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24 juillet 2025
par Le Monde
LA VRAIE-FAUSSE DISPARITION DU FRANC CFA
Cette insistance de Macron à s’attribuer la paternité du changement, si elle renvoie à une certaine inertie des dirigeants concernés, n’est pas de bon augure alors qu’il s’agit d’inciter les Etats ouest-africains à prendre leurs responsabilités
Si, avec la réforme du franc CFA, Emmanuel Macron, a fait un pas que ses prédécesseurs n’avaient pas osé franchir, Paris doit maintenant tout mettre en œuvre pour aider les Etats africains francophones à acquérir une vraie émancipation économique et monétaire.
A l’approche du 60e anniversaire des indépendances de ses anciennes colonies africaines, il était grand temps que la France réforme le franc CFA, cette monnaie créée en 1945 et toujours en vigueur dans quatorze pays du continent. Emmanuel Macron, en annonçant, samedi 21 décembre à Abidjan, la disparition prochaine de cet « oripeau » d’un passé révolu, a fait un pas que ses prédécesseurs n’avaient pas osé franchir.
Agacé de voir la monnaie « françafricaine » servir d’exutoire aux colères antifrançaises, le président de la République a, au côté du président ivoirien, Alassane Ouattara, lancé un aggiornamento négocié avec huit pays d’Afrique de l’Ouest : remplacement du « franc CFA » par l’« éco », nom de la future monnaie commune à quinze pays de la région ; fin de l’obligation pour les Etats africains de verser 50 % de leurs réserves de change au Trésor français et de la présence française au conseil d’administration de la Banque centrale à Dakar ; maintien de la garantie de la France et de l’arrimage à l’euro. En bref, la France cesse d’être cogestionnaire mais demeure garant financier.
Pour ses partisans, dont M. Ouattara lui-même, l’union monétaire garantie par la France assure la stabilité, y compris pendant les crises comme la guerre civile ivoirienne de 2002-2007. Selon ses détracteurs, le système maintient la parité avec une monnaie trop forte, l’euro, empêche toute dévaluation compétitive, décourage la production locale, entrave l’industrialisation et enferme les pays dans une économie de rente de matières premières.
Que des Etats indépendants depuis plus d’un demi-siècle ne disposent pas de cet attribut fondamental de la souveraineté qu’est la monnaie apparaît comme une anomalie. L’arrangement avec Paris peut être vu comme un cadeau aux élites francophones africaines, dont le pouvoir d’achat est gonflé. A cet égard, la vraie-fausse disparition du franc CFA annoncée par M. Macron ne changera rien. « J’ai voulu engager cette réforme », a souligné le président, comme pour souligner que la France conserve les rênes.
Cette insistance à s’attribuer la paternité du changement, si elle renvoie à une certaine inertie des dirigeants concernés, n’est pas de bon augure alors qu’il s’agit d’inciter les Etats ouest-africains à prendre leurs responsabilités.
Indépendance financière à conquérir
Au fond, la monnaie commune symbolise l’ambiguïté persistante des relations entre Paris et son ancien pré carré, la fameuse « Françafrique » : elle sert d’exutoire commode aux colères africaines et d’alibi pour les insuffisances du continent – immobilisme politique, corruption endémique et climat des affaires déficient. Pour les dirigeants africains, le maintien du lien monétaire avec la France est à la fois une assurance de stabilité et un aveu de faiblesse.
La rupture partielle annoncée par M. Macron sonne comme un appel à une véritable émancipation économique et monétaire des Etats africains francophones. Les anciennes colonies anglophones, elles, ont depuis des lustres des monnaies autonomes, avec des succès contrastés, il est vrai. A l’heure où la Chine, grâce à sa puissance financière, inonde l’Afrique de projets d’infrastructure au prix d’un endettement et d’une sujétion accrue, l’indépendance financière du continent reste à conquérir.
Si la France veut être crédible dans sa volonté proclamée de tourner pour de bon la page coloniale et de conserver les relations de proximité façonnées par l’histoire, elle doit à la fois tenir un langage de vérité et tout faire pour aider les Etats africains à prendre en main leur propre monnaie.
PAR Achille Mbembe
LES MÉTAPHYSIQUES AFRICAINES PERMETTENT DE PENSER L'IDENTITÉ EN MOUVEMENT
Si, de fait, la Terre est un tout, alors il ne peut y avoir d’identité que sous le signe de la circulation généralisée de la vie et du vivant. Et c’est à revenir à ces circulations et à ces flux de vie qu’appellent urgemment les temps
Mettons de côté le retour de l’animisme et la montée en puissance de nouvelles formes d’idolâtrie, qu’il s’agisse de l’idolâtrie numérique, de celle des neurosciences ou, plus prosaïquement, de celle des richesses telle qu’elle est véhiculée par les églises néo-pentecôtistes. L’époque est manifestement au pessimisme politique et culturel. C’est ce qui explique, du moins en partie, la prolifération des discours du complot et de l’effondrement, du ressentiment et de l’identité, bref, le tempérament conspirationnel de notre âge.
Dans les entrailles de l’identité, en particulier, semblent s’être tapies toutes les peurs du temps et toutes les pulsions obscures, nos angoisses, les souffrances les plus aiguës et les désirs les plus opaques, à commencer par le désir de jouir. Et de jouir toujours plus et tout de suite. Mais aussi le désir d’endogamie, à quoi il faut ajouter la volonté sourde d’une violence sans filet, surtout à l’encontre des plus faibles. Car telles sont les aspirations, voire les injonctions suprêmes, à l’âge du capitalisme algorithmique.
Nombreux sont, en effet, ceux aux yeux desquels le recours à l’identité apparaît comme le dernier rempart contre les misères du temps. En manipulant la demande identitaire, ils espèrent éventuellement se tailler une place autour de la table ou, à défaut, avoir un droit privilégié aux miettes que les autochtones sont de plus en plus contraints de se disputer avec les allogènes et autres intrus. Les multitudes veulent donc en découdre. Non point avec les forces de plus en plus abstraites, de plus en plus réticulaires et de plus en plus invisibles qui fauchent tant de vies au Nord comme au Sud, mais avec plus vulnérables qu’elles. Ouvertement, elles en appellent à la brutalisation du reste, tous ceux que la vie semble avoir d’ores et déjà désertés mais qui s’agrippent par tous les moyens.
Dans cette atmosphère de rage et d’assignation forcée à l’entre-soi, le futur ne s’entend plus comme la promesse d’un progrès possible. Il apparaît désormais sous les traits d’une force dislocatrice et dissolvante, d’une expérience proprement terrifiante et que l’on redoute. Protestations, soulèvements, émeutes, blocages, occupations et autres formes de désobéissance nonobstant, beaucoup ont cessé de croire en la possibilité d’une action véritablement transformatrice. Ils peinent à imaginer quelque rupture que ce soit avec les cadres de pensée et d’action existants. Ils ont tourné le dos au projet d’émancipation humaine, et donc à la lutte.
Planétarisation des problèmes
Comment s’en étonner ? Au sortir de la guerre froide, n’a-t-on pas voulu croire que la démocratie de marché était le dernier mot de l’histoire ? Que dire des nombreux dispositifs de capitulation mis en place dans la foulée et qui ont conduit à une vaste résignation de l’intellect face à l’ordre existant ? Entre-temps, le capitalisme semble avoir plongé dans des convulsions d’un nouveau genre, toutes porteuses d’une violence aussi inouïe que sommaire contre les personnes, la matière et la biosphère. Vidée de tout contenu autre que formel, la démocratie libérale est, quant à elle, en train de vaciller, voire de se déliter. Elle n’est plus qu’un simple adjuvant du néolibéralisme.
Pour masquer ce fait, on incite les plus crédules à penser que leur futur ne sera garanti que par le biais du repli sur une communauté nationale imaginaire. Que chacun retourne chez lui et que partout se dressent murs et frontières, entend-on crier ici et là, alors qu’une guerre civile d’allure mondiale est livrée contre les migrants. La paix mondiale, paraît-il, en dépendrait.
On fait donc comme si l’intractable question des rapports entre l’ensemble des vivants et le reste de la biosphère sera résolue par la sédentarisation planétaire forcée. Les faits sur le terrain ne cessent pourtant de porter un démenti à la fiction d’une modernité en marche vers la réalisation de ses principes normatifs. La révolution néolibérale s’étant soldée par le lent démantèlement du compromis social forgé dans l’immédiat après-guerre, le terrain des luttes s’est déplacé vers les questions identitaires.
Mais comment faut-il interpréter la stridente demande de retour au sol et à la localité, alors que tout pousse vers une indiscutable planétarisation des problèmes auxquels l’humanité est confrontée ? Est-il vrai, comme le suggèrent nombre d’observateurs, que l’identitarisme soit le langage inverse d’une volonté de retrouver la parole et de reprendre en main sa destinée face à la volonté des Etats de soustraire leurs funestes politiques à tout débat ? Loin d’être le nouvel opium des masses, l’identité serait-elle plutôt le nom inverse du rejet que les populations tentent d’opposer aux politiques néolibérales, celles-là même qui sont responsables du saccage et de l’atrophie de leurs milieux de vie ?
Des rôles assignés d’office
Que faut-il, au demeurant, entendre par « identité » ? Les philosophies occidentales du sujet, qui ont dominé le monde pendant quelques siècles, reposent sur l’idée selon laquelle il y aurait en nous quelque chose qui nous serait intrinsèque, qui serait fixe et stable et, par conséquent, ne varierait pas. Elles nous apprennent que l’individu est au principe de son être. Créateur de lui-même, il reçoit son identité de lui-même, et parce que doué d’une conscience réflexive et d’une intériorité, il serait distinct de toutes les autres espèces vivantes. A supposer qu’une telle croyance soit vraie, elle est cependant loin d’être universelle.
Certes, en tant que citoyens d’un Etat, nous sommes tous soumis à des mécanismes d’identification. Par exemple, nous disposons chacun d’un acte de naissance. Après notre décès, l’administration établira un certificat de décès. En attendant, elle nous attribue une carte d’identité pourvue d’un numéro qui est le nôtre, et pour ceux et celles qui voyagent à l’étranger, d’un passeport qui indique notre genre, notre nationalité, notre âge, notre profession, toutes sortes de données servant à dire qui nous sommes et nos appartenances. En ce sens, nous sommes le produit de mécanismes étatiques d’identification.
Par ailleurs, en tant que personnes humaines, nous jouons une série de rôles. Certains nous sont assignés d’office. Nous en créons d’autres nous-mêmes. Nous demeurerons cependant à jamais indéfinissables aussi bien à nous-mêmes qu’aux autres. Au fond, cette propriété qui consiste à ne jamais atteindre un niveau de totale transparence à nous-mêmes et aux autres, c’est peut-être cela, finalement, notre identité. Elle est commune à tous les humains, sans distinction de race, de sexe, de nationalité ou de religion.
D’autres traditions de pensée l’ont bien compris. C’est le cas des pensées africaines antiques au regard desquelles il n’y avait d’identité qu’éclatée, dispersée et en miettes. Du reste, l’important n’était pas le soi en tant que tel, mais la façon dont on le composait et recomposait, chaque fois en relation à d’autres entités vivantes. En d’autres termes, il n’y avait d’identité que dans le devenir, dans le tissu de relations dont chacun était la somme vivante. L’identité, dans ce sens, n’était pas une infinie substance. Elle était ce que l’on confiait à la garde des autres, dans l’expérience de la rencontre et de la relation, laquelle supposait toujours le tâtonnement, le mouvement et, surtout, l’inattendu, la surprise qu’il fallait apprendre à accueillir. Car dans l’inattendu et la surprise gisait l’événement.
Il en était ainsi parce qu’il n’y avait ni monde, ni société ou communauté dont l’origine ne se situa dans une idée ou une autre de la dette. La personne humaine était un composé de multiples entités vivantes. Elle ne s’auto-engendrait point. Ce sont d’autres qui, toujours, étaient responsables de son advenue à la vie. Elle ne leur devait pas seulement sa naissance, mais aussi la langue, les institutions fondamentales, des richesses immatérielles, à la fois incalculables et non remboursables, dont elle héritait. Cette forme originaire de la dette, ou encore de la dot que les générations devaient les unes aux autres, s’opposait à la dette expropriatrice qui, sous sa forme marchande, obère de nos jours les conditions de reproduction ou même de survie de millions de femmes et d’hommes sur la surface de la Terre.
Singularité et originalité
Dans ces systèmes de pensée, ce que l’on nomme « identité » ne rimait guère avec l’enfermement sur soi, l’autarcie, le face-à-face avec soi-même, le refus de rencontre avec le monde, la méfiance, ou encore un moi qui s’affirme tout seul et qui, ce faisant, sombre dans cette espèce de répétition que produit toujours l’ennui. Par contre, la singularité et l’originalité étaient des attributs individuels socialement valorisés et que l’on se faisait fort de cultiver, de soigner et, lorsqu’il le fallait, de mettre pleinement en exergue.
L’important n’était donc pas l’identité, mais l’énergie qui était supposée régir les phénomènes vitaux et animer les conduites. La personne humaine par excellence se définissait par sa richesse en énergie vitale et sa capacité d’être en résonance avec les multiples espèces vivantes qui peuplaient l’univers, les plantes, les animaux et les minéraux y compris. Ni fixe, ni immuable, elle se caractérisait par sa plasticité.
On reconnaissait les personnes véritablement singulières à leur capacité à réaliser toutes sortes d’agencements de forces, à capter et à reconfigurer les flux de vie. Dans ce sens, on peut dire des métaphysiques africaines antiques qu’elles privilégiaient des dynamiques transidentitaires. Elles étaient des métaphysiques du devenir et non de la substance. A l’heure où les technologies computationnelles achèvent de se saisir du tout du monde, elles nous permettent, mieux que les philosophies occidentales du sujet, de penser l’identité comme quelque chose de toujours en mouvement, jamais le même, toujours ouvert sur ce qui vient et qui ne cesse de se synthétiser de nouveau, à la rencontre avec d’autres flux d’énergie.
En ce nouvel âge de la Terre, la démocratie libérale fait face à une véritable impasse. Elle est sur le point d’être engloutie par des formes purement régressives du nationalisme ou de l’ethnicisme. Les forces du nationalisme régressif prétendent travailler en vue de la régénération de communautés supposément pures et organiques menacées par toutes sortes d’intrus. Mais elles sont foncièrement incapables d’imaginer ce que serait une politique planétaire susceptible de réparer la Terre et de remettre en mouvement le vivant.
Or la combustion en cours du monde nous oblige à rompre avec la conception circulaire de l’identité qui aura caractérisé la raison occidentale pendant de longs siècles. A la thématique de l’identité doit se substituer celle du vivant, c’est-à-dire du destin de la biosphère à l’ère ou tout indique qu’une nouvelle genèse technologique est en gestation et, avec elle, une autre humanité, plus hybride et plus artificielle. Si, de fait, la Terre est un tout, alors il ne peut y avoir d’identité que sous le signe de la circulation généralisée de la vie et du vivant. Et c’est à revenir à ces circulations et à ces flux de vie qu’appellent urgemment les temps.
LES 16 PRÉSUMÉS MEURTRIERS DE LA TUERIE DE BOFA-BAYOTTE A ZIGUINCHOR
Après un séjour carcéral de près de deux ans dans leurs cellules au Camp pénal et à la prison Centrale de Dakar, les 16 prisonniers ont été transférés ce mardi discrètement à Ziguinchor pour nécessité d’enquête.
Les présumés auteurs de la tuerie barbare et lâche de jeunes exploitants forestiers de Bofa-Bayotte, en Casamance, ont été rapatriés à Ziguinchor. Après un séjour carcéral de près de deux ans dans leurs cellules au Camp pénal et à la prison Centrale de Dakar, les 16 prisonniers ont été transférés ce mardi discrètement à Ziguinchor pour nécessité d’enquête. Ils séjournent depuis plus de 24 heures dans leurs cellules, à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor.
Les seize (16) personnes arrêtées dans le cadre de l’enquête ouverte par la Section de recherches de la gendarmerie nationale des treize (13) exploitants forestiers que sont Ibrahima Diallo, Abdoulaye Baldé, Mamadou Diallo, Daouda Diallo, Ousmane Baldé, Kaoussou Gassama, Aliou Diallo, Abdoulaye Cissé, Seydou Touré, Aliou Diallo, Aliou Baldé et Alpha Diao ont été, ce mardi 24 décembre 19, transférés dans la plus grande discrétion.
Ils retrouvent leurs cellules à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor après deux ans de séjour carcéral dans les prisons du Camp pénale et de la prison centrale de Dakar.
«Ces 16 présumés tueurs des 13 exploitants forestiers dans la forêt dense de Bofa-Bayotte le 16 janvier 2018, ont été «rapatriés » à Ziguinchor pour nécessité d’enquête», renseigne nos sources judiciaire. Pour rappel, pour mettre la main sur ces 16 présumés assassins dans le carnage de Bofa-Bayotte, il aura fallu que l’armée Bissau-guinéenne boucle sa frontière pour les neutraliser.
Ces exploitants forestiers, essentiellement des jeunes, avaient été pris à partie 16 janvier 2018 par un groupe d’hommes fortement armés, dans la forêt de Bofa-Bayote, non loin de la frontière sénégalo-bissau-guinéenne, située dans la commune de Niassya, région de Ziguinchor.
Le bilan était lourd : 13 exploitants forêts lâchement assassinés, 7 autres blessés, dont 3 évacués d’urgence à Dakar et un autre, après avoir bénéficié de soins intenses aux services des urgences de l’hôpital régional de Ziguinchor, avait recouvré une situation stable avant d’être libéré par les médecins traitants. Un carnage qui a été perçu comme un coup de massue par les populations de la région sud du pays.
LES QUATRE RAISONS POUR LESQUELLES GUY A REPRIS SA GRÈVE DE LA FAIM
L’activiste Guy Marius Sagna reprend la grève de la faim en prison.
L’activiste Guy Marius Sagna reprend la grève de la faim en prison. Placé sous mandat de dépôt, il y a quelques semaines, suite à la manifestation contre la hausse du prix de l’électricité devant les grilles du palais de la République, il a refusé de s’alimenter pour quatre raisons.
Selon des sources de Emedia.sn, la première raison c’est qu’il est toujours contre la hausse du prix de l’électricité. La deuxième raison, c’est pour exiger sa libération et celle des deux autres détenus. S’agissant de la troisième raison de la grève de la faim, il demande à prendre connaissance du règlement intérieur de la prison. Et enfin, Guy Marius Sagna dénonce le fait qu’on lui interdise de communiquer tous les 15 jours avec sa famille alors que les autres détenus peuvent le faire.
LA BANQUE CENTRALE ANNONCE UN ’’QUASI-ÉQUILIBRE’’ DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) table sur un ‘’quasi-équilibre’’ de la balance des paiements du Sénégal en 2019
Dakar, 26 déc (APS) – La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) table sur un ‘’quasi-équilibre’’ de la balance des paiements du Sénégal en 2019, a indiqué jeudi à Dakar, son directeur national, Ahmadou Al Aminou Lô.
’’Le solde global de la balance de paiement est ressorti excédentaire de 527,2 milliards de FCFA en 2018, contre 125,6 en 2017. En 2019, il est projeté un quasi équilibre’’, a-t-il déclaré lors de la diffusion des comptes extérieurs du Sénégal.
Les comptes ont évolué s’agissant du financement par le biais de la mobilisation accrue des ressources sur le marché international et la poursuite d’une bonne orientation des investissements directs étrangers, a expliqué le directeur national de la BCEAO.
Il a ainsi fait état d’une persistance du déficit structurel du fonds des transactions courantes après analyse de la balance des paiements de l’année précédente.
Cette situation est en lien avec l’impact des investissements productifs, lesquels alourdissent la facture des importations de produits énergétiques et alimentaires, a analysé Ahmadou Al Aminou Lô.
Le directeur de BCEAO-Sénégal a, dans le même temps, évoqué le maintien d’une dynamique favorable impulsée par la note positive relativement aux envois des émigrés et la bonne tenue des exportations dans les secteurs de la pêche et des industries chimiques entre autres.
’’L’économie sénégalaise a amorcé une nouvelle dynamique depuis 5 à 6 ans, marquée par la consolidation de son cadre macroéconomique avec un taux de croissance du PIB réel de plus de 6%’’, a-t-il rappelé.
Le secrétaire général du ministère des Finances et du Budget, Abdoulaye Samb, est de son côté, revenu sur les caractéristiques des comptes extérieurs de 2018 tout en se projetant sur ceux de l’année finissante.
Il a insisté sur le maintien de la tendance d’envois de fonds des expatriés sénégalais avec une part d’environ 10 % du produit intérieur brut (PIB) et sur la nécessité d’assumer le déficit en s’orientant vers l’investissement en faveur des secteurs productifs.
«FRAPP/FRANCE DEGAGE» EMET DES RESERVES
Toutefois, l’organisation ne manque pas d’émettre ses réserves en se basant sur la non-implication des populations dans le processus et le maintien de la France comme garant financier
Le Front pour une révolution anti impérialiste Populaire et Panafricaine (Frapp)/ France Dégage considère la réforme annoncée de passer du F CFA à l’Eco comme une première victoire dans leur combat pour la souveraineté monétaire des Etats africains. Toutefois, l’organisation ne manque pas d’émettre ses réserves en se basant sur la non-implication des populations dans le processus et le maintien de la France comme garant financier.
Le Secrétariat Exécutif National de «FRAPP/France DÉGAGE» a sorti mardi dernier un communiqué pour réagir à l’annonce en Côte d’Ivoire, suite à la visite de Macron, du passage du F CFA à l’ECO en 2020. Selon l’organisation panafricaniste, ce scénario, «œuvre des principaux acteurs de la Françafrique», constitue une violation flagrante et manifeste de la souveraineté des États et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, car les populations ne sont même pas impliquées. En effet, les camarades de Guy Marius Sagna estiment que le projet de renouvellement des accords monétaires n’a pas été présenté, au préalable, aux utilisateurs de la monnaie pour recueillir leurs avis. Et pourtant, soutiennent-ils, le FRAPP, toujours dans sa dynamique de veille, avait alerté sur le manque d’implication de la population en ce qui concerne le projet de la monnaie commune de la CEDEAO.
«FRAPP/FRANCE DÉGAGE» estime qu’en lançant la campagne «POUR LA SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE, FRANCE DÉGAGE !» le 21 novembre 2017, il a contribué, à l’instar de toutes les initiatives et résistances du peuple africain, à mettre la pression sur nos dirigeants «complexés». Le résultat aujourd’hui, se réjouissent les camarades de Guy Marius Saga, c’est la fermeture des comptes d’opérations avec les fameuses réserves obligatoires à hauteur de 50% et le retrait des représentants de la France dans les instances de la BCEAO. «Ces réformes acquises de haute lutte ne permettent pas pour autant de couper le lien colonial avec la France car : la parité de change fixe et le libre transfert des capitaux vont renforcer la mainmise des multinationales françaises sur nos économies et la pauvreté des pays de l’UEMOA.
Le maintien de la France comme «garant financier» montre qu’elle reste souveraine sur la gestion du F CFA coloré ECO», déplore cependant Frapp/France dégage. Qui invite ainsi Emmanuel Macron à décrypter le vrai message de la jeunesse africaine qu’il taxe à tort d’anti-Français. «Les revendications de cette jeunesse ne sont pas difficiles à comprendre et peuvent être résumées de la sorte : pour la souveraineté monétaire et sécuritaire, France dégage! Le combat pour la souveraineté monétaire va continuer parce que le néocolonialisme est toujours d’actualité», lit-on dans la note de l’organisation dont Guy Marius Sagna est l’un des plus vaillants ambassadeurs. L’organisation panafricaniste lance en définitive un appel à tous les résistants des pays de l’UEMOA pour une accentuation du combat jusqu’à la victoire définitive, la souveraineté monétaire au service de notre développement.
«NOUS SOMMES A LA VEILLE D’UNE REVOLUTION DEMOCRATIQUE, CITOYENNE ET CULTURELLE»
La conviction de Babacar Diop est que le peuple sénégalais est debout et déterminé aujourd’hui à conquérir sa dignité - Le leader des FDS, actuellement interné à l’hôpital après avoir été maté par les gardes pénitentiaires, est toujours aussi engagé
Depuis son lit d’hôpital, Dr Babacar Diop parle aux Sénégalais. En attendant de revenir dans les prochains jours, à travers une conférence de presse, sur son séjour carcéral et sur le combat qu’il mène, il a salué, dans une lettre signée le 24 décembre dernier, toutes les mobilisations initiées depuis son arrestation pour exiger sa libération. Mais derrière tout ça, il a une autre lecture, celle d’une révolution démocratique, citoyenne et culturelle en vue.
La conviction de Dr Babacar Diop est que le peuple est debout et déterminé aujourd’hui à conquérir sa dignité. «Plus que jamais, nous sentons cette recherche de délivrance dans les classes populaires, victimes de la violence des politiques néolibérales», a expliqué le leader des Forces démocratiques du Sénégal (FDS) dans une lettre adressée mardi dernier aux Sénégalais. Une situation qui fait dire à l’enseignant à la Faculté des Lettres et Sciences sociales qu’ «en vérité, nous sommes à la veille d’une révolution démocratique, citoyenne et culturelle».
Le leader des FDS, actuellement interné à l’hôpital après avoir été maté par les gardes pénitentiaires et libéré, est toujours aussi engagé qu’avant son arrestation. Il soutient ainsi qu’il sera en première ligne dans les prochains combats contre le pouvoir «brutal» de Macky Sall ; une lutte qui, selon lui, ne fait que commencer. Dr Babacar Diop ne compte pour rien au monde baisser les bras, vu, dit-il, les millions de jeunes qui se mobilisent pour refuser la dictature ; des jeunes qui aspirent à un nouveau mode de gouvernance fondé sur la transparence, le respect des droits humains et la justice sociale. A en croire toujours le responsable des FDS, «les lumières de l’espoir naissent dans les entrailles d’un peuple qui refuse et se révolte contre les injustices de toutes sortes ; il appartient bien à ce peuple de construire des alternatives dans son milieu de vie».
«TANT QUE GUY ET CIE NE SERONT PAS LIBERES, IL N’Y AURA PAS DE STABILITE DANS CE PAYS»
Par ailleurs, Dr Babacar Diop dit avoir une immense dette de reconnaissance à l’endroit des enseignants et des étudiants qui, au niveau national comme international, lui ont témoigné un soutien empreint de fraternité. «La vague de solidarité venue des universités m’a profondément atteint, depuis ma cellule. J’exprime toute ma gratitude au SAES, au SUDES, aux avocats, à la diaspora, à la société civile, aux organisations politiques et à tous les Sénégalais anonymes et soucieux de la bonne marche du pays, pour toutes les initiatives engagées pour la libération de l’ensemble des prisonniers politiques», a déclaré l’enseignant à la Faculté des Lettres et responsable des FDS.
Dr Diop rend ainsi hommage aux militants de Forces démocratiques du Sénégal (FDS) pour les sacrifices immenses consentis durant son séjour carcéral. Avant de réaffirmer sa solidarité indéfectible à Guy Marius Sagna, Fallou Gallas Seck et Ousmane Sarr qui sont restés «arbitrairement » en prison. «Tant qu’ils ne seront pas libérés, il n’y aura pas de stabilité dans ce pays», a-t-il conclu à ce propos.
LES PRODUCTEURS DESERTENT LES POINTS DE COLLECTE
Plus de vingt jours après le démarrage de la campagne de commercialisation de l’arachide à Fatick, les producteurs refusent toujours de céder leurs graines aux opérateurs agréés par l’Etat.
Plus de vingt jours après le démarrage de la campagne de commercialisation de l’arachide à Fatick, les producteurs refusent toujours de céder leurs graines aux opérateurs agréés par l’Etat. Le prix plancher du kilogramme leur paraissant dérisoire, ils continuent de vendre leurs productions dans les marchés noirs, désertant ainsi les différents points de collecte. Une situation qui perturbera certainement la constitution de stocks de semences par les OPS pour la prochaine campagne.
La campagne de commercialisation de l’arachide, qui a officiellement démarré le 3 de ce mois, est encore très timide dans la région de Fatick où les producteurs refusent de vendre leurs graines à 210 Fcfa le kilogramme (prix fixé par arrêté interministériel). Dans les trois départements de la région, il est prévu 94 points d’achats pour 51 opérateurs devant collecter pour la Sonacos SA et Complexe Agro Industriel de Touba (Cait). Ce qui constitue, pour cette présente campagne, une diminution du nombre de points de collecte et des opérateurs par rapport aux années passées.
En effet, il est important de signaler que même si une légère augmentation a été notée sur le nombre d’opérateurs ayant démarré la collecte et surtout sur le nombre de points de collectes fonctionnels qui est passé de 8 à 26 sur 98 points prévus pour la région, soit un taux de 27,6%, la quantité de graines collectées n’a pas tout à fait évolué. Ce qui, sans doute, explique le fait que seuls 11 opérateurs ont démarré la collecte. Pour ce qui des semences certifiées collectées dans la région, on a noté une hausse de 203 tonnes toutes catégories confondues réparties comme suit : 85 tonnes soit une valeur de 21 353 125 Fcfa pour la catégorie R1 ; et 216 tonnes soit une valeur de 50 900 000 Fcfa pour la catégorie R2.
A Fatick, non seulement la vente des graines a commencé bien avant la date de démarrage officiel de la campagne, mais aussi le prix du kilogramme sur le marché noir dépasse de loin le prix plancher qui est de 210 Fcfa. Ce qui permet d’ailleurs aux producteurs contractuels des huiliers de vendre leurs productions au marché et de venir payer leurs contractants en espèces.
«NOUS AVONS BESOIN DE CETTE PAIX MALMENEE PAR LE CONFLIT ARME»
Monseigneur Paul Abel Mamba a invité les autorités à œuvrer pour que la paix soit installée définitivement dans la partie méridionale du Sénégal.
Cette année, c’est la paroisse des Martyrs de l’Ouganda, sise au quartier Colobane de Ziguinchor, qui a abrité la messe de messe lors des fêtes de Noël. Occasion pour l’archevêque de Ziguinchor de prier pour la paix en Casamance. Monseigneur Paul Abel Mamba a invité les autorités à œuvrer pour que la paix soit installée définitivement dans la partie méridionale du Sénégal.
A l’instar des autres communautés chrétiennes à travers le monde entier, celle de Ziguinchor a célébré la messe de nativité. Elégamment habillés pour la circonstance, les fidèles chrétiens de Ziguinchor ont rallié en masse la paroisse Martyrs de l’Ouganda de Colobane.
A la fin de la messe, l’Archevêque de Ziguinchor s’est beaucoup appesanti sur la lancinante question de la paix en Casamance. «Que de la joie de voir que beaucoup de fidèles sont venus participer à la messe !» s’est réjoui le patron de l’église ziguinchoroise avant de poursuivre : « Le message qu’on peut transmettre aux fidèles à vivre est celui de la paix, et l’amour entre les hommes. Comme Jésus l’a annoncé aux bergers, nous devons en vivre, mais aussi en être les messagers pour vivre la paix et aider les gens à vivre la paix», a indiqué le chef religieux. Il estime que la Casamance a besoin de cette paix qui été malmenée par le conflit.
Par ailleurs, Monseigneur Paul Abel Mamba a fait un véritable plaidoyer en faveur de la protection des femmes. «Il faudrait que les autorités prennent leurs responsabilités pour que cessent les violences faites contre les femmes. Il faut respecter les femmes, ce sont nos mères, sœurs, ce sont elles qui donnent naissance. Donc, on ne doit pas les violenter comme c’est le cas aujourd’hui dans la société. Les femmes sont souvent victimes de violence, d’exactions», fulmine ‘Archevêque de Ziguinchor.
«ON AURAIT PU UTILISER NOS ARMES…»
Trouvé dans son bureau par « L’as », le commissaire Lèye, qui a coordonné l’opération, retrace le film où des images montrent des éléments de police détaler comme des lapins
Le calme est revenu après de violents affrontements ayant opposé, avant-hier à Mbour, les forces de sécurité et des pêcheurs hostiles à l’érection d’un nouveau quai de pêche dans ladite ville. Trouvé dans son bureau par « L’as », le commissaire Lèye, qui a coordonné l’opération, retrace le film où des images montrent des éléments de police détaler comme des lapins. L’officier de police dédramatise et parle surtout du professionnalisme de ses éléments obligés de battre en retraite pour éviter une effusion de sang alors qu’ils étaient en droit d’user de leurs armes.
L’as : Monsieur le Commissaire, des affrontements sanglants ont opposé vos hommes aux pêcheurs. Comment en est-on arrivé à cela ?
Mandjibou Leye : Un dispositif sécuritaire est articulé en fonction ou à la dimension de l’évènement. C’est vendredi qu’il fallait intervenir, parce que l’entrepreneur, qui devait s’installer au quai de pêche, voulait le faire depuis ce jour en amenant ses engins pour démarrer le travail. Une frange dissidente des pêcheurs s’y est opposée ; nous avons fait l’intervention sur le terrain mais les informations et les renseignements que j’avais ne permettaient pas séance tenante d’agir en faveur de l’entrepreneur. Donc, nous avons reporté sine die cette intervention en convoquant les différents acteurs, y compris l’aile dissidente, dans mon bureau. J’ai discuté avec eux de 15h à 17h pour essayer de leur expliquer que c’est un projet de l’Etat du Sénégal en rapport avec le partenaire japonais. Et que mieux, c’est un projet qui devait être implanté dans une aire géographique qui relève du domaine public maritime qui est un patrimoine étatique. Mais c’était peine perdue, parce qu’ils le savaient. Auparavant, j’avais déjà introduit une demande du Groupement mobile d’intervention (Gmi) et j’ai obtenu un renfort conséquent puisque je m’attendais à une situation de ce genre. Maintenant, c’est après coup qu’ils ont invité tous les pêcheurs à ne pas aller en mer. Et c’est ça qui a démultiplié le nombre de manifestants qu’on a vus sur le terrain.
Vous avez été mis en minorité, on a vu des policer détaler
Nous avons été sereins et Dieu nous est venu en aide. Si c’était un autre corps, il pourrait y avoir beaucoup de morts dans le rang des manifestants. Car si une hyène pourchasse un lion, c’est parce que le lion veut lui éviter quelque chose. Donc, il faut saluer le travail extraordinaire de la police, parce que si des manifestants pourchassent des hommes armés, c’est parce que ces derniers ne les considèrent pas comme des adversaires encore moins des ennemis. Les manifestants ne sont rien d’autre que des concitoyens qui sont égarés pour un moment, donc il fallait les dissuader et les faire revenir à la raison et c’est ce que nous avons fait.
Cela n’entame-t-il pas l’image de la police ?
Il reste que l’Etat reste ce qu’il est et personne ne doit tenter de le fragiliser. Mes instructions ont été appliquées de main de maître sur le terrain. Et d’ailleurs c’est la raison pour laquelle vous n’avez pas entendu de bavure policière. Vous étiez certainement sur le terrain. La réalité du terrain avec des manifestants armés de barres de fer, de coupe-coupe et de gourdins, et la plupart d’ailleurs, c’est des drogués, l’aurait justifiée. Mais puisque nous voulions éviter des bavures, nous avons préféré battre en retraite quand la situation l’exigeait. Donc, c’est tout faux de penser que la police a échoué dans cette intervention, bien au contraire, la police a réussi par la meilleure des manières cette opération.
Nous étions dans une situation de guet-apens. Une meute de manifestants, peut-être 2 à 3 mille, s’est ruée vers nous avec des briques et la violence était telle qu’il fallait user de subterfuges pour dégager rapidement surtout que l’un de nos pickups s’était embourbé. Vous connaissez bien le côté sablonneux de Téfess et Dieu a fait que par extraordinaire, le chauffeur que je félicite au passage, a pu sortir le véhicule en crabotant et en dégageant en trombe. Nous étions dans une situation où on aurait pu, et la législation nous donnait ce droit, utiliser nos armes pour sécuriser nos hommes et les biens de l’Etat, mais nous ne l’avons pas fait. Nous avons préféré dégager en trombe pour nous extirper de ce lot-là afin de revenir en force pour pouvoir contenir les manifestants. Donc quand on dit que la manifestation a été un échec du côté de la police, c’est tout faux. Et nous n’avons pas minimisé le dispositif sécuritaire, nous l’avons au contraire articulé, arrimée sur les renseignements que nous avions eu l’avant-veille et sur la détermination des autres par rapport à cette affaire. Ce qui a par contre envenimé la situation, c’est cette campagne d’intoxication qui a été rondement menée par les dissidents qui ont fait croire à ces jeunes-là que l’Etat du Sénégal avait un projet d’implanter sur le site une usine de fabrique de farine de poisson. C’est tout faux, c’est un quai, un projet de 6 milliards dont 3 milliards à Joal et 3 milliards à Mbour.
Comment se fait-il qu’avec 150 hommes, la foule ait pu vous repousser ?
C’est très normal. Il fallait dégager les barricades installées par les manifestants sur cette zone très peuplée. C’est un lieu sensible et il fallait maintenir cette position et contenir les manifestants dans leur quartier. Il fallait les contenir dans leur lieu naturel pour qu’il n’y ait pas de débordement et c’est ce que nous avons réussi. Ils se sont attaqués à la mutuelle de Téfess. Mais ce n’est pas un bien d’Etat, c’est leur mutuelle à eux et ils l’ont incendiée. Toutefois, nous avons réussi à extirper le responsable de la mutuelle, le personnel, l’argent et toute la documentation importante.
A un certain moment, la police a été dépassée par les évènements. Vos hommes ont même lancé des grenades lacrymogènes devant la porte du district sanitaire et arrêté deux vigiles du centre…
J’ai oublié de vous parler du centre de santé de Téfess qui loge toujours à la rue Sana Dafé. C’est une rue sensible et nous n’avons jamais lancé de grenades dans le centre de santé. A la devanture peut-être, mais pas dans le centre. Et ce sont des dégâts collatéraux que ces manifestations peuvent causer, si je prends en compte les cimetières et la pharmacie, à plus forte raison les malades. Donc c’est de la désinformation de dire que la police a lancé une grenade lacrymogène dans le centre de santé. Et pour les vigiles qui ont été arrêtés, c’est vous qui m’informez. Les personnes arrêtées sont des gens qui font partie intégrante de cette manifestation. Maintenant s’il y a des vigiles qui ont été appréhendés, c’est parce qu’ils n’étaient pas à leur poste. Et d’ailleurs, parmi ceux qui ont été arrêtés, il y a des personnes qui ont été relâchées. Il y en a qui ont été arrêtés parce qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Au total combien de personnes ont été interpellées ?
Il y a eu 15 et 11 ont été déférés au parquet
Y a-t-il des blessés dans les rangs de la police
Oui il y en a eu, mais cela fait partie du métier. Même moi j’ai été blessé au tibia. C’est normal car nous sommes habitués à ces genres de situation
Les renseignements avaient-ils alerté suffisamment sur le danger ?
Oui, le dernier bulletin que j’ai reçu a parlé déjà d’une bonne frange des populations qui n’était pas d’accord pour l’implantation de ce quai de pêche. Mais il y avait déjà une campagne d’intoxication qui faisait état de la mise sur place d’une usine de fabrication de farine de poisson. C’est normal que quand la population entend cela, elle devienne hostile parce que l’odeur que dégagent ces types d’usine et les conséquences environnementales et sanitaires engendrées font que ceux qui ont entretenu la rumeur-là savent exactement ce qu’ils ont fait.
Avez-vous déjà connu une telle situation ? Quel est le moral des troupes ?
Cela fait partie de notre vécu quotidien. Nous avons vécu pire car c’est le travail du policier. C’est normal. Parfois, on rencontre des situations difficiles, parfois etDieu merci, car cela nous renforce pour notre expérience et sur notre expertise. Le moral est au beau fixe. La preuve, on a travaillé durant la nuit et aujourd’hui, le même dispositif a été remis. Au moment où je vous parle, le commissariat a été mis en zone d’exclusion le temps de déferrer ces 11 personnes. Au niveau du tribunal aussi, il y a deux camions des éléments du GMI pour sécuriser les magistrats et ceux qui y travaillent avec tout le matériel.Nous sommes disposés à agir à la hauteur de la détermination des personnes qu’on aura en face de nous.