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2 octobre 2025
LUNDI NOIR SUR LES MARCHÉS MONDIAUX
Emportée par un krach pétrolier et la crainte exacerbée d'une dépression économique mondiale à cause du nouveau coronavirus, la séance sur les marchés financiers lundi rappelait le cataclysme financier de la fin 2008
Une marée de rouge sur les écrans boursiers, des plongeons inédits, des supensions de séance: emportée par un krach pétrolier et la crainte exacerbée d'une dépression économique mondiale à cause du nouveau coronavirus, la séance sur les marchés financiers lundi rappelait le cataclysme financier de la fin 2008.
"C'est l'une des pires journées que j'ai vécues en Bourse", confie à l'AFP Oliver Roth, stratège chez Oddo Seydler Bank, à Francfort, où le Dax a connu sa plus lourde chute depuis 2001 (-7,94%).
Comme la Bourse allemande, les marchés européens ont connu des décrochages spectaculaires: -8,39% pour le CAC 40 parisien, -7,69% pour l'indice londonien FTSE-100, deux variations qui n'avaient pas eu lieu depuis 2008. La Bourse de Milan a perdu plus de 11%, celle de Madrid 7,96%.
A la Bourse de New York, l'effondrement des indices en début de séance a même déclenché une interruption automatique des échanges pendant 15 minutes, le temps que les investisseurs reprennent leurs esprits et que l'argent puisse un peu circuler sur le marché.
Son indice vedette, le Dow Jones, a finalement perdu 7,79%, encaissant sa pire séance depuis 2008.
Les grandes places européennes, comme le Dow Jones, cumulent des pertes tournant autour de 20% depuis leurs récents pics.
Les investisseurs étaient déjà échaudés ces dernières semaines par la propagation du coronavirus. Mais s'y est ajouté le stress lié à l'or noir, qui a connu lundi sa pire chute depuis la première guerre du Golfe en 1991 en s'effondrant d'environ 25% à Londres comme à New York.
La chute de plus de 30% des prix des barils de brut en tout début de séance a fait se lever un vent de panique qui des Bourses d'Asie s'est propagé à l'Australie puis à celles du Golfe, avant de rejaillir sur les marchés européens et de contaminer Wall Street.
L'indice de volatilité VIX, traditionnellement surnommé "indice de la peur", évolue au plus haut depuis fin 2008.
Les marchés ont passé "un cap psychologique" avec ce déclin boursier "d'une violence absolue", observe Alexandre Baradez, analyste chez IG France.
Seules les obligations souveraines américaines et allemandes, considérées comme des valeurs refuge, profitaient de la panique boursière, les taux d'intérêt à dix ans tombant à des plus bas niveau de leur histoire.
"La férocité du mouvement de vente des actifs risqués reflète une réévaluation massive concernant la croissance mondiale", les investisseurs passant en un peu plus de deux semaines "d'une certaine complaisance généralisée à l'intégration d'une probable récession", commente Paul O'Connor chez Janus Henderson Investors.
Seules les obligations souveraines américaines et allemandes, considérées comme des valeurs refuge, profitaient de la panique boursière, les taux d'intérêt à dix ans tombant à des plus bas niveau de leur histoire.
"La férocité du mouvement de vente des actifs risqués reflète une réévaluation massive concernant la croissance mondiale", les investisseurs passant en un peu plus de deux semaines "d'une certaine complaisance généralisée à l'intégration d'une probable récession", commente Paul O'Connor chez Janus Henderson Investors.
"Les investisseurs sont incertains quant à la nature du virus, son impact économique potentiel et sa réponse politique. Le choc pétrolier a ajouté à la confusion et à l'incertitude", ajoute-t-il.
En cause, la décision de l'Arabie saoudite d'adopter une politique de la terre brûlée en baissant drastiquement le prix de son or noir, après l'échec de négociations en fin de semaine dernière avec la Russie.
- Double choc -
Les marchés se raccrochent désormais à l'espoir d'une réponse coordonnée à la fois des banques centrales et des gouvernements aussi bien en terme de politique monétaire que de politique budgétaire.
Plusieurs milliards ont d'ores et déjà été débloqués aux Etats-Unis et en Italie pour répondre à cette crise sanitaire inédite, et l'Allemagne a annoncé des mesures, mais des intervenants de marché relèvent que ces plans manquent d'ambition et de coordination.
D'autant que cette épidémie intervient à un moment où de nombreuses entreprises sont endettées. Le marché craint un assèchement du financement de l'économie réelle.
Les gouvernements doivent apporter "une réponse internationale coordonnée" pour atténuer l'impact économique de l'épidémie du coronavirus, souligne lundi l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), les exhortant à prendre des mesures budgétaires, monétaires et financières "importantes".
Les dirigeants européens tiendront mardi une visioconférence pour coordonner leurs actions face au coronavirus.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé lundi que la Chine (plus de 80.700 cas) était "en train de maîtriser l'épidémie", mais elle a parallèlement averti que "la menace d'une pandémie" à l'échelle de la planète était "devenue très réelle".
LA FACTURE COLOSSALE D'UNE POSSIBLE ANNULATION DES JO 2020
Alors que le monde du sport subit de plein fouet l’épidémie du coronavirus, avec le report des matchs et les huis clos, d’autres événements majeurs s’inquiètent de leur avenir. Au premier rang desquels, les Jeux olympiques de Tokyo, en juillet prochain
RMC Sports |
Pierre Rondeau |
Publication 09/03/2020
Alors que le monde du sport subit de plein fouet l’épidémie du coronavirus, avec le report des matchs du VI Nations et les huis clos en Ligue des champions et dans le championnat de France, d’autres événements majeurs s’inquiètent de leur avenir. Au premier rang desquels, les Jeux olympiques de Tokyo, en juillet prochain. Une annulation serait catastrophique.
Le huis clos imposé pour le match de Ligue des champions PSG-Dortmund (en exclusivité sur RMC Sport 1), les matchs du VI Nations reportés à octobre prochain, les matchs de Ligue 1 qui vont se jouer sans supporters... Et si ce n’était que le début ?
Une compétition majeure, si ce n’est la plus importante de l’année, s’inquiète à son tour d’une probable annulation ou report à cause du coronavirus: les Jeux olympiques de Tokyo 2020 (24 juillet-9 août). Pourtant, il y a quelques semaines, le CIO avait affirmé son intention de ne pas toucher au calendrier et avait appelé les athlètes à poursuivre leur préparation.
Un coût d'annulation évalué à... 65 milliards d'euros
Mais s’il fallait les décaler, voire les annuler tout simplement ? En plus d’un véritable drame, pour des milliers de sportifs et de sportives de haut-niveau, ce choix risquerait de porter un coup sévère à toute l’économie nippone. En effet, d’après une étude de SMBC Nikko Securities publiée par Kyodo News, "l'annulation des Jeux olympiques de Tokyo 2020, en raison de l'épidémie de coronavirus, entraînerait une baisse de 1,4% du produit intérieur brut (PIB) du pays".
Dit comme ça, ça n’a l’air de rien mais cette baisse représenterait plus de 65 milliards d’euros (7,8 billions de yens) ! L’étude montre aussi que l’annulation provoquerait une chute du revenu national japonais de 24% par rapport à 2019.
Cette publication, au scénario catastrophique et dévastateur pour la troisième plus grande économie du monde, illustre à quel point le sport et notamment les grands événements sportifs internationaux sont importants pour un pays et pour son développement. Ils sont générateurs de milliards d’euros de retombées économiques et garantissent un soutien et une pérennité pour la croissance.
Les Jeux olympiques sont des accélérateurs de croissance
Une récente étude du Centre de Droit et d’Economie du Sport de Limoges avait, par exemple, montré que les JO de Paris en 2024 allaient permettre des retombées économiques de plus de 10 milliards d’euros sur toute la période olympique, et bien longtemps après. Notamment grâce à l’héritage, aux investissements consentis et à l’impact touristique durable.
Néanmoins, il convient de relativiser le poids économique mis en avant par l’étude. Les 65 milliards de pertes ne concernent pas seulement l’annulation des Jeux olympiques de Tokyo, toutes choses égales par ailleurs. Ce chiffre a été calculé dans une physionomie où, en plus des JO arrêtés, c’est toute l’économie japonaise qui tournerait au ralenti à cause de l’épidémie de coronavirus.
Reste que les résultats sont inquiétants et terriblement élevés.
GRIBOOUILLE DE LA SEMAINE PAR IBOU LO
MACKY ÉVITE LE COURROUX DU "PETIT" MACRON
EXCLUSIF SENEPLUS - Le pouvoir qui vient de libérer Guy Marius Sagna a-t-il eu peur des réprimandes du chef de l'Etat français dont la colère a contraint Paul Biya à ordonner la libération de son principal opposant Maurice Kamto ?
Guy Marius Sagna vient d'être libéré, quelques jours après que Macron a publiquement révélé avoir mis la pression sur le camerounais Paul Biya pour la libération de son opposant Maurice Kamto. La concomitance des deux événements n'est pas passée inaperçue aux yeux de notre illustrateur Iboo Lo qui en fait son actualité de la semaine.
Le président Macky Sall aurait-il fait libérer l'un des poils à gratter de son régime parce que craignant les réprimandes du "petit Macron", comme le dirait Salif Keita ?
Retrouver sur SenePlus, chaque semaine la "Griboouille de la semaine" sous la plume de l'illustrateur Iboo Lo.
AUDIO
UP'NEU, LE RÉSEAU SOCIAL SÉNÉGALAIS
Un réseau social made in Sénégal, où près de 10 millions d’habitants sont connectés à Internet ! Et cela, dans un environnement ultra concurrentiel, face à des géants comme Facebook, Twitter, YouTube, WhatsApp, Up’Neu mise sur l’oralité pour se démarquer
Un réseau social made in Sénégal, où près de 10 millions d’habitants sont connectés à Internet ! Et cela, dans un environnement ultra concurrentiel, face à des géants comme Facebook, Twitter, YouTube, WhatsApp, Up’Neu mise sur l’oralité pour se démarquer.
LA SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE EN GUINÉE, UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE
Le 1er mars 1960, le premier président du pays, feu Ahmed Sékou Touré, dit « non » au franc CFA. Est alors créé le franc guinéen. Une expérience dont le pays peine encore à se sortir 60 ans plus tard
TV5 Monde |
Christian Eboulé |
Publication 09/03/2020
Le 1er mars 2020 marquait les 60 ans de la création du franc guinéen par son premier président, feu Ahmed Sékou Touré. Une expérience de la souveraineté monétaire qui prouve, aujourd’hui encore, que le pouvoir de battre monnaie ne peut être qu’un moyen au service d’une saine gestion budgétaire.
Après la crise d’Alger de mai 1958 et le retour au pouvoir du général de Gaulle, un référendum constitutionnel est organisé en France métropolitaine et dans les colonies françaises d’Afrique subsaharienne, auxquelles est soumis un projet de communauté franco-africaine. Il s’agit alors, pour l’essentiel, d’un processus de « décolonisation» destiné à réunir les futurs pays indépendants dans une large communauté avec la Métropole. Sous la houlette d’un jeune syndicaliste aussi charismatique qu’ambitieux, Ahmed Sékou Touré, la Guinée est le seul territoire du vaste empire colonial français d’Afrique à voter « non ». Dans la foulée, le pays proclame son indépendance, le 2 octobre 1958.
Les mesures de rétorsion de la France
A l’époque, la France n’avait pas encore digéré sa défaite à Diên Biên Phu, et elle redoutait des révoltes en Algérie ou encore au Cameroun. Afin que la Guinée ne serve pas d’exemple, Paris adopte contre elle des mesures de rétorsion politiques et économiques, parmi lesquelles son exclusion de la zone franc, au sein de laquelle avait cours le CFA, le franc des colonies françaises d’Afrique, créé quelques années plus tôt, le 25 décembre 1945. Pourtant, l’un des premiers gestes que pose Ahmed Sékou Touré, peu après son accession à la magistrature suprême, c'est l’envoi au chef de l’Etat français d’une lettre datée du 15 octobre 1958, dans laquelle il demande le maintien de son pays dans la zone franc.
Très vite, Sékou Touré comprend qu’il devra faire sans l’ancienne puissance coloniale, qui, du reste, rappelle tout son personnel en poste en Guinée. Dans un contexte marqué alors par la Guerre froide, la plupart des pays occidentaux s’alignent sur la position française, tandis que ceux du bloc de l’Est soutiennent Sékou Touré. Conséquence : de nombreux experts issus des pays socialistes et même de certains partis de gauche européens, affluent à Conakry. Et ils vont notamment travailler sur un projet de création d’une nouvelle monnaie. En attendant, le franc CFA continue d’être utilisé dans le pays.
L’opération « Persil »
Plus que jamais résolue à punir la Guinée, et craignant qu’elle ne devienne un moyen pour le bloc de l’Est de déstabiliser la toute nouvelle Communauté française d’Afrique, la France décide, début 1959, de faire tomber le pouvoir en place. Baptisée « Persil », du nom d’une lessive vantée alors par toutes les publicités, le QG de cette opération est installé à Dakar, au Sénégal. Dans un livre d’entretiens intitulé Maurice Robert, « ministre » de l’Afrique, paru en 2004, voici ce qu’en dit Maurice Robert, qui était à l’époque chef du service Afrique au SDECE, le service de documentation extérieure et de contre-espionnage : « Nous devions déstabiliser Sékou Touré, le rendre vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition […] Parmi ces actions de déstabilisation, je peux citer l’opération « Persil », par exemple, qui a consisté à introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie. »
Malgré les coups, très rudes, portés par l’ancienne puissance coloniale, le régime de Sékou Touré résiste, soutenu en particulier par la Chine et l’Union soviétique. Au fil des mois, il devient socialiste. Le courage du jeune président lui attire sympathie et rayonnement international. Le 1er mars 1960, soit dix-sept mois après l’indépendance, le franc guinéen est créé, en même temps que la BRG, la Banque de la République de Guinée, le nouvel institut d’émission. L’année suivante, la BRG devient BCRG, Banque Centrale de la République de Guinée. Désormais, le pays exerce pleinement sa souveraineté monétaire, et une partie des populations en fait un motif de fierté nationale.
Une économie centralisée
Avec le choix d’un régime socialiste, l’économique guinéenne se centralise. La production est faite par l’Etat, et la monnaie est essentiellement destinée à financer les entreprises publiques. Or ces dernières étaient mal gérées et structurellement déficitaires. Pour les financer, la BCRG fait fonctionner la planche à billets, créant ainsi une inflation importante. Au désastre économique du régime de Sékou Touré, s’ajoute la répression politique. Durant ces années, un franc guinéen vaut officiellement un franc CFA. Dans les faits, la parité était passée de 1 à 5. Afin de redresser la situation, le pouvoir crée une nouvelle monnaie en 1972 : le syli. Mal accueillie par la population, cette réforme n’aura aucun effet notable sur l’économie guinéenne.
A la mort de Sékou Touré, le 26 mars 1984, et après la prise de pouvoir, quelques jours plus tard, par les militaires, sous la houlette du colonel Lansana Conte, le pays est en crise. Sur le plan économique, le nouveau pouvoir fait le choix de l’option libérale. Autrement dit, l’Etat ne doit plus être le principal acteur de la production, qui incombe au secteur privé. Parmi les nombreuses réformes structurelles engagées dès le 25 décembre 1985, il y a la fin du syli et le retour au franc guinéen. Cependant, la corruption endémique et l’explosion des dépenses extrabudgétaires vont continuer de plomber l’économie guinéenne. Car, comme l'a souligné l’économiste guinéen Ousmane Kaba, lors d’une conférence à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 2009 : « En Guinée comme dans la plupart des pays africains, mais pas seulement, le risque de la politique monétaire vient de l’indiscipline budgétaire. »
La dépréciation du franc guinéen
Dans le sillage des réformes conduites par le régime de Lansana Conte, des banques privées sont créées, en partenariat notamment avec des groupes français comme la BNP, la Société Générale ou encore le Crédit Lyonnais. Cette privatisation du système bancaire, qui en réalité avait débuté sous la première République, n’a cependant pas l’effet escompté sur l’économie du pays. C'est l'une des raisons pour lesquelles l’économiste français Benoît Lootvoet écrit, dans un article de la revue Economies et sociétés, paru en 1996 : « Les banques de Conakry ne financent pas la production économique nationale arguant tout à la fois de cadres juridiques trop précaires en Guinée, de l’échec général des banques de développement en Afrique […] »
Avec le décès du président Lansana Conte, le 22 décembre 2008, et l’arrivée au pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara dans la foulée, la Guinée rentre dans une période d’instabilité politique. A l’époque, une étude de l’OMC, l’Organisation Mondiale du Commerce, constate un accroissement de la pauvreté dans le pays, ainsi que la place sans cesse croissante du secteur minier dans l’économie nationale. L’OMC note également une déliquescence des infrastructures, qui se traduit notamment par des difficultés d’approvisionnement en énergie électrique, des problèmes de fourniture d’eau ou encore le manque criant de routes. Le gouvernement d’alors se fixe un objectif, toujours valable aujourd’hui : asseoir les bases d’un développement économique à travers l’essor d’un secteur privé dynamique.
Après l’arrivée au pouvoir du professeur Alpha Condé, en novembre 2010, les responsables de la BCRG s’emploient à assainir le système bancaire et à dompter l’inflation, en réduisant notamment le recours à la planche à billets. Résultat : selon les chiffres du FMI, le Fonds Monétaire International, depuis 2016, le taux d’inflation varie entre 8 et 10%. Cependant, le franc guinéen s’est considérablement déprécié. En 2002, un euro valait deux milles francs guinéens ; à l’heure actuelle, il en vaut dix milles. Aujourd’hui, avec ses treize millions d’habitants, la Guinée reste classée au 175ème rang – sur 189 pays – en termes d’IDH, l'indice de développement humain. Mais dans le même temps, comme le souligne une analyse du ministère français des Finances : « Après une période difficile due à la crise Ebola (croissance moyenne de 1,8% par an sur 2012-2015), l’économie guinéenne a renoué avec une croissance soutenue depuis 2016.» Pour les autorités guinéennes, l'enjeu à présent, c'est de rendre cette croissance inclusive.
Par Serigne Amadou Cissé NDIEGUENE
LE CORONAVIRUS FACE AUX AUTRES VIRUS SÉNÉGALAIS, AUSSI MORTELS, QUI NOUS AGRESSENT
Pays des paradoxes flagrants, bavards souvent ridicules, le Sénégal pourrait bien s’en sortir pourtant - mes modestes souhaits et conviction profonde - si chacun assumait ses responsabilités
Le coronavirus (covid. 19) terrible épidémie née en Asie, avec ses ravages d’une sournoiserie révoltante à travers tous les continents , a surpris l’Europe , enjambé l’Amerique , atterri en Afrique et vient de faire une entrée fracassante au Sénégal !Que Le Protecteur magnanime nous en préserve !
Pays des paradoxes flagrants , bavards souvent ridicules , le Sénégal pourrait bien s’en sortir pourtant - mes modestes souhaits et conviction profonde - si chacun assumait ses responsabilités : l’Etat , les politiques, la Presse, les populations et leurs dirigeants.
L’Etat a le devoir d’être fort, exigeant, efficace, strict , véridique , ferme sans faiblesse ni violence inutile. Il a le devoir de trouver les moyens, tous les moyens logistiques , stratégiques, nécessaires, d’ici et d’ailleurs, les gérer ,sans compromissions ni atermoiements , avec célérité et à bon escient. L’Etat a le devoir de trouver les mots justes, adéquats pour rassurer et mettre devant leurs responsabilités toutes les composantes et entités de la Nation. Ne pas tergiverser . Prendre des décisions. Etablir une liaison permanente pour les informer d’une voix unique, de l’évolution de la situation réelle .
Mais surtout avec les élites de toutes obédiences , en tous respect et sérieux, les écouter, pour créer une dynamique unitaire et les amener, ainsi , à participer effectivement, sans réticence aucune, à ce combat du siècle face au monstre qui peut profiter d’une éventuelle cacophonie ! Il est inacceptable et malvenu que ce fléau qui nous vient d’ailleurs , soit considéré par des politiciens comme une occasion de jouer à leur jeux préférés , tenir des propos négatifs, pleins de haine , d’inepties , de méchancetés, d’arrogance, de suffisance, d’intoxications , d’ accusations gratuites. Maladresses oratoires et Comportements indignes dont se désolent les Sénégalais. L’heure est à la sérénité, à la mobilisation, à l’union des cœurs, aux prières, à la prise de conscience de la propagation insidieuse de ce danger déjà dans nos murs ! Nos populations , un peuple de foi , de courage , intelligent et averti, ne devraient pas tomber dans l’insouciance insoutenable, l’indiscipline notoire , caractérisée , qui nous collent à la peau !Il est important de ne laisser personne semer la confusion ni susciter des frustrations !
Par ailleurs, un rôle de premier plan est très attendu de la presse et des journalistes patriotes . Les tenants de ce quatrième pouvoir puissant, nuisible et dévastateur s’il est exercé par des esprits obtus, légers, sans foi ni loi, doivent savoir raison garder ! Ce n’est pas leur apprendre leur métier , moins encore , leur donner des leçons de morale !
Simplement, rappeler qu’il Il ne s’agit pas de chercher les scoops, de tenter les démons déjà malfaisants , de semer la panique, de créer des psychoses et ainsi prendre les chemins de la déstabilisation du pays, avec des desseins inavoués ! En tous les cas, l’heure est à la RESPONSABILITÉ , à l’ACTION , à la sollicitation de la PROTECTION et de la MAGNANIMITÉ du TOUT-PUISSANT ! Qu’Il veuille bien entendre le cri de Salut des patriotes du Sénégal !
Par Aida Mbodj
HOMMAGE AUX FEMMES DE NDER
Jamais la célébration de la « Journée Internationale de la Femme » n’a revêtu un cachet aussi particulier et symbolique que celle de cette année 2020.
Jamais la célébration de la « Journée Internationale de la Femme » n’a revêtu un cachet aussi particulier et symbolique que celle de cette année 2020. Elle coïncide en effet avec le bicentenaire de l’acte héroïque et mémorable des femmes de Nder. Sous la houlette de la vaillante Linguère Fatim Yamar Khouriyaye Mbodj, ces braves femmes ont, non seulement, écrit les plus belles pages de l’histoire du Walo, mais ont surtout donné ses lettres de noblesse à la gent féminine. Pour leur refus de la soumission et leur profond attachement à la dignité de la femme, elles ont préféré mourir, brûlées vives, plutôt que de céder à l’acte barbare, lâche et inhumain d’envahisseurs qui voulaient abuser d’elles. Ce fut un certain mardi, 07 mars 1820, de sinistre mémoire.
Certes, la commémoration chaque année de cet évènement tragique nous fend le cœur. Mais elle éveille aussi en nous un sentiment de fierté à l’endroit de ces femmes de Nder qui restent et demeurent les meilleurs modèles que nous puissions avoir en tant que femmes. Il est vrai que nous ne les égalerons jamais en bravoure, mais nous devons absolument nous en inspirer pour nos combats présents et futurs en tant que femmes.
Personnellement, en tant que descendante directe de Ndiack Arame Bakar MBODJ, je vis et respire avec le souvenir impérissable de leur acte héroïque. Il en est de même pour toutes ces femmes, responsables politiques, opératrices économiques et actrices de développement dont le leadership s’inspire et se nourrit de l’action des femmes de Nder. Exactement, comme ont eu à le faire les Linguères Ndjeumbeut Mbodj et Ndaté Yalla qui sont restées dans la même lignée que leur mère.
C’est ainsi qu’en 1855, alors que les colonies de Faidherbe sont entrées au Walo, la Linguère Ndatté Yalla s’adressa aux dignitaires de son pays en ces termes : « Aujourd’hui, nous sommes envahis par les conquérants. Notre armée est en déroute. Les tiédos du Walo, si vaillants guerriers soient-ils, sont presque tous tombés. L’envahisseur est plus fort que nous, je le sais, mais devrions-nous abandonner le Walo aux mains des étrangers ? ». Naturellement, c’est pour avoir eu à l’esprit l’acte des femmes de Nder et pour se montrer aussi héroïque que ses devancières que la Linguère Ndatté Yalla refusa toute soumission aux troupes de Faidherbe. Aussi, ce suicide collectif doit-il constamment être célébré comme il se doit pour servir de leçon de vie à toutes les femmes sénégalaises. Il appartient donc désormais aux générations présentes et futures de s’en inspirer.
Dans un monde en perte de repères et où des valeurs cardinales telles que la dignité, le courage et l’attachement à ses convictions ont tendance à disparaître, ces générations présentes et futures doivent faire de l’histoire des femmes de Nder leur bréviaire, leur code de conduite et leur balise pour aller de l’avant. Car, faut-il le rappeler, la Linguère Fatim Yamar Khouriyaye Mbodj et ses compagnes d’infortune sont la meilleure incarnation de ces valeurs que je ne me lasserai jamais d’énumérer et qui renvoient, toutes, à notre substrat culturel. Il s’agit des valeurs de « Foula », « Fayda », « Fiit », « Ngor », « Goree » et « diomb diomb ». Ce sont là autant de valeurs qui sont hélas en voie d’extinction. Mais que nous devons pourtant garder et sauvegarder, vivre et faire vivre, mettre en exergue et transmettre à nos enfants. Ceci est un impératif dans un monde qui a tout d’un bateau ivre voguant en eaux troubles.
C’est aussi une nécessité absolue dans un monde où l’argent est Roi, où la fin justifie tous les moyens et où la débauche n’émeut plus, pourvu qu’elle rapporte. En tant que femme et mère de famille, leader politique et membre de la représentation nationale, c’est à cela que j’exhorte toutes les femmes de ma génération et celles plus jeunes qui sont appelées à prendre le relais. Car, c’est en inculquant à la femme sénégalaise les valeurs incarnées par les femmes de Nder qu’on arrivera à restaurer la cellule de base qu’est la famille pour parer aux multiples travers du monde moderne.
Les pouvoirs publics doivent y aider en inscrivant dans le marbre l’histoire du Walo en général et celle des femmes de Nder en particulier. Il est en effet grand temps d’ériger un musée en leur honneur. C’est le meilleur moyen d’établir une passerelle entre les femmes de Nder et les générations futures. C’est surtout le meilleur moyen de permettre à nos enfants de vivre, en permanence, avec le souvenir de ces femmes dont l’exemplarité n’est plus à démontrer. Ces grandes figures du Walo dont nous sommes si fières et dont nous ne cesserons jamais de célébrer l’acte de bravoure.
Aida Mbodj,
député à l’Assemblée nationale
«LA CLASSE POLITIQUE EST PRISONNIÈRE DE LA RÉPUBLIQUE MAÇONNIQUE DES 4 COMMUNES»
Sociologue et acteur éminent de l’espace public, Malick Ndiaye passe au crible la politique économique et sociale du pays. Selon lui, les paradigmes de la république et la classe politique sénégalaise ont atteint leurs limites
Sociologue et acteur éminent de l’espace public, Pr Malick Ndiaye passe au crible la politique économique et sociale du pays. Dans cette interview avec «L’As», il souligne que les paradigmes de notre république et la classe politique sénégalaise ont atteint leurs limites. Pour le pr Malick ndiaye, la décrépitude des valeurs et l’enlisement des populations dans la pauvreté expliquent la chute de la classe politique. Le sociologue croit que la classe politique en général est prisonnière de la république maçonnique des 4 communes.
Vous avez combattu le régime de Me Abdoulaye Wade et aujourd’hui vous poursuivez le combat contre Macky Sall que vous avez pourtant porté à la tête de la république. Pourquoi cette posture ?
Éduquée dans des traditions de constance, de foi et de respect de la parole donnée. C’est la raison pour laquelle, lorsque nous prenons un engagement, nous appliquons la règle qui est celle du respect du «kaddu» ou de la parole donnée. Parce que «kaddu» ou engagement a une valeur contractuelle supérieure à la loi positive qui peut être changée selon les circonstances de la politique, les rapports de forces, les rapports d’intérêts ou la logique de profit. Mais le respect de la parole, c’est une loi non écrite qui vise aujourd’hui et demain, c’est-à-dire l’avenir. Cette loi non écrite vise la réalisation de l’homme ici bas et dans l’au-delà. Ma génération a été initiée à cette éducation aussi bien pour ceux qui sont des chrétiens comme le Pr Pierre Sarr que musulmans. On a été éduqué selon une rationalité qui articule les deux mondes. C’est pourquoi certains qui sont décédés continuent de servir de modèle. Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Oumar Tall et d’autres sages ne sont pas en réalité partis, ils sont comme des acteurs absents. Nous avons commencé la lutte dans la citoyenneté pour la République au moment du parti unique, l’UPS. Au nom de la valeur et du principe, nous avions défié le pouvoir en place. Cet engagement-là, nous l’avons continué sous la première alternance avec Me Wade, et nous l’avons continué sous la 2e alternance avec Macky Sall. Et lorsque mon camarade le Président Macky Sall, Mimi Touré, Abdou Mbow, Mahmoud Saleh, Thérèse Faye Diouf, Mor Ngom etc. ont invité le comité d’initiative des intellectuels (CIIS), je suis allé avec Abdoul Aziz Diop qui était le porte-parole du CIIS à Mbodiène, au mois de septembre 2011. Nous avons discuté d’une série d’éléments permettant la réforme de la société sénégalaise et nous avons notamment interpellé toute l’assistance sur la révolution dirigée par Thierno Souleymane Baal en 1776. Toute l’assistance était acquise y compris Macky Sall. Tous les jeunes pensaient que la refondation devait s’inspirer de la révolution de 1776 de Thierno Souleymane Baal et non de celle 1789 de la France. Parce qu’en 1776, nous avons réalisé au Fouta Toro la première révolution égalitaire qui supprime les castes, les préjugés de races etc. Depuis septembre 2011, je travaille sur la réformation de la société sénégalaise en prenant en compte les difficultés signalées par la gouvernance du Sopi et aussi celles de la gouvernance du parti socialiste. Nous avons essayé de prendre en compte la nouvelle génération. Après l’élection de Macky Sall, en tant que ministre conseiller, j’ai demandé au Président Macky Sall où va la République. Parce qu’on avait pris des engagements à Mbodiène et c’est pour cette raison que plusieurs personnes ont donné leur vie à la Nation dont feu Mamadou Diop etc..
Le président Macky Sall n’a pas apprécié votre position d’où votre limogeage…
Je ne les juge pas sous cet angle. Puisque la discussion sur «Où va la République : approche critique et auto-critique de la 2e alternance et prospective» a bien eu lieu au sein de Macky 2012. Donc j’ai pris mes responsabilités en refusant la formule «muut mbaa mott», parce que je pense que les lois non écrites de Thierno Souleymane Baal sont supérieures aux lois positives. Et puis, nos plus grands théoriciens de l’action sociale considèrent que l’homme doit acter et articuler parole et dignité. C’est pour cela que je ne peux pas changer.
Pourquoi le plan Sénégal emergent n’a pas d’âme à votre avis ?
Je suis allé travailler sur notre société lorsque mes camarades, notamment le camarade président a sorti le fameux Plan Sénégal Emergent (PSE). L’analyse que j’en ai faite, c’est qu’il manquait une âme au PSE. Notre société historiquement a une religion, une foi, un comportement, une attitude, un état d’esprit, mentalité etc. Donc le Plan Sénégal émergent devait prendre en compte les fondamentaux de notre culture, notre civilisation à commencer par justement ces lois non écrites, notamment la parole donnée comme loi supérieure aux lois positives.
LE PSE CE SONT DES OUTILS SANS VALEUR…
Disons que le PSE montre un effort évident de replâtrer un système qui avait été un peu mis en difficulté par les erreurs du Sopi et l’entourage de Wade, donc tous les libéraux de l’époque y compris Macky Sall. Ils partageaient les mêmes errements qui, finalement, ont créé des situations complexes parfois gênantes à l’issue desquelles le peuple a dit à Wade : ce n’est pas ce que vous nous aviez dit. Lorsque la même situation tend à se présenter sous Macky Sall qui avait l’aval de l’intelligentsia, c’était notre devoir de respecter les engagements. Macky Sall a fait preuve de courage et parfois quand on regarde les opposants, on se demande s’ils ont le même courage que Macky. Mais toujours est-il que les erreurs de Macky et ses fautes ont plongé le pays dans une situation difficile d’où la nécessité de poursuivre le combat en prenant en compte la fameuse formule de l’Evangile à savoir : «je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir». Il faut accomplir les alternances, c’est-à-dire aller vers l’alternative et non vers une 3e alternance qui va donner le pouvoir à des « bodio bodio » qui vont demain mettre leurs familles, leurs fils, inventer des plans faux etc. L’alternative aujourd’hui au Sénégal passe par ce qu’on m’a enseigné dans les foyers religieux musulmans comme chrétiens. On m’a enseigné que «jikko» (Attitude) c’est l’élément clé dans la transformation d’une société. Il faut qu’on réfléchisse à ça. Cela veut dire que ceux qui ont été formés dans nos traditions considèrent que le problème central du Sénégal, c’est le comportement comme ferment d’action, comme éthique et morale. Parce que le « jikko » en question, ce n’est pas une loi votée par l’Assemblée Nationale. L’attitude ne se vote, ne se décrète pas. L’attitude « jikko » est donc un élément basique et en français si on veut problématiser « jikko », il faudrait dire refondation. La refondation qui est à l’ordre du jour au Sénégal, c’est la refondation de la République. Mais de quelle république s’agit-il ?
Est-ce que ce n’est pas un problème de paradigme qui nous a conduit dans cette situation?
Alors en toute modestie, la classe politique sénégalaise semble être prisonnière d’un paradigme non élucidé encore, que cela soit composé de libéraux, de socialistes, de communistes, de trotskistes, de maoïstes etc. La classe politique est prisonnière de ce que j’appelle simplement la République maçonnique des 4 communes. C’est Louis Faidherbe qui a créé les éléments d’une République dont le fonctionnement part des loges maçonniques. Dans la conception maçonnique, il y a une séparation entre la religion, la foi d’un côté et de l’autre côté l’homme et le développement. Par exemple la révolution française de 1789, qui a beaucoup apporté au monde, a une faiblesse. C’est son côté antireligieux qui a amené les révolutionnaires français à séparer l’Etat de la religion et en séparant l’Etat et la religion, ils ont eu recours à des outils de gouvernance qui sont techniques et en vertu desquels le contrat entre l’homme et l’homme uniquement gouverne la société, en enlevant donc les valeurs morales, les valeurs sociologiques, les valeurs culturelles, les valeurs religieuses de telle sorte que la règle consistant à dire : la fin justifie les moyens prend le dessus. Donc au Sénégal, on vit une situation qui correspond totalement à cette approche franc-maçonnique des libertés consistant à dire : on vous a créé un espace où tout est permis et ils appellent ça la laïcité. Mais la laïcité des loges de la France, lorsqu’elle a été adoptée au Sénégal, a eu un contenu et un sens et des implications terribles dans la mesure où ceux qui y étaient étaient formés dans les daara, les couvents etc. Avec l’idée que le monde est une dimension double ici-bas et l’au-delà, ils ont été en quelque sorte agressés sur le plan culturel. Notre culture de base au Sénégal, elle est partie du fait qu’il y a des fondamentaux qui gouvernent l’action de l’homme et donc, nous refusons par principe l’existence d’un espace de laïcité où tout est permis. Dans les classiques de formation en principe, aussi bien dans l’Evangile de la religion chrétienne, les règles sont très claires : le mensonge et tout son ensemble de pratiques, la médisance… sont interdits. Mais la laïcité a tout bouleversé et par là, la laïcité maçonnique des 4 communes ne veut entendre parler ni de nos traditions ni de nos religions ni de nos principes, ni de nos lois non écrites. Ce qui fait que la classe politique est issue de ça. C’est pourquoi je disais que le PSE n’avait pas une âme parce qu’il a cavalé vers la gouvernance par les outils, les instruments en mettant de côté l’articulation entre foi, religion, société aujourd’hui et demain. Notre société pense qu’il y a une double dimension à l’existence de l’homme, mais la laïcité a créé un espace disant : si vous entrez dans cet espace politique, faites ce que vous voulez. Bref les principes à partir desquels notre conscience culturelle a été élaborée ont été en permanence ruinés par cette notion de laïcité. Ce qui fait que la maçonnique des 4 communes a pris d’assaut en réalité nos principes de base, et ce sont nos principes de base précisément qui ont permis de créer la 1ère République démocratique égalitaire au monde, notamment en 1776. J’aime bien parler de 1776 et de Thierno Souleymane Baal qui n’était pas seul.
Dans la conception de la République, elle doit aller au-delà de l’existant du pécuniaire, du matériel pour chercher l’accomplissement de l’homme. Et la laïcité du franc-maçon nous dit que la fin justifie les moyens et pire encore, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Bref, la franc-maçonnerie de Louis Faidherbe a créé et impulsé, au Sénégal notamment avec Blaise Diagne et d’autres, des loges maçonniques qui font que cet exemple-là est remarquable. La classe politique sénégalaise a été moulée dans un paradigme maçonnique qui, après les tentatives de Senghor et de Mamadou Dia, ensuite Abdoulaye Wade, a généreusement essayé mais ça n’a pas marché, ainsi que Macky Sall. Donc, le problème aujourd’hui, c’est la refondation. Mais dans quelle direction travailler ? A mon avis, c’est la République de Thierno Souleymane Baal.
Donc pourquoi la classe politique qui est moulée aussi dans la culture sénégalaise l’écarte pour adopter la culture maçonnique ?
L’une des difficultés des hommes politiques, qu’ils soient des gauchistes, des marxistes-léninistes, des communistes, libéraux, des socio-libéraux, des maoïstes etc., c’est qu’ils ont la volonté, mais elle ne suffit pas. Lorsque l’homme agit, il y a le moment de l’action et dans l’action, il y a forcément des options, des paradigmes et des canevas qui orientent la pensée de l’homme, sa culture etc. Ce qui nous est arrivé, c’est que la République maçonnique de Faidherbe a permis, au nom de la laïcité, de faire tout ce que la religion, la morale et l’éthique interdisent. Ce qui fait que l’homme politique qui s’engage dans son pays pour son pays est en fait récupéré par des structures camouflées qu’on appelle en réalité les loges maçonniques. Donc, je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous devons, dans les meilleurs délais, rediscuter de notre pays et de ce que les loges franc-maçonniques ont semé. Pourquoi au Gabon, au Bénin et dans tous ces anciens pays de la colonie française qui ont été structurés par la franc-maçonnerie, les francs-maçons ne se cachent pas ? Le seul pays où la franc-maçonnerie est clandestine, c’est au Sénégal ? Mais c’est à cause de la force de nos traditions qui ont fait tellement peur à Faidherbe, aux africanistes, à tous ces gens-là qui se sont dit que les Sénégalais sont capables de révolutionner toute l’Afrique de l’Ouest simplement parce qu’ils ont les ingrédients en matière de formation, et le développement de la langue arabe comme outil ou comme écriture de nos langues nationales. C’était la crainte des africanistes comme les Vincent Monteil et les Maurice Delafosse. Les confréries ont résisté à la franc-maçonnerie des 4 communes de sorte que Ahmadou Bamba en a donné une théorie remarquable, c’est-à-dire le «djihadou nafs» c’est-à-dire le djihad de l’âme. Il faut rééduquer la classe politique parce qu’elle est emprisonnée dans des schémas doctrinaux qui malheureusement n’ont pas une science doctorale de notre propre société. Dans la science doctorale de notre société, le premier élément reste l’existence de deux mondes. C’est ce qui manque à la classe politique. Je ne dis pas qu’ils sont tous des francs-maçons, mais la culture maçonnique a encadré cette classe politique de telle sorte qu’elle est prisonnière d’une logique instrumentale d’outils, de moyens, d’argent etc. D’ailleurs le cardinal Théodore Adrien Sarr a dit récemment que le pouvoir politique n’est pas au-dessus de Dieu. Il rejoint totalement le djihad de l’âme.
Est-ce que le dialogue politique n’est pas une opportunité pour changer de paradigmes ?
Je suis parti au premier jour du dialogue et Famara Ibrahima Sagna qui a été désigné a fait l’objet de consensus. Il devait rencontrer toutes les forces vives et présenter à Macky Sall une liste de personnes qui permettraient un dialogue inclusif. Mais c’est Macky Sall lui-même qui a sorti une liste de près de 400 personnes, ensuite une seconde liste de 40 personnes. Du coup, le dialogue inclusif qui était recherché est évacué au profit d’arrangements politiques qui en fait ont créé un véritable problème. Pourquoi le dialogue national dans un pays qui a une Assemblée nationale et d’autres organes électifs ? C’est contradictoire. En réalité, le sens et la portée du dialogue, c’est que la légitimité du Président Macky Sall avait coulé et que ses institutions qui auraient dû accueillir les dialogues et les échanges étaient devenus dysfonctionnelles. Donc, le dialogue national devait un peu suppléer une crise de légitimité qui date du 3 avril 2017. La crise qui frappe le Sénégal actuellement date de la fin du quinquennat de Macky Sall. Si Macky Sall avait tenu la présidentielle en avril 2017, je pense que non seulement il aurait été élu sans problème, mais au moment où il aurait fini le 2e mandat, les Sénégalais lui auraient dit de rester. Parce que c’est l’alternative que Macky symbolisait par rapport à Wade et Diouf que le peuple recherchait. Donc, c’est un problème encore de parole donnée. On voit un peu comment la franc-maçonnerie a déformé et dénaturé les élans très positifs de la plupart des dirigeants. Au Sénégal, les francs-maçons se cachent, viennent prier avec les guides religieux et ils vont faire des initiations. Donc, il y a une infiltration crasseuse de notre culture et de notre religion. Cela veut dire que la République maçonnique est en train aujourd’hui, avec le déni de parole, d’assassiner les rudiments de notre culture. La franc-maçonnerie nous poursuit, d’où le refus d’introduire la religion dans les écoles alors que c’est un élément basique, alors qu’elle est la mère des sciences. Il nous faut aller vers la libération de nos élites prises en otage par les loges maçonniques. Et pour cela, nous devons engager le combat pour montrer les illusions de la république maçonnique des quatre communes. La République de Thierno Souleymane Baal sera salvatrice parce qu’elle pose une Constitution qui articule les deux mondes et qui interdit des pratiques ethnicistes etc..
Est-ce que vous avez espoir que le dialogue changera la donne ?
Si demain Famara Ibrahima Sagna décidait de convoquer la République de Baal, j’y verrais un début de solution. Bref, si la classe politique décide de s’interroger un peu sur Thierno Souleymane Baal, un peu sur la République léboue etc. le Sénégal changerait immédiatement, car la république maçonnique serait vaincue. Mais est-ce que les différentes loges maçonniques qui contrôlent les classes politiques sont prêtes à lâcher ? Apparemment non !
par Jean Pierre Corréa
DROIT CAPITAL AU RESPECT
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation
Habitués que nous sommes à ne réagir que sous le coup de nos émotions, même si elles sont parfois légitimes, nous oublions souvent l’essentiel pour ne discuter que des détails.
Loin de moi l’idée que les femmes victimes de meurtres ou de viols soient considérées comme un « détail de l’histoire ». Mais les histoires sordides qui constituent notre actualité la plus brûlante, concernant des femmes, l’une battue à mort par son ex-compagnon, et l’autre victime supposée d’un viol suivi de grossesse par un homme qui se voulait être son protecteur, nous interrogent.
Nos femmes et nos souvent très jeunes filles, sont exposées à ce sentiment de domination masculine qui s’exprime souvent violemment et dans une totale acceptation qu’elles ont cherché ce qui leur arrive. Nous sommes dans un pays qui vient seulement en 2020 de criminaliser le viol. Un pays où une jeune fille de 14 ans est obligée de fuir pour échapper à son vieil époux que ses parents lui ont imposé. Nous vivons dans un pays où beaucoup de jeunes filles sont à la merci d’hommes qui promettent de leur servir de moyens d’accès à un confort matériel uniquement, I-Phone, bijoux et fringues, voire appartements le temps que dure l’idylle, et ce, en totale complicité avec leurs propres parents.
Malgré tout ce pouvoir des hommes, il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles. Quel que soit le niveau de pouvoir des hommes qui détruisent l’avenir de ces jeunes filles, quels que soient la beauté d’une jeune fille et l’attrait de ses atours, il faut que les hommes du Sénégal sachent que : « un homme ça s’empêche ». Et comment « ça s’empêche » ? En calmant sa braguette en pensant à sa mère, à sa sœur, à sa fille. Tout simplement.
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation. Cela nous éviterait de vivre comme des bêtes.
LA COLLECTE DES PREUVES, PRINCIPAL SOUCI DES MAGISTRATS
L’union des magistrats du Sénégal (Ums), en partenariat avec l’organisation non gouvernementale 3D, a initié, avant-hier, une journée de réflexion sur la loi n°2020-05 du 10 janvier 2020 portant criminalisation du viol.
L’union des magistrats du Sénégal (Ums), en partenariat avec l’organisation non gouvernementale 3D, a initié, avant-hier, une journée de réflexion sur la loi n°2020-05 du 10 janvier 2020 portant criminalisation du viol. Occasion saisie par les acteurs judiciaires pour relever plusieurs défis, entre autres le manque de preuves auxquelles les juges devront faire face pour une parfaite appropriation de cette nouvelle loi.
La loi N°2020-05 du 10 janvier 2020 portant sur la criminalisation du viol et de la pédophilie continue de susciter beaucoup de commentaires. Si l’on croit Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats du Sénégal, la Collecte de preuves pouvant attester l’imputabilité du viol est un défi majeur auquel doivent faire face les juges. Il s’exprimait avant-hier, à l’occasion d’une journée de réflexion sur les nouveautés et défis de la loi portant sur la criminalisation du viol et de la pédophilie, organisée par ladite structure en partenariat avec l’ONG 3D. Selon le magistrat, dans le cas d’une infraction sexuelle comme le viol, il est constaté plus de victimisation. « On pense tellement au droit de la victime qu’on en arrive à oublier que le poursuivi à des droits ; il doit être jugé dans un délai et condamné sur des preuves tangibles», martèle le patron de l’Ums.
En d’autres termes, souligne M. Telliko, cette nouvelle loi présente des risques énormes liés à la longue détention. « Puisque désormais le viol est devenu un crime, forcément il faudra passer par l’instruction. Et dans des circonstances où les juges d’instruction sont surchargés de dossiers, certainement la voie de l’instruction peut mener vers de longues détentions », dira-til. Au-delà de l’application de cette loi, le magistrat tient à préciser : « Nous, en tant que juges, avons une mission de réflexion pour voir dans quelle mesure on peut procéder à l’application satisfaisante à tous les paramètres. » Et il ajoute : « L’œuvre de justice est un peu complexe ; autant les victimes doivent être protégées, indemnisées s’il s’agit d’un viol, autant les poursuivis doivent bénéficier d’un procès juste et équitable dans un délai raisonnable. »
Abondant dans le même sens, Mandiaye Niang, Directeur des affaires criminelles et des grâces, par ailleurs représentant du ministre de la Justice, indique que l’infraction du viol est trop complexe du fait que « c’est une infraction qui n’est possible que s’il n’y a pas de témoins ». L’autre problème, c’est que « le viol est aussi une souillure ; la victime, la première chose qu’elle fait, c’est de se laver pour enlever ces taches de souillure et cela rend le problème difficile », renseigne le Directeur des affaires criminelles et des grâces. Il poursuit en disant qu’il est aussi noté des problèmes de société à savoir la non-dénonciation à temps de l’infraction par la victime, qui finit par installer le doute. «Donc la question de la preuve n’est pas encore réglée par cette loi nouvelle », laissera-t-il entendre. Pour rappel, le Sénégal a adopté la loi N° 2020-05 du 10 janvier portant modification de la loi 65-60 du 21 juillet du code pénal, dont l’objectif consiste à criminaliser les infractions de viol et de pédophilie, afin d’apporter des réponses judiciaires aux multiples agressions sexuelles dont sont victimes les femmes et les enfants.
MANDIAYE NIANG, DIRECTEUR DES AFFAIRES CRIMINELLES ET DES GRÂCES : «Le président de la République peut gracier un violeur»
Malgré le durcissement des peines de l’infraction du viol, les coupables de viol peuvent toujours espérer une éventuelle grâce présidentielle. Si l’on en croit le Directeur des affaires criminelles et des grâces, Mandiaye Niang, «le président de la République peut inclure dans sa grâce présidentielle des détenus condamnés pour viol». Il l’a fait savoir hier, en marge de la journée de réflexion organisée par l’UMS sur le thème : «Nouveautés et défis de la loi portant criminalisation du viol». D’après lui, la grâce est une prérogative prévue par la Constitution et cette dernière ne l’assortit d’aucune limite. «La Constitution dit que le Président dispose d’un droit de grâce ; il lui appartient de voir les cas particuliers dans lesquels il faut l’exercer », rappelle-t-il. «Maintenant, le Ministère de la justice aide le président de République. A travers une politique pénale actuelle, certains cas de crimes violents, les infractions sexuelles, sont systématiquement écartés mais, juridiquement, le président de la République peut gracier un violeur», laissera entendre le Directeur des affaires criminelles et des grâces.