SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 juillet 2025
FCFA, "LA GARANTIE FRANÇAISE NE SEMBLE PLUS VRAIMENT INDISPENSABLE"
Benjamin Ngongang, ancien superviseur à la Banque de France, livre son avis sur la décision des chefs d’Etats de la Cemac, d’ouvrir une réflexion sur l’évolution de la coopération monétaire avec Paris
Directeur Associé en charge de l’Afrique Centrale au sein du cabinet FinAfrique, qui est spécialisé dans le conseil et l’accompagnement des réformes dans le secteur bancaire, Benjamin Ngongang a occupé le poste de superviseur à la Banque de France, le partenaire de la zone économique et monétaire qu’est la CEMAC. Il nous livre son avis et ses suggestions, en rapport à la décision des chefs d’Etats de la sous-région, d’ouvrir une réflexion sur l’évolution de la coopération monétaire avec la France.
Agence Ecofin : Les chefs d'Etat de la CEMAC veulent faire évoluer les accords de coopération monétaire avec la France. Quel commentaire vous inspire cette décision, dans la perspective du secteur bancaire en zone CEMAC ?
Benjamin Ngongang : Cette décision des Chefs d’Etat de la CEMAC au sortir du sommet extraordinaire des 21 et 22 Novembre dernier, va dans le même sens que celle de leurs confrères de la CEDEAO en juin dernier, c’est-à-dire engager une réforme de la gestion de la monnaie commune des pays de la zone CFA. Si cette décision était suivie d’effets, ce n’est pas seulement le système bancaire qui serait impacté mais bien toute l’économie des 6 pays de la zone CEMAC. C’est une décision qui va dans le bon sens mais nous sommes encore au début du processus. Attendons de voir les actions qui suivront et notamment les propositions de la Commission et de la BEAC.
La BEAC a donc globalement bien géré du point de vue comptable ses réserves sur cette longue période et devrait pouvoir continuer à le faire avec l’autonomie supplémentaire que lui accorderait cette réforme. Tant que la réforme est menée de manière organisée en associant tous les acteurs de l’écosystème dès le début, il n’y a aucune de raison de craindre un effondrement en sortie.
AE : Une des propositions avancée est celle d'une couverture de change par pays et sur la base des mois d'importations (5 mois). Est-ce une approche cohérente selon vous ?
BN : Il n’existe pas de régime de change idéal mais il nous semble important de conserver une approche solidaire dans les propositions qui émergeront à la suite de ce sommet. La solidarité entre les 6 pays de la zone serait une excellente alternative à la garantie française, à condition que chaque pays respecte les règles de convergence en termes de déficit budgétaire et d’inflation. Les chefs d’Etats ont d’ailleurs rappelé au sortir de leur sommet qu’ils maintenaient leur engagement pour une approche solidaire, cohérente et concertée dans la coopération au sein de la zone, ce qui veut dire que les propositions attendues de la BEAC et de la commission devraient suivre le même esprit. Concernant le niveau de réserve à constituer pour remplacer le mécanisme des comptes d’opération, cela dépendra de la marge de manœuvre que la CEMAC souhaite se donner dans l’utilisation de ces réserves, pour le pilotage de sa politique monétaire, mais dans tous les cas et au vu de l’histoire de la région, la création de réserves de changes couvrant entre 3 et 5 mois au moins d’importation nous semble cohérent.
AE : Quel serait selon vous un bon scénario d'évolution de cette coopération monétaire ?
Benjamin NGONGANG : La nouvelle coopération monétaire doit se construire sur la base de la solidarité entre les 6 pays de la zone, en renforçant bien évidemment les principes de convergence économique et de discipline budgétaire partagée, sans perdre de vue les différences structurelles qui existent entre les économies. D’autre part, la France n’étant plus le principal partenaire commercial de la zone, l’ancrage de la nouvelle monnaie devrait évoluer vers un panier de devises reflétant davantage les échanges internationaux de la région, avec une autonomie d’objectif pour la BEAC sur le taux de change et le maintien de l’objectif de stabilité de prix.
Enfin cette transformation devrait se faire selon nous en renforçant la gouvernance et la transparence au sein des institutions. Il faut y aller progressivement, en fixant des jalons clairs et en associant les acteurs économiques et financiers de la région pour qu’ils soient prêts à implémenter le moment venu les nouvelles règles.
AE : La BEAC joue sur deux fronts pour la stabilité du CFA. Une réduction des liquidités sur le marché interne et une régulation stricte sur le change au niveau international. Est-ce que ce double objectif ne pénalise finalement pas la capacité du secteur bancaire à financer les segments productifs de l'économie ?
Benjamin NGONGANG : Ce n’est absolument pas ce double objectif qui pénalise la capacité du secteur bancaire à financer les segments productifs de l’économie. Le problème réside plutôt dans l’organisation même du système monétaire de la zone. La banque centrale n’a pas de véritable politique monétaire et ne peut pas décider seule d’ajuster le taux de change, elle n’a donc pas le rôle pro-actif qu’elle devrait avoir pour participer au financement et au développement des économies de la zone. Dans l’arrangement monétaire actuel, la BEAC surveille essentiellement le maintien de son niveau de réserves sur le compte d’opération, elle n’a aucun moyen ou objectif d’ailleurs pour encourager le secteur financier à financer les segments productifs de l’économie, notamment ceux qui permettraient une plus grande industrialisation de l’économie, source d’une plus grande valeur ajoutée.
La réforme monétaire, si elle était vraiment mise en œuvre, devrait redonner toute l’autonomie à la BEAC dont elle a besoin pour piloter la politique monétaire et inciter, lorsque nécessaire, les banques commerciales à prêter plus à l’économie productive comme l’a fait la banque centrale du Nigéria par exemple, il y’a quelques mois.
AE : Il est observé en zone CEMAC que des banques d'importance systémique font face à des défis de liquidités, et ne peuvent solliciter le marché interbancaire, qui reste assez cher, en l'absence d'un taux de référence, comme assurer la transition de ces banques en ces périodes difficiles ?
Benjamin NGONGANG : Les banques systémiques ne sont que la partie la plus visible de l’iceberg du fait de leur importance dans le système, mais c’est bien l’ensemble du système qu’il faut réformer. En attendant que la réforme soit engagée et implémentée, il faut que le canal du dialogue reste en permanence ouvert entre la BEAC et les banques pour gérer au mieux les besoins de liquidité des uns et des autres. L’implémentation des règles bâloises doit se poursuivre notamment sur la partie liquidité, en allant au-delà du ratio de transformation et du rapport de liquidité à un mois, actuellement suivis par la COBAC. De leurs côtés les banques systémiques doivent renforcer leur dispositif de gestion du risque de liquidité en s’inspirant de ce qui se fait à l’international et en l’adaptant à la réalité régionale. Il faut des indicateurs de mesure, un système d’alertes et de seuils pour gérer au mieux les périodes de baisse de liquidité.
En parallèle la zone CEMAC devrait poursuivre l’intégration de son marché financier et dynamiser notamment la nouvelle bourse régionale de valeurs qui pourraient demain être une source alternative de liquidité pour les établissements de crédit, lorsque le marché de titres sera devenu aussi fluide et dense que ce qui se fait ailleurs.
"LE PROBLÈME DE FOND DU PDS, C'EST KARIM WADE"
Pour Oumar Sarr, le parti libéral est aujourd’hui mort, et cela à cause du fils d'Abdoulaye Wade
Au Sénégal, c’est la crise au Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade. Le PDS se déchire depuis l’élection présidentielle de février 2019. La candidature de Karim Wade, fils de l’ancien président, condamné pour enrichissement illicite et en exil au Qatar depuis 2016, avait été retoquée. Le parti n’avait donc pas présenté de candidat. Mais cette stratégie du « Karim sinon rien » l'a profondément divisé. Longtemps numéro deux de la formation, Oumar Sarr en a été écarté. Et d’autres piliers du parti libéral ont quitté le navire. Pour Oumar Sarr, le PDS est aujourd’hui mort, et cela à cause de Karim Wade. Oumar Sarr est l’invité de Charlotte Idrac.
Rfi : Oumar Sarr, est-ce que vous considérez que vous êtes toujours membre du PDS ?
Oumar Sarr : Oui, formellement, je suis membre du PDS. Mais comme vous le savez, il y a eu une note circulaire signée par le président Wade disant qu’Oumar Sarr s’est auto-exclu. Bien sûr, nous avons pensé que cette note est nulle et non avenue, illégale en tous points de vue. Une personne, la plus importante soit-elle, ne peut pas rayer quelqu’un d’un parti. Il faut des instances, il faut des structures… Ce sont les statuts qui le disent, c’est le règlement intérieur qui le dit. Donc je ne sais pas dans quel monde ils sont. Je pense quand même qu’ils marchent sur la tête Depuis déjà plus d’un an, il n’y a plus de direction du PDS qui se réunit. Le PDS est un peu perdu dans les vagues.
Dans cette note que vous évoquez, signée par Abdoulaye Wade, vous êtes accusé «de saper l’unité du parti» ou encore«d’actes de défi». Comment est-ce que vous avez réagi à cette note ?
Cela m’a fait d’abord rigoler. Je me suis dit que, vraiment ces personnes ne se prennent plus au sérieux. Nous, on a supposé que c’est Karim Wade qui l’a écrit et que c’est son père qui l’a signée. Nous avons, bien sûr, réfuté totalement cette circulaire, illégale en tous points de vue.
Vous évoquez Karim Wade. Pour vous, c’est lui ? C’est Karim Wade, le problème de fond du PDS ?
Oui, absolument. Lors de l’élection présidentielle de 2019, Karim Wade était notre candidat. Je rappelle quand même qu’il était en prison quand nous l’avons élu. Le congrès du PDS l’a élu candidat. Nous nous sommes battus, nous l’avons libéré. Et après, il a maintenu sa candidature, sachant bien qu’il n’allait jamais, jamais, revenir pour être candidat. Moi-même, on m’a désigné comme directeur de campagne, soi-disant. Directeur de campagne d’un candidat fictif. Il (Karim Wade) n’est pas venu et ensuite cela a créé une crise importante du parti. Parce que, s’il savait dès le départ qu’il n’allait pas venir, on aurait pu - nous, à l’intérieur du PDS -, trouver une solution alternative. Donc, il nous a caché la vérité, et il manipule vraiment son père. Toutes les décisions qui sont prises aujourd’hui par son père sont en réalité pré-signées par Karim Wade.
Karim Wade reste silencieux. Que veut-il, à votre avis ?
En réalité, je pense qu’il est plus intéressé par les affaires que par la politique. Parce qu’il ne veut pas d’amnistie, comme il dit, il veut la reprise de son procès. Si c’est un homme politique qui veut être candidat à une élection quelconque, l’amnistie suffit largement, mais apparemment, il veut autre chose. Il ne sait pas faire la politique.
En plus, on n’hérite pas d’un parti comme le PDS qui a une histoire. Le PDS existe depuis 1974. Il ne faut pas venir comme cela et dire : ‘’Mon père est vieux, je le remplace’’ et créer une espèce de fan-club Karim Wade - et dire que c’est cela, le parti. Donc, nous pensons que, ce qui l’intéresse, aussi, c’est de prendre éventuellement en otage le PDS pour l’utiliser plus tard pour ses affaires.
Après la présidentielle de février 2019, vous avez participé au Dialogue national, à son ouverture en mai dernier, sans l’aval d’Abdoulaye Wade, patron du PDS. Pourquoi cette initiative ?
Quinze jours avant, j’ai discuté avec le président Wade. Le président Wade avait donné son accord total sur le Dialogue national. Il m’avait mandaté pour y aller. Le soir vers 20 heures, il y a eu un communiqué du PDS et dans le communiqué on disait que le PDS n’allait pas au Dialogue national.
Je savais déjà que Karim Wade ne voulait pas de ce Dialogue national. Il voulait comme préalable que le président Macky Sall se prononce sur la révision de son procès. Et voilà qu’à cette occasion, on prend une mesure non concertée. Cela n’a jamais eu lieu. C’est vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je me suis dit : je vais prendre mes responsabilités et aller au dialogue national, expliquer aux militants, aux populations du Sénégal, pourquoi je suis allé au Dialogue national.
En août dernier, vous avez lancé le mouvement Sukhali Sopi, avec d’autres ténors du PDS, Amadou Sall ou Babacar Gaye. Où en est-on de cette alliance ?
Vous voyez un peu partout dans le département au nord ou au sud du Sénégal, des responsables, des sections entières qui se déclarent aujourd’hui membres de Sukhali Sopi. Nous ne pouvons pas, aussi, rester comme cela les bras croisés ! Le PDS n’existe plus en réalité ! Il n’a plus aucune activité ! Donc nous ne pouvons pas mourir avec ce PDS-là et nous allons démontrer que la plupart des militants et responsables du PDS sont avec nous. Nous allons le démontrer dans les élections à venir.
Les élections locales ?
Les élections locales, qui normalement devraient avoir lieu au plus tard fin mars 2021.
Et donc, éventuellement, l’ambition serait de présenter des candidats sous la bannière Sukhali Sopi ?
Oui, absolument. Aujourd’hui, on ne se voit pas être les candidats PDS du fan-club de Karim. Nous pensons incarner le PDS en ce qu’il a de plus sain, de plus combatif. Donc si la coquille PDS n’est plus utilisable, il faudra bien définir une autre stratégie et probablement à être carrément un parti.
Donc la guerre est réellement déclarée avec Abdoulaye Wade et les Karimistes ?
Le président Wade, nous le respectons. Nous allons toujours continuer à le respecter. C’est notre mentor, en quelque sorte. Mais le fan-club Karim n’est pas le PDS, pour nous. Nous pensons que nous l’incarnons mieux. Nous ne pouvons pas, ni arrêter, ni reculer. Nous allons continuer.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
DREAD MAXIM, DU HAUT DU MONT ROLLAND
EXCLUSIF SENEPLUS - De nombreux mélomanes et admirateurs, sevrés brutalement, sont partis à la recherche de ce chanteur de qui ils espèrent une renaissance après près de 15 ans de discrétion. Parcours et portrait - INVENTAIRE DES IDOLES
Entre Montpellier, Paris, Dakar et Mont Rolland son village natal, Dread Maxim est à la recherche d’un second souffle. Au téléphone, pour notre entretien, sa voix est restée la même : chaleureuse, hésitante au début mais progressivement plus à l’aise. Avant une tournée au Sénégal pendant la période festive de noël dans le cadre du Sen Jamm festival, l’artiste mesure à peine, dans un mélange d’humilité et de détachement, ce qu’il a pu incarner pour nombre de sénégalais au début des années 2000 : une grande source de bonheur. De nombreux mélomanes et admirateurs, sevrés brutalement, sont partis à la recherche de ce chanteur de qui ils espèrent une renaissance après près de 15 ans de discrétion. Parcours et portrait.
C’est en 2003 que le grand public sénégalais découvre les locks et la voix chaude de Dread Maxim Amar. Jah Fire, le titre de l’album qui le propulse, est alors un pari audacieux qui se révélera être une belle promesse. Pour qui s’y intéresse, séduire avec le reggae n’est pas une mince affaire dans le paysage national vampirisé par le Mbalax. Pourtant l’artiste déjoue les pronostics. Une entrée fracassante, portée par une écriture, une patte artistique, une véritable poésie ; un message d’espoir et de combat que subliment une voix presque candide et des notes entrainantes. Les quatorze titres qui composent l’opus ne tardent pas, dès la sortie en janvier, à inonder les ondes des radios et à s’entendre dans les airs que fredonne l’agora. On s’échange alors des cassettes, des disques que l’on grave clandestinement, accompagné par ce garçon qui booste le timide créneau du reggae. Malgré les contours de ce succès naissant en 2003, Dread Maxim reste pourtant pour beaucoup une énigme, de quoi alimenter le puissant mystère : un chanteur presque sans visage en ce temps, à la veille de l’ère numérique, où la vidéo n’est pas un réflexe. Pour les images et toucher du doigt à l’icône, il faut prendre son mal en patience quand on n’est pas familier des scènes où il joue : au mieux sur la couverture de l’album, où l’on voit à peine les traits pleins de pudeur de ce visage redessiné, mangé par d’imposants rastas qui lui chatouillent le dos, et cette silhouette fine, rêveuse, aérienne ; la carcasse fragile qu’elle dessine et qu’on aperçoit dans un des rares clips disponibles. Ce retrait dope le mythe. Sa voix et ses textes restent ses empreintes.
Un coup d’essai, un coup de maître
Le contexte y est pour beaucoup dans l’attachement et l’amour que le chanteur suscite. En 2003, l’emblème de l’album, c’est la chanson Joola, requiem-hommage aux disparus du naufrage survenu une année plutôt. Une chanson qui pique aux tripes et presse à la communion, avec des notes intimes et bouleversantes, comme cet hommage à Las MC, rappeur talentueux venu des Parcelles Assainies, et ami du chanteur, mort dans un accident de scooter. Ils prévoyaient un album ensemble. Quelques jours avant, confie-t-il, ils planchaient ensemble sur ce projet : à Dread les mélodies, à Las MC, le rap. Las MC lui avait même montré son nouveau scooter. Beaucoup de souvenirs, les proches disparus, comme cette équipe de minimes de football, morts dans le bateau, le hantent encore. Ils les chantent tous. Sensibiliser est l’autre engagement du jeune chanteur. Il leur dédie alors cette longue prière aux morts, avec en notes d’ouverture de l’éloge funèbre, ces mots : « la faucheuse une fois de plus a frappé fort… ».
Ecouter cette chanson, la vue sur l’avenue des 54 mètres de Ziguinchor, qui mène au cimetière de Kantène où reposent quelques corps des victimes de la catastrophe, c’est prendre avec soi un morceau d’histoire. S’il a investi tant dans cette chanson, c’est que cela faisait écho à des émotions personnelles. Le but est atteint pour le chanteur, « soucieux » de chanter pour « toucher », « émouvoir », inciter à « l’éveil des consciences » et chanter pour ne « pas oublier ». On retrouve cette même fibre dans toutes les chansons, d’une égale qualité sans jamais s’essouffler. Lir bi que le chanteur a écrit en hommage aux enfants démunis, peint une enfance volée, Mbollo met en scène une chorale pour l’unité, Jah Fire ose une spiritualité revisitée, To be one esquisse les contours du rêve panafricain…Tout l’album, le premier qu’il écrit et compose entièrement, est habité par ses joies et ses démons personnels. Un chef d’œuvre qui reste frais dans les mémoires comme une tranche du début du millénaire, miroir alors dune jeunesse désireuse de transformation.
Le chemin de la révélation
Dread Maxim le sait mieux que quiconque : écrire un album entièrement, donner libre cours à son inspiration, ne subir aucune intrusion des producteurs, est un privilège rare dans le milieu. Il l’a appris précocement. Dès 1999 en effet, pour son premier album, produit par un allemand, il doit faire dans le compromis. Le chanteur qui rêve de reggae doit composer avec la logique du marché et les genres porteurs comme le rap et la pop. L’album Révélations, au titre quasi-biblique, baptisé ainsi pour décrire l’envol, touchera les mélomanes et bien plus encore, mais son cercle d’irradiation restera plus limité que Jah Fire. L’album est bien reçu, le talent sûr, les professionnels conquis, mais il y a comme un goût d’inachevé, le sentiment de ne pas avoir eu la main sur tout le travail. Quelques chansons, rescapées, renaitront dans Jah Fire après une première naissance dans Révélations. Plus personne ne se pose vraiment la question : Dread Maxim est le joyau du Reggae. Aïsha Dème, observatrice fine de la scène musicale et activiste de la scène culturelle, se souvient de Dread Maxim comme « un des meilleurs produits du reggae qu'on ait eu au Sénégal, celui qui a su fédérer une très grosse masse (pas seulement les puristes ou public classique des sound system) ». Elle se souvient encore plus de la générosité et de l’énergie du chanteur sur scène en se demandant « qui n'a pas aimé les chansons de Dread Maxim et les ambiances folles de ses concerts ? Il savait toucher son public, par ses mots, ses thèmes, sa musique. » Depuis, l’artiste a connu une baisse de régime. Presque disparu des radars, forcé à la discrétion. La question est sur toutes les lèvres alors : pourquoi, depuis 2003, un autre album n’est-il pas venu confirmer la promesse de ce début tonitruant ? Dread Maxim répond sans détour : il n’a pas de producteur. Peu armé, avec un entregent mince, il a eu des propositions, de grandes sollicitations, mais l’amateurisme et la restriction de sa liberté, ont eu raison des collaborations envisagées.
On pourrait sans doute se suffire d’une telle réponse, honnête et sans dissimulation, d’autant plus qu’elle n’est pas le signe d’une résignation, mais plutôt un symptôme de l’univers fragile ou embryonnaire du reggae qui peine à faire son nid. Ce que confirme Aïsha Dème, co-fondatrice du site Agendakar.com : « la scène reggae nationale est dure, elle n'est pas vendeuse. Les seuls moments où on les programme en concert c'est pour faire la première partie d'une tête d'affiche internationale. Sinon il faut organiser soi-même son concert, depuis que le just 4U (salle dakaroise) est fermé on ne les programme plus, cette scène est quasi inexistante. Il y a pourtant des musiciens et un backing band au moins de disponible à ma connaissance. Bref le reggae n'est pas vendeur ». Il y a aussi, plus incernable, l’établissement de cercles restreints qui ont la mainmise sur les productions, ce qui ne manque pas d’agacer le chanteur qui fustige un « entre-soi » et la prime accordée au « divertissement ». La monomanie de la scène musicale sénégalaise est une critique largement partagée. L’impression d’une scène figée dans la cire, avec l’irruption de personnages fantasques sur la scène, le goût immodéré pour les paillettes, sont devenus l’identité d’une scène nationale qui pousse bien souvent le talent à s’exporter pour être reconnu. Destin commun de beaucoup de chanteurs de reggae, note, la promotrice culturelle qui plonge dans ses souvenirs : « On a eu ARRA, Akibulan, excellents (et aussi ces gars qui marchent bien en Europe comme le très talentueux Meta), mais seul Dread Maxim a pu lever tant passion et de foule au Sénégal. Peut-être que la renaissance viendra de lui s'il arrive à rebondir. » Le salut se trouvera-t-il ailleurs, dans cet occident faiseur de destin ? Rien n’est sûr mais Dread Maxim, désormais partiellement établi en province, dans le midi de la France, garde espoir. Dans ce mélange d’infortune personnelle et de paysage musical exsangue, le chanteur opte pour la patience. Et pas question pour lui de se travestir, de s’offrir au premier venu, il cultive ainsi un attachement à certaines valeurs qu’il a réaffirmées tout au long de l’échange.
Le berceau et les mentors
Direction Mont Rolland, village au nom plein de charme, terre chère à son cœur, pour percer à jour la nature et l’origine du chanteur. Vers Mboro, sur la côte, dans la région de Thiès. C’est là-bas que naît le chanteur. Son grand-père, chanteur lors des battages et des récoltes, laisse un grand souvenir dans la mémoire locale. Un talent bien connu, qui a perlé de génération en génération. Dread Maxim apprend au village l’importance des « liens avec la nature », ses clips font corps avec elle. L’importance aussi de la communauté de classe d’âge, l’attachement à la langue et à la culture sereer. Ces valeurs humaines essentielles deviennent vite pour lui à la fois le berceau et l’objectif, le rétroviseur et l’horizon. Il met un honneur à les entretenir. Dans ses chansons, apparaissent régulièrement des incursions dans beaucoup de langues nationales, le mélange entre le français, le wolof et l’anglais, d’un couplet à un autre. Pour cet enfant qui a chantonné « toute son enfance », l’oreille familière des notes de Soul qu’écoutait le père, et de la variété française qu’écoutait sa mère, le chant est l’art premier. Il chante à s’user les cordes vocales. D’abord de petites scènes dans les écoles, dans un groupe, Family MC, où son talent séduit vite la bande. Fêtes d’écoles, radios, événements festifs, les premiers cachets tombent et la vocation se précise. Pour le pensionnaire du collège Saint-Gabriel, institution prestigieuse de la région, le dilemme s’annonce rude : il est bon à l’école et ses parents - son père ouvrier, sa mère institutrice - souhaitent pour lui un destin de premier de classe. D’autant plus qu’en plus d’être studieux, le garçon a hérité du talent du père. Il est fieffé bricoleur, dégourdi, la main experte. Il y a un choix à faire. Et ce choix se dessine clairement en classe de seconde, grâce à de petits détails. Le désir de liberté qui affleure avec l’âge pousse le garçon modèle à adopter des dreads locks, coiffure vue dans la légende populaire comme signe de perdition. Le chanteur a une excuse : il a « un cuir chevelu fragile. » N’empêche, cette désinvolture ne plaît pas à la maison. Ses parents qui misaient de grands espoirs sont décontenancés par le choix du garçon. La vocation et l’envie gagnent, Didier Maxime Mbengue, sa véritable identité, fait sa mue, il sera chanteur, malgré tous les avertissements.
Direction ensuite la capitale, Dakar, pour se façonner un destin pour le chanteur qui a des idoles chantres du genre : Bob Marley, qu’il chante, « is in the center of what we do » même admiration pour Peter Tosh, le comparse du jamaïcain. En Afrique le reggae contestataire a aussi ses gloires, Alpha Blondy, Lucky Dube, et Tiken Jah Fakoly. Dread Maxim adore les deux premiers, reste évasif ou silencieux sur le dernier. Fort de tant de mentors, c’est dans l’émission Talents Nouveaux de Michaël Soumah, faiseur de destin depuis les années 80 à la radio, que son rêve s’esquisse. Le Hip Hop est alors un mouvement en plein essor dans les radios de la bande FM, et pour lui qui est encore flexible, le reggae peut faire bon ménage avec le rap. Il affine son style, écrit à l’instinct. Impossible pour lui de produire sur commande, il lui faut être surpris et envahi par l’inspiration. Ses thèmes favoris apparaissent dès le début, l’humain pour l’humain, la musique au service d’une cause, un vecteur ; une écologie intégrale aussi avec une célébration de la nature, et la vitalité d’un esprit et un rêve de gosse. L’écriture est rêveuse, certains diront naïve, mais elle assume un tropisme de l’espoir avec des incursions dans le message politique. Dans l’album pour l’heure testament Jah Fire, une fibre panafricaine s’affirme aussi comme une quête de l’auteur. To be one, un des titres, est l’hymne continental, une ode sur un désir d’unité en friche à l’échelle du continent.
Quête de rebond et nouvelles promesses
A l’écouter, on reste frappé par une endurance et une patience chez le chanteur. En 2010, il avait écrit et composé un album entier, Musical Life, dont le clip phare, est mis en ligne. On y retrouve les ingrédients qui ont fait le succès du premier. Il avait obtenu les promesses d’un producteur qui n’avait « qu’un studio », et qui n’assurait rien d’autre en termes de « promotion ». Aventure avortée, il a laissé les chansons en vie dans un tiroir, et en fait don à quelques scènes au gré des concerts qu’il offre entre la France et le Sénégal. Plus important, Dread Maxim ne renonce pas. Il travaille. Il est combattif et sait que son talent ne sera probablement jamais atteint par la péremption. La patience est aussi synonyme de réajustements, de correction sans doute des erreurs du passé, à l’affût des opportunités, du producteur qui misera sur lui.
Un bref espoir était né à l’occasion de l’album Reggae de Youssou Ndour, Dakar – Kingston. Le reggae man partage alors, lors de la promotion de l’album de l’égérie de la musique sénégalaise, une émission de radio. A la question de savoir pourquoi il n’a pas invité des artistes locaux, l’ogre Youssou Ndour répond qu’il ne travaille qu’avec des chanteurs à « la renommée internationale ». Camouflet et déception pour l’aspirant qui garde depuis des sentiments mélangés sur le chanteur du groupe Super Etoile et magnat du groupe Futurs Média. L’anecdote est passée. Pas de rancœur, il a toujours eu sur la scène musicale un amour fou pour Diego, Souleymane Faye, dont il aime la folie, la personnalité, la carapace sans fards, mais aussi pour Cheikh et Ismaël Lo, avec qui il partage une forme de poésie mélodieuse, mélancolique et authentique. Un autre espoir récemment, plus exaltant, c’est un concert de l’autre étoile montante Faada Freddy, avec qui il chante lors d’un concert à Cergy. Un signe de quelque chose qui se mijote ? On croiserait presque les doigts. Bonne nouvelle, pour 2020, l’auteur prépare ses 20 ans de carrière avec Jah Fire 2.0. Pour contourner les obstacles de la production, Internet est pour l’heure, un monde de recours et de secours. Pour les fans, ce ne sera qu’anecdotique, pourvu qu’il y ait l’ivresse…et la reconnexion !
Note plus personnelle, écrire sur Dread Maxim, repartir sur ses traces, c’est pour moi une manière de faire hommage à une idole de mon adolescence. Avec Pacotille et Ndongo lô, j’avais mes compagnies les plus fidèles. Ceux dont je connaissais les chansons par cœur. Son album a été une de mes seules joyeuses obsessions musicales pendant longtemps à Ziguinchor. J’ai toujours été admiratif des chanteurs de cette dimension plus modeste et l’ai écrit dans une chronique ancienne. Plus qu’un portrait, c’est un témoignage, l’expression d’une gratitude et d’une admiration.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LA COLÈRE DES LAISSÉS-POUR-COMPTE
L’action des mouvements comme « Nio Lank, Nio Bagn » est une révolte contre les politiques asociales de l’Etat qui semble avoir domestiqué la plupart des forces politiques et syndicales - C'est une alarme pour le gouvernement
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 18/12/2019
« Non à la hausse du prix de l’électri- cité ! » Tel a été le principal slogan de la journée de mobilisation organisée vendredi dernier, le 13 décembre, à la place de la Nation par le collectif « Nio Lank Nio Bagn » qui était descendu dans la rue pour crier son ras- le-bol. Composée d’une trentaine d’organisations de la société civile, la plateforme du refus a aussi dénoncé les arrestations du leader du Frapp, Guy Marius Sagna, du professeur Babacar Diop et Cie appréhendés et embastillés pour avoir légalement manifesté et dénoncé la hausse du prix de l’électricité devant les grilles du palais de la République. Cette manifestation monstre qui a regroupé des milliers de jeunes et d’adultes des deux sexes mais aussi des personnes du troisième âge traduit le refus catégorique d’importantes franges de la population de la hausse du prix du courant électrique. Après le succès de leur marche du weekend dernier, les membres du collectif « Nio Lank Nio Bagn » sont plus que jamais déterminés à mener la lutte. Ainsi ils promettent de passer à d’autres actions majeures si les autorités compétentes ne donnent pas une suite heureuse aux revendications formulées lors de leur mobilisation du 13 décembre. « Nio Lank Nio Bagn » devient la nouvelle ter- reur pour l’Etat, mais aussi pour l’opposition plongée dans une profonde léthargie sans compter les associations consuméristes qui, elles, ont tout simplement déserté le terrain de la lutte.
La mobilisation massive et bigarrée de vendredi dernier est une victoire pour Guy Marius et compagnie qui ont été les premiers à descendre courageusement dans la rue pour protester contre la hausse du prix de l’électricité. Et il a fallu qu’on les emprisonne pour que les autres organisations citoyennes daignent sonner la révolte et faire face à cette décision d’augmentation des autorités gouvernementales. le combat contre la vie chère aurait pourtant dû être porté par les forces de gauche dont l’idéologie repose essentiellement sur la lutte pour une justice sociale et une société plus égalitaire. Et qui parle de forces de gauche, parle de syndicats et aussi de partis d’essence socialiste. plongés dans une profonde torpeur depuis le début du magistère du président Macky Sall, s’ils n’ont pas été « neutralisés » par lui à coups de prébendes, les syndicats, censés défendre la masse ouvrière, ne sont plus ce qu’ils étaient sous le règne des présidents léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Ils ont aujourd’hui abdiqué, laissant le terrain de la lutte à des forces citoyennes comme Frapp France Dégage, Y en a marre, Aar li nu book et autres, lesquelles animent la résistance sociale malgré les risques encourus.
Cette désaffection s’explique, comme pour les politiques, par une perte de confiance des travailleurs dans leurs représentants syndicaux. Aujourd’hui, beaucoup de délégués syndicaux savent mieux négocier leurs promotions personnelles que défendre leurs mandants dont les revendications prioritaires sont reléguées au second plan. C’est ce qui explique pourquoi plusieurs délégués syndicaux finissent leurs carrières à des postes élevés au sein de leurs entreprises. Des responsabilités sans aucun rapport avec leurs diplômes et leurs compétences. pour- tant au moment où les budgets des centrales syndicales représentatives prennent l’ascenseur grâce surtout aux subventions de l’Etat, leur ardeur à combattre l’injustice sociale se refroidit. Ceci expliquant sans doute cela. Rien que cette année-ci pour la fête du 1er, la CNTS, la CNTS/FC, la CSA et l’Unsas ont empoché 600 millions à elles seules. Dans le secteur de l’Enseignement, seuls certains syndicats qui ne se sont arrimés à aucun parti politique s’activent sur le front de la résistance. Ainsi, on a droit à des centrales financièrement puissantes mais faibles par leur apport positif dans le combat pour la défense des intérêts des travailleurs.
Face à des travailleurs désespérés qui subissent dans leur existence quotidienne la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, la remise en cause de toutes leurs conquêtes so- ciales, les organisations syndicales s’apparentent de plus en plus à des clubs de collabos qui défendent plus le profit des patrons ou de l’Etat que les conditions de vie de leurs mandants. Par conséquent, elles se sont résignées à entretenir des compromissions avec le patronat et l’Etat pour un soi-disant « pacte de stabilité sociale » qui signifie en réalité une reddition pure et simple à l’ennemi. Seule la fête du 1er Mai, transformée en moment festif, folklorique et carnavalesque rappelle encore aux Sénégalais l’existence de certains syndicats. Et les rares moments de revendications de ces syndicats, c’est l’instant du dépôt des cahiers de doléances jaunies par les moisissures au- près du chef de l’Etat. Une occasion pour les leaders de ces syndicats de trôner fièrement aux côtés de ce dernier !
Il faut inclure dans cette catégorie d’organisations couchées, des associations de consommateurs comme l’Ascosen dont l’inamovible leader, Momar ndao, a osé éhontément investir les plateaux télé, les studios de radio ou les colonnes de la presse écrite pour défendre la hausse du prix de l’électricité. Dans la défense de cette hausse, Momar Ndao, qui est conseiller à la présidence de la république, membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a été stérilement plus actif et plus visible que les communicants de la Senelec au point que les Sénégalais se sont demandé si finalement l’Ascosen ne s’est pas muée en association... contre les consommateurs ! les imams de Guédiawaye, rendus célèbres par leur vaillante lutte contre les délestages sous le régime de Wade, sont quant à eux devenus aphones et atones parce qu’ils émargent au niveau de la Commission de régulation du secteur de l’électricité.
La mobilisation exceptionnelle de la plateforme « Nio Lànk, Nio Bagn » est un signe de la faillite des structures intermédiaires entre le peuple et le pouvoir
Après les formations politiques classiques qui ne mobilisent plus les populations parce que n’ayant comme programmes que de sempiternelles revendications politiciennes, ce sont les organisations syndicales qui voient leur échapper leur rôle de canalisation de la colère et de défense des intérêts des masses laborieuses. l’action la plus louable des forces citoyennes qui ont pris le relais est leur capacité d’intervention directe. Elles ont choisi un rapport horizontal avec l’Etat parce que les structures intermédiaires qui devraient assurer la relation verticale entre citoyens et gouvernants se sont effondrées. l’action des mouvements comme « nio lank, nio bagn » et au- tres « Y En A Marre » est une révolte contre les politiques asociales de l’Etat qui semble avoir domestiqué la plupart des forces politiques et syndicales. En Ukraine, la révolution « orange » portée par les citoyens a porté ses fruits parce que leur lutte avait abouti à l’annulation par la Cour suprême du scrutin et l’organisation d’un nouveau vote le 26 décembre 2004 qui a vu la victoire de Viktor Iouchtchenko. lequel avait recueilli 52 % des voix contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch. En France, les bonnets rouges et les gilets jaunes ont triomphé respectivement devant François hollande et Emmanuel Macron là où les syndicats et partis politiques ont périclité. Ce même si, chez Marianne, les syndicats sont en train de relever la tête de nouveau avec le combat qu’ils ont engagé contre la réforme des régimes de retraites envisagée par le gouvernement du premier ministre Edouard philippe. Le mouvement des Indignés a connu des succès en Espagne tout comme le printemps arabes dans certaines monarchies arabes. Au Sénégal, « nio lànk, nio bagn » est parti pour en découdre avec l’Etat tant que la hausse du prix de l’électricité sera maintenue.
Ce qui s’est passé ce 13 décembre constitue une leçon et une alarme pour le gouvernement. C’est un rappel de la capacité de mobilisation spontanée des citoyens quand la poche des travailleurs est injustement secouée par un Etat vorace et impitoyable. C’est aussi un rappel des citoyens sur la mission première d’un gouvernement : assurer de bonnes conditions de vie à ses populations et non les pressuriser systématiquement à travers des taxes ou des hausses injustifiables. Quel que soit leur confort de vie, nos gouvernants doivent savoir qu’une hausse, si minime soit-elle et d’où qu’elle vienne, réduit drastiquement le pouvoir d’achat déjà inexistant des « goorgorlus ».
Par Pape NDIAYE
MAKHTAR, «BOUL FALE» !
Depuis quelques semaines, l’actuel ministre de l’Energie et du pétrole, Mouhamadou Makhtar Cissé, fait l’objet d’une vaste campagne médiatique de dénigrement sur fond de grosse cabale
Depuis quelques semaines, l’actuel ministre de l’Energie et du pétrole, Mouhamadou Makhtar Cissé, fait l’objet d’une vaste campagne médiatique de dénigrement sur fond de grosse cabale. jusque-là, certains observateurs et analystes politiques mettaient ces attaques gratuites sur le compte d’une lutte dans l’arène politique où tous les coups sont permis. Ce alors même que Dieu sait que Mouhamadou Makhtar Cissé n’est pas politique, lui, le technocrate aux qualités professionnelles multidimensionnelles (Ige, juriste, douanier, économiste, avocat, électricien, pétrolier etc.) au service de l’Etat. Des qualités auxquelles s’ajoute sa fidélité et sa loyauté à l’endroit du président de la république Macky Sall qui a usé de ses pouvoirs discrétionnaires pour le nommer ministre de l’Energie et du pétrole dans son actuel gouvernement.
N’en déplaise à certains prédateurs de l’horizon 2024. Il est vrai qu’en cette période de hausse du prix de l’électricité, Mouhamadou Makhtar Cissé ne peut prétendre échapper à la critique. Surtout en sa qualité d’ex-directeur général de la Senelec à la tête de laquelle il a abattu un excellent travail en tant qu’acteur incontestable de la concrétisation du programme présidentiel d’urgence visant à sauver la Senelec de la faillite, d’une part, et à améliorer la production et la distribution d’électricité d’autre part.
Qui mieux que le ministre Mouhamadou Makhar Cissé a pu concrétiser la vision et l’ambition du président de la république en mettant fin aux délestages intempestifs qu’avait connus le Sénégal sous le régime du président Abdoulaye Wade ? Des efforts que les populations ne cessent de magnifier en même temps que les partenaires techniques et financiers.
Certes, la bave du crapaud n’atteindra jamais la blanche colombe mais quand cette bave rejette des particules nocives et des secrétions invectives pour tenter de salir une gestion « Senelectique » à la fois sobre et vertueuse, il y a de quoi s’inquiéter de ce Sénégal des brutes, des méchants, des jaloux, des sournois et des aigris. Face à cette horde de lâches, Mouhamadou Makhtar Cissé, tel qu’on le connait, a dû se couvrir d’une carapace de « boul falé ».
Encouragé en cela par l’obligation de réserve à laquelle il est tenu en tant qu’inspecteur général d’Etat (IgE), c’est-à-dire membre d’un corps qui constitue la crème de notre Administration. Cette contrainte du silence à laquelle il est soumis semble doper la méchanceté des gros bonnets politiques de l’Apr enhardis en cela à prolonger leur campagne d’invectives et de mensonges par presse interposée. Ce tout en gardant un silence troublant devant ces attaques lâches et injustifiées contre un membre de leur régime, comme pour dire qu’ils sont impuissants pour y mettre fin. Alors même que leur silence complice prouve plutôt qu’ils sont les commanditaires de cette campagne abjecte !
A ce rythme où vont les choses, force est de constater pour le déplorer que Mouhamadou Makhtar Cissé a affaire à des prédateurs et comploteurs du même gang qui rode autour du fauteuil du président Macky Sall jusqu’à tenter de diaboliser sa famille et sa belle-famille. Vous conviendrez avec nous que les pratiques de ces gangs encagoulés de l’Apr se servant des mercenaires de la plume et des réseaux sociaux, sont méprisables et ne méritent pas autre chose que des crachats. Comme le disait le psychothérapeute français Christophe André, on agresse verbalement par manque d’estime de soi. Car l’agression verbale ou écrite dont est victime Mouhamadou Makhtar Cissé depuis un certain temps, constitue un moyen pour certains de se rassurer. « Donc tenter de rabaisser les autres, est pour eux (ndlr : détracteurs) un moyen de rétablir de la distance, de rétablir une certaine supériorité » disait-il.
Ah bien ! notre psychothérapeute ne savait pas si bien dire puisqu’entre le ministre Makhtar Cissé, une tête bien faite au parcours professionnel sans faute, et les autres aux chemins tortueux et bornés par des promotions politiques fulgurantes et inespérées, il n’y a pas photo ! Et vraiment pas photo !
Au ministre du pétrole et de l’Energie, nous disons donc : « continue ton chemin, fais ton excellent travail, Makhtar, et boul Falé ! » les chiens aboient…
Par MBAGNICK DIOP
NOUS CHERCHONS DU PAIN, ILS NOUS SERVENT DES INSANITÉS !
De 1983 à nos jours, les Sénégalais sont à l’épreuve de politiques économiques cruelles : ajustement structurel, plutôt déstructurant, libéralisme déstabilisateur, pilotage à vue décrit, par coquetterie intellectuelle, sous le vocable de Sénégal émergent
Dans un état de morosité économique de plus en plus insoutenable, les Sénégalais cherchent à préserver leurs progénitures de la faim, des maladies, en somme de tout ce qui fait le lit de l’humiliation. Du hameau le plus modeste de la campagne aux quartiers de banlieues de la capitale, Dakar, les citoyens ont le même dénominateur, la même préoccupation : chercher du pain. la soif de vie ou de survie est telle que le phénomène de l’émigration incontrôlée (Barca ou Barsax / Barcelone ou la mort) a ressurgi avec plus d’acuité engendrant encore plus de morts au fond du littoral nord de l’Atlantique.
L’océan est insatiable mais les jeunes désespérés, sous le ciel sénégalais, n’en ont cure. Ils n’en peuvent plus de vivre sous le toit paternel, aux dépens des parents meurtris mais tout de même résolus à assumer leurs responsabilités jusqu’au dernier souffle. Ceux d’entre ces jeunes (marchands ambulants, tabliers, portefaix, mécaniciens etc.) qui ont fait le pari de rester au pays, en trimant sang et eau pour gagner quotidiennement le pain, sont aujourd’hui bousculés pour, dit-on, désencombrer des espaces et faire des aménagements paysagers dans la capitale et sa banlieue. le projet est louable, certes, mais encore faudrait-il que les autorités municipales et les services des domaines arrêtent le mercantilisme qui autorise l’occupation anarchique des rares espaces disponibles.
Parallèlement, le gouvernement se doit de soutenir cette jeunesse par diverses mesures économiques ; sa détermination à s’insérer dans le tissu économique ne doit nullement être émoussée. Dire que le pays va mal est une vérité de la palisse. Malheureusement, il nous coûte de nous en plaindre car il existe une caste d’individus qui estiment être au-dessus de la légitimité populaire et s’arrogent le droit de déverser, à tous vents, des insanités innommables. la bouche incandescente, telle la gueule d’un dragon piquée par une sagaie, ils râlent à l’antenne ou sur les plateaux des radiotélévisions, se paient des supports pour que leurs voix portent le plus loin possible. Tout ce charivari dont le pays n’a nullement besoin est l’œuvre de personnes à l’égo surdimensionné, repues de prébendes, enfants gâtés d’une république en perte de repères.
Dans ce pays, la parole est devenue insensée, le respect, l’esprit de solidarité et la convivialité sont enfouis dans les poubelles ; le mensonge, la médisance, la calomnie et les crimes économiques ont pris le dessus sur la vertu. Comment voulez-vous que nos enfants aspirent sainement à vivre dans cet univers obscurci par des mains et des comportements sales ? Quelles alternatives s’est-on efforcé de créer pour qu’ils ne succombent pas à la tentation de Barça ou Barsax, et parviennent à se démarquer de tout ce qui est susceptible de les transformer en caïds ?
Nous entendrons les thuriféraires du prince rivaliser de zèle pour faire étalage d’un bilan dont les indicateurs traduisent plus l’enrichissement illicite des courtisans et courtiers de la république, que le soulagement de la grande masse des couches sociales appauvries. Des couches appauvries plus que de raison par le renchérissement du coût de la vie. De 1983 à nos jours, les Sénégalais sont à l’épreuve de politiques économiques cruelles : ajustement structurel, plutôt déstructurant, libéralisme déstabilisateur, pilotage à vue décrit, par coquetterie intellectuelle, sous le vocable de Sénégal émergent.
Et comme si tout cela ne suffisait pas à leur malheur, on en rajoute par des projections économiques basées sur un endettement lourd, en nourrissant l’espoir que demain le pays sera un eldorado grâce à l’exploitation de gisements pétroliers et gaziers hypothéqués à l’avance. Voilà sommairement présenté le Sénégal de la gouvernance « sobre et vertueuse ». Un tableau peu reluisant, certes, mais il semble qu’il en faudra beaucoup plus pour sortir les Sénégalais de leur fatalisme, pour ne pas dire leur torpeur, entrainés sans doute en cela par le lion endormi qui les gouverne.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
MISSION ACCOMPLIE POUR ABDOURAHMANE CAMARA !
Adieu Camou, j’imagine bien vide, aujourd’hui, ta petite place au sein de cette mosquée Aboubacrine Sédikh que tu chérissais tant
1983. le président Abdou Diouf venait d’accéder au pouvoir trois années plus tôt en remplacement du géant — par la stature — léopold Sédar Senghor. La « désenghorisation » battait son plein et la lutte entre les « barons » de l’ère du premier président du Sénégal indépendant et les « rénovateurs » partisans de son successeur battait son plein.
Le débat, au sein de la formation au pouvoir, portait sur « faut-il changer de parti ou changer le parti ? » les partis marxistes venaient d’émerger d’une longue période de clandestinité et étaient encore éblouis par la lumière du jour. le rassemblement national démocratique (RND) du pr Cheikh Anta Diop semblait annoncer les lueurs d’un jour nouveau pour la gauche sénégalaise. pas pour longtemps puisque, quelques temps après, il allait connaître une scission mémorable marquée par le départ de son numéro deux qui est allé fonder le parti pour la libération du peuple (Plp) avec d’autres compagnons. Quant au parti démocratique sénégalais (pds), après sa première participation à l’élection présidentielle de 1978 à travers son candidat, Me Abdoulaye Wade, il s’apprêtait à renouveler l’essai au cours de l’année 1983 justement.
Ce dernier, conscient de la nécessité de briser le monopole du parti socialiste au pouvoir dans le domaine de l’information, avait senti le besoin de disposer de son propre journal avant de se lancer dans cette élection capitale. Surtout, après avoir mis fin au monopole de fait du parti socialiste (Ps) sur la scène politique, et à celui de la Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal (Cnts) dans le domaine syndical à travers la création de l’Union des Travailleurs libres du Sénégal (Utls), dont le premier secrétaire général avait été feu Mamadou Fall « puritain », Me Wade avait entrepris de s’attaquer à une troisième bastille : le monopole de l’information alors détenu par le régime dioufiste.
Ainsi, au début de cette année 1983, ses proches se sont mis à contacter des journalistes susceptibles de rejoindre l’équipe du « quotidien » — en réalité un trihebdomadaire — que le pape du Sopi s’apprêtait à lancer. nous étions une quinzaine à avoir répondu à l’appel et à tenter l’aventure. Il y avait là Pathé Mbodj, un ancien du « Soleil » parti poursuivre ses études au Canada et qui, revenu au pays, devait aller enseigner au Cesti. C’est finalement à la rédaction en chef de « Takusaan » — le nom du nouveau journal — qu’il a atterri. Un journal dont le directeur de publication était Fara Ndiaye, alors numéro deux du pds dont il était le président du groupe parlementaire, et père de l’actuelle ministre française Sibeth. Il y avait là donc Pathé Mbodj, mais aussi Moustapha Touré, Cheikh ba, feus Mame olla Faye et Mamadou pascal Wane (disparu il y a quelques mois et qui repose à Saint-louis où Abdourahmane Camara va le rejoindre aujourd’hui pour l’éternité) en plus bien sûr de votre serviteur, tous en provenance du « Soleil ». plus tard, Mbagnick Diop nous a rejoints de même que le « Tchadien » venu des geôles du président Tombalbaye, Mouhamadou Makhtar Diop (Dieu ait son âme). Et puis, comme un cadeau du Ciel, une nouvelle promotion du Cesti venait de jeter sur le marché du travail des journalistes fraichement diplômés et qui n’en croyaient pas cette chance qui s’offrait à eux d’échapper au carcan de la presse d’Etat. ou du service public si l’on veut. De cette promotion, donc, se sont greffés à nous trois jeunes confrères pétris de talent et pleins d’énergie : Mademba Ndiaye, Tidiane Kassé et…Abdourahmane Kamara qui vient de nous quitter.
L’osmose s’est vite faite entre « anciens » que nous étions, nous qui venions du quotidien gouvernemental, et eux les jeunots. Une équipe formidable qui a secoué le vieux monde de l’information dominée par la langue de bois pour révéler des scandales, alerter, interpeller les pouvoirs publics, les critiquer sans ménagement, donner la parole à ceux qui en étaient privés jusque-là, briser les tabous. le tout dans un style flamboyant, critique, ironique, indigné au besoin. En toute modestie, « Takusaan » avait révolutionné la pratique du journalisme dans notre pays. Abdourahmane Kamara — que Pathé Mbodj appelait « Tonton El » je ne sais plus trop pourquoi — faisait partie de cette équipe-là. brillant reporter, boute-en-train, il était déjà maniaque de l’exactitude de l’information et il nous a livré des papiers de très bonne facture à cette époque-là déjà. Malheureusement, l’expérience « Takusaan » n’a duré que le temps d’une rose et en février 1984, soit un an d’existence, le journal avait mis la clef sous le paillasson. « Camou », le dernier des Mohicans de Walf Quelques mois plus tard, Sidy lamine niasse et Abdou Latif Guèye, tous deux disparus aujourd’hui, lançaient le bimensuel « Wal Fadjri » d’abord en format magazine et avec une ligne islamiste très pro-révolution iranienne, puis en tabloïd avec une périodicité hebdomadaire et enfin quotidienne. l’orientation militante des débuts a cédé la place à une ligne éditoriale professionnelle, le journal étant animé par des journalistes de métier.
Cela fait 35 ans que le journal « Wal-Fadjri » existe et Abdourahmane Camara ne l’a jamais quitté. D’ailleurs, l’idée ne l’a jamais effleuré. Il entendait en être le dernier des Mohicans et il l’a été, vouant une fidélité et une loyauté sans faille à Sidy lamine niasse qui le lui a bien rendu en faisant de lui son homme de confiance, son bras droit, son confident. les éminents confrères qui ont eu à travailler avec lui dans ce quotidien devenu une référence et un patrimoine dans le paysage médiatique national ont témoigné mieux que moi sur les qualités journalistiques de l’homme qui vient de nous quitter pour rejoindre à un an d’intervalle son complice Sidy lamine niasse qu’il vénérait tant. pour ma part, j’ai toujours gardé de bonnes relations avec « Camou » qui remontent aux beaux jours de « Takusaan » lorsque jeunes, enthousiastes, idéalistes et ayant un amour fou pour le journalisme, nous rêvions de changer le Sénégal avec nos plumes. on aura au moins réussi à prouver quelque chose, à savoir qu’il était possible de faire carrière dans la presse privée, sans jamais se fonctionnariser.
Sans bifurquer vers des métiers plus rémunérateurs ou des « stations » plus valorisantes. Un pari fou à l’époque mais que, 35 ans après, on a la satisfaction d’avoir relevé. Mission accomplie pour Abdourahmane Camara qui aura tenu haut le flambeau d’un journalisme professionnel et indépendant des pouvoirs publics plus d’un tiers de siècle durant. le hasard de la vie a fait que, il y a trois ans, j’avais déménagé temporairement de mon domicile, pour cause de travaux, et m’était établi à la Sicap pyrotechnie. le soir même de mon arrivée, alors que mes bagages étaient en train d’être débarqués, Adama Ba, vieux compagnon de route au pds des années de braise et actuel président du conseil d’administration de la société du pôle urbain de Diamniado, est tombé sur la scène.
Quand il a su que j’emménageai là, il m’a tout de suite pris par la main pour me présenter déjà au voisinage ! Et la première maison dans laquelle nous étions entrés, c’était celle de… Abdourahmane Kamara. Accolades, effusions…c’était émouvant. A partir de ce moment-là, j’ai eu deux « ndjatigués » dans cette cité : Adama bâ, bien sûr, mais aussi et surtout Abdourahmane Camara. En plus des visites fréquentes que nous nous rendions, c’est lui qui m’a introduit dans la mosquée Aboubacrine Sadikh — où sa prière mortuaire, en tout cas sa levée du corps, aura lieu ce matin —, me faisant découvrir les bienfaits de la prière de l’aube, moi l’éternel lève-tard ! Et si mes apparitions dans ce lieu de culte étaient elliptiques, Abdourahmane, lui, ne ratait aucune prière, surtout pas celle de l’aube. Il faisait partie des piliers de cette mosquée où il se singularisait en étalant sa petite natte sur l’épaisse moquette.
Une maison de Dieu dans laquelle il prenait plaisir à me présenter à tous les fidèles si bien que, au bout de quelques jours, je connaissais tout le monde. Il était ainsi, « Camou », généreux et fidèle en amitié. Cette cohabitation nous a beaucoup rapprochés, de même d’ailleurs que nos deux épouses. Il avait d’ailleurs tenu à me rendre visite en compagnie de sa femme, lorsque j’ai rejoint ma maison. Après cela, je ne l’ai revu qu’une seule fois, lorsque je suis allé présenter mes condoléances à la famille de Sidy lamine niasse. Avec sa disparition, c’est une page du journalisme sénégalais qui se referme, une des plus instructives sans doute. Une des plus belles aussi. Adieu Camou, j’imagine bien vide, aujourd’hui, ta petite place au sein de cette mosquée Aboubacrine Sédikh que tu chérissais tant et d’où tu partiras aujourd’hui pour un voyage sans retour vers cette ville de Saint-Louis que tu adorais par-dessus tout. A propos de cette petite place dans la mosquée Aboubacrine Sadikh, puisse le bon Dieu t’en offrir une plus vaste dans ses prairies célestes pour un repos bien mérité et éternel !
ABDOU KARIM FOFANA ANNONCE LA FERMETURE PROCHAINE DE MBEUBEUSS
La fermeture de la décharge de Mbeubeuss sera bientôt effective.
La fermeture de la décharge de Mbeubeuss sera bientôt effective. C’est le ministre de l’urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, qui a fait l’annonce hier au cours de son audition par les membres du Haut Conseil des Collectivités Territoriales.
Face aux hauts conseillers des collectivités territoriales, le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, Abdou Karim Fofana, a annoncé la fermeture prochaine de la décharge de Mbeubeuss. «Il y a le programme de modernisation de la gestion des déchets qui intègre la résorption de Mbeubeuss, c’est-à-dire, sa restructuration. L’Etat du Sénégal a pris une option sérieuse en la matière. Un dossier de financement sera présenté au conseil d’administration de la Banque mondiale, en février 2020. Donc, on ne peut pas parler de zéro déchet alors qu’on a encore des dépôts sauvages», renseigne le ministre. Mais, au-delà de Mbeubeuss, l’Etat du Sénégal compte aménager des décharges départementales qui, rassure-t-il, vont respecter les normes. Car, souligne Abdou Karim Fofana, «il ne s’agit pas d’avoir des décharges qui contaminent la nappe phréatique et qui laissent la place à l’incinération produisant aussi des effets de serres». Parlant cependant de l’encombrement, le ministre a réaffirmé l’engagement de l’état du Sénégal à mettre un terme à l’encombrement de la voie publique et les déchets. à cet effet, le ministre invite à un esprit patriotique de dépassement et de l’engagement de tous les acteurs de la société pour la prise en charge de la problématique des déchets.
« Le patriotisme et l’esprit de dépassement doivent nous guider dans la prise en charge de la gestion des déchets »
« Le patriotisme et l’esprit de dépassement doivent nous guider dans la prise en charge de la problématique de la gestion des déchets », souligne le ministre Abdou Karim Fofana. Il poursuit en faisant savoir à ses concitoyens à accepter que le changement de paradigme insufflé par le président de la république Macky Sall dans la gestion des déchets nécessite des ressources financières et humaines importantes que les collectivités territoriales ne disposent pas. « C’est pourquoi une nouvelle forme de collaboration doit être envisagée » rappelle toujours Abdou Karim Fofana qui précise que « l’option de l’État du Sénégal est de remettre aux collectivités la gestion des déchets après la mise en œuvre des investissements nécessaires. Parce que tout ne peut pas être résolu au niveau de l’État central ». Dans cette optique, le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique invite les collectivités à s’impliquer davantage dans la lutte contre l’insalubrité et l’encombrement de la voie publique. « Les collectivités territoriales ont le devoir d’exercer pleinement leurs prérogatives en s’impliquant plus et mieux dans ce combat pour l’insalubrité. Elles doivent être actrices de la campagne nationale de promotion de la propreté, bras armés des opérations de désencombrement, de nettoiement d’aménagement de l’espace public, pilier de la stratégie nationale de la promotion de la propreté et d’amélioration du cadre de vie », a conclu le ministre Abdou Karim Fofana...
Par Abdou Sané
18 DECEMBRE, JOURNEE INTERNATIONALE DES MIGRANTS.
La migration est un mouvement de population (volontaire ou involontaire) dans l’espace : exode rural, déportation, rapatriement, réfugiés, personne déplacée…
La migration est un mouvement de population (volontaire ou involontaire) dans l’espace : exode rural, déportation, rapatriement, réfugiés, personne déplacée… Elle suppose un point de départ et un point d’accueil. Elle est intérieure ou internationale. Face à son ampleur, elle présente des formes et des contenus complexes. En réponse, certaines institutions à l’instar de l’Union Africaine et des nations- Unies y apportent des réponses. C’est dans ce sens que la journée du 18 Décembre a été proclamée journée Internationale des migrants.
Pour sa célébration cette année, nous allons la présenter en lien avec l’environnement dans la région occidentale de l’Afrique. En 1997, des organisations de migrants asiatiques (notamment philippines) célèbrent le 18 décembre comme « journée Internationale de Solidarité avec les Migrants » en référence à l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. S’appuyant sur cette initiative, des structures comme les Droits Internationaux des Migrants et le Comité d’organisation pour la Campagne Mondiale pour la ratification de la Convention Internationale des Droits des Migrants lancent à la fin de l’année 1999 une campagne en ligne pour la proclamation officielle d’une journée Internationale dédiée aux Migrants.
C’est ainsi que le 04 Décembre 2001, l’organisation des nations Unies a proclamé le 18 Décembre journée Internationale des Migrants pour commémorer l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de de leur famille du 18 Décembre 1990 afin de « dissiper les préjugés » sur les migrants et « de sensibiliser l’opinion par rapport à leurs contributions dans les domaines économique, culturel et social, au profit tant de leur pays d’origine ainsi que de leur pays d’accueil. En ces temps de mondialisation et d’interdépendance, la migration internationale pourrait bien devenir un phénomène encore plus répandu.
L’intégration croissante des marchés du travail, la baisse du prix des transports et l’existence de réseaux d’information et de communication et de réseaux sociaux bien établis sont autant de facteurs qui favorisent la mobilité. les migrations sont une réalité incontournable. De nombreuses raisons amènent les gens à se déplacer – que ce soit pour étudier à l’étranger, rejoindre des membres de la famille, chercher un emploi ou des moyens de subsistance, ou assurer un meilleur avenir à leurs enfants.
D’autres quittent leur pays pour fuir la criminalité, la violence, les conflits, la persécution, l’insécurité, la discrimination, les catastrophes d’origine naturelle et la dégradation de l’environnement, ou encore la pauvreté. les migrations volontaires comme les déplacements forcés ont toujours été le lot commun de l’humanité. la plupart des gens comptent probablement parmi leurs ancêtres des personnes ayant migré. Aujourd’hui, la migration mobilise de plus en plus l’attention de la communauté internationale. Mêlés à des éléments d’imprévisibilité, d’urgence et de complexité, les défis et les difficultés des migrations internationales exigent une coopération renforcée et une action collective entre les pays et les régions dans un contexte de dégradation de l’environnement.
De la zone aride au nord à la zone tropicale humide au sud, l’Afrique de l’ouest connaît une variété de changements environnementaux qui influencent les schémas de migration, tant interne que vers l’extérieur, de ses populations. Alors que la désertification et la sécheresse affectent particulièrement certaines zones, les inondations, l’érosion côtière et l’élévation du niveau de la mer sont les principaux dangers dans d’autres. Dans un contexte où les ressources naturelles constituent la base des moyens de subsistance et de la sécurité alimentaire, la dégradation de l’environnement impacte de façon complexe la vulnérabilité des populations et ses capacités de résilience.
Affectés par les mêmes menaces climatiques, la vulnérabilité et la probabilité de migrer des individus/ménages sont influencées par leur dépendance aux ressources naturelles, leur statut socioéconomique, et leurs caractéristiques démographiques. Compte tenu de ces différences, il est nécessaire que des politiques soient mises en œuvre pour répondre aux besoins particuliers des populations locales. Ces dernières doivent être informées des changements environnementaux actuels et futurs. la mobilité découlant de l’environnement ne peut pas être considérée comme un comportement strictement rationnel fondée sur la vulnérabilité réelle, les décideurs doivent également tenir compte de la vulnérabilité perçue par les personnes concernées. Créer des infrastructures d’accueil et mettre en place des mécanismes de protection des migrants et des personnes déplacées est une étape nécessaire pour atténuer les risques futurs. Il serait souhaitable que les autorités régionales aussi travaillent en synergie pour renforcer la résilience des communautés d’origine aux chocs climatiques, mais aussi faire de la migration une stratégie d’adaptation. les outils juridiques pour le faire existent à travers entre autres, la Convention de Kampala.
L’ONU joue un rôle actif de catalyseur dans ce domaine, dans le but de créer davantage de dialogues et d’interactions au sein des pays et des régions, de favoriser les échanges d’expériences et les possibilités de collaboration. A l’occasion de cette journée, l’Onu encourage tous les états invités, états membres des nations unies, organisations intergouvernementales et non gouvernementales, à fournir des informations sur les droits de l’homme et sur les libertés fondamentales des migrants, à partager leurs expériences et à entreprendre des actions qui assurent leur protection.
A l’ensemble des migrants à l’échelle planétaire, nous leur souhaitons une bonne célébration de cette journée qui leur est dédiée et que nous partageons avec eux !
Monsieur Abdou Sané
Ancien député
Géographe- Environnementaliste
Président de l’Association Africaine pour la Promotion de la Réduction des Risques de Catastrophes.
En termes de Management de la Très haute performance (MThp), la Structure suit la Stratégie. C’est après avoir défini et arrêté votre Stratégie que vous mettiez en place la Structure la plus à même de porter avec efficacité et efficience, votre Stratégie. Pour une mise en oeuvre réussie. Et c’est là, toute la difficulté pour le président Macky Sall, parce que sa Structure actuelle -Benno Siggil Sénégal (BSS)- n’est plus en phase avec sa nouvelle Stratégie de Communication. Benno Siggil Sénégal était la structure (parfaite à l’époque) de la Stratégie de Communication de l’offre, parce que son candidat de l’époque, Macky Sall, ‘’voulait le pays’’.
Dans cette approche, nous sommes dans le registre des promesses, des largesses, des déclarations, des intentions et des professions de foi. Nous sommes, sous ce rapport, dans le registre de la déclamation de ce que nous comptons et allons faire. C’est ce qu’on appelle en Management de la Très haute performance, le temps de la pédagogie active, le temps de la pédagogie explicative. C’est cette Stratégie-là, qui avait comme Structure et réceptacle de mise en oeuvre, Benno Siggil Sénégal, qui a fini pour ‘’balayer le président Wade’’.
De 2012 à 2018, le régime, à la faveur de la mise en oeuvre du plan Sénégal Emergent (2014), était encore dans la Stratégie de la pédagogie active et de la pédagogie explicative et pour cela, rien de tel qu’une Structure comme Benno Siggil Sénégal (BSS), pour porter cette Stratégie de la double pédagogie. Et BSS a pleinement joué son rôle et a très bien fonctionné. Seulement, de 2012 à 2018, en termes de Stratégie de Communication, le régime était dans la Stratégie de la Communication de l’offre. Il fallait donc faire, dérouler, exercer, piloter, gouverner et évaluer. Comme on disait, ‘’donnez-nous le pays, oui on peut. on vous a donné le pays. Maintenant……. peut’’, pour parler comme nos frères ivoiriens.
Et c’est là où réside toute la difficulté de l’exercice qui est celui de la Transition en Communication stratégique, un chapitre du Management de la Transition et du Changement. le Chef de l’Etat veut changer complètement de Stratégie de communication - en adoptant lui-même et en faisant adopter à ses partisans-, la Stratégie de la Communication par l’Action, la Stratégie de la Communication démonstrative-, tout en gardant une Structure -Benno Siggil Sénégal- qui n’est plus adaptée à cette nouvelle ligne de communication.
D’une Stratégie de Communication de l’offre en 2012, doit succéder une Stratégie de Communication pour la Demande en 2019, parce que dans l’intervalle, le Demandeur a reçu ce qu’il demandait (le pays) depuis 7 ans et ses différents gouvernements mis en place, ont pris des initiatives et mené des actions sur sa Vision et sous son autorité. Et qui a donné des résultats probants même si tout n’est pas rose…...
D’une Structure - Benno Siggil Sénégalqui a grandement et efficacement porté la Stratégie de Communication de l’offre (du candidat et du premier mandat), devrait être remplacée par une toute nouvelle Structure - la nouvelle Majorité présidentielle- pour porter efficacement la (nouvelle) Communication gouvernementale - celle de la Communication pour le Demande (pour parler du bilan du premier mandat et pour parler du programme du deuxième mandat ‘’5-3-5’’). En définitive et à y regarder de plus près, ce n’est pas que le gouvernement ne communique pas ou communique mal, c’est tout simplement que la Structure - Benno Siggil Senegal (BSS)- n’est plus adaptée à la circonstance et aux nouveaux enjeux.
BSS fut une Structure appropriée pour porter la Stratégie de Communication de la pédagogie active et explicative dont la séquence temporelle a commencé en 2012 et a fini en 2019. BSS n’est plus appropriée pour porter la Stratégie de Communication de la pédagogie par l’action et la pédagogie prospective dont la séquence temporelle commence en 2019 et finit en 2024. Surtout que l’Apr (ses militants), a fini d’occuper tout l’espace au BSS, tout en se la jouant en solitaire et par mise à côté des autres militants de partis qui composent BSS. Ce sont souvent, les mêmes (de l’Apr) qui parlent, souvent c’est le même ordre du discours de 2012 à 2019, si bien que le discours n’est plus appétissant, n’est plus mobilisateur et très lassant et décourageant. L’Apr a fini de phagocyter BSS qui lui-même, phagocytose la communication gouvernementale et BSS est en retard de 5 ans, sur les réponses qu’il apporte aux questions qui lui sont posées. parce que BSS subit sa communication.
Parce que BSS n’est plus acteur de sa propre communication. Parce que BSS est rebelle et séparatiste envers et contre les nouveaux soutiens et nouvelles amitiés du président Macky Sall. parce Que BSS est dans la communication réactive, dans la communication de riposte au sens médical du terme, dans une communication défensive.
En termes de Communication, BSS n’est plus dans la Stratégie et dans la Tactique, mais dans les manoeuvres et les opérations…. oubliant peut-être que c’est en temps de paix que l’on prépare la guerre parce que quand c’est urgent, c’est déjà trop tard. le président veut changer de paradigme dans l’angle d’approche de la Communication de son gouvernement, sans pour autant, dans le même temps et sous le même rapport, ne pas changer et faire évoluer la Structure qui doit porter sa nouvelle Stratégie, ou du moins, pour le moment. N’est ce pas que faire de la campagne électorale, c’est faire de la poésie. Mais gouverner, c’est faire de la prose. pour la communication du gouvernement, le temps de la poésie semble être déjà vécu (2012-2019). Place à la prose, en termes de communication gouvernementale, sur la période 2019-2024.