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29 juillet 2025
VIDEO
LIBYE, PIÈGE INFERNAL
Les reporters de France 24 ont parcouru durant quinze jours l'ouest libyen, au plus près des combats avec des témoignages de tortures et d'exactions, des mauvais traitements qui ne cessent de s'aggraver avec cette guerre qui s'intensifie
France 24 vous propose un documentaire exclusif tourné en Libye, un pays une fois de plus déchiré par la guerre. Le 4 avril dernier, Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est a lancé l’offensive pour prendre le contrôle de la capitale Tripoli. Nos reporters ont parcouru durant quinze jours l'ouest libyen. Ils vous emmènent au plus près des combats dans le sud de la capitale. Cette nouvelle guerre pousse de plus en plus de migrants à prendre la mer au péril de leur vie.
La Libye est en ébullition depuis la révolution de 2011 qui a renversé Mouammar Kadhafi. Depuis, le pays n'a connu que le chaos. Il y a eu la guerre de 2014 opposant Khalifa Haftar aux milices islamistes, auxquelles s'étaient ralliées des milices de l'Ouest. Puis la guerre de 2016, contre l'organisation État islamique. Et désormais, cette nouvelle guerre entre l'Est et l'Ouest.
Le conflit sévit depuis huit mois avec pour champ de bataille des maisons abandonnées. À l'ouest, il n'y pas d'armée constituée. Ce sont donc une multitude de milices qui combattent – des brigades, composées souvent d'hommes très jeunes qui combattent en tee-shirt et en tongs avec les armes saisies à Mouammar Kadhafi au moment de la révolution.
Guerre de drones
Leurs journées sont ponctuées par les combats à terre avec très peu d'avancées stratégiques et des replis lorsque la crainte d'une frappe de drone se fait trop pressante. Selon les Nations unies, la Libye serait devenue le plus grand théâtre de drones au monde, avec plus de 1 000 frappes depuis le début du conflit.
Notre équipe a été témoin d'une interception de 126 personnes au large des côtes libyennes – des hommes, des femmes et des enfants qui seront ramenés en Libye pour leur plus grand désespoir. La majorité retournera en centre de détention dans lequel, témoignent-ils, ils subissent des mauvais traitements.
Nos reporters ont réussi à négocier un accès au centre de Zliten, à l'est de Tripoli, dans lequel certains hommes sont emprisonnés depuis de longs mois sans jamais voir le jour. Ils livrent des témoignages de tortures et d'exactions, des mauvais traitements qui ne cessent de s'aggraver avec cette guerre qui s'intensifie. Une plongée rare au cœur du chaos libyen.
FRONT CONTRE LA HAUSSE DU COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ
"Libérer les 8 du Palais", "Pas de hausse du prix de l’électricité".. La plateforme ‘’Ño lank, Ño bañ’’ a protesté vendredi à Dakar, contre la hausse du prix de l’énergie électrique et l’emprisonnement d’es activistes dont Guy Marius Sagna et Babacar Diop
La plateforme ‘’Ño lank, Ño bañ’’, qui réunit plusieurs mouvements dont ‘’Y en a marre’’, ‘’Frapp France Dégage’’ et des partis politiques, protesté, vendredi après-midi, à Dakar, contre la hausse du prix de l’électricité et l’emprisonnement d’une dizaine d’activistes dont Guy Marius Sagna et l’universitaire Babacar Diop.
Une marche de protestation s’est déroulée en présence de plusieurs figures de la plateforme, qui ont pris la parole pour dénoncer la hausse en vigueur depuis le 1er décembre du prix de l’électricité et le placement sous mandat de dépôts des activistes.
L’avocat Massokhna Kane, président de SOS Consommateurs, fustigé la politique énergétique de l’Etat, en affirmant qu’elle a connu un ‘’échec’’. Il estime même que pour l’essence, les prix ‘’doivent baisser d’au moins 25 à 30%’’, si les pouvoirs publics s’en tiennent à ‘’la vérité des prix’’.
Concernant l’électricité, le prix auquel elle est vendue au Sénégal est ‘’l’un des plus chers au monde’’, selon Me Kane. ‘’Nous sommes en train d’étudier les voies et moyens d’attaquer cette augmentation devant la Cour suprême’’, a-t-il annoncé.
Abdoulaye Ndoye, le secrétaire général du CUSEMS, un syndicat d’enseignants, le député non inscrit Cheikh Bamba Dièye et l’opposant Thierno Bocoum, leader de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (AGIR) ont appelé les populations à se mobiliser davantage, contre la hausse du prix de l’électricité et l’arrestation des activistes.
Des étudiants de l’Université Cheikh-Anta-Diop se sont fait entendre en menaçant de paralyser les écoles et les universités si leurs camarades et le professeur de philosophie Babacar Diop ne sont pas libérés.
Le mouvement ‘’Frapp France Dégage’’ a saisi l’occasion pour annoncer une autre marche prévue vendredi prochain, pour exiger la libération de son leader Guy Marius Sagna, de Babacar Diop et des autres détenus. Ils ont été arrêtés à la suite d’une marche de protestation devant le palais présidentiel.
Les manifestants ont appelé les abonnés de la Société nationale d’électricité à ‘’ne pas payer les factures du mois de janvier 2020’’.
Jean-Pierre Dieng, de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal, appelle à la mobilisation du peuple et déclare que ‘’la lutte ne fait que commencer’’. ‘’Après la hausse du prix de l’électricité, ce sera celle des prix du riz, du gaz, du pain, de l’eau, du transport… Tout va augmenter au Sénégal’’, prévient M. Dieng.
Mouhamadou Mactar Sourang, du Front de résistance nationale, a déclaré qu’une ‘’jonction’’ était en train de se faire entre la société civile, les syndicats et les politiques. ‘’L’Etat a mis sur pied un plan d’ajustement structurel (…). Il va privatiser des sociétés nationales et d’autres mesures vont s’en suivre. L’Etat doit nous laisser avec nos miettes’’, lance-t-il.
Alioune Sané, du mouvement ‘’Y en a marre’’ et coordonnateur de ‘’Noo lank, Noo Bagne’’, s’est réjoui de la présence du peuple sénégalais, tout en appelant à ((relever le défi de la détermination’’. Il appelle le Président de la République à prendre ‘’un décret annulant l’augmentation des prix de l’électricité’’.
Selon Fadel Barro, de ‘’Y en a marre’’, déclare que ‘’la préoccupation est nationale parce que la population sent la hausse de l’électricité et veut qu’on libère les emprisonnés’’.
‘’La marche est une manière parmi d’autres de nous exprimer et de montrer notre désaccord avec la hausse du prix de l’électricité et de ces emprisonnements tous azimuts. Demain, on avisera sur les autres stratégies à tenir pour aller jusqu’au bout de ce combat‘’, a-t-il lancé.
par Amadou Tidiane Wone
CHEFS D’ÉTATS OU VALETS DE LA FRANCE ? IL FAUT CHOISIR !
Les relations paternalistes que la France se plaît à entretenir avec ses anciennes colonies sont anachroniques - Les dirigeants du G5 Sahel convoqués de manière si cavalière par Macron doivent refuser d'y déférer
La réprobation générale consécutive à la convocation des chefs d’États africains membres du G5 Sahel, à Pau en France, est une étape nouvelle dans l’expression, par les populations africaines, de leur ardent désir de prendre leurs destinées en main. Sans tutelle. Ni curatelle. Les relations paternalistes que la France se plaît à entretenir avec ses anciennes colonies sont insultantes et anachroniques. Les peuples africains ont, en conséquence, repris la parole au grand dam des castrateurs des idées alternatives au profit de la pensée unique, obséquieuse et capitularde. La circulation rapide des informations et des idées, ainsi que le phénomène de globalisation qui semble échapper au contrôle de ses initiateurs, a ouvert des espaces de dialogue entre tous les opprimés du Continent et ceux de la diaspora. Les États tout-puissants qui contrôlaient l'unique chaîne de radio télévision ainsi que le seul quotidien national sont débordés. La liberté d’expression a, désormais, les outils de son…expression ! Les petits trafics et le grand banditisme de certaines catégories d’agents de l’État sont éventés en temps réel. Les malversations sont dénoncées et les documents compromettants mis en circulation. Même si l’appareil judiciaire reste sous la tutelle d’exécutifs corrompus et corrupteurs, tout se sait et « l’honorabilité » de certains mis en cause est compromise à jamais. Enfin, pour ceux qui savent encore le sens du mot : Honneur !
Cela étant dit, la plupart des chefs d’États des pays africains francophones doivent se remettre en question, en relisant l'histoire de nos relations avec la France. De la traite des esclaves à la colonisation et de celle-ci aux « indépendances », puis de celles-là à nos jours. Le fil conducteur devant se dérouler autour de la question suivante : Nos pays ont-ils progressé de manière satisfaisante durant tous ces siècles de compagnonnage forcé ?
Si l'on pense que le Sénégal, par exemple, est parti sur la même ligne de départ qu'un pays asiatique comme la Corée du Sud en 1960, il est relativement aisé de se rendre compte que nous avons reculé au lieu d'avancer : point de départ le système éducatif copié de la France est appauvrissant. Des spécialistes pourront le démontrer. Sans parler de la mainmise des entreprises françaises sur nos principaux leviers économiques. Ainsi que le contrôle que la France exerce sur notre monnaie, et sur la plupart de nos Institutions, sous le couvert « d'accords de coopération » dont une grande partie reste secrète. On se demande bien pourquoi ? Dans le même temps, la France qui se dit pourtant notre « amie », ne joue pas de son influence en Europe pour élargir le faisceau de nos relations d'affaires. Bien au contraire. Il est même parfois plus facile d’obtenir un visa Schengen en passant par un autre pays membre de l’espace que de se soumettre au guichet français ! Mais bon ! Ils nous traitent comme nos dirigeants le méritent ! Et c'est cela l'objet de ma réflexion du jour.
Première irresponsabilité de nos dirigeants. Selon l'Union Africaine (UA) « Chaque année plus de 148 milliards de dollars sont soustraits au continent par ses dirigeants, soit 25 % du PIB annuel perdus pour cause de corruption ». Comment espérer le respect de la communauté internationale face à cette situation ubuesque ? Malgré les sourires de façade et les discours convenus, les dirigeants du monde entier rient sous cap de dirigeants qui assassinent leurs peuples en tuant leur avenir pour s'offrir des appartements hors du Continent, acheter des bolides et autres biens matériels qu'ils saisiront à la première occasion. Suivez mon regard…
Seconde irresponsabilité de nos dirigeants : un système éducatif inefficient pour ne pas dire inexistant. En Afrique subsaharienne, « plus d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi parun tiers des jeunes âgés de 12 à 14 ans, selon les données de l’ISU (Institut de statistiques de l’Unesco). Comment développer des pays sans le développement personnel de ses habitants ?
Troisième irresponsabilité de nos dirigeants : le bradage de nos ressources naturelles et agricoles sans mise en valeur ni création de valeur ajoutée. Avec, pour conséquence, l’appauvrissement des paysans, l’avortement des filières industrielles de transformation, l'exode rurale, les fuites éperdues des jeunes gens vers les océans à la recherche du paradis perdu…
Pendant ce temps, clin d’œil de la providence, des ressources énormes apparaissent chaque jour de part et d'autre de ce Continent béni par un potentiel humain que tous les pays du monde nous envient : une jeunesse vigoureuse en attente de vivre ses rêves.
Quatrième irresponsabilité de nos dirigeants : Le maintien des frontières héritées de la colonisation ! Une hérésie si l'on sait que ces frontières tracées à Berlin, relèvent de calculs précis avec comme axiome de base « diviser pour mieux régner ». A titre d'exemple tragi-comique, j'ai eu des grands-parents jumeaux dont l'un était sénégalais et l'autre mauritanien… comble de l’absurde ! Tous les spasmes qui agitent le continent proviennent de frontières arbitraires qui transpercent des familles, déchiquètent des territoires et mettent en lambeaux des mémoires. La colonisation a été et reste douloureuse.
Cinquième irresponsabilité de nos dirigeants : le maintien du cordon ombilical économique et monétaire avec la France. En dépit de la levée de bouclier de larges secteurs de l'opinion public africaine, nos dirigeants font les sourds. Et aucun d'entre eux n'a le cran d'ouvrir un débat public dans son pays en laissant s’affronter, librement, les pro et les anti franc CFA. Afin que l’opinion publique saisisse les termes du débat et appréhende les enjeux sous-jacents au langage hermétique des experts. Dans le même sillon, le maintien des troupes de l’armée française sur le sol de pays dits souverains est une bizarrerie d'autant plus cruelle que ni les bras ni le cœur ne feraient défaut à notre jeunesse pour constituer une force armée à l’échelle de la CDEAO pour mutualiser nos moyens militaires, physiques, matériels et scientifiques.
ALORS NON ! NOUS N’IRONS PAS À PAU ! Et c'est pour prendre enfin leur responsabilité que les dirigeants du G5 Sahel convoqués de manière si cavalière par le président Emmanuel Macron, doivent, d'une seule et même voix, refuser d'y déférer !
Chefs d’États ou valets ? Il faut choisir ! Pour choisir la voie de l’honneur, ainsi que les jeunes africains l'exigent, nos chefs d’États ont là une chance unique de relever la tête pour se réconcilier avec leurs peuples. Une opportunité grandiose de renouer avec la prestigieuse histoire africaine. « N'ayez pas peur ! », leur aurait dit le Pape Jean Paul II.
En vérité, rien de pire que ce que nous avons vécu depuis trois siècles ne peut nous arriver. Bâtissons une CEDEAO sans frontières, fondée sur des fraternités humaines étouffées derrière des frontières tracées en dépit du bon sens. Menons une lutte sans merci contre la corruption et le détournement des deniers publics. Dotons de systèmes éducatifs efficaces et adaptés aux défis contemporains. Investissons massivement dans l’agriculture, les petites et moyennes industries. Prenons notre place dans l’économie numérique mondiale parce que notre jeunesse en a le talent et l'imagination. Gérons librement nos ressources naturelles, dans le meilleur sens des intérêts bien compris de nos populations. N'ayons plus peur ! Inventons une notion du « développement » qui replace le bonheur de l'Homme et de la femme au cœur de toute problématique de progrès. Nous ne sommes en compétition avec personne. Nous voulons vivre libres, dans la dignité et la prospérité. Personne ne le fera à notre place ! Il se fait tard…
PS : Au moment où je termine ce papier, j’apprends que la rencontre de PAU est renvoyée en raison de l’assassinat de 71 soldats nigériens…Un attentat qui permet de sauver la face au chef de l’État français. Étrange occurrence ? Non ! Reprenons nos esprits et attendons les résultats de l’enquête.
ILS GAGNENT LEUR VIE DANS LES CIMETIÈRES
Le cimetière, dans l’imaginaire collectif, c’est l’éclipse d’une vie. Pourtant, d’autres existences s’y construisent. C’est celles de fossoyeur, gestionnaire, laveur de mort, qui s’y fabriquent des destins avec chacun une trajectoire qui lui est propre
Le cimetière, dans l’imaginaire collectif, c’est l’éclipse d’une vie. Pourtant, d’autres existences s’y construisent. C’est celles de fossoyeur, gestionnaire, laveur de mort, gardien qui s’y fabriquent des destins avec chacun une trajectoire qui lui est propre. Les uns y trouvent leur compte et s’en accommodent, alors que les autres s’en prennent à la destinée ; tous cheminant avec les morts au gré des circonstances.
L’atmosphère est lugubre, le silence profond. Seuls les gazouillis des oiseaux et quelques feuilles d’arbres murmurant dans un vent modéré départissent les lieux de leur calme. On est au cimetière musulman de Yoff, en cette matinée ensoleillée. Ici, reposent des morts et se démènent des individus en quête de mieux-être. Pendant que des personnes assises sur un banc de fortune papotent en marquant de la révérence à la « nécropole », d’autres cèdent au sommeil. A côté d’eux, des pelles sont superposées. Elles appartiennent aux fossoyeurs. « Ils sont au nombre de 14. C’est eux qui creusent les tombes », explique Ibrahima Diassy, gestionnaire du cimetière musulman de Yoff. Trouvé dans son bureau, situé à gauche de la porte principale, il exerce ce travail depuis 1995. Agent municipal, il a servi au cimetière de Bel-Air jusqu’en 2003, avant d’être affecté à Yoff. Dans son bureau, il faut faire avec les va-et-vient incessants des fossoyeurs. En effet, avant d’accéder au cimetière, explique-t-il, il y a le permis d’inhumer qui est déposé à son bureau, avant qu’il ne donne l’ordre aux fossoyeurs de faire leur travail. « C’est à l’état civil qu’il est délivré après présentation de la pièce d’identité du mort, de celle d’un proche et du certificat de genre de mort délivré par un médecin », confie ce croque-mort version tropicale.
Au cimetière de Pikine, le décor est tout autre. En cet après-midi de samedi, point de rush. C’est dans une chambre presque à l’abandon que nous trouvons le gestionnaire. Ce qui frappe le premier regard en voyant le vieux Sakho, c’est son âge très avancé. Agent municipal, il a été affecté ici, il y a six ans. « Nous ne sommes que deux ici. L’autre est fossoyeur, quand il n’est pas là, c’est moi qui le remplace», assure-t-il, malgré le poids de l’âge.
Le jour où l’eau coulait de la tombe
Payés par la municipalité, les gestionnaires de cimetière ont des salaires allant de 30.000 à 80.000 FCfa. Mais beaucoup d’entre eux ne semblent pas se plaire dans ce métier. Choisi sur le tard pour remplacer l’ancien gestionnaire, le vieux Sakho a subi la pression des amis avant d’accepter ce travail de croque-mort. Si, aujourd’hui, il se sent à l’aise, ce n’était pas le cas à ses débuts. « Il m’arrivait de rester des mois sans aller du côté des tombes. J’avais vraiment peur. J’ai compris par la suite que c’est mon destin et que je devais m’y faire », raconte-t-il, l’air désappointé.
Même s’il n’entre pas dans les détails, le vieux Sakho dit avoir vu des choses qui auraient pu lui faire perdre la raison. Par exemple, dit-il, après enterrement, « j’ai vu de l’eau couler d’une tombe. C’est pourquoi il m’arrive de ne pas dormir la nuit et de perdre l’appétit».
Aujourd’hui qu’il a envie de quitter le poste, le vieil homme n’y arrive toujours pas parce que les responsables ne lui ont pas encore trouvé un remplaçant. En plus d’un salaire de misère, le gestionnaire du cimetière dit avoir fait face à la pression familiale pendant longtemps. Car, dit-il, au début, ses enfants avaient catégoriquement refusé qu’il exerce un tel travail. « Mais, ils ont fini par comprendre que c’était une profession comme une autre et que c’est bien mieux que de quémander », souligne-t-il, de sa voix faible.
A Yarakh, le vieux Talla Mbaye, jadis recruté en tant que laveur de mort, a maintenant la responsabilité du cimetière musulman. Malgré son âge très avancé, son physique peu généreux, il est en même temps fossoyeur. Trouvé dans un fauteuil à l’entrée du cimetière, le bonhomme impressionne par sa maîtrise des emplacements. C’est avec aisance qu’il guide les visiteurs qui ne retrouvent pas leurs morts. « A quelques exceptions près, je peux vous dire où se trouve chacun ici », assure-t-il avec fierté. Mais comme ses compères, le vieux Mbaye a accepté ce métier malgré lui. « Je travaillais à la mairie et un beau jour on m’a demandé de venir gérer le cimetière. Au début, j’étais réticent, mais puisqu’ils voulaient quelqu’un de disponible et qui habite le quartier, ils ont fini par me faire céder », se souvient-il. Ce métier a fini par changer sa conception de la vie. « En creusant, il t’arrive de rencontrer des os humains, une bonne partie de squelette…Au début, ça faisait peur, mais on finit par s’y habituer et comprendre que cette existence terrestre est si insignifiante par rapport à l’importance que nous lui accordons », philosophe-t-il.
10 enterrements par jour
Ils passent presque inaperçus. Pourtant, on ne peut se passer des services des fossoyeurs au cimetière. De Pikine à Yoff en passant par Yarakh, la pelle ne les quitte jamais. C’est avec cet outil qu’ils creusent les tombes à dimensions variables. « Souvent, ce sont ceux qui amènent le corps qui nous donnent des indications sur le physique, sinon il y a des dimensions standard », explique Mamour Faye, fossoyeur à Yoff.
Si à Pikine et Yarakh, le gestionnaire joue également le rôle de fossoyeur, à Yoff, ils sont 14. « Nous demandons 3000 FCfa pour chaque tombe. Toutefois, après l’enterrement, nous demandons une contribution pour les fossoyeurs. A la fin de la journée, nous nous partageons cette somme », indique Mamour. Selon lui, chacun peut se retrouver avec 4000 FCfa.
A en croire Ibrahima Diassy, gestionnaire du cimetière, il y a, en moyenne, 10 enterrements par jour. Cependant, ce qui est le plus impressionnant, c’est que malgré le rythme infernal des enterrements, le gestionnaire et les fossoyeurs arrivent à repérer toutes les tombes. Trouvée dans le bureau du gestionnaire, cette dame a l’air désemparée. Elle ne retrouve pas la tombe de sa sœur enterrée il y a quelques mois. Mais, son problème est vite résolu. « Dans le registre, il y a la section, la série et le numéro de la tombe. Avec ces trois rubriques, même le fossoyeur peut vous aider à retrouver la sépulture», dit le gestionnaire qui tend un bout de papier à la dame. Elle reviendra quelques minutes plus tard soulagée.
Ami du gratin
Le cimetière accueille des personnes de toutes les conditions sociales. Au-delà des enterrements, les proches viennent très souvent se recueillir sur la tombe de leurs morts. Sur place, le gestionnaire sert très souvent de guide. De là, naissent parfois des relations fortes. « Ce travail m’a permis de connaître beaucoup de personnalités importantes. De l’extérieur, on peut penser que le travail est dévalorisant, mais Dieu sait que beaucoup de personnes viennent me solliciter et j’arrive à les aider », confie-t-il. Selon lui, cela est dû à ses relations avec les personnes nanties. « Certains m’appellent pour me faire des cadeaux, d’autres viennent jusqu’ici pour me donner de fortes sommes d’argent. Même quand ma voiture est en panne, dès que je me pointe sur la route, des gens s’arrêtent devant moi pour me déposer jusqu’à chez moi », se réjouit-il.
Aujourd’hui, ses enfants, qui n’appréciaient pas le fait qu’il exerce ce métier, ont fini par l’adopter et comprendre qu’il ne s’agit pas d’un travail misérable. « Parmi mes enfants, il y a un enseignant, un technicien de bâtiment et un économiste. Je ne me plains donc pas. C’est mon destin et ils l’ont compris », soutient-il, non sans faire de son occupation un sacerdoce dont il s’acquitte avec fierté et responsabilité.
De père en fils…
Une histoire de legs. Une transmission de père en fils. Le métier de fossoyeur ne rebute pas tout le monde. A Pikine, par exemple, Mamadou Niasse est le fossoyeur en chef. Il a remplacé son père qui a occupé ce poste pendant plus de 20 ans. Marqué par le poids de l’âge, ce dernier avait demandé à son fils de prendre le relais, témoigne le vieux Sakho. Aujourd’hui, Mamadou dit gagner correctement sa vie avec ce travail. « Rien de lui ne montre qu’il travaille dans les cimetières. Il ne se plaint pas et en dehors du travail, il s’habille très correctement», renseigne son père et « ami ».
A Yoff, Mamour Faye est l’un des doyens des fossoyeurs. Arrivé à ce métier en 1986, Mamour n’a pratiquement connu que cet univers professionnel. Le sexagénaire n’a pas de jour de repos. « C’est mon destin. C’est avec ce métier que mon père a entretenu sa famille. Quand il a commencé à prendre de l’âge, j’ai pris le relais et c’est grâce à ça que j’entretiens ma famille également », se souvient-il. Cependant, ce legs, il ne faut pas compter sur Mamour pour le pérenniser. « Je ne souhaiterais pas que mes enfants fassent ce travail. On n’a pas de vie. On travaille sept jours sur sept. C’est très difficile», reconnait-il, conscient du dur labeur auquel il ne voudrait pas condamner sa descendance.
par Ousseynou Nar Gueye
OÙ EN EST LE "PROJET PRIORITAIRE" DE CTB (BRÛLÉS), INSCRIT AU PSE DEPUIS 2016 ?
Qu'est-ce ce qui traîne, quand on sait qu'il n' y a que 5 lits dédiés aux grands brûlés dans tous les hôpitaux du Sénégal ? Qu'est-ce ce qui traîne, quand on sait qu'il n' y a que 5 lits dédiés aux grands brûlés dans tous les hôpitaux du pays ?
Monsieur le Ministre de la Santé et de l'Action sociale,
Face aux députés, le jeudi 28 novembre 2019, dans le cadre du vote du budget de votre département ministériel, vous avez multiplié les annonces et les promesses. En effet, vous annoncez la livraison de 4 hôpitaux en fin 2020. A Sédhiou, Kédougou, Kaffrine et Touba. Dans la foulée, vous avez annoncé la construction d'une nouvel hôpital à Saint-Louis, pour remplacer l'actuel hôpital dont les bâtimenst datent de plus de 150 ans. Enfin, à vous en croire, le centre d'oncologie de Diamniadio pour le cancer, d'une valeur de 50 milliards, sera lancé en 2020.
Devant cette avalanche de promesses, j'ai une question pour vous, monsieur Abdoulaye Diouf Sarr.
En effet, le projet de construction d'un Centre de Traitement des Brûlés (CTB), qui sera sis dans l'enceinte de l'hôpital de Fann, où un terrain de 5000 mètres carrés a été octroyé ; ce projet de CTB, Centre de Traitement des brûlés, est inscrit depuis 2016 comme "projet prioritaire " du Plan Sénégal émergent, PSE. Il y un an, le ministère de la Santé et de l'Action sociale a signé, devant les caméras de la presse, un protocole d'accord avec la Caisse des Dépôts et Consignations, pour que celle-ci pré-finance en PPP (Projet Public Privé), la construction de ce CTB, pour la somme de 3 milliards de FCFA. Trois milliards, à comparer aux 50 milliards que vous voulez consacrer, à partir de 2020, à la construction du centre d'oncologie que vous avez annoncé le 28 novembre dernier, devant la représentation nationale.
Or, la Caisse Des Dépôts et Consignations attend toujours une lettre de confort ou que l'État inscrive ce projet dans son budget annuel. Ce qui na pas été fait depuis trois budgets annuels de l'État.
Pourquoi ? Qu'est-ce ce qui traîne ? Quand on sait qu'il y a 20.000 cas de brûlés au Sénégal par an, dont 2.000 graves et dont 70% de ces cas graves décèdent pas septicémie. En majorité, des victimes mortelles qui sont des femmes et des enfants, brûlés suite à des accidents domestiques et décédant d'infection quand la barrière de la peau n'est plus là pour empêcher les microbes et virus de pénétrer leur organisme, morts faute de plateau technique adéquat pour les prendre en charge.
Qu'est-ce ce qui traîne, quand on sait qu'il n' y a que 5 lits dédiés aux grands brûlés dans tous les hôpitaux du Sénégal ? Ces brûlés doivent dès lors, actuellement, être évacués. Et quand ce sont des brûlures suite à des accidents industriels, ces évacuations à l'étranger coûtent des dizaines de millions aux entreprises.
Qu'est-ce ce qui traîne, quand on sait que la société Eiffage a offert les plans architecturaux et fait les études de sols ?
Qu'est-ce ce qui traîne, quand on sait que l'Association des Lions clubs du Sénégal, membre du Lions club international, a offert de financer la formation et le matériel médical du Centre de Traitement des Brûlés (CTB), pour une valeur de 900 millions de FCFA ?
Qu'est-ce qui traîne, quand on sait qu'un directeur du centre a été nommé depuis 3 ans en la personne du Professeur Oumar Kane de l'hôpital de Fann ?
Qu'est-ce qui traîne, quand on sait que depuis 2016, la professeur Anne-Aurore Sankalé est nommée pour prendre en charge la chirurgie réparatrice dans ce CTB ?
Monsieur le ministre de la Santé et de l'Action sociale, je vous interpelle au nom des familles du Sénégal, qui ont toutes vécu un cas de brûlure en leur sein. Je vous interpelle au nom des femmes et des enfants de ce pays, victimes principales des brûlures par accidents domestiques. Vous leur devez une réponse.
Le PSE leur doit une réponse. Ou alors, le vocable "projet prioritaire" sera désormais dénué de tout sens. Et la parole de l'autorité politique en responsabilité et aux affaires, vidée de toute valeur.
Ousseynou Nar Gueye est Secrétaire national à la Communication, aux Questions Éducatives et à la Coopération Africaine, parti S.U.D ("Sénégalais Unis pour le Développement")
MBACK NIANG, MAISSA DIODIO TOURÉ ET ALIOUNE SOW, TROIS BÂTISSEURS VISIONNAIRES
Tours de bureaux, logements, unbiversités, lieux de culte… Leurs réalisation allient culture locale et innovation. Rencontre avec trois architectes visionnaires qui façonnent la ville de demain
Jeune Afrique |
Amadou Oury Diallo |
Publication 13/12/2019
Mbacké Niang 65 ans, occupe une place singulière dans le petit monde sénégalais de l’architecture. Outre sa casquette d’architecte, il revêt aussi le costume d’enseignant-chercheur et de consultant international. Diplômé de l’École spéciale d’architecture, à Paris (en 1980), il compte à son actif nombre de réalisations à usages divers (habitations, bureaux, commerces, industries, lieux de culte, etc.).
Il a notamment conçu l’aménagement des allées Cheikhna-Cheikh-Sidaty Haidara de « Niaary Tally », dans la commune du Grand-Dakar, la pépinière agroalimentaire de la technopole de la capitale, ou encore l’extension de la célèbre grande mosquée de la cité religieuse Touba.
Ses recherches lui ont permis de développer divers matériaux et techniques de construction, aujourd’hui brevetés (série de claustras MBN, parpaings ondulés, briques autobloquantes, système d’assemblage à pinces et enfourchements, châssis ouvrant flexible pour porte et fenêtre, etc.).
Attentif au concept de « parallélisme asymétrique » en son temps théorisé par le président Senghor et qui devait servir de référentiel fondateur aux nouveaux arts sénégalais (architecture, peinture, sculpture et danse), Mbacké Niang a d’ailleurs consacré son mémoire de diplôme d’architecte au triptyque symétrie-asymétrie-dissymétrie. « J’ai voulu apporter ma contribution à la clarification de cette problématique », dit-il.
Aujourd’hui, l’architecte-conseil de la ville de Dakar prolonge cette réflexion à sa manière dans son travail quotidien. « Je m’inspire, d’une part, de l’évolution de la typologie de l’habitat du Sénégal – traditionnelle, coloniale, puis moderne par exemple –, et, d’autre part, de l’évaluation du bien-être des populations en adéquation avec les enjeux et défis de la transition écologique et culturelle », explique-t-il.
La réussite de Diamniadio passera par « le “coulage” et la synergie entre la ville nouvelle de Diamniadio et la vieille ville de Dakar, selon le principe des “3R”: le recentrage structurel, le redéploiement territorial et la redistribution des ressources », préconise le président de la commission Innovation, Normalisation et Formation du programme quinquennal de construction de 100 000 logements du gouvernement.
• Maissa Diodio Touré – Avec et sans états d’âme
MDT Architecture SARL
Il est le principal concepteur des plans de la majestueuse mosquée Massalikoul Djinane (« les chemins du paradis », en arabe) de la confrérie mouride, inaugurée lors de la grande prière du vendredi 27 septembre, dans le quartier de Colobane, à Dakar. L’histoire commence un jour de février 2005.
« Le président Wade, en déplacement à Touba pour rendre visite au khalife général des Mourides, Serigne Saliou Mbacké [disparu fin 2007], est passé devant une mosquée en construction dans un style turc qui l’a beaucoup séduit. Il a alors pensé que c’était l’œuvre de Chinois. Ayant appris par la suite que j’en étais le concepteur, il me fit appeler sur-le-champ et me fit venir au palais de la République le lendemain matin. Là, il me demanda de me rendre au Maroc pour rencontrer les architectes marocains [qu’il avait mandatés] en me disant : s’ils n’ont encore rien fait, reviens vite me faire ma mosquée ! » se souvient Maissa Diodio Touré.
Le khalife Serigne Saliou Mbacké lui donna alors ses directives sur le programme : le nombre de minarets, la dimension de l’ouvrage, etc. Selon le guide religieux, une mosquée doit refléter la grandeur de la ville où elle est implantée. « Je devais donc faire en sorte que Massalikoul Djinane reflétât l’importance de Dakar. » À l’issue de moult voyages d’études, de sept ans de travaux et de quelque 20 milliards de F CFA (30,5 millions d’euros) d’investissement, le résultat est là, impressionnant. Doté de cinq minarets, dont le plus haut culmine à 75 mètres, l’édifice peut accueillir 30 000 fidèles et est l’un des plus grands du genre en Afrique de l’Ouest.
Architecte diplômé de la défunte École d’architecture et d’urbanisme (EAU) de Dakar, promotion 1987, Maissa Diodio Touré est fier de sa réalisation, tout comme de ses trente et un ans de carrière. « Je fais partie des pionniers qui ont été formés à partir du terreau national », dit-il. L’un de ses plus grands regrets est d’ailleurs la fermeture de l’EAU, en 1991, par le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Djibo Leyti Kâ, « pour de simples raisons budgétaires ». Pourtant, la prestigieuse institution accueillait des étudiants de toute la sous-région. « Depuis, nos métiers sont pauvres en techniciens supérieurs de qualité », déplore le patron de MDT Architecture, qui s’inquiète également de l’avenir des cabinets locaux, pour lesquels il est difficile de participer aux grands projets nationaux. « Les partenariats public-privé les feront disparaître à coup sûr, car rares sont ceux qui sont capables de s’allier à un partenaire chinois ou turc. »
Pourtant, Maissa Diodio Touré continue de promouvoir l’idée du poète-président Senghor d’une « nouvelle architecture sénégalaise », à la fois enracinée dans les valeurs culturelles locales et ouverte au monde. « Il faut nous inspirer des constructions bédiks, des cases à impluvium [logement collectif typique des Diolas, avec une tranchée d’eau centrale], tout en nous réclamant, sans aucun état d’âme, de l’architecture moderne. »
• Alioune Sow – Inspiré et inspirant
Cabinet d’architecture Alioune Sow (CAAS)
Il vient de remporter le prix Aga-Kahn 2019 d’architecture pour sa participation au projet d’extension de l’université Alioune-Diop de Bambey, dans le centre du pays (région de Diourbel). Le concept novateur du projet auquel il a participé en tant que consultant local de la société espagnole Idom repose sur la symbiose entre architecture bioclimatique et développement durable. Peu avant, il a réalisé une mission de contrôle auprès du groupe ivoirien Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) dans le projet de réhabilitation et d’extension du bâtiment administratif Mamadou-Dia, siège du gouvernement sénégalais, inauguré en janvier de cette année.
Alioune Sow, qui a fondé en 1995 le cabinet qui porte son nom (CAAS), fait partie de la deuxième génération d’architectes sénégalais, pour la plupart formés au sein de la défunte École d’architecture et d’urbanisme de Dakar (EAU), dans les pas de Cheikh Ngom, Pierre Goudiaby Atepa, Moussa Fall et Armand Agbogba.
« Nous leur devons beaucoup, ils ont inspiré et encadré plusieurs générations de professionnels déjà, insiste Alioune Sow. Grâce à eux, nos paysages urbains se sont enrichis des premières œuvres d’envergure d’architectes sénégalais. » Par exemple, la fameuse tour de la BCEAO, à Dakar, conçue par Cheikh Ngom et Pierre Goudiaby Atepa.
Désormais, nombre de bâtiments scolaires et administratifs de la capitale sont nés des dessins du CAAS : le siège de l’Office de forages ruraux à Diamniadio, le tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye, la résidence Palazzio Suit sur l’avenue Cheikh-Anta-Diop ou encore l’immeuble du City Sport, avenue G.-Pompidou. Alioune Sow estime que son cabinet a aujourd’hui trouvé un second souffle avec l’arrivée de jeunes collaborateurs, dont son fils Oumar et son épouse Fanta.
Comme Maissa Touré, il plaide pour une meilleure implication des cabinets locaux et, surtout, des jeunes architectes sénégalais dans les grands projets nationaux publics. Il sait de quoi il parle, lui qui a eu la chance à ses débuts – « alors [qu’ils n’étaient] même pas encore structurés en cabinet ! » – de remporter, avec deux autres confrères, le concours pour la réalisation de l’École supérieure multinationale des télécommunications, à Dakar.
Selon lui, le développement de la métropole dakaroise va dans le bon sens avec la construction de la ville nouvelle de Diamniadio, même s’il juge qu’il reste des choses à revoir, « notamment pour permettre d’aller beaucoup plus haut dans la construction d’immeubles ».
ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ REPREND MACRON
Le président burkinabè, a déploré jeudi la forme et le ton utilisés par le président français pour lancer son invitation aux dirigeants des pays du G5 sahel à Pau pour parler de l'avenir de Barkhane
Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, a déploré jeudi la forme et le ton utilisés par le président français pour lancer son invitation aux dirigeants des pays du G5 sahel à Pau pour parler de l'avenir de Barkhane, la force française présente dans la région et qui combat les groupes armés.
"On doit tenir compte du respect mutuel", a dit Roch Marc Christian Kabore dans une émission à la télévision publique à l'occasion du 59eme anniversaire de l'indépendance du pays.
Rock Marc Christian Kaboré a précisé avoir "un partenariat avec un certain nombre de pays dont la France, dans la lutte contre le terrorisme.
"La lutte contre le terrorisme est un combat international", ajoute-t-il.
"J’estime que le ton et les termes qui ont été utilisés avant l’invitation posent des problèmes. Parce que cela est le contenu des débats qu’on doit avoir ensemble", a déclaré le président Burkinabé.
Les propos du président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré ont été recueillis par notre correspondant à Ouagadougou, Simon Gongo.
LE RENVOI DE TRUMP EN PROCÈS APPROUVÉ
Une commission du Congrès a adopté vendredi l'acte d'accusation du président américain, une étape décisive avant un vote historique sur son probable renvoi en procès pour destitution
L’acte d’accusation de Donald Trump a été approuvé vendredi par une commission à majorité démocrate du Congrès, franchissant une étape décisive avant un vote historique sur le probable renvoi du président des États-Unis en procès pour destitution.
Deux mois et demi après l’explosion du « scandale ukrainien », la commission judiciaire de la Chambre des représentants a adopté, en suivant des lignes strictement partisanes, deux chefs d’inculpation retenus par les démocrates contre le milliardaire : « abus de pouvoir » et « entrave à la bonne marche du Congrès ».
Il revient désormais à la Chambre de voter sur ce texte lors d’une séance plénière attendue mercredi, selon les médias.
Compte tenu de la majorité démocrate dans cette enceinte, Donald Trump est quasi assuré d’être mis en accusation. Il devrait toutefois échapper à une destitution, le Sénat, chargé de le juger, étant contrôlé par les républicains qui font bloc autour de leur président.
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, l’a d’ailleurs affirmé jeudi soir sur Fox News : « Il n’y a aucune chance que le président soit destitué ».
Même s’il est acquitté, son renvoi en procès entachera le bilan de Donald Trump et ternira sa campagne de réélection, bien qu’il conserve un soutien massif auprès de sa base républicaine.
Avant lui, seuls deux présidents, Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998, ont vécu une telle épreuve. Mis en cause dans un scandale d’espionnage politique, dit du Watergate, le républicain Richard Nixon avait démissionné en 1974 pour éviter cet « impeachment ».
Avant de passer au vote, la commission judiciaire a débattu pendant une quinzaine d’heures. Ces discussions fleuves, émaillées de nombreuses escarmouches, ont exposé deux visions diamétralement opposées de la conduite de Donald Trump, qui reflètent les fractures de la société américaine face à ce président atypique.
Antipodes
Les ennuis du milliardaire ont commencé quand un mystérieux lanceur d’alerte s’est alarmé de la teneur d’un échange téléphonique entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Dans cet appel du 25 juillet, le magnat de l’immobilier priait son interlocuteur d’enquêter sur de possibles ingérences ukrainiennes dans l’élection de 2016-reprenant à son compte une théorie en vue dans les milieux conspirationnistes.
Surtout, il lui demandait de « se pencher » sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors de la présidentielle de 2020, et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.
Or, une aide militaire cruciale pour Kiev, en conflit armé avec la Russie, avait été bloquée quelques jours avant cet appel, sans explication.
De ces faits incontestés, démocrates et républicains tirent des conclusions aux antipodes.
Pour les premiers, Donald Trump a commis un « abus de pouvoir » pour s’assurer un avantage dans l’élection de 2020, mettant en jeu l’intégrité du scrutin et la sécurité des États-Unis.
Les démocrates lui reprochent aussi d’avoir « entravé » le travail du Congrès en refusant de participer à leur enquête.
Jugeant la procédure « inconstitutionnelle », la Maison-Blanche a en effet interdit à des conseillers du président de témoigner ou de fournir des documents réclamés par la Chambre.
« Attaque »
Donald Trump et ses partisans jurent de leur côté qu’il n’y a eu « aucune pression » exercée sur l’Ukraine et que les demandes d’enquête étaient légitimes pour lutter contre des soupçons de « corruption ».
Selon eux, Hunter Biden a été employé par le groupe gazier ukrainien Burisma uniquement parce que son père était à l’époque vice-président des États-Unis.
Pour eux, la procédure de destitution est motivée par l’aversion des démocrates pour un président au style peu conventionnel, et par leur peur de perdre de nouveau contre lui en 2020.
Au cours des débats fleuves, les républicains se sont attachés à présenter la procédure comme une offensive visant aussi les électeurs de Donald Trump. « Il ne s’agit pas simplement d’une attaque contre la présidence, c’est une attaque contre nous tous », a tonné l’élu Matt Gaetz.
L’impact des débats sur l’opinion est incertain : selon la moyenne des sondages établie par le site FiveThirtyEight, 47,3 % des Américains soutiennent une destitution de Donald Trump et 45,9 % sont contre.
LA SENSIBLE QUESTION DES DAARAS
Difficile de savoir combien d'écoles coraniques fonctionnent dans le pays, pas de statut légal non plus. L’État veut pourtant encadrer le secteur malgré la résistance de certains maîtres coraniques qui craignent d’être absorbés par l’Éducation nationale
Au Sénégal, la récente affaire d’élèves enchaînés dans une école coranique a relancé le débat sur le statut de ces structures, appelées « daaras », qui enseignent aux enfants la mémorisation du Coran, et qui restent en dehors du système éducatif national. Le gouvernement avait promis une loi qui créerait un cadre juridique pour les écoles coraniques. Mais le processus traîne. La question reste sensible.
Difficile de savoir précisément combien de daaras fonctionnent au Sénégal. La fédération des écoles coraniques avance le chiffre de 22 000, mais il n’existe pas de statistiques officielles. Pas de statut légal non plus : « Aujourd’hui, n’importe qui peut ouvrir une école coranique », regrette le sociologue Mamadou Wane. L’État veut pourtant encadrer le secteur, lutter aussi contre la mendicité des élèves de certaines structures.
Encadrer l'enseignement coranique
Il mise notamment sur le projet d’appui à la modernisation des daaras. Pour Mamadou Mbodj Diouf, son coordonnateur, « l’État s’est fixé comme objectif d’encadrer ces formations d’enseignement coranique, mais surtout lui adjoindre des formations en termes de connaissances de base du français et de l’arabe. »
Le projet porte sur une soixantaine de daaras dits « modernes », mais il a pris du retard. Quant au projet de loi sur les daaras, il a bien été adopté en Conseil des ministres en juin 2018, mais n’a toujours pas été soumis à l’Assemblée.
La méfiance est historique, rappelle Mamadou Mbodj Diouf : « Avant l’indépendance du Sénégal, il y avait des rapports heurtés entre le milieu maraboutique qui détenait l’enseignement coranique et les administrateurs coloniaux. Maintenant après l’indépendance, l’administration sénégalaise a continué aussi à attiser cette méfiance-là. »
Crainte d'être « absorbés » par l'Éducation nationale
Suspicion, résistance de certains maîtres coraniques qui craignent d’être « absorbés » par l’Éducation nationale, la question de fond, selon le chercheur Bakary Samb, reste de construire un système éducatif unifié au Sénégal.
par Siré Sy
COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE, QUAND LA STRUCTURE NE SUIT PLUS LA STRATÉGIE
Ce n’est pas que le gouvernement ne communique pas ou communique mal, c’est tout simplement que la Structure - Benno Siggil Senegal (BSS) - n’est plus adaptée à la circonstance et aux nouveaux enjeux
En termes de Management de la Très Haute Performance (MTHP), la Structure suit la Stratégie. C’est après avoir défini et arrêté votre Stratégie que vous mettiez en place la Structure la plus à même de porter avec efficacité et efficience, votre Stratégie. Pour une mise en oeuvre réussie. Et c’est là, toute la difficulté pour le président Macky Sall, parce que sa Structure actuelle - Benno Siggil Sénégal (BSS) - n’est plus en phase avec sa nouvelle Stratégie de Communication.
Benno Siggil Sénégal était la structure (parfaite à l’époque) de la Stratégie de Communication de l’Offre, parce que son candidat de l’époque, Macky Sall, ‘’voulait le pays’’. Dans cette approche, nous sommes dans le registre des promesses, des largesses, des déclarations, des intentions et des professions de foi. Nous sommes, sous ce rapport, dans le registre de la déclamation de ce que nous comptons et allons faire. C’est ce qu’on appelle en Management de la Très Haute Performance, le temps de la Pédagogie active, le temps de la Pédagogie explicative. C’est cette Stratégie-là, qui avait comme Structure et réceptacle de mise en oeuvre, Benno Siggil Sénégal, qui a fini pour ‘’balayer le président Wade’’.
De 2012 à 2018, le régime, à la faveur de la mise en oeuvre du Plan Sénégal Emergent (2014), était encore dans la Stratégie de la Pédagogie active et de la Pédagogie explicative et pour cela, rien de tel qu'une Structure comme Benno Siggil Sénégal (BSS), pour porter cette Stratégie de la double pédagogie. Et BSS a pleinement joué son rôle et a très bien fonctionné.
Seulement, de 2012 à 2018, en termes de Stratégie de Communication, le régime était dans la Stratégie de la Communication de l’Offre. Il fallait donc faire, dérouler, exercer, piloter, gouverner et évaluer. Comme on disait, ‘’donnez nous le pays, oui on peut. On vous a donné le pays. Maintenant……. peut’’, pour parler comme nos frères ivoiriens.
Et c’est là où réside toute la difficulté de l’exercice qui est celle de la Transition en Communication stratégique, un chapitre du Management de la Transition et du Changement. Le chef de l’Etat veut changer complètement de Stratégie de communication - en adoptant lui même et en faisant adopter à ses partisans -, la Stratégie de la Communication par l’Action, la Stratégie de la Communication démonstrative -, tout en gardant une Structure - Benno Siggil Sénéga l- qui n’est plus adaptée à cette nouvelle ligne de communication.
D’une Stratégie de Communication de l’Offre en 2012, doit succéder une Stratégie de Communication pour la Demande en 2019, parce que dans l’intervalle, le Demandeur a reçu ce qu’il demandait (le pays) depuis 7 ans et ses différents gouvernements mis en place, ont pris des initiatives et mené des actions sur sa Vision et sous son autorité. Et qui a donné des résultats probants même si tout n’est pas rose…...
D’une Structure - Benno Siggil Sénégal - qui a grandement et efficacement porté la Stratégie de Communication de l’Offre (du candidat et du premier mandat), devrait être remplacée par une toute nouvelle Structure - La Nouvelle Majorité Présidentielle - pour porter efficacement la (nouvelle) Communication gouvernementale - celle de la Communication pour le Demande (pour parler du bilan du premier mandat et pour parler du Programme du deuxième mandat ‘’5-3-5’’).
En définitive et à y regarder de plus près, ce n’est pas que le gouvernement ne communique pas ou communique mal, c’est tout simplement que la Structure - Benno Siggil Senegal (BSS) - n’est plus adaptée à la circonstance et aux nouveaux enjeux. BSS fut une Structure appropriée pour porter la Stratégie de Communication de la Pédagogie active et explicative dont la séquence temporelle a commencé en 2012 et a finit en 2019. BSS n’est plus appropriée pour porter la Stratégie de Communication de la pédagogie par l’action et la pédagogie prospective dont la séquence temporelle commence en 2019 et finit en 2024. Surtout que l’APR (ses militants), a fini d’occuper tout l’espace au BSS, tout en se la jouant en solitaire et par mise à côté des autres militants de partis qui composent BSS. Ce sont souvent, les mêmes (de l’APR) qui parlent, souvent c’est le même ordre du discours de 2012 à 2019, si bien que le discours n’est plus appétissant, n’est plus mobilisateur et très lassant et décourageant.
L’APR a fini de phagocyter BSS qui lui même, phagocytose la communication gouvernementale et BSS est en retard de 5 ans, sur les réponses qu’il apporte aux questions qui lui sont posées. Parce que BSS subit sa communication. Parce Que BSS n’est plus acteur de sa propre communication. Parce Que BSS est rebelle et séparatiste envers et contre les nouveaux soutiens et nouvelles amitiés du président Macky Sall. Parce que BSS est dans la communication réactive, dans la communication de riposte au sens médical du terme, dans une communication défensive. En termes de communication, BSS n’est plus dans la Stratégie et dans la Tactique, mais dans les manoeuvres et les opérations…. Oubliant peut-être que c’est en temps de paix que l’on prépare la guerre parce que quand c’est urgent, c’est déjà trop tard.
Le président veut changer de paradigme dans l’angle d’approche de la Communication de son gouvernement, sans pour autant, dans le même temps et sous le même rapport, ne pas changer et faire évoluer la Structure qui doit porter sa nouvelle Stratégie, ou du moins, pour le moment. N’est-ce pas que faire de la campagne électorale, c’est faire de la poésie. Mais gouverner, c’est faire de la prose. Pour la communication du gouvernement, le temps de la poésie semble être déjà vécu (2012-2019). Place à la Prose, en termes de communication gouvernementale, sur la période 2019-2024.
Siré Sy est président du Think Tank Africa WorldWide Group