVELLES MESURES DU CNG
Les nouvelles mesures du Cng de lutte ont du mal à passer. Le président des amateurs de lutte émet des réserves.
Les nouvelles mesures du Cng de lutte ont du mal à passer. Le président des amateurs de lutte émet des réserves.
Ce sont nos confrères de Sunu Lamb (édition du mardi 28 janvier) qui ont donné l’info en annonçant les nouvelles mesures prises par le Cng de lutte. L’instance dirigeante ayant en effet décidé, à travers une circulaire envoyée aux promoteurs et managers, d’exiger l’organisation dans un délai de 4 mois pour tous les combats déclarés au Cng. L’équipe du président Alioune a aussi décidé qu’aucun «face à face» ne doit être organisé avant la signature d’un avenant au Cng. Enfin une caution de réservation de la date sollicitée est fixée à un million Cfa.
«On n’a pas besoin de régulariser les face à face»
Interpellé par rapport à ces nouvelles mesures, le président de l’Association des amateurs de lutte marque son désaccord par rapport à cette décision du Cng. D’abord concernant les «face à face», Doudou Diagne Diecko pense que le Cng «devait se limiter à envoyer ses superviseurs lors des face à face comme il le faisait jusque-là, au lieu de vouloir procéder autrement», déplore-t-il.
Avant de poursuivre : «On n’a pas besoin de régulariser les face à face. Le faire revient à fatiguer davantage les promoteurs qui mettent leur argent et qui au contraire doivent être allégés par rapport à certaines obligations.» Quid du délai de 4 mois pour l’effectivité des combats ?
Là aussi le président des amateurs marque son opposition. «C’est une autre manière de mettre la pression sur les promoteurs et les lutteurs. On n’a pas besoin de fixer de délai par rapport à la mise en œuvre des combats», a souligné Diecko.
Qui plaide pour qu’on accorde le temps nécessaire aux promoteurs pour qu’ils se donnent le temps et les moyens nécessaires de dérouler leur événement comme il se doit. Et pour conclure, le président
des amateurs dit condamner «la démarche solitaire du Cng» qui, selon lui, aurait dû associer les promoteurs et managers avant toute décision tendant à prendre des mesures en pleine saison. Assane Ndiaye : «Le Cng doit privilégier le dialogue»
D’ailleurs un autre promoteur tire dans le même sens. Il s’agit de Assane Ndiaye qui estime que le Cng «devait privilégier le dialogue» avec les acteurs avant une quelconque décision touchant la lutte. «Le Cng et les promoteurs ne font qu’une entité. Je dirais que nous sommes des partenaires privilégiés. Le Cng devait donc se mettre autour d’une table pour qu’on discute de la décision. J’ai appris cette nouvelle décision à travers la presse», a regretté le patron de Baol Production.
Comme pour se montrer solidaire de ses autres collègues tout en confirmant les complaintes du président des amateurs
GAZ, MACKY DEMANDE L’ACCELERATION DES PROCÉDURES ADMINISTRATIVES
Le first gaz et le first oil sont prévus respectivement en 2022 et 2023.
Le first gaz et le first oil sont prévus respectivement en 2022 et 2023. Pour cela, Macky Sall a demandé aux responsables de Petrosen, du Cos-Petrogaz et du Ministère du Pétrole et des Energies d’accélérer les procédures administratives pour une facilitation des autorisations pour les compagnies concernées. Hier, lors de la quatrième édition de la conférence du bassin MSGBC, il a déclaré que ce dernier n’a pas encore livré tout son potentiel.
Le président de la République ne veut pas que du temps soit perdu dans l’exploitation du gaz et du pétrole au Sénégal. Pour cela, il a demandé hier, lors de la quatrième édition de la conférence du bassin MSGBC qui a réuni des représentants des cinq pays ayant en partage le bassin sédimentaire à Petrosen, au COS-Petrogaz et au Ministère du Pétrole et des Energies d’adapter les nouvelles procédures administratives en vue de délivrer des autorisations administratives aux compagnies concernées, afin que les navires puissent opérer. «En relation avec l’Etat-Major particulier de la Présidence de la République, il faut que des procédures expresses soient définies. Nous voulons que le first gaz programmé en 2022 et le first oil pour 2023 soient une réalité, car nous voulons travailler en Fast-track. Il faut que les procédures administratives suivent l’évolution de ces différents chantiers», a dit le chef de l’Etat.
Pour le président de la République Macky Sall qui a présidé la rencontre, ce sommet offre l’occasion de montrer aux acteurs mondiaux du secteur pétrolier l’exemplarité de la coopération entre ces pays qui ont en partage le bassin sédimentaire, mais aussi l’attractivité de ce dernier qui est loin d’avoir livré tout son potentiel. «Cette quatrième édition de la conférence de MSGBC se tient à une période toute particulière, à un moment où beaucoup d’évolutions positives ont été notées depuis les découvertes du pétrole et du gaz au Sénégal», a dit le chef de l’Etat Macky Sall. Pour lui, les avancées dans ce domaine doivent être accompagnées de réformes bien structurées qui sont portées par des orientations stratégiques, des mesures ciblées et des dispositions participant à asseoir un cadre de gestion sain et durable de ces ressources au bénéfice du peuple sénégalais. Pour le chef de l’Etat, c’est tout le sens des améliorations qu’il a apportées dans le dispositif institutionnel et le cadre juridique depuis la découverte de ces deux ressources naturelles au Sénégal.
INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
Macky Sall, dans son discours, a salué la coopération interrégionale qui s’est traduite par un accord signé entre la Mauritanie et le Sénégal. Pour lui, c’est la preuve que les compagnies peuvent faire confiance aux pays qui partagent le bassin. «Cette coopération mérite d’être saluée, car les Etats ont une claire vision. Ils savent que c’est dans la coopération et l’amitié que nous pouvons valoriser ces ressources. Cela rassure les partenaires. L’autre aspect reste l’utilisation de la technologie et de la science dans la stratégie et la prise de décisions des activités d’exploration et de production», a-t-il soutenu. Il a demandé aux acteurs du pétrole et du gaz de se mettre à jour pour avoir les dernières innovations technologiques qui devront, d’après lui, permettre de mieux découvrir les ressources naturelles. Il cite l’exemple de l’ultra deep. Il rappelle qu’il y a une vingtaine d’années, personne ne pensait qu’à 1 200 mètres sous l’eau, on pouvait opérer et y trouver des ressources naturelles. Pour Macky Sall, c’est devenu un exercice banal. «Vous aurez à étudier l’environnement commercial et réglementaire, mais aussi des projets de développement déjà réalisés ou en cours comme celui du GTA et Sangomar. Vos conclusions permettront de tirer les meilleures leçons pour une mise en évidence rapide et une exploitation des ressources du MSGBC, favorisant notamment le développement économique et social des pays concernés», a soutenu le chef de l’Etat. Le Sénégal partage ce bassin avec la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau et la Mauritanie.
CES FACTEURS QUI PORTENT ATTEINTE A L’EFFICACITE DU MOUVEMENT SYNDICAL ENSEIGNANT
La fragmentation du mouvement syndical dans le secteur de l’éducation a porté un sérieux coup à l’efficacité de l’action syndicale, avec des rivalités internes, la surenchère dans les luttes revendicatives, etc.
La fragmentation du mouvement syndical dans le secteur de l’éducation a porté un sérieux coup à l’efficacité de l’action syndicale, avec des rivalités internes, la surenchère dans les luttes revendicatives, etc. Et ce, contrairement aux années 80, avec le bloc homogène autour de la fameuse grève du Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES) du 13 mai 1980 et qui avait secoué la République. C’est pour réunifier l’action syndicale dans le système que des syndicats se sont retrouvés autour de l’Union syndicale pour une éducation de qualité (USEQ).
Au Sénégal, la fragmentation du mouvement syndical, notamment dans le secteur de l’éducation, porte un sacré coup à l’efficacité de l’action syndicale. C’est dire que «le mouvement syndical enseignant d’aujourd’hui est confronté à d’énormes problèmes comme la division profonde, les rivalités, la surenchère dans les luttes revendicatives, et tout cela au détriment de l’école publique ». Ce cliché est loin de celui des années 80, avec un mouvement fort autour du Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES), qui regroupait alors la majorité des enseignants, du préscolaire au supérieur. Et tout le monde se rappelle la grève d’avertissement de 24 heures du 13 mai 1980, qui avait surpris non seulement le gouvernement de l’époque, mais aussi l’opinion nationale par son niveau d’organisation. Pris de panique, le gouvernement d’alors s’était empêtré d’abord dans une logique de sanctions contre les grévistes (suspension, révocation, affectations d’office, etc.), ce qui n’avait en aucun cas faibli la détermination du syndicat. C’est d’ailleurs cette posture syndicale qui avait poussé le Président Abdou Diouf, le 12 mars 1981, à prendre la décision de lever toutes les sanctions frappant les militants du SUDES.
C’est fort de ce constant que le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES), le Syndicat National des Enseignants de l’Elémentaire (SNEEL) affilié à la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS), le Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES), le Syndicat des Professeurs du Sénégal (SYPROS) et l’Union Démocratique des Enseignants (UDEN) se sont inscrits dans une dynamique d’unification organique du mouvement syndical enseignant. C’est ainsi qu’est née l’Union Syndicale pour une Education de Qualité (USEQ) en avril 2014.
Deux ateliers d’orientation stratégique, d’approbation et de partage du processus ont été tenus en août et novembre de la même année. Ils ont ouvert le chantier de la réflexion et de l’action pour l’engagement sur le chemin de l’unité. Ce qui a permis d’identifier, entre autres, les enjeux et les défis de l’époque, les atouts, les contraintes ainsi que les stratégies et les différentes étapes d’un tel processus.
Et chemin faisant, l’USEQ s’est dotée d’une charte des principes, d’un projet de statuts et s’en enrichi d’un nouveau membre avec l’adhésion du Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal (SELS). C’est dans cette continuité que se tient à Thiès une rencontre de deux jours, pour revisiter le chemin parcouru, identifier les avancées, les contraintes, mais aussi les nouvelles stratégies aptes à porter le processus et de renouveler l’engagement des différentes parties prenantes.
La rencontre sera marquée par l’élaboration d’un document d’orientation et de stratégies largement partagé par les acteurs, pour servir de bréviaire à l’action, dans le processus d’unification. Il s’y ajoute l’identification de pistes d’action et l’établissement d’une feuille de route pour la réalisation de l’unité à la base. Selon Amadou Diaouné Coordonnateur de l’USEQ, l’objectif est d’œuvrer à la réalisation de l’unité syndicale dans le secteur de l’éducation au Sénégal. Il s’agit donc à travers cette rencontre de réfléchir davantage sur les stratégies pouvant mener à un mouvement syndical uni, fort, pour aider à la réalisation d’une école publique de qualité.
«UNE ACCUMULATION DE DEFICITS PLACE L’ECOLE PUBLIQUE AU BORD DU GOUFFRE»
Pour Amadou Diaouné, l’unité syndicale permettra de régler les problèmes de l’école publique car elle sera dans ce cas une force puissante, capable de proposer et de lutter, pour que l’Etat oriente les politiques publiques vers la réalisation des objectifs attendus par la nation. Le constat est qu’aujourd’hui, dit-il, l’école publique est au bord du gouffre à cause d’une accumulation de beaucoup de déficits, notamment celui d’enseignants. Et ce déficit est noté dans tous les ordres d’enseignement et cela n’est pas de nature à créer les conditions d’une éducation de qualité, encore moins de l’atteinte de l’objectif 4 des objectifs de développement durable (ODD). Il s’agit d’une scolarisation universelle de 10 ans et les politiques en cours dans ce domaine sont dans l’incapacité de pouvoir réaliser un tel objectif. D’où la nécessité, à ses yeux, de réorienter la politique éducative en investissant plus et en recrutant beaucoup d’enseignants.
Evoquant la problématique de la crise cyclique qui secoue le système, il affirme qu’il y a régulièrement des rencontres entre l’Etat et les syndicats d’enseignants. Et à la suite des accords, un monotoring est établi et dont le suivi est assuré par l’Etat et les syndicats. Pourquoi donc il y a blocage quelque part ? Se demande-t-il, avant de répondre lui-même en ces termes : « c’est parce qu’on se rend compte que les engagements qui sont pris par le gouvernement, avec des échéances prévues, ne sont jamais respectées. La conséquence est que les points d’accord à réaliser demeurent, ce qui engendre toujours des perturbations dans le système.»
Par Cheikh DIOP
CRI DU CŒUR D’UN SYNDICALISTE ANGOISSE
Le combat pour un système alternatif basé sur des valeurs humaines fortes, est devenu une exigence, incontournable pour faire face à tous ces défis mondiaux qui conditionnent l’avenir du travail et la stabilité sociale de l’humanité
La relation historique qui caractérise le couple Capital-Travail nous enseigne que le combat que mène la force de Travail depuis l’aube des temps contre le Capital n’est pas une lutte à mort. Il s’agit plutôt d’un combat perpétuel pour créer et maintenir un rapport de forces équilibré qui tempère les velléités du Capital à domestiquer le Travail et socialise les rapports de travail. Ce n’est que sous un tel rapport que nous arriverons à une redistribution correcte de la production au sens large et à une protection environnementale qui passe nécessairement par le changement du système de production suicidaire actuel.
Mesurant ce rapport à l’aune de la globalisation, je suis inquiet de notre réveil qui pourrait être brutal, nous autres, acteurs du mouvement syndical, surpris que nous serons, par les changements fondamentaux à grande vitesse, impulsés par l’ère de la4ème révolution industrielle dite révolution 4.0. Cette révolution de l’économie virtuelle, marquée par le progrès technologique qui génère l’industrie virtuelle, la finance virtuelle, la robotisation du travail et sa mondialisation à outrance, milite manifestement en faveur du Capital et des excès de la finance globale, au détriment du Travail, de l’économie réelle et solidaire pour un développement intégré durable.
A ces nouveaux paradigmes de l’ultra libéralisme, s’associe la dérèglementation climatique, environnementale et écologique qui, à elle seule, est une réelle menace qui pèse sur la vie de la planète terre et par conséquent sur le Travail, car il n’y a pas d’emplois dans une planète morte. L’avenir du travail se pose aussi en ces termes. Nous rendons-nous compte que pour construire des buildings en un temps N fois réduit qu’il ne l’a été jusqu’à maintenant, il suffit simplement d’un ou de quelques individus et d’une machine ; de même, pour toute sorte d’opération bancaire, nous n’avons plus besoin ni de nous déplacer ni des services d’un quelconque employé. Nous rendons-nous compte que, même la grève sous sa forme actuelle va être très vite dépassée, plus vite qu’on ne puisse l’imaginer. Alors, acceptons qu’à présent, plus que jamais, ni la rivalité ou l’adversité, ni aucun autre détail crypto personnel qui nous divertit ou nous détourne de la reconstruction de notre unité sacrée, n’ont plus de place dans la gouvernance syndicale pour l’accomplissement de notre mission de syndicaliste à l’ère de l’économie virtuelle. L’heure est à la remobilisation, au renforcement de l’unité d’action et de l’unité organique, à la réorganisation pour l’unification des luttes, et à la réadaptation de nos stratégies.
Mieux, aujourd’hui, nous devons procéder à la remise en cause même des formes actuelles d’organisations, quand on sait que le mouvement des gilets jaunes et d’autres mouvements similaires qui émergent à travers le monde, semblent ne plus se reconnaitre dans le mouvement revendicatif de représentation, tel que les syndicats. Tous ces signaux prouvent qu’au fond, les travailleurs, qui s’accordent toujours sur l’essentiel ne sont pas divisés mais ce sont les organisations syndicales et leurs leaders qui le sont.
Remettons-nous en cause dans le but de mieux resserrer nos rangs, de recentrer nos missions, de réadapter nos stratégies. A mon avis, nous gagnerions à envisager, pourquoi pas, une vaste alliance au-delà de nos organisations, à créer une sorte d’entente avec les peuples, qui sont nos premiers alliés, concernés qu’ils sont par le progrès social et économique, l’équité et la justice. A coup sûr, cela nous renforcerait, face aux dérives et agressions du Capital, pour maintenir ce rapport de force indispensable, sans lequel, l’humanité n’est pas à l’abri de «l’apocalypse». Dans l’économie globale, la définition qui confine la mission syndicale à la seule défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, est devenue trop étriquée.
La conception actuelle des règles de la mondialisation basée sur les excès de la finance globale, élargit de facto les missions du mouvement syndical qui inscrit désormais son action dans celle du peuple et intègre ses préoccupations dans celles des populations. Cette redéfinition de l’action syndicale me conforte dans l’idée d’une vaste alliance des syndicats et des peuples, de ses segments les plus organisés, pour faire face efficacement aux fléaux de la quatrième révolution industrielle. De nos jours, un nombre croissant d’individus n’a pas accès à l’emploi, le service public recule, le Capital privé multinational gagne du terrain. Les tendances à restreindre l’espace démocratique apparaissent comme une préoccupation majeure à l’échelle mondiale. L’indice des droits dans le monde en 2018 évalué par la CSI (Confédération Syndicale Internationale), révèle une réduction systématique de l’espace démocratique ainsi qu’une recrudescence des violations des droits tels que les libertés syndicales et la négociation collective. Malgré une croissance économique sans précédent au cours de ces dernières décennies, les salaires stagnent à l’échelle mondiale à l’inverse de la hausse de la productivité et de l’inflation galopante. Des millions de travailleurs exerçant un travail atypique, ne gagnent pas suffisamment pour vivre dignement, des centaines de millions d’individus vivent dans l’extrême pauvreté.
Cette extrême pauvreté génère de la violence, elle-même devient de plus en plus, une sorte de violence exercée par l’accumulation opulente de richesses mal redistribuées, accaparées par une infime minorité, ne représentant qu’ 1% des 7, 63 Milliards d’individus sur terre. Ce modèle économique virtuel généré par la 4ème révolution industrielle 4.0 est bien décrit par le Pr Abdoulaye TAYE, enseignant chercheur, qui disait dans une contribution, je cite : « le modèle capitaliste libéral s’est révélé toutefois comme une technique économique de production efficace. Il s’est avéré en revanche comme une piètre technique économique de distribution. Il ne permet pas à l’écrasante majorité d’accéder à ses produits et service.
Les supermarchés sont pleins de produits alimentaires, mais les ventres sont creux et grondent de faim. Les mendiants dépourvus de revenus envahissent les rues. Les magasins sont remplis d’eau et de boissons, mais les masses ont soif et ne trouvent pas d’eau potable pour se désaltérer. Les sans domiciles dorment à côté d’appartements vides faute de locataires solvables. On peut trouver tous les produits et les services en abondance, mais on ne peut pas se les offrir. Pour les acquérir il faut un emploi et un salaire. …». Le combat pour un système alternatif basé sur des valeurs humaines fortes, est devenu une exigence, incontournable pour faire face à tous ces défis mondiaux qui conditionnent l’avenir du travail et la stabilité sociale de l’humanité. Manifestement, le système actuel de l’économique virtuelle est piégé.
Pour éviter que le combat permanent du Travail contre le Capital ne soit un combat à mort, il nous faut un nouveau contrat social. Qui plus que l’Afrique et les syndicats africains ont intérêt à l’avènement d’un système économique juste, socialement équitable, garantissant le développement durable dans un environnement stable et sécurisé ? Les syndicats et les peuples doivent tirer tous les enseignements de deux phénomènes historiques : la traite des nègres et l’immigration qualifiée de clandestine. Ces deux catastrophes illustrent parfaitement l’égoïsme débordant du Capital. La traite des nègres, cette immigration forcée organisée par le Capital pour satisfaire la forte demande de main d’œuvre générée par les premières révolutions industrielles des années 1800. A contrario, le système de l’économie virtuelle de la quatrième révolution industrielle 4.0 restreint drastiquement l’utilité de la main d’œuvre, dont il rejette honteusement l’offre qualifiée d’immigration clandestine.
Dans les deux cas de figures, les peuples, les travailleurs et leurs syndicats en ont beaucoup souffert et souffrent encore de ce pillage de nos habitants, de nos ressources et de nos richesses qui n’a que trop duré. En cette quatrième révolution industrielle, toutes les prévisions s’accordent sur le fait que le continent Africain sera la future plaque tournante de l’économie mondiale, par conséquent il sera la destination favorite des grands investissements mondiaux.
Le Capital s’y est déjà préparé, nous laissant en rade, car selon les statistiques de l’OIT, l’Afrique détiendrait dans un avenir proche, le tiers des travailleurs du monde, favorisée qu’elle est par une population rajeunissante et une démographie croissante. Pour toutes ces raisons, le mouvement syndical en général, africain en particulier, dans son unité et dans ses alliances les plus larges possibles, doit se mettre au premier rang du combat pour un nouveau contrat social. Ce contexte mondial d’impréparation des syndicats rejaillit fortement sur le plan national où la situation est révélatrice. Depuis plus de deux décennies, en effet, le mouvement syndical national sénégalais, ne prend en charge que des revendications de restitution qu’il peine à faire aboutir.
En effet le passif des accords dans les secteurs sociaux de l’éducation, de la santé et de la justice, le passif social des ex travailleurs d’entreprises fermées ou en difficulté, les violations persistantes des droits et libertés des travailleurs, les incohérences avérées du système de rémunération des agents de la fonction publique, la mise en œuvre tardive de la fonction publique locale, la relance pénible, quasi-inexistante des entreprises en difficulté, et j’en passe….ont fini de révéler les limites des luttes désorganisées, sectaires et corporatistes, conséquences graves de l’émiettement des forces syndicales et de la désunion des syndicats de l’élite engagée et du mouvement ouvrier regroupé dans les confédérations dites centrales.
Cette situation nous interpelle tous, c’est la raison pour laquelle nous avons l’obligation d’appeler à faire cause commune, à revisiter notre histoire, celle du syndicalisme qui repose sur des fondements idéologiques et sur des valeurs d’engagement, d’unité, de solidarité, d’équité et de justice. C’est illusoire de vouloir préserver sa seule case dans une forêt dense tout en flammes. L’organisation des luttes syndicales pour de nouvelles conquêtes sociales et pour la défense des droits et libertés, c’est notre seule voie de salut. Le dialogue social de restitution que mène le mouvement syndical sénégalais depuis plus de deux décennies, illustre parfaitement notre échec collectif. «S’unir pour faire la différence», ce thème du quatrième congrès ordinaire de la CSI/Afrique qui vient de se tenir à Abuja au Nigéria les 19, 20 et 21 novembre 2019 est venu à son heure. Les syndicats n’appellent pas à l’unité, au renforcement des forces sociales pour faire de la dictature syndicale ou pour faire barrage au progrès technique et technologique, nous n’en sommes nullement contre.
Dans le domaine médical par exemple, l’IA (l’Intelligence Artificielle) a permis beaucoup d’avancées dans la recherche et dans le traitement des maladies redoutables comme le cancer. Aujourd’hui, on parle de guérison possible des cancers avec cette masse d’informations jadis inimaginables que l’IA met à la disposition des spécialistes du domaine médical. Mais il manque et manquera toujours à l’IA, l’intelligence sociale, indispensable à l’humanité. Pour une quatrième révolution industrielle à visage humain, UNISSONS-NOUS.
Cheikh Diop est secrétaire Général de la CNTS/FC
A PARIS, LE CAMP DE LA HONTE
Porte d’Aubervilliers, au ras du périphérique, 2 000 migrants survivent dans un flot d’indifférence
Le terrain boueux, casse-gueule, se traverse en équilibriste. Couvertures, bâches, tapis, sacs de couchage retiennent tant bien que mal de la glissade. La gadoue qui les recouvre ne gêne plus les adolescents qui circulent en sandalettes, sans chaussettes. Au pied du muret qui longe la bretelle d’accès au périphérique, un amoncellement de détritus, sur 350 mètres ; des montagnes de vêtements usagés, trop humides pour être portés plusieurs jours : l’hiver les empêche de sécher. Environ 2 000 migrants survivent dans cette poubelle géante, bidonville indigne à 3 kilomètres du Sacré-Cœur. Afghans, Soudanais, Erythréens, Somaliens et, depuis peu, Iraniens et Koweïtiens. A la nuit tombée, une armée de rats vient quasiment doubler cette population. Ils pénètrent sans gêne dans les cabanes et les tentes endormies, y déposent leur urine nauséabonde.
Les cabanes, minuscules, bricolées avec des morceaux de tôle et de contreplaqué offerts par les Roms, s’alignent sur la partie haute du camp. On en compte une soixantaine, la plupart aménagées avec un soin émouvant : au sol, lino carrelé, tabourets rouillés ou fauteuils éventrés ; un seau ou une bassine d’eau ; un réchaud. Des étagères branlantes portent le strict nécessaire pour la toilette et les maigres provisions. Des bougies éclairent un morceau de verre souvent brisé, miroir de fortune. Le lit : une planche en bois et un matelas en mousse détrempé où se serrent deux, trois personnes. Ishaq, 30 ans, a quitté l’Erythrée depuis que l’Etat a entrepris de fermer une à une les églises et les écoles. Il a transformé sa cabane en chapelle. Sur sa porte en bois blanc, Ishaq a inscrit au feutre le psaume 23 de l’Ancien Testament : « L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien. » A l’intérieur, une exposition des portraits froissés des évangélistes, rapportés de son pays, où il devait les cacher. « Dieu nous fait avancer dans les bons jours comme dans les mauvais », murmure-t-il dans un sourire.
On ne compte plus les tentes, collées les unes aux autres, de toutes tailles et couleurs, où s’entassent entre trois et huit personnes. Amir et Asmata, deux Afghans de 23 ans, ont négocié la leur (30 euros) à d’autres Afghans rencontrés ici le 28 décembre 2019, jour de leur arrivée. Réparateurs d’ordinateurs à Kaboul, les deux amis ont décidé de fuir leur pays en juin 2018, après avoir professé leur athéisme sur les réseaux sociaux. Ils sont hazaras, cette minorité chiite cible favorite des talibans qui les torturent ou les décapitent. Ils ont traversé l’Iran, la Turquie, franchi la Méditerranée sur un bateau « très d’occasion », où dix personnes ont trouvé la mort.
Amir et Asmata font partie des rares nouveaux venus en Occident. A Aubervilliers, comme ailleurs en France et en Europe, ces « primo-arrivants » représentent 25 % seulement des migrants. « Depuis la grande vague de 2015, le nombre de demandeurs d’asile est retombé au niveau normal et gérable de 2014 : 600 000 pour l’UE, constate Pierre Henry, directeur de France terre d’asile. Mais ces camps alimentent le fantasme de l’envahissement » : 75 % des occupants de la porte d’Aubervilliers sont arrivés en Europe en 2015, qu’ils sillonnent depuis quatre ans. Résultat « fâcheux et déplorable » du règlement de Dublin III, sur lequel toutes les associations tirent à boulets rouges : le pays dans lequel une demande d’asile a été formulée est celui chargé de son instruction. S’il est débouté, le demandeur peut rouvrir un dossier dans un autre pays de l’Union, mais de douze à dix-huit mois plus tard, selon les règles en vigueur. Conséquence : des mois d’errance utilisés comme arme de dissuasion pour stopper d’éventuels candidats. « On se trompe : l’espoir qui guide ces populations est plus fort que nos traités, poursuit Pierre Henry ; 250 000 êtres humains sont ainsi satellisés au sein de l’Europe. Les pays se les refilent comme une patate chaude », déplore-t-il. Ainsi, sur cette bordure de périphérique, ils sont quelques-uns à avoir été déboutés de toutes les procédures, même par la Cour nationale du droit d’asile.
Devant leur grande tente recouverte d’une épaisse bâche imperméable bleue – un luxe, ici –, huit copains afghans partagent un poulet aux oignons, cuit sur un brasero. Ils ont fui leur pays en 2016, se sont rencontrés au hasard de leur long périple. Déboutés en Serbie, en Hongrie, en Autriche ou en Allemagne, nations qu’ils ont traversées à pied, ils font partie des « réfugiés statutaires » qui possèdent des autorisations de séjour variant de un à cinq ans. « Dublin rime avec inhumain, s’indigne Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56. Le labyrinthe administratif crée un mur invisible. On remet à la rue des milliers de personnes obligées de s’installer dans une clandestinité provisoire. Leurs droits fondamentaux – boire, manger, se laver – sont bafoués. L’Europe est incapable de se mettre autour d’une table pour intégrer ces 0,03 % de sa population. Ça n’est pas une crise migratoire, c’est une crise d’accueil ! »
Selon Pierre Henry, « 80 % du flux migratoire concerne sept pays de l’UE. Il suffirait qu’ils s’accordent à sept sur des critères convergents. » L’Italie et l’Espagne n’enregistrent quasiment plus d’empreintes. Ils considèrent avoir pris leur part, comme l’Allemagne, qui a reçu en 2015 890 000 réfugiés, en majorité syriens. La France supprime des aides aux migrants enregistrés dans un autre pays membre. On n’accueille pas vraiment, on n’expulse pas non plus. « Pour éloigner ces populations, nous signons des accords financiers odieux avec la Turquie, l’Algérie, le Maroc et même la Libye, affirme Yann Manzi. Résultat : on fabrique des sans-papiers, des déçus qui deviennent délinquants de droit commun. Et peut-être même de futures bombes. On alimente aussi les réseaux de passeurs. » Entre 2015 et 2019, 1 362 filières ont été démantelées.
A l’époque de la grande vague migratoire, les permanences de psy traitaient le stress post-traumatique lié aux situations de guerre, aux dangers du voyage – dont les viols en Libye –, aux pertes de proches lors de traversées en mer. Hanaë El Bakkali, psychothérapeute pour Le Chêne et l’Hibiscus, voit désormais apparaître des états dépressifs. « Cette errance engendre la perte d’espoir et surtout d’identité, témoigne-t-elle. Mes interlocuteurs se sentent déshumanisés, rejetés. Leur désillusion se traduit par de la honte, mais aussi par beaucoup de colère. »
Afghans, Soudanais, Erythréens se débrouillent tous en allemand, en italien, en espagnol, langues des pays où ils ont transité. Ahoabta, 26 ans, a quitté en février 2016 Asmara, capitale de l’Erythrée, le pays le plus fermé de la Corne de l’Afrique. Ce ne sont ni la sécheresse ni la pénurie d’eau et de nourriture qui ont motivé son départ, mais l’armée. « Le service militaire est obligatoire, sauf que sa durée, c’est à la tête du client. Il peut durer toute une vie ! Moi, je rêve d’être avocat en France. » Il a accosté en Italie en septembre 2016, donné ses empreintes, qui figurent au fichier Eurodac consultable par toutes les administrations et polices de l’UE.
A 300 mètres du camp d’Aubervilliers, une dizaine de bénévoles de l’Armée du Salut servent chaque matin, en plein air, 700 petits déjeuners financés par la Ville de Paris. Pour les repas du midi et du soir, les Restos du Cœur et la Fondation de l’Armée du Salut disposent aussi d’un vaste local où passent quotidiennement 200 migrants. Ils bénéficient également de consultations médicales et juridiques. Et rechargent leur portable, jouent aux cartes ou aux dominos, roupillent sur les quatre grands canapés. Deux lave-linge et deux sécheuses tournent à plein régime. Certains vêtements sont bouillis : la gale sévit dans le camp. Durant leurs maraudes, France terre d’asile, Utopia 56 et Médecins du monde proposent également les services de personnel médical, d’interprètes, de psys et de juristes. Les migrants demandent sans cesse la signification des SMS de l’Ofpra ou du tribunal administratif qui font état de l’avancement de leurs dossiers. Pas facile de leur annoncer un refus, qui déclenche une longue procédure d’appel. Les intéressés sont censés contacter les administrations, mais les plateformes pour le faire sont payantes et saturées. Alors ils doivent se déplacer, ce qui prend la journée entière. Enfin, les diverses associations gèrent un « réseau citoyen » de 600 hébergeurs. Priorité aux femmes et aux enfants, à qui on évite de demeurer dans le camp. Les prises de territoire provoquent, çà et là, entre communautés, de violentes disputes, voire des rixes plus viriles à couteaux tirés.
Des rivalités qui cessent sitôt qu’on annonce un ravitaillement à l’entrée du camp. Ainsi, jeudi 16 janvier, des fonctionnaires du ministère de la Justice, portant des gants de protection, sont venus distribuer des kits d’hygiène et des provisions. Suivait une rutilante berline de l’ambassade des Emirats arabes unis, porteuse de 70 plateaux-repas. Midi et soir, les Restos du Cœur et La Chorba servent entre 300 et 400 repas porte de la Villette. Vendredi 17 janvier, 15 h 30. Une poignée de riverains manifestent devant l’école maternelle Charles-Hermite pour protester contre « les migrants consommateurs de crack ». Le squat de la « colline du crack », démantelé fin 2019, s’est réinstallé en face du camp. Mais ce no man’s land est peuplé en majorité de ressortissants… français.
Samedi 18 janvier, 17 heures. Ils sont onze. Une poignée de jeunes filles et de garçons de l’Ile-Saint-Denis (93) qui pénètrent gaiement dans le camp, chargés de sacs remplis de vêtements, collectés grâce aux réseaux sociaux. Ils ont créé une petite association, Espoir et Avenir. Ils se penchent vers les tentes, demandent en anglais s’il y a des femmes et des enfants, à qui ils destinent les habits. Des têtes d’enfants apparaissent, qui sourient. Les mères restent au fond de la tente. Elles ont souvent honte. Sur le muret de la bretelle du périphérique, Hussein et Oussman, deux gamins, regardent passer les voitures. Leurs rêves d’avenir ? A des années-lumière de nos soucis de retraite.
Par Landing SAVANE
TERRORISME DANS LE SAHEL, NOTRE DEVOIR DE VIGILANCE !
L’Afrique ne peut plus être le «mendiant assis sur une mine d’or» que dénonçait Jean Ziegler. Elle doit se lever et assurer dignement son destin qui est si prometteur
Les mauvaises nouvelles tombent en cascade, ces derniers temps, et l’hydre du terrorisme semble avoir jeté son dévolu sur le Sahel, région particulièrement fragile avec des Etats aux superficies énormes (Mali, Niger) et de faibles densités de population. La région sahélo-saharienne est devenue un sujet légitime de préoccupation pour tous les pays d’Afrique subsaharienne et l’ensemble de la communauté internationale.
Des certaines de victimes militaires et civiles au Burkina Faso et au Niger après les Mali. C’est dire que ces trois pays sont déjà installés en pleine crise sécuritaire qui menace, de toute évidence, la Mauritanie voisine à l’Ouest et le Tchad à l’Est. Le retrait des forces françaises s’est traduit par une dégradation rapide de la situation sécuritaire qui a obligé le Président Macron à dépêcher un premier contingent de troupes dans la région et l’a incité à lancer un appel aux autres puissances occidentales et aux Nations Unies pour donner un caractère multilatéral à l’aide extérieure et éviter toute suspicion de vouloir rétablir ou consolider la Françafrique.
Le soutien des troupes des Nations Unies ne pourra avoir de véritable impact que si celles-ci ont un mandat offensif contre les terroristes. C’est dire que la situation reste très incertaine. En dépit de la relative faiblesse des moyens logistiques des armées des pays concernés, il est certain qu’une coordination efficace de leurs services de renseignements et de leurs interventions armées permettrait d’améliorer la situation de façon significative mais il faut comprendre que les enjeux sécuritaires dépassent les seuls pays actuellement impliqués. Comment ignorer que le Sénégal et la Mauritanie sont directement visés en tant que cibles potentielles des terroristes si leurs actions prospèrent dans le Sahel.
Comment ignorer que c’est tout l’espace CEDEAO qui est menacé à terme quand on sait que Boko Haram est déjà incrusté dans certaines régions du Nigéria et y multiplie enlèvements et attentats meurtriers. Que deviendront les ambitions d’intégration des pays de la CEDEAO dans un tel contexte sécuritaire ? Telles sont les questions incontournables auxquelles il faut trouver des réponses si on ne veut pas élaborer des projets irréalistes.
La fin du CFA et le passage à une monnaie CEDEAO unique constituent des ambitions légitimes que tous nos pays accueillent favorablement pour garantir une véritable souveraineté sur leur destin mais nous devons avoir pleinement conscience que tout projet ambitieux, aussi légitime qu’il puisse être, a un coût et celui-ci est généralement élevé même si les effets positifs attendus sont une motivation suffisante.
Le marché unique de la CEDEAO avec la libre circulation des hommes et des marchandises ouvrira sans aucun doute des perspectives nouvelles et bénéfiques pour les pays de la région mais il ne faut pas oublier que ce sont toujours les choix politiques qui déterminent, en fin de compte, les résultats obtenus au plan économique et social. La balkanisation du continent africain et de l’ex AOF en particulier a été le résultat d’une politique coloniale qui s’est appuyée sur les micros nationalismes des élites africaines pour le malheur des populations. Il est temps de surmonter les maladies infantiles de l’indépendance pour se hisser à la hauteur des attentes de nos populations éprouvées par des décennies de pauvreté et de misère que l’abondance de nos ressources ne justifie nullement.
L’Afrique ne peut plus être le «mendiant assis sur une mine d’or» que dénonçait Jean Ziegler. Elle doit se lever et assurer dignement son destin qui est si prometteur. Ensemble, marchons contre le terrorisme criminel et contre le micro-nationalisme diviseur pour promouvoir le développement rapide et durable de notre continent qui se doit se baser sur la constitution de grands ensembles dynamiques viables et durables.
Landing Savane est Secrétaire Général AndJëf/PADS-Authentique