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25 juillet 2025
DONALD TRUMP RESTE DISPONIBLE POUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION SÉNÉGALO-AMÉRICAINE
Donald Trump, recevant les lettres de créance du nouvel ambassadeur du Sénégal aux Etats-Unis, a réitéré la disponibilité du gouvernement américain à travailler au renforcement de la coopération entre les deux pays.
Dakar, 9 jan (APS) – Donald Trump, recevant les lettres de créance du nouvel ambassadeur du Sénégal aux Etats-Unis, a réitéré la disponibilité du gouvernement américain à travailler au renforcement de la coopération entre les deux pays, afin de contribuer à la réussite de la mission de son homologue Macky Sall, dont il a salué le leadership, a-t-on appris jeudi de source diplomatique sénégalaise.
"Le président Donald J. Trump a (…) salué le leadership du président Macky Sall et a aussi remercié l’ambassadeur [sénégalais] tout en l’assurant de la disponibilité de son gouvernement à l’aider dans la réussite de sa mission, pour un renforcement de la coopération entre les deux pays", lit-on dans un communiqué reçu de l’ambassade du Sénégal aux Etats-Unis.
Le nouvel ambassadeur du Sénégal aux Etats-Unis, Mansour Elimane Kane, a présenté mardi dernier ses lettres de créance à Donald Trump.
Selon le texte, M. Kane a évoqué "les directives du chef de l’Etat, Macky Sall", qui lui a confié la mission de "veiller au renforcement de la coopération économique entre les deux pays".
Macky Sall a également demandé à Mansour Elimane Kane d’"inciter le secteur privé américain à participer aux projets de développement économique et social du Sénégal", selon la même source.
Elle ajoute que le chef de l’Etat sénégalais a aussi appelé M. Kane à "mettre en œuvre des initiatives qui vont consolider la collaboration entre les autorités des deux pays dans toutes les instances, pour le renforcement de la sécurité mondiale".
LA RENTRÉE SOLENNELLE DES COURS ET TRIBUNAUX À LA UNE
La rentrée solennelle des cours et tribunaux, édition 2020, est le sujet principal abordé par la majorité des quotidiens parvenus vendredi à l’Agence de presse sénégalaise.
La cérémonie présidée jeudi par le chef de l’Etat Macky Sall a porté sur le thème : ‘’La lutte contre le terrorisme : un défi des Etats africains’’.
A ce propos, Enquête affiche à sa une : ‘’Le +djihad+ de Macky Sall’’, soulignant que le président Sall a annoncé ‘’une nouvelle loi sur le terrorisme’’ qui ‘’va prendre en charge les attentats ou menaces avérées, le recrutement, la provocation ou l’apologie du terrorisme (…)’’.
Citant Macky Sall, la publication écrit : ‘’il faut prêter attention à la gouvernance de l’internet, comme espace de propagande’’, tandis que le premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, ‘’a insisté sur l’impératif, en dépit de l’extrême gravité des crimes terroristes, de garantir les droits de la défense (…)’’.
Au sujet de la lutte contre le terrorisme, Le Quotidien note à sa une ‘’L’arme judiciaire’’, informant que Macky Sall a annoncé ‘’une loi sur la sécurité intérieure’’.
L’As parle de son côté du ‘’réquisitoire de Macky Sall contre le terrorisme’’, reprenant les propos du chef de l’Etat prononcés lors de la cérémonie de rentrée solennelle des cours et tribunaux.
Vox Populi relève quant à lui ‘’un discours va-t’en guerre contre les djihadistes’’, reprenant Macky Sall qui déclare ‘’nous devons nous préparer à faire face’’.
Selon Macky Sall cité par la même publication, ‘’il faut rejeter sans répit le complexe et la fâcheuse tendance à assimiler l’Islam au terrorisme’’, ajoutant qu’’’il est inacceptable que des personnes viennent prêcher un Islam autre que celui authentique’’, et que ‘’le terrorisme n’a ni religion ni sentiment d’empathie ou de compassion à l’égard de qui que ce soit’’.
Selon Le Témoin, ‘’pour lutter contre le terrorisme religieux, Macky Sall invite les +tarikhas+ (confréries) à se dresser en remparts contre les idéologies de la violence’’. ‘’Pendant que les hôpitaux manquent de tout et que les abris provisoires foisonnent, le président promet un nouveau siège à la Cour suprême, institution inutile s’il en est !’’, s’exclame le journal.
Au sujet de la rentrée solennelle des cours et tribunaux, Sud quotidien évoque ‘’L’agenda 2020 de Macky Sall’’, rapportant les annonces faites ce jeudi par le chef de l’Etat, notamment un projet de loi sur la sécurité intérieure, la construction du siège de la Cour suprême, etc.
C’est ce qui fait d’ailleurs dire à Wa Grand Place que ‘’Macky adoube les magistrats’’. Le président du Conseil supérieur de la magistrature a profité de cette cérémonie pour annoncer la construction d’un siège pour la Cour suprême mais également une aide financière de 500 millions FCFA destinée à la formation des avocats, écrit le journal.
‘’Le chef de l’Etat a promis la construction d’un nouveau siège de la Cour suprême ainsi qu’un centre de formation pour les avocats. Mais dans cette rentrée, l’ombre du magistrat Ibrahima Hamidou Dème et la réforme de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) ont beaucoup plané dans la salle’’, constate Tribune.
Nouveau siège pour la Cour suprême, difficultés du Centre de formation judiciaire (…), Walf écrit que ‘’les magistrats dépoussièrent leurs vielles doléances’’ et ‘’Macky Sall prend note’’.
Pour le reste, les journaux sont revenus sur la marche pacifique de la plateforme Nio Lank prévue ce vendredi à Dakar pour dénoncer la hausse du prix de l’électricité.
‘’Vaste mobilisation citoyenne ce vendredi. Un Nio lank national !’’, s’exclame à sa une Kritik. Selon le journal, ‘’revigorée par la visite effectuée avant-hier chez le Pape du Sopi, après avoir maillé le FNR et la Fédération des boulangers, la plateforme Nio Lank compte dérouler une stratégie nationale, en synergie avec les cellules régionales du mouvement pour donner une dimension nationale au combat engagé contre le pouvoir sur la hausse du prix de l’électricité’’.
Pour sa part, L’Obs titre ‘’Nio Lank, promesse d’un vendredi électrique, soulignant que (…) le collectif ‘’compte dans ses rangs pas moins de 35 organisations socio-économiques et une vingtaine de partis politiques, dont le PDS de l’ancien président Abdoulaye Wade’’.
Le Soleil a accordé une interview au ministre des Finances et du Budget. ‘’Le Sénégal se porte bien’’, déclare à la une du quotidien national, Abdoulaye Daouda Diallo.
par l'éditorialiste de seneplus, bacary domingo mané
L’ART DE DÉPLACER LE PROBLÈME
EXCLUSIF SENEPLUS - Depuis l’entrée en scène de Nio Lank Nio Bangne, Macky et son régime mettent en place des schémas pour casser la dynamique de mobilisation - Il veut par tous les moyens contenir la contestation
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 09/01/2020
Il veut, par tous les moyens, contenir la houle de contestation dans un océan agité par un quotidien de plus en plus intenable. La hausse des prix de l’électricité, du loyer, du ciment, du carburant et de certaines denrées de première nécessité, a poussé des Sénégalais à jeter aux orties le manteau de la résignation. Depuis l’entrée en scène du mouvement Nio Lank Nio Bangne, le président Sall et son régime sont en train de mettre en place des schémas pour casser la dynamique de mobilisation.
Parmi les stratégies utilisées, il y a celle dite de répression systématique. Elle est mise en branle lorsque des manifestants veulent marcher sur les allées du centre-ville. La police lourdement armée vise les têtes de gondole du mouvement en les violentant, puis les jetant en prison. Son but (stratégie de répression systématique) est d’installer la peur dans le camp des manifestants et les pousser à renoncer à la lutte. Mais le président Sall ne perd pas de vue que cette stratégie de répression systématique trouve ses limites dans la détermination et l’abnégation des manifestants qui peuvent à tout moment changer de schéma de lutte. La répression peut s’avérer contreproductive, puisqu’elle secrète le venin de la radicalisation qui ne fera qu’attiser le feu de la contestation.
C’est pourquoi le président Sall a jugé bon d’utiliser d’autres procédés pour gripper la machine de guerre du peuple, en orientant l’opinion vers des centres d’intérêts où l’adhésion des populations sera plus ou moins acquise. Il s’agit, entre autres, du lancement, le 20 décembre 2019, de la plateforme www.100000logements.com, de la circulaire du 2 janvier du ministre de la santé, du cleaning day du 4 janvier.
Il est fort probable que ces mesures «sociales» ne soient pas étrangères à la colère des populations qui ont du mal à avaler la pilule de la hausse du prix de l’électricité.
La stratégie consistant à faire miroiter un avenir radieux aux Sénégalais avec la possibilité d’acquisition de toit, peut faire des effets. Ici la manipulation consiste à frapper les esprits en mettant dos à dos la hausse de la facture d’électricité et la probabilité d’avoir un logement. Le choix d’un avenir proche est vite fait au détriment d’un présent que l’on préfère sacrifier, en se résignant sur un sort imposé par un Etat «prédateur».
La guerre des statistiques au sujet des inscrits sur la plateforme www.100000logements.com a commencé le jour même du lancement. Le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, a révélé qu’il y a eu 10 000 inscrits à minuit, le vendredi coïncidant avec le rassemblement interdit de Nio Lank à la place de l’Indépendance. De larges extraits télévisés sont consacrés à l’événement. De l’avis du Directeur de la construction et de l'habitat, M. Ousmane Wade, il y a eu près de 50 000 inscrits à seulement trois jours après le lancement : «46.034 Sénégalais se sont manifestés et parmi eux, 39.330 (85'4%), sont déclarés éligibles et seuls 6704 (14,6%), déclarés non éligibles», dit-il.
Ce tapage médiatique au sujet de cette plateforme n’est pas fortuit. Le but de cette stratégie est de faire oublier le rassemblement réprimé par la police et d’amener les Sénégalais à baisser la garde en avalant la pilule amère de la hausse. Depuis lors, plus rien ! La clameur s’est dissipée dans le ciel d’un quotidien qui impose sa dure et pénible réalité.
Mais le chapeau du magicien n’a pas encore livré tous ses secrets. Le curseur s’est déplacé sur le terrain de la santé pour capter l’attention des populations dont l’accès aux soins est un véritable casse-tête. Le ministre de la santé, M. Abdoulaye Diouf Sarr, a cru devoir jouer sa symphonie pour entretenir un faux espoir qui risque de se liquéfier sous le soleil des réalités insoutenables des hôpitaux-mouroirs.
Dans l’imagerie populaire «lorsque vous tombez malade sans argent, c’est la mort assurée». Des structures sanitaires manquent de tout jusqu’aux compresses. Le patient est donc obligé de tout acheter. Comment des hôpitaux qui souffrent de manque d’infrastructures, d’équipements (tels que les plateaux techniques dignes de ce nom) et de logistiques, peuvent mettre en œuvre le plan d’accélération de la prise en charge des urgences, comme l’indique le ministre de la santé dans sa note circulaire du 2 janvier dernier. Il demande aux chefs d’établissements hospitaliers «d’organiser la référence du patient, en cas de non prise en charge, avec la structure où il sera orienté ou le faire en collaboration avec le SAMU». Dans des hôpitaux où il n’y a pas assez d’ambulances, Abdoulaye Diouf Sarr ordonne qu’on n’évacue plus de patients à bord d’un véhicule autre qu’une ambulance. Il va jusqu’à faire injonction aux médecins responsable de garde et des services d’accueil des urgences de laisser fonctionnels 24/24h leurs téléphones.
Saupoudrage ! Cette note circulaire vient confirmer les problèmes du secteur de la santé. Elle est aussi la preuve que le ministre de tutelle est un homme désarmé qui veut donner l’impression qu’il a une emprise sur son département. Le service d’urgence dans les hôpitaux est l’arbre qui cache la forêt. Le patient qui arrive se voit prescrire une ordonnance, faute de médicaments dans les services d’urgence, comme c’était le cas du temps de Abdou Diouf et de Me Wade. Pour dire que cette note circulaire est une farce de mauvais goût qui a tout l’air d’un instrument de diversion pour calmer un peuple enragé.
La dernière trouvaille, est le cleaning day (journée de la propriété) qui a permis au président Sall d’occuper, durant une demi-journée, une partie du peuple. Il a réussi, sur ce coup, à imposer son agenda setting. Les médias étaient en mode live pour parler du coup de balaie du couple présidentiel. Les seconds couteaux ont aussi mobilisé des journalistes dans leur localité pour rendre compte de la journée de propriété. Le cleaning day a réalisé la prouesse de faire «oublier», l’espace d’un week-end, la colère saine exprimée par l’écrasante majorité des Sénégalais contre la hausse injustifiée de la facture d’électricité.
Mais la plateforme www.100000logements.com, la note circulaire du plan d’accélération de la prise en charge des urgences et le cleaning day, ont certes fonctionné comme des médicaments hypnotiques pour endormir temporairement un peuple qui a épuisé son crédit de tolérance. Le présentisme et la gadgétisation du discours politique ne sauraient effacer une réalité qui se vit au présent. De la profondeur abyssale de l’océan, la clameur monte à la surface comme un signal. C’est la force du peuple qui surgit du ciel de l’Histoire. Gare à ceux qui se mettront en travers de son chemin, le rouleau compresseur avancera et écrasera tout sur son passage. Implacablement, il forcera le barrage pour répondre à l’appel du devoir. La prophétie se réalisera !
Depuis l’ouverture des classes , les autorités scolaires nationales notamment des inspecteurs d’Académie (IA) et ceux de l’Education et de la Formation (IEF) n’ont de cesse, de signaler la fermeture de plusieurs classes voire écoles dans plusieurs localités surtout périphériques de notre pays. Cela, à cause d’un déficit criard d’enseignants.
De leur côté, les syndicats d’enseignants ne cessent de dénoncer le redéploiement d’enseignants opéré dans certaines régions par les inspecteurs d’académie. Des IA auxquels ils reprochent d’agir sans aucune concertation avec les partenaires sociaux notamment les syndicats. Conséquence de cette situation prévalant notamment dans les inspections d’Académie de Diourbel et de Kaolack : des classes sans maîtres, ceux qui y officiaient ayant été affectés ailleurs sans avoir été remplacés.
Le vote du budget du ministère de l’Education nationale a d’ailleurs été l’occasion pour les parlementaires de fustiger ces déficits et de demander au ministre d’y apporter des correctifs. Hélas, pendant que le secteur de l’Education nationale souffre d’un manque criard de personnels — du moins dans les classes —, de nombreux enseignants ont depuis plusieurs années déserté les écoles et classes (et continuent de le faire d’ailleurs). Des enseignants qui ont choisi de « troquer » la craie contre les dictaphones et micros des médias. Autrement dit, ils sont devenus des correspondants de presse !
En effet, dans toutes les régions et départements de notre pays, la majorité des correspondants de presse sont des enseignants. Recrutés et payés par l’Etat, ces enseignants n’exercent plus dans les écoles. Ils continuent de percevoir leurs salaires d’enseignants, y compris tous les avantages liés à l’exercice de ce métier, tout en étant devenus des « journalistes ».
Complicités à tous les niveaux
Une activité pour laquelle ils sont aussi payés par les rédactions qui les emploient, même si c’est au lance-pierres. Qu’importe, ils se rattrapent largement sur le terrain ! Cette situation est connue de leurs hiérarchies qui semblent les y autoriser puisque les laissant faire sans sanction, sans interdiction. Mieux, certaines autorités scolaires vont même jusqu’à désigner au niveau de leurs services des enseignants comme… chargés de communication !
La ou le bât blesse, c’est que ces enseignants, qui ont déserté écoles et classes, pour s’adonner au métier de correspondants de presse continent d’émarger dans le budget de l’Education sans travailler pour ce secteur pour le quel ils ont été recrutés. Si encore ils ne faisaient cette activité qu’à leur temps libre et en dilettantes, on aurait compris. Mais là, c’est à temps plein qu’ils exercent comme « journalistes » ! Dire donc qu’il y a une pénurie de personnel enseignant est faux car des enseignants, il en existe à foison dans notre pays. Hélas, ils travaillent au vu et au su de tout le monde dans d’autres secteurs qui n’ont rien à voir avec l’enseignement. Pour remédier à cette situation anormale, le gouvernement, notamment le ministère de l’Education nationale, doit prendre des mesures coercitives en rappelant à l’ordre tous les enseignants qui ont déserté l’enseignement pour aller exercer d’autres secteurs sans y être autorisés par leur hiérarchie.
Les concernés qui sont dans cette situation d’illégalité doivent faire leur choix : ou ils sont des enseignants recrutés et payés par l’Etat et ils doivent en conséquence travailler pour l’Etat. Ou alors, ils n’ont plus la vocation de transmettre du savoir dans des salles de classes et, dans ce cas, qu’ils démissionnent pour se consacrer spécifiquement au métier de correspondants de presse. Mais être enseignant et ne pas exercer le métier et déserter les écoles pour se consacrer à une fonction privée tout en continuant à percevoir son salaire d’enseignant ne doit pas être admissible là ou un déficit criard d’enseignants est noté partout noté dans le pays.
Le ministre de l’Education nationale, M. Mamadou Talla, a annoncé à l’Assemblée nationale, lors du vote du budget de son département, que 1750 enseignants dont 250 arabisants seront incessamment affectés partout où le besoin se fait sentir. Il devrait ajouter à ces nouveaux élèves maitres qui viennent de terminer leur formation tous les enseignants qui ont déserté les écoles pour officier comme correspondants de presse et autres !
MALADES ET ACCOMPAGNANTS SOURIENT… AU RESPECT DE LA NOTE PAR LES HOPITAUX
La note circulaire ministérielle sur les urgences est actuellement respectée par les hôpitaux. Etat des lieux à travers le diagnostic d’un homme de l’art.
La note circulaire ministérielle sur les urgences est actuellement respectée par les hôpitaux. Etat des lieux à travers le diagnostic d’un homme de l’art.
Il est 17 heures. La grande porte de l’hôpital Ibrahima Pouye, ex-CTO, grouille de monde. Les patients, les accompagnants, les médecins, les infirmiers et autres font d’incessants va-et-vient dans l’espace et entre les salles. Une dame, la soixantaine révolue, avec des béquilles qu’elle a du mal à tenir, est aidée par son enfant. « Je ne sais pas quoi dire, mais les médecins sont devenus subitement très serviables » sourit-elle. Au bâtiment des urgences, on pourrait penser que tout le Sénégal est malade ou souffre de quelques bobos tellement il y a du monde. Ce sont des dizaines de blessés ou de malades qu’ont fait entrer dans les salles et qu’on en ressort. D’autres sont transportés dans des ambulances ou sur des brancards.
Aïssatou, assise sur un banc le long d’une véranda qui fait face à des blocs, à la main sur son menton, signe de son désespoir. « J’ai juste appris la nouvelle selon laquelle il a été demandé aux médecins de bien prendre en charge les patients qui vivent souvent le martyre à leur arrivée dans les hôpitaux et centres de santé. Je pense que c’est une excellente mesure que l’Etat a prise pour au moins qu’on n’ait plus de malades qui souffrent faute de prise en charge ou encore par manque de places qui est souvent le prétexte avancé par le personnel des hôpitaux pour refuser de prendre des malades ou des blessés. Je me rappelle qu’une fois, je m’étais rendue à l’hôpital Principal, on ne m’avait pas admise faute de place. Du moins, officiellement. Il a fallu que je fasse des allers et retours pendant des jours pour qu’enfin on me trouve une place.
Le plus écœurant, c’est le fait qu’en cas de refus, on ne t’indique même pas un autre endroit où aller », se désole la dame. Avant de saluer la mesure prise par le gouvernement afin d’obliger les hôpitaux à traiter les cas relevant des urgences : « Quel que soit ce qui se dira, on doit applaudir cette décision prise par l’Etat. On ne peut quand même pas laisser les médecins et autres faire ce qu’ils veulent pour des histoires de sous ou autres que l’Etat leur doit. Un malade ne peut pas attendre la résolution de ces doléances. Cette fois-ci, j’ai emmené un malade. Alhamdoullilah, il a été bien pris en charge » se réjouit notre interlocutrice.
La mesure de l’Etat n’est pas appréciée à sa juste valeur par certains médecins
Le médecin Mamadou Mansour Diouf explique sur sa page Facebook les incongruités d’une telle mesure « hypocrite ». Extraits de ce post : « SéNéGAL : LA SANTé PRISE EN OTAGE ! Lors de cette énième « concertation sur les urgences » tenue en septembre 2019 au King Fahd Palace, le ministre de la Santé avait préconisé « un diagnostic profond du service des urgences dans les hôpitaux ». Après moult palabres comme d’habitude, et après avoir été grassement rémunérés à coup de perdiems, d’indemnités kilométriques et autres émoluments, ils nous sortent cette circulaire avec le slogan de « Plan d’accélération pour l’amélioration de la prise en charge des urgences » sans doute pour être en phase avec le fameux « Fast track ».
Eh bien, le « diagnostic profond de la gestion des urgences » je vais vous le faire sans la moindre complaisance, n’en déplaise à qui que ce soit », écrit d’emblée, et avec véhémence on en conviendra, le Dr Diouf. Selon lui, la mesure sur les urgences aurait été prise sans concertation avec les acteurs des hôpitaux. « CONCERTATION SUR LES URGENCES ! Qui étaient les acteurs qui planchaient sur ces questions d’urgences médicales lors de ces concertations initiées par le ministère de la santé ? Figurez-vous qu’il y avait une pléthore de bureaucrates très éloignés des réalités de la gestion des urgences : médecins-chef de région médicale, médecins-chef de district, spécialistes de santé publique, conseillers en tout genre, directeurs d’hôpitaux etc... mis à part une petite minorité de véritables spécialistes des urgences (SAMU, SOS Médecins entre autres).
Vous réunissez des charretiers, des conducteurs de motos Jakarta et de taxis clandos pour plancher et trouver des solutions aux problèmes de navigation aérienne, vous ne pouvez pas avoir d’autres résultats que cette circulaire ministérielle ridicule et absurde », soutient-il.
A en croire notre médecin, ce sont ces « spécialistes des urgences » qui seraient derrière « ce pompeux plan d’accélération ». Enfonçant le clou, il soutient que « lors de ces concertations, les vrais acteurs qui gèrent les urgences au quotidien dans les postes de santé, les centres de santé, les districts sanitaires et hôpitaux ont été mis en rade ». Mieux, le ministère de la Santé et de l’Action sociale aurait agi sans prendre en compte les conditions difficiles des hôpitaux. « Aucun de ces médecins-chef n’a daigné mandater les vrais acteurs du terrain qui gèrent les urgences au quotidien dans leurs structures respectives. Le ministère de la Santé est pris en otage par une kyrielle de médecins bureaucrates, adeptes de séminaires, symposiums, tables rondes, ovales et carrées, très éloignés des réalités du terrain de la médecine clinique. C’est ça la réalité qu’on le dise ou non », soutient le Dr Mamadou Mansour Diouf. Selon lui, pour discuter sérieusement de la prise en charge des urgences il faut réunir ceux qui interviennent en amont et qui assurent le transport des patients c’est-à-dire ceux intervenant à la phase dite pré hospitalière : SAMU, SOS Médecins, SUMA Assistance, Sapeurs-Pompiers.
Ensuite, dit-il, les acteurs du service d’accueil des urgences depuis l’IOA (Infirmier Organisateur de l’Accueil), en passant par les médecins urgentistes, les différents spécialistes appelés à intervenir aux urgences (anesthésistes réanimateurs, chirurgiens toutes spécialités confondues, orthopédistes-traumatologues, gynécologues-obstétriciens, sages-femmes, biologistes, spécialistes de l’imagerie médicale, etc.) Apparemment, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a choisi de ne discuter qu’avec les médecins bureaucrates !