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2 octobre 2025
LES NON-DITS D'UNE LIBÉRATION
Bien que saluée, la liberté provisoire accordée à Guy Marius Sagna, n’en est pas moins gênante pour certains puristes du droit qui estiment que le droit a été chassé du prétoire par la politique
C’était devenu une patate très chaude entre les mains du gouvernement. Les manifestations s’intensifiaient ; des organisations internationales de défense des Droits de l’homme commençaient à s’intéresser au dossier ; les avocats s’apprêtaient à saisir la Cour de justice de la CEDEAO devenue bête noire des juges sénégalais dans bien des dossiers célèbres. Mais le clou de cette lutte a été, sans nul doute, la mobilisation, vendredi dernier, devant le Camp pénal de Liberté 6. Ils étaient nombreux à retrouver, enfin, l’espoir quant à une libération prochaine de leur camarade Guy Marius Sagna. Mais rares étaient prêts à parier que les choses iraient aussi vite. C’est-à-dire en seulement 4 jours. Comme dans les affaires Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall, tout est allé très vite.
En fait, ce que bon nombre de Sénégalais ignoraient, c’est qu’au même moment, les négociations allaient bon train entre acteurs politiques. Au-delà même du cadre formel du dialogue national. D’ailleurs, à ce propos, un avocat de Guy Marius Sagna témoigne que la dernière lettre incendiaire du leader de Frapp France Dégage n’a pas du tout été fortuite. Mieux, il certifie que Maitre El Hadj Amadou Sall est même allé au Camp pénal pour rencontrer l’ex-détenu, avec la bénédiction du doyen des juges. C’était suite à sa constitution par le Front de résistance nationale (FRN). ‘’Moi qui vous parle, je vous assure qu’un confrère, à qui je voue beaucoup d’estime et de respect, s’est rapproché de moi pour me demander, suite à notre deuxième demande de liberté provisoire qui a été rejetée, d’en introduire une autre en la signant par son nom. Il était sûr qu’il obtiendrait gain de cause et je ne sais pas pourquoi. Je l’ai envoyé paître’’, insiste-t-il.
Auparavant, deux autres requêtes avaient été introduites, mais se heurtaient, à chaque fois, au niet catégorique du parquet. A en croire la robe noire, rien n’a changé, en termes de droit, dans les arguments de la défense. ‘’La seule chose qui a changé, c’est la donne politique. La deuxième fois, nous avons même fait appel devant la chambre d’accusation qui a rejeté notre demande’’.
Selon l’avocat, cette affaire a été mise sur la table par le Front de résistance nationale qui a exigé la libération de l’activiste. ‘’Comme il fallait y mettre les formes, on a mandaté un avocat pour introduire à nouveau une demande de liberté provisoire. Peut-être ils se sont dit que le conseil des avocats constitué depuis le début n’accepterait pas d’être complice de cette machination de la justice’’, regrette la robe noire dépité.
Ainsi court-circuités, les avocats, tout en se réjouissant de la libération de leur client, promettent de poursuivre le combat sur le plan international, pour exiger l’arrêt pur et simple des poursuites.
La méthode Sall
D’abord Karim Wade, ensuite Khalifa Ababacar Sall, maintenant Guy Marius Sagna. L’Etat, mis en ballotage, trouve toujours le bon prétexte pour se débarrasser des colis gênants.
Cette libération surprise et en catimini de Guy Marius Sagna, est loin d’être un cas isolé. Parmi les dernières en date, il y a celle de Karim Wade, ensuite Khalifa Ababacar Sall, entre autres. A chaque fois, la politique a chassé le droit du prétoire, selon beaucoup d’observateurs. A chaque fois, l’Etat a eu sa robe noire pour octroyer à son ‘’adversaire’’ ce que le droit lui avait pourtant dénié.
Dans le dossier Guy Marius Sagna, c’est le dissident du Parti démocratique sénégalais, par ailleurs plénipotentiaire du Front de résistance nationale au dialogue politique, qui a été le déclencheur de la libération controversée. N’en déplaise aux défenseurs de l’orthodoxie. En fait, précise le spécialiste du droit, toutes ces affaires ont la particularité d’avoir été des affaires d’Etat. ‘’Et l’Etat n’invoque la raison d’Etat que quand il n’a pas raison. On dit souvent que force reste au droit. Mais, en vérité, il faudrait plutôt dire que force reste à la force. C’est l’Etat qui, à travers la machine judiciaire implacable, écrase qui il veut. Et, à chaque fois, il faut des forces politiques pour desserrer l’étreinte. C’est frustrant, dans un Etat de droit’’.
Pour rappel, dans l’affaire Karim Wade, il a fallu une entrevue secrète entre Macky Sall et l’ancien coordonnateur adjoint du PDS, pour préparer la libération de l’ancien candidat, suite au dialogue national. Ce, malgré les déclarations du concerné affirmant qu’il n’a pas introduit de demande de grâce. Mais, à l’époque, Maitre Madické Niang, qui était au cœur des tractations, a dû faire le nécessaire pour faire recouvrer la liberté à son client et camarade de parti. Pour le cas Khalifa Ababacar Sall, c’est plutôt Maitre Khassimou Touré qui a été l’artisan du boulot.
Mais pourquoi tous ces gens ont accepté de sortir de prison, s’ils n’étaient pas consentants ? L’avocat de GMS rétorque : ‘’Quand vous êtes dans une prison, quand l’Etat souhaite vous en sortir, que cela vous plaise ou non, vous allez sortir de la prison. De la même manière que vous y entrez manu militari, on vous vire manu militari.’’
Par ailleurs, ces différents cas ont aussi montré que le régime du président Sall ne lâche du lest que quand il se retrouve en ballotage. Dans l’affaire Karim Wade, il a fallu attendre plus de trois ans, avant de libérer l’homme fort du Parti démocratique sénégalais. Auparavant, plusieurs composantes de la nation, dont les religieux, avaient plaidé en faveur d’un desserrement de l’étau, mais sans succès. Avec les décisions qui pleuvaient sur le plan international, l’Etat du Sénégal, condamné sur tous les fronts, avait fini par céder, en accordant la grâce au fils de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Idem pour les affaires Khalifa Sall et Guy Marius Sagna dans lesquels les mobilisations citoyennes conjuguées à la pression de personnalités de renommée internationale ont fini par payer. Aussi, à chaque fois, l’Etat a su trouver le bon prétexte et le bon moyen pour se donner le bon rôle.
‘’Le racolage est interdit dans cette profession’’
L’irruption de Maitre El Hadj Amadou Sall dans le dossier Guy Marius Sagna n’a pas fait que des heureux. Elle a même irrité certains défenseurs de l’activiste qui ont jugé son attitude discourtoise. ‘’Certaines manières de faire sont indignes d’un avocat. Un avocat digne de ce nom doit attendre qu’on le constitue. On peut accepter de défendre une personne gratuitement. Mais on ne doit jamais entrer dans le dossier de quelqu’un sans y être invité. Soit par lui-même, soit par l’avocat qu’il a mandaté. Le racolage est interdit, dans cette profession. C’est le sommet de l’abomination, de la honte. L’honneur l’interdit, la décence ne le commande pas et la délicatesse le condamne’’, peste un des avocats de Guy Marius Sagna.
Cette condition, selon lui, est fondamentale. Dans tout dossier, renchérit-il, quand vous trouvez des avocats déjà constitués, vous devez impérativement les informer et demander leur avis. ‘’Le camarade en question n’a saisi ses confrères, même pas par les moyens modernes de communication. C’est un peu frustrant. Qu’on le dise ou non. D’autant plus que cela vient d’un excellent confrère qui a duré dans le métier’’.
CORONAVIRUS : LE PREMIER CAS DÉTECTÉ AU SÉNÉGAL EST GUÉRI
L’homme, un Français de 33 ans, avait été déclaré positif au Covid-19 lundi. Il est arrivé à Dakar le 26 février dernier, après avoir ‘’séjourné en France, à Nîmes, et à la station de ski en région d’Auvergne-Rhône-Alpes
Le premier patient testé positif au coronavirus au Sénégal, a été déclaré guéri et devrait incessamment quitter le services des maladies infectieuses de l’hôpital Fann où il était soigné, a appris l’APS, vendredi.
‘’Le premier cas déclaré positif le lundi a été testé négatif à deux reprises’’, a expliqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Aloyse Waly Diouf, lors d’un point de presse.
‘’Par conséquent, il est considéré comme guéri, et sa libération est en cours’’, a-t-il ajouté.
L’homme, un Français de 33 ans, avait été déclaré positif au Covid-19 lundi. Il est arrivé à Dakar le 26 février dernier, après avoir ‘’séjourné en France, à Nîmes, et à la station de ski en région d’Auvergne-Rhône-Alpes, dans la période du 13 au 25 février’’ dernier. Il vit au Sénégal depuis deux ans.
Les autorités sanitaires avaient indiqué que son état ne suscitait ‘’aucune inquiétude majeure’’.
Le Dr Aloyse Waly Diouf a par ailleurs signalé que les tests de deux cas suspects se sont ‘’avérés négatifs’’ ce vendredi.
Il a ajouté que l’état de santé des trois autres patients évoluent favorablement.
Outre le patient déclaré guéri, un octogénaire et sa femme ainsi qu’une Britannique, employée des Nations unies, sont soignés à l’hôpital Fann.
Selon le Dr Diouf, ‘’le suivi des sujets contacts se poursuit’’.
DIP DOUNDOU GUISS, NOUVELLE ÉTOILE DU RAP SÉNÉGALAIS
Celui qui a grandi dans le quartier dakarois de Grand-Yoff, biberonné au son de l’Américain LL Cool J, ambitionne de réussir aussi bien sur le plan international que son idole et référence, Youssou N'Dour
À 28 ans, le rappeur Dip Doundou Guiss est la nouvelle étoile montante de la musique sénégalaise. Celui qui a grandi dans le quartier dakarois de Grand-Yoff, biberonné au son de l’Américain LL Cool J, ambitionne de réussir aussi bien sur le plan international que son idole et référence, Youssou N'Dour.
RFI Musique : Dip Doundou Guiss (Vivre et voir en wolof), votre nom d’artiste, c’est également votre façon de voir la vie ?
Dip Doundou Guiss : On peut dire ça. DIP, d’abord, ce sont les initiales de mon véritable nom : Dominique Preira. "Doundou Guiss", c’est un concept qui englobe dans ma musique, les thèmes que j’aborde. Doundou : "vivre, la vie" ; Guiss : "voir". Tout ce que je vois, tout que je vis, tout ce que les autres vivent et que moi, je vois.
Vous utilisez beaucoup le "je" dans vos chansons, c’est pour suivre la tendance ego-trip dans le rap…
Non pas du tout ! Ce n’est pas un style ou une tendance que je suis. Quand je fais de la musique, j’ai tendance à parler de moi, mais en pensant aussi que je parle aux autres. Parce que je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui ont vécu ou vivent la même chose que moi. Donc, j’utilise beaucoup le "je" pour que celui qui écoute ma musique se sente concerné. Quand on parle de soi, en général, on parle avec le cœur.
Quand une star internationale comme Youssou N'Dour débarque à votre dernier concert (le 8 février 2020) pour chanter avec vous, vous le prenez comme un adoubement, une consécration ?
C’est surtout un honneur. Cela fait très plaisir, Youssou N'Dour montre qu’il s’intéresse beaucoup à ce que je fais. Il s’intéresse à la jeunesse aussi à travers moi, et son fils est fan de ma musique. Donc, c’était un honneur de l’avoir avec moi sur scène. Ce n’était pas notre première rencontre. Il a eu à me conseiller plusieurs fois et franchement, on a failli faire un duo dans mon dernier album. Il me suit et me conseille et notre relation commence à dépasser le cadre musical. J’ai fait une chanson intitulée Youssou N'Dour. J’aspire à être le "Youssou N'Dour" du rap au Sénégal. Je pense que c'est possible. Il faut juste travailler pour que cela se réalise.
Vous citez Youssou N'Dour, qui est d’un autre univers musical, le mbalax, mais très peu ou jamais de rappeurs sénégalais…
Il y a beaucoup de rappeurs que je respecte. Il y en a plein que j'écoutais quand je débutais dans le rap. Youssou N'Dour, je l'admire, je respecte beaucoup pour tout ce qu'il a réalisé en tant que chanteur, en tant qu’homme, en tant que professionnel. Si un rappeur avait la même dimension que Youssou N'Dour, j’aurais sûrement fait un son au nom de ce rappeur. Cela ne veut pas dire que je ne respecte pas les rappeurs.
Les pionniers du rap sénégalais comme PBS de Didier Awadi ou Daara J, comment vous inspirent-ils par exemple ?
Quand je parle de Daara J, cela me rappelle mes débuts. Ils font partie des gens qui m'ont fait aimer le rap. Aujourd'hui, je ne me considère pas comme leur rival, mais plutôt comme leur héritier, et c’est un honneur. J'apprécie beaucoup ce qu'ils font et j'essaie de faire un peu comme eux ; exporter ma musique, faire en sorte que ma musique parle à toutes les générations, c’est-à-dire une musique "propre" sans clash, ni gros mots.
Justement en parlant de musique "propre", on a l’impression que dans la plupart de vos titres et à l’instar des Américains, vous aimez aller au clash avec les autres jeunes rappeurs comme Ngaka Blindé ou Omzo Dollar….
C’est normal ! C’est un peu l’univers du rap qui veut ça. Je dirais que même dans d’autres domaines comme la politique ou le sport, il arrive que les gens ne s’entendent pas. Parfois, cela peut devenir personnel, mais je ne l’ai jamais souhaité. C’est la vie. Un bon rappeur doit savoir se faire respecter d’une façon ou d’une autre. Cela ne veut pas dire que je ne m’entends pas avec d’autres rappeurs. Il y en a certains avec qui j’ai fait des duos ou assisté à leur concert.
Votre but ultime est de devenir le meilleur rappeur du Sénégal ?
Ce n’est pas un rêve de devenir le meilleur rappeur du Sénégal. Franchement, le plus important, c’est d’amener le rap sénégalais à un niveau où on parlera du hip hop sénégalais partout dans le monde. Aujourd’hui, mon ambition c’est faire comme Burna Boy (ndlr : chanteur nigérian, nominé aux Grammys Awards) ou la jeune Koffee (artiste jamaïcaine) qui a eu un Grammy à 20 ans. Pourquoi pas le Sénégal aux Grammys ? Nous avons des jeunes capables de faire aussi bien. La scène internationale, on y pense, on y travaille ; j’ai fait mon denier concert en Europe (au Café de la Danse) à Paris en février, c’est une première étape, d’autres vont suivre cette année en Europe.
Par Babacar Diop
LA GLOIRE APPARTIENT A CEUX QUI LUTTENT
Le combat contre la prédation des ressources du pays et l’iniquité sociale continue. Il ne sera jamais question de ramollir les ardeurs de ceux qui luttent pour le changement
Je commence tout d’abord par exprimer ma réjouissance pour la libération de mon ami et camarade Guy Marius Sagna, un digne fils du pays, un patriote que toute injustice révulse. Il est un tribun de la plèbe des temps modernes, car il est la voix forte et visible des pauvres, des exclus, des victimes de la violence et de la domination, des invisibles, de ceux qui ne prennent jamais la parole.
Son emprisonnement, à la fois injuste et illégitime, dans des conditions inhumaines, a constitué un moment sombre de notre trajectoire démocratique comme pays libre et respectueux des droits humains ; il a également secoué toutes les consciences justes qui, au grand jour ou dans la prière, ont réclamé sa libération sans conditions. Je suis heureux que mon ami puisse enfin rentrer à la maison, retrouver son épouse, ses enfants et ses parents.
Maintenant je me considère comme un homme libéré des tenailles de l’injustice et capable de vivre ma vie d’homme libre dans la tranquillité. Après ma libération, le maintien de Guy Marius Sagna en détention m’avait causé beaucoup de souffrance morale. En vérité, en plus d’être gêné, j’étais à la fois peiné et triste. Ma volonté la plus ardente était de corriger cette injustice notoire d’une classe dirigeante incapable d’élévation morale. Toutefois, qu’aurais-je pu faire face à des gens qui ont décidé d’abord de me soumettre à leur violence pour me sortir des lieux dans la précipitation, en couvrant tout cela d’un voile sombre cousu de fils de mensonges ?
C’est le moment ici de remercier tous les sénégalais qui se sont mobilisés pour la libération des détenus politiques, tous les mouvements et partis politiques qui se sont engagés dans la lutte de manière sincère, sans aucune concession pour le respect des droits fondamentaux des citoyens. Cette victoire est celle du mouvement citoyen qui est le courant le plus dynamique et le plus vivant de notre société actuelle. Pendant que la classe politique traditionnelle capitule et se compromet, ce mouvement porte les espoirs du renouveau de notre démocratie. Je remercie également nos avocats qui sont de la race des grands artistes de ce monde ; ils ont été à nos côtés durant cette longue et douloureuse épreuve de l’arbitraire. L’épreuve que nous venons de traverser m’a permis de connaître des jeunes, grands symboles de la résistance dans notre pays. C’est un immense honneur pour moi d’avoir partagé la même cellule avec eux. Je renouvelle mon amitié et ma fraternité à Guy Marius Sagna, Abdoulaye Touré, Mamadou Diao Diallo, Souleymane Diockoul, Souleymane Jimm, Malick Biaye, Ousmane Sarr et Fallou Gallas Seck.
Vous êtres une fierté pour le Sénégal. Le temps ne pourra jamais effacer les actes nobles que vous avez posés le 29 novembre 2019, pour la défense du peuple, empêtré dans la misère sociale, économique et environnementale. En réalité, comme l’histoire nous l’enseigne, la lutte fait avancer la cause du progrès et de l’émancipation. Je rappelle ici que le fait de se lever pour défendre ce que nous considérons comme important demande souvent des sacrifices immenses. Aujourd’hui, nous avons consenti des sacrifices qui nous ont valu la prison et la torture. Demain, nous serons invités dans le cadre de la lutte à faire d’autres sacrifices encore. Nous devons toujours être prêts à donner le meilleur de nous-mêmes, quand il s’agit de luttes où le bien-être de notre peuple est l’enjeu fondamental. Dans ce sillage, le silence serait une trahison de l’idéal que nous avons épousé. Nous ne devons jamais démissionner, quels que soient les obstacles qui se dresseront devant nous. le poète des pauvres Ai Qing, nous rappelle sans cesse : « Ce n’est qu’après une longue nuit qu’émerge le soleil en feu » (Cent poèmes, 1984, p.189). Par la pression de la rue et le refus de capitulation, les prisonniers de la journée du 29 novembre 2019 sont tous libérés. Nous savourons cette grande victoire des forces citoyennes et démocratiques de notre pays
Les mobilisations doivent se poursuivre
Mais nous pouvons et devons tous nous entendre sur un impératif : le combat contre la prédation des ressources du pays et l’iniquité sociale continue. Il ne sera jamais question de ramollir les ardeurs de ceux qui luttent pour le changement. les mobilisations doivent se poursuivre car elles sont la sève nourricière de notre libération comme peuple libre et éclairé. Nous devons lutter contre toutes les formes d’injustice, contre la pauvreté, la corruption, les conditions carcérales inhumaines et avilissantes, le système de santé inéquitable, l’école et l’université publiques au rabais, la dilapidation des ressources publiques, la justice à deux vitesses qui écrase les faibles et protège les puissants. Nous avons dans ce pays ce qu’il convient d’appeler une justice de classe. Nous devons lutter contre le coronapolitique qui est l’expression de la corruption généralisée dans le pays. Cette maladie qui frappe la classe politique cause plus de dégâts que la pandémie du coronavirus. la douloureuse expérience que nous venons de vivre est la manifestation la plus éloquente que notre justice qui est en crise. Nous sommes tous dans l’insécurité juridique totale et à chaque fois qu’on pense que des lueurs de sursaut déontologiques peuvent émerger, la déception est encore plus grande.
Les libertés fondamentales doivent être protégées par nos magistrats. Malheureusement, la balance continue de se pencher d’un seul bord, et le sénégalais moyen, meurtri par cette injustice, se demande toujours si un jour la lumière de la justice jaillira des ténèbres. le juge ne doit obéir qu’à sa conscience et être un éducateur social dont le sacerdoce est dire le droit, rien que le droit. Hélas, nous sommes encore loin de cet État de droit que tout un peuple réclame. Notre libération, tout comme notre arrestation, est plus qu’arbitraire. Tout ce qui arrive dépend de la seule et unique volonté de Macky Sall. Il est donc temps qu’une réforme sérieuse et profonde voit le jour au sein de la justice sénégalaise.
Pour commencer ce travail d’envergure, l’une des pierres angulaires de la réforme passe d’abord par la démission du Doyen des juges et du Procureur de la République. Rien n’arrêtera la marche déterminée des jeunes, car ils constituent le moteur de l’histoire de notre peuple. Nous nous dirigeons de manière résolue vers la liberté et l’égalité, et cette trajectoire est inexorable. Le Sénégal restera toujours un pays de démocratie et de liberté dont la petite politique ne réussira pas à freiner l’élan. Nous ne serons les esclaves d’aucun tyran, d’où qu’il vienne. Nous savons que tous les oppresseurs souhaitent que les opprimés soient des incapables qui se taisent devant l’inadmissible. C’est au nom de ce même principe que tous les opportunistes égoïstes souhaitent que les exploités soient des ignorants qui restent dans les ténèbres. Ils veulent des esclaves, des objets, des instruments et des bêtes obéissantes, qui parfois poussent le zèle au ridicule jusqu’à vouloir théoriser un mandat supplémentaire imaginaire. Ils veulent maintenir la violence et la domination. Par conséquent, la lutte doit continuer. Nous en appelons à un combat pacifique et citoyen contre l’injustice et l’arbitraire, l’oppression et la domination, car rien de durable ne peut se construire dans un tel univers. En ce qui me concerne, rien ne pourra entamer ma détermination à continuer la lutte pour la libération, la justice et le bien-être du peuple sénégalais. Je retournerais mille fois en prison, je serais toujours plus enthousiaste et plus engagé à me battre sans concession pour mes convictions. Je m’y consacrerai toujours et toujours, parce que j’aime le Sénégal d’un amour profond
Par Babacar DIOP( FDS)
Par Pape NDIAYE
LA SANTE MILITAIRE AUX AVANT-POSTES DES «PANDEMIES»
Le 4 avril prochain, le Sénégal va célébrer le 60e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Comme l’année dernière, le président de la République, Chef suprême des Armées, entend fêter l’événement en grande pompe à travers un gigantesque défilé civil et militaire sur le thème : « Le rôle des forces armées dans la gestion des pandémies et catastrophes ». Un sujet d’actualité au moment où le président de la République sonne l’alerte d’une guerre sans merci contre le coronavirus. Naturellement, dans cette guerre, les personnels du Service de santé des Armées ne seront pas en reste puisqu’en cas de débordement, ils combattront l’épidémie aux cotés des médecins et agents civils. Souhaitons ne pas en arriver là pour que vive la gigantesque parade militaro-civile du 04 Avril !
« le rôle des forces armées dans la gestion des pandémies et catastrophes », tel est le thème des festivités du 04 avril 2020 devant célébrer le soixantième anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale. Malheureuse coïncidence ou vision prospective ? Toujours est-il que ce thème ô combien prémonitoire avait été retenu et calé depuis quatre mois à l’occasion de la Journée des forces armées 2019. Aujourd’hui, la gestion des pandémies et des catastrophes s’invite dans l’actualité avec l’apparition des premiers cas de coronavirus au sénégal. Une épidémie qui, du fait de sa propagation rapide dans le monde, risque de se transformer en pandémie. C’est d’ailleurs dans ce contexte d’inquiétude grandissante que le président de la République, Chef suprême des armées, a convoqué en début de semaine un conseil de guerre pour apporter la riposte à l’ennemi invisible. « Invisibilité » et « Dangerosité » : deux notions que les Jambaars connaissent très bien du fait que leur persistance renforce toujours leur puissance de feu. Dans les rangs nous renseigne-t-on, les médecins, infirmiers et techniciens de la santé militaire sont déjà aux avant-postes pour traduire en actes le thème très actuel de ce défilé du 04 avril. Au-delà de la parade militaire, l’Etat-major général des armées aurait pris toutes les dispositions nécessaires pour que le personnel médical et paramédical du service de santé des Armées soit réquisitionné en cas de débordement des structures de santé publique. Espérons ne pas en arriver là ! Car, il ne fait aucun doute que si la propagation prenait une certaine ampleur non souhaitée, les festivités du défilé du 04 avril risquent d’être annulées purement et simplement. D’ailleurs en Conseil des ministres, le Chef de l’État, Macky sall, très exigeant relativement à la prévention, a recommandé de différer la célébration ou la tenue de certains événements populaires inscrits dans le calendrier républicain. le défilé du 04 avril pourrait être concerné si la situation ne s’améliore pas. Mais touchons du bois !
EN GUISE DE FUSIL EN BANDOULIERE : STETHOSCOPE ET THERMOFLASH !
« le rôle des forces armées dans la gestion des pandémies et catastrophes » : le service de santé des Armée se retrouve bien dans ce thème des festivités du 04 avril 2020. Ce, depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, en 1960, c’est-à-dire à la création de l’Armée nationale après l’éclatement de la Fédération du Mali. Et juste après le départ des médecins français qui officiaient à Dakar, l’ancienne capitale de l’Aof. les premiers cadres médecins sénégalais étaient des réservistes. Parmi eux, feu le Dr Yoro sy qui fut un pionnier. Pour qu’il puisse servir dans l’Armée et accompagner le contingent sénégalais à la guerre civile du Congo-Léopoldville (actuelle Rd Congo), Dr Sy s’était vu octroyer le grade électronique ou virtuel de « capitaine ». Quelques années après, lors la grève des étudiants de 1968, le général de division Jean Alfred Diallo, alors chef d’état-major de l’Armée nationale, propose la création d’une école de santé militaire au président Senghor qui l’a entérinée. Une procédure accélérée fut mise en branle suite à la grève du personnel syndical des hôpitaux du pays. Une grève qui avait causé beaucoup de torts aux patients. Et comme le droit de grève n’existe pas dans l’Armée, l’Etat a décidé alors de recruter plusieurs médecins ayant terminé leurs études pour les enrôler dans les forces de défense. D’où le déploiement en brousse des premiers médecins militaires avec comme objectifs majeurs : Combler le déficit en médecins dans les zones reculées du pays comme Tambacounda, Kédougou, Casamance, Fouta etc. Des zones périphériques dans lesquelles les personnels du service de santé ont toujours apporté aide et assistance aux populations civiles à travers des campagnes de vaccination de masse et des consultations gratuites. En fait, durant toutes les épidémies ou pandémies déclarées au Sénégal depuis l’Indépendance, les médecins et infirmiers militaires ont toujours porté leurs stéthoscopes et thermoflash comme fusils en bandoulière pour stopper et pulvériser l’ennemi viral. sans oublier que dans les catastrophes comme les inondations dans la banlieue dakaroise, les effondrements d’immeubles ou de ponts, les déraillements de train etc. les hommes de la santé militaire (en compagnie des éléments du Génie) se sont illustrés par leur assistance auprès des sinistrés.
LES SOLDATS D’HYGIENE A L’HONNEUR !
Considéré comme le corps paramilitaire le plus « marginalisé », le service national d’Hygiène se sent, cette fois-ci, honoré à travers le thème de cette année 2020 marquant le 60e anniversaire de notre Indépendance. Comme les Jambaars de la santé militaire, les soldats d’hygiène ont toujours et pleinement joué leur partition dans la gestion des pandémies et catastrophes. Comme actuellement dans la lutte contre le coronavirus où ils s’activent du matin au crépuscule dans les compagnes de prévention sanitaire. De même que les opérations d’assainissement où ils jouent en rôle déterminant. Interpellé sur ce thème dont les agents d’Hygiène font partie des principaux acteurs, le commandant Rassoul Ba, chef du service régional d’Hygiène manifeste sa fierté de voir la prévention sanitaire et la gestion pandémique au cœur des festivités du 04 avril. D’emblée, il nous cite Albert Camus qui disait à propos de la Peste, ceci : « Pour arrêter cette maladie, il fallait appliquer les mesures graves d’Hygiène prévues par la loi ». le commandant Rassoul Ba explique que le service d’hygiène, qui constitue un des aspects essentiels de la politique du Gouvernement en matière de santé publique, a fait l’objet d’une nouvelle réorganisation en fonction des missions qui lui sont dévolues à savoir « veiller à la salubrité publique (urbaine et rurale) et à l’hygiène collective ; assurer la prophylaxie des épidémies et des endémies, créer et maintenir un environnement propice à une hygiène de vie correcte ; appliquer correctement la réglementation en vigueur en matière d’hygiène et d’assainissement ».
DES MISSIONS A HAUT RISQUE DE CONTAMINATION !
Et pour mettre en œuvre le thème du défilé du 04 Avril, le chef du service régional d’hygiène confie que ses braves agents n’ont jamais failli dans leur mission quotidienne et permanente. « Cette noble mission consiste à éduquer les populations en matière d’hygiène et de salubrité publique, à respecter la législation et la règlementation en matière d’hygiène dans les agglomérations urbaines et rurales. la surveillance aux frontières, la recherche et la constatation des infractions en matière d’hygiène et l’assistance aux autorités administratives dans le domaine de l’hygiène et de la salubrité publique font également partie de nos missions régaliennes » a expliqué M. Ba, histoire de magnifier le rôle que jouent ses soldats dans la gestion des pandémies et catastrophes. Notre officier d’Hygiène ne savait pas si bien dire puisque l’Hygiène est l’ensemble des règles qui doivent être respectées pour conserver la santé comme en cette période de riposte au coronavirus. « Elle s’efforce d’établir les règles de la technique de vie qui fera éviter les excès et permettre l’ordre harmonieux de l’organisme ainsi que son maintien en parfait état de santé. Mais l’Hygiène individuelle ne saurait à elle seule assurer la sauvegarde de la santé du fait qu’elle est complétée par l’hygiène publique, l’assainissement du milieu afin de la rendre propice à l’épanouissement de la vie etc. Et c’est dans ce sens que le ministère de la santé publique a multiplié les campagnes d’information et de sensibilisation depuis les premiers cas de coronavirus enregistrés dans notre pays » explique encore M. Rassoul Ba.
Expliquant le rôle de l’agent d’Hygiène dans la lutte contre les maladies comme la fièvre Ebola ou le coronavirus, il indique que cet agent entre le premier dans la salle de traitement en pulvérisant tout l’environnement du malade avant que les médecins et agents de santé entrent en action. Ce pour éviter toute contamination. « Et quand il s’agit d’un cas suspect, nos agents, alertés, débarquent en premier sur les lieux ( domicile ou salle de consultation) pour effectuer des pulvérisations de désinfectants avant l’acheminement du malade vers les centres de traitement. sans oublier l’enterrement sécurisé des corps. Donc vous voyez le rôle ô combien important et déterminant des agents d’Hygiène dans la gestion des pandémies » nous prend à témoin le commandant Rassoul Ba, chef du service régional de l’Hygiène. En temps de guerre, dit-on, la gendarmerie combat aux cotés des armées. Mais cette fois-ci, il s’agit d’une guerre pandémique et, en lieu et place des gendarmes, ce sont les soldats d’Hygiène qui sont appelés à combattre aux cotés de la santé militaire… afin de mettre en œuvre le thème du 04 avril 2020. Et que coronavirus soit capturé mort et vif pour que vive le gigantesque défilé civilo-militaire qu’entend organiser le président de la République, Chef suprême des armées. Bien entendu, si coronavirus ne se propage pas !
MAMADOU TALLA ECARTE TOUTE IDEE DE FERMETURE DES ECOLES
«Nous ne sommes pas dans la dynamique de fermer les écoles, mais plutôt de sensibiliser»
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 06/03/2020
«Nous ne sommes pas dans la dynamique de fermer les écoles, mais plutôt de sensibiliser». Le ministre de l’Education nationale, M. Mamadou Talla, a fait cette annonce hier à Saly en marge de la cérémonie officielle de sélection de nouveaux «daaras» et de lancement du Projet d’Amélioration de la Qualité de l’Education de Base (PAQEEB/FA). Depuis la confirmation du premier cas de coronavirus dans notre pays lundi dernier, l’idée d’une fermeture temporaire des établissements scolaires est agitée. Mamadou Talla, qui a rappelé que le ministère de l’Education nationale a déjà lancé un programme de sensibilisation dans les écoles, estime qu’il ne sert à rien de faire dans l’alarmisme.
Le coronavirus déclaré pandémie par l’Organisation mondiale de la santé (OMs) a fait son apparition dans notre pays. lundi dernier, le Gouvernement, après une réunion de crise tenue au Palais de la République dans la matinée, a annoncé dans l’après-midi un premier cas testé positif dans notre pays. Entre lundi et mercredi, le nombre de cas confirmés est passé de un à quatre. Une bonne frange de la population, inquiète, exprime depuis lors son souhait de voir les établissements scolaires fermés pendant une période déterminée, pour réduire les risques de contamination. le ministre de l’Education nationale, interpellé sur cette demande au cours d’une réunion organisée par son département hier à saly Portudal, s’est montré catégorique. «Nous ne sommes pas dans la dynamique de fermer les écoles, mais plutôt de sensibiliser», a-t-il répondu. Mamadou Talla a souligné que les ministères de l’Education nationale et de la santé et de l’Action sociale sont en train de dérouler un programme de prévention du Coronavirus avec une leçon de vie au profit de l’ensemble des élèves du sénégal. «Avec notre collègue en charge de la Santé, nous sommes en train de dérouler un programme de prévention. Il y a deux jours, nous avons lancé notre première leçon de vie sur la maladie, sa présentation, ses signes mais aussi les précautions à prendre», a expliqué le ministre de l’Education nationale
Sensibiliser et éviter de faire peur...
«L’ensemble des Inspections d’Académie (IA) du Sénégal vont faire le maximum pour que ce cours de la vie puisse être répété. Ça veut dire que nous avons pris les dispositions», a rassuré Mamadou Talla, qui s’exprimait en marge de la cérémonie officielle de sélection de nouveaux «daaras» et de lancement des activités du Projet d’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation de base-financement additionnel (PAQEEB/FA). «Le Coronavirus constitue une question sérieuse qui concerne le monde entier ; le monde est devenu un village planétaire. Cela veut dire que ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis, nous l’avons instantanément au Sénégal et vice-versa» a souligné le ministre. A partir de ce moment, poursuit-il, avec l’éducation, qui concerne plus de 3,5 millions d’élèves de l’enseignement public comme privé, on a un accès facile aux familles et le nombre de personnes à pouvoir toucher est immense. Mamadou Talla, après avoir estimé que le sénégal n’est pas encore dans une dynamique de fermer les écoles, soutient qu’il faut faire certes attention, mais éviter surtout de faire peur. «Nous sommes dans la sensibilisation, dans l’écoute et nous avons les techniciens qu’il faut au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale pour qu’ensemble et partout où on est, on puisse accompagner cette nouvelle dynamique», a assuré le ministre de l’Education nationale, martelant que son département « va jouer pleinement sa partition par rapport à cette épidémie».
HARO SUR UNE BLOUSE BLANCHE QUI A VIOLE LE SECRET MEDICAL !
Un soignant filme un patient avant de balancer les images sur le net
La divulgation du secret médical est passible de poursuites judiciaires avec comme sanctions une peine d’emprisonnement allant jusqu’à un an de prison et une lourde amende financière, selon Ibrahima Konté qui rappelle à ses collègues qui ont filmé le patient atteint de coronavirus au Sénégal avant de le poster sur le réseau social Facebook leurs obligations professionnelles qui vont à l’encontre de cette faute professionnelle commise au mauvais endroit et au mauvais moment.
Les personnels de santé sont soumis au secret professionnel, pour ne pas dire au secret médical. Ils sont appelés à respecter les droits des patients. Il y a des secrets qu’aucun soignant ne dira jamais sur son patient. Même pas à son frère, sa sœur, sa mère, encore moins son conjoint. Beaucoup de médecins ont fait le serment d’Hippocrate. Ce qui suppose qu’ils ne doivent jamais dévoiler les informations obtenues dans le cadre de leur travail.
Toutefois, il peut arriver que des praticiens « mentent » sur l’état de leurs patients. Un externe travaillant au service d’hématologie dans une structure de la place confie avoir une fois réalisé des tests sanguins sur un enfant qui ne pouvait guère être le fruit du couple parental qui l’a emmené se faire consulter. Mais il ne pouvait, dit-il, ne pas informer la mère de l’enfant qui lui a demandé de garder le secret. Même cas pour ce gynécologue d’une clinique privée qui a une fois reçu en consultation une femme qui saignait en abondance. Elle avait menti à son époux sur sa situation. Mais comme les saignements continuaient, les médecins ont vite fait des prélèvements sanguins sur la femme. L’examen clinique leur a permis de trouver l’origine du saignement. Il s’agissait d’une déchirure dans le sexe, au fond du vagin. Le médecin, après avoir informé la patiente de cette lésion en profondeur, a procédé à une réparation chirurgicale pour arrêter l’hémorragie. « Je savais que c’était lié à un rapport sexuel traumatique. Elle était dans une relation extraconjugale. L’acte sexuel, ils l’ont fait trop vite et trop fort », a dit le chirurgien à qui la patiente a demandé de « ne rien dire » à son mari.
D’après notre interlocuteur gynécologue, ses collègues médecins et toutes les équipes soignantes doivent toujours garder ce genre d’informations confidentielles. « C’est une obligation déontologique et légale qui a une place prépondérante dans l’exercice de notre métier » insiste-t-il. Ce secret médical ne concerne pas seulement les informations liées à la santé du patient. C’est tout ce que le médecin a vu, entendu et compris dans l’exercice de sa fonction. Et qu’il doit taire, selon le coordonnateur territorial de santé publique au Chu de Nice, Ibrahima Konté. « C’est surtout l’identité des patients et les éléments permettant de les identifier. Le secret professionnel s’impose également aux personnes suivantes : les membres du personnel de l’établissement où le patient est pris en charge, les personnes en relation avec cet établissement, de par leurs activités, tous les personnels intervenant dans le système de santé », énumère-t-il de manière non exhaustive. selon cet infirmier, le fait de relever une information qui relève du secret professionnel, sauf dans les cas autorisés, est puni d’une peine qui peut aller jusqu’à un an d’emprisonnement et d’une lourde amende financière
Ce secret médical peut-il noyer le défaut humain ?
le coronavirus est apparu au mois de décembre à Wuhan, en Chine, où on a noté les premiers cas. Depuis lors, il poursuit son chemin et ravage presque tout sur son passage. Mais jamais, depuis cette apparition, l’identité des personnes atteintes n’a été exposée sur la place publique. Sauf un cas spécifiquement apprécié. Il s’agit de celui d’un Chinois guéri de la maladie. Mais au Sénégal, alors qu’on demande de refuser toute stigmatisation à l’endroit d’une personne, fut-elle un cas suspect, un personnel médical d’une structure sanitaire de la place a filmé un patient attient de coronavirus avant de le jeter en pâture à la face du monde entier. la vidéo circule depuis hier sur le Net.
Une « grande honte », selon Ibrahima Konté qui a tenu à rappeler à l’auteur de cette vidéo ses obligations professionnelles. « Le secret médical interdit à tout médecin de communiquer à des tiers des informations sur son patient. Sauf dérogation, le secret médical couvre l’ensemble des informations concernant le patient dont le médecin a connaissance. Des informations qui lui ont été confiées, ce qu’il a vu, entendu ou compris ». Ce , encore une fois, même si le secret est parfois lourd à porter, selon notre gynécologue qui rappelle à cette blouse blanche qui vient de filmer et poster sur Facebook le patient atteint de coronavirus que les secrets dont les praticiens sont dépositaires sont légion. Des secrets qu’ils sont obligés de garder.
"QUAND LE VACCIN SERA PRÊT, LE CORONAVIRUS SERA FINI DEPUIS LONGTEMPS"
Au Sénégal, quatre ressortissants européens sont désormais contaminés par le coronavirus. Mais l'Afrique reste beaucoup moins impactée que l'Asie et l'Europe. Le docteur Massamba Sassoum Diop, qui préside SOS Médecins à Dakar, livre son analyse
RFI : Quels sont les conseils pratiques que vous donnez aux gens qui nous écoutent ?
Docteur Massamba Sassoum Diop : Ce qui est important, c’est de ne surtout pas s’inquiéter, mais que par contre ce qui est important, c’est lorsqu’on a un problème de type syndrome grippal, c’est-à-dire une toux sèche, éventuellement un mal de gorge avec une fièvre, et qu’on est passé soit par une région du monde où il y avait le coronavirus qui sévissait, soit parce qu’on a été en contact [avec quelqu’un qui est passé par là], à ce moment-là, il y a des numéros qui sont à faire. Et se déclenche à ce moment-là un interrogatoire pour vérifier si oui ou non on est à risque. Et à partir de ce moment-là, une fois qu’on est estimé à risque, il y a un système à domicile qui vient pour faire le prélèvement en sécurité. Le prélèvement est analysé : si c’est négatif, c’est réglé ; si jamais c’est positif, il faut de toute façon rester encore une fois à l’isolement parce qu’il faut comprendre que de très rares patients vont avoir des complications, en sachant que ce ne sont que des personnes affaiblies et âgées qui aujourd’hui sont les victimes de ce virus-là.
Alors pourquoi ce virus est-il plus contagieux que celui de la grippe ?
En fait, c’est sa mutation. Dans l’avenir, ce dont on a le plus peur, c’est un virus extrêmement grave sur le plan clinique qui entraînerait des formes très graves, et qui soit en même temps extrêmement contaminant.
Ce qui n’est pas le cas du coronavirus…
Ce n’est pas du tout le cas du coronavirus. Il n’est pas virulent, il l’est pour les personnes âgées qui ont un problème initialement avant, dans les antécédents de santé. À ce moment-là, ce sont ces personnes-là qui font les détresses respiratoires.
Y a-t-il, comme le dit la rumeur, un traitement qui donne déjà des effets sur les patients ?
Attention. Beaucoup de gens parlent de la chloroquine en disant que le traitement miracle a été trouvé. Il semble que ce soit des concentrations telles que -la chloroquine est toxique pour l’homme à certaines concentrations dans le sang- et il semble que ces concentrations-là soient efficaces sur le virus. Donc, c’est en cours d’études, mais en tout cas, il ne faut surtout pas aller prendre de la chloroquine en se disant « Ça y est, j’ai vu que ça a marché ». D’autre part, les traitements antiviraux classiques sont en train d’être testés actuellement. Et on ne peut pas encore vous dire si ça marche puisque c’est vraiment à l’état d’étude. Donc, en fait, ils sont en train de tester différents types d’antiviraux en attendant de voir lequel marche, et s’il y en a un qui marche. Et en attendant le vaccin. Mais malheureusement, le vaccin, le temps de le concevoir, le temps de trouver la technique, le temps de le tester, le temps de le mettre en place, si on l’a dans 18 mois, on est contents. Mais de toute façon, l’épidémie sera finie depuis longtemps.
Les autorités sénégalaises ont déjà interdit quelques évènements publics : un concert, un gala de lutte… Est-ce que ces mesures vont dans le bon sens ?
Oui. On sait qu’il y a beaucoup de gens qui vont se rencontrer. On va éviter d’avoir une transmission très rapide à beaucoup de gens en peu de temps, qui vont faire saturer les structures d’urgence par exemple de réanimation. Mais en même temps, sans pour autant paniquer la population. Tout est dans l’art de savoir quelles sont les manifestations qui sont le plus à risque, et à ce moment-là, les arrêter.
Donc l’idée, c’est d’éviter que tous les gens qui risquent d’être atteints ne le soient pas tous en même temps ?
Exactement. C’est-à-dire qu’on sait que finalement, ça ne sera pas grave pour tout le monde, mais par contre si c’est tout le monde en même temps, même s’il n’y en a pas au bout en pourcentage tant que ça, ça va saturer les systèmes d’urgence, de réanimation. Et c’est là que ça peut entraîner des morts pour d’autres pathologies. Les patients qui ont eu un accident de la route, qui ont fait un infarctus, qui en fait auraient dû être en réanimation, mais les structures de la réanimation étant pleine de patients qui ont le coronavirus, ils ne pourront pas être pris en charge pour leur pathologie. Donc, c’est ça qu’il faudra éviter, c’est la saturation du système. Puis, bien évidemment qu’on ne se retrouve pas avec par exemple beaucoup de soignants qui soient eux-mêmes infectés et qui seraient eux-mêmes en arrêt de travail, ce qui va faire qu’on n’aura pas assez de soignants pour les patients. C’est pour cela que, tant qu’on peut étaler l’épidémie, il faut le faire.
Alors au Sénégal, les personnes contaminées sont des ressortissants européens qui ont voyagé récemment entre l’Europe et l’Afrique. Du coup, est-ce qu’il faut mettre en place un dispositif particulier pour les voyageurs qui arrivent en Afrique en provenance d’autres continents, comme l’Europe, comme l’Asie ?
Déjà, on comprend bien que du coup, la phase initiale est cette sorte de contrôle qui est fait. Moi-même, j’ai fait plusieurs allers-retours ces dernières semaines, et quand on est arrivés à l’aéroport à Dakar, il y avait un système comme il y en a dans quasiment maintenant un peu tous les aéroports. Un système de caméras thermiques qui permet déjà de savoir, de « discriminer », de savoir si les gens ont de la fièvre et dans ce cas-là, de faire un interrogatoire et de voir s’il faut les isoler. Ça, c’est une chose. La deuxième chose, c’est un questionnaire systématique, c’est ce qui est en train d’être mis en place. C’est-à-dire demander à tout le monde de remplir un questionnaire, et le questionnaire est trié ensuite par les agents de santé à la frontière. Et cela permet non seulement d’avoir les coordonnées si jamais on découvre quelque chose par rapport à un vol, ça permet d’avoir les coordonnées des autres passagers ; et d’autre part, si la personne a coché « je suis passée à tel et tel endroit qui sont des endroits à risque », ça permet de pouvoir aller plus loin dans l’investigation.
À ce stade, l’Afrique est avec l’Amérique du Sud le continent le moins touché par ce virus. Est-ce qu’il y a une explication scientifique ?
L’élément le plus probable, c’est que plus on est loin en termes de voie de communication du foyer, plus ça met de temps pour arriver. Il y a plus de communication entre l’Asie et l’Europe, qu’avec l’Afrique. Donc en fait, il a fallu le temps d’un premier niveau de transmission, donc où cela est passé en Europe, et puis comme il y a plus de liaisons cette fois-ci entre l’Europe, l’Italie, la France, éventuellement les États-Unis et l’Afrique, à ce moment-là, c’est là où ça arrive en Afrique. C’est juste le délai pour le virus pour arriver à voyager. A priori, c’est juste le décalage. Maintenant, on peut envisager aussi qu’il y ait un petit retard dans le diagnostic si le système d’alerte est un peu moins performant dans les pays du Sud que dans les pays du Nord.
Oui, mais au Sénégal, le système de détection est aussi performant qu’en France, non ?
Le système, il faut avouer, moi j’ai été très agréablement surpris quand j’ai vu comment le ministère prenait les choses en charge, et c’est vrai que lorsque nous avons fait ce premier diagnostic, on s’est calé sur l’algorithme du ministère sénégalais de la Santé. Et tout s’est déroulé exactement comme cela aurait dû se faire avec l’isolement de la personne chez elle, le prélèvement à son domicile, l’analyse, la confirmation et à ce moment-là l’hospitalisation. Donc oui, le système de détection a été efficace.
En revanche, il y a peut-être d’autres pays du continent où la détection pourrait être défaillante ?
Oui, il y a forcément des décalages entre les différents pays en fonction de leur niveau. Mais c’est vrai qu’aux États-Unis, ce n’est pas pareil qu’en France, ce n’est pas pareil qu’en Angleterre et ce n’est pas pareil… Donc, il y a forcément des décalages selon les pays.
D’où la nécessité pour tous les pays africains de se protéger et d’empêcher l’arrivée de ce virus…
C’est sûr que du coup, la chose la plus efficace, c’est la prévention en amont, donc d’éviter que le virus arrive plutôt que d’avoir à en gérer les conséquences secondaires en réanimation. Mais le tout, sans s’affoler parce que, de toute façon, quand on est dans le ressenti, dans l’émotion, on n’arrive jamais à quelque chose d’efficace.
LES MEDECINS DENONCENT L’AMATEURISME ET LA GESTION SOLITAIRE DE DIOUF SARR
La gestion du coronavirus par le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr est vertement décriée par le Syndicat Autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens dentistes du Sénégal (SAMES).
La gestion du coronavirus par le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr est vertement décriée par le Syndicat Autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens dentistes du Sénégal (SAMES). Le syndicat dénonce son amateurisme, sa gestion solitaire des ressources humaines et la politisation de cette crise sanitaire. Le Secrétaire général Amadou Yéry Camara exige une gestion rigoureuse des ressources et la mise à disposition immédiate des moyens de protection pour la sécurité des praticiens. Il demande au chef de l’Etat de reporter tous les rassemblements religieux, récréatifs et politiques.
Le Syndicat Autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) dénonce l’amateurisme dans la gestion du coronavirus par le ministre de la Santé et de l’Action sociale. Amadou Yéry Camara et ses camarades fustigent l’attitude du ministre Abdoulaye Diouf Sarr qu’ils accusent de politiser la gestion de cette crise. «Le Sénégal est confronté à un défi majeur face au Covid-19. Cela remet sur la table la nécessité d’avoir un système de santé performant avec des agents de santé motivés. Au moment où nos revendications sont traitées avec beaucoup de légèreté voire du mépris et nos primes de risque ridicules, nous sommes aux avant-postes de la lutte contre cette épidémie comme nous l’avons été avec la maladie à virus Ebola. Et malgré les directives du chef de l’Etat, les engagements de ses services ne sont pas respectés», s’indigne le bureau exécutif du Sames.
Selon le Secrétaire général du Sames, Amadou Yéry Camara, le ministre de la Santé continue sa gestion solitaire des ressources humaines par des recrutements et des nominations clientélistes d’agents à la retraite et bénéficiant de contrats spéciaux, plus préoccupés à faire de la politique que de s’occuper du système de santé au moment où tous les médecins sont occupés à combattre le virus. Il en veut pour preuve la création de districts sanitaires politiques comme ceux de Sangalkam et de Diakhao, à la demande de responsables politiques. «C’est pourquoi, pour la protection des populations, le Sames dénonce l’amateurisme dans la gestion de cette crise et l’insuffisance des moyens de protection du personnel dans les structures de santé y compris l’hôpital Roi Baudoin où le médecin qui a reçu le deuxième cas de Covid-19 n’a bénéficié d’aucun suivi lui-même», condamnent les médecins du Sénégal.
Ainsi, pour une bonne gestion du coronavirus, le Syndicat Autonome des Médecins Pharmaciens et Chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) exige une gestion rigoureuse des ressources et la mise à disposition immédiate des moyens de protection efficaces pour la sécurité des praticiens et celle de la population.
LE SAMES DEMANDE AU CHEF DE L’ETAT LE REPORT DES RASSEMBLEMENTS RELIGIEUX, RECREATIFS ET POLITIQUES
En revanche, le Secrétaire général du Sames demande à tous les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes de rester vigilants et très rigoureux dans le suivi des sujets contacts pour bouter cette maladie hors du Sénégal. Amadou Yéry Camara rappelle que la santé des Sénégalais vaut tous les sacrifices puisque, dit-il, la valeur de l’homme ne se mesure qu’au moment où on lui demande de mettre en jeu ce qu’il a de plus cher.
Par ailleurs, le Secrétaire général du Sames demande au président de la République, avec l’aide de nos guides religieux, de reporter à une période plus propice tous les rassemblements religieux, récréatifs et politiques pour ne pas risquer la dissémination du Covid-19 comme ce fut le cas avec le Choléra en 2005, dans l’intérêt supérieur de la nation.
«IL EST IMPERATIF QUE NOS ARTISANS SOIENT AU DIAPASON DES NOUVELLES TECHNOLOGIES»
Le président Macky Sall a invité les artisans du Sénégal à être au diapason des normes internationales et des nouvelles technologies pour conquérir le monde.
Le Président Macky Sall a invité les artisans du Sénégal à être au diapason des normes internationales et des nouvelles technologies pour conquérir le monde. Le chef de l’Etat l’a fait savoir lors de la cérémonie d’ouverture du Salon international d’Artisanat de Dakar (Siad) au Cicad.
C’est en reprenant le Président Senghor sur l’enracinement et l’ouverture que le chef de l’Etat a demandé aux artisans d’être au fait des exigences internationales. «Il est impératif que nos artisans soient au diapason des normes internationales et des nouvelles technologies, s’ils veulent prendre des parts de marché à l’international», a soutenu le Président Macky Sall dans une salle archi comble.
À l’en croire, il faut accompagner les artisans dans le perfectionnement et la modernisation de leurs productions. Se prononçant sur l’écoulement dans la production artisanale, le Président Sall a indiqué que l’Etat du Sénégal a déjà montré la voie dans la promotion de la consommation locale. «Et suivant cette logique, le projet du mobilier national a été mis en place pour accompagner les entreprises artisanales à accéder à la commande publique. Nous avions dit 15%, mais très tôt nous l’avons dépassé. Et aujourd’hui, le cap doit être les 65% et maintenu sur une longue durée», souligne le chef de l’Etat avant de promettre de mettre l’artisanat au cœur du dispositif de développement national.
Sous le thème «L’artisanat, facteur de création d’emplois», le Salon permet, de l’avis du président de la République, la promotion de la production artisanale et favorise la rencontre entre artisans et opérateurs économiques. Et de rappeler que l’artisanat est au cœur de ses préoccupations. «C’est un facteur de stabilité et de cohésion sociale», dit-il.
Abondant dans le même sens, le ministre de l’Artisanat, Dame Diop, trouve que ce secteur donne beaucoup de satisfactions en termes d’ingéniosité des artisans, de qualité des productions et de diversité des produits. «Le Salon montre la part de l’artisan sénégalais dans l’échiquier africain », indique le ministre.