Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le financement supposé ou réel d’un Gie mis en place par Zahra Iyane Thiam, la Délégation à l’entrepreneuriat rapide est citée dans un scandale
La Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) n’en finit pas de faire parler d’elle. Au-delà des sommes faramineuses dégagées pour le financement des détenteurs de projet, la structure est aussi confrontée à ses propres turpitudes. Le cas du menuisier Senghane Diallo en est une parfaite illustration. Lors de la cérémonie de remise de chèques organisée en août 2018, le jeune homme était tout heureux de recevoir, des mains du chef de l’Etat, un spécimen de chèque de 15 millions de francs Cfa. Par-là, l’Etat montrait à la face du monde qu’il a bel et bien accepté de financer, via la Der, son projet de renforcement de capacités.
Quelques jours plus tard, il a été très heureux d’être appelé par la Bnde pour venir récupérer son financement, conformément aux engagements. Une fois dans les locaux de cet établissement de crédit, il a failli tomber des nues. En effet, en lieu et place d’un financement de 15 millions, on tente de lui faire signer un contrat de 5,5 millions de francs Cfa. Il dit alors niet, puisque c’est devant le chef de l’Etat et les écrans du monde qu’on lui a tendu un chèque de 15 millions, sur sa demande.
‘’Si vous revoyez les images, j’étais juste à la gauche du président. A un moment, il me taquinait même en tirant sur ma barbe’’, se rappelle-t-il désemparé.
Pour tirer les choses au clair, il appelle directement les autorités de la Der. ‘’Ils ont dit que c’est une erreur, avant de me conseiller de prendre la somme indiquée, à charge pour eux de compléter. J’ai alors pris et je suis parti acheter une partie du matériel. Je leur ai apporté toutes les factures, mais j’étais bloqué, puisqu’il me manquait encore des choses à acheter pour dérouler correctement mon projet’’.
Mais Senghane n’était pas au bout de ses peines. Au cours d’une visite de terrain, les autorités de la Der lui signalent, qu’en réalité, c’est eux qui se sont trompés en lui faisant un chèque de 15 millions lors de la cérémonie. Son projet ayant été réévalué et financé à hauteur de 5,5 millions de francs Cfa. Courroucé, il leur dit : ‘’Danguen ma yapp wala ? (Vous vous foutez de ma gueule ou quoi ?). Moi, je suis passé par les voies normales pour déposer. Je n’ai eu aucun bras long ; c’est eux qui m’ont contacté pour me dire que mon projet a été retenu ; ils m’ont invité à la cérémonie ; ils m’ont fait remettre devant le monde entier un chèque de 15 millions par le président de la République lui-même. Je ne peux donc prendre 5,5 millions comme si de rien n’était.’’
Face à son refus catégorique, les services de Papa Amadou Sarr promettent alors de diligenter l’affaire. Quelques jours après, M. Diallo reçoit un autre versement de 2,5 millions de francs, dans des conditions peu transparentes, selon ses dires. ‘’Je n’ai signé aucun contrat, aucun avenant, contrairement à la première fois. Je leur ai demandé pourquoi ce virement, puisqu’ils me devaient 9,5 millions ? Ils m’ont dit de gérer ça en attendant’’. Plus tard, face à l’insistance du menuisier qui dénonce un acte visant à lui fermer sa bouche, la Der et la Bnde se rejetteront la faute, du fait qu’aucun document n’a été signé avant le retrait de ces 2,5 millions supplémentaires.
En tout état de cause, le menuisier, lui, dit ne pas avoir besoin de l’argent du contribuable. ‘’Tout ce que je veux, c’est qu’ils respectent leur part du contrat, afin que je puisse continuer mon projet. Cet argent ne m’appartient pas. Je veux juste avoir les financements nécessaires pour poursuivre mes activités comme je l’avais projeté. Mais tant qu’ils ne m’auront pas complété la somme, je ne pourrais rembourser, car mon projet se trouve bloqué’’.
Plus cocasse encore, le bonhomme jure que, jusqu’à présent, malgré les nombreux appels au remboursement, personne n’a daigné l’appeler. ‘’Mais moi, fulmine-t-il, je n’ai pas besoin de cet argent qui ne m’appartient pas. Tout ce que je veux, c’est qu’ils respectent leur engagement, que je puisse travailler pour rembourser. Comme ça, d’autres jeunes pourront en bénéficier’’.
Ce dossier brûlant sur la table de la Der fait suite à celle impliquant la ministre en charge de l’Economie solidaire. Cette dernière avait servi une citation directe au patron de la structure, Papa Amadou Sarr, qui l’avait citée parmi les bénéficiaires de financements, pour un montant de 150 millions de francs Cfa, via son Gie And Jeego. A en croire la ministre, le Gie susvisé n’a eu à bénéficier que d’une promesse de financement.
Ces scandales surgissent dans un contexte où l’Etat est en train de remuer ciel et terre pour obliger les bénéficiaires à rembourser leurs financements.
par François Soudan
FCFA, TROIS SIÈCLES DE SERVITUDE
Il est temps de couper ce cordon ombilical monétaire qui trouve ses racines dans le processus de précolonisation complémentaire de la traite négrière
Jeune Afrique |
François Soudan |
Publication 17/12/2019
Les jours du franc CFA sont comptés. Alors que la quasi-totalité des pays membres de la zone franc célébreront en 2020 le soixantième anniversaire de leur indépendance, il est plus que temps de couper, avec précaution, ce cordon ombilical monétaire qui trouve ses racines dans le processus de précolonisation complémentaire de la traite négrière.
L’Histoire ne nous permet pas de prévoir, mais elle nous aide à mieux voir. Cet aphorisme inspiré de Paul Valéry est l’une des clés pour comprendre les fondements (pas toujours conscients) de la remise en question du franc CFA par un nombre croissant d’intellectuels, d’économistes, de politiciens et de chefs d’État africains francophones.
On ne sait pas avec précision sur quoi débouchera ce profond mouvement d’opinion, mais que ses résultats relèvent du simple aménagement cosmétique, comme le souhaitent ouvertement les présidents Ouattara et Sall, ou de la réforme systémique prônée par leurs homologues Issoufou, Talon et Déby Itno, une chose est sûre : les jours du franc CFA, tel qu’il fut créé il y a tout juste soixante-quatorze ans par un décret signé Charles de Gaulle, sont désormais comptés.
L’arme monétaire
Interroger le passé pour mieux appréhender le présent, c’est se rendre compte à quel point les puissances européennes ont jadis utilisé l’arme monétaire pour subjuguer l’Afrique. Les historiens François-Xavier Fauvelle (Le Rhinocéros d’or) et Toby Green (A Fistfull of Shells) racontent, chacun à leur manière, cette séquence méconnue du processus de précolonisation complémentaire de la traite négrière.
Avant même l’explosion, à la fin du XVIe siècle, du commerce des esclaves, ce qui intéressait avant tout les négociants arabes et européens au sud du Sahara, c’était l’or. La poudre d’or était destinée à être fondue en lingots, puis battue en monnaie. Avec ce métal précieux, les royaumes africains exportaient une devise forte, dont le cours ne se dépréciera qu’avec la mise en exploitation de mines concurrentes en Amérique du Sud. En échange, ils recevaient des « devises » faibles – armes, tissus, chevaux, verroterie – rapidement périssables. Le troc, déjà, était inégal.
La suite de l’histoire est édifiante. Prenons le cas de deux des constructions étatiques les plus sophistiquées du XVIIe siècle : le royaume du Bénin, dans le sud-ouest de l’actuel Nigeria, et celui du Kongo, qui s’étendait de l’Angola au Gabon, via le Congo. Tous deux battaient leur propre monnaie.
Le Bénin bénéficiait d’un double système monétaire, basé sur l’utilisation de coquillages locaux et de manilles en métal. Le Kongo, lui, avait généralisé l’usage d’Olivella nana – appelée nzimbu –, la coquille d’un escargot de mer issu d’une pêcherie féminine de l’île de Luanda. Les nzimbus étaient calibrés au tamis de façon à constituer des paniers de valeurs.
Cette combinaison financière fonctionnait avec beaucoup de fluidité, comme le rapportent nombre de témoignages de l’époque, jusqu’au jour où ces deux royaumes sont entrés en conflit avec les négriers portugais, hollandais, britanniques, français et espagnols pour un motif que l’historiographie coloniale n’a jamais voulu reconnaître : leur refus de vendre leurs sujets en esclavage.
Contrariées de se voir privées de ces inépuisables réserves de bois d’ébène, alors même que l’essor de l’agriculture dans les Amériques augmentait de façon spectaculaire la demande d’esclaves africains, les puissances européennes vont s’employer à déstabiliser ces royaumes incommodes.
Nous sommes à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe. Il n’est donc pas encore question de monter des expéditions punitives, les colonnes de tirailleurs de la sanglante conquête coloniale viendront bien plus tard.
Enfermés dans leurs comptoirs côtiers, où abordaient les navires négriers venus de Liverpool, de Lisbonne, de Nantes ou de Bordeaux, les Européens jouent sur les conflits locaux en armant les vassaux contre leurs maîtres et en finançant des petites principautés belliqueuses avides de bénéficier du fruit de la traite, lesquelles préfigurent certains des régimes postcoloniaux mis en place au lendemain des indépendances.
Parallèlement, ils organisent la faillite économique des capitales rebelles, Edo et Mbanza Kongo, en inondant les circuits de distribution de leurs propres textiles manufacturés. Avant d’user de l’arme fatale : le krach fiduciaire.
Afin de retirer aux royaumes la maîtrise de leur masse monétaire, des dizaines de galions débarquent sur les côtes du Golfe de Guinée d’énormes cargaisons de cauris importés des îles de l’océan Indien. En quelques années, les nzimbus disparaissent des circuits d’échange au profit de ces coquillages calibrés dont les Européens contrôlaient seuls l’importation et la distribution. Atteintes de plein fouet au cœur de leur souveraineté, les monarchies ne s’en remettront jamais.
Couper le cordon
Quand on sait que, plus de trois siècles plus tard, les billets en usage dans les quinze pays de la zone franc sont imprimés à Chamalières, ville dont le maire est l’un des fils de l’ex- (et très « françafricain ») président Giscard d’Estaing, et les pièces de monnaie frappées à Pessac, dans la banlieue de Bordeaux, d’où partirent un demi-millier d’expéditions négrières ; quand on connaît aussi le rôle majeur que joue le Trésor français, auprès duquel sont déposées sur un compte d’opérations entre 50 % et 65 % des réserves de change des banques centrales de l’Uemoa, de la Cemac et des Comores, on se dit que, tout au moins au niveau symbolique, rien n’a vraiment changé.
Certes, jeter sans préavis le bébé avec l’eau du bain présente des risques qu’il convient d’éviter. Mais si l’on veut empêcher que se propage l’amalgame toxique entre franc CFA et perpétuation de la « servitude monétaire » (formule développée il y a quarante ans dans un ouvrage paru aux éditions Jeune Afrique par l’économiste camerounais Tchundjang Pouemi et reprise depuis par le Togolais Kako Nubukpo), il n’y a pas d’autre choix que d’envisager de couper, avec précaution, le cordon ombilical.
En 2020, la quasi-totalité des pays membres de la zone franc célébreront le soixantième anniversaire de leur indépendance. Le moment idéal pour qu’un symbole en efface un autre.
François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
par Mamadou NDIAYE
DU SEL SUCRÉ QUELQUE PART AU SALOUM
En se révélant moins dangereux pour la santé, il suscite un intérêt croissant dans le bassin arachidier où se livre, à armes inégales, une âpre bataille de collecte et de conquête sur fond d’une sourde tempête
Le sel, pas le sucre, aiguise des appétits. En se révélant moins dangereux pour la santé, il suscite un intérêt croissant dans le bassin arachidier où se livre, à armes inégales, une âpre bataille de collecte et de conquête sur fond d’une sourde tempête. Celle-ci est prévisible. En raison justement des enjeux que soulève ce produit très prisé.
A perte de vue s’étendent, dans les deux régions voisines du Sine et du Saloum des marais salants, lieu de production du sel. Lequel est extrait de larges bassins de rétention d’eau de mer. Sous le soleil, cette eau s’évapore et se cristallise en déposant une abondante récolte. Les travailleurs évoluant dans ce secteur sont des paludiers, dont le nombre croit au rythme des saisons.
Cette ruée vers le sel s’explique par les revenus substantiels qu’il procure à toute une série d’acteurs allant des tâcherons aux artisans en passant par les intermédiaires et les industriels. L’arrivée de ces derniers inquiète déjà les populations qui redoutent la convoitise de leurs terres. Un des opérateurs privés, qui cherchait à disposer de 850 de terres, vient d’être débouté de sa requête jugée « inappropriée. »
L’annonce du rejet par le gouverneur de Kaolack à l’issue d’une délibération foncière, a soulagé les villageois des zones comprises entre Gamboul et Sibassor. Si le combat n’est pas gagné d’avance, la vigilance s’impose. Les acteurs de la filière s’organisent. Ils se mobilisent pour lever certains paradoxes : d’abord, le sel recueilli étant impropre à la consommation, il est vendu à vil prix. Le sac de 25 kilos est cédé à… 225 francs ! La tonne de brut vaut 8 000 francs CFA. La même tonne, retraitée et raffinée, est vendue à l’export près de 40 000 francs. En Europe, principale destination du sel sénégalais, l’usage est multiple mais il sert à dégivrer les villes envahies par la neige. Enfin, un juteux filon qu’exploite en toute discrétion l’entreprise « Les Salins du Saloum » qui exporte à elle seule plus du tiers de la production totale estimée à quelque 400 mille tonnes de sel.
A ces paradoxes, s’ajoute une autre incongruité : l’entreprise Patisen importe quelque 30 mille tonnes à l’année pour l’assaisonnement des bouillons de cuisine de ses productions alimentaires. L’Etat du Sénégal laisse faire en fermant les yeux sur ces entraves à l’écoulement de la production locale de sel. Le PDG de cette unité industrielle prospère, Youssef Omaïs en l’occurrence, devrait s’investir davantage dans le créneau en absorbant une bonne partie du sel extrait à l’état brut. Cela peut se faire en renonçant à importer du produit fini qui s’apparente à une évasion de devises et à une perte notable de recettes fiscales. Qui plus est, les sommes injectées dans l’importation de sel, une fois réinjectées dans la production locale servirait à revaloriser la filière avec des méthodes améliorées d’extraction, de raffinement et de conditionnement censées répondre aux exigences du marché.
Non seulement une telle perspective relancerait l’activité, mais mieux, elle aurait un double impact sur l’emploi et le label. L’appellation d’origine permettrait à notre sel d’avoir un positionnement attractif avec un soutien conséquent des pouvoirs publics notamment dans l’organisation de la filière et des acteurs. La fluctuation du prix au producteur et des réserves expose le marché à de fâcheuses incertitudes pouvant porter préjudice à l’image du sel sénégalais également consommé dans la sous-région ouest-africaine. La production artisanale ne paie pas de mine vis-à-vis de l’exploitation industrielle. Pour corriger ces disparités et atténuer les écarts de revenus tirés de ce secteur en expansion, la DER (entreprenariat rapide) a fait un pas notable. Elle a alloué près de 2 milliards de francs aux acteurs sous forme de prêts bonifiés en guise de compléments à l’appui bancaire octroyé pour consolider l’activité au plan financier.
A cet égard, Kaolack regorge de sel ciblé par les multinationales. D’ailleurs, celles-ci ne lésinent pas sur les moyens pour faire main basse sur cette richesse qui se heurte toutefois à la difficulté de remboursement des crédits octroyés par les banques. La tourmente financière affecte toute la chaîne de valeur qui, faute d’assainissement, risque de laisser de nombreux travailleurs sur la touche. C’est le moment que choisissent de lucides acteurs pour inviter les Sénégalais à se réveiller plutôt que d’ânonner à longueur de semaines « France dégage ». Au Sénégal de s’engager !
La furie jihadiste s’installe dans la durée au Mali. Des voix de plus en plus audibles s’élèvent pour fustiger l‘immobilisme socio-politique. L’une de ces voix, et sans doute pas la moindre, celle du Président du Patronat malien, Mamadou Coulibaly, affirme sans ambages que la création d’emplois est l’unique réponse à la tentation du diable qui séduit les jeunes très portés vers des aventures mortifères. Il sait de quoi il parle.
Pour lui, les mouvements jihadistes recrutent en proposant entre 50 mille et 100 000 francs aux jeunes. Il invite les entreprises maliennes à s’engager dans la lutte contre le désoeuvrement, la crise sociale et la perte de repères afin de redonner espoir et inspiration aux jeunes de son pays. M. Coulibaly fait fi des réticences. Face à une tragédie de cette ampleur, les employeurs du secteur privé du Mali ont à privilégier la fibre patriotique convaincu que dans une période trouble le gouvernail est tenu par des gens qui ont un sens aigu de l’étape, des responsabilités, du courage,
Le patron des patrons maliens dissimule mal ses états d’âme face au chaos économique qui défigure le Mali. L’économie doit servir le peuple et non l’inverse, selon lui. Gagnés par un dur quotidiens, nombre de ses compatriotes vivent reclus, Dans aucun de ses aspects, Bamako ne semble briller. La faiblesse des investissements dans les régions éloignées fragilise l‘appartenance au socle national soumis à rude épreuve. Le capitaine d’industrie avertit que l’exaspération sociale a besoin d’inventivité pour secouer le pouvoir de marché en vue de constituer une alternative au jihadisme qui ne brandit plus de projet messianique mais fascine les franges juvéniles par le clinquant, le fringant et le trébuchant.
Par Abdarahmane WONE
FAIRE TAIRE LES ARMES EN AFRIQUE, LE ROLE CAPITAL DES JOURNALISTES
Ce qui intéresse le journaliste c’est le train qui déraille et non le train qui arrive à l’heure », a-t-on l’habitude d’entendre presque dans toutes les écoles de formation en journalisme.
Ce qui intéresse le journaliste c’est le train qui déraille et non le train qui arrive à l’heure », a-t-on l’habitude d’entendre presque dans toutes les écoles de formation en journalisme.
Si cette formule permet de mettre en exergue le caractère inédit de l’information de presse, elle laisse en rade un grand champ de ce que serait celle-ci. Elle a aussi la limite de réduire le journaliste à un simple spectateur des sinistres alors qu’il ne saurait être une personne désincarnée et déshumanisée !
Présent à Aswan, en Egypte, à une rencontre d’experts de haut niveau, autour du thème : « Faire taire les armes en Afrique», il nous a été donné d’aborder ce thème et de soutenir qu’il n’est pas plus attribuable aux experts de la paix et de la sécurité qu’aux professionnels de l’information et de la communication.
Faire taire les armes en Afrique intéresse tous les fragments de la société (les jeunes, les femmes, les militaires et les civils). Il intéresse aussi les artistes, les journalistes et les bloggeurs. Car, les experts à eux seuls auront du mal à acheminer ce message jusque dans les coins les plus reculés de l’Afrique et de sa diaspora.
Les professionnels de l’information et de la communication qui maîtrisent les contours des médias traditionnels et des médias sociaux ont un rôle plus que capital dans cet objectif d’endiguer les conflits armés en Afrique. Comme les autres et de toute évidence, ils sont aussi épris de paix et de justice.
Ce thème retenu comme celui de l’année 2020 et qui a été adopté par le conseil exécutif de l’Union africaine en appelle à leur sens connu de responsabilité pour accompagner valablement et de manière efficiente sa vulgarisation.
Par anticipation, nous souhaitons à toutes et à tous une bonne et heureuse année 2020, une année où les armes se tairont en Afrique et ailleurs.
DEUX CORPS DE SÉNÉGALAIS BLOQUÉS POUR MOINS DE DIX MILLIONS
Alassane Diallo né le 16 juin 1993 à Hamdallaye et Abdoul Diallo né le 1 er janvier 1992, deux cousins, sont morts asphyxiés dans une ferme à Yegen, en Espagne, depuis plus deux mois.
Alassane Diallo né le 16 juin 1993 à Hamdallaye et Abdoul Diallo né le 1 er janvier 1992, deux cousins, sont morts asphyxiés dans une ferme à Yegen, en Espagne, depuis plus deux mois. Originaires du village de Gourel Bocar, département de Tambacounda, arrondissement de Missirah, les victimes, mariées et pères de deux enfants, vivaient ensemble dans la province de Grenada. Ils ont été tués dans leur sommeil dans des conditions dramatiques. L’enquête a conclu à une mort par asphyxie. Depuis plus d’un mois, les corps ont été remis aux autorités consulaires et se trouvent dans un funérarium en attendant d’être rapatriés. Pour seulement six millions, le ministère des Affaires étrangères se conforte dans du dilatoire ou dans des lourdeurs administratives qui accréditent la thèse de la crise de trésorerie. Ni le Ministre Amadou Bâ ancien grand argentier de l’Etat, encore moins le secrétaire d’Etat Moïse Sarr contactés par «L’As», n’ont su apporter la réponse qui soulagerait la famille des défunts. Les enfants et les veuves des disparus ne peuvent faire leur deuil faute de corps «oubliés» par nos autorités plus préoccupées par les fastes. Peut-être que le chef de l’Etat, ou la Première Dame, répondra à l’appel de détresse de ces familles doublements meurtries.
VOICI L’HISTOIRE …
Un ressortissant sénégalais nommé Moussa, 30 ans, travaillait depuis quatre mois pour le compte d’un propriétaire de ferme à Cortijo la Zulla à Yegen (Grenade). Pour dix heures de travail, il faisait la cueillette de tomates et d’haricots et était payé 45 euros par jour. Il n’avait pas de contrat. Il vivait dans une sorte de grange à l’intérieur du domaine. Début septembre, son patron lui a demandé de lui chercher plus d’immigrants pour l’aider dans une campagne de récoltes. Quelques jours plus tard, le propriétaire conduit Moussa à Roquetas de Mar où vivaient ses trois frères. Ils ont ramené avec eux les deux frères Abdoulaye et Alassane Diallo, âgés de 21 et 26 ans respectivement, et sont retournés à la ferme. Le 23 octobre, ils sont retrouvés morts sur leur lit. Ils ont inhalé du monoxyde de carbone alors qu’ils dormaient dans la grange qui servait à garder des outils et des produits phytosanitaires toxiques. Ils se levaient toujours à six heures du matin. Quand Moussa est allé les chercher, il les a découverts sans vie, allongés sur le matelas où ils dormaient sur le sol froid. Affolé, il a couru pour avertir le propriétaire. Après constat de la mort des deux frères, le propriétaire lui a dit de partir au risque de voir la garde civile arriver et l’arrêter pour défaut de papiers et complicité d’homicide involontaire.
DECLARATION DEVANT LE JUGE
Après le drame, Moussa a téléphoné à son frère aîné et lui a raconté ce qui s’était passé. Quelques heures plus tard, le grand frère nommé Mamadou Diallo, 45 ans, est venu à Yegen et ensemble, ils se sont rendus au siège de la Garde civile. Ils ont raconté aux agents la même chose qu’ils avaient dite la veille au chef adjoint du tribunal d’Órgiva, qui a demandé que l’affaire soit instruite. D’une voix brisée, Mamadou avoue : «Cela fait très mal. Deux personnes très jeunes sont mortes comme ça, dans la même pièce. Le 19 septembre, cet homme les a pris ici dans ma maison et après cette tragédie, il dit qu’il ne les connaît pas comme s’il s’agissait de vulgaires chiens !» Moussa n’a pas encore retrouvé tous ses esprits et rappelle le moment où il a retrouvé ses frères sans vie. «C’était très difficile de se souvenir de tout à nouveau, devant le tribunal. Il se désole de les avoir amené travailler làbas. Moussa avait rencontré le propriétaire «EG» en 2018 à la gare routière de Roquetas de Mar. Il l’avait recruté pour venir travailler dans sa ferme sachant qu’il n’avait pas de papiers.
L’immigrant avait travaillé pendant une saison, après l’été, mais l’homme n’avait payé que la moitié de ce qu’il devait, prétextant qu’il y avait eu de nombreuses tempêtes et que les jours concernés ne comptaient pas. Malgré tout, en juin de cette même année, le propriétaire l’a rappelé et le Sénégalais a accepté le poste, de même pour ses frères morts. Ils disent qu’une douzaine de personnes de nationalités différentes travaillaient dans la même ferme, même si seuls les trois Subsahariens y dormaient. Quand la communauté sénégalaise a eu écho de ces conditions de vie, elle était consternée, explique As Mané Kanté, un ami compatriote de la famille Diallo. «Les deux étaient mariés et avaient des enfants. L’un avaient trois enfants et l’autre deux. Le premier arrivé était Moussa et le propriétaire l’avait hébergé dans une cabine qui n’avait pas de lumière, mais un panneau solaire. Ils avaient une douche mais l’eau n’était pas potable. S’ils voulaient boire, ils devaient aller la chercher dans un réservoir.» Sur les 45 euros qu’ils ont gagnés en travaillant dix heures par jour, EG en déduisait les frais pour la nourriture et pour le dortoir.
CE QUE LE PROPRIETAIRE DE LA FERME A TENTE DE CACHER
À 11 h le 23 octobre 2019, EG a appelé la Garde civile pour l’avertir qu’il avait trouvé deux corps sans vie dans une cabine de sa ferme. À leur arrivée, les agents lui ont demandé s’il connaissait les défunts, mais il a répondu non, qu’il ne connaissait même pas leurs noms, qu’il leur avait donné refuge deux jours auparavant car ils n’avaient nulle part où se réfugier. Seulement les Gardes civiles n’ont pas cru à cette version des faits. Des agents scientifiques ont inspecté l’intérieur de cette cabine et lorsqu’on lui a demandé s’il avait touché quoi que ce soit, l’homme a répondu qu’il n’avait sorti qu’un bocal de métal avec des braises. Le même jour dans l’après-midi, Moussa et Mamadou Diallo se sont présentés au siège de la garde civile comme étant des frères des défunts qui travaillaient pour EG depuis le 19 septembre. Ils n’étaient pas enregistrés à la Sécurité sociale car ils se trouvaient en situation irrégulière en Espagne. Ils résidaient à Roquetas de Mar où ils travaillaient avant de participer à la campagne de récolte de fraises à Huelva. Moussa dormait dans une grotte, à environ 50 mètres de la cabine. Le 22 octobre, les trois frères avaient terminé leur journée à 18h30. Ils ont dîné ensemble dans la cabine et après avoir regardé la télévision, ils se sont couchés.
À six heures du matin, il est allé les chercher. Il a trouvé la porte et les fenêtres fermées et ses deux jeunes frères étaient morts. Le propriétaire aux initiales «EG» a été arrêté pour présumé meurtre et non-respect des droits de travailleurs, le 29 octobre passé. Il a été remis en liberté provisoire, avec obligation d’aller se présenter le 1er de chaque mois. Il notait dans un cahier les sommes d’argent qu’il leur donnait et ce qu’il escomptait pour la nourriture et pour dormir dans la maison de l’outillage où Abdoulaye et Alassane avaient été retrouvés morts. Jusqu’à ce matin fatidique, il n’avait remis que 400 euros à Moussa et les enquêteurs avaient retrouvé la décharge. Après avoir été libéré, le propriétaire de la ferme s’est déplacé à Roquetas de Mar pour aller remettre à Moussa et Mamadou en mains propres l’argent qu’il devait à ses défunts frères. Un montant de 990 euros pour Abdoulaye, 740 euros pour Alassane et une contribution de 250 euros pour couvrir les frais funéraires. Jusqu’à ce jour, les corps n’ont pas été enterrés et sont en attente d’être rapatriés. Les frères Moussa et Mamadou veulent qu’on les aide à ramener les dépouilles de leurs frères au Sénégal. Le consulat du Sénégal avait offert son aide pour le rapatriement mais jusque-là, aucun acte n’a été posé.
Avec le site Samarew.com
MOUSTAPHA CISSE LO S’ATTAQUE A NIASSE
Les mises en garde et autres appels au calme n’ont pas suffi pour raisonner le bouillant président du Parlement de la cedeao.
Les mises en garde et autres appels au calme n’ont pas suffi pour raisonner le bouillant président du Parlement de la cedeao. Après ses camarades de l’Alliance Pour la république (Apr), Moustapha cissé Lo s’attaque cette fois-ci à la gestion du président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse
Décidément, El Pistoléro n’en a pas encore fini de faire la guerre à ses partisans de la mouvance présidentielle. Après ses frères de parti Yakham Mbaye et Farba Ngom, c’est au tour de Moustapha Niasse de subir sa furie. D’autant que Moustapha Cissé Lo demande l’audit de la gestion de l’Assemblée nationale. Selon le député et vice-président de la deuxième Institution du pays, «il y a une mauvaise gestion de l’Assemblée. Il n’y a pas de transparence, ni de contrôle des ressources destinées à son fonctionnement». Dans une note parvenue à notre rédaction, il se targue d’avoir dirigé, quatre années durant, le Parlement de la Cedeao, sans qu’aucune faute ne lui ait été imputée, et demande à ce que l’on s’inspire de son modèle de gestion. «Je tiens à préciser que, sur la demande du conseil des Ministres ainsi que sur la mienne, l'institution communautaire a été auditée à deux reprises.
Aujourd'hui, j'en suis sorti intact et sous les applaudissements des députés et de l'administration. Par conséquent et de la même manière, je réclame la mise en place d'un comité ad-hoc pour auditer l'Assemblée nationale sénégalaise», clame-t-il. Moustapha Cissé Lo demande par ailleurs l’évaluation des deux dernières campagnes agricoles et la publication de tous les acteurs impliqués dans la commercialisation et les bénéficiaires des produits agricoles subventionnés par L’État du Sénégal.
Dans ses diatribes, le parlementaire n’a pas épargné la Délégation pour l’Entrepreneuriat Rapide (Der) en dénonçant son mode de financement. «Il n’est ni juste, ni équitable, ni transparent. Je persiste et je signe qu’il y a bel et bien un détournement d’objectifs», a-t-il martelé.