Boy Lô / Réparé, beau duel d’espoirs
Le combat entre Boy Lô (Tefess Gui) et Réparé (Papa Kane) est voulu par les deux camps. Ces deux espoirs de la lutte sont en train de faire leurs preuves dans l’arène et aspirent à atteindre les sommets, un jour. Le duel serait même démarché par des promoteurs. Le lutteur de Tefess Gui est prêt à affronter Réparé.
Bébé Ndigueul défieBoy Ndiago pour se relancer
Vaincu par Géant Eumeu (Boul Laal), le 14 mars passé à Bargny, Bébé Ndigueul (Bosco Sow) reconnaît son erreur et compte rectifier le tir lors de sa prochaine sortie. Le lutteur veut croiser Boy Ndiago (Bada Dione) avant la fin de la saison. Il veut lui régler son compte et relancer sa carrière.
Boy Kaïré évacue le stress
Boy Kaïré était stressé samedi passé lors du combat entre Bébé Diène (Soumbédioune) et Fourrière (Grand-Yoff Mbollo). Pour évacuer la pression, le coach de Bébé Diène s’est adonné à des étirements et des va-etvient à quelques minutes du coup d’envoi de l’arbitre. Heureusement pour lui, son poulain a remporté le duel.
Remise de lot des promoteurs, hier mardi
Hier en début d’après-midi, au ministère des Sports, a eu lieu une cérémonie lors de laquelle l’Association des promoteurs dirigée par Pape Abdou Fall a remis symboliquement un lot de matériel sanitaire pour participer à la lutte contre la propagation du coronavirus. Un beau geste des bailleurs de l’arène.
Le ministre sensible aux cas de Baba Diaw et Mor Mbaye
Lors de son audience avec l’Association nationale des promoteurs, Matar Ba n’a pas manqué d’évoquer la suspension des activités à la veille des galas des promoteurs Baba Diaw et Mor Mbaye. Avec cette mesure de portée nationale interdisant les manifestations sportives pour une période d’un mois, ils ont certainement laissé des plumes.
Matar Ba, une vieille connaissance de Fallou Faye
Le promoteur et président de l’écurie Baol Mbollo est longuement revenu sur ses rapports avec Matar Ba, lorsqu’ils étaient membre du mouvement Navétane. Fallou Faye, orateur du jour de l’Association nationale des promoteurs, a aussi exposé la nécessité de prendre en charge les bailleurs en cas de reports indépendants de leur volonté.
Double Tyson veut Franc
Double Tyson est le Roi de Koalack. Il a fait des émules dans le Ndangane. Pensionnaire de l’école Bosco Sow, il a également signé des incursions fructueuses en Gambie. Sans combat depuis quelque temps, Double Tyson défie Franc de Parcelles Mbollo.
Mor Mbaye reste stoïque
Mor Mbaye devait organiser ce dimanche une journée des espoirs. Avec la suspension des activités sportives pour endiguer la propagation du coronavirus, le boss de Nguéweul Gui Productions ne sera pas en lice. Il nous explique qu’il ne peut pas faire autrement d’autant que les mesures prises par les autorités du pays se justifient.
Reug Reug soutient Siteu
Les rapports entre Siteu et Reug Reug sont au beau fixe. En direction du combat du Phénomène de Lansar contre Papa Sow, la Foudre de Thiaroye lui apporte son soutien. Reug Reug et Siteu se sont rendus ensemble chez des marabouts pour bien se blinder mystiquement.
CORONAVIRUS : MACKY SALL RELÈVE LE DÉFI DE PAUL KAGAME
Il y a quelques jours, le président rwandais a partagé sur son compte twitter une vidéo de lui en train de se laver les mains et a invité plusieurs présidents africains à relever le challenge
L’Organisation Mondiale de la Santé a lancé, il y a quelques jours, un challenge et un hashtag : #SafeHands
Objectif : sensibiliser au lavage des mains, une des recommandations pour éviter la contamination au Coronavirus.
Il y a quelques jours, Paul Kagame, a partagé sur son compte twitter une vidéo de lui en train de se laver les mains et a invité plusieurs présidents africains à relever le défi.
Le président sénégalais Macky Sall a accepté le challenge.
SUR LA PETITE-CÔTE, L’INQUIÉTUDE DES TOURISTES APRÈS LA SUSPENSION DES VOLS
A Ngaparou, Gislaine, une touriste belge, désapprouve la suspension des dessertes aériennes, tout en reconnaissant que la lutte contre l’épidémie de coronavirus nécessite toutes les dispositions utiles
Des touristes occidentaux en vacances sur la Petite-Côte (ouest), au Sénégal, se disent ‘’très inquiets’’ après la décision des autorités sénégalaises de suspendre, pour une durée d’un mois, les liaisons aériennes entre le Sénégal et certains pays de l’Union européenne et du Maghreb, afin de freiner l’épidémie de coronavirus.
A la station balnéaire de Saly-Portudal, à Ngaparou, Somone, Nianing, Warang et dans la commune de Mbour, cette inquiétude est perceptible chez les touristes originaires des pays concernés.
Il en est ainsi chez ces quatre Français rencontrés à Saly-Portudal, sur la route de Ngaparou. Gimenez Violette et son mari, Jean, et le couple Reg et Danielle, arrivés au Sénégal respectivement le 1er et le 12 mars dernier, n’arrivent toujours pas à comprendre cette décision.
‘’Nous déplorons le manque d’information par rapport à cette mesure. Le grand souci, c’est l’ignorance. Nous ne disposons d’aucune information’’, disent-ils en chœur. Pour eux, dans pareille situation, une ‘’large communication’’ s’impose, afin que les concernés puissent savoir à quoi s’en tenir.
Les deux couples français, qui, d’habitude, séjournent au Sénégal presque tous les six mois, souhaitent que des mesures soient prises par les autorités sénégalaises pour leur permettre de regagner leur pays et de retrouver leur famille.
Ils souhaitent qu’on leur affrète ‘’un vol le plus vite possible’’ et disent vouloir rentrer chez eux, car étant à la fin de leurs vacances.
Les quatre touristes disent avoir été obligés d’héberger certains de leurs compatriotes surpris par la suspension des liaisons aériennes avec la France, l’Espagne, la Belgique, l’Italie, le Portugal, l’Algérie et la Tunisie.
Il s’agit, selon eux, de touristes dont les réservations dans les hôtels ont pris fin au terme de leur séjour au Sénégal. Ils sont donc obligés de libérer leur chambre, sans pouvoir quitter le Sénégal en raison de la suspension des vols.
André et Jacques, deux sexagénaires de nationalité française, estiment que la décision ne concerne pas les vols au départ du Sénégal, mais seulement ceux qui viennent d’autres pays.
‘’Pour nous, rien ne s’oppose à ce qu’on rentre chez nous, en France, puisque ce sont les avions qui arrivent au Sénégal qui sont concernés. Nous rentrons chez nous. Nous rentrerons si effectivement il y a des avions. Nul ne peut nous en empêcher’’, lance André. Jacques est aussi du même avis que son compatriote.
A Ngaparou, Gislaine, une touriste belge, désapprouve la suspension des dessertes aériennes, tout en reconnaissant que la lutte contre l’épidémie de coronavirus nécessite toutes les dispositions utiles.
‘’Je suis d’accord qu’on doit faire dans la rigueur pour éviter la propagation du virus. Mais avant de prendre ce genre de mesure, il faut d’abord une bonne planification’’, suggère-t-elle en présence d’autres touristes français, belges, italiens et d’une Canadienne.
Pablo, un touriste d’origine espagnole vivant en Italie, salue la suspension des liaisons aériennes avec certains pays européens et maghrébins. Il dit y adhérer à ‘’100%’’.
‘’Si fermer toutes les frontières permet de combattre la maladie, je suis vraiment pour ce genre de mesure, d’autant plus que le monde est devenu un village planétaire. Aujourd’hui, même s’il y a des pays qui n’ont pas enregistré de cas, aucune contrée du monde n’est à l’abri’’, déclare un jeune Français en vacances à Somone.
Le gouvernement sénégalais a annoncé lundi la suspension, pour une durée d’un mois, de toutes les lignes aériennes avec la France, l’Espagne, la Belgique, l’Italie et le Portugal, ainsi qu’avec l’Algérie et la Tunisie, pour réduire les risques de la propagation du coronavirus.
La mesure entre en vigueur dès mercredi à 23 h 59. Selon le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, les vols cargos et les évacuations sanitaires ‘’ne sont pas concernés par la mesure’’.
DES CITOYENS METTENT LA MAIN À LA POCHE POUR LUTTER CONTRE LE CORONAVIRUS
Un téléthon non officiel (pour le moment) est lancé au Sénégal. Les personnalités publiques et des initiatives privées versent au comité de lutte contre la pandémie, des appuis conséquents
Un téléthon non officiel (pour le moment) est lancé au Sénégal. Les personnalités publiques et des initiatives privées versent au comité de lutte contre le coronavirus des appuis conséquents.
Parmi les donateurs, le Khalife Général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Une enveloppe de 200 millions a été donnée à l’Etat au nom de la ville de Touba. L’international sénégalais, Sadio Mané, a aussi contribué à hauteur de 30 millions de F CFA, informe le quotidien sportif record.
Dans cet nouvel élan de solidarité, le Pdg de Wari, Kabirou Mbodj qui a donné 50 millions de F CFA au comité de lutte contre le coronavirus.
D’autres Sénégalais ont apporté un appui matériel ou financier dans la gestion du Covid-19. Le Pdg du Groupe Futurs Médias, Youssou Ndour a émis 10 millions de F CFA en produits pharmaceutiques. Sa télévision, TFM a mis à disposition des élèves une émission éducative, « Salle des Profs » pour suivre des cours à distance durant ce congés de trois semaines.
E media informe également que les chanteurs Waly Seck et Pape Diouf ont donné respectivement cinq et six millions de F CFA.
Le groupe D média a, pour sa part, mis à la disposition du ministère de la Santé et de l’Action sociale, l’ensemble de ses supports Sen tv, Zik fm, actunet et le quotidien la Tribune pour des publicités gratuites. En plus, une somme de 5 millions francs CFA sera remise aux autorités sanitaires.
Les institutions publiques aussi ont mis la main à la poche, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) a décidé de remettre 20 millions de F CFA aux services compétents de l’Etat en charge de la coordination.
Le ministère de la femme a aussi convoyé un important lots de produits composés de savons liquides, lave-mains…
Une source interne au Conseil économique social et environnemental promet que l’institution émettra un don en matériel.
MÊME LES DJIHADISTES ONT PEUR DU COVID-19
Daech ou l‘État islamique aussi a horreur du nouveau coronavirus. L’organisation jihadiste déconseille à ses éléments de se rendre dans des États touchés par la pandémie
africanews |
John Ndinga Ngoma |
Publication 17/03/2020
Vous n’en croirez pas vos yeux ni vos oreilles. Et pourtant, c’est vrai. Daech ou l‘État islamique aussi a horreur du nouveau coronavirus. L’organisation jihadiste déconseille à ses éléments de se rendre dans des États touchés par la pandémie.
« Les personnes en bonne santé ne doivent pas entrer dans les pays affectés par l’épidémie et celles qui sont contaminées ne doivent pas en sortir », peut-on lire dans une déclaration du groupe djihadiste publiée dans le bulletin de propagande al-Naba relayée par le journal britannique The Sunday Times.
Le COVID-19 touche quasiment tous les quatre coins de la planète. Y compris des pays du Moyen-Orient dont l’Irak (près de 110 cas pour quelque 10 décès) où est basé Daech.
Le coronavirus a déjà tué au moins 7063 personnes dans le monde depuis son apparition en décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 09h00 GMT (10h00).
«DAKAR EST UN VOLCAN ACTIF FACE AU RISQUE EPIDEMIOLOGIQUE DES NOUVEAUX VIRUS»
Ada Pouye, expert en coordination humanitaire, revient sur l’importance de la gestion de la communication de crise notamment dans le contexte du nouveau Coronavirus.
Ancien chef de la Section Communication pour le Développement de l’UNICEF lors de la crise Ebola en Guinée, Ada Pouye a parcouru plusieurs pays en situation de crise humanitaire en passant par la RDC, la Centrafrique, le Burundi, le Rwanda, Soudan, Somaliland, Puntland(Somalia) le Tchad à Abeché et le Nigeria plus particulièrement a Maiduguri l’épicentre de BokoHaram. Cet Coordonateur humanitaire de l’UNFPA, de l’UNESCO et de l’IPPF pendant plus de 20 ans revient sur l’importance de la gestion de la communication de crise notamment dans le contexte du nouveau Coronavirus. Il alerte également sur 'hypotheque que les nouveaux virus font peser à notre pays, particulierement notre capitale devenue poreuse aux risques épidemiologiques, du fait de sa position geographique et stratégique.
Le Sénégal fait face depuis quelques jours à des risques épidémiologiques avec l'arrivée du coronavirus sur le sol national. Un Plan national de riposte a été mis en place par les autorités. Que vous inspire cette situation inédite quand on sait que notre pays avait pourtant bien résisté à Ebola ?
Je commencerai par dire que le 21 siècle est devenu le siècle des virus malgré les avancées significatives de la science. Est-ce le résultat des changements climatiques ou les bouleversements de l’éco système, ou l’urbanisation et la pression démographique ? Une chose est certaine. Le XXI siècle est marqué par l’émergence des virus multiformes avec une migration accélérée dans les pays où le système de santé est d’une grande fragilité. En fait la propagation rapide des virus est un indicateur sur la faiblesse du système de sante. Si on fait l'archéologie des situations de grande pandémie, on peut dire qu'il y a eu des virus majeurs du XXI siècle qui se sont singularisés. Il y a eu d'abord le virus de la dengue, aussi appelé «grippe tropicale», en 1950. Il s’est surtout propagé en 2016, le nombre de personnes atteintes avait augmenté de 1,2 à 3,2 millions. Entre 1947- 2015, le virus Zika avec des symptômes particuliers (éruptions cutanées, conjonctivite, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête) qui sont plutôt légers et durent jusqu’à sept jours. Seuls 15 cas du virus Zika ont été enregistrés dans le monde depuis la découverte de cette maladie en 1947. C'est un virus pas trop mortel, mais redoutable par ses conséquences. En 2015 au Brésil, plus de 3 000 enfants de mères infectées par le Zika sont nés avec un cerveau endommagé et un crâne extrêmement petit. Le virus du Sida, le Vih Sida a ensuite fait son apparition dans les années 1980. Des millions de personnes sont aujourd'hui décédées de suite de maladies liées au Sida depuis le début de l'épidémie. Plus récemment en 2002, une épidémie du nouveau virus SRAS-CoV (Syndrome respiratoire aigue sévère - SRAS), appartenant à la famille des coronavirus, a été enregistrée dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine. Le nombre total de cas dans 37 pays a atteint 8 437 personnes, 813 personnes sont décédées. En 2014-2015, il y a eu la fièvre Ebola, 11 315 personnes sont mortes du virus, soit environ 50% de tous les patients. Auparavant en 2009 une pandémie de la Grippe A (H1N1) ou «grippe porcine» a débuté aux Etats-Unis et au Mexique, avant de se propager en Europe occidentale et en Russie. C’était la seconde des deux pandémies historiques causées par le soustype H1N1 du virus de la grippe A (la première étant la grippe espagnole de 1918). De 2009 à 2010, entre 100 000 et 400 000 personnes sont mortes de ce vrus. En novembre 2019, le Coronavirus Covid 19 a frappé en Chine : plus de 93 000 malades dans le monde et près de 3 200 morts.
Face à de nouveaux virus au mode de contamination rapide, que faut-il faire pour éviter une pandémie ?
Nous sommes la en plein dans la communication de crise, d’autant plus que nous avions tous les éléments d’appréciation avec une alerte mondiale lancée par l’OMS. Nous avons agi comme des sapeurs pompiers sans une politique de préparation à l’urgence. Ces phénomènes récurrents et plus récemment la fièvre Ebola doivent nous amener à réfléchir sur le changement de paradigme dans le domaine de la santé publique. Il ne s’agit pas de se focaliser sur une réponse exclusivement médicale, ce qui est malheureusement souvent une tendance quand on fait face à des virus de cette sorte. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte qu’il va falloir bien sérier pour développer une approche multisectorielle. Il faut saluer le Ministère de la Santé qui a mis en place un dispositif multisectoriel de gestion des risques sanitaires au niveau national et le Président qui a convoqué un conseil présidentiel qui a abouti à un plan de riposte pour un coût de 1,44 milliard. Tout ceci est à saluer, mais il faut aller au-delà de la gestion émotionnelle et politique et mettre un dispositif d’alerte précoce à tous les échelons administratifs jusqu’au niveau village avec l’implication de tous les acteurs face à la porosité des frontières et la faiblesse du dispositif de surveillance et de contrôle des entrées au Sénégal. Par exemple, j’étais au Nigeria dernièrement où est mis en place un dispositif de surveillance avec des formulaires obligatoires à remplir et la camera thermique. Le personnel médical doit, aussi, être mieux outillé et protégé en respectant les précautions édictées par l’OMS. Tous les medias traditionnels, modernes et sociaux sans compter les espaces sociaux doivent converger pour la formation et l’information du public. Affiches géantes, posters, émissions radios et télés, radios communautaires, vecteurs traditionnels de communication et mobilisation sociale doivent être investis pour une meilleure appropriation de la prévention. Chaque région doit disposer d’une cellule de gestion des alertes et de l’urgence Covid-19 combinée avec un dispositif local de dépistage primaire et éviter de dépendre de l’institut Pasteur exclusivement. Dakar est un volcan actif pour parler comme les vulcanologues, il faut renforcer le dispositif d’alerte de gestion de l’urgence et ne pas baisser la garde par négligence et fatalisme ou par le recours aux charlatans.
Quelles sont selon vous les meilleures stratégies de communication de crise ?
La communication de crise regroupe l’ensemble des actions de communication entreprises afin de limiter au maximum l’impact négatif d’une urgence sociale, politique, économique ou sanitaire qui survient à un moment où le pays était le moins préparé. Tout le monde savait que l’apparition du Covid-19 en novembre 2019 allait avoir une répercussion dans plusieurs pays à l’image de tous les virus. Cette migration humaine qu’on refuse dans d’autres cieux est tout à fait opératoire dans le contexte des virus. Tout le monde savait que ce qui se passait en Chine depuis les alertes lancées sur les réseaux sociaux en novembre n’allait pas tarder à être exporté. Même si le Sénégal a eu la chance d’avoir pu gérer et capitaliser les expériences dans la prévention et la prise en charge du VIH sida, le type de virus Covid-19 n’est pas comparable en termes de stratégie du fait du manque non seulement de ressources humaines et matérielles, mais d’un mécanisme national qui devra renforcer sa décentralisation pour être le plus proche des communautés de base. Le Sénégal, ce n’est pas seulement Dakar. La vitesse de propagation du virus est telle que nous devons ne pas nous faire d’illusion et nous appuyer sur les expériences passées qui avaient amené le Sénégal à ferler ses frontières avec la Guinée. La complexité des modes de transmission du coronavirus, la globalisation, la promiscuité sociale et la mobilité des populations sont autant de facteurs à considérer pour élaborer une vaste offensive pour la transformation au Sénégal pour reprendre le Colonel Cambel Dieng, un brillant expert en transformation et science comportementale qui a soutenu pendant des décennies les personnels des nations unies affectées par les crises humanitaires. Le préalable à toute stratégie de communication pour le développement, c’est l’intégration de la dimension socio anthropologique avec une bonne analyse des déterminants sociaux, comportementaux. Comment la société sénégalaise gère l’hygiène individuelle, la relation que nous avons de notre corps et avec l’autre dans la promiscuité sociale et la relation que nous avons avec l’eau ? L’information en temps réel avec un système d’information et de gestion des alertes au niveau communautaire est aussi un préalable. Mettre en place un Système Intégré d’Information communautaire est aujourd’hui une nécessité qui dépasse l’approche médicale et fait un pont avec les communautés actives et mobiles. Il s’agira de faire la veille et l’alerte pour tous les cas y compris les cas contact. Le déploiement des acteurs communautaires au niveau des badienou Gox, des daaras, des écoles, des usines, des marchés, des gargotes et dans le système de transport en commun, c’est cela le prix à payer pour éviter que nous en arrivions au confinement des aéroports ou quartiers entier.
On a beaucoup entendu parler de communication pour le changement de comportement. Que recouvre ce vocable ?
Aujourd’hui toute la communication est portée par l’idée que tous les cas que nous avons enregistres sont des cas importés alors même qu’il y a des vecteurs endogènes et des niches de propagation sociale du Coronavirus. Nous nous acheminons vers des moments difficiles avec tous ses rassemblements religieux, le carême chrétien et le ramadan bientôt, c’est cela l’enjeu pour mettre en place des plans sectoriels de contingence. La Communication pour le changement de comportements est une combinaison d’interventions coordonnées et systématiques pour soutenir les changements durables de comportement des individus, des communautés et des sociétés ou pour le changement de la cause sociale. Il faut se focaliser sur les individus et les facteurs contextuels du changement de comportement. Dakar est aujourd’hui surpeuplé avec plus de trois millions d’habitants. Il est aussi une poudrière si d’aventure ce virus entrait dans les maisons où les gens vivent dans une promiscuité sans précédent.
«Nous devons arrêter de faire les sapeurs pompiers et mettre l’accent sur la prévention»
A cela, il faut ajouter le défectueux transport urbain avec les «Ndiaga Ndiaye», cars rapides, Tata et autres bus, le tout dans une situation d’encombrement humain avec les marchés à ciel ouvert. Comptez également avec les mosquées, grand-place, restaurants, gargotes, les «ndambeteries», les dibiteries, les sandwicheries. La socialisation à outrance avec les cérémonies familiales, religieuses, les décès, les baptêmes qui sont des vecteurs de rassemblement doivent être interrogés pour leur pertinence. Coronavirus plus qu’une menace doit être une opportunité pour accélérer la transformation individuelle et collective surtout en matière d’hygiène, de soins individuels et collectifs. Tout le monde est sujet à risque. En se préservant par les bons gestes d’hygiène, on préserve toute la collectivité. Donc la bataille pour vaincre le Coronavirus est une bataille de longue durée qui doit être perçue comme une piqûre de rappel pour que le Sénégalais accepte de se transformer positivement en adoptant les comportements élémentaires d’hygiène. La lutte efficace contre le Coronavirus implique des programmes de communication pour le développement qui dépassent même le virus. Le plan national de riposte c’est bien, mais nous devons arrêter de faire les sapeurs pompiers et mettre l’accent sur la prévention avec responsabilité et sans manipulation. Il ne faut pas dramatiser, mais il ne faut aussi pas verser dans le fatalisme et la légèreté très commune dans notre société.
Mais Dieu n’abandonnera certainement pas les siens comme le disent les marabouts…
La foi est le seul réceptacle que nous avons pour défier la science. Le virus n’est pas une malédiction et il faut travailler sur le type d’homme sénégalais. Le Président a pris une excellente initiative sur le cleaningday, mais est ce qu’il ne s’agit de le combiner avec le cleaning mind ? Le pire ennemi de l’être humain c’est l’ignorance, et quand vous écoutez les wakhsaxalat et regardez les réseaux sociaux les fausses informations l’emportent largement avec une dose de panique qui ne dit pas son nom. Des sourates mêmes sont convoqués pour se prémunir du virus. Le coronavirus est un problème de la science. Comment sommesnous investis dans les medias pour partager les informations qui aident à sauver nos vies. Il faudra enfin un renforcement des capacités des communautés en vue d’accroitre le potentiel de résilience. Aujourd’hui un vaste programme de dissémination multimédia est nécessaire, les imams, les guérisseurs traditionnels, les agents de santé tout court et de santé communautaire, les Badienou Gokhe doivent être mobilisés pour servir de relais d’aiguillonage et d’orientation pour la prise en charge holistique des survivants et des familles touchées.
Par Ahmadou Lamine TOURE
LE CORONAVIRUS EN LANGAGE ECONOMIQUE POUR LE SENEGAL
L'économie du Sénégal sera de toutes façons sévèrement affectée si la pandémie continue dans les domaines du tourisme, des transferts d'argent et de l'attractions des investissements étrangers
Apparue fin 2019 en Chine, l’épidémie du Covid-19 (Coronavirus), désormais qualifiée de pandémie par l’organisation Mondiale de la santé (oMs), s’est propagée sur tous les continents. L’on dénombre à l’heure actuelle près de 120 mille cas de contamination dont plus de 5000 morts dans 110 pays. Toutefois, en Afrique, le rythme de propagation de la maladie est encore timide. Mais de lourdes conséquences économiques vont, à coup sûr, secouer le continent. Pour ce qui le concerne, le Sénégal enregistre, à ce jour, une vingtaine de cas positifs au virus. Son économie, de toute façon, sera sévèrement affectée si la pandémie continue. Trois (03) domaines seront particulièrement touchés:1- le Tourisme ; 2- le volume des envois d’argent des Sénégalais de la diaspora ; 3 - l’attraction des investissements étrangers.
1- Dans le domaine du Tourisme :
Le secteur touristique représente environ 7% du Produit intérieur brut (Pib) sénégalais. La tendance expansionniste du Coronavirus à l’échelle du monde a mis en quarantaine le tourisme mondial, avec des prévisions de pertes en dépenses touristiques estimées par l’organisation Mondiale du tourisme (oMt) à entre 30 et 50 milliards de dollars en 2020, voire beaucoup plus si la crise se prolonge. La France qui est le principal marché pourvoyeur de touristes dans notre pays avec plus de 30% de visiteurs français, est durement frappée par la pandémie. Elle en est, du reste, réduite à de fortes mesures de confinement. Ces mesures prévalent également dans le reste de l’Europe, en Amérique, en Asie. il est, sous ce rapport, à craindre un marasme financier à incidences socioéconomiques graves (chômage, fermetures temporaires, faillites) dans notre secteur touristique, notamment dans les domaines du transport aérien (agences de voyage), de la restauration et de l’hôtellerie où le taux de remplissage des hôtels était seulement d’environ 35% avant l’avènement du Covid-19.
2- Au titre du volume des envois d’argent des émigrés :
L’argent envoyé au Sénégal annuellement par les sénégalais de la diaspora est estimé à plus de 1000 milliards de FCFA. il équivaut à un peu plus de 10% du Pib national. Cette contribution de taille a pour effet majeur d’améliorer le pouvoir d’achat dans le pays, de booster la consommation des ménages et d’alléger le poids de la demande sociale vis-à-vis de l’etat. D’où la part significative des sénégalais de l’extérieur dans la stabilité du pays. Les indications mondialement édictées dans le cadre de la lutte contre la propagation du Coronavirus sont de nature à peser à la baisse sur cette manne financière, notamment avec le ralentissement de l’activité économique et le confinement des populations y consécutifs dans les pays d’accueil, surtout occidentaux à forte présence sénégalaise, comme l’Italie, la France, l’Espagne, les États Unis, etc. en effet, au-delà des lendemains incertains qui angoissent en ces temps nos compatriotes établis dans ces pays, suffisants pour les pousser davantage à l’épargne, bon nombre d’entre eux se retrouveront au chômage ou en arrêt de travail temporaire, donc en défaut de revenus. Toutes choses qui auront un effet compressif sur le volume des entrées d’argent à partir de l’extérieur.
3- En termes d’attraction des investissements étrangers
Les incertitudes et les inquiétudes vis-à-vis de l’avenir, nées de la pandémie, auront aussi pour corolaire le ralentissement de la circulation des capitaux et la diminution des flux mondiaux des investissements directs étrangers (ide). C’est ce que confirme d’ailleurs le rapport du 08 mars 2020 de la Conférence des Nations Uniessur le Commerce et le développement (CNUCed). Selon le document, la croissance annuelle de side devrait être réduite de -5% à -15%. Le rapport prédit une proportionnalité inverse entre le degré de contamination à l’intérieur des états et leur attractivité vis-à-vis des ides pour 2020-2021. De ce point de vue, le Sénégal ne se trouve pas, pour l’instant, en si mauvaise posture, au regard du nombre de cas de contamination enregistrés à ce jour. L’écueil demeure cependant, quant au manque de lisibilité sur l’évolution de la maladie dans le pays et quant à la capacité réelle de notre système sanitaire à faire face au phénomène s’il venait à s’aggraver entre nos murs. il en découle un climat peu incitatif à l’investissement. De plus, dans sa perspective de production de pétrole et de gaz à partir des tout prochaines années, le Sénégal s’est inscrit dans une démarche de recherches d’investissements colossaux dans son secteur extractif. Or, les chocs négatifs occasionnés par la crise sanitaire sur la demande mondiale de pétrole et de gaz sont tels que le rythme des ides dans le secteur de ces hydrocarbures commence déjà à connaître un ralentissement conséquent. de la même manière, l’on peut s’inquiéter au sujet de l’accomplissement à temps des engagements financiers obtenus par le Sénégal, à l’occasion du Groupe consultatif de Paris de décembre 2018, auprès des bailleurs internationaux et d’investisseurs privés dans le cadre de la mise en œuvre de la phase 2 (2019-2023) du Plan Sénégal Émergent (Pse).
Pour conclure, il est important d’évoquer les difficultés qui pourraient également naître de cette situation de crise sanitaire internationale, touchant notamment la satisfaction de nos besoins d’importation et l’état de nos exportations du fait de la baisse mondiale de l’activité productive et des mesures de restrictions de la circulation des personnes. Aussi, nos prévisions de croissance économique pour l’année devront être revues à la baisse. Cette résurgence des crises à conséquences socioéconomiques lourdes que connaît le monde depuis le 20ème siècle doit amener les États, surtout les moins avancés, à se forger une résilience face aux chocs exogènes. Cela passe par la transformation structurelle de leurs économies. Au Sénégal, il nous faut non seulement poursuivre notre marche vers l’émergence économique, mais la sécuriser ; et travailler à nous prémunir contre ces situations à devoir grelotter chaque fois que le froid sévit à l’extérieur ; si loin soit-il. L’exploitation future du pétrole et du gaz dans notre pays, pourrait être une aubaine à cet égard./.
Ahmadou Lamine TOURE
Economiste,
Conseiller des Affaires étrangères
LES MAUVAISES HABITUDES DES SÉNÉGALAIS ONT LA PEAU DURE
La pandémie est en graduation au Sénégal. Lundi, un nouveau cas testé positif s’est ajouté à la liste. Malgré ces signes d’inquiétude, les Sénégalais continuent de vaquer à leurs occupations sans respecter les mesures d’hygiène recommandées
La pandémie est en graduation au Sénégal. Hier, un nouveau cas testé positif s’est ajouté à la liste. Malgré ces signes d’inquiétude, les Sénégalais continuent de vaquer à leurs préoccupations sans pour autant respecter les mesures d’hygiène recommandées. Notre reporter a fait le tour des quartiers.
Dans la matinée du vendredi dernier, un vent léger souffle dans le populeux quartier de Grand Yoff. Les gens font d’incessants va-et-vient. Le marché du coin est bondé de monde, créant une grande promiscuité. Les gargotes continuent de recevoir leurs habituels clients qui se pressent à leurs portes où à leurs devantures. Les eaux usées des égouts se déversent sur la route qui mène au centre Talibou Dabo et l’hôpital Idrissa Pouye ex Cto. Vers la pharmacie Patte-d’oie, l’air est irrespirable à cause de la mauvaise odeur qui sort des caniveaux. Les bus et autres cars rapides continuent de recevoir leur trop plein de voyageurs qui sont entassés comme des sardines. Les vendeuses de beignets et autres friandises occupent les chaussées. Bref, le mode de vie des habitants de Grand-Yoff n’a aucunement changé malgré la présence de la pandémie dans le pays. dans un salon de coiffure, les discussions sur le Coronavirus vont bon train. entre rires et inquiétudes. « Je pense qu’il faut surtout prier qu’Allah nous préserve de la maladie bien qu’on doive respecter les mesures recommandées. Hier, j’ai été en contact avec des gens qui sont revenus de la France », explique une dame. ses propos, plutôt que de créer une frayeur, font rire les nombreuses clientes du salon.
Les tanganas refusent encore du monde
a côté de ce commerce de beauté, un « tangana » qui refuse du monde. Les clients se procurent spaghetti et autres brochettes. Les échanges de pain se font sans aucun respect de l’hygiène. « Nous n’avons pas la possibilité d’abord de nous payer ces détergents. Je me lave les mains avant de manger mais je ne peux le faire à chaque instant. Je laisse tout entre les mains du Bon Dieu », lance un jeune homme, la vingtaine. Les gargotes fonctionnent toujours dans le quartier de Grand-yoff comme d’habitude. Les unes plus crasseuses que les autres. Salimata achète du riz dans une boutique en face de la Pharmacie Patte-d’oie de l’autre côté de Grand-yoff. elle se procure en même temps de l’eau de Javel et détergents. « Nous sommes très exposés à Grand-Yoff. Les rues sont sales et il y a la promiscuité à l’intérieur des maisons. Il n’empêche, nous nous prémunirons en respectant les mesures recommandées», explique la dame.
Plateau, toujours la même anarchie d’un bidonville
Dans l’après-midi, nous sommes au centre-ville de Dakar et le Plateau grouille de monde comme d’habitude. rien n’a changé par rapport au désordre habituel depuis l’annonce des cas testés positifs dans le pays et particulièrement dans la capitale sénégalaise Dakar. Les gens circulent et les commerçants ont leurs boutiques ouvertes avec des étals exposés à l’air libre. Comme l’autre jour, notre reporter a retrouvé le même Plateau avec ses occupations anarchiques et sa crasse. Le cœur de la capitale balafré par le désordre et la saleté. Le Palais de Justice, cette partie de la ville porte le visage d’un bidonville. des minibus sont stationnés. Les mécaniciens qui ont pris possession des lieux déversent négligemment l’huile des moteurs au sol. La saleté est un peu partout. Ce qui rend l’air irrespirable.
En descendant vers Rebeuss, c’est-à-dire, vers la route qui mène vers l’ex- service d’hygiène, un désordre indescriptible y règne. L’endroit est pour le moins repoussant. Les ateliers des mécaniciens et des garages à n’en plus finir. Ce qui rend les rues plus étroites. Des véhicules et motos en panne sont stationnés dans le désordre. Les égouts déversent leur trop plein, inondant les trottoirs en plus des nuées de mouches qui survolent les lieux. a Petersen, c’est le summum de la crasse. Ce, sans compter les marchands tabliers et autres gargotes. Une occupation anarchique et dans un désordre total.
Les gargotes à Petersen sont ouvertes et des mouches survolent les aliments. De jeunes garçons et filles lavent les bols dans des seaux qui sont loin d’être hygiéniques. Cela ne décourage pas les clients qui s’installent en prenant place pour le déjeuner. « On doit juste prier pour que le Coronavirus ne soit pas au stade de la situation en France. Dans ce cas, personne ne survivra. Les Sénégalais ne sont toujours pas conscients de la gravité de la maladie, sinon ils auraient changé de mode de vie pour juste un moment », se désole un quadra, une bouteille d’eau en main. a Petersen, une dame avec des sachets de bonbons, fait le tour des bus pour écouler sa marchandise. « Nous n’avons que ça pour vivre. Je ne vais pas me casser la tête avec le Corona », lance-t-elle avant de descendre du minibus qui s’apprêtait à quitter le garage.
"OUATTARA PRÉPARE UNE ENTOURLOUPE DIGNE DE POUTINE"
Exilé en France, Guillaume Soro, candidat à la présidentielle ivoirienne d’octobre prochain, estime que le chef de l’État sortant cherche, par une ruse constitutionnelle, à confisquer le pouvoir
Le ton assuré et le verbe percutant, Guillaume Soro, 47 ans, n’a jamais reculé devant les obstacles, lui qui a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Aujourd’hui, l’obstacle s’appelle Alassane Ouattara, le chef de l’État ivoirien, qui veut l’empêcher de rentrer dans son pays et de se présenter à l’élection présidentielle du mois d’octobre prochain. Pourtant, les deux hommes ont été très proches, compagnons de route même. Guillaume Soro a contribué à l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, il y a dix ans, avant de devenir son premier ministre puis le président de l’Assemblée nationale. C’est un député en exil forcé qui s’exprime aujourd’hui dans les colonnes du Figaro.
LE FIGARO. - Alassane Ouattara a annoncéqu’il renonçait, contre toute attente, à se représenter pour un troisième mandat présidentiel en octobre 2020. Êtes-vous soulagé ?
Guillaume Soro. - Absolument pas. Alassane Ouattara est en train de procéder à une entourloupe digne de Vladimir Poutine quand, en 2008, ce dernier s’est fait remplacer par Dmitri Medvedev à la tête de la Russie avant de revenir à la présidence en 2012. D’ailleurs, Poutine s’apprête à récidiver en changeant la constitution de son pays afin de se garder une place centrale le jour où il quittera le Kremlin…
Alassane Ouattara chercherait, malgré tout, à rester dans l’ombre de son successeur ?
Oui, en changeant la constitution à ses seules conditions. C’est un coup de force pour deux raisons. D’abord, pareille réforme exige normalement un long dialogue préalable avec le peuple, puis la formation d’une assemblée constituante qui planche sur la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale.
Deuxième raison : le règlement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à laquelle appartient la Côte d’Ivoire, interdit de modifier une constitution six mois avant la date d’une élection présidentielle. Ce sera pourtant le cas puisque la nouvelle loi fondamentale devrait être adoptée par le Congrès ivoirien au printemps et que le scrutin doit, en principe, avoir lieu le 31 octobre suivant. Cette révision constitutionnelle est une forfaiture, un déni de démocratie.
Si la manoeuvre se vérifie, peut-elle marcher ?
Alassane Ouattara veut propulser son actuel premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, à la présidence et se réserver la possibilité que ce dernier le nomme ensuite vice-président, poste créé par la révision constitutionnelle. À l’origine, il était question que ce vice-président soit élu en même temps que le président dans le cadre d’un ticket, comme aux États-Unis. Alassane Ouattara a changé son fusil d’épaule, et sa ruse lui permet de faire croire à la communauté internationale qu’il ne se représente pas. En fait, il se ménage une place, ni vu ni connu. C’est du Poutine-Medvedev. Sauf que personne ne doit être dupe, ici, de cette mascarade.
Que comptez-vous faire alors que vous êtes candidat à sa succession et que vous êtes en exil ?
Personne dans l’opposition ne veut être complice de cette manoeuvre grossière. Ni Henri Konan Bédié ni Laurent Gbagbo, ses prédécesseurs. Tous les deux sont d’accord avec moi pour s’opposer au diktat d’Alassane Ouattara qui ne dispose d’ailleurs pas de la majorité qualifiée nécessaire au Congrès. Nous sommes tous sur la même ligne et nous allons tout faire pour montrer aux Ivoiriens que Ouattara les trompe. Nous allons mobiliser nos compatriotes pour la tenue d’un scrutin présidentiel inclusif, transparent et vraiment démocratique.
Vous êtes aujourd’hui unis pour vous opposer à Alassane Ouattara, mais vous êtes tous les trois candidats à sa succession, et dans des positions délicates
Henri Konan Bédié, 86 ans, doit réunir son parti en juin pour décider de son avenir personnel. Laurent Gbagbo, 75 ans, attend, depuis sa résidence surveillée belge, son éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale. Il est peu probable qu’il puisse se présenter. Quant à moi, je suis en exil, sous le coup d’un mandat d’arrêt dans mon pays pour présomption d’atteinte à l’autorité de l’État et complicité de détournement de deniers publics lorsque j’étais premier ministre. Deux accusations nulles et non avenues, totalement farfelues, sans fondement. Aucun jugement ne m’a condamné et pour cause puisque les preuves sont inexistantes !
Vous accusez Alassane Ouattara d’espionnage à votre encontre ?
Oui, il a tenté à deux reprises, en 2017 et en 2018, par l’intermédiaire de barbouzes recrutées à Paris, de me faire organiser des coups d’État contre lui. Je n’en avais aucunement l’intention. Je ne suis donc pas tombé dans le piège que j’ai vu venir de loin. J’ai déposé plainte devant la justice française dans les deux cas.
Quel est l’état de vos relations avec Emmanuel Macron ?
Elles sont bonnes à présent. J’avais mal compris - et peu apprécié - la visite d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire en décembre dernier. Il avait, à cette occasion, fêté son anniversaire avec Alassane Ouattara et le gouvernement. Dans l’esprit de tous les observateurs, cette soirée ressemblait fort à une forme d’adoubement de l’actuel président ivoirien par l’Élysée. Depuis, la France a ouvert les yeux. Elle réfléchit à l’avenir de l’Afrique de l’Ouest dont l’instabilité serait catastrophique pour votre pays si elle s’étendait à toute la région, au-delà du Mali et du Burkina Faso.
Le Mali et le Burkina Faso vivent sous la menace islamiste. Qu’en est-il de la Côte d’Ivoire ?
Il y a eu l’attentat de Grand-Bassam en 2016, non loin d’Abidjan. Mais cette menace est faible chez nous. Et les divisions en Côte d’Ivoire, où animistes, chrétiens et musulmans représentent chacun un tiers de la population, sont beaucoup moins religieuses qu’on ne l’a dit en 2010, pendant le conflit opposant le Nord, soi-disant musulman, et le Sud. Moi-même, natif du nord, je suis catholique. Il faut arrêter l’instrumentalisation politique des religions. C’est Alassane Ouattara qui a notamment joué, à l’époque, sur cette division. Personnellement, je suis par ailleurs favorable à un engagement beaucoup plus étroit des forces ivoiriennes aux côtés des armées africaines et de la France contre les djihadistes.
Quel est votre projet pour la Côte d’Ivoire ?
Il porte sur trois fronts. D’abord, instaurer la paix civile et l’État de droit. Ensuite, mettre l’accent sur l’éducation - poste budgétaire qui a fondu sous Ouattara -, la santé et le logement. Enfin, renforcer la sécurité. Il faut renouer avec l’héritage de Félix Houphouët-Boigny. Il est inacceptable que 70 % des jeunes de moins de 35 ans soient aujourd’hui au chômage et que 46 % des Ivoiriens vivent, selon la Banque mondiale, avec moins d’un dollar par jour. La condition du redressement est l’installation d’une démocratie stable et honnête. Les Ivoiriens aspirent à la liberté et à la prospérité. Faute de quoi, ils auront toujours la tentation de prendre le chemin de l’étranger avec tous les drames à la clé que celasuppose et que l’Europe connaît bien… ■