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23 juillet 2025
KHADY DIOR NDIAYE DÉSORMAIS PATRONNE DE KOSMOS ENERGY AU SÉNÉGAL
L'ancienne de Citibank va gérer les opérations relatives à trois découvertes importantes de gaz naturel au large des côtes - Guembeul, Teranga et Yakaar, ainsi que du projet de gaz naturel liquéfié de Grand Tortue/Ahmeyim
Kosmos Energy (KosmosEnergy.com) a annoncé aujourd’hui que Khady Dior Ndiaye a été nommée Vice-présidente et Directrice Régionale en charge des activités au Sénégal et en Côte d’Ivoire, pays dans lesquels la société possède des intérêts substantiels.
Au Sénégal, Mme Ndiaye est à présent responsable des opérations relatives à trois découvertes importantes de gaz naturel au large des côtes - Guembeul, Teranga et Yakaar, ainsi que du projet de gaz naturel liquéfié de Grand Tortue/Ahmeyim en cours de développement en partenariat avec BP, Petrosen et la Société Mauritanienne des Hydrocarbures et de Patrimoine Minier. En Côte d’Ivoire, où elle dirige Kosmos Energy depuis janvier de 2019, Mme Ndiaye chapeaute les opérations relatives à la recherche de cinq blocs contigus en mer, qui couvrent environ 17.000 kilomètres carrés.
Mme Ndiaye a rejoint Kosmos Energy récemment de Citibank, où elle a été Présidente-Directrice Générale pour les régions de l’Afrique occidentale et centrale en charge des activités de Citi dans 14 pays. Pendant ses 20 années chez Citi, Mme Ndiaye a occupé divers postes de direction, accumulant ainsi une vaste expérience dans les domaines des services bancaires aux entreprises et aux gouvernements, des marchés de capitaux, des opérations de change, du commerce international, et de la réglementation.
Mme Ndiaye est titulaire d’un Bachelor de la School of Foreign Service de Georgetown University, Washington D.C. et d’un Executive MBA de HEC Paris.
Jusque-là le pays, bien que signataire des nombreux accords internationaux sur les violences faites aux femmes et la pédophilie, souffrait de déficit de réglementation adapté et même de non application des textes existants.
Le Sénégal a voté le 30 décembre 2019 la loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie. Il s’agissait de modifier celle qui datait de 1965 en renforçant les sanctions par des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité. Ce projet a été porté par des associations de femmes suite à une série d’agressions sexuelles qui ont particulièrement ému les sénégalais.
Jusque-là le pays, bien que signataire des nombreux accords internationaux sur les violences faites aux femmes et la pédophilie, souffrait de déficit de réglementation adapté et même de non application des textes existants. L’ambition de cette évolution législative est la dissuasion et elle devrait donc être accompagnée par de la sensibilisation au plus près des populations. Elle devrait lever le tabou des agressions, souvent étouffées, qui se déroulent dans la sphère familiale ou communautaire. Dès lors, il devient indispensable d’outiller toute la chaîne d’accusation et de défense afin d’éviter les erreurs judiciaires qui pourraient détruire ces cercles sociaux.
La charge violente du « émoin» quotidien…
C’est pourquoi la charge violente menée par M. Alassane Seck Guèye dans le Témoin du Vendredi 3 au Dimanche 5 janvier contre les femmes juristes qui ont porté ce combat me laisse sans voix et, illustre à souhait, le travail à mener auprès de la population sénégalaise. Je tiens d’abord à préciser que vous avez parfaitement le droit d’exprimer publiquement votre désaccord sur ce sujet. Pour ma part, je retrouve dans l’argumentaire que vous utilisez pour étayer vos opinions tous les ingrédients qui renforcent l’avis que cette loi vient à son heure. Tout d’abord M. Guèye, vous opposez « les braves femmes du pays profond » aux « féministes enragées, des folles du logis et des agitées du bocage ». Dès lors, vous corroborez le cliché des personnes qui voit en toute femme qui revendique, non pas un individu doté de capacité de réflexion et d’analyse et, donc, de conception de solutions, mais, plutôt, de primate hystérique. C’est certainement le syndrome de l’utérus. Cette vision du Sénégal est dépassée car, de nos jours, les femmes des villes sont toutes des enfants ou petits-enfants de villageois; chaque famille compte des membres partis travailler ailleurs pour nourrir ceux qui sont restés ; les divers moyens de communication que sont les routes, la radio, la télévision et internet ont aussi réduit les frontières et c’est tant mieux ainsi.
Mon cher Alassane, pourquoi ?
M. Guèye, vous laissez planer un doute sur la réalité de la vulnérabilité des enfants et des femmes dans notre société quand vous parlez de « série d’agressions sexuelles supposées sur des femmes ». Vous déclarez même que ce sont les hommes qui sont beaucoup plus souvent persécutés, violentés voire assassinés par des femmes et que cela mériterait plus d’attention de la part des pouvoirs publics. Je pense que cette bataille des chiffres sur qui subit le plus le fléau de la violence dans notre société est indécente et passe complètement à côté de la question de fond. Pour autant, un rapide tour des unes de la presse durant ces derniers mois peut donner un aperçu de l’ampleur du phénomène. Il s’agit plutôt d’éradiquer la violence partout et sécuriser tous les citoyens, hommes, femmes et enfants. Cher M. Guèye, personne ne doit être laissé pour compte. Et cette mission est dévolue à l’état.
J’ai trop de respect pour les hommes !
Vous théorisez que puisque la loi sur le trafic de drogue n’a pas éradiqué le phénomène en question, donc celle qui nous intéresse dans ce texte devrait avoir les mêmes effets. Je dirai de ne pas vous arrêter en si bon chemin : quelle loi a définitivement réglé la cause incriminée depuis que les sociétés ont inventé le système judiciaire pour établir des codes de conduite ? Est-ce le cas sur le vol ? Est-ce le cas de celle sur la peine de mort ? La liste est interminable et la question vieille comme le monde. Vous affirmez que cette loi serait source d’enrichissement pour les femmes et une arme qu’elles utiliseraient contre les hommes. Cela arrive certainement et la sanction infligée aux fauteurs devra être à la hauteur du préjudice subi par les victimes. Il devrait en être ainsi dans une société normale. Mais, extrapoler ces comportements anormaux et déviants en plans ourdis par la gente féminine pour en faire un gagne-pain relève autant de la misogynie que du machisme. Allez dans les champs, prenez les transports à six heures du matin dans les banlieues, allez dans les marchés, dans les usines et dans les entreprises, observez ce qu’on peut faire avec des petits montants cotisés dans les tontines et vous trouverez de la matière pour réviser votre opinion sur les moyens qu’utilisent la très grande majorité des femmes sénégalaises pour gagner leur vie, nourrir leur famille et même bâtir des projets. Heureusement que la société travaille à reconnaître leur apport et à renforcer leur rôle dans la construction de la nation. Un dernier argument classique vient encore montrer à souhait l’étendu du travail à mener; relisez donc cette phrase : « avec cette loi, tous les hommes peuvent commencer à apprendre à se retenir devant les femmes » !!! J’ai trop de respect pour tous les merveilleux hommes qui m’entourent pour psychanalyser de tels aveux. C’est peut-être là qu’il faut chercher une explication de la virulence de vos propos contres ces vaillantes femmes. Mme DIOP Blondin –
Ndeye Fatou NDIAYE
Plateforme Avenir Senegaal Bii Ñu Bëgg
RETROUVAILLES EMOUVANTES ENTRE MACKY SALL ET SES COMPAGNONS DE PREMIERE HEURE
Un clin d’œil à l’histoire. Le chef de l’Etat a profité du Cleaning Day de samedi pour renouer avec ses compagnons de la première heure autour d’un déjeuner copieux au palais.
Un clin d’œil à l’histoire. Le chef de l’Etat a profité du Cleaning Day de samedi pour renouer avec ses compagnons de la première heure autour d’un déjeuner copieux au palais. En dehors de la présence des fidèles à l’image d’Abdou Mbow, Mor Ngom, Abdoulaye Daouda Diallo, Diouf Sarr, Luc Sarr, Benoît Sambou, il faut signaler la présence remarquable de Me Alioune Badara Cissé, Youssou Touré, Aminata Tall, Abou Abel Thiam, Diène Farba Sarr, qui s’étaient éloignés du Président à la suite de leur éviction de leurs postes respectifs. L’émotion était à son comble. Diène Farba Sarr a éclaté en sanglots.
Un déjeuner de retrouvailles au Palais, samedi. Le déjeuner que le chef de l’Etat a offert à son premier cercle de compagnons aux heures sombres a pris les allures d’une séance d’exorcisme. Entre vérités crues et catharsis, la réunion fut émotive à tous points de vue. Eclipsés depuis fort longtemps soit à la suite d’une brouille avec le patron soit à la suite d’une éviction surprise, certains caciques de l’Apr avaient pris leurs distances.
Me Alioune Badara Cissé, le « géniteur de l’Apr », Abou Abel Thiam premier porte-parole du Président Macky Sall, Youssou Touré ancien secrétaire d’Etat en charge de l’alphabétisation, Diène Farba Sarr, ancien ministre de l’Urbanisme et du Cadre de Vie, Aminata Tall, ancienne présidente du CESE ont tous pris part à la rencontre. Dire que les Aperistes de la première heure sont frustrés relève de l’euphémisme. D’où la liberté de ton de certains responsables de l’Alliance pour la République (Apr) et le silence des autres. Visiblement, le président de la République a décodé le message.
En effet, Macky Sall a offert un déjeuner de retrouvailles aux caciques de son parti, samedi, en présence du ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammad Boun Abdallah Dionne et la présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Aminata Touré. Il s’agit en réalité de ceux que l’on peut appeler le cercle de feu. Il y avait donc Me Aliou Badara Cissé, membre fondateur de l’Apr, Mor Ngom, Diène Farba Sarr, le journaliste Abou Abel Thiam, le tonitruant Me Djibril War, Luck Sarr, Benoît Sambou le chargé des élections, le porte-parole adjoint, Abdou Mbow, Youssou Touré, El Hadji Hamidou Kassé, Yata Sow, Abdoulaye Daouda Diallo, Diouf Sarr, Aminata Tall.
Toutefois, faut-il le souligner, le député Moustapha Cissé Lo et Moustapha Diakhaté qui commencent à se démarquer du parti étaient absents de la rencontre. C’est donc la première fois que le Président Macky Sall organise des retrouvailles surprises autour d’une table avec ses premiers souteneurs, à l’aube de sa démission du Parti démocratique sénégalais (Pds) en 2008. Comme une séance d’exorcisme, tout le monde a été invité à prendre la parole.
Le diagnostic est sans complaisance : Macky Sall avait négligé son parti. «C’étaient des échanges à bâtons rompus. Ils ont tous exprimé leurs points de vue à l’exception d’Abdoulaye Daouda Diallo et Youssou Touré », confie une source de « L’As ». Les hôtes du jour ont à l’unanimité invité le Président Macky Sall à reprendre en main l’Alliance pour la république (Apr), l’accompagner et le redynamiser. Un message bien capté par le Président Sall qui a promis d’y remédier.
L’émotion était à son comble. Diène Farba Sarr n’a pu contenir son émotion. Il sanglote et fond en larmes. En réalité, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Lors de sa prise de parole, le chef de l’Etat a rappelé les fondamentaux et expliqué le semblant de distance par l’exercice du pouvoir au service du pays. Il a ainsi demandé à son parti de mériter la confiance que le peuple a placée en lui.
Aussi a-t-il promis de pérenniser de telles rencontres avec ses premiers soutiens, mais aussi de redynamiser le Secrétariat exécutif et les autres structures de l’Apr. Il a en outre promis de s’investir pour reprendre la diaspora qui semble lui tourner le dos. Dans le même sillage, Macky Sall, qui a décidé de mettre son parti en ordre de bataille à partir de février, entend renouer avec ses traditionnels conseils de ministres délocalisés, une manière de redynamiser le parti à l’intérieur du pays, mais aussi de le mettre en ordre de bataille en perspective des locales.
«POUR QUE LES GENS S’OCCUPENT DE LA PROPRETE, IL FAUT QU’ILS MANGENT A LEUR FAIM ET SOIENT EN BONNE SANTE»
Selon Mouhamed Dia, la journée de propreté lancée en grande pompe samedi dernier par le Président Macky Sall requiert quelques préalables
Samedi dernier, le Sénégal a vécu au rythme du «Cleaning Day» initié par le Président Macky Sall pour nettoyer de fond en comble le pays. Mais pour l’économiste et consultant bancaire Mohamed Dia, il faut des préalables pour que les gens s’occupent de la propreté. Il faut qu’ils soient en bonne santé et mangent à leur faim, a indiqué Mohamed Dia qui était l’invité de l’émission «Objection» sur la radio «Sud FM».
La journée de propreté lancée en grande pompe samedi dernier par le Président Macky Sall requiert de quelques préalables. C’est du moins la conviction de l’économiste Mohamed Dia pour qui, même si la propreté est cruciale, il y a des prérequis. «Pour que les gens s’occupent de la propreté, il faut qu’ils soient en bonne santé et mangent à leur faim», clame-t-il. Il estime qu’au lieu de gaspiller des milliards de francs Cfa dans des infrastructures qui ne sont pas des priorités pour le pays, il fait construire et équiper des hôpitaux.
Décrivant une situation économique du pays on ne peut plus sombre, l’expert bancaire souligne que les Sénégalais ont faim. «Il y a un problème de survie au Sénégal, mais les gouvernants ne sentent pas cette douleur qui est réelle dans le pays. Ils ne sentent pas la souffrance qui est là. Et même s’ils avaient souffert par le passé, aujourd’hui qu’ils sont à l’aise, ils ne se soucient plus du reste», tranche M.Dia qui soutient que le contexte économique est plombé par l’endettement massif.
De 2.700 milliards Fcfa de dettes en 2012, renseigne-t-il, le Sénégal se situe aujourd’hui à 9.000 milliards Fcfa. «Je suis d’accord qu’il faut s’endetter pour se développer, mais tel n’est le cas avec Macky Sall. Il s’endette juste pour s’endetter et je ne vois pas jusqu’à présent comment cet endettement est en train de changer le quotidien des Sénégalais. Bien au contraire, il y a même une augmentation du prix de l’électricité. A chaque fois, c’est la même chose.
Lors de son premier mandat, le Président fait des folies et pour le deuxième, ce sont les Sénégalais qui doivent payer les pots cassés», fulmine le banquier qui, par la même occasion, juge désastreux le bilan économique de 2019. Peu optimiste pour l’année qui débute, il a soutenu que 2020 sera très dure à cause du caractère déficitaire du budget national.
Se prononçant sur la nouvelle monnaie Eco, il estime qu’elle n’apportera aucun changement. «Pour moi, le problème, c’est la parité ; mais l’appeler Franc CFA, Eco ou Sunugal, ce n’est pas le plus important. L’enjeu, c’est que la fixité n’a pas changé et c’est impossible d’industrialiser le Sénégal avec ce système», déclare Mohamed Dia qui ajoute par ailleurs que le Président Macky Sall peut avoir le nombre de mandats qu’il veut, mais il ne développera pas le Sénégal avec la voie qu’il a empruntée.
par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
TYRANNIE D’UNE ROUTINE FUNESTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces catastrophes qui nous émeuvent tant n’ont rien d’accidentel bien que cela y ressemble - Elles procèdent d’une coupable banalisation d’un code d’inconduite généralisé, qui jure avec une circulation routière sécuritaire
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 07/01/2020
“ Nous sommes atteints dans notre capacité d’initiative au point de ne pouvoir réagir à ce qui nous arrive” Pr. Souleymane Bachir Diagne, philosophe.
Les accidents de la circulation sont une triste routine chez nous, qu’il convient de conjurer sans tarder pour épargner des vies. Sommes-nous capables de prendre les initiatives idoines ?
Comme partout ailleurs, au Sénégal nous avons des routes et des voitures pour nous assurer un déplacement facile d'un point à un autre du territoire national, à la différence près que notre parc automobile souffre d’une quantité effarante de véhicules incommodants et dangereux, inaptes à la circulation.
Quand ce système pose problème du fait de calamités homicides récurrentes, il convient de l‘analyser avec des outils modernes, telle l’approche qui consiste à considérer le tout comme étant un ensemble constitué d’une part d’un hardware - c’est ce qu’on appelle communément les infrastructures routières (routes, autoroutes, péages stations d’essence, gares routières, panneaux de signalisations) et d’autre part le software - c’est l’ensemble des usagers et utilitaires (les voitures, conducteurs, code de la route, policiers, gendarmes, etc.)
Ainsi, nous pouvons voir que dans les pays développés où ce système a été pensé avec une intelligence subtile et soutenue, il permet une meilleure régulation de la sécurité et du trafic routiers. Les catastrophes homicides ne se produisent alors en cas de meilleures circonstances que faute d’une faille du système, dont le défi est de s’approcher de zéro collision : ce n’est que dans des cas pareils d’organisation que l’on peut parler d’accident. L’imprévisibilité attachée à l’avènement de la catastrophe est nécessaire pour valider la qualification d’accident qui lui sied.
Par contre chez nous où toutes les conditions sont réunies pour favoriser les collisions, l’on ne peut pas continuer à parler d’accidents quand ce qui arrive est tout à fait prévisible et ancré dans l’opinion collective. Les causes sont connues, indexées depuis des décennies et devenues chroniques face à une inquiétante indifférence. Ces catastrophes qui nous émeuvent tant n’ont rien d’accidentel bien que cela y ressemble ; elles sont inconsciemment programmées. Elles procèdent d’une coupable banalisation d’un code d’inconduite généralisé, qui jure avec une circulation routière sécuritaire, de même qu’avec la bienséance tout court.
Des situations et comportements inacceptables accablent notre décor impunément : que 60% des conducteurs au bas mot n’aient jamais pris de cours de code de la route, ne sachent lire les panneaux de signalisation, conduisent avec un pare-brise fissuré, sans essuie-glaces, ni rétroviseurs, ni feux rouges. D’autres pour vous dépasser n’hésitent pas à le faire par votre droite et même emprunter le trottoir. Que 80% des véhicules de transport en commun ne répondent pas aux normes techniques les plus élémentaires, ce qui ne les empêche pas de faire de la surcharge illégale sans aucune crainte de policiers, qui ont tout simplement abdiqués. Que tout cela et pire encore, soit absolument pérenne en dépit d’une large désapprobation, alors il s’agit bien là d’une tyrannie de la routine, mais hélas une si funeste, que l’ensemble de la société en est consternée. Un milieu d’un tel déficit de qualité décourage toute initiative personnelle, du fait qu’aucun modèle singulier ne peut prétendre y influencer significativement les agrégats de la collectivité. Il faut alors songer à appliquer un diktat injonctif extrêmement dissuasive, voire même afflictive.
Malgré notre retard sur ce qui est à faire pour éviter les calamités, il faut reconnaître qu’en ce qui concerne les infrastructures, il y a eu des efforts depuis l’an 2000 et énormément de changements avec l’impact du PSE, que nul ne peut ignorer. Entre 1960 et 2012 quelqu’un pouvait s’absenter du pays quinze années durant, descendre un beau jour à l’aéroport et retrouver son domicile sans aucun risque de se perdre. Aujourd’hui ce n’est plus possible, les revenants d’un séjour de seulement cinq ans à l’étranger se perdent pour rejoindre leurs demeures en raison d’infrastructures nouvelles impressionnantes qui jalonnent leurs itinéraires. Mais là où pêche le système c’est au niveau des usagers de toutes sortes (le software) : les vieux tacots impropres à la circulation ; les conducteurs inconscients de leurs actes parce qu'analphabètes, qui n’hésitent pas à emprunter le trottoir pour éviter de faire la queue ; les vendeurs ambulants et mendiants au milieu des autoroutes, y compris l'autoroute à péage durant certaines périodes de grands embouteillages, se faufilant entre les voitures ; l’absence ou l’inefficacité de forces de répression dissuasives des infractions routières sur la voie publique etc. Trop c’est trop ! Cette triste exception sénégalaise a fini par substituer aux valeurs d’homme civilisé qui nous étaient connues, celles d’indiscipliné et d’anarchiste ; ruinant ainsi notre réputation.
Le chef de l’Etat Macky Sall a réitéré dans son discours de fin d’année ses propos édifiants tenus déjà en septembre dernier indexant les comportements comme causes majeures des accidents et appelant à des sanctions sévères à l’encontre des attitudes de défiance déplorables. Cette insistance de sa part laisse augurer des changements à venir.
Seulement, ne nous y méprenons pas ! Les accidents homicides spectaculaires nous émeuvent mais leurs causes ne prennent pas naissance là où ils se produisent les voies où l’on produit de la vitesse). C’est au cœur de la ville qu’il va falloir traquer les infractions mineures. Ceux qui provoquent les collisions stupides sur les voies rapides sont ceux-là mêmes qui en ville ont des attitudes de défiance à l’encontre de toutes les règles. Quand ils seront amenés à bien se comporter en ville, hors de toute surveillance, il n’y aura plus à craindre leur inconscience et irresponsabilité quelles que soient les circonstances.
Avec plus de six cent morts directs concédés à l’insécurité routière en 2019, sans compter les blessés qui périssent des jours plus tard, qui pourraient porter ce nombre à près de 2000. Vous conviendrez avec moi que cela est suffisamment alarmant pour justifier que j’ouvre avec ça mes éditos de l’année, tout en souhaitant mes meilleurs vœux 2020 à tous les lecteurs et au Sénégal notre berceau une sécurité routière exempte d’homicide.
LE MAIRE FALLOU SYLLA RISQUE 6 MOIS DE PRISON ET UNE AMENDE DE 100 MILLIONS
Lors du procès qui l’opposait hier à l’association «Mbour Justice», le maire de la Petite Côte Fallou Sylla a été reconnu coupable, par le tribunal de Mbour, de faux, usage de faux et falsification de documents administratifs.
Le maire de Mbour, Fallou Sylla, est dans de beaux draps. Il risque 6 mois de prison et une amende de 100 millions Fcfa à payer à l’association «Mbour Justice» qui l’a traîné devant le tribunal pour faux, usage de faux et falsification de documents administratifs dans le cadre de la cession d’une place publique. Lors du procès hier, le procureur a requis ces sanctions (pénale et pécuniaire) contre l’édile de la capitale de la Petite Côte
Lors du procès qui l’opposait hier à l’association «Mbour Justice», le maire de la Petite Côte Fallou Sylla a été reconnu coupable, par le tribunal de Mbour, de faux, usage de faux et falsification de documents administratifs. Et il va écoper de 6 mois de prison ferme si le juge applique le réquisitoire du procureur qui a également demandé une amende de 100 millions à verser à l’association «Mbour Justice».
Alors qu’il avait refusé de produire les documents attestant qu’il y a une délibération municipale pour la construction d’un Centre commercial sur la place publique, le maire Fallou Sylla a été contraint par le juge de présenter les papiers au tribunal.
En 2015, l’édile de Mbour a annoncé qu’une délibération du Conseil municipal autorisait l’érection d’un Centre commercial sur la place publique de la ville. Cette décision du maire avait suscité le courroux des populations. Finalement, l’association «Mbour Justice» et quelques responsables vont porter le combat et engager des poursuites judiciaires contre le maire. Une plainte alors est déposée et une enquête ouverte. Depuis lors, l’on assiste à d’interminables va-et-vient des deux parties au tribunal. Finalement, c’est hier, lundi 6 janvier 2020, que le procès s’est tenu.
Le maire, qui s’était toujours opposé à fournir le papier de la délibération, a fait hier machine arrière en remettant au juge le document ainsi que l’autorisation de construire. Toutefois, il était loin de se tirer d’affaire, puisque le Code des collectivités locales exige qu’après chaque délibération, il y ait un procès-verbal (Pv). Or, Fallou Sylla a été incapable de fournir une pièce justificative du PV. Assigné par l’association «Mbour Justice», le secrétaire général de la municipalité a soutenu qu’il n’y a jamais eu de PV. Lorsque le procureur lui a demandé si le préfet avait approuvé cette décision du Conseil municipal, le maire a répondu par l’affirmative. Seulement, il ajoute qu’il a égaré le PV.
A cette réponse, le juge lui a rétorqué que le préfet ne peut pas approuver une décision du Conseil municipal sans que le PV ne fasse partie des documents. D’ailleurs, au niveau de la préfecture, il n’existe aucun PV prouvant l’existence de la réunion du Conseil municipal au cours de laquelle la fameuse délibération a été faite. Compte tenu de ces éléments, l’avocat de la partie civile a demandé l’arrêt immédiat des travaux et la restitution de la place qui doit être aménagée en espace vert. Selon Me Diallo qui a réclamé la somme de 100 millions Fcfa en guise de dommages et intérêts, il est inacceptable que les maires passent leur temps à dilapider les réserves foncières.
Pour sa part, le conseil du maire a soutenu que les plaignants sont des politiciens tapis dans l’ombre et à la solde de faucons qui veulent la peau du maire Fallou Sylla. Et Me Ndior d’ajouter que l’association «Mbour Justice» n’a pas de légalité pour traîner son client en justice. C’est pourquoi il réclame à son tour la somme de 100 millions Fcfa à la partie civile qui, dit-il, a tenté d’écorner l’image du maire. Convaincu de la constance des faits reprochés au mis en cause, le Parquet a requis 6 mois d’emprisonnement ferme et une amende de 100 millions Fcfa contre Fallou Sylla.
Le délibéré est fixé pour le 3 février.
«LE PRESIDENT DOIT PRENDRE A BRAS LE CORPS CE SECTEUR QUI EST NEVRALGIQUE»
Ancien directeur des hôpitaux de Fatick et de Kolda et ancien Conseiller technique au ministère de la Santé, Dr Amadou Ba a l’expertise requise pour diagnostiquer les différents maux qui affectent le système sanitaire prescrire un traitement de choc.
Entretien réalisé par Mame Diarra DIENG |
Publication 07/01/2020
Ancien directeur des hôpitaux de Fatick et de Kolda et ancien Conseiller technique au ministère de la Santé, Dr Amadou Ba a l’expertise requise pour diagnostiquer les différents maux qui affectent le système sanitaire prescrire un traitement de choc. L’homme qui comptabilise 40 ans dans le secteur se prononce sur la problématique des urgences. A la suite de son diagnostic, il soutient que les hôpitaux vont aller de mal en pis tant que le système n’aura pas été changé.
Le ministre de la Santé a pris une série de mesures concernant la gestion des urgences au Sénégal. Comment jugez vous ces mesures ?
Je considère que c’est une série de mesures qui consistent à rappeler une disposition qui est fondamentale pour les hôpitaux, parce que la mission essentielle d’un hôpital, c’est de recevoir les malades de différentes catégories. La première catégorie, ce sont les urgences, la deuxième catégorie, ce sont les référés et une troisième catégorie que nous n’appelons pas les malades, ce sont les femmes en couches. Voilà les trois catégories de patients que l’hôpital reçoit, mais l’urgence est la caractéristique fondamentale à laquelle chaque hôpital doit pouvoir véritablement répondre.
Pour vous, comment se comporte le Service d’Accueil et des Urgences (Sau) dans nos hôpitaux ?
Là, il s’agit d’un problème de dispositif et non de disposition, parce que dire qu’un hôpital n’a pas de moyens est une aberration. Il n’y a pas d’hôpital qui ne dispose pas de moyens. Maintenant, c’est à l’administration de l’hôpital de pouvoir aménager son dispositif au point que le Sau soit bien aménagé. Il reçoit en premier le malade avant de pouvoir l’orienter dans les services spécialisés. Un hôpital par essence est la spécialisation. Une des caractéristiques de l’hôpital est de disposer de suffisamment de lits et de les organiser et les répartir dans les différentes divisions en sorte de pouvoir répondre à sa mission de service public. Il ne sert à rien de remplir les départements, c’est-à-dire les services spécialisés si déjà au niveau de l’accueil, le patient est mal accueilli ; par conséquent il sera mal orienté. Autrement dit, un hôpital sans un bon service d’urgence est tout sauf un hôpital.
La nuit, il a été constaté que le Sau est assuré par des stagiaires. Comment expliquez vous cela ?
Si c’est le stagiaire qui reste en garde, bonjour les dégâts. Comment va-t-il procéder avec l’urgence qui vient? Encore qu’un stagiaire ne doit pas prendre des décisions. Il soumet la décision au titulaire et c’est à ce dernier de signer l’acte. Si ce sont les stagiaires qui assurent la garde, ils sont en porte-à-faux avec la loi. Et on peut les sanctionner à tout moment. Quand c’est un stagiaire qui prend les décisions et travaille sans encadrement, on va assister à des erreurs médicales. Quand il s’aventure à faire des traitements aux malades, il est à 99% de commettre des erreurs. Moi, je ne dis pas que c’est une erreur, parce qu’une erreur est commise par quelqu’un qui est habilité. Quelqu’un qui n’est pas habilité et qui commet ces genres de choses, il n’a pas fait d’erreurs, il a fauté.
A votre avis, qu’est-ce qu’il faut faire pour avoir une bonne gestion des urgences ?
La bonne gestion des urgences dépend simplement d’une bonne organisation du système hospitalier et c’est là où l’Etat a failli. Quand on dit urgence, qui est la mission fondamentale d’un hôpital, l’on se doit de respecter le principe de référence contre référence. C’est un principe qui n’est presque pas appliqué. Car, on dit principe de référence contre référence, cela suppose que l’organisation du système national de santé est faite de sorte que chaque structure réfère à un niveau supérieur ou à un secteur approprié. Théoriquement, nous avons un système pyramidal qui part de la case de santé au centre hospitalier universitaire. Ce système pyramidal voudrait que le sommet soit pointu et que la base soit large. Mais le système hospitalier devait suivre le même schéma en respectant la carte hospitalière. Si on avait un système hospitalier correct, le SAMU n’aurait pas sa raison d’être. Quelle est la mission du SAMU national ? C’est de pouvoir réguler et faire des orientations des malades et d’aller les prendre en des endroits. Le SAMU dispose d’ambulances, d’ambulanciers, de médecins, d’urgentistes. Mais tout ce personnel et ces moyens peuvent être redéployés dans les hôpitaux pour renforcer le plateau technique. Si le système de contre-référence est bien respecté, on saura où mettre chaque malade qui est diagnostiqué dans un hôpital, où l’orienter. Cela aurait également économisé le carburant des ambulances. Il faut faire en sorte que chaque hôpital dispose de l’ensemble des spécialités dont il a besoin. Quand vous allez à la Faculté des médecines, vous entrez dans une classe par exemple de 20 à 30 spécialistes, les Sénégalais occupent une place congrue de 2 ou 3 spécialistes.
Dr, quelle est la carte sanitaire du Sénégal ?
La réforme hospitalière de 1998 est claire. Elle dit ceci : le Sénégal dispose de trois ordres d’hôpitaux érigés en établissements publics de santé (Eps). Au nombre de 10, les Eps de niveau 1 sont appelés des hôpitaux communaux. Après, il y a les Eps de niveau 2 communément appelés hôpitaux régionaux qui, au nombre de 15, sont répartis sur 10 régions. Ce qui veut dire qu’il y a 4 régions qui ne disposent pas d’hôpitaux de niveau 2 alors que nous avons 15 hôpitaux. Il y a 3 régions qui disposent de 2 hôpitaux régionaux, c’est une aberration. Il s’agit de Ziguinchor, Saint-Louis et Matam. La seule région de Diourbel dispose d’un hôpital de niveau 1 et 3 à Touba plus un hôpital régional à Diourbel. Au niveau de Thiès, nous avons un hôpital de niveau 2 et deux autres hôpitaux privés de niveau 2. Pour Dakar, nous avons 10 hôpitaux de niveau 3. L’hôpital de niveau 3 est un Centre Hospitalier Universitaire (Chu) qui par excellence doit faire de la formation, de la recherche et de la clinique. Un hôpital de niveau 3 qui se trouve dans une région, plus précisément à Touba où il n’y a pas une université, pourra-t-il fonctionner correctement ? Dakar ne dispose pas d’hôpital régional et c’est un dysfonctionnement dû à l’anachronisme du système hospitalier. Il n’y a pas de pyramide hospitalière au Sénégal. Mieux, on ne dispose pas d’une politique hospitalière, ni d’un code de la santé publique. L’organisation actuelle du ministère de la Santé n’est pas réglementée. La politique de santé est définie mais pas codifiée. Tous les problèmes du secteur de la santé partent de l’absence de ces documents fondamentaux qui devaient pouvoir orienter le secteur.
Vous n’avez pas parlé de l’Eps de niveau 4 dont dispose notre pays selon le président de la république.
J’avais dit en 2013 que l’on avait trompé la bonne foi du président de la République et cela m’avait valu un ostracisme sans précédent. Mais aujourd’hui, la déclaration du président de la République le 31 décembre passé m’a donné raison parce qu’il s’est fourvoyé en disant que nous avons 4 ordres d’hôpitaux au Sénégal. Il a même dit qu’il y a des hôpitaux de niveau 4 alors qu’un hôpital de niveau 4 n’existe pas au Sénégal et je suis formel. Cela veut dire qu’on l’a encore trompé. On lui a donné des informations qui sont fausses et qui ne sont pas vérifiées. Et si c’est la première institution de l’Etat qui se fourvoie à ce niveau-là, c’est extrêmement grave.
Les populations se plaignent de la cherté des soins au Sénégal, quelles solutions préconisez-vous pour régler ce problème ?
La santé n’a pas de prix et c’est un droit individuel, collectif voire constitutionnel. Les soins de santé doivent être accessibles géographiquement et financièrement à tout individu et c’est une recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’argent ne doit pas être un obstacle. C’est pourquoi, il y a un système de tarification qui est établie par la loi 98-08. Chaque citoyen, où qu’il se trouve, doit disposer de soins de santé de qualité à la dimension de son besoin, faute de quoi l’hôpital n’est pas à la disposition de la communauté.
Contrairement aux postes et centres de santé, c’est dans les hôpitaux qu’il y a toujours des problèmes. Qu’est-ce qui explique cela ?
C’est un problème de leadership et de management. Ceux là qui sont chargés d’administrer les hôpitaux, qui sont-ils ? La loi définit de façon claire qui doit être directeur d’hôpital et qui ne doit pas l’être. Maintenant, c’est au gouvernement de procéder à un audit pour savoir le profil réel de ces administrateurs. J’invite le ministre de la Santé et le président de la République à auditer sur cette question. Dès sa prise de service, j’ai envoyé à l’actuel ministre de la Santé un mémorandum de 5 pages pour lui dire exactement les problèmes auxquels le système est confronté. Mais cette lettre est sans suite jusqu’à ce jour.
Pour résoudre les problèmes de la santé, ne faudrait-il pas, selon vous, nommer à la tête du ministère quelqu’un du secteur ?
Un ministre n’est pas nommé es qualité. La preuve, les médecins qui sont nommés n’ont pas fait de résultats. Les meilleurs ministres de la Santé sont ceux-là qui ne sont pas du secteur. Je peux citer le cas d’Assane Diop qui a fait deux séjours au ministère de la Santé. Tous les instruments de gestion de la santé étaient sous son magistère. Ce n’est pas le profil professionnel qui est un problème, mais c’est un problème de leadership, d’engagement, de volonté, et avoir autour de soi une équipe honnête et sincère. Il n’y pas quelqu’un de plus engagé et professionnel qu’Awa Marie Coll Seck. Et pourtant, pendant son magistère, combien de fois on lui a fait coller des actes aux antipodes de l’administration. Cela est dû à des collaborateurs qui ne sont pas sincères. Un ministre, pour qu’il réussisse sa mission, doit avoir un entourage honnête et sincère. Des hommes dont la seule mission est de réussir une mission et non de s’enrichir au détriment du système. Et c’est cette dernière catégorie-là qui pollue le système de la santé. Awa Marie Coll Seck est partie jusqu’à signer un acte qui interdisait l’organisation de séminaires et j’avais attiré son attention en lui disant qu’on l’avait encore trompée parce qu’un séminaire est un cadre de réflexion. Elle aurait bien aimé réussir, mais son entourage ne l’a pas aidée.
On assiste à la prolifération des cliniques privées, alors que beaucoup de nos concitoyens n’ont pas les moyens d’aller dans ces structures ?
Il faut relativiser sur la présence de ces cliniques privées. Elles contribuent à améliorer le système de santé. L’Oms a dit ceci : il faut démocratiser le système, mais surtout le décentraliser. L’effort du privé est de faire du service public parce que c’est une mission qui lui est concédée. Ce qui est interdit est de travailler et dans le public et dans le privé. On ne peut pas être agent de l’Etat et travailler dans le privé. On ne peut pas évoluer dans un hôpital et ouvrir une clinique à côté de l’hôpital. Cependant, le coût des soins doit être modulé. Je parie ma main sur le Coran qu’aucun hôpital ne peut fonctionner si véritablement ce système est maintenu. Les hôpitaux iront de mal en pis tant que ce système n’aura pas été changé. Tant que certains hommes que j’appelle les dinosaures du système n’auront pas été enlevés, il sera toujours malade. C’est un système agonisant et il va mourir de sa belle mort, si on ne prend pas les dispositions qu’il faut. Et c’est le président de la République qui doit prendre à bras-le-corps ce secteur, sachant que c’est un secteur névralgique. C’est un secteur sans lequel il ne peut y avoir d’émergence au Sénégal parce que pour faire émerger ce pays, il nous faut des bras valides, des hommes sains. L’hôpital est plus malade que les malades.
Un autre problème, ce sont les évacuations sanitaires. Que faire pour remédier à cette situation ?
Les Marocains, les Tunisiens, les Ivoiriens et les Burkinabé pour ne citer que ceux-là, tous ont fait leurs formations ici à la faculté de médecine de Dakar qui date de 1952. C’est la première faculté de médecine en Afrique. De 1952 à nos jours, cela fait combien de temps ? Aujourd’hui, cette université continue à produire et de fort belle manière des agents très respectés dans la sous région. Ce n’est pas pour rien qu’on observe ce qu’on appelle une fuite des cerveaux : des cadres formés ici et qui servent ailleurs. Vous allez en France, il n’y a pas un seul hôpital où il n’y a pas de médecins sénégalais ou bien de personnel sénégalais. Vous allez au Canada également, le personnel sénégalais est là-bas. C’est vous dire la qualité de nos ressources humaines. On a des ressources humaines véritablement de qualité, mais quand ces ressources humaines ne sont pas utilisées à bon escient, c‘est un problème. Si on interdisait les évacuations sanitaires, quelle que soit la catégorie sociale du citoyen, les politiciens, les médecins, les parlementaires bref toutes les catégories socioprofessionnelles allaient s’investir pour que les hôpitaux soient performants et que les services de soins soient de qualité. Mais c’est parce que nos dirigeants, nos politiciens, nos administrateurs ont des moyens de se soigner ailleurs qu’ils s’en f… de notre système. Les évacuations sanitaires coûtent cher à l’Etat, même très cher à l’Etat alors que cet argent pouvait servir dans nos hôpitaux. Une fois, j’ai fait une communication au WARC sur un sujet : «la problématique de la politique hospitalière au Sénégal». Un de vos confrères m’a posé une question par rapport au bateau médicalisé qui mouille dans nos eaux et j’ai dit : voilà un indicateur net et clair de l’échec du système de santé au Sénégal. C’est un indicateur d’échec, pourquoi cela ? Parce que ce sont des médecins, un personnel et des médicaments qui nous viennent d’ailleurs. C’est un hôpital ambulant qui va nous coûter plus de 2 milliards Fcfa. Si ces deux milliards étaient investis dans nos hôpitaux en termes de matériels, en termes d’équipements et en termes de motivation de personnel, cela allait régler notre problème.
Ces médecins et infirmiers qui sont dans le bateau Mercy Ships sont-ils plus qualifiés que nos médecins ?
Non. J’ai dit que nous avons les meilleures ressources humaines au Sénégal. Nos médecins, nos infirmiers, nos sages-femmes sont prisés et dans la sous région et en Occident. Mais cela veut dire que s’ils avaient de la motivation adéquate, ils allaient rester dans leur pays, dans leurs familles au service de leurs concitoyens. C’est parce que justement, il n’y a pas tout cela, qu’il y a cet exode de médecins, d’infirmiers et de sages-femmes dans notre pays. C’est à cause de cela que ce bateau médicalisé est là dans nos eaux. Mais quoi faire ? Nous avons suffisamment de chirurgiens. Nous avons les meilleurs chirurgiens en Afrique. Nous avons les meilleurs professeurs en médecine. Awa Marie Coll Seck en est un exemple. Le secteur de la santé encore une fois est malade. Le diagnostic est posé. Le traitement est connu, mais il reste maintenant la volonté véritablement d’appliquer le traitement. Le protocole existe et le traitement existe. Ceux-là qui sont capables de soigner ce grand malade sont là, au Sénégal. On n’a pas besoin d’aller les chercher ailleurs. Ils sont là et la première chose est simplement de réorganiser le secteur ni plus ni moins, et avoir également des hommes et des femmes sérieux. Nous avons des hommes et des femmes capables, maintenant il reste à avoir des hommes et des femmes sérieux.
Parlez-nous, Dr, des livres que vous avez écrits ?
J’ai écrit trois ouvrages. Le premier livre est appelé «Diagnostic d’une endémie hospitalière au Sénégal». Le second est intitulé «La thérapie hospitalière». Et le dernier porte sur «L’administration de la santé». La thérapie est le traitement des hôpitaux. L’hôpital est un patient malade et il faut le soigner, mais aussi c’est le système hospitalier qui est malade parce que les dispositions de la loi ne sont pas respectées. Il y a trois éléments qui le prouvent : les urgences sont une disposition de la loi et elles ne sont pas respectées depuis 1998. Il y a deux autres dispositions : la comptabilité analytique et le système d’information hospitalier. Ce sont des éléments de transparence mais pourquoi les gens refusent-ils de l’appliquer dans les hôpitaux ? Cela veut dire qu’il y a une volonté délibérée de masquer quelque chose.
COMMENT L’ETAT ENRICHIT SA CLIENTÈLE POLITIQUE
L’affaire relative aux intrants agricoles révèle une véritable mafia logée au plus haut sommet de l’Etat - De fracassantes révélations par une source très au fait de ce qu’elle qualifie de « grand banditisme d’Etat »
L’affaire relative aux intrants agricoles révèle une véritable mafia logée au plus haut sommet de l’Etat. Lequel enrichit qui il veut notamment au niveau de sa clientèle politique. Au nombre des bénéficiaires figurent aussi des souteneurs politiques, des marabouts, footballeurs, des intermédiaires, etc. Bref, une clientèle politico-affairiste entretenue à partir de l’attribution de ces fameux marchés d’intrants. De fracassantes révélations par une source très au fait de ce qu’elle qualifie de « grand banditisme d’Etat ».
L’affaire à forte teneur de scandale dite Moussa Cissé Lo et portant sur les attributions partisanes de marchés relatifs aux intrants agricoles, n’est en fait que l’arbre touffu qui cache la forêt de la grande magouille qui se joue au sommet de l’Etat. En effet, renseigne notre source qui s’active dans le secteur des intrants agricoles depuis plusieurs années, pour se procurer des engrais et des semences, l’Etat a fait le choix de les acheter à un prix plus cher pour permettre aux fournisseurs de réaliser des marges conséquentes sous le prétexte de subvention au profit des agriculteurs.
En termes plus précis, l’Etat achète les intrants très au-dessus des prix réels du marché. Cette magouille a commencé du temps du défunt régime du président Abdoulaye Wade en 2000. C’est durant le magistère du pape du Sopi que cette mafia autour des engrais a vu le jour et s’est développée. Explication de notre source : « Comme c’est subventionné, l’Etat achète ces intrants plus cher pour les vendre moins cher, quasiment à la moitié du prix d’achat, aux paysans. Durant le magistère de Me Wade, il n’y avait que quatre entreprises qui gagnaient les marchés d’engrais laissant la portion congrue aux autres. Il s’agissait de Agrofitex, Senchim, Tse de Cheikh Amar et Matix. Et c’est avec l’arrivée du Président Sall au pouvoir en 2012 que l’Etat a cassé le « monopole » à quatre de ces entreprises pour élargir le marché à plusieurs personnes, groupements et entreprises. Ces nouveaux attributaires se retrouvaient généralement avec un quota de 2000 tonnes pour certains et 4000 tonnes pour les plus chanceux. « L’Etat a acheté le kilogramme d’engrais à 331 francs en 2019, des bons de commande en bonne et due forme l’attestent. Un prix très cher par rapport à celui du marché. Ce qui prouve que le procédé est utilisé à dessein pour enrichir des gens.
En effet, des personnes ont acheté l’engrais à 210 francs le kilo pour le revendre à 331 francs à l’Etat. Autrement dit, elles se retrouvent ainsi avec 100 mille francs de bénéfice sur chaque tonne. Et si l’heureux bénéficiaire a obtenu un quota de 1000 tonnes, à lui le jackpot. Puisque se retrouvant ainsi miraculeusement millionnaire avec 100 millions en banque, surtout que le bon de commande le plus famélique est souvent estimé à 2000 tonnes » souligne notre interlocutrice. Parmi ces bienheureux, notre source cite des anciens footballeurs comme El Hadj Diouf et Khalilou Fadiga, le politicien kaolackois et époux du ministre Mariama Sarr, Mamadou Ndiaye Rahma, Moustapha Cissé Lo sans compter des dignitaires et recommandés des grandes familles maraboutiques. Pire, tient à préciser notre source, certains de ces attributaires des marchés n’exécutent pas leur engagement, mais vont plutôt monnayer leurs bons de commande auprès de vrais opérateurs économiques. «Ils font un deal avec eux et se partagent le bénéfice» indique-t-elle.
Un procédé pour enrichir une clientèle politique
Une pratique à laquelle l’Etat aurait pu mettre fin mais qu’il laisse prospérer pour enrichir sa clientèle politique, ses amis et proches. En effet, révèle notre source, « le véritable problème dans cette affaire, c’est que l’Etat n’organise pas d’appels d’offres. S’il y avait un appel d’offres en libre concurrence, les gens auraient proposé de meilleurs prix et l’Etat aurait acheté moins cher.
De ce fait, il n’y aurait pas eu toute cette magouille autour de ces intrants. Mais puisque personne ne veut que cette pratique disparaisse, elle a encore de beaux jours devant elle. L’Etat fait des consultations restreintes et ciblées pour demander des cotations pour la forme aux personnes devant éventuellement bénéficier des bons de commande. Les bienheureux choisis semblent être des porteurs de voix ou personnalités dans les bonnes grâces du système. Ce qui fait que depuis 2000, chaque année, il y a environ plus de 80 milliards refilés à des gens pour les enrichir sans cause ». « C’est une nébuleuse qui se passe entre la Direction de l’Agriculture et le ministère. Mais, il faut savoir que la vraie mafia se fait au plus haut sommet de l’Etat. Tout prend départ à ce niveau. A partir de janvier, les gens vont se bousculer pour solliciter et négocier des bons de commandes. Il y a des gens qui ne vivent que de ce business. Cela pose le problème général de la rationalisation de la dépense publique. En effet, là où l’Etat peut acheter moins cher, il se permet de le faire sans compter et c’est le contribuable sénégalais qui paie la note finale.
C’est l’exemple d’une rame de papiers qui coûte 4500 F aux ministères et agences alors qu’en réalité, on peut l’acheter à 2000 F à Tilène » ajoute notre source. (Ndlr, ce qu’elle ne dit, c’est que ce sont les rames de papier achetées à prix d’or par l’Etat qui alimentent le circuit parallèle de Tilène !) Et plutôt que de développer le pays ou de créer des richesses, c’est une caste de privilégiés qui tire profit de ces intrants et de la commande publique. La fin de ces pratiques de surfacturation et d’enrichissement sans cause aurait pu régler le problème des abris provisoires par exemple. Mais le régime est bien obligé d’entretenir la poule aux œufs d’or pour perpétuer sa survie. « C’est une vraie mafia. Depuis 2000 jusqu’à nos jours, plus de 1000 milliards de francs auraient dû être économisés par l’Etat. Avec cette somme, on aurait réglé beaucoup de problèmes dans le pays. Ça aurait pu, par exemple, résoudre la lancinante équation des 6000 abris provisoires. Parce qu’avec 45 milliards seulement, on peut construire en dur les 6000 classes indignes d’un État indépendant depuis soixante ans », éructe de rage notre interlocuteur Revenant sur l’affaire Cissé Lo que le directeur du quotidien national « Le Soleil » accuse d’avoir reçu 4000 tonnes, notre source précise que ce n’est pas en réalité 4000 tonnes qu’on lui remet à distribuer, mais des bons de commande. Rien qu’avec ce quota, le parlementaire de la majorité présidentielle — et vice-président de l’Assemblée nationale ! — a la possibilité de gagner 400 millions de francs les doigts dans le nez. « Chaque individu à qui on remet 1000 tonnes peut être certain d’avoir 100 millions.
Ainsi, l’Etat enrichit qui il veut à partir d’une simple signature. Et des gens qui n’ont même pas d’entreprise se retrouvent avec des bons de commande » explique encore, indigné, notre interlocuteur. Selon cet opérateur économique s’activant dans les intrants agricoles, la seule façon pour mettre fin à cette magouille, ce serait de procéder à un appel d’offres ouvert et transparent. « On ne peut pas se permettre de balancer annuellement 80 à 100 milliards au nom de rien. Il y a des gens qui manquent d’engrais, car les quantités distribuées ne suffisent même pas. C’est-à-dire que là où l’Etat achète 80 mille tonnes, si les choses avaient été faites normalement, on aurait acheté 150 mille tonnes ». Une vieille pratique qui risque de perdurer si l’on sait le pouvoir de nuisance de cette puissante mafia logée au cœur du dispositif étatique et qui enrichit à peu de frais une clientèle en échange bien souvent de commissions. Ou de rétrocommissions.
AU-DELA D’UNE SIMPLE INTERDICTION DE LA PUBLICITÉ DES PRODUITS DÉPIGMENTANTS
Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue Innocent Laïson, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant.
Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue Innocent Laïson, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant. Ce combat exige une sincère réconciliation avec soi. Collectivement, il nécessite de la part du sociologue une repensée et une rééducation portant sur les normes et valeurs symbolisant la beauté noire africaine.
La mise en demeure adressée par le Conseil national de régularisation de l’audiovisuel (CNRA) à plusieurs organes de presse pour diffusion de produits dépigmentant et la sanction appliquée à Sen TV par l’arrêt de ses programmes pour sept jours (du 31 décembre 2019 au 6 janvier 2020) remettent au goût du jour, selon le sociologue Innocent Laïson, la question fondamentale de notre rapport au Noir. Car « il s’agit bien d’interroger les motivations profondes des hommes et des femmes noires à se dépigmenter ».
A quoi répond cette tendance à s’éclaircir la peau ? Notre source convoque d’emblée Frantz Fanon qui, en 1952 dans Peau noire, masques blancs, au chapitre 3 consacré à L’homme de couleur et la Blanche, avançait ceci : « De la partie la plus noire de mon âme, à travers la zone hachurée me monte ce désir d’être tout à coup blanc. Je ne veux pas être reconnu comme Noir, mais comme Blanc. ».
Pour soigner ce trouble de la personnalité, le Noir part à la conquête de la Blanche. Et Fanon de dire : « Son amour m’ouvre l’illustre couloir qui mène à la prégnance totale… J’épouse la culture blanche, la beauté blanche, la blancheur blanche. Dans ces seins blancs que mes mains ubiquitaires caressent, c’est la civilisation et la dignité blanches que je fais miennes. » On en est encore à ce stade, se désole le sociologue. Qui soutient que le traumatisme vécu pendant les siècles d’esclave et les années de colonisation a pour séquelles chez le Noir un déni de soi-même, un sentiment d’infériorité face au Blanc.
« La dépigmentation cosmétique est considérée comme une mue (renouvellement du plumage) et procède d’une thérapie qui apaise ce trouble de la personnalité » poursuit-il. Comme la fille noire du « test de la poupée » du couple de psychologues américains Kenneth et Mamie Clark, « nous attribuons sans hésitation la sagesse, la gentillesse, l’intelligence et la supériorité dans tous les domaines à la poupée pâle et refusons obstinément de ressembler à la poupée brune ». Il faut à tout prix se débarrasser de cette couleur qui fait tache…sombre. « On se souvient des joueurs de l’équipe du Zaïre qui s’étaient dépigmentés pour ‘’exprimer leur égalité’’ aux autres joueurs européens participant à la coupe du monde de 1974. Aujourd’hui, il est courant de voir des enfants que les parents dépigmentent, à leur insu, prétextant leur ‘’offrir plus d’opportunités dans la vie’’ en améliorant leur paraître », explique de diplômé de l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Malgré les complications médicales connues et les coûts économiques onéreux qui en découlent, la dépigmentation est encouragée, selon lui, par le diktat des canaux de beauté dits modernes occidentaux. La beauté est blanche. Et nous l’acceptons intérieurement.
Et de s’interroger : « Combien sommes-nous à exhiber avec fierté notre compagne ou compagnon à peau blanche ou claire, voire xessalisée ? » Bien nombreux.
Ainsi, abstraction faite de quelques résistants, principalement idéalistes prônant une certaine authenticité africaine par la préservation de la peau noire, « un bon nombre a déjà fini de conquérir sa peau blanche ». Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant.
« Ce combat exige, individuellement, une profonde introspection et une sincère réconciliation avec soi ; collectivement, une repensée et une rééducation portant sur les normes et valeurs symbolisant la beauté noire africaine ».