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2 octobre 2025
LES CONFIDENCES D'"IBRAHIMA 10", DJIHADISTE AU SAHEL
En 2018, la justice française a entendu ce cadre du groupe Al-Mourabitoune, interpellé en 2016 suite à une série d’attentats en Afrique de l’Ouest. Il a livré un témoignage rare sur l’industrie de la misère qu’est devenu le djihad dans la région
Sur la Toile, il n’existe qu’une seule photo de lui. Un de ces clichés blafards d’interpellation pris à la va-vite, dos au mur, entre sueur et torpeur. Sur cette image, il apparaît le visage bouffi, le regard las, vêtu d’un tee-shirt sale. Son nom, Fawaz Ould Ahmed, ne dira sans doute rien aux néophytes. Pas sûr non plus qu’il évoque grand-chose aux spécialistes du contre-terrorisme hexagonal.
Mais les experts de la bande sahélo-saharienne (BSS) savent, eux, que l’arrestation au Mali de ce djihadiste mauritanien, il y a presque trois ans, fut une sacrée prise de guerre. Ils tiennent là untémoin rare – et fiable – de ce qu’est devenu, en quelques années, le djihadisme le long de cet immense arc de brousse et de sable reliant la Libye à l’Afrique de l’Ouest : une véritable « industrie de la misère ».
Au moins six groupes aux alliances mouvantes, forts d’environ 2 000 combattants, sont engagés dans une entreprise multiforme de déstabilisation de cette zone. Sur la carte du terrorisme mondial, le Sahel est la seule terre de djihad où Al-Qaida et l’organisation Etat islamique (EI) sont alliées face à un ennemi commun, en l’occurrence les forces militaires françaises et africaines réunies sous les bannières de l’opération « Barkhane » et du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).
Or,à 40 ans, « Ibrahim 10 » est un vétéran de cette guerre-là, un habitué du combat en zone désertique. C’est surtout un ex-haut cadre de l’organisation Al-Mourabitoune, un groupuscule actuellement replié sur le plateau de Timétrine, dans le nord-est du Mali, où sa centaine de combattants vivotent dans des campements de trois ou quatre véhicules, en adoptant les codes nomades pour ne pas se faire repérer.
Al-Mourabitoune a beau être sur le déclin, il demeure un des bras armés d’AQMI, déclinaison locale de sa maison mère. Fin 2016, ses membres ont encore enlevé Sophie Pétronin, dernière otage française détenue dans le monde. Une partie du groupuscule est par ailleurs exilée en Libye, où elle garde la mainmise sur les routes du trafic d’armes.
Une vie entre famille, désert et djihad
La particularité d’« Ibrahim 10 » est de s’être montré très prolixe, lors des interrogatoires menés par la police malienne, à Bamako, sur son expérience personnelle dans le milieu du terrorisme. Des confidences d’autant plus précieuses qu’elles racontent en creux une vie improbable entre désert, famille et djihad international, une sorte de terrorisme à mi-temps, se jouant de la porosité des frontières africaines, et partiellement motivé par l’appât du gain.
Officiellement, Fawaz Ould Ahmed était commerçant. Il était marié, père d’un enfant, et passait beaucoup de temps sur les routes, en déplacement professionnel. Personne ne se méfiait de cet homme à la carrure empâtée et aux faux airs ballots.
« Ma femme [de nationalité ivoirienne] ne connaissait pas mes activités », a-t-il confessé devant les enquêteurs. Ceux-ci sont remontés à lui au détour d’une vague d’interpellations, un mois après l’attentat de la plage de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, le 13 mars 2016.
Ce jour-là, trois jeunes assaillants armés de kalachnikovs et de grenades ouvrent le feu, en plein après-midi, au milieu des transats, des palmiers et des paillotes. Bilan : vingt-deux morts, dont quatre expatriés français âgés de 53 à 78 ans. Parmi eux, un ingénieur en fibre optique, un ancien militaire et un ex-nageur de combat. Comme les victimes ivoiriennes, ils n’ont rien vu venir.
Ce carnage a marqué un tournant dans un pays jusque-là épargné par le terrorisme. Mais depuis, comme souvent lors d’attentats en Afrique, les noms de Jean Charpentier, Jean-Pierre Arnaud, Franck Hamel et Frédéric Lambert se sont perdus dans une enquête sans issue en raison des moyens dérisoires de la police et de la justice locales.
« Ibrahim 10 », lui, a été entendu par la justice française début 2018, dans le cadre d’une procédure connexe : un attentat datant de mars 2015, contre un restaurant de Bamako – La Terrasse – ayant fait six morts, dont un Français de 31 ans, Fabien Guyomard. Les liens entre les deux opérations terroristes sont apparus si étroits aux enquêteurs que le témoignage d’« Ibrahim 10 » – plus de quatre-vingts pages que Le Monde a pu consulter – a fini par être versé récemmentau dossier de Grand-Bassam.
L’attaque de la plage ivoirienne a été revendiquée par AQMI, mais c’est à sa filiale Al-Mourabitoune qu’en a été attribuée la mise en œuvre. L’organisation a aussi revendiqué l’attentat de La Terrasse. Or, on sait désormais qu’« Ibrahim 10 » a été, de 2007 à 2016, très proche du fondateur d’Al-Mourabitoune, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, un terroriste considéré comme l’un des premiers importateurs du djihadisme en Afrique, le « père » de nombreuses méthodes de terreur désormais déployées à grande échelle. Au fil du temps, le si tranquille commerçant mauritanien est devenu un des principaux adjoints de ce vétéran d’Afghanistan, né en 1972, connu pour son visage émacié à l’œil borgne.
La stratégie d’Al-Mourabitoune ? « Viser les Blancs », comme l’a avoué sans ambages « Ibrahim 10 », mais aussi s’en prendre à tous les Etats africains accusés d’apporter leur soutien à la France dans la guerre menée au Mali depuis 2014 contre la mouvance djihadiste.
Spécialité du groupe terroriste : « Frapper systématiquement le cœur du pays » (capitales, intérêts économiques) et s’attaquer aux lieux fréquentés par les touristes ou les Occidentaux. « Sachant que les plus grandes communautés d’expatriés français en Afrique se trouvent en Afrique de l’Ouest, Mokhtar Belmokhtar est quasiment sûr de tuer un ou plusieurs Français lors de ses attaques », résumait, en 2016, une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Rencontre déterminante avec « le Vieux »
Fawaz Ould Ahmed n’a pas toujours été « Ibrahim 10 ». Avant de devenir terroriste, ce fils de commerçant n’a longtemps été, comme beaucoup, qu’un jeune isolé en quête de sens.Il a 20 ans quand il commence à s’intéresser à la religion. En 1999, il travaille au Maroc après avoir quitté le sable pauvre de Nouakchott, la capitale mauritanienne. « Je ne fréquentais pas les endroits où il pouvait y avoir du vin ou des paroles malsaines », dit-il.
Sa radicalisation démarre après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. « J’ai commencé à me renseigner (…) pour savoir si Dieu nous ordonnait cela. » Reprochant au Maroc de devenir « trop moderne », il rentre en Mauritanie en 2004. Alors que la guerre fait rage en Irak, il est aussi séduit un temps par l’idée de partir combattre les Américains.
L’envie définitive de s’engager dans le combat armé lui vient en 2007, à la suite de sa rencontre, par l’intermédiaire d’un compatriote, avec l’Algérien Mokhtar Belmokhtar. « Le Vieux », comme il l’appelle, est alors installé dans le désert, au Mali voisin, près de Tombouctou. Il dirige une petite katiba (« bataillon »), baptisée « Al-Moulathamine » (« les enturbannés »), mais jouit déjà d’une forte aura.
Depuis toujours, il est un de ceux qui maîtrisent le mieux le nerf du combat djihadiste : l’argent. C’est grâce à ses talents de contrebandier et au prélèvement de droits de passage sur divers trafics (armes, haschisch, migrants) qu’il a bâti sa réputation. D’abord fournisseur d’armes pour le Groupe islamique armé en Algérie, il est, à partir du milieu des années 2000, le grand financeur de la montée en puissance d’AQMI.
Fawaz Ould Ahmed, bientôt surnommé « Ibrahim 10 », y trouve son compte. La rudesse des entraînements et le quotidien de simple combattant dans le désert sont, en réalité, presque plus enviables que la vie de travailleur noir émigré au Maghreb. Sa première opération sera l’attaque d’un convoi des douanes mauritaniennes chargé de 100 000 euros. « C’est de là que je me suis fait remarquer », raconte-t-il. Mais le cœur de métier de son chef, Mokhtar Belmokhtar, ce sont les prises d’otages. « Ibrahim 10 » commencera avec deux diplomates canadiens, au Niger, en décembre 2008. Il a alors 30 ans et raconte aux enquêteurs : « “Le Vieux” m’a fait savoir qu’il voulait m’envoyer (…). J’ai dit que j’étais prêt. »
Le jeune fidèle devient rapidement un logisticien hors pair. Il apprend à éviter les « coupeurs de route », cesbandes armées spécialisées dans les agressions d’automobilistes,découvre comment échapper aux pannes de carburant en se faisant jeter discrètement des bidons sur les talus, via un savant réseau de relais locaux prévenus par textos. Il s’enhardit aussi en conduite : « Il ne fallait jamais passer deux fois au même endroit et où les traces de pneu pouvaient rester longtemps », se souvient-il.
Pour le reste, « le Vieux » se charge de tout. La nourriture vient de Gao, au Mali, ou d’Algérie. Les réserves permettent de tenir un mois à chaque fois. Les véhicules eux, sont « toujours neufs, à essence et couleur sable »,achetés en Algérie, au Niger, en Libye, voire à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Les motos sont chinoises.
Négociateur avec le Burkina Faso
Mokhtar Belmokhtar donne alors à ses troupes des consignes strictes en matière d’enlèvement : « Ne jamais ramener un Français. » Les raisons sont géopolitiques. A cette époque, le chef terroriste bénéficie de la protection implicite du Mali. Ce pays est sa base, pas son terrain de combat. Hors de question, dans ces conditions, de toucher à ce sanctuaire, « pour ne pas gêner “ATT” », autrement dit le président malien, Amadou Toumani Touré. Ce dernier, protégé par Paris, règne en maître sur son pays depuis 2002. C’est sa chute, en 2012, lors d’un coup d’Etat, qui fera plonger le Mali dans le gigantesque champ de bataille actuel.
Un autre pays de la région, le Burkina Faso, tente aussi de s’épargner les foudres djihadistes en jouant les intermédiaires dans les libérations d’otages de toutes les nationalités.
Cette fois encore, « Ibrahim 10 » est aux premières loges. En ces années 2008-2009, « le Vieux » l’a fait monter en grade et désigné comme émissaire pour ce qu’il appelle « le va-et-vient » avec les Burkinabés. Les tractations en vue de la libération d’otages se font surtout avec Moustapha Chafi, conseiller de l’ombre du président Blaise Compaoré, un autre leader africain ayant dirigé son pays d’une main de fer de 1987 à 2014, avant d’être renversé par un soulèvement populaire. « Un pacte avait été signé avec le Burkina. Mais c’était un pacte temporaire… », explique l’ex cadre d’Al-Mourabitoune. Depuis, le pays a basculé à son tour dans l’enfer terroriste.
Pas peu fier, le djihadiste détaille devant les enquêteurs les coulisses de ces négociations au parfum de jeu dangereux. Il décrit ses voyages les poches pleines d’argent – jusqu’à « 5 millions d’euros » pour une otage espagnole –, raconte également ses allers-retours en hélicoptère, financés par les autorités de Ouagadougou, quand les pluies diluviennes rendaient les routes impraticables.
Il décrit les transferts de « frères » libérés discrètement de prison quand le troc ne se faisait pas en monnaie sonnante et trébuchante. Il ne boude pas non plus son plaisir lorsque, gracieusement hébergé dans la capitale burkinabée, il peut en toute tranquillité faire les achats nécessaires au maquis : caméra, ordinateur, carte mémoire… Entre deux opérations, il n’avait, selon lui, que deux consignes : « Faire les prières » et « changer souvent de position ».
Echec lors d’un enlèvement
La clémence vis-à-vis des Français prend fin en janvier 2011, avec l’enlèvement d’Antoine de Leocour et Vincent Delory, au Niger. « Ibrahim 10 » est initialement chargé de négocier la libération de cet ingénieur et de cet humanitaire, tous deux âgés de 25 ans. « Avec Nicolas Sarkozy au pouvoir », « le Vieux » était « sûr de pouvoir faire libérer des frères » en échange, dit-il. Mais le rapt tourne au drame alors que l’armée française prend le convoi en chasse. Les deux Français sont tués dans l’embuscade : l’un par balle, par les djihadistes ; l’autre dans des circonstances plus troubles. Son corps est retrouvé calciné dans le véhicule.
Depuis le début, sa famille est convaincue qu’une bavure a été commise par l’armée. Les documents sur cette opération n’ont jamais été déclassifiés. Dans son audition, le terroriste mauritanien livre sa version des faits. Selon lui, il y aurait d’abord eu un accrochage avec les forces nigériennes. Deux djihadistes auraient ensuite été tués par les militaires français. Puis « les Français ont lancé un missile sur la voiture qui a tué un des otages ». Un des « frères » aurait alors « tué l’autre otage, car l’opération avait foiré ».« Avec cette affaire, “le Vieux” m’a dit qu’il ne m’enverrait plus faire des opérations »…
Sa mise au ban dure peu de temps. Lorsque les équilibres djihadistes sont chamboulés par la chute du régime malien, en 2012, il est de nouveau missionné tous azimuts. C’est à peine s’il a le temps d’effectuer un aller-retour à Abidjan pour la naissance de son fils, un heureux événement que son organisation récompense par 1 500 euros.
Pour Mokhtar Belmokhtar, le temps presse ; il entend bien profiter de l’instabilité ambiante au Mali pour s’imposer. Depuis la fin de 2011, AQMI l’a mis à l’écart en raison de divergences internes. Il tente donc un coup d’éclat pour s’attirer encore les grâces de l’organisation terroriste : ce sera la prise d’otages du site gazier d’In Amenas, en Algérie (quarante morts), en janvier 2013.
A en croire « Ibrahim 10 », un « bédouin » ayant livré des renseignements utiles aurait touché « 200 000 euros » pour l’opération.
« Ses petits » vont au front
En août 2013, Mokhtar Belmokhtar rebaptise son groupe Al-Mourabitoune (« les Almoravides »), en référence à la dynastie berbère ayant conquis l’Espagne aux XIe et XIIe siècles. Et tant pis si les rêves de grandeur sont écourtés par l’opération militaire française « Serval », lancée quelques mois plus tôt, contraignant rapidement les troupes à se « disperser ». « Ibrahim 10 » évoque un retour temporaire à la clandestinité et aux affres de la vie précaire : isolement, crises de paludisme. « Une fois, j’ai fait douze heures de coma », raconte-t-il. Le terroriste est arrêté peu après par la Direction de la surveillance du territoire ivoirienne pour détention d’armes. Mais, très coopératif, il est libéré sans procès après dix mois de détention…
Al-Mourabitoune va alors se refaire depuis la Libye, où « le Vieux » a trouvé refuge. De cette base arrière, le groupe est moins dans le viseur de l’opération « Barkhane » (relais de « Serval » , en août 2014). La priorité des militaires français est une autre franchise d’AQMI, Ansar Eddine, qui s’est lancée dans une conquête territoriale du Mali.
Dès lors, Al-Mourabitoune va développer une nouvelle spécialité : les attaques « longue distance » avec des assaillants très jeunes – de 16 à 20 ans –, peu entraînés et recrutés moins sur des fondements religieux qu’en raison de leur besoinde revanche ethnique ou sociale. La première attaque de ce type sera l’attentat contre La Terrasse, à Bamako, en 2015, dont « Ibrahim 10 » a reconnu être l’auteur.
C’est la dernière fois que le djihadiste prend lui-même les armes. Dorénavant, ce sont ses « petits », comme il appelle ses jeunes recrues, qui iront au front. Pour l’attaque de Grand- Bassam, le commando est composé de deux jeunes Peuls et d’un Songhaï du Mali. Des gamins dont les photos diffusées par AQMI sur Twitter, lors de la revendication, montrent les visages juvéniles et les uniformes militaires trop grands pour eux. Un mois plus tard, « Ibrahim 10 » est arrêté avec deux autres garçons de 17 ans qui lui servaient de petites mains : des pêcheurs maliens illettrés, brièvement passés par une école coranique. Interrogés sur leurs motivations, ils décrivent maladroitement un mélange d’appât du gain et de sentiment d’obligé, avant de signer leurs procès-verbaux d’une simple croix.
L’appât du gain
Le premier confie avoir été démarché lors d’un « mariage » par un « émir » d’Al-Mourabitoune. « J’ai demandé si cette opportunité pouvait me procurer de l’argent. Il m’a répondu par l’affirmative. » A l’insu de ses parents, le garçon part alors pour un camp d’entraînement dans la brousse. Il est formé au maniement des kalachnikovs, des lance-roquettes et des mitrailleuses en compagnie d’une vingtaine d’autres jeunes. Sur place, il est heureux de constater que son chef a les moyens « d’acheter des bœufs et des moutons » pour les repas. Une fois le séjour achevé, il se voit gratifié « d’argent de poche » avant de rentrer au village : 125 000 francs CFA, soit 190 euros. Une somme inespérée.
Le second explique pour sa part avoir rallié Al-Mourabitoune « car il ne restait plus un jeune de [son] âge au village ». « Ils avaient tous rejoint le Mujao [Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest] », détaille-t-il. Les deux groupes terroristes fusionnent effectivement à cette époque. « Nous sommes pêcheurs, et comme on ne gagnait pas assez notre vie, nous les avons suivis pour l’argent que nous promettaient ceux qui nous recrutaient », ajoute-t-il.
La récompense de son engagement sera une Mobylette. Avec elle, il est rapidement chargé de diverses missions à travers le Mali : là chercher des armes, ici louer une cache, là encore repérer une cible. Mais il n’est jamais averti des tenants et aboutissants de toutes ses opérations.
Les liasses de billets qu’il est amené à brasser pour cette logistique l’impressionnent. Une fois, il est récompensé par 50 000 francs CFA pour « s’acheter ce qu’il veut ». Une autre, il reçoit 200 000 francs CFA pour « aller se marier ». Mais lorsqu’il ose, un jour, décliner une mission, craignant des difficultés, il se voit accusé de « ne pas vouloir travailler ». Des méthodes dont « Ibrahim 10 » ne rougit pas. Même les kamikazes recevaient de l’argent, assure-t-il, bravache : « Au cas où ils s’en sortent, c’est le règlement. » Ainsi, pour l’attaque de l’Hôtel Radisson Blu, à Bamako, en novembre 2015 (vingt-deux morts), les enquêteurs ont retrouvé entre 300 et 600 euros sur le corps de chacun des assaillants. Le « succès » de cette attaque permettra à Mokhtar Belmokhtar d’être nommé chef des opérations extérieures d’AQMI.
Dans cette guerre mouvante, l’argent coule à flots, mais la comptabilité se veut minutieuse. D’après « Ibrahim 10 », les chefs de cellule devaient rendre compte « tous les six mois » de l’état des finances. « Je notais toujours mes dépenses » quelque part, explique-t-il.
Lorsqu’il revient de sa dernière visite au « Vieux », en 2014, à Derna, en Libye, les bras chargés de « cadeaux », il dispose par exemple d’une liste précise des bénéficiaires. Sont en jeu des montres, des habits, des sandales en cuir, des GPS et un iPad. Idem pour les armes, dont le djihadiste rentre doté à cette occasion : des mines, des pains de TNT et des télécommandes. Ces explosifs serviront notamment, selon lui, le 14 juillet 2014, à faire exploser une voiture contre un convoi militaire français au Mali.
Des recrues sur « liste d’attente »
De façon générale, l’industrie djihadiste est facilitée par la faiblesse des contrôles étatiques et administratifs. A entendre « Ibrahim 10 », « moins de deux heures » suffisent pour obtenir de faux documents. Il n’y a aucune pièce à produire, si ce n’est le nom et la taille souhaités. Le tout pour seulement 15 000 FCFA (22 euros).
Le transport d’armes ne nécessite pas non plus de stratagèmes compliqués : « Il suffit d’arriver le premier à la gare routière pour se faire enregistrer. Comme ça la valise se trouve tout au fond avec des dizaines de bagages dessus. » Au fond, c’est avec les moyens de communication qu’il convient de respecter des précautions draconiennes. Ainsi, la haute hiérarchie d’Al-Mourabitoune n’échange que par l’intermédiaire d’individus de confiance, sorte de messagers « à l’ancienne ».
Dans ce contexte, la quête de nouvelles cibles est incessante. A peine une attaque est-elle revendiquée qu’« Ibrahim 10 » est en recherche d’autres objectifs. Certes, ses troupes sont limitées en nombre, mais le vivier des recrues potentielles est inépuisable, au point, dit-il d’établir des « listes d’attente ».
Le contexte social y est pour beaucoup. Chez les minorités ethniques, l’instrumentalisation du ressentiment vis-à-vis des Etats centraux joue à plein. Chez d’autres, c’est la rancœur contre les dégâts collatéraux des opérations militaires. Pour une attaque menée contre l’Hôtel Byblos, à Sévaré, au Mali, en août 2015 (vingt-deux morts), « Ibrahim 10 » raconte s’être vu « donner » un père dont le fils de 6 ans avait « été tué dans un raid » de « Barkhane » ciblant Al-Mourabitoune. L’homme mourra dans l’opération deux jours après son recrutement.
Ce terrorisme débridé bute parfois sur la revendication des attentats. Face à la multitude de groupes en activité, difficile de s’assurer de la paternité de toutes les actions. « Ibrahim 10 » en fait l’expérience en mars 2016, lors d’une attaque contre le quartier général d’une mission de l’Union européenne, à Bamako. L’assaillant, un jeune Peul malien choisi par ses soins, part à l’assaut précipitamment avant même qu’une photo de lui n’ait pu être prise. Faute d’éléments attestant de son identité, l’attaque – dont le kamikaze est la seule victime – ne sera pas revendiquée : l’agence de propagande d’Al-Mourabitoune, basée en Mauritanie, « n’avait pas assez d’éléments », regrette le terroriste.
C’est d’ailleurs à une « erreur » commise lors de cette dernière opération qu’il pense devoir son arrestation. Un de ses « petits » aurait semble-t-il oublié de se débarrasser d’un téléphone ayant déjà servi, et repéré des services de renseignement… S’il avait eu une grenade sur lui, le djihadiste endurci – toujours en détention provisoire, à l’heure actuelle, au Mali – assure qu’il se serait suicidé : « Mais j’ai compris que c’était fini. J’ai rendu grâce à Dieu en lui demandant de me montrer la voie. » Au policier qui le questionne sur d’éventuels remords, vis-à-vis des quarante et un morts à son actif, il répond aussi, tranchant : « Je ne regrette absolument pas mes actes. Je l’ai fait pour Dieu. » Mokhtar Belmokhtar, lui, aurait été tué en novembre 2016, dans une frappe en Libye.
Cet article date de février 2019.
par Ibrahima Silla
QU’EST-CE QU’UN MANDAT ?
Dire que le président en est à son 1er mandat revient à considérer qu’il vient d’être élu pour la première fois en 2019. Si tel était le cas, que faisait-il alors depuis 2012 au palais de la république réservé au chef de l’État ?
Si l’on veut espérer clore le débat sur la possibilité d’un 3ème mandat qui est en réalité un débat sur l’éventualité d’une 3ème candidature, il nous faudrait d’abord préciser ce qu’il faut entendre par mandat et tout ce qu’il implique en termes de légalité, de légitimité, de pouvoir politique, d’autorité et de privilèges. Car candidature se confond souvent en politique africaine avec mandat, même s’il y a certaines exceptions qui montrent bien que la garantie de succès électoral n’est pas toujours assurée au détenteur du pouvoir qui compte, par la manipulation de la Constitution et des règles du jeu politique ou électoral, conserver le pouvoir. Mais ici en l’occurrence, le simple fait d’oser envisager subtilement ou par personnes interposées une candidature n’est pas fondamentalement le plus problématique. Le plus grave, c’est ce qu’on pourrait appeler la politique du flou.
L’article 27 de la Constitution du Sénégal est pourtant clair et écarte toute polémique quand il précise : « Nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs ». Si le 1er mandat n’était pas un mandat, alors qu’est-ce que c’est qu’un mandat ? Le 1er mandat est-il oui ou non un mandat ?
Soyons donc clair et précis sans détour, en nous préservant de toutes tentatives d’entourloupettes : un mandat c’est une mission conférée par voie électorale. Certains mandats sont dits législatifs, d’autres parlementaires, présidentiels ou municipaux. Cette précision nous conduit à un certain nombre d’interrogations :
De quand date la première mission présidentielle (mandat) conférée par le peuple Sénégalais au chef de l’Etat ? de 2012 ou de 2019 ?
Dire que le président de la République en est à son 1er mandat revient à considérer qu’il vient d’être élu pour la 1ère fois en 2019. Alors si tel était le cas, que faisait-il alors depuis 2012 au palais de la république réservé au chef de l’État ? A ce que je sache, le palais n’est pas et ne ressemble pas à un squat, une station balnéaire ou un motel. Quoi que …
S’il n’en est qu’à son 1er mandat, alors entre 2012 et 2019, au nom de quelle légitimité ou de quel principe démocratique, politique, culturel, touristique ou autre a-t-il pu occuper, exercer, jouir et se réjouir des fonctions de président ?
S’il n’en est qu’à son 1er mandat, le Sénégal était-il dirigé par un président sans mandat et donc sans légitimité, pour ne pas dire dans la clandestinité, depuis 2012 ?
Si le 1er mandat n’était pas un mandat, pourquoi avoir prêté serment devant le Conseil Constitutionnel, après avoir célébré sa victoire devant des homologues étrangers qui ne l’auraient pas autrement accepté dans ce club fermé des chefs d’État ?
Si le 1er mandat n’était pas un mandat, pourquoi avoir formé un gouvernement pendant tout ce temps et dirigé des conseils de ministres ?
Si le 1er mandat n’est pas un mandat, pourquoi avoir touché de 2012 à 2019 un salaire de président ?
Quelqu’un qui a voulu verrouiller et consolider la démocratie au Sénégal, peut-il vouloir un seul instant passer plus de temps au pouvoir que son prédécesseur dont il contestait toute possibilité de candidater après 12 années passées au pouvoir ?
En 2024, il sera tout comme lui à la fin d’un cycle de 12 ans au sommet du pouvoir. Un jour de plus serait un jour de trop. Et ce trop, ce n’est pas rien dans un pays où le peuple se tait quand il faut crier et crie quand il faut se taire. Peuple déroutant qui pourrait surprendre une fois de plus tout le monde en préférant la rue avant les urnes pour déjouer les mauvaises tours politiciennes. A méditer pendant qu’il est encore temps.
LES MINISTRES ASSOME AMINATA DIATTA ET ZAHRA IYANE THIAM FONT L’ETAT DES LIEUX
Occupant des ministères stratégiques pour l’autonomisation des femmes, Aminata Assome Diatta (Commerce et Pme) et Zahra Iyane Thiam (Microfinance) font le point sur les avancées et les défis relatifs
Occupant des ministères stratégiques pour l’autonomisation des femmes, Aminata Assome Diatta (Commerce et Pme) et Zahra Iyane Thiam (Microfinance) font le point sur les avancées et les défis relatifs à l’autonomisation des femmes aux Sénégal. Elles se sont prêtées à ce jeu en prélude à la célébration de la journée mondiale de la femme prévue ce 8 Mars.
L’As : Comment appréciez-vous l’évolution de la lutte pour le respect des droits des femmes ?
AMINATA ASOMME DIATTA ministre du Commerce et des Pme :
«Pour parler de l’émergence des femmes, il faut remonter à 10 ans avec les différentes lois votées pour donner à la femme plus de prérogatives sur le plan politique mais aussi sur différents aspects. Mais parler de la femme, c’est parler aussi du rôle de la femme dans la société sénégalaise. Je crois que demain, nous allons fêter (aujourd’hui) le bicentenaire des femmes de Nder. Des femmes qui se sont illustrées par leur courage, leur abnégation, leur sens de l’honneur et leur sens de la dignité. Je pense donc que les femmes sénégalaises se sont toujours illustrées. C’est peut-être du point de vue politique tel qu’on le fait aujourd’hui que nous voulons plus de place pour les femmes. Et avec les différentes lois, elles sont en train de gravir des échelons, d’autant qu’il y a de cela quelques années, les femmes ministres, c’était très rare. Les femmes leaders aussi. Mais nous avons noté en 2019 qu’il y avait des femmes qui avaient des prétentions présidentielles. C’est vraiment une nouvelle dynamique qui est en train de se dégager. Maintenant, ce qu’il faut retenir, c’est que les changements ne se font pas d’un coup mais de façon progressive. Par ailleurs, les femmes oublient souvent qu’elles sont fortes mais par notre éducation, elles sont habituées à taire leurs ambitions au profit des hommes. Et aujourd’hui, nous sommes en train de changer. Heureusement dans notre histoire, nous pouvons quand même nous référer à des personnes comme Aline Sitoé Diatta. Et c’est à nous de nous réapproprier notre personnalité, notre pouvoir de persuasion et notre force. Aujourd’hui, toutes les femmes sont, soit dans des mouvements de promotion féminine, soit dans des groupements d’intérêt économique. En réalité, le pays est en avance pour la promotion des femmes. Quand on entend le concept de parité, c’est en réalité un concept importé. Parce que je prends par exemple l’ethnie diola dont je fait partie, c’est un concept que nous avons depuis toujours car dans cette ethnie, aussi bien les hommes que les femmes, chacun a sa partition à jouer pour la bonne marche de la société. Il n’est pas dit qu’on a forcément les mêmes rôles, mais il n’est pas dit aussi que tel rôle est strictement réservé à telle ou telle personne. De tout temps, les femmes jouent un rôle. Si nous revisitons bien nos traditions, nous nous rendons compte que la femme a toujours occupé une place importante même si avec la colonisation et certaines idées reçues, on peut finalement oublier ce que nous étions »
ZAHRA IYANE THIAM, ministre de la Microfinance
«La place des femmes est centrale. Elle est centrale d’abord parce que nous constituons vraiment une masse dans la composante même de notre population avec un peu plus de la moitié. Mais également, la place de la femme est importante parce qu’elle s’active plus dans le secteur informel et nous savons que le secteur informel est un secteur très important au Sénégal. Et donc, juste pour ces deux éléments-là, il faut renforcer les capacités de cette couche pour lui permettre de jouer pleinement son rôle. Mais au-delà, c’est elle qui gère la famille et la famille, c’est la première cellule dans laquelle tout commence. Donc, c’est dire que l’importance de la femme ne se discute plus mais sa place peut être améliorée. Nous avons quelques textes qui encadrent cela comme la loi sur la parité. Nous avons également d’autres textes qui vont dans le sens de protéger les femmes à l’image de la loi criminalisant le viol. En contrepartie également, il faut que des journées comme celles du 8 mars soient un moment pour les femmes de faire des diagnostics et des perspectives : regarder d’où nous venons et où est-ce que nous allons, sur la base de possibilités de l’heure.
Comme vous appréciez l’autonomisation des femmes au Sénégal ?
Aminata Assome Diatta
«L’Etat a mis en place beaucoup de choses pour l’autonomisation des femmes. Et l’outil le plus récent, c’est la DER qui est là pour financer l’activité économique des femmes. Il y a beaucoup d’initiatives qui sont prises mais en plus, le président de la République a pu permettre à la femme rurale de jouer un rôle crucial en allégeant ses travaux. Puisqu’on sait que la dureté des travaux dans les campagnes a conduit souvent les filles à abandonner l’école pour aider leurs mères dans ses travaux. C’est pourquoi le PUDC a permis de doter beaucoup de villages de machines, d’infrastructures, de forages et ça a permis aux femmes rurales d’avoir beaucoup plus de temps libre pour pouvoir se consacrer à des activités économiques pour que le bien-être de la famille soit assuré. Nous avons fait beaucoup de progrès en termes d’autonomisation des femmes. Maintenant, il appartient aux femmes d’être véritablement conscientes de toutes ces opportunités et également tous les mécanismes qui sont mis en place pour elles. Jusqu’à présent, elles saisissent les opportunités mais assez faiblement. C’est pourquoi il est intéressant de les capaciter car souvent, elles ne vont pas vers l’information, surtout les femmes rurales. C’est pourquoi dans mon département, nous avons lancé un projet qui va permettre de mettre à la disposition de ces femmes des jeunes qui sont diplômés pour qu’ils puissent les capaciter. Certes il y a des dispositifs d’accompagnement avec l’ADPME mais c’est un accompagnement un peu lointain et il faut que la femme vienne demander cet accompagnement. Alors que pour ces jeunes, ils vont vers ces femmes pour un accompagnement technique. Le commerce international est aussi une activité qui est propice aux femmes mais il faut une meilleure organisation. La politique de l’Etat, c’est l’accès au financement car on s’est rendu compte que pour accéder aux financements, c’était très difficile. Avant de parler de commerce international, il faut parler déjà de l’accès aux financements, mais aussi des produits de qualité puisque pour pouvoir exporter, il faut au préalable pouvoir présenter sur le marché international qui est très exigeant des produits de qualité. Mais pour importer aussi des produits, il faudrait connaître le marché et cette disponibilité de l’information fait défaut».
Zahra Iyane Thiam :
«Aujourd’hui, nous avons une deuxième mandature placée sous le sceau des accès universels, de l’inclusion économique et sociale, et de l’employabilité. Donc c’est dire que nous avons un environnement favorable à un meilleur épanouissement des femmes. Nous devons donc saisir toutes les opportunités que nous offre le contexte du moment, mais également toutes les opportunités que l’Etat offre aux femmes en termes de promotion, en termes d’épanouissement et en termes de bien-être. La Journée de la femme est une journée solennelle mais toutes les journées doivent être dédies aux femmes. Parce que tous les jours doivent être des occasions d’introspection, de diagnostic pour mieux avancer. Le 8 mars, c’est la symbolique mais le plus important, c’est la réflexion, le partage. Ça peut se faire sous d’autres formes mais le plus important, c’est qu’il y ait les avancées que nous avons notées. D’abord, tout ce qui est fait comme allègement des travaux des femmes. Tout ce que nous voyons en termes d’avancées positives dans les politiques publiques, la réglementation qui devient plus coercitive pour protéger les femmes, les programmes qui sont dédiés aux femmes pour renforcer leurs capacités et asseoir leurs compétences et leur permettre de s’épanouir. Mais aussi dans la perspective que nous pouvons avoir comme les questions qui tournent autour de l’autorité parentale, l’accès au foncier. Il y a plusieurs questions qui sont débattues et nous échangeons pour trouver des solutions».
LA BANQUE MONDIALE OCTROIE 73 MILLIARDS FCFA AU SENEGAL
Dans le cadre de la gestion des déchets ménagers, le Sénégal peut compter sur l’appui de la Banque Mondiale
Dans le cadre de la gestion des déchets ménagers, le Sénégal peut compter sur l’appui de la Banque Mondiale qui, à travers l’Association Internationale de Développement (IDA), lui a octroyé une enveloppe de 125 millions de dollars. Cette manne financière va permettre au Sénégal de vulgariser d’autres projets dans ce sens.
L’Association internationale de développement (IDA) octroie 125 millions de dollars soit 73,625 milliards Fcfa à l’Etat du Sénégal. Cette somme est destinée à accompagner les efforts entrepris par le Sénégal pour renforcer et améliorer les systèmes et les services de gestion des déchets ménagers à Dakar et dans d’autres municipalités. Ledit crédit a été approuvé par le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale (BM). L’IDA est l’institution de la BM qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Sous la supervision de 173 pays actionnaires, elle vise à réduire la pauvreté en accordant des prêts appelés « crédits », et des dons destinés à des programmes de nature à stimuler la croissance économique, à réduire les inégalités et à améliorer la vie des plus démunis.
A cette occasion, le Projet pour la promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides au Sénégal (PROMOGED) va être aligné sur un nouveau cadre de partenariat-pays entre la Banque mondiale et le Sénégal pour les années budgétaires 2020 à 2024. Le Gouvernement du Sénégal, avec l’appui de la BM, a décidé de mettre en œuvre le PROMOGED qui s’inscrit dans la phase 2 du Programme National de Gestion de Déchets (PNGD). Ce planning vise à améliorer le fonctionnement du système de gestion des déchets solides dans les Collectivités territoriales, à travers la mise en place d’équipements de pré-collecte, de collecte, la réalisation d’infrastructures de traitement des déchets solides dans les localités ciblées et le renforcement des capacités des acteurs pour une gestion durable du système de gestion retenu.
LE PROMOGED PRET A ETRE VALORISE
Le plan, dont le coût total devrait s’élever à environ 295 millions de dollars, soit 174 milliards de FCFA, va être cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence espagnole pour la coopération internationale pour le développement (AECID). Elles vont être appuyées par des financements complémentaires notamment du gouvernement sénégalais et du secteur privé. « Le Sénégal a connu une urbanisation rapide qui met à rude épreuve la capacité des municipalités à assurer efficacement la prestation de services essentiels.
Le lancement du Programme national de gestion des déchets témoigne de la volonté réelle des autorités de trouver une solution durable à cette situation», explique Nathan Belete, Directeur des opérations de la Banque mondiale au Sénégal. Ce qui permettra d’accroître l’accès aux services de collecte et de traitement des déchets dans les zones qui en sont dépourvues. «Quelque six millions d’habitants dans sept régions du Sénégal accéderont ainsi à des services améliorés de gestion des déchets, 5 000 personnes bénéficieront de formations et l’ensemble des municipalités pourront profiter d’une règlementation plus rigoureuse et de procédures plus efficaces pour mobiliser des ressources et nouer des partenariats avec des entreprises privées », a fait savoir Farouk Mollah Banna, chef de l’équipe du projet à la Banque mondiale.
Dans cette veine, le projet va soutenir l’initiative mondiale de lutte contre la pollution marine en améliorant le ramassage, le transport, le recyclage et l’élimination des déchets dans plusieurs villes côtières (Dakar, Saint-Louis et Mbour, notamment) ainsi que dans des centres urbains situés le long des principaux fleuves du pays, dont Ziguinchor.
LE FNDC INVITE LE PRESIDENT CONDE A S’INSPIRER DE CET EXEMPLE
La déclaration historique de Yamoussokro faite par le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara et allant dans le sens de renoncer au troisième mandat, continue de susciter diverses réactions en Afrique, notamment en Guinée
Depuis l’annonce par Alassane Dramane Ouattara, président de la république de Côte d’Ivoire, de sa décision de ne pas briguer un troisième mandat, les réactions se comptent à la pelle en Guinée, un pays confronté à la même équation du troisième mandat. En tout cas, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), qui regroupe l’opposition et la société civile guinéennes, a invité le Président Condé à s’inspirer de cet exemple.
La déclaration historique de Yamoussokro faite par le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara et allant dans le sens de renoncer au troisième mandat, continue de susciter diverses réactions en Afrique, notamment en Guinée. En effet, il s’agit d’un pays voisin, confronté également à l’équation du troisième mandat. C’est pourquoi la réaction de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition, est sans équivoque.
A travers son compte Twitter, il déclare : « Alassane Ouattara vient de lever l’équivoque en annonçant qu’il ne sera pas candidat à un 3ème mandat. Le connaissant homme d’honneur, attaché au respect de la parole donnée, je ne suis pas surpris. Souhaitons que cet autre bon exemple inspire Alpha Condé. » Ainsi, la classe politique guinéenne, notamment de l’opposition, a invité le Président Alpha Condé à s’inspirer de cet exemple de démocratie, exprimé à la face du monde par le Président Alassane Ouattara. Mamadou Bah Baadiko, Président de l’Union des forces démocratiques (UFD) et ex-allié du Président Alpha Condé, abonde dans le même sens. « Après l’annonce du Président Buhari, du Président Issoufou et maintenant du Président Ouattara de leur retrait à la fin de leur mandat, le Président Alpha Condé devrait s’en inspirer pour annuler son référendum illégal et accepter d’organiser des élections libres, transparentes et consensuelles pour transférer le pouvoir à la fin de son mandat.» Cependant, les partisans du Président Alpha Condé font une autre analyse de cette décision du président ivoirien.
Le président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle à l’Assemblée nationale, s’exprimant dans les colonnes de guineenews, déclare : « Je ne suis pas ivoirien, je ne suis pas éligible en Côte d’Ivoire et je ne suis pas un électeur. Quand le Président français François Hollande avait aussi déclaré, il y a deux ans, qu’il ne serait pas candidat, est ce que cela devait m’inspirer de quelque chose autrement ? C’est aux citoyens ivoiriens d’apprécier la décision de leur Président.» Pendant ce temps, si le Président Alpha Condé est confus quant à la poursuite de son projet, le FNDC continue de dérouler son plan de lutte contre un éventuel troisième mandat. Et dans ce cadre, la ville de Koundara, dans le Badiar, a accueilli ce jeudi 5 mars 2020 une grande marche qui s’est déroulée sans aucun incident.
Par Pr Fary Silate KA
INCROYABLE, MAIS VRAI !
Le pulaar-fulfulde est une des premières langues transfrontalières de l’Afrique, sinon la première.
Le 21 février 2020 dernier, le Sénégal célébrait à l’instar de toute l’Humanité la Journée Internationale de la Langue Maternelle (JILM), sur le thème de l’UNESCO « Langues transfrontalières, facteur d’intégration et de paix ».
Le pulaar-fulfulde est une des premières langues transfrontalières de l’Afrique, sinon la première. Dans 28 pays de la zone soudano-sahélienne de l’Afrique, dont les 15 de la CEDEAO, sans compter la diaspora, cette langue ne compte pas moins de 65 millions de locuteurs natifs, compte non tenu du nombre d’autres individus ou communautés qui la parlent comme langue seconde ou troisième à travers le monde ! Eh, bien ! Figurez-vous que c’est cette langue du Sénégal et de l’Afrique qui vient de faire l’objet d’une interdiction d’usage dans une école professionnelle privée de Dakar. Vous ne rêvez pas ! C’est bien ce qui s’est passé le mardi 25 février dernier dans cette école, trois jours seulement après la célébration en grande pompe de la fameuse JILM au niveau national. Un ou plutôt une professeur interdit à un de ses élèves de parler la langue peule en répondant à une camarade de classe, locutrice native la langue, qui lui avait posé une question.
Pourtant, la professeur elle-même parle français et wolof allègrement pendant ses cours, sans sourciller. Nous nous sommes ému, évidemment, de cette situation aussi rocambolesque qu’inédite, mais dans tous les cas inadmissible dans un pays de droit comme le Sénégal. Alors qu’aucun texte ne stipule l’interdiction de l’usage des langues nationales dans les écoles du Sénégal, encore moins dans celle qui est ici en cause, pendant que le fameux « symbole » colonial est rangé au oubliette depuis belle lurette, pendant que dans nos écoles publiques et privées de la maternelle à l’université les enseignants comme les apprenants font régulièrement recours aux langues nationales aussi bien dans les classes que dans les amphis, nous restons interloqués devant ce cas hors pair. Jusqu’aux dernières nouvelles d’aujourd’hui vendredi 06 mars 2020, l’élève interdit de classe est toujours en dehors de l’école.
Joint au téléphone, l’un des institutionnels de l’école nous dit que tout va revenir dans l’ordre.
A la question de savoir pourquoi a-t-on interdit à l’élève de parler pulaar à sa camarade, en classe et à part, il nous répond que, sans doute l’élève était dans son droit, mais que dans la classe c’était de « la bavardage (sic !) ». Quel pays ! Oubliant – ou ne sachant pas – que la base de la bombe atomique est l’atome, qui n’est même pas visible à l’oeil nu, notre interlocuteur minimise cette catastrophe d’envergure nationale en un « incident (sic !)», qui est désormais clos. Soit. Nous attendons de voir. Mais si nous tenons à réagir face à cette situation, qui est certainement en voie de résolution, c’est pour souligner l’exemple, attirer l’attention de toutes et de tous, et surtout pour prendre nos responsabilités propres et alerter toute l’opinion nationale sur des dérives inadmissibles et indignes du Sénégal et de l’Afrique.
Demain, des organisations telles que l’Académie Sénégalaise des Langues nationales, dont l’article 2, alinéa 2 stipule clairement que le but est de «travailler à faire des langues nationales un patrimoine commun à tous les Sénégalais, en vue de préserver l’unité nationale dans la diversité linguistique…» ou l’Union Nationale des Associations de Langues (UNAL), ou l’ARP-Tabital Pulaagu Sénégal (membre de l’UNAL), ou encore la Commission du Fulfulde Langue Transfrontalière Véhiculaire de l’ACALAN-Union Africaine (FULCOM), et d’autres organisations encore respectueuses des droits humains pourraient être amenées à réagir à ce type de cas ; mais, d’ores et déjà, ici et maintenant, nous nous devons d’alerter l’opinion sur cet type de dérives indignes du temps colonial !
Nous en appelons à tous nos compatriotes, du sommet de l’Etat au sénégalais lambda, pour prendre conscience de ce type de phénomène qu’il faut bannir systématiquement de notre pays, pour respecter et promouvoir la diversité linguistique nationale. Que plus jamais, sous aucun prétexte, un sénégalais ne se voit interdire de parler, selon les circonstances, la langue qu’il veut à n’importe quel(le) concitoyen(ne) avec lequel/laquelle il/elle la partage. La démocratie, le droit humain, l’inclusion et la cohésion nationale de notre pays – voire l’éthique tout court – nous commandent cela. Dakar, 06 mars 2020.
Pr Fary Silate KA
Président de l’Académie Sénégalaise des Langues Nationales, de la FULCOM et de l’ARP-Tabital Pulaagu Sénéga
TEUNGUETH / CNEPS, LE DUEL DES EXTREMES
La 13ème et dernière journée de la phase aller de la Ligue 1 sénégalaise sera marquée par le match Teungueth / Cneps, dans le duel des extrêmes
La 13ème et dernière journée de la phase aller de la Ligue 1 sénégalaise sera marquée par le match Teungueth / Cneps, dans le duel des extrêmes. L’actuel leader aura comme ambition de boucler la phase aller avec le moindre revers. Battu le weekend dernier par le promu thiessois, Dakar Sacré-Cœur devra relever la tête face au Casa Sports.
TEUNGUETH / CNEPS : LE PROMU EN DANGER
Leader au classement avec 30 points, Teungueth FC reçoit la lanterne rouge, Cneps Excellence. Dernière au classement avec 12 points, l’équipe de Thiès n’entamera pas cette partie de la meilleure des manières. Malgré sa victoire le weekend passé devant Dakar Sacré-Cœur, (1-0), le promu tentera dans cette dernière journée d’être la première équipe à battre les hommes de Youssouf Dabo devant leur public. Intraitables à domicile, les Rufisquois restent sur 9 victoires et 3 matchs nuls, en 12 journées. Ce samedi au stade Ngalandou Diouf, la bande à Bouly Junior Sambou (meilleur buteur du club) visera une dixième victoire.
DAKAR SACRE-CŒUR A L’EPREUVE DU CASA
Classé 2ème (19 pts), Dakar Sacré-Cœur joue le Casa Sports (5ème, 16 pts). Battus la semaine dernière par Cneps (1-0) à Thiès, les «Académiciens» devront relever la tête. Face à un adversaire qui a, lui aussi, perdu le week-end dernier (défaite du Casa contre Stade de Mbour), Dakar Sacré-Cœur n’aura pas la tâche facile. Au stade de Ndiarème, l’AS Douanes (3ème, 18 pts) défiera Mbour PC (6ème, 15 pts). Surpris par les «Insulaires» de l’US Gorée (1-0), les «Gabelous» doivent montrer un autre visage. Au stade Caroline Faye, Stade de Mbour (12ème ,13 pts) fera face à l’US Gorée (8ème, 15 pts). L’équipe du président Augustin Senghor aura à cœur de confirmer. Son adversaire du jour qui reste sur une défaite ne lui facilitera pas la tâche.
EXPLOSIF DIAMBARS / PIKINE
A Saly, Diambars (9ème, 13 points) reçoit l’AS Pikine (7ème ,15 points). Après sa défaite lors de la 12ème journée sur sa pelouse contre Teungueth FC, le club de la banlieue ira chercher des points chez le promu. Au stade Amadou Barry, le Jaraaf (4ème, 18 points) se frottera à Niarry Tally. Les hommes de Malick Daf qui visent le podium devront batailler ferme pour repartir avec le gain du match. A Louga, l’Asac Ndiambour s’expliquera avec Génération Foot.
LE CORONAVIRUS, "ARME BIOLOGIQUE" ? LE VRAI DU FAUX D'UNE VIDÉO VIRALE
Beaucoup de sites affirment que le SARS-CoV-2 aurait été sciemment créé par un laboratoire chinois. Leur source : un ex-expert à la rhétorique complotiste
Le Monde |
William Audureau |
Publication 07/03/2020
Le coronavirus, dont l’épidémie est partie de Wuhan en décembre, serait « une arme biologique parfaite » ou « une bioarme expérimentale qui a mal tourné ». Ces soupçons, très partagés sur les réseaux sociaux, auraient été confirmés par le juriste américain Francis Boyle, ancien professeur de droit international, auteur de Guerre biologique et terrorisme. Retour sur les attaques terroristes à l’anthrax (2006).
A l’origine de cette vague d’articles, une interview vidéo du 30 janvier 2020 accordée par ce même Francis Boyle à Geopolitics & Empire, une chaîne YouTube spécialisée dans les podcasts. L’approche y est volontiers complotiste, anxiogène et catastrophiste : on y parle de nouvelle guerre froide, d’Etat profond (deep state), du spectre d’une crise économique historique et de troisième guerre mondiale.
L’entretien dure une trentaine de minutes. L’ancien juriste y fait montre d’un mélange d’expertise datée, de confusions et de raisonnements conspirationnistes. Francis Boyle le reconnaît par ailleurs en cours d’interview : il n’est pas vraiment spécialiste de l’épidémie en cours, tient nombre de ses informations d’Internet, et fonde ses conclusions sur le rasoir d’Ockham, principe selon lequel l’explication la plus simple est la meilleure. Cela n’a pas empêché ses affirmations d’être massivement reprises sur Internet. Nous les avons passées en revue.
La ville de Wuhan abrite-t-elle un laboratoire à virus mortels ?
Ce qu’il dit :
« Si vous faites une recherche Google pour savoir si la Chine possède un laboratoire P4, Wuhan arrive en premier. Il est en haut de la liste. »
VRAI
La source est insolite, a fortiori pour un expert, mais il s’agit d’une affirmation correcte : il existe bel et bien à Wuhan, la capitale de la province de Hubei, un laboratoire de haut confinement (P4, pour « pathogène de niveau 4 », le niveau maximal).
Sa construction a été achevée en 2015. Il a obtenu sa certification de laboratoire haute sécurité par les autorités chinoises en janvier 2017. Depuis août 2017, il est missionné prioritairement par Pékin pour effectuer des recherches sur Ebola, Nipah et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère causé par un autre coronavirus, apparu en 2002-2003 en Chine) fait partie de ses projets d’étude à terme.
Les scientifiques de Wuhan ont-ils « rendu le SRAS plus mortel » ?
Ce qu’il a dit :
« A mon avis [les scientifiques de l’institut de virologie de Wuhan] ont fait des recherches sur le SRAS et ont essayé de le renforcer en améliorant ses propriétés fonctionnelles, c’est-à-dire en le rendant plus mortel. En effet, selon le dernier rapport, il [le virus responsable du Covid-19] a un taux de létalité de 15 %, ce qui est plus élevé que le SRAS à un taux d’infection de 83 %. »
FAUX
L’idée que le virus ait pu être créé par des scientifiques a été formellement démentie par l’institut de virologie de Wuhan, et les avancées rapides de la communauté scientifique accréditent la défense du laboratoire chinois. « Il n’y a absolument rien dans la séquence génomique de ce virus qui indique qu’il ait pu être créé par ingénierie génétique. La possibilité qu’il s’agisse d’une arme biologique sciemment diffusée peut être exclue de manière certaine », atteste ainsi Richard Ebright, professeur de biologie chimique à l’université de Rutgers, cité par le Washington Post.
Du reste, Francis Boyle n’est pas au point sur les chiffres : si le taux de 15 % a bel et bien été avancé en début d’épidémie, il a largement été revu à la baisse, une contre-enquête ayant montré que les patients asymptomatiques n’avaient pas été pris en compte. Selon les derniers chiffres de l’OMS, le taux de létalité du Covid-19 est plutôt de 3,4 %, avec un indice de contagiosité compris entre 1,5 et 3,5, contre respectivement 9,6 % et 2,8 pour le SRAS. En somme, et contrairement à ce qu’affirment les lectures complotistes, en l’état des connaissances, le virus responsable du Covid-2019 est en réalité moins mortel que le SRAS et guère plus contagieux.
L’institut de virologie de Wuhan est-il piloté par l’OMS ?
Ce qu’il a dit :
« C’est un laboratoire de recherche spécialement conçu par l’OMS. L’OMS est impliquée dedans et savait exactement ce qui s’y passe. »
FAUX
L’institut de Wuhan est avant tout le fruit d’une décision de la Chine, seule souveraine en matière de politique de santé publique et de recherche scientifique. Sa construction a été décidée après l’épidémie de SRAS de 2003.
Ledit laboratoire a été conçu en partenariat avec la France sur le modèle de celui de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), à Lyon. Son objectif principal est d’étudier Ebola et d’« apporter une aide dans la lutte contre le virus en Afrique », où la Chine a de nombreux intérêts stratégiques, déclarait le ministre de la santé chinois lors de son inauguration.
Il doit par ailleurs servir à protéger la population de l’empire du Milieu des risques sanitaires liés à sa politique d’expansion. Comme l’expliquait en mai 2019 Han Xia, professeure associée à l’institut de virologie de Wuhan, « en raison de la stratégie chinoise de la nouvelle route de la soie [ensemble de projets de liaisons ferroviaires et maritimes pour favoriser le commerce mondial autour de la Chine], les chances que des pathogènes exotiques soient amenés dans le pays ont augmenté de manière spectaculaire ».
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé publie un manuel des bonne conduite à destination des laboratoires de haut confinement, édicte des règles de sécurité liées aux virus émergents comme le Covid-19, ou encore aiguille les analyses d’échantillons vers les laboratoires spécialisés, mais n’est pas décisionnaire.
Les laboratoires P4 ont-ils un objectif uniquement militaire ?
Ce qu’il a dit :
« Tous ces laboratoires P4, aux Etats-Unis, en Europe, en Russie, en Chine, en Israël, sont tous là pour chercher, développer et tester des agents biologiques offensifs. Il n’existe pas d’autres raisons d’avoir un laboratoire P4. »
FAUX
La plupart des laboratoires P4 sont des laboratoires civils, dont la mission est avant tout de santé publique : étudier les virus les plus mortels ou contagieux (les fièvres hémorragiques à Solna en Suède, les herpès mortels à Atlanta aux Etats-Unis, la variole et Ebola à Koltsovo en Russie…) et leur trouver des remèdes.
Ironiquement, la crise du coronavirus a mis en évidence ce rôle. L’institut de virologie de Wuhan revendique ainsi « un certain nombre de découvertes cruciales et opportunes, incluant la publication du génome complet du virus, l’identification de souches virales pour le développement de vaccins et de médicaments, ainsi que la création de modèles d’essais sur les animaux et le diagnostic des patients ».
Il existe également des laboratoires P4 militaires, mais qui ont avant tout, au moins officiellement, un rôle défensif. C’est le cas de l’US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases dans le Maryland, qui est chargé depuis 1969 de « protéger les soldats américains des menaces biologiques ». Ces laboratoires se sont multipliés dans les années 2000 après les attaques à l’anthrax et la crainte d’attaques bioterroristes.
En France, le laboratoire de la direction générale de l’armement, ouvert en 2013, répond ainsi à un choix stratégique : « Face au risque nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique (NRBC), il convient d’anticiper les évolutions de la menace en maintenant une avance technologique dans le domaine de la protection. » Jointe par le Monde, la direction générale de l’armement explique que sa mission ne diffère guère, aujourd’hui, de celle d’un laboratoire civil.
La Chine a-t-elle volé des souches de coronavirus au Canada ?
Ce qu’il a dit :
« Il a également été rapporté que des scientifiques chinois ont volé du matériel lié au coronavirus au laboratoire canadien de Winnipeg. »
FAUX
Francis Boyle relaie ici une rumeur formellement démentie par la Public Health Agency of Canada (PHAC) dans un article de vérification d’AFP factuel. La confusion pourrait venir de l’annonce, en août 2019, d’une livraison par le Canada de souches Ebola et Nipah à Pékin.
Les laboratoires P4 fabriquent-ils des armes de guerre biologique offensives ?
Ce qu’il a dit :
« Fondamentalement, les laboratoires P4, et nous en avons plein aux Etats-Unis, servent à développer des armes de guerre biologiques à caractère offensif, par l’ingénierie génétique. »
RIEN NE LE PROUVE
Jusqu’à présent, et sauf preuve du contraire, aucun Etat n’a utilisé de tels virus comme arme offensive. Comme le rappelait dans une communication de 2017 Lynn Klotz, administrateur scientifique du Centrepour le contrôle des armes et la non-prolifération, « d’un point de vue tactique et militaire, les pathogènes potentiellement pandémiques ne seraient pas une bonne arme biologique, car ils reviendraient comme un boomerang à l’agresseur, en raison de leur caractère hautement contagieux ». De telles armes seraient plutôt, selon lui, l’apanage de groupes terroristes suicides ou d’Etats désespérés.
La possibilité de créer une « arme biologique offensive » existe néanmoins. La communauté scientifique vit depuis le début de la décennie dans la crainte d’une pandémie causée par un virus génétiquement modifié, en l’occurrence la grippe aviaire A (H5N1), au taux de mortalité estimé à environ 50 %.
Dans sa forme naturelle, le virus n’est pas transmissible par voie aérienne. Mais en 2012, deux expériences menées dans des laboratoires P4 aux Pays-Bas et au Japon ont permis au virus d’être transmissible par l’air, le rendant, de fait, plus dangereux encore.
Le spectre d’une utilisation à mauvais escient plane depuis. Mais dans le cas du virus H5N1, les chercheurs n’étaient pas mal intentionnés : il s’agissait de prouver sa mutabilité pour alerter les responsables sanitaires sur « la nécessité de se préparer à de potentielles pandémies », concluait l’étude japonaise.
Des fuites de virus ont-elles déjà eu lieu à Wuhan ?
Ce qu’il a dit :
« Je ne dis pas que ce virus a été lâché dans la nature de manière volontaire, mais il y a eu de précédents rapports de fuites venant de ce laboratoire [celui de Wuhan] par le passé, et je crains que ce soit ce à quoi nous avons affaire aujourd’hui. »
FAUX
Francis Boyle confond deux laboratoires chinois de niveaux de sécurité différents. Il a bien été question d’une fuite d’un virus hautement pathogène, mais il s’agissait de celui responsable du SRAS, en 2004, à l’institut de virologie de Pékin, classé P3. A deux semaines d’intervalle et de manière indépendante, deux de ses chercheurs avaient accidentellement contracté le virus. Le responsable régional de l’OMS pour le Pacifique-Ouest, Shigeru Omi, avait alors évoqué« des erreurs, des manquements ». Cinq cadres de l’institut avaient été sanctionnés par Pékin.
Les inquiétudes occidentales quant à une possible fuite émanant de l’institut de virologie de Wuhan existent depuis longtemps. La revue scientifique Natureen faisait mention en 2017. « Son faible niveau de sécurité avait été pointé du doigt par plusieurs visiteurs français, mais c’était il y a une quinzaine d’années, les choses ont évolué depuis », nuance dans 20 Minutes Antoine Izambard, auteur de France-Chine : Les liaisons dangereuses (éditions Stock).
En septembre 2019, dans un article académique sur l’évolution de la biosécurité des laboratoires de son pays, Guizhen Wu, de l’institut national pour la prévention et le contrôle des maladies virales de Pékin, se félicitait de la rapidité et de l’efficacité avec laquelle la Chine s’était mise à niveau, mais regrettait le manque de personnel qualifié et l’absence de grille d’évaluation précise en matière de fiabilité de ses laboratoires. Rien toutefois qui prouve que des fuites aient déjà eu lieu.
En règle générale, les laboratoires P4 présentent-ils des risques de fuites ?
Ce qu’il a dit :
« Tous les laboratoires P4 ont des fuites, tout le monde sait ça. »
C’EST PLUTÔT VRAI
De nombreuses précautions encadrent le travail au sein d’un laboratoire de haut confinement, comme le port de combinaisons spéciales, assorti d’un protocole très strict, et des équipements extrêmes, comme des portes de sous-marin, des douches chimiques et des incinérateurs de déchets. Indice de leur niveau de sécurité : même l’explosion qui a eu lieu en 2019 dans le laboratoire russe de haut confinement où sont étudiés Ebola et la variole n’a pas entraîné de fuite.
Néanmoins, le risque zéro n’existe pas. En 2017, le centre pour le contrôle des armes et la non-prolifération chiffrait à 31 % les risques que le monde soit confronté dans les dix ans à une pandémie causée par un virus issu d’un laboratoire P4. En février 2019, le Bulletin of the Atomic Scientists – revue créée par d’anciens scientifiques à l’origine de la bombe atomique, et spécialisé dans les répercussions graves des activités humaines – évoquait de son côté « une menace pandémique probable », soulignant l’inéluctabilité d’erreurs humaines. En 2003, un chercheur taïwanais de 44 ans travaillant dans un laboratoire P4 a ainsi été atteint par le SRAS en essayant de désinfecter à la main un module de transfert du virus. Quatre-vingt-dix personnes avaient dû être placées en quarantaine.
Il ne s’agit pas d’un cas isolé. En 2016, le Government Accountability Office (GAO), l’organisme d’audit du Congrès américain, recensait 21 incidents liés à des transferts indus de pathogènes hautement transmissibles vers des laboratoires de sécurité moindre, dont huit cas d’anthrax et deux d’Ebola et de Marburg. Dans la majorité des situations, le processus d’inactivation – procédé chimique rendant inopérant un virus et permettant de le manipuler dans le cadre de la création d’un vaccin – n’était pas allé jusqu’à son terme, et un virus dangereux s’était retrouvé là où il ne devait pas être. En 2014, deux tubes contenant respectivement une souche d’Ebola active et l’autre inactive avaient ainsi été intervertis par inadvertance, et le virus actif, envoyé dans un laboratoire P2. Heureusement, l’erreur avait été remarquée le lendemain, et le laboratoire P2, prévenu à temps.
Ces différents ratés n’ont pour l’instant jamais entraîné de contamination à l’extérieur, et rien n’atteste que le laboratoire de Wuhan soit à l’origine de la crise du coronavirus. Un article sur le portail scientifique ResearchGate incriminant l’institut de virologie de Wuhan a d’ailleurs été dépublié après que chercheurs et internautes y ont relevé plusieurs incohérences et erreurs factuelles.
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ALERTE TOUTES POLLUTIONS À DAKAR !
Fin février, la capitale sénégalaise a connu un nouveau pic de pollution durant trois jours, classés rouge par le centre de contrôle de la qualité de l’air. Comment en est-on arrivé là ?
Fin février, durant trois longues journées, Dakar a été plongée dans un épais nuage de poussière provenant du Sahara. Pendant ces épisodes, de plus en plus courants, la concentration de particules fines dans l’atmosphère explose. En termes de pollution atmosphérique, la ville dépasse les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : la concentration de particules fines est en moyenne cinq fois supérieure aux recommandations de l’OMS.
Des pics de pollution qui ont plusieurs sources. Pour les comprendre, notre journaliste a parcouru la ville, du centre-ville à la plage de cap Manuel, en passant par la zone industrielle, la gare de Colobane, les quartiers Médina et HLM, le marché de Soumbédioune et la décharge de Mbeubeuss.
COVID-19 DICTE SA LOI
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) suspend toutes ses activités politiques jusqu’au 20 mars prochain, à cause du nouveau Coronavirus.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) suspend toutes ses activités politiques jusqu’au 20 mars prochain, à cause du nouveau Coronavirus. Dans un communiqué, en date d’hier vendredi 6 mars, le Secrétaire général national du Pds, Abdoulaye Wade invite ses camarades et responsables du parti à s’abstenir de voyager en Afrique et dans le reste du monde. Des mesures rigoureuses qui rejoignent celles prises par le chef de l’Etat, Macky Sall, tout comme certains hommes politiques, ainsi que les membres de la plateforme citoyenne “Noo Lank“. Que dire des associations de la presse obligées de revoir leur agenda ?
L ’épidémie du nouveau coronavirus, appelé Covid19, s’invite dans le champ politique et perturbe tous les programmes d’activité et de voyage. Après le chef de l’Etat, Macky Sall, qui a repoussé, au 5 avril prochain, sa «tournée économique» suivie d’un Conseil des ministres décentralisé à Matam, c’est au tour de l’ancien chef de l’Etat de revoir son agenda.
Dans une note parvenue à Sud quotidien hier, vendredi 6 mars, Me Abdoulaye Wade informe avoir «décidé de suspendre toutes ses réunions et autres rassemblements jusqu’au 20 mars 2020». Ne s’en limitant pas là, le “Pape du Sopi“ a étendu ladite mesure au niveau de la base. Dans la note, il demande «aux militants, aux mouvements karimistes et aux sympathisants de surseoir à toute activité politique pendant cette période, en particulier les visites aux responsables nationaux à Dakar et départementaux, en attendant d’avoir plus de lisibilité sur la situation du fléau».
A l’image de son successeur qui a aussi demandé à ses ministres de ne pas effectuer de mission en dehors du territoire national, Me Wade a requis de ses responsables l’abstention de voyager en Afrique et dans le reste du monde pour des missions officielles ou politiques du parti. Il n’a pas manqué d’appeler à la vigilance et à la responsabilité de chacun et de tous pour circonscrire de manière efficace la propagation du virus dans le pays.
Décidément, l’épidémie du Covid-19 a quasiment chamboulé tous les programmes des hommes politiques. En effet, le leader du Grand parti (Gp), Malick Gakou a lui aussi décidé de suspendre ses activités politiques qui étaient prévues du 9 au 18 mars à Saint-Louis et Matam. Comme raisons, il avance l’argument de «l’impérieuse nécessité de prévenir et de lutter efficacement contre la propagation du Covid-19». Il en est de même de l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye.
Dans une note parvenue aux rédactions, le 4 mars dernier, le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) sursoit à toutes les manifestations notamment celles prévues pour la journée de la femme du 08 mars et la conférence publique sur la nouvelle monnaie «Eco» du 14 mars. Lui et ses camarades estiment que la situation sanitaire du pays leur impose de faire preuve de responsabilité et d’encourager le renforcement de la prévention. Les acteurs politiques ne sont pas les seuls à revoir leurs programmes. La plateforme citoyenne “Nio Lank“ a suspendu ses manifestations. Pour autant, les camarades de Guy Marius Sagna informent que le collectif compte mener ses activités contre la hausse des prix de l’électricité, avait rapporté Daouda Guèye au micro de la Rfm.
Du côté de la presse aussi, les effets collatéraux du Covid-19 se sont fait sentir. L’Association nationale de la presse sportive (Anps) a aussi reporté à une date ultérieure, la randonnée pédestre qui était prévue le 14 mars prochain, en célébration de la quinzaine de la femme. Il en est de même de la Convention des jeunes reporters du Sénégal qui a annulé son programme de commémoration de la Journée internationale de la femme du 08 mars, à Saint Louis. Une journée internationale qui sera célébrée cette année, au Sénégal, sous le signe du Covid 19, qui a fait reporter toutes les manifestations de masse prévues demain, dimanche.