UN ÉLÉPHANT OBSERVÉ EN LIBERTÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS DES ANNÉES AU SÉNÉGAL
Le pachyderme, un mâle "probablement âgé de 35 à 45 ans", est resté placidement sur le bord de la route "pendant 2 ou 3 minutes", avant de "s'éloigner tranquillement", au coeur du Parc national de Niokolo Koba
Un éléphant en liberté a été observé de près en janvier dans un parc national de l'est du Sénégal, pour la première fois depuis des années, signe selon ses responsables que la pression du braconnage s'atténue dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. "Nous venions de voir des buffles quand, tout à coup, quelqu'un a lancé: +Oh, un éléphant!+", raconte Philipp Henschel, le directeur pour Afrique de l'Ouest et centrale de l'ONG américaine Panthera, qui participait à une mission d'observation au coeur du Parc national de Niokolo Koba, à plus de 600 km au sud-est de Dakar.Le pachyderme, un mâle "probablement âgé de 35 à 45 ans", est resté placidement sur le bord de la route "pendant 2 ou 3 minutes", avant de "s'éloigner tranquillement".
La rencontre s'est déroulée dans la matinée du 19 janvier dans une zone vallonnée et difficile d'accès, proche du Mont Assirik, où les derniers éléphants du Sénégal ont trouvé refuge.Au nombre d'une centaine dans les années 1980, la population d'éléphants a été décimée sous les effets du braconnage, d'une sécheresse accrue et de l'exploitation forestière et agricole aux abords de la réserve, a expliqué à l'AFP le conservateur général des parc nationaux du Sénégal, le colonel Boucar Ndiaye.
Ces dernières années, des indices (excréments, empreintes et restes alimentaires) et des photos prises par des caméras automatiques ont permis d'établir la présence de quelques éléphants, y compris des femelles et des jeunes, dans le Niokolo Koba, qui s'étend sur plus de 9.000 km2 près des frontières de la Guinée, de la Guinée-Bissau et du Mali."Mais c'est la première fois depuis au moins trois ou quatre ans qu'un éléphant s'est approché d'aussi près, sans prendre peur", souligne Jacques Gomis, le conservateur de ce grand parc composé essentiellement d'une savane dominée par des baobabs."Le fait qu'on ait pu l'approcher en plein jour démontre que la sécurité commence à s'installer, que les animaux sont plus sereins, puisque lorsqu'ils sont stressés, ils modifient leurs habitudes et ne se déplacent plus que la nuit", ajoute M. Gomis.Ces dernières années, l'Etat a renforcé la lutte contre le braconnage et l'exploitation forestière illégale. A présent, trois brigades mobiles et des postes fixes assurent la sécurité des animaux 24 heures sur 24, avec le soutien financier d'ONG et de mécènes privés.
Les observations vont se poursuivre dans les prochains mois, afin de déterminer si le groupe est viable et en mesure de se reproduire. "Pour cela, il faudrait qu'il compte une dizaine d'individus", explique le conservateur de Niokolo Koba."Il ne faut pas s'enorgueillir à outrance, mais on peut se réjouir qu'aucune espèce n'a disparu", souligne le colonel Boucar Ndiaye, selon qui "les efforts doivent être poursuivis pour renforcer la protection des animaux", dont les populations de lions, d'élands de derby (la plus grande antilope d'Afrique) ou de lycaon (chien sauvage africain) restent fragiles.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 29 JANVIER
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 29 janvier 2020.
"Au titre des mesures individuelles :
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Thierno Seydou Ly, Ingénieur Polytechnicien, est nommée Directeur des Hydrocarbures, au Ministère du Pétrole et des Energies , en remplacement de Madame Aminata Ndoye TOURE, appelée à d’autres fonctions"
LE GOUVERNEMENT POUR UN AMÉNAGEMENT HARMONIEUX DU TERRITOIRE
Le Ministre des Finances va proposer dans les meilleurs délais, un projet de décret portant réorganisation de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD) -COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 29 janvier 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres, le mercredi 29 janvier 2020, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, évoqué la tenue, le 24 janvier 2020, sous sa présidence, du Conseil présidentiel de validation du nouveau Plan national d’Aménagement et de Développement territorial (PNDAT).
Le Président de la République a, à cet égard, félicité le Ministre des Collectivités territoriales, l’Agence nationale de l’Aménagement du Territoire (ANAT) et l’ensemble des personnes, structures et partenaires qui ont contribué au processus d’élaboration de ce plan (PNADT).
Le Chef de l’Etat a rappelé l’impératif de veiller à l’aménagement harmonieux et durable du territoire national, ainsi qu’au respect scrupuleux des orientations qu’il a validées sur la base de quatre (4) principes directeurs : (i) la mise en cohérence des plans sectoriels en déploiement, (ii) l’optimisation du potentiel des territoires et de leur développement, (iii) la promotion de l’attractivité du Sénégal et (iv) la consolidation de la compétitivité des territoires.
Il a, en outre, particulièrement insisté sur la nécessité d’accorder une importance primordiale à l’aménagement numérique du territoire ; à la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes ; de même qu’à la décentralisation conséquente de la politique industrielle, en adéquation avec les schémas sectoriels de développement des infrastructures nationales et communautaires.
Le Président de la République a, dans cet élan, indiqué l’urgence de vulgariser le PNADT auprès des institutions, des collectivités territoriales et du secteur privé, avant l’adoption, en avril 2020, du projet de loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable des territoires.
Au demeurant, le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement, à adjoindre au PNDAT, un cadastre universel sous le pilotage du Ministre des Finances et du Budget, qui proposera, dans les meilleurs délais, un projet de décret portant réorganisation de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD).
Le Chef de l’Etat a aussi demandé au Ministre chargé du Plan de finaliser le nouveau système national de Planification.
Le Président de la République, évoquant la stratégie « Sénégal numérique », SN2025, a insisté sur la nécessité d’’intensifier sa mise en œuvre et invité la Ministre chargée de l’Economie numérique d’accélérer le processus, en précisant à chaque acteur de l’écosystème du numérique impliqué, sa feuille de route actualisée, intégrant les actions consensuelles à déployer sur la période (2020-2025), ainsi que les ressources indicatives à mobiliser.
Le Président de la République a, à ce sujet, rappelé l’importance qu’il accorde au basculement intégral au Numérique pour la Télévision Numérique Terrestre (TNT), durant le premier semestre 2020, et à l’intensification de l’intégration du digital dans le système éducatif afin d’accélérer le développement l’intelligence artificielle et de l’économie de la connaissance.
Le Chef de l’Etat a, au titre de la consolidation de la transparence et de la bonne gouvernance au Sénégal, rappelé la création de structures dédiées (OFNAC, CENTIF) et la mise en place de procédures rigoureuses et inédites. Il a informé le Conseil qu’il présidera, le 30 janvier 2020, la cérémonie de restitution du rapport du Sénégal dans le cadre du Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP).
Le Président de la République, évoquant l’épidémie du coronavirus qui sévit en chine à Wuhan, a informé le Conseil des mesures prises pour assister nos compatriotes, avant d’exprimer la solidarité et le soutien du Gouvernement sénégalais à l’endroit de son Homologue XI JINPING et du peuple chinois tout entier.
Revenant sur la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a demandé au Ministre de l’Enseignement supérieur de mettre en œuvre, sans délai, en rapport avec le Ministre des Finances, les mesures pédagogiques, financières et sociales d’accompagnement validées pour assurer le meilleur accueil des nouveaux bacheliers orientés au niveau des universités publiques.
S’agissant de la mobilisation citoyenne lors des prochaines journées nationales du nettoiement, prévues le 1er février 2020, le Président de la République a invité les populations, les élus et toutes les bonnes volontés, à poursuivre cet engagement citoyen remarquable. Il a invité le Ministre chargé du cadre de vie à prendre les dispositions nécessaires pour mettre en place la logistique d’appui nécessaire.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur le suivi de la Coopération et des Partenariats. A ce sujet, il est revenu sur le dynamisme international du secteur privé national et le développement des partenariats gagnants-gagnants. A ce titre, il a informé des résultats du Forum sénégalo - turc qu’il a co-présidé le 28 janvier avec le Président ERDOGAN, en visite au Sénégal, notamment les sept (7) accords signés, venant compléter le cadre juridique des relations sénégalo-turques dans divers domaines de la culture, de l’éducation, du sport, de la diaspora, de la gestion des catastrophes et des archives nationales.
Le Chef de l’Etat a, enfin, évoqué le développement des partenariats avec le secteur privé allemand, suite à sa visite, à Berlin, en compagnie d’hommes d’affaires sénégalais et à l’invitation de l’Association Allemande des PME.
Au titre des communications, le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la première réunion du Conseil de Surveillance de MCA-Sénégal II, le suivi des directives présidentielles et l’inauguration d’un Centre international de cancérologie a? Ouakam.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur l’exécution du budget 2020, la situation d’approbation du budget des structures autonomes.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait le point sur le déroulement de la campagne de commercialisation arachidière et de la campagne horticole.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur le cadre des partenariats publics-privés.
Le Ministre, en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) a fait le point sur l’état d’avancement des projets prioritaires et a rendu compte de la réunion tenue le 25 janvier 2020, avec le G7 et les ministres sectoriels, aux fins d’une année scolaire apaisée.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’amendement de Doha au protocole de Kyoto à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Au titre des mesures individuelles :
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Thierno Seydou Ly, Ingénieur Polytechnicien, est nommée Directeur des Hydrocarbures, au Ministère du Pétrole et des Energies , en remplacement de Madame Aminata Ndoye TOURE, appelée à d’autres fonctions"
LE BASSIN SÉDIMENTAIRE MSGBC ’’N’A PAS LIVRÉ TOUT SON POTENTIEL’
Depuis les années 1950, le bassin MSGC commun à la Gambie, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie et au Sénégal, a fait l’objet d’activités intenses d’explorations pétrolières et gazières, selon Macky Sall
Le bassin sédimentaire MSGBC, commun à la Gambie, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie et au Sénégal est loin d’avoir livré tout son potentiel, a révélé, mercredi, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall
’’Le sommet international sur le MSGC depuis la première édition tenue en 2016 offre l’occasion de montrer aux acteurs mondiaux l’exemplarité de notre coopération, mais aussi l’attractivité de notre bassin, qui est loin d’avoir livré tout son potentiel’’, a-t-il dit, à l’ouverture du quatrième sommet du bassin sédimentaire MSGBC.
Le président Sall a rappelé que depuis les années 1950, le bassin MSGC a fait l’objet d’activités intenses d’explorations pétrolières et gazières.
’’Cela nous a permis, après des années d’efforts, en 2014 de faire d’importantes découvertes de pétrole au Sénégal (le projet Sangomar), mais aussi de gaz naturel en Mauritanie et au Sénégal redonnant ainsi un intérêt accru à notre bassin sédimentaire’’, a-t-il dit.
Macky Sall a fait savoir que ’’beaucoup d’évolutions positives’’ ont été notées depuis ces découvertes dont certaines sont en cours d’évaluation et de développement.
Tous ces projets sont des défis en terme de complexité géologique mais surtout des enjeux financiers, a souligné le chef de l’Etat.
Macky Sall a affirmé que ces évolutions majeures nécessitent ’’des réformes bien structurées et portées par des orientations stratégiques, des mesures ciblées, des dispositions participant à asseoir un cadre de gestion sain et durable de ces ressources naturelles au bénéfice du peuple sénégalais’’.
Selon le chef d’Etat, c’est tout le sens des améliorations apportées dans le dispositif institutionnel et le cadre juridique du Sénégal dans le domaine des hydrocarbures.
par Léo Pajon
ANGÉLIQUE KIDJO ET LE DÉSERT MUSICAL AFRICAIN
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy...
Jeune Afrique |
Léo Pajon |
Publication 29/01/2020
En accordant à l’artiste béninoise une 4e récompense face à Burna Boy, les Grammy Awards ont démontré leur incapacité à saisir la révolution artistique en cours sur le continent.
Dimanche dernier, lors de la fastueuse cérémonie des Grammies au Staples Center de Los Angeles, regroupant quelques-uns des plus influents professionnels de l’industrie, c’est Angélique Kidjo qui s’est vue décerner le Grammy Award du meilleur album de musique du monde.
La récompense est à la fois entièrement méritée et totalement décourageante. Méritée car son disque « Celia », hommage solaire à la diva cubaine Celia Cruz, est une réussite, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire. Décourageante parce que, encore une fois, la cérémonie passe à côté du formidable bouillonnement artistique qui se joue en ce moment sur le continent.
Nouvelles générations écartées
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy. Ce dernier faisait partie des quatre artistes en lice, avec Angélique Kidjo, pour cette catégorie « musique du monde », décidément très fourre-tout.
Plutôt que de décerner un premier Grammy à Burna Boy, le jury a donc préféré en offrir un quatrième à Angélique Kidjo. Ironiquement, les deux géants africains se connaissent bien, le Nigérian ayant d’ailleurs invité la Béninoise à participer à un des titres de son dernier disque (« Different », avec également Damian Marley).
Et, chose à peine croyable, lors de la cérémonie, aussitôt son trophée en mains, la chanteuse se fendait d’un discours offensif et généreux pour le dédier à Burna Boy : « Il y a quatre ans sur cette scène, je vous disais qu’une nouvelle génération d’artistes venus d’Afrique allait vous prendre d’assaut. Ce temps est venu. Ceci est pour Burna Boy (en montrant sa récompense). Burna Boy fait partie de ces jeunes artistes africains qui changent la façon dont notre continent est perçu, et qui montre que la musique africaine est l’un des principaux composants de toutes les musiques ».
Plusieurs influenceurs noirs se sont aussi émus du choix discutable des Grammies. Naomi Campbell (8,4 millions d’abonnés Instagram) présentait même des excuses au chanteur nigérian sur son compte : « C’est seulement à cause du manque d’éducation que vous n’avez pas été honoré des distinctions que vous méritez vraiment. »
Manque d’éducation ou logiciel vieillissant ? Les professionnels qui votent pour les récompenses semblent être attachés à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Lors des éditions précédentes des Grammies, ce sont globalement des vieux routiers de la scène internationale qui ont reçu le précieux gramophone. Le groupe de musique touareg Tinariwen, créé en 1982 ; le soweto gospel choir, formé en 2002 (encore récompensé en 2019), le groupe vocal masculin sud-africain Ladysmith Black Mambazo, fondé en 1960…
La chose serait moins grave si les Grammies étaient les seuls à préférer les baobabs aux jeunes pousses. Or nous avons pu le constater autour de nous en France : journalistes, organisateurs de festivals, programmateurs de radio… à l’extérieur du continent, une vieille garde veille aussi à préserver les anciens face aux modernes, par amitié pour les premiers et mépris ou méconnaissance des seconds. De là la rareté d’articles, de concerts, de diffusion radio de titres afrobeats, notamment, qui font pourtant vibrer toute l’Afrique, et dont la qualité n’est plus à prouver.
Une voie de salut existe pour tous, pourtant, celle qu’ont dessinée Burna Boy et Angélique Kidjo en collaborant : ne plus envisager les générations comme adversaires. L’« African Giant » porte d’ailleurs à son cou en permanence un médaillon incrusté de diamants représentant Fela, qu’il cite à longueurs de tubes. Tout un symbole.
QUAND LES ENSEIGNANTS SONT «BASTONNES» PAR LEURS PROPRES ELEVES
Plaidoyer pour des textes forts en faveur de l’enseignant, pour qu’il soit protégé.
Depuis que l’Etat a interdit, par décret, les châtiments corporels, la violence à l’école a pris une nouvelle tournure. Celle-ci est plus ou moins insolite, mais tout de même inquiétante. Elle est aujourd’hui exercée par des élèves ou parents d’élèves sur des enseignants. De ce fait, enseignants, syndicats, psychologues comme sociologues demandent à revoir les textes actuels dans le sens de permettre de punir tout fauteur de violences à l’école.
L’enseignant était autrefois aimé, adoré, choyé, adulé, respecté… Tout le monde rêvait même d’être enseignant. Et certains le considéraient comme un demi-dieu ! On lui collait parfois des sobriquets aimables et on n’osait jamais s’aventurer à lui adresser des paroles désobligeantes. A fortiori, lever la main sur lui. Mais aujourd’hui, un verrou a sauté. Les enseignants, interrogés sur la question, sont unanimes. Leur statut s’est dégradé. Ils sont vilipendés, houspillés, conspués… Au bout du compte, l’enseignant est mis à nu et livré à des élèves mal éduqués qui prennent aujourd’hui référence sur des lutteurs, des chanteurs, des danseurs et autres célébrités et acteurs de téléfilms et films. L’enseignant se trouve ainsi sans défense morale ou intellectuelle. Ainsi on passe du simple mépris envers cet éducateur à la violence physique à son encontre. Des violences qui se manifestent par des agressions souvent handicapantes voire mortelles. De Dakar, à Louga en passant par Kaolack, Fatick, Tambacounda et Ziguinchor, le phénomène des enseignants — hommes comme femmes —, agressés par des élèves ou parents d’élèves a fini de s’installer et par gangréner l’école sénégalaise. Le nombre de cas enregistrés ces derniers mois avoisine la dizaine. On se souvient encore du cas Henry Ndiaye tué à coup de couteaux à Diourbel par Henriette Diatta, élève en classe de terminale à l’école privée Nelson Mandéla sise dans la capitale du baol. Si le cas du directeur de l’école de Ngapitol à Koupentoum, Julien Diatta, assassiné par un berger au mois de janvier 2019, reste isolé et un peu particulier, celui de Fatick, survenu en novembre 2018 intrigue encore. Il s’agit du sieur Djibril Dièye, maître d’arabe à l’école Samba Guèye de Nianing dans le département de Mbour, qui a subi une agression physique de la part du président de l’Association des parents d’élèves de ladite école. Alors qu’on pensait à des cas isolés, le phénomène est en train d’étaler ses tentacules jusqu’à Dakar où le professeur d’éducation physique au lycée blaise Diagne de Dakar, Coumba Ngom, a été défigurée vendredi dernier par un élève en classe de 5ème secondaire. Sans compter l’agression qui s’est produite à Goudomp, dans la région de Sédhiou, celle de Tambacounda et cet élève de Collège d’enseignement moyen (Cem) « Artillerie » de Louga qui non seulement aurait désobéi à son professeur à qui il a posé un lapin dans la rue avant de le rouer de coup, pour ensuite aller porter plainte. Une agression qui ressemble presque à celle du Cem de boucotte Djembéring au cours de laquelle M. Henry Bernard Coly s’en est sorti avec un œil sanguinolent suite à une bagarre avec un de ses élèves et un ancien élève de l’école.
« Certains attitudes des élèves sont l’œuvre de leurs parents »
Sur le plan sociologique, le clinicien Djiby Diakhaté pense que « si l’enseignant ne constitue plus une référence, c’est d’abord à cause des agissements de certains d’entre eux qui engrossent les écolières. Il y a également un problème dans leur formation avec le volontariat et les vacataires. Il s’y ajoute que certains parents ne sont pas toujours de vrais partenaires de l’école et que, aujourd’hui, les associations de parents d’élèves ont déserté le champ scolaire. Ce qui crée des liens éloignés et fragiles entre les parents d’élèves et les enseignants. Last but not least, lorsque les notes des élèves ne sont pas bonnes, on considère l’enseignant comme responsable de cette baisse de niveau », a expliqué Dr Diakhaté. Selon lui, « certaines attitudes des élèves demeurent et restent l’œuvre de leurs parents ».
« …faire revenir le sacré du savoir dans notre société »
Mais pour le psychologue Serigne Mor Mbaye, le responsable de ce qui se passe aujourd’hui comme violence chez les jeunes en général, « c’est la vacance de l’autorité ». « On n’éduque plus à la maison ni à l’école. Je pense qu’il faut préparer l’enfant à aller à l’école. Nous corrigeons nos enfants à l’école pour qu’ils deviennent savants. Mais pour devenir savant, il faut devenir pensant, et pour devenir pensant, il faut être éduqué. Et cette éducation commence à la maison. Maintenant, est-ce que la maison valorise l’école ? L’école devient comme un lieu de gardiennage où il n’y a plus de solidarité entre les acteurs. On est là parce qu’on est là. Mais on n’y croit pas. Ce n’est pas sacré. Il faut faire revenir le sacré du savoir dans nos sociétés. C’est le savoir qui doit donner une identité et qui fonde l’avenir. Hélas, ce n’est plus le cas dans notre pays. Nous sommes dans l’idéologie de « Sa Neex ». C’est du bla bla, du bling bling, du ludique », se désole le psychologue.
« L’Etat a donné beaucoup de force à l’élève, et beaucoup de faiblesse à l’enseignant »
Pour le syndicaliste enseignant Tamsir Bakhoum, les lois sont tirées vers la légèreté. Jadis, dit-il, l’école sénégalaise et les enseignants, particulièrement, étaient protégés par des barrières, des garde-fous pour ne pas dire des textes qui régissaient les conseils de discipline. Lesquelles dispositions permettaient à chaque fois que des questions de discipline se posaient, le conseil de discipline prenait des actes à l’encontre des élèves fautifs. Mais, depuis quelques années, le constat est tout autre. Selon ce membre du Syndicat autonome de l’enseignement moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), le conseil de discipline ne joue plus son rôle aujourd’hui dans nos établissements. Par conséquent, en déduit-il, les enseignants ne sont plus protégés. « L’état est le premier responsable de ce retournement de situation. Parce que si, aujourd’hui, l’Etat est le premier agresseur, mais tout le monde va suivre ! La communication agressive des autorités étatiques, qui consiste à reléguer l’enseignant au dernier plan de la société, est regrettable. Ce qui fait que chacun tire sur nous. Si nous étions dans une société où, à chaque fois, l’Etat tenait un langage de vérité avec des éléments allant dans le sens de protéger les enseignants et d’encourager les élèves et la société à les respecter, je pense que personne n’oserait aller dans le sens de critiquer jusqu’à violenter un enseignant», estime M. Tamsir bakhoum. Et de rappeler que l’école étant une société en miniature, les gens qui s’y retrouvent viennent d’horizons différentes, et de différentes sphères familiales. Seulement, pour ce responsable du syndicat dirigé par M. Saourou Sène, « l’Etat a donné beaucoup de forces à l’élève, et beaucoup de faiblesses à l’enseignant. C’est pourquoi les élèves se disent que, quelle que soit la faute commise, ils ne seront pas être sanctionnés, encore moins renvoyés de l’école. D’où ces nombreux cas d’égressions physiques sur les enseignants, et qui constituent de petits éléments par rapport à ce qui peut arriver à l’enseignant », a-t-il chargé à l’endroit des autorités étatiques.
« Il faut légiférer… »
« On ne peut plus accepter que des élèves agressent des professeurs. L’Etat doit prendre toutes ses responsabilités et légiférer. Il faut que l’Etat donne des textes qui permettent de réprimer tout fautif et surtout tout élève qui a un mauvais comportement à l’école, particulièrement vis-à-vis de son professeur. Il faut que cet élève puisse être renvoyé » soutient M. Tamsir Bakhoum. C’est aussi le point de vue du sociologue Djiby Diakhaté, également enseignant à l’université qui pense qu’on devrait punir toute personne qui agresserait un enseignant. Et que l’Etat, en ce qui le concerne, « doit revoir la rémunération des enseignants et qu’il n’attende pas que ces derniers soient en grève pour les appeler à la table des négociations ». Tout cela c’est bien mais insuffisant, estime le chargé de la communication et des relations avec la presse du Saemss. Ce qu’il faut surtout, à l’en croire, c’est une meilleure protection de l’enseignant par des textes forts. « Quel que soit son caractère, l’enseignant n’est pas protégé. Nous ne sommes pas des gendarmes, ni des policiers. Ce que l’on veut, c’est que l’Etat protège les enseignants avec des textes forts à la dimension de ce qu’ils méritent pour qu’à chaque fois qu’on est face à un fauteur de troubles, ou de quelqu’un qui serait tenté de manquer de respect à un enseignant, il soit puni de la façon la plus vigoureuse. Il appartient à l’Etat, qui a le monopole de la répression légale, de prendre toutes les dispositions idoines pour protéger l’école et les enseignants », a-t-il prôné tout en précisant qu’avec ce phénomène, qui prend de l’ampleur, nul n’est épargné.
« Un Etat ne peut se développer qu’avec des enfants qui ont des connaissances accrues »
Tamsir Bakhoum ne mâche pas ses mots. « Aujourd’hui, lorsque le savoir est relégué au second plan et que l’avoir prend l’ascenseur, on ne doit pas s’étonner d’être toujours dans une société d’agressions. Il faut que nous puissions rééduquer nos enfants et leur montrer que ce n’est pas une question d’argent mais de « jom », de « ngor », de « fitt » et de « fayda ». Si nous voulons aller vers l’émergence, il faut qu’on puisse se mettre d’abord dans la tête qu’un Etat ne peut se développer qu’avec des enfants qui ont des connaissances accrues dans tous les domaines, scientifique comme littéraire. Il faut des esprits éclairés pour pouvoir espérer être sur la bonne voie de l’émergence », philosophe notre interlocuteur.
FATIM BA DIALLO DU MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE «Le ministère dispose des mécanismes de gestion de la discipline»
Sur ces cas d’agressions perpétrés par des élèves et parents d’élèves sur l’autorité scolaire notamment les enseignants, la directrice de l’enseignement moyen général au ministère de l’Education nationale (Men), Mme Fatim Bâ Diallo, condamne et les juge regrettables tout en déclarant que la tutelle dispose des mécanismes de gestion de la discipline. « L’espace scolaire est parmi les priorités du ministère de l’Education nationale. La première priorité, c’est l’apaisement de l’espace scolaire. Quand on parle d’apaisement, on parle de la construction de la paix sur l’espace scolaire dans toutes ses formes. Le ministre dispose des mécanismes de gestion de la discipline. Le ministère trouve ce phénomène inadmissible, le regrette et le condamne. Et des mesures sont en train d’être mises en œuvre pour que des décisions qui s’imposent soient prises », a déclaré Mme Fatim bâ Diallo, directrice de l’enseignement moyen général au ministère de l’Education nationale (Men) sur les ondes de la RFM.
LE CRI DU CŒUR DES MAIRES DE DAKAR
Dakar n’est pas une ville attrayante, malgré les efforts de modernisation. Entre anarchie et indiscipline, faiblesse de l’Etat et problèmes de moyens, les municipalités ont du mal à imposer les lois aux citoyens.
Dakar n’est pas une ville attrayante, malgré les efforts de modernisation. Entre anarchie et indiscipline, faiblesse de l’Etat et problèmes de moyens, les municipalités ont du mal à imposer les lois aux citoyens.
Lors de la «Restitution des consultations publiques sur le climat et l’environnement à Dakar», le maire de Grand Dakar, par ailleurs 5ème adjoint au maire de la ville de Dakar, met le curseur sur les urgences : «Le gouvernement du Sénégal doit prendre ses responsabilités face à cette situation qui continue de gagner du terrain. Il est important aussi de souligner que nous avons un problème d’occupation et de mentalité des populations.»
Avec la forte natalité dakaroise, les maires espèrent une planification beaucoup plus pointue des investissements dans l’éducation et le civisme. «Le constat que l’ensemble des maires des 19 communes ont fait en est que l’Etat doit mettre les moyens, car la population s’agrandit de jour en jour. Mais aussi, il doit insister sur l’éducation au civisme parce que la plupart occupent anarchiquement les espaces. Et cetteoccupation ne facilite pas l’évacuation des eaux usées», déclare le maire de Grand-Dakar.
Le constat des maires est certes accablant, mais leur impuissance l’est beaucoup plus. «Le Sénégal est confronté à d’énormes problèmes, car nous avons la baie de Hann qui en est un exemple patent. A cela s’ajoute
l’érosion que nous constatons tout au long du littoral central de Dakar. Je vous invite à parcourir les rues et les communes de Dakar, vous comprendrez que nous avons de sérieux problèmes dans la ville. Le Sénégal doit cependant songer à utiliser d’autres stratégies pour régler ce problème», détaille Jean Baptiste Diouf.
Aujourd’hui, la ville de Dakar est polluée même si ça n’indigne personne. «Nos familles ne parviennent même pas à respirer un bon air, tellement l’atmosphère subit une pollution énorme. Il est tant que le gouvernement soit strict par rapport à cette question. Nous saluons au passage l’initiative du chef de l’Etat à faire du Sénégal un pays sans ordures. Néanmoins, le Président devrait impliquer les acteurs de base qui ont une influence directe sur leurs populations», souligne le 5ème adjoint au maire de la ville Dakar.
En tout cas, il a fallu que le chef de l’Etat lance les premiers coups de balai pour que tout le monde se rende compte que Dakar est sale. Alors que la deuxième édition de la Journée de nettoiement est prévue ce samedi, les 19 maires des communes de Dakar et les acteurs du développement durable semblent s’inquiéter de la situation actuelle.
«Nous saluons les efforts consentis par l’autorité étatique, mais le chantier est vaste, car la plupart des communes sont confrontées à des difficultés pour ramasser les ordures, mais aussi la gestion des déchets pose problème. Malgré le travail que l’Ucg (Unité de gestion et de coordination) abat dans les rues de la capitale, vous conviendrez avec moi qu’il y a un véritable problème, car certaines personnes attendent que la voiture de ramassage passe pour après déposer anarchiquement les ordures», avoue M. Diouf.
Que faire pour corriger ça ? «Les Sénégalais doivent changer de mentalité parce que l’un des plus grands problèmes de nos concitoyens est le mauvais usage des déchets. Les Sénégalais ne contribuent pas à l’amélioration des conditions de vie.
Au fil des années, Dakar s’est agrandie, mais les politiques d’accompagnement font défaut et il va falloir changer les paradigmes. Nous sommes dans l’obligation de léguer à nos enfants un cadre de vie sain, car nos aînés nous ont préparés et il est opportun pour nous maires des communes de mettre l’accent sur cette question.
Tout Dakar est malade du fait des ordures et des eaux usées. L’érosion et la pollution atmosphérique continuent de gagner du terrain et au niveau des communes, nous ne disposons pas de moyens pour mener le combat. Seul l’Etat peut régler cette situation. Au Sénégal, il y a trop du laisser-aller. Il faudra des décisions politiques et une approche participative des populations», explique le député-maire.
Ce rapport, initié par la mairie de Dakar sur l’environnement, sera remis aux autorités pour essayer de corriger les tares de la capitale.