SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 11 mars 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Fatou Bintou SAR, Matricule de solde N°110 122/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Physiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Kamadore TOURE, Matricule de solde N°110 144/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Santé publique, option épidémiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Ndeye Ramatoulaye DIAGNE, Matricule de solde N°110 119/I, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Pédiatrie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Sylvie Audrey DIOP GUISSONGORA Ep. NYAFOUNA, Matricule de solde N°110 120/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Maladies infectieuses et tropicales à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Mamadou Lamine CISSE, Matricule de solde N°110 102/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Gynécologie-Obstétrique à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Modou Bara NDIAYE, Administrateur Civil, matricule de solde n° 508 161/Q, est nommé Directeur de l'Administration et du Personnel à la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques du Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération ;
Monsieur Mamadou FAYE, Ingénieur géophysicien, précédemment Directeur général de « PETROSEN », est nommé Directeur général de « PETROSEN HOLDING » S.A. au Ministère du Pétrole et des Energies ;
Monsieur Amadou THIAM, Ingénieur polytechnicien, précédemment Coordonnateur du Pôle de Suivi des Projets et Réformes Phares au Bureau Opérationnel de Suivi (BOS) du Plan Sénégal Emergent, est nommé Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, en remplacement de Monsieur Ousmane Wade appelé à d'autres fonctions ;
Monsieur Ousmane WADE, Economiste-financier, précédemment Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, est nommé Administrateur du Fonds de l'Habitat social du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique."
LE GOUVERNEMENT VEUT ÉTANCHER LA SOIF DE TOUBA
Il est demandé au ministre de l'Eau de mettre en œuvre sans délai, avec l'appui du ministre des Finances, le Projet d'approvisionnement en eau potable de la ville, conformément aux engagements du président - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 11 mars 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky Sall, a présidé la réunion du Conseil des ministres, le mercredi 11 mars 2020.
Le Chef de l'État, à l'entame de sa communication, a adressé, à l'occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, ses chaleureuses félicitations, ses encouragements et son soutien aux femmes, piliers majeurs de notre société. Il a, à cet égard, demandé aux membres du Gouvernement de conforter le rôle des femmes dans la gouvernance publique en intégrant systématiquement l'approche genre dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des politiques publiques.
Le Président de la République a, à cet effet, invité les ministres à veiller au renforcement permanent de l'autonomisation économique durable des femmes et à faire bénéficier davantage aux femmes rurales de l'encadrement et de l'accompagnement des structures et projets publics.
Le Chef de l'État a, par ailleurs, rappelé à la Ministre de la Famille la nécessité d'accentuer la lutte contre les violences faites aux femmes et la sensibilisation de toutes les parties prenantes sur la loi criminalisant le viol et la pédophilie.
Le Président de la République a, dans cette optique, demandé au Ministre d'État, Secrétaire général de la Présidence de la République, de procéder à l'actualisation de l'organisation et des règles de fonctionnement de l'Observatoire national de la Parité (ONP).
Abordant la question de la veille permanente contre l'épidémie de Coronavirus COVID-19, le Chef de l'État a exprimé la solidarité et le soutien de la Nation à nos compatriotes résidant dans des pays très touchés par l'épidémie. Il a demandé à nos services diplomatiques et consulaires d'apporter aux sénégalais de la Diaspora toute l'assistance nécessaire en cette circonstance.
Le Président de la République a, en outre, félicité et encouragé le personnel médical du Sénégal pour le travail remarquable effectué dans le cadre de la prise en charge au niveau des structures de santé des cas suspects et ou confirmés de COVID-19. Il a invité le Ministre de la Santé à poursuivre sans relâche le déploiement des stratégies de communication, d'information et de sensibilisation des populations sur la gestion préventive de l'épidémie, en accordant une attention particulière aux grands rassemblements et manifestations programmés sur le territoire national.
Le Chef de l'État a, particulièrement, demandé au Gouvernement d'accompagner davantage l'Institut Pasteur de Dakar, les laboratoires ainsi que les Instituts de recherche médicale dans leurs projets de santé publique.
Le Président de la République, évoquant la seconde session du Conseil présidentiel Sénégal-Gambie, prévu à Dakar le jeudi 12 mars 2020, a rappelé la tenue du premier Conseil à Banjul en 2018, dont l'objectif est de consolider l'entente cordiale et d'impulser une nouvelle dynamique dans les relations entre nos deux pays.
Au titre du Doing business et du développement du secteur privé national, le Chef de l'État a demandé au Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération en rapport avec le Ministre chargé du Suivi du PSE et l'APIX, de préparer la 14ème session du Conseil Présidentiel de l'Investissement (CPI), en vue d'accélérer la réalisation des réformes fondamentales d'amélioration de l'environnement des affaires au Sénégal.
Le Président de la République, revenant sur le processus de l‘organisation du 9ème Forum mondial de l'eau au Sénégal, a informé le Conseil avoir présidé, le vendredi 21 février, une réunion consacrée à cet évènement majeur, prévu du 22 au 27 mars 2021. Il a, à ce titre, demandé au Gouvernement et aux organisateurs nationaux et internationaux, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour son succès. Il a souligné la nécessité de bien préparer le Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement programmé, à cette occasion, en présence des dirigeants des grandes institutions internationales.
Le Chef de l'État a, au sujet de l'intensification de l'exécution du projet SAMBANGALOU, demandé au Ministre de l'Eau et de l'Assainissement, au Ministre de l'Energie et au Ministre de l'Agriculture, en coordination avec les Ministres chargés respectivement des finances et de la coopération, de mettre en place, avec les autorités de l'OMVG, une instance spéciale de suivi, au niveau national, de l'implémentation de cet important projet.
Concernant la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a abordé la problématique de la régulation des marchés des produits horticoles et demandé à la Ministre du Commerce de veiller à la commercialisation prioritaire de la production horticole nationale. Dans cette lancée, il a rappelé au Gouvernement l'impératif d'assurer la sauvegarde des terres des Niayes et de consolider la vocation horticole de cette zone éco géographique stratégique.
Le Chef de l'État a clos sa communication sur les points relatifs à : (i) la réalisation du port de Ndayane ; (ii) la relance des travaux du port de pêche de Boudody, à Ziguinchor ; et (iii) l'alimentation durable en eau potable de la ville de Touba. Il a notamment demandé au Ministre de l'Eau et de l'Assainissement de mettre en œuvre sans délai, avec l'appui du Ministre des Finances et du Budget, le Projet d'urgence d'approvisionnement en eau potable de Touba, conformément à ses engagements lors de la dernière édition du Grand Magal de Touba.
Au titre des communications :
Le Ministre d'État Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur le baromètre social en insistant sur la situation du secteur de la santé, sur le suivi du TER et sur la renégociation de la concession de l'Autoroute à péage.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur la situation des finances publiques et les perspectives.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public a rendu compte du projet de lancement de la caravane du service public, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d'Appui à la Modernisation de l'Administration (PAMA).
Le Ministre de la Santé et de l'Action sociale a fait le point sur la situation de l'épidémie causée par le Covid-19.
Le Ministre des pêches et de l'Economie maritime a rendu compte des négociations avec DP WORLD dans le cadre de la réalisation du Port de Ndayane ; et de la relance des travaux de construction du port de pêche de Boudody, du développement du Port de Ziguinchor, dans le cadre du projet Orio.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant la création de la société nationale dénommée Les Chemins de Fer du Sénégal (CFS) ;
le projet de loi autorisant la création et la prise de participation majoritaire de l'État dans la Société anonyme dénommée Société d'aménagement foncier et de rénovation urbaine (SAFRU);
le projet de décret fixant les règles d'organisation et de fonctionnement des Universités publiques ;
le projet de décret portant organisation du Ministère de l'Intérieur ;
le projet de décret portant organisation du Ministère de la Santé et de l'Action sociale ;
le projet de décret portant organisation du Ministère de la Microfinance, et de l'Economie sociale et solidaire ;
le projet de décret fixant les règles d'organisation et de Fonctionnement du Fonds pour l'Habitat social (FHS) ;
le projet de décret fixant le mode de calcul de la valeur locative des locaux à usage d'habitation imposables à la contribution foncière des propriétés bâties ;
le projet de décret relatif au registre des bénéficiaires effectifs (RBE);
le projet de décret portant création et fixant les règles d'organisation et de fonctionnement de l'INEFJA.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Fatou Bintou SAR, Matricule de solde N°110 122/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Physiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Kamadore TOURE, Matricule de solde N°110 144/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Santé publique, option épidémiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Ndeye Ramatoulaye DIAGNE, Matricule de solde N°110 119/I, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Pédiatrie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Sylvie Audrey DIOP GUISSONGORA Ep. NYAFOUNA, Matricule de solde N°110 120/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Maladies infectieuses et tropicales à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Mamadou Lamine CISSE, Matricule de solde N°110 102/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Gynécologie-Obstétrique à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Modou Bara NDIAYE, Administrateur Civil, matricule de solde n° 508 161/Q, est nommé Directeur de l'Administration et du Personnel à la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques du Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération ;
Monsieur Mamadou FAYE, Ingénieur géophysicien, précédemment Directeur général de « PETROSEN », est nommé Directeur général de « PETROSEN HOLDING » S.A. au Ministère du Pétrole et des Energies ;
Monsieur Amadou THIAM, Ingénieur polytechnicien, précédemment Coordonnateur du Pôle de Suivi des Projets et Réformes Phares au Bureau Opérationnel de Suivi (BOS) du Plan Sénégal Emergent, est nommé Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, en remplacement de Monsieur Ousmane Wade appelé à d'autres fonctions ;
Monsieur Ousmane WADE, Economiste-financier, précédemment Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, est nommé Administrateur du Fonds de l'Habitat social du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique."
LE FARDEAU DU VEUVAGE
Entre le regard des autres, les pesanteurs sociales et les enfants, il est difficile pour les veuves de rebondir. Avec elles, le veuvage va parfois bien au-delà de la période de viduité de quatre mois et dix jours prévue par l’Islam
« Pour le meilleur et pour le pire », mari et femme se le promettent au mariage. Le pire, c’est sans doute quand la mort frappe à la porte du couple et arrache l’un des deux conjoints à l’affection de l’autre, plongeant le dernier dans un veuvage qui ne finit très souvent jamais. Entre le regard des autres, les pesanteurs sociales et les enfants, il est difficile pour les veuves de rebondir. Avec elles, le veuvage va parfois bien au-delà de la période de viduité de quatre mois et dix jours prévue par l’Islam.
Sa mine joyeuse et son apparence attirante cachent bien le vécu d’une veuve qui traîne encore les stigmates de la perte de son mari il y a de cela dix ans. Intérieurement, Ndioba Fall, ancienne vendeuse de poisson, dit vivre le même chagrin qu’au moment où elle a perdu son âme sœur. « Le problème, ce n’est pas moi », s’empresse-t-elle de préciser. En effet, elle dit faire face à des contraintes sociales qui l’écrasent. « Même mon habillement est épié. Les gens ont tendance à penser que le deuil ne finit jamais. Il m’est arrivé de m’habiller en tenue moderne, mais les regards des autres étaient parlants. Même mes proches m’ont rappelée à l’ordre », se souvient la veuve. Et ces remontrances l’ont replongée dans le deuil. « Je me suis dit que j’étais condamnée », se morfond-elle. Le regard extérieur l’a plongée dans une bulle, et elle a du mal à en sortir.
Fatou Diagne, aujourd’hui active dans la haute couture, a subi, elle aussi, la dure épreuve du veuvage. Elle ne s’est toujours pas remariée, mais elle reconnaît avoir trouvé un nouveau souffle. « J’ai perdu mon mari à l’âge de 35 ans. J’avais deux enfants. C’est le seul homme que j’ai connu de ma vie. Sur le coup, je ne m’imaginais pas refaire ma vie avec un autre. Mais avec le temps, j’ai compris qu’il fallait plus ou moins tourner la page », dit-elle. Si au fond elle se sentait prête à rebondir, des questions taraudaient son esprit. Comment les enfants prendraient-ils l’arrivée d’un nouvel homme ? Qu’en diraient les proches ? L’ex-belle famille ? « Je n’ai jamais trouvé de réponses, mais en discutant çà et là, je me suis dit que c’est mon destin », confie Fatou Diagne.
Pour la sociologue Ndèye Bercy Kane, le veuvage est encore plus pesant pour la femme qui travaille. En effet, après le deuil, l’éplorée doit forcément retourner à son lieu de travail. Mais le drame, c’est que ses moindres faits et gestes sont épiés, note la sociologue. « Elle ne doit plus s’habiller comme avant. Ce qui constitue un blocage psychologique qui, à terme, peut changer sa vie. Parce que, quelles que soient les circonstances, il est toujours difficile de rebondir après un deuil, si en plus, on doit faire avec le regard de la société, le veuvage devient presque éternel », analyse-t-elle.
L’équation des enfants
Si aujourd’hui Fatou Diagne s’est refait une nouvelle jeunesse comme le laisse apparaître sa belle mine, elle n’arrive pas à trouver chaussure à ses pieds. « La plupart des hommes, quand ils découvrent que tu as des enfants, font machine arrière. Ils ont peut-être peur d’être rejetés par les enfants d’autrui », pense-t-elle.
Cette dame, vendeuse de beignets, en a fait l’expérience. Elle témoigne sous le couvert de l’anonymat. En effet, même si elle reconnaît traîner encore le poids du veuvage, elle était prête à rebondir, mais s’est heurtée à la réticence de ses enfants. « Ils sont restés très proches de moi. Quand j’ai fait la connaissance d’un homme qui était prêt à m’épouser, je me suis confiée à un de leurs oncles pour avoir leur avis. Mais depuis lors, ils sont devenus distants avec moi. Je l’ai très mal pris au début. Mais j’ai fini par comprendre leur attitude », témoigne la dame, le regard meurtri.
Regain de spiritualité
Rouguy, elle, a perdu son mari après deux ans de mariage, laissant derrière lui un bébé de deux ans. Très marquée par ce drame, elle ne s’est toujours pas remise. Sa vie se limite aujourd’hui à la prière et aux soins de son enfant. « C’est vrai que j’ai fini la période de veuvage, mais je ne me suis pas départie du voile et je ne le regrette pas. C’est une partie de moi que j’ai perdue. À chaque fois que je regarde mon fils qui lui ressemble terriblement, l’image de mon défunt mari me revient », se confie-t-elle. N’ayant toujours pas quitté le domicile conjugal, Rouguy se réjouit d’avoir la chance de pouvoir compter sur une belle famille aimante. Devenue très pratiquante, elle a mémorisé le Coran durant cette période de viduité.
Presque dans le même cas, N. S. ne s’est jamais remariée depuis qu’elle a perdu son mari il y a de cela dix ans. « Peut-être que je fais peur ou c’est parce que je suis un peu trop âgée », s’interroge-t-elle. Seule, sans mari, ni enfant, N. S. n’a qu’un seul recours : la prière. « C’est tout ce qui me permet de ne pas flancher », dit-elle.
Veuves, porte-malheur ?
En plus de n’avoir pas eu d’enfants, N. S. perd son mari. Un drame qui la plonge dans une profonde solitude. Comme si son désarroi ne suffit pas, elle doit faire face au regard d’une société qui l’a, à la limite, stigmatisée. « Je vis très difficilement mon veuvage. Au vu de la société, une veuve porte malheur. Au début, quand je sortais, je sentais cette méfiance. Et le fait que je n’ai jamais eu d’enfants n’a fait que conforter cette croyance. Du coup, j’étais obligée de ne sortir que la nuit. Ma vie a été plus métamorphosée par ce regard que par la perte de mon mari », témoigne-t-elle. Selon le vendeur de lait Aliou Dème, la soixantaine sonnée, dans son Thilogne natal, les considérations à l’endroit des veuves sont encore plus compliquées, surtout s’il s’agit d’une femme qui a perdu deux maris. « Elle est isolée même au sein de sa famille. Il est même dit que quand on rencontre une femme pareille, on revient sur ses pas et, si on est courageux, on lui jette un morceau de charbon », raconte-t-il.
Remariage : le lévirat et le sororat de plus en plus prisés
Très souvent, dans certaines ethnies, le mari qui perd son épouse se voit proposer une parente proche de sa défunte. Une pratique appelée sororat qui, dans certaines familles, peut peser sur l’ambiance. Sous le couvert de l’anonymat, A. D. révèle que sa famille s’est transformée quand, suite à la mort de sa mère, son père a épousé une de ses tantes. « La sœur de ma défunte mère et moi sommes presque de la même génération. Elle était attentionnée, toujours aux petits soins, mais il nous était impossible d’admettre que c’est elle qui occupe désormais la place de maman dans le foyer. Nos relations ont changé », confie-t-elle.
Cette dame, sous le couvert de l’anonymat, s’est remariée au petit frère de son défunt époux. Mais ce lévirat ne se passe pas très bien car elle vit difficilement les relations froides entre ses enfants et son mari. « Je sens une certaine jalousie. Parce que c’est quelqu’un de très collant. Dans une vie normale, ce ne serait peut-être pas de trop, mais le contexte fait que les enfants l’acceptent difficilement », tente-t-elle d’analyser.
par Yoro Dia
ANACHRONISMES DÉMOCRATIQUES
On n’a pas besoin d’un ministère dédié aux élections, sauf à admettre que le pays doit vivre dans une campagne électorale permanente - Prenons le temps de parfaire nos institutions et utilisons notre énergie pour des problèmes réels
J’ai souvent écrit dans ces lignes que le dialogue national est non seulement une arme de distraction massive, mais aussi que c’est une immense perte de temps. La nouvelle proposition de la société civile pour la création d’un «ministère chargé des Elections et de la modernisation du système partisan» confirme que la société civile est souvent complice dans cet art permanent de la distraction massive. Le théâtre de mauvais goût ne fait plus rire personne.
Dans notre système politique où l’alternance est devenue la respiration naturelle de la démocratie et où les Présidents sortants Diouf et Wade ont organisé et perdu des élections, où l’opposition remporte souvent la mairie de la capitale face au pouvoir en place, vouloir créer un «ministère chargé des Elections et de la modernisation du système partisan» est un anachronisme démocratique. Cette idée aurait été pertinente il y a 30 ans, avant les alternances. Certains membres de la société civile, qui sont souvent à l’origine de ce genre de propositions, sont des rentiers de la tension politique qui cherchent toujours à créer une inflation institutionnelle pour caser leurs membres.
La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût, et notre démocratie nous coûte trop cher, avec une inflation institutionnelle permanente. Dans une démocratie, les élections ne sont qu’une parenthèse qu’on ferme rapidement pour que le pays se remette au travail. On n’a pas besoin d’un ministère dédié aux élections, sauf à admettre que le Sénégal doit vivre dans une campagne électorale permanente. Nous voulons que notre pays fasse un grand bond en avant, mais pas qu’on nous ramène toujours en arrière avec ce genre de propositions anachroniques.
Nous n’avons pas besoin d’un ministère chargé de la «modernisation du système partisan». Notre système fonctionne bien, il se modernisera avec le temps, sauf que nous ne donnons jamais le temps à notre système, caractérisé par un éternel recommencement après chaque élection. Le système américain, qui est d’une extrême complexité, est devenu moderne avec le temps, car dans ce pays, on s’adapte aux règles du jeu définies il y a des siècles.
Chez nous, on adapte les règles du jeu aux conjonctures électorales. Ce qui fait que nous avons des traditions électorales très fortes, mais encore des traditions démocratiques très fragiles à cause des règles du jeu qui changent en permanence. Il n’y a pas d’institutions parfaites. Elles le deviennent avec le temps. Laissons le temps au temps pour parfaire nos institutions et utilisons notre énergie pour des problèmes réels !
Rien de révolutionnaire ne sortira du dialogue national. Le dialogue national ne fera pas faire à notre démocratie une grande avancée parce que le dialogue national cherche à trouver des solutions à des problèmes artificiels ; d’où des propositions artificielles comme un ministère chargé de la Modernisation du système partisan. Du dialogue ne sortiront que des propositions artificielles parce que notre pays n’a pas de problème politique. Nous avons élu un Président qui gouverne, l’opposition s’oppose et travaille pour la prochaine alternance, les magistrats tranchent les litiges, la plèbe se passionne pour l’affaire Dieyna, tout est normal. C’est parce que le dialogue n’a pas d’objet que c’est une perte de temps et une distraction qui nous éloignent des vraies questions.
BERNIE SANDERS N'Y ARRIVE PAS
René Lake décrypte les résultats du mini Super Tuesday, marqué par une nouvelle victoire de Joe Biden qui distance largement le Sénateur du Vermont, son principal rival dans la course à la nomination démocrate pour la présidentielle
La dynamique victorieuse enclenchée depuis trois primaires par Joe Biden ne s'arrête plus. Et Bernie Sanders a du mal à suivre l'échappée de son rival. Le Sénateur du Vermont a une nouvelle fois courbé l'échine ce mardi, lors du mini Super Tuesday, avec une défaite dans au moins trois des six Etats en jeu.
Au micro de VOA TV, l'analyste politique, René Lake, parle de ce duel qui tourne de plus en plus à l'avantage de l'ancien vice-président de Barack Obama. Il voit notamment très Bernie Sanders parvenir à refaire son retard.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
GAGNY LAH : L’ÉTOFFE, L’EROS & LA CASTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Icône du Bazin riche, l'opérateur malien, a même laissé son nom au tissu, joyeusement déformé en « Ganila » au Sénégal - Mort à 80 ans en 2016 à Paris, il laisse orphelins plusieurs tissus - INVENTAIRE DES IDOLES
Icône du Bazin riche, étoffe très prisée en Afrique, Gagny Lah, opérateur malien, a même laissé son nom au tissu, joyeusement déformé en « Ganila » au Sénégal. Commerçant inspiré, travailleur discret et patriote, c’est un des symboles de réussite les plus aboutis dans le continent. Mort à 80 ans en 2016 à Paris, il a récolté de nombreux hommages et laisse orphelins plusieurs tissus. Satire.
Le vieux Mansour était tout ce qu’aimaient les jeunes. Un vieux, drôle, qui fréquentait leurs assemblées et qui n’était jamais avare d’y aller de sa petite anecdote. Il avait gardé un esprit juvénile, taquin et ne manquait jamais de railler ses vieux collègues de la mosquée, croulants, voûtés et coincés. Il aimait s’inviter à la séance de thé, tacler les jeunes qui ne seraient plus virils comme de son temps, et partageait toujours l’anecdote qui faisait mouche, à coup de mon temps, ou encore, notre génération, ou plus sobrement, avant…Il le disait la voix enrouée par la nostalgie…On avait bien fini par l’adopter comme l’un des nôtres, aimanté par ses blagues, surtout quand ils racontaient les galères conjugales de ses vieux potes. On l’appelait affectueusement Alfanaw (le vieux), il ne cessait de nous asséner des certitudes, pour certaines devenues adages. Une d’entre elle avait fini par valoir prémonition ! Alfanaw en était sûr. Il tenait dans cette prophétie : « méfiez-vous, nous disait-il, des petits gros sans charmes évidents, potentiellement chauves voire inoffensifs et des tailleurs vaguement efféminés, car ils sont les véritables géniteurs de nos enfants. Ceux qui vous habillent sont bien souvent ceux qui vous déshabillent. » « Ils ont, rajoutait-il, peu avare de sa science, l’oreille, les mensurations, la satanée et crapuleuse prise de mesure, la proximité libidineuse et les secrets des couples qui vacillent ou qui naissent. Si les taxis confessent les femmes, les tailleurs les réconfortent et leurs recousent une splendeur, les vendeurs de tissu n’en parlons pas, eux c’est le jackpot. » Fier de son effet, le sociologue des taxis et des ateliers de coutures, s’en allait gaiment.
Bien des années plus tard…
Le temps a blanchi des crânes, ridé des visages d’anges, vidangé des maisons pour remplir des cimetières, que la prédiction reste non - tout à fait - démentie. Elle a davantage de vigueur, quand on y songe, avec la récente disparition de Gagny Lah que le veux Mansour aimait bien, depuis ses débuts dans le commerce dans les années 80. A la masse commune, attelée aux défis de la survie, ce patronyme, Lah, improbable, n’évoque rien, sinon un exotisme lointain. Dans les cabinets sérieux, on ne sait pas grand-chose de ce patronyme non plus. A l’élite mondaine, perchée sur son promontoire d’aise, il ne dit pas davantage grand-chose, sinon une probable anomalie de baptême. Surgit pourtant, de cet anonymat des destins célestes, une fabuleuse histoire. L’homme, discret travailleur, noble et fin d’aspect, sec, mais lustré d’argent, avait le port haut et le regard malicieux. Coiffé d’une chéchia immaculée, il poussait la coquetterie jusqu’à l’assortir avec un boubou ample et duveteux, à l’intérieur duquel il évoquait la majesté de ces rois des hauts plateaux guinéens, que l’on ne rencontre plus guère que dans les romans de Tierno Monenembo. Il symbolisait la réussite, la pudeur, l’acharnement au travail.
D’une ascendance pularoïde que suggéraient, outre ses traits tracés à la grâce, ce culte du secret, cette pudeur maniaque qui s’évanouissait dès les seuils de l’intimité, il avait dédié sa vie à déshabiller et à rhabiller les femmes, sans y toucher ; sans que n’interviennent ni la corruption de l’argent, celle de la force, celle de la séduction, ni même celle de l’utilité mutuelle, infligeant ainsi aux violeurs, aux dragueurs, aux polygames argentés, les plus grandes leçons des jalons sur la quête féminine pour ici emprunter la formule de Sayyid Qubt. A 60 ans, il avait déjà plus que réussi son pari. Les femmes le portaient. Les hommes aussi. Ce peuple nu d’Adam s’enfilait des mètres entiers du longiligne sahélien sans rechigner aux encoignures. A l’instar d’une poignée de privilégiés qui avaient réussi au cours de l’histoire à tisser une proximité avec le corps féminin, Gagny Lah s’était hissé directement au grade de meilleur, reléguant Roger Cavaillès et ses gels intimes, Hugh Efner et des playmates, et même les serviettes hygiéniques les plus polissonnes, tout un monde qui en savait des rayons sur l’anatomie des descendantes d’Eve. Les hommes, quoique moins aphrodisiaques à peindre, voyaient leur intimité avec Gagny Lah chahuter leur virilité. Il avait ainsi aboli les frontières de la distinction sexuelle, si chère en pays d’Islam.
Notre homme était devenu une seconde peau, l’habit greffé à l’âme, et l’étoffe d’une sous-région en proie à la fragile nudité de l’insignifiance. On l’exhibait les jours de fêtes. Son bazin était riche, il froufroutait à l’air libre. Son éclat rayonnait. On se drapait dans cet habit neuf, propice aux grandes occasions. Ses plis réguliers, ses motifs ondoyants, pointillaient sur le tissu comme les étoiles perlent dans la robe du ciel ; la voilure de ces Hommes heureux ourlait et dansait au vent, célébrant l’esthétique et l’art, ultimes refuges d’énergie et d’espoir des peuples outragés par le destin.
Privilège des immortels, Gagny Lah avait réglé l’affaire de sa postérité de son vivant. Il s’était aménagé le long de sa vie, une tombe cristalline, un linceul de métal précieux, pour enveloppe finale, peaufinée à l’écriteau par son propre nom, pour achever le paquet à destination des grâces du ciel. Peu importe que son nom soit devenu dans le domaine public « Ganila », écorché par la prononciation énamourée des commerçantes qui l’ont propagé, aussi tenons-nous là, la vraie et belle appropriation culturelle : celle qui déforme et adapte, créant le charme poétique et trouble du métissage. En important une étoffe dans laquelle il a imprimé et dissolu son âme et son génie, Gagny Lah peut partir la tête haute. Il laisse un héritage immense. L’étoile aura manqué – signe de son humanité – d’éponger les querelles de castes qu’elle a suscitées tant son bazin était aussi affaire de paraître, d’échelles sociales.
Gagny Lah, ou plutôt « Ganila », était devenu bien malgré lui, le symbole de la résurgence de ces hiérarchies violentes, alourdies par une société d’affichage où la caste s’énonce et s’annonce avec l’habit. Il ne pouvait qu’habiller les Hommes, tâche leur revenait d’y instiller la dose de pudeur et d’humanisme. Gagny Lah n’avait pas lu Marx, et sérieusement qui lui en voudra ? Lui qui, au crépuscule de sa vie, a vu un autre ogre du marché de l’étoffe lui mordre le mollet et le jeter dans la tombe de la course au plus scintillant, que l’on nomme dans les cimes dakaroises : Jezner. Combat déloyal et défaite à la saveur divine. Dans les couches de tissus qui se superposent, bariolés de couleurs et de verves des marchés africains, toute la famille, de Wax à Lagos, en passant par Së’ru Njago (étoffe manjak) et Cuub (teinture), la communauté étreinte par le chagrin pleure le seul qui avait réussi à faire disparaître l’Homme dans l’étoffe. A Percal (étoffe du deuil), l’auguste mission, d’envelopper celui dont c’était la mission.
Maintenant que les lumières sont éteintes, au nom du vieux Mansour, avec qui tu dois discuter là-haut désormais, permets une familiarité Gagny Lah : combien alors en as-tu défaits de pagnes de ton nom ? C’est pour un ami tailleur !
Texte initialement publié dans le P’tit Railleur, en 2016.
Baba Zoumanigui, ancien patron d'IBM Afrique francophone, parle de son nouveau livre "Kungolo Baa" concernant le leadership, le management et les valeurs africaines, dans l'émission Question directe sur iTV.
Par Mamadou Mansour DIOUF
ARRÊTEZ D’ENTRETENIR LA PEUR
Chers journalistes soyez professionnels et au lieu de scruter et de traquer des nouveaux cas à longueur de journée faites la promotion et diffusez les mesures préventives d’hygiène édictées par les professionnels
Les cas d’infection à coronavirus vont se multiplier encore au Sénégal comme partout ailleurs où le virus est présent sur cette planète. C’est indéniable. À chaque fois qu’on annonce un nouveau cas la panique monte d’un cran et la presse y est pour beaucoup.
Chers journalistes soyez professionnels et au lieu de scruter et de traquer des nouveaux cas à longueur de journée faites la promotion et diffusez les mesures préventives d’hygiène édictées par les professionnels. C’est beaucoup plus responsable et utile.
Nulle part on ne vous voit mouiller le maillot pour lutter contre ce virus en sensibilisant davantage les populations et en relayant les messages qui visent à les rassurer. Vous êtes plutôt obsédés par la recherche effrénée du sensationnel en traquant à longueur de journée le moindre nouveau cas dans tous les coins du pays et à toujours rajouter une couche à la psychose.
Des cas de coronavirus il y’en aura tous les jours comme ça se passe en chine et dans tous les pays touchés et le Sénégal ne fera pas exception parce que ce virus est hautement contagieux. Il faut que cela soit clair et intégré par tout le monde et il n’y a d’autre alternative que de faire face de façon responsable. Il est important de comprendre pourquoi ce virus est si contagieux et se transmet aussi facilement d’homme à homme : L’analyse moléculaire des protéines de surface du virus (ces piques que vous voyez à la surface du virus sur les images, qui lui permettent notamment de s’accrocher aux cellules pour les infecter) présenterait une affinité pour les cellules humaines dix à vingt fois supérieure à celle du son homologue le SARS-CoV de 2003 (l’autre coronavirus responsable du SRAS de 2003).
Cette grande affinité des protéines de Covid-19 pour l’ACE2 humain (le récepteur sur lequel se fixe le virus) pourrait expliquer la facilité manifeste avec laquelle le virus peut se propager d’humain à humain. En ma qualité de médecin impliqué quotidiennement sur le terrain dans la lutte contre ce virus (je ne suis pas scotché derrière un écran et un clavier à longueur de journée) je m’occupe des cas les plus graves qui sont en Réanimation et donc je suis beaucoup plus exposé que vous au risque de contamination par ce virus.
Selon les statistiques Une personne malade du coronavirus contamine en moyenne 2,2 personnes en dehors de l’hôpital tandis qu’un malade soigné à l’hôpital contamine en moyenne 10 à 14 soignants en cas de défaillance des mesures de protection. Cela souligne la GRANDE VULNÉRABILITÉ des personnels soignants qui sont très exposés.
Par conséquent s’il y’a quelqu’un qui devrait légitimement paniquer c’est bien moi. Je ne cesse de déployer toute mon énergie pour vous rassurer et vous exhorter à respecter scrupuleusement les consignes et les mesures préventives d’hygiène. Ayez donc confiance et restez zen et concentrés. N’écoutez pas les oiseaux de mauvaise augure et ensemble luttons efficacement contre ce virus. La clé du succès et de la victoire pour ce combat se trouve entre vos mains et nulle part ailleurs.
YES WE CAN ! GOD BLESS OUR COUNTRY
Mamadou Mansour Diouf est Anesthésiste Réanimateur (France)
L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE ROUVRE LES PORTES DES PRISONS AUX VISITEURS
Après les mesures prises par l’administration pénitentiaire dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et consistant à interdire les visites en plus des dons qui n’étaient plus acceptés, les portes des prisons ont été ouvertes ce mardi.
La prison du Camp pénal de Liberté 6 a été prise d’assaut par les parents des détenus. En effet après les mesures prises par l’administration pénitentiaire dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et consistant à interdire les visites en plus des dons qui n’étaient plus acceptés, les portes des prisons ont été ouvertes ce mardi.
Les détenus du Camp pénal ont pu, enfin, recevoir des visiteurs. Pour des raisons de santé publique, l’Administration pénitentiaire avait interdit depuis le 5 mars toutes les visites dans les lieux de détention. Il est 10h. A l’entrée de la prison, deux agents gèrent l’accueil des visiteurs. Dans un registre, sont enregistrés les noms et prénoms des différents visiteurs. Mais également les différents dons qu’ils soient en nature ou en espèces.
Toutefois, coronavirus oblige, les visiteurs sont obligés de se laver les mains. Ceci est une obligation. Dans la cour sont stationnés deux véhicules 4x4 de couleur blanche floqués aux flancs des symboles de l’Administration pénitentiaire. Juste à côté, un petit terrain de basketball, des chaises en plastique de différentes couleurs sont installées à l’intérieur d’une tente. Il y a plus de femmes que d’hommes parmi les visiteurs. Le mouvement des lèvres d’une dame, la quarantaine, un foulard blanc sur les épaules, chapelet à la main, laisse croire qu’elle fait des incantations. « Aujourd’hui, je suis gagnée par la peur. Et pourtant, ma fille m’a appelée dans la journée du lundi dernier pour me dire quelle se porte bien », dit la dame. Son grand souci, c’est qu’elle ne pouvait rien préparer à manger pour sa fille. Parce que l’Administration pénitentiaire avait strictement interdit toute nourriture extérieure. Une Administration pénitentiaire qui ne badine pas avec les règles préventives pour lutter contre le Covid-19. Une fois dans la salle d’attente, pas d’embrassades de ni contacts physiques entre détenus et visiteurs, pas même des salutations avec la main.
Bref il était interdit de se toucher et une certaine distance était requise entre le visiteur et la prévenue. Des mesures qui entrent, bien sûr, dans le cadre de la prévention du coronavirus. Des contraintes difficiles à supporter pour les détenues et leurs parents. « Il est très difficile de rester entre quatre murs sans visite. Surtout la journée du 08 mars dernier, journée dédiée à la femme où d’habitude les organisations non gouvernementales (ONG), les associations et les artistes organisaient des manifestations festives pour nous. Sans compter les discours qu’ils tenaient pour nous redonner confiance » déplore une détenue par rapport aux nouvelles règles établies.
Dans le quartier des hommes, une jeune dame, un bébé dans les bras, dit comprendre parfaitement la décision de l’Administration pénitentiaire. « La vie des détenus dépend d’elle. Le coronavirus fait des ravages en Chine et en Italie. L’autre paramètre, le virus se transmet par la main. Donc, si interdire les visites peut freiner la propagation du coronavirus, mieux vaut le faire », soutient la jeune maman qui était venue rendre visite à un ami. Pour des raisons de santé publique, l’Administration pénitentiaire avait interdit tout contact avec les détenus depuis le 05 mars dernier. Avec la situation stable du covid-19 au niveau national, les détenus peuvent désormais recevoir des visites. Même si leurs adhèrent à cette situation, certaines se disent inquiètes de rester des jours sans savoir ce que leurs proches mangent.
En effet certains détenus se plaignent de troubles gastriques depuis qu’était entrée en vigueur la mesure interdisant l’entrée des repas et autres dons à l’intérieur de la prison. Les mesures ayant été assouplies, tout est bien qui finit bien donc…
Par Oumar-Diouf FALL
ALASSANE OUATTARA RENONCE A UN 3E MANDAT
Le Président ivoirien se sacrifie ainsi en donnant l’exemple qui devrait freiner les ardeurs mégalomanes de chefs d’Etat africains.
La décision du Président ivoirien de se limiter à deux mandats est sage et salutaire. Elle est source d’apaisement et de soulagement pour ceux qui redoutaient le pire, en souvenir indélébile des animosités qui ont gangrené la vie politique ivoirienne au point d’engendrer des atrocités ayant causé des milliers de morts et des blessures profondes de toutes natures.
Autant les Ivoiriens sont soulagés, autant leurs frères de la sous région Ouest africaine et de l’ensemble du continent le sont. C’est un truisme que de dire que la Côte d’Ivoire est un pays phare dans la zone géographique de l’Uemoa, l’Union économique et monétaire ouest africaine. Elle pèse lourd dans la balance avec une population importante et très jeune dont près de 40 % a moins de 15 ans sur plus de vingt six millions d’habitants.
En dépit de dix années de guerre civile et des affrontements armés après l’élection présidentielle de 2010, la Côte d’Ivoire réalise la croissance forte de la zone dont elle représente plus de 35% du PIB (produit intérieur brut). Elle a faibli par endroits mais n’a pas rompu avec les performances économiques réalisées sous l’impulsion de son actuel Président, Alassane Dramane Ouattara, brillant et méticuleux économiste international, ancien directeur Afrique au FMI (Fonds monétaire international), à Washington et ex-Gouverneur de la BCEAO, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest dont le siège se trouve à Dakar. Alassane, comme aime l’appeler un confrère ivoirien, a plongé définitivement par la suite dans la lagune politique, propulsé subrepticement Premier ministre par le président de la République d’alors feu Félix-Houphouët Boigny.
En octobre prochain, il mettra un terme à sa vie politique pour, dit-il, laisser la place à la jeunesse. Ainsi donc, deux mandats et c’est tout. Fin de vie au pouvoir ! Et puis après ? C’est justement cet après que redoutent presque tous les chefs d’Etat africains et qui pousse certains d’entre eux à s’agripper au pouvoir au point de tripoter la Constitution de leur pays ou d’organiser un hold-up électoral pour s’éterniser. Bon gré mal gré, le président Ouattara a dit ce qu’il doit faire : respecter ses engagements malgré les brèches constitutionnelles aménagées pour éventuellement sauter le pas du 3e mandat. Encore qu’en pratique démocratique normale, respecter les règles constitutionnelles auxquelles on souscrit au titre de dépositaire de la confiance d’un peuple ne saurait relever d’une prouesse. Mais pour ce coup ci, la décision est salvatrice en ce qu’elle décrispe le climat déjà lourd d’incertitudes du côté de la lagune Ébrié. Elle marquera aussi, à n’en pas douter, un pan de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire.
Au demeurant, l’annonce faite par le Président Ouattara a l’agréable mérite de freiner les ardeurs boulimiques et mégalomanes de chefs d’Etat africains gagnés par l’usure du pouvoir et installés dans un confort qu’ils ont du mal à quitter ou empêtrés dans des contradictions et imbroglios inextricables.
En réalité, l’usure du pouvoir tue le pouvoir en ce sens qu’elle installe la routine et déconnecte nos dirigeants de leurs concitoyens, notamment la classe jeune qui veut prendre sa place. Et à juste raison. Il est heureux que le président Ouattara l’ait compris, en souhaitant céder les clefs de son pouvoir ou de son Palais à une nouvelle génération. Après tout, qu’est-ce qui dure sur cette terre ? Quand c’est la fin, c’est la fin. Il faut aimer son pays pour le savoir. Alassane Ouattara dit qu’il aime la Côte d’Ivoire.
Alors, à nos vaillants chefs d’Etat, nous disons : AIMEZ VOTRE PAYS !