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23 juillet 2025
PAR Gisèle Doh
NATION NÈGRES ET CULTURES, BIBLE DE L'HISTOIRE AFRICAINE
Cheikh Anta Diop prônait une Afrique unie, après s’être forgée une identité forte qui servirait de fondation solide. Des années plus tard, comment contribuons-nous à la propagation de son héritage colossal ?
À cette époque, le racisme scientifique, porté par d’éminentes figures, était enraciné dans la société occidentale, et avait attribué au blanc l’être cartésien par excellence, la paternité de toutes les civilisations, et défini le noir, comme un être primitif, émotif, incapable de la moindre logique.
Les Égyptiens de l’antiquité étaient noirs
C’est dans ce torrent de certitudes racistes, que Cheikh Anta Diop, jeune homme de 27 ans, va prendre l’idéologie dominante à contre-pied, en affirmant que les Égyptiens de l’antiquité, précurseurs de la civilisation et des sciences étaient des noirs. Il ne fait pas que l’affirmer, il le prouve.
Cette thèse fit l’effet d’un séisme, et comme elle dérangeait, il fallait le faire taire.
On ne peut cacher le soleil avec la main dit le proverbe africain. Même si l’université de la Sorbonne rejette sa thèse en 1951, Présence africaine éditera le livre en 1954.
Nonobstant les preuves qui ne manquent pas dans son livre, des scientifiques pétris de préjugés essaieront par tous les moyens, de jeter le discrédit sur son travail.
Jugées trop révolutionnaires, certains intellectuels africains avaient du mal à adhérer aux idées véhiculées dans le livre. Aimé Césaire fut l’un des rares à le soutenir. Dans « discours sur le colonialisme », il qualifiera le livre de Cheikh Anta Diop de « livre le plus audacieux qu’un nègre n’ait jamais écrit »
Il a fallu attendre le colloque de l’Unesco en 1974, pour que la plus grande partie de ses thèses soient finalement reconnues « dans sa façon d’écrire, sa culture et sa façon de penser, l’Egypte était africaine » telles furent les conclusions de ce sommet.
Les preuves de la négritude de l’Egypte antique
Le combat fut de longue haleine, et pourtant, bien avant lui, la paternité de la civilisation Égyptienne avait été attribué à la race noire.
Dans les témoignages de savants grecs comme Hérodote, Aristote, qui étaient des témoins oculaires, la peau noire et les cheveux crépus des Égyptiens étaient mentionnés.
Aristote disait d’eux qu’ils étaient « agan malane » pour décrire leur peau ce qui signifiait excessivement noir.
Au 18e s, le comte de Volney, historien français, devant les évidences accablantes, tira les mêmes conclusions :
« Les Coptes sont donc proprement les représentants des Egyptiens et il est un fait singulier qui rend cette acception encore plus probable. En considérant le visage de beaucoup d’individus de cette race, je lui ai trouvé un caractère particulier qui a fixé mon attention : tous ont un ton de peau jaunâtre et fumeux, qui n’est ni grec, ni arabe ; tous ont le visage bouffi, l’œil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse ; en un mot, une vraie figure de Mulâtre.
J’étais tenté de l’attribuer au climat, lorsqu’ayant visité le Sphinx, son aspect me donna le mot de l’énigme. En voyant cette tête caractérisée de nègre dans tous ses traits, je me rappelais ce passage remarquable d’Hérodote, où il dit « Pour moi, j’estime que les Colches sont une colonie des Egyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus », c’est à dire que les anciens Egyptiens étaient de vrais nègres de l’espèce de tous les naturels de l’Afrique.»
Une des autres preuves irréfutables du caractère nègre des anciens Égyptiens, étaient la couleur de leurs dieux. Osiris et Thot pour ne citer qu’eux étaient noirs.
Les représentations foncées des pharaons et les coiffures qu’ils arboraient, étayent aussi la négritude de l’Égypte antique. ( voir les représentations de MENTOUHOTEP 1er et NÉFERTARI)
L’analogie va au-delà des traits physiques et capillaires.
Des valeurs propres à l’Égypte antique, comme le totémisme sont encore présentes en Afrique noire.
Une étude comparée linguistique, souligne des similitudes entre l’Égyptien et les langues africaines comme le Valaf et le Serere(liste non exhaustive).
Au vue de ces arguments, la conclusion est sans appel : L’invention de l’écriture, des sciences nous la devons à des noirs. La culture grecque qui a inspiré la culture romaine, tire ses sources de l’Afrique nègre. « Pythagore est resté en Egypte pendant 22 ans, de 558 à 536 av. J-C. Platon y est resté de 399 à 387 av. J.-C… C’est par conséquent là-bas, aux pieds des prêtres Égyptiens, qu’ils ont puisé le savoir qui a fait leur gloire. L’Egypte pharaonique qui a été leur institutrice pendant si longtemps fait partie du patrimoine du Monde Noir. Elle est elle-même fille de l’Ethiopie. Et « dans sa façon d’écrire, sa culture et sa façon de penser, l’Egypte était africaine ».
Donner à l’homme noir la place qui lui revient dans l’histoire de l’humanité
Le fait que ce pan de l’histoire de l’humanité, ait été balayé du revers de la main, était lié au besoin de justifier la colonisation. On invente alors le nègre barbare, à qui on apporte la culture.
Cette propagande avait du mal à accepter, que la société africaine était structurée, et avancée, avant l’arrivée des colons. Que l’émancipation des femmes n’était pas un problème. La société africaine étant matriarcale, les femmes occupaient des postes de responsabilité, bien avant que ce fut le cas en Europe.
Le but de Cheikh Anta Diop en restituant cette vérité, était de redonner au continent oublié ses lettres de noblesse. Il ne s’agissait pas d’éveiller des relents sous-jacents de complexe de supériorité, pouvant déboucher sur des formes nazisme.
[…] la civilisation dont il [le Nègre] se réclame eût pu être créée par n’importe quelle autre race humaine – pour autant que l’on puisse parler d’une race – qui eût été placée dans un berceau aussi favorable, aussi unique” [Cheikh Anta Diop, Nations nègres et Culture].
Loin d’être un raciste comme voulait le décrire ses détracteurs, Cheikh Anta Diop était un grand humaniste, qui a été reconnu comme tel.
Son travail a consisté à combattre le racisme scientifique, et à prouver que l’intelligence n’est nullement liée à la couleur de peau. Il a remis en cause la conception de la race dominante, ce qu’on peut considérer comme un apport non négligeable à l’histoire de l’humanité.
L’héritage de Cheikh Anta Diop
Des années plus tard, comment contribuons-nous à la propagation de l’héritage colossal de Cheikh Anta Diop ? Il prônait une Afrique unie, rassemblée, après s’être forgée une identité forte qui servirait de fondation solide. Où en sommes-nous avec le panafricanisme ?Avec l’adaptation de nos langues aux réalités et aux sciences comme il en a fait l’expérience avec le Valaf dans le livre ? Avec la décolonisation des mentalités ?
Force est de constater que ces sujets restent d’actualité. La tâche qui nous incombe aujourd’hui, est de contribuer tous à l’émergence de notre continent qui sera d’abord culturelle. Dans le domaine scolaire, nous devons implémenter des manuels adapter à nos réalités. Adaptons nos langues aux réalités modernes. Il ne s’agit pas de bannir les langues coloniales acquises, mais revaloriser les nôtres et les adapter aux sciences modernes.C’est les pieds solidement ancrés dans ses racines, libre de toute aliénation, détachée du joug du colonial, et de l’aliénation du colonisé, que l’Afrique connaîtra sa vraie valeur, et qu’elle pourra prendre sa place sur l’échiquier mondial. Cette refondation qui ne doit pas se faire dans une démarche belliqueuse, engendrera des africains fiers de leurs origines, qui prendront leur destinée en main.
Gisèle Doh est fondatrice de l’Association les racines du baobab, créatrice du blog boldhormones.com
SALIF KEITA EN GUINÉE, VIP OU PERSONA NON GRATA ?
L'artiste malien continue sa croisade contre la France. Cette fois, il dénonce une cabale « gauloise » contre sa personne. Une persécution révélée, selon lui, par une mésaventure à l’aéroport de Conakry…
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 04/01/2020
Certains ont peut-être moins écouté la musique de Salif Keita que celle de Fela Kuti, quand « The black president » déclinait « V.I.P. » en « Vagabonds in power ». Car c’est comme un malpropre que le chanteur malien se serait fait « foutre dehors » du salon dédié aux V.I.P., justement, à l’aéroport de Conakry.
Parmi les actionnaires minoritaires de la société qui gère l’aéroport de Conakry figurent « Aéroports de Paris Management », l’Agence Française de Développement (AFD) et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux.
À défaut de trouver une épaule sur laquelle pleurer auprès de son propre chef de l’État, l’artiste est littéralement tombé dans les bras du président guinéen, comme en témoigne un cliché viral où il se blottit dans les bras d’Alpha Condé, lors d’une audience au Palais Sékhoutouréya.
par Jean-Baptiste Placca
URGENCE D'UN LEADERSHIP CLAIRVOYANT
Pour que l’Afrique, dans 150 ans, n’en soit pas à se demander comme Haïti aujourd’hui : « Qu’avons-nous fait de notre indépendance ? », elle devrait méditer cette phrase d'Ahmadou Ahidjo : "Il n’y a pas de dignité pour ceux qui attendent tout des autres"
Pour que l'Afrique, après deux siècles de souveraineté internationale, n'en soit pas à se demander, comme Haïti : « Qu'avons-nous fait de notre indépendance ? », elle devrait méditer sans cesse cette phrase, contenue dans le discours prononcé par Ahmadou Ahidjo, lors de la proclamation d'indépendance du Cameroun : « Il n’y a pas de dignité pour ceux qui attendent tout des autres ».
Une nouvelle année commence. Et 2020 est particulière, puisqu’elle marque le 60e anniversaire de la plupart des indépendances africaines. Et d’ailleurs, nous avons consacré, le 1erjanvier, sur cette antenne, une édition spéciale à l’indépendance du Cameroun, proclamée à l’aube du jour de l’an1960. Édition spéciale à laquelle vous semblez décerner un 20 sur 20, sans jeu de mots. Expliquez-nous donc pourquoi ?
Cette édition spéciale vaut, en effet, un cours magistral d’initiation à la politique africaine de la France, telle qu’elle a été conçue, au moment des indépendances, et telle qu’elle sera conduite, des décennies durant, par différents gouvernements. Et ceux qui veulent comprendre pourquoi les Africains sont si suspicieux vis-à-vis de la France dans ses rapports avec l’Afrique trouveront, dans ces trente minutes d’édition spéciale, des explications comme on les aura rarement enseignées dans les amphithéâtres, y compris des meilleures universités de par le monde.
Où l’on apprend que les indépendances ont rarement été concédées de bon cœur par la France. Il faut, évidemment, souligner que le Cameroun n’était pas une colonie française, comme l’étaient, par exemple, le Sénégal, la Guinée ou la Côte d’Ivoire. Le Cameroun et le Togo étaient des colonies allemandes. Et une des humiliations infligées à l’Allemagne, après sa défaite dans la Première Guerre mondiale, a été de la déposséder de ses colonies en Afrique. Et la Société des Nations, ancêtre de l’ONU avait divisé le Cameroun en deux, pour en confier la partie qui jouxte le Nigeria à la couronne britannique. Et à la France, l’autre morceau, aux confins du Congo-Brazzaville, de la Centrafrique, du Tchad et de la Guinée équatoriale.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le conseil de tutelle de l’ONU, qui a pris la suite de la Société des Nations, a exigé de la France et de la Grande-Bretagne qu’elles laissent les territoires sous leur tutelle accéder à l’indépendance.
La France était donc, d’une certaine manière, contrainte d’accorder l’indépendance au Cameroun. Voilà pourquoi la France du général de Gaulle a dû user de subterfuges divers pour préserver ses intérêts, comme on a pu l’entendre dans l’édition spéciale.
C’est aussi parce qu’ils sentaient que l’indépendance réelle qu’ils réclamaient était en train d’être viciée, que les militants indépendantistes de l’UPC (Union des population du Kamerun) avaient pris le maquis, pour empêcher une indépendance « factice », « sous contrôle », comme l'a dit Laurent Correau dans l’édition spéciale.
La France n’avait, par contre, aucune contrainte, donc, pas besoin de subterfuges pour décoloniser ses autres colonies.
Oui. Sauf que la Guinée de Sékou Touré – et quelques « porteurs de pancartes » de Dakar et d’ailleurs – avaient défié le général de Gaulle qui, en réaction, a alors décidé de les laisser tous accéder à l’indépendance. Et ses collaborateurs se sont employés, dans la plupart des pays, à remettre les clés de la nation indépendante à des dirigeants politiques acquis à la France, qui n’étaient pas nécessairement ceux qui réclamaient la véritable indépendance. Des nationalistes qui luttaient réellement pour l’indépendance comme Um Nyobe, il y en avait dans presque tous les pays. Mais la métropole a fait en sorte que ceux-là ne deviennent pas les dirigeants des nations souveraines.
D’où une forme plus ou moins visible de servilité chez nombre de chefs d’État qui arrivent au pouvoir en 1960. Ils étaient d’ailleurs, à l’époque, dénoncés avec une certaine virulence par les associations d’étudiants d’Afrique noire, notamment en France et au Sénégal. Et si Ahidjo, Senghor, Houphouët-Boigny, et tant d’autres étaient si décriés, c’est parce qu’ils avaient été choisis par la France, pour servir de desseins que redoutait la partie la plus éclairée de l’opinion. Ces indépendances piégées expliquent d’ailleurs des ouvrages comme L’Afrique noire est mal partie de René Dumont.
Ahidjo, Senghor, Houphouët-Boigny et les autres dirigeants favorables à la France étaient-ils pour autant des traîtres à la patrie?
Pas nécessairement. Mais ils étaient plus enclins à tout céder à la France, et à se fondre sans mal dans le moule de la Françafrique. Terme, du reste, usité par Félix Houphouët-Boigny, qui rêvait de la communauté de destin voulue par le général de Gaulle. Cette « docilité » supposée, Houphouët-Boigny s’en est servi pour faire avancer la Côte d’Ivoire, qui n’était pas la mieux lotie des anciennes colonies, mais elle était « couvée » par Paris, qui l’a voulue comme vitrine, pour montrer à tous que l’allégeance pouvait être payante. Ahmadou Ahidjo ne disait pas autre chose, lorsqu’il suggérait, en janvier 1960, que la France devait être « le guide naturel des premiers pas » du Cameroun indépendant !
Soixante ans plus tard, les anciennes colonies britanniques, qui ont eu leurs propres démons, ne sont pas les plus mal en point du continent.
Pour que l’Afrique, dans 150 ans, n’en soit pas à se poser la question cruelle qui hante aujourd’hui Haïti : « Qu’avons-nous fait de notre indépendance? », un sursaut s’impose, qui passe nécessairement par un leadership clairvoyant et exemplaire.
Ahmadou Ahidjo était peut-être soumis à la France. Et si son discours du 1er janvier 1960 a été rédigé par un conseiller français, c’est néanmoins sa voix que l’on entend dire ceci, qui relève du bon sens de son terroir : « Il n’y a pas de dignité pour ceux qui attendent tout des autres ».
LA FRANCE VA NOMMER UN REPRÉSENTANT INDÉPENDANT À LA BCEAO
Selon le Financial Times, le passage du CFA à l’ECO est plus politique qu’économique. Pour le journal britannique, cette décision est motivée par les revendications des populations
Nouvelle révélation dans la polémique autour du passage du franc CFA à l’ECO, selon le magazine britannique Financial Times, le gouvernement français surveillera les reverses de la nouvelle monnaie au niveau de la Banque Centrale Des Etats de l’Afrique de l’Ouest par le biais d’un représentant dit “indépendant”.
Un représentant pour siéger à la banque centrale.
Selon le magazine britannique, un représentant indépendant sera désigné par la France pour siéger au niveau de la banque centrale.
“La France désignera un représentant «indépendant» auprès de la Banque Centrale Régionale et contrôlera quotidiennement les réserves” peut on lire dans le magazine.
Cette révélation pourrait ranimer la polémique sur le rôle de la France dans la processus de création de cette nouvelle monnaie.
Pour le Financial Times, le passage du CFA à l’ECO est plus politique qu’économique. En effet, pour le journal, cette décision est motivée par les revendications des populations.
La lutte anti franc CFA étant portée dans la quasi totalité des pays de l’UEMOA par des activistes engagés et autres membres de la société civile.
L'ÉNORME PARI IRANIEN DE TRUMP
A dix mois de la présidentielle, le président américain, grand pourfendeur des interventions militaires de so pays au Moyen-Orient, vient de prendre la décision la plus risquée de son mandat
A dix mois de l'élection présidentielle, Donald Trump, grand pourfendeur des interventions militaires américaines au Moyen-Orient, vient de prendre la décision la plus risquée de son mandat.
L'élimination, dans une attaque de drone à Bagdad, du général iranien Qassem Soleimani, marque un tournant aux répercussions imprévisibles. L'Irak dit redouter "une guerre dévastatrice", l'Iran a promis une vengeance "au bon moment et au bon endroit".
Si le président de la première puissance mondiale est un grand adepte de la rhétorique guerrière, il avait jusqu'ici fait preuve de beaucoup de retenue au moment de passer à l'offensive, comme lors de l'annulation à la dernière minute de frappes aériennes contre la République islamique en juin 2019.
Début d'une escalade ou mesure temporaire ? Moins de 24 heures après le mort du chef de la Force Qods des Gardiens de la Révolution, le Pentagone a annoncé le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.
L'ancien homme d'affaires, arrivé au pouvoir sans la moindre expérience diplomatique, va, de fait, devoir gérer sa première crise majeure de politique étrangère, sur fond d'un procès en destitution au Sénat et d'une campagne électorale qui s'annonce très agressive.
"C'est une combinaison potentiellement terrifiante qui réclame des prises de décision prudentes, sages, et une main stable et ferme", souligne, sans cacher son inquiétude, Aaron David Miller, ancien diplomate et négociateur dans des administrations des deux bords.
Or les premières réactions du milliardaire républicain, qui revendique haut et fort un fonctionnement "à l'instinct", n'ont pas contribué à rassurer ceux qui s'inquiètent de sa navigation à vue sur les dossiers géopolitiques complexes.
Fidèle à son style de communication iconoclaste et provocateur, il s'est contenté jeudi soir, au moment de l'annonce de la mort de Soleimani, de tweeter l'image d'un drapeau américain - sans le moindre mot - en guise de première réaction.
Depuis son luxueux club de Mar-al-Lago, en Floride, où il est en vacances, il a poursuivi vendredi matin avec une phrase chargée d'ambiguïté: "L'Iran n'a jamais gagné une guerre, mais n'a jamais perdu une négociation".
Pour l'ex-diplomate américain Nicholas Burns, aujourd'hui professeur à Harvard, si le général iranien prévoyait effectivement de frapper des installations américaines, l'intervention de Washington était légitime. "Mais Trump a-t-il prévu les 15 coups suivants sur l'échiquier ?", s'interroge-t-il, enclin à répondre par la négative.
Retrait d'Irak ?
Toujours très attentif à sa base électorale et à ses promesses faites lors de sa campagne victorieuse de 2016, Donald Trump répète depuis son arrivé à la Maison Blanche qu'il veut sortir des "guerres sans fin" qui, estime-t-il, ont trop couté aux Etat-Unis, humainement comme financièrement.
Pour Richard Haass, président du Council on Foreign Relations (CFR), il serait "ironique, mais aussi tragique et dangereux", que le président qui voulait réduire l'empreinte des Etats-Unis au Moyen-Orient ait "enclenché une dynamique qui nous y entraînera encore davantage au moment où nous sommes confrontés à des défis face à la Chine, la Corée du Nord ou la Russie".
Si la plupart des ténors républicains du Congrès ont fait bloc et loué le "courage" du président, les démocrates ont clamé leur inquiétude.
"Un drapeau n'est pas une stratégie", a ironisé Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU sous Barack Obama. "Trump est entouré de lèche-bottes (ayant viré tout ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui) (...) Cela risque de mal tourner très rapidement".
Parmi les différentes hypothèses avancées par des analystes, celle d'un retrait intégral des troupes américaines d'Irak revient avec insistance. Donald Trump pourrait s'appuyer sur les menaces pesant sur les Américains et les déclarations de Bagdad pour justifier sa décision tout en menaçant de frapper de nouveau l'Iran à distance.
"Cela lui permettrait de faire un clin d'oeil à sa base électorale en apparaissant comme ferme tout en procédant à un retrait", estime Colin Kahl, expert à l'université de Stanford et ancien conseiller de Barack Obama.
Reste la question des éventuelles motivations politiques du président américain au moment où il a donné le feu vert pour éliminer le puissant général iranien.
Ironie de l'histoire, c'est Donald Trump lui-même qui avait évoqué, il y a près d'une décennie, la tentation pour le locataire de la Maison Blanche de lancer un conflit avec Téhéran à l'approche d'une grande échéance électorale. Il l'avait fait en termes très critiques et ironiques en évoquant... Barack Obama.
"Afin d'être réélu, Barack Obama lancera une guerre avec l'Iran", tweetait-il en 2011, époque à laquelle il n'était pas encore entré en politique, mais ne manquait jamais une occasion d'attaquer le dirigeant démocrate.
par Momar Dieng
LA DUPERIE PERMANENTE QUI PREND EN OTAGE LA DÉMOCRATIE
La posture du «ni oui ni non» proclamée par le chef de l’Etat est inexcusable pour celui qui est censé incarner la droiture et le respect de la parole donnée - C'est un sous produit de la mégalomanie à laquelle se convertissent les assoiffés de pouvoir
On laissera à François Mitterrand son «coup d’Etat permanent», cet essai célèbre qui visait à dénoncer la mutation du pouvoir démocratique en objet personnel opérée par un Général Charles de Gaulle auréolé pourtant par sa posture de résistant face à l’Allemagne hitlérienne. A ce «coup d’Etat permanent», il faudra désormais associer la duperie permanente qui caractérise l’action et le discours du président de la République du Sénégal. Alors que le pays tout entier réclame cohérence et certitude dans la gouvernance électorale du pays, en particulier sur l’impossibilité qu’il se représente pour un 3e mandat en 2024, le chef de l’Etat se réfugie avec un grand courage dans un galimatias de considérations crypto-personnelles qui ne font pas l’honneur de sa fonction ni celui de sa propre personne.
Les spécialistes de la science politique ne manquent jamais de rappeler combien le respect de règles du jeu communément acceptées par les acteurs et placées sous protection de la loi et du règlement demeure une exigence fondamentale pour la crédibilité de toute démocratie pluraliste libérée des écueils du paternalisme. En effet, c’est en fonction des dynamiques positives portées par les uns et les autres dans le champ politique que se concrétise cet idéal démocratique grâce auquel les contentieux électoraux deviennent marginaux et donc gérables. Mais on peine à s’y faire.
Les propos sibyllins («ni oui ni non») tenus en fin d’année par le président Sall concernant sa candidature éventuelle à la présidentielle de 2024 ne vont pas dans le sens d’une démythification du pouvoir et de ses enjeux dans notre pays. Que dit le chef de l’Etat pour justifier cette posture incompréhensible ? Entre autres : «L’année dernière, je me suis prononcé sur cette question. Et si j’en parle encore, personne ne se mettra au travail dans mon parti…» Dans tous les pays démocratiques normaux, les calendriers électoraux sont connus à l’avance sauf si des circonstances exceptionnelles et/ou des contraintes objectives obligent à les réaménager. Le Sénégal n’est ni dans un cas ni dans l’autre, fort heureusement. Il est un pays stable dans une sous-région gravement perturbée par un accès de violences et de désordres pour lesquels des Etats incompétents, faibles et privatisés au profit de groupes d’intérêts portent de grandes responsabilités.
Esprit de patrimonialisation du pouvoir
Ce qui est en cause, c’est la patrimonialisation permanente du pouvoir au cours de son exercice, sa mise au service de clans politiciens et affairistes dont le pays ne profite d’aucuns des «investissements», s’ils en font. L’administration verticale du parti qui devient un instrument monolithique au service de son chef unique, la préposition de frères, sœurs, cousins, cousines et alliés à des postes-clefs de l’appareil d’Etat et leur protection garantie contre toutes poursuites judiciaires légitimes traduisent en réel la confusion entre le parti et l’Etat. C’est peut-être cela le casse-tête de Macky Sall : pour plusieurs raisons qu’il ne partagera pas avec les Sénégalais, il craindrait des lendemains tumultueux hors du pouvoir auxquels il ne pourrait imprimer sa marque ou sa direction. Les soubresauts de la traversée du désert des Wade et de leurs amis d’hier ne lui ont pas échappé.
C’est au regard de ces éléments là que la posture du «ni oui ni non» proclamée par le chef de l’Etat est totalement inexcusable pour celui qui est censé incarner la droiture et le respect de la parole donnée. Cette façon de prendre en otage la démocratie pour neutraliser les incertitudes liées à son agenda personnel pour la période post 2024 est un sous produit de la mégalomanie à laquelle se convertissent les assoiffés de pouvoir. Elle peut être comprise, avec raison, comme une tentative de répéter le coup du mandat précédent. A cette occasion, on a pu voir la capacité du président de la République à modéliser la mauvaise foi autour d’ambiguïtés qui n’avaient de sens que pour lui et que pour les juges qui l’avaient aidé à violer son serment. Mais à force de pousser le bouchon trop loin, on finit par être éclaboussé, d’une manière ou d’une autre…
Dans son discours du 31 décembre, le président Sall a dit ceci : «La violence qui secoue le monde doit constamment nous rappeler la chance que nous avons de vivre en paix, et la responsabilité qui nous incombe de la préserver. Nous en sommes à la fois les héritiers et les gardiens ; parce que cette paix est un legs que nous ont laissé les générations passées ; un legs qu’il nous faut entretenir et transmettre aux générations futures.»
Ce discours est d’une pertinence implacable, mais dans les pratiques en vigueur depuis une dizaine d’années, c’est un homme formaté aux violences symboliques et institutionnelles qui agit pour ses propres causes, sourd aux appels à la raison, sûr de la force que lui procure le Pouvoir. Une méthode de gouvernance assimilable à un terrorisme démocratique qui, malheureusement, échappe aux sanctions de la loi. Nous en sommes là et le pire est peut-être à l’horizon…
MACKY LANCE L’OFFENSIVE CONTRE L’INSALUBRITÉ
Et c’est parti ! Le chef de l’Etat a donné le coup d’envoi de la première journée de nettoiement annoncée sur toute l’étendue du territoire national.
Et c’est parti ! Le chef de l’Etat a donné le coup d’envoi de la première journée de nettoiement annoncée sur toute l’étendue du territoire national. C’est dans son quartier, à Mermoz, que Macky Sall a donné le premier coup de balai, accompagné de son épouse, Marième Faye Sall, mais également du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, du Secrétaire général de la Présidence, Mouhamed Boun Abdallah Dione, de l’ex députée Aissata Tall Sall et de certains riverains venus répondre à l’appel.
Comme il l’avait souhaité, la plupart de ses alliés ont été priés d’en faire de même dans leurs quartiers respectifs plutôt que de se déplacer vers le quartier du président.
LES «SET SETAL» SOUS DIOUF DEVIENNENT «CLEANING DAY» AVEC MACKY
Annoncée depuis le 2 avril 2019 par le Président Macky Sall lors de sa prestation de serment, la première édition de la Journée nationale de nettoiement se tient aujourd’hui.
Annoncée depuis le 2 avril 2019 par le Président Macky Sall lors de sa prestation de serment, la première édition de la Journée nationale de nettoiement se tient aujourd’hui. Mais auparavant, de nombreuses opérations de salubrité et de désengorgement avaient été menées par le ministre Abdou Karim Fofana, changeant ainsi le décor de plusieurs endroits comme le parking du stade Léopold Sédar Senghor. En instaurant cette journée, le chef de l’Etat marche sur les pas d’Abdou Diouf qui avait initié en 1991 les opérations «Set Setàl» et s’inspire du Président rwandais, Paul Kagamé, dont le pays est cité en exemple en matière de propreté.
En marge de sa prestation de serment le 2 avril 2019 (au lendemain de sa réélection), le Président Macky Sall avait déploré l’état d’insalubrité dans lequel se trouvent les grandes villes du pays. Ce fut l’occasion pour lui de parler de son programme zéro déchet destiné à lutter contre l’insalubrité et l’occupation anarchique. «Ce Sénégal est possible si nous y travaillons et si chacun de nous considère le pays comme sa propre demeure. Je lance un appel solennel à une mobilisation nationale et citoyenne contre l’insalubrité et l’occupation anarchique de la voie publique. J’y invite instamment les élus locaux et les mouvements associatifs», lançait-il avant d’ajouter que le gouvernement a déjà engagé les opérations de désencombrement qui seront poursuivies sur l’ensemble du territoire national, avec l’appui de l’administration et des collectivités territoriales.
Pour la pérennité et le suivi des actions, Macky Sall compte mettre en place une Brigade spéciale de lutte contre les encombrements, l’aménagement de fourrières et la modification des amendes pour encombrement de la voie publique. Il entend également s’appuyer sur les mouvements associatifs qui mènent des actions régulières de nettoiement et d’entretien des espaces publics. «Vous êtes nombreux à montrer que le Sénégal peut et mérite d’être plus propre. Je salue ces belles initiatives citoyennes. Pour soutenir cet élan volontariste et l’inscrire dans la durée, j’ai instauré le Grand Prix du président de la République pour la Propreté et la Journée mensuelle du nettoiement», annonçait le chef de l’Etat. Après plusieurs mois d’attente, c’est aujourd’hui que se tient la première édition de cette journée. Mais auparavant, le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Logement, Abdou Karim Fofana, avait fait de la lutte contre l’insalubrité son cheval de bataille.
Dès sa nomination, il a entamé des actions en vue de rendre la ville propre. Il avait été aidé en cela par des bonnes volontés qui ont rallié la cause. C’est ainsi que de grandes artères et autres lieux stratégiques de Dakar, mais aussi les régions de l’intérieur ont reçu des coups de balai de simples citoyens. C’est le cas du parking du stade Léopold Sédar Senghor.
ABDOU KARIM FOFANA : «ON NE REMETTRA DE L’ARGENT A PERSONNE»
Ce vaste site servait de gare pour des bus desservant la sous-région et de minibus Tata, d’ateliers mécaniques, de lieu de commerce pour les vendeurs, d’espaces d’entraînement pour les apprentis-conducteurs avec les auto-écoles ou encore de terrain de jeu pour des enfants. Un marché hebdomadaire y était même érigé. Lors d’une rencontre initiée par les cadres apéristes, le Président Macky Sall avait menacé de sanctionner tous ceux qui s’adonnaient à des activités rendant l’espace insalubre, avec des amendes.
C’est dans ces circonstances qu’il avait lancé sa fameuse phrase : «2020 va tanguer». Il s’offusquait en effet du fait que les ouvriers laissent sur la voie publique des gravats à la fin de leurs travaux de construction. En plus du stade Léopold Sedar Senghor, d’autres villes réputées sales avaient changé de visage. C’est le cas de Rufisque qui a vu son marché central balayé et fermé pendant cinq jours. A Castors également, sur instructions du ministre Abdou Karim Fofana, le marché a été nettoyé. Pour cette première édition, le président de la République et son ministre de l’Habitat veulent faire de cette journée une réussite. Ainsi, ils appellent tous les Sénégalais à descendre sur le terrain et à participer au nettoiement. Invité, jeudi dernier, du journal télévisé de 20 heures sur la RTS, Abdou Karim Fofana a révélé que les autorités étatiques ne remettront de l’argent à personne dans le cadre de cette.
Une manière de demander aux Sénégalais de sortir de leurs poches pour acquérir le matériel nécessaire. «Chacun peut acheter une pelle, une brouette, un balai ou un autre matériel selon ses moyens», a-t-il lancé. A rappeler qu’en 1991, le Président Abdou Diouf avait initié une journée de nettoiement, ce qui avait donné naissance au «Set Setàl» devenu l’activité phare d’investissement humain dans les quartiers. Les ASC, les GIE, les mouvements de jeunes et de femmes consacraient les dimanches à des opérations de nettoiement. Munis de balais, de pelles et de brouettes, avec en fond sonore de la musique, les habitants de chaque quartier sortaient pour rendre propres les coins et recoins de leur zone. C’est lors de cette opération que la chanteuse Dial Mbaye avait composé son morceau «Set Setàl».
A l’époque, les jeunes, prenant part à ces journées d’investissement, embellissaient les quartiers avec des dessins, des fresques murales. Et des monuments étaient érigés dans presque chaque quartier. Une opération à laquelle avaient adhéré les Sénégalais et qui avait enregistré une forte mobilisation. La question est de savoir si les Sénégalais vont se mobiliser en masse pour répondre à l’appel du chef de l’Etat Macky Sall comme ils l’avaient fait il y a 28 ans.
LA POPULATION APPLAUDIT MAIS DOUTE DE LEUR APPLICATION
La gestion des urgences dans nos établissements sanitaires est devenue une préoccupation aussi bien pour les patients que pour les accompagnants qui vivent le supplice pour bénéficier des soins de qualité
La gestion des urgences dans nos établissements sanitaires est devenue une préoccupation aussi bien pour les patients que pour les accompagnants qui vivent le supplice pour bénéficier des soins de qualité. Une situation qui a poussé le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, à prendre des mesures allant dans le sens de rendre plus optimale la gestion des urgences.
Ce sera une grosse épine enlevée du pied des patients et de leurs accompagnants si les mesures prises par le ministre de la Santé sur la gestion des urgences sont appliquées. De nombreuses personnes sont décédées dans les structures sanitaires faute de prise en charge adéquate au niveau des urgences. Les populations ne cessent de se plaindre des manquements notés dans les urgences. Pour remédier à cette situation, le ministre de la Santé a pris une batterie de mesures susceptibles d’améliorer la gestion des urgences.
Ainsi, les directeurs des hôpitaux sont tenus d’assurer une bonne prise en charge des patients qui arrivent dans les services d’urgence. Un tour dans quelques structures sanitaires comme l’hôpital Fann ou le centre Abass Ndao permet de sonder les populations. Rencontrée à Fann, Aïda Sall, venue accompagner sa tante, estime que cette mesure devait être prise depuis fort longtemps. «Il ne fallait pas attendre que les gens meurent pour prendre ces dispositions. Je ne veux pas être pessimiste, mais je pense que ces mesures ne seront jamais appliquées et qu’il n’y aura pas de suivi», clame-elle. Seydou Ba ne dit pas autre chose lorsqu’il soutient que l’Etat a mis la charrue avant les bœufs. Il est convaincu que ces mesures ne vont rien régler. «Avec un personnel insuffisant, un matériel désuet et le manque de lits, comment pourra-t-on appliquer ces mesures», se demande-t-il.
Rencontré dans les couloirs du centre hospitalier Abass Ndao où il est venu récupérer les résultats de ses analyses, Lamine Fall déplore l’habitude des Sénégalais de ne jamais appliquer les décisions prises. «On prend de bonnes décisions, mais on ne les applique pas. C’est cela qui pose problème au Sénégal», se désole-t-il.
Sous le couvert de l’anonymat, cette responsable du Service d’Accueil et des Urgences (Sau) d’une structure sanitaire de la place révèle qu’ils n’ont que 12 lits qui sont pleins chaque jours. «Comment allons-nous gérer cette situation ? Avec cette capacité litière très limitée, si un malade vient, on va le référer dans d’autres structures et là-bas aussi, il peut trouver la même situation», souligne-telle avant de plaider pour le respect de la pyramide sanitaire. «Parfois, le patient souffre d’une douleur qui peut être réglée au niveau du poste ou du centre de santé, mais il préfère venir à l’hôpital. C’est sur ces questions que le ministère doit communiquer», indique-t-elle. Un autre problème qui pose problème, selon notre interlocutrice, est l’urgence de la nuit. La plupart des cas, ce sont des étudiants en médecine qui assurent la garde. Parfois, ils ont des problèmes pour déterminer l’urgence.
DR CHEIKH TACKO DIOP, DIRECTEUR DE L’HOPITAL DE FANN «IL FAUT FAIRE LA PART DES CHOSES ENTRE CE QUI EST URGENT ET CE QUI NE L’EST PAS»
La problématique des urgences, indique Dr Cheikh Tacko Diop, directeur de l’hôpital de Fann, est universelle. Il estime que le ministre de la Santé a juste rappelé ce qu’il convient de faire normalement dans une structure sanitaire. «Un malade demande qu’il soit bien pris en charge. S’il arrive avec une urgence et que nous avons de la place, on l’admet sinon on lève l’urgence avant de le référer. Si nous n’avons pas une grande capacité litière, le patient est censé aller dans une autre structure sanitaire», affirme-til. Cependant, il a tenu à définir ce qui est une urgence médicale. «Une urgence est une pathologie, un état qui, s’il n’est pas réglé tout de suite, peut mettre en jeu le pronostic vital de l’individu, c’est-à-dire que si toute de suite, l’urgence n’est pas levée, l’individu meurt.»
A en croire Dr Cheikh Tacko Diouf, «la population appelle urgence beaucoup de pathologies qui ne le sont pas en réalité. Certains ont une douleur depuis le matin et ils restent chez eux jusqu’au soir pour dire qu’ils sont en urgence alors qu’ils pouvaient le régler au poste de santé ou au centre de santé. Il faut faire la part des choses entre ce qui est urgent et ce qui ne l’est pas. Pour ceux qui viennent, chaque cas est une urgence», dit-il.
«UNE INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE LOCALE VOIRE REGIONALE EST UNE PRIORITE»
Sur sa page Facebook, la directrice générale de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA), Annette Seck Ndiaye, a soutenu que la pénurie de médicaments va au-delà des frontières sénégalaises
Ce n’est pas au Sénégal uniquement que la pénurie de médicaments se fait ressentir. Selon la Directrice générale de la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA), Annette Seck ndiaye, le phénomène touche tous les pays du monde, en particulier les Etats africains qui en sont les plus gros importateurs. En guise de solution, elle propose l’implantation d’une industrie pharmaceutique locale voire régionale. A cet effet, elle appelle les opérateurs économiques à se tourner vers le secteur de l’industrie pharmaceutique.
Sur sa page Facebook, la directrice générale de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA), Annette Seck Ndiaye, a soutenu que la pénurie de médicaments va au-delà des frontières sénégalaises. «Les pénuries de médicaments sont devenues depuis quelques années un phénomène mondial.
En effet, il suffit de s’y intéresser de plus près pour comprendre que la problématique de la pénurie des médicaments est une préoccupation majeure des acteurs de la santé du monde entier», dit-elle avant d’expliquer cette situation qui remonte à 2017 lors de la 70ème Assemblée générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). «Entre les problèmes de capacité de production, de qualité et de fabrication du produit fini, les pénuries s’installent et les pays les plus gros importateurs dont ceux du continent africain payent le plus lourd tribut face à l’instabilité et aux caprices du marché pharmaceutique mondial», dit elle. Mais face à ce phénomène, elle rappelle aux autorités que l’heure n’est pas aux lamentations mais à l’action. «Les besoins sont trop importants pour que nous continuions à subir le diktat des firmes pharmaceutiques qui font leur «beurre» sur le marché africain de plus en plus florissant. La promotion de l’industrie pharmaceutique locale voire régionale est une priorité à laquelle tout le monde doit s’atteler», affirme la pharmacienne qui invite ainsi «les opérateurs économiques, modèles de parfaite réussite et qui font la fierté du Sénégal, à se tourner vers le secteur de l’industrie pharmaceutique et à impulser son dynamisme».
VULNERABILITE AU RISQUE DE PENURIE
D’après le constat fait par les entreprises du médicament, les anti-infectieux comme les vaccins, les médicaments du système nerveux dont les anti-épileptiques ou antiparkinsoniens et les anticancéreux sont les plus touchées par la pénurie. «Elles constituaient en 2018 plus de la moitié des pénuries. En raison de la complexité de leur processus de fabrication, les spécialités injectables seraient les plus vulnérables au risque de pénurie», explique la patronne de la PNA.
S’appuyant sur une étude récente publiée par la Newsletter de l’Anesthésia Patient Safety Foundation (APSF), Dr Annette Seck Ndiaye soutient que la majorité des pénuries concerne les médicaments génériques injectables utilisés dans les hôpitaux, en particulier dans les blocs opératoires, notamment pour les soins d’urgence et en anesthésie. Cela est dû au fait que le nombre de fabricants pharmaceutiques impliqués dans la plupart des productions de médicaments injectables est limité. «Seulement un à deux fabricants produisent la grande majorité des médicaments injectables. Au cours des six dernières années, des problèmes de qualité survenant dans le processus de fabrication ont été responsables de la plupart des pénuries», renseigne patronne de la PNA.