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5 octobre 2025
RAWLINGS FURIEUX CONTRE BIYA
«Pourquoi le monde est-il silencieux quant à la situation dans le nord Cameroun alors que des gens sont tués de la manière la plus horrible dans leurs maisons simplement parce qu’ils recherchent l’égalité?", se demande l'ancien président ghanéen
« Si nous sommes si impuissants à agir, ne pouvons-nous pas tout au moins condamner cette sauvagerie insensée du président Paul Biya? Comment pouvons-nous vivre avec la pensée d’êtres humains entourés d’armes à feu et de soldats prêts pour brûler des hommes vivants? », a déclaré dans un premier temps l’ex-président ghanéen Jerry Rawlings d’un ton exaspéré face aux exactions commises dans les régions anglophones du Cameroun.
C’est sur son compte facebook que l’ancien chef d’Etat Ghanéen a exprimé son indignation en se demandant pourquoi l’opinion internationale reste silencieuse face à ces atrocités :
«Pourquoi le monde est-il silencieux quant à la situation qui prévaut dans le NOSO alors que des hommes, des femmes et des enfants sont tués de la manière la plus horrible – abattus, piratés, parfois brûlés vifs dans leurs maisons simplement parce qu’ils recherchent l’égalité? Facebook, Twitter et d’autres plateformes de médias sociaux auraient permis de mettre à nu les bavures perpétrées aux populations à travers le relai des vidéos et photos choquantes dans le monde », a-t-il écrit n’épargnant pas les médias. poursuivant, il affirme:
« Qu’arrive-t-il à CNN, Aljazeera, BBC et al qui ne peuvent pas garder un œil sur ce qui se passe? Il manque du sérieux et des détails nécessaires pour piquer la conscience internationale ».
Cette sortie de l’ancien chef d’Etat du Ghana se justifie par les images horribles qui circulent les réseaux sociaux dans lesquelles on peut voir environ 22 personnes brûlées à mort et parmi lesquelles 11 enfants et des femmes enceintes.
Jerry Rawlings a par ailleurs condamné l’attitude de la France qui est restée muette face aux multiples exactions. L’ancien Chef d’Etat du Ghana ne comprend pas le mutisme de la France face à cette situation. Elle qui a souvent procédé par des interventions militaires face à des situations similaires dans d’autres pays africains.
Pour terminer, l’ancien président Ghanéen a invité l’opinion internationale à procéder à une intervention urgente pour stopper la saignée «Le moment est venu de mettre un terme à cette barbarie moderne. Toutes les personnes et tous les pays de conscience doivent se lever et chercher une intervention urgente pour arrêter le chaos! », conclut-il.
L'EX-PATRON DU QUAI BRANLY DÉNONCE LE RAPPORT SUR LA RESTITUTION DES ŒUVRES À L'AFRIQUE
« Ce rapport est un cri de haine contre le concept même de musée, considéré comme une invention occidentale, comme un lieu quasi criminel dans lequel les objets sont plumés, déshabillés, où on leur retire leur magie. »
Pour Stéphane Martin, le rapport des universitaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr est un « cri de haine contre le concept même de musée ».
L’ancien président du Musée du quai Branly-Jacques Chirac, Stéphane Martin, a regretté mercredi 19 février que le rapport Savoy-Sarr sur les restitutions à l’Afrique soit un « cri de haine contre le concept même de musée », alors que les musées français devraient soutenir les musées africains.
Interrogé par la commission de la culture du Sénat, M. Martin, durant vingt et un ans à la tête de ce musée abritant la plus grande collection française d’arts premiers, a estimé qu’il vaut mieux parler de « circulation » des œuvres et de « partage », « passant par des prêts, des dépôts et un certain nombre de transferts de propriétés », plutôt que de restitutions massives que semblait prôner ce rapport remis fin 2018 au président Macron.
« Aucun musée n’a été construit avec de l’argent français depuis les indépendances », contrairement à la Chine qui a financé le musée de Dakar, a-t-il regretté. « On a investi très peu. Il faut aider à la rénovation d’un certain nombre de musées. Il faut bâtir une politique musées-musées ». Il est aussi « urgent de redonner leur dignité aux conservateurs africains », discriminés par rapport aux universitaires. « Un conservateur a peu de débouchés. Il faut insister diplomatiquement pour que ces personnes soient traitées comme elles doivent l’être », avec des « salaires décents ».
Dans leur rapport demandé par le président de la République, les universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l’université de Saint-Louis au Sénégal, avaient posé les jalons pour une restitution à l’Afrique subsaharienne d’œuvres d’art transférées pendant la colonisation. Ils avaient recensé des dizaines de milliers d’œuvres potentiellement concernées.
Vingt-six œuvres restituées au Bénin
M. Martin s’est étonné que ce rapport ait été confié à deux universitaires, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, « deux personnes qui ne sont pas des gens de musées ». « Ce rapport est un cri de haine contre le concept même de musée, considéré comme une invention occidentale, comme un lieu quasi criminel dans lequel les objets sont plumés, déshabillés, où on leur retire leur magie », a-t-il dénoncé.
Le Musée du quai Branly a accepté de restituer au Bénin vingt-six œuvres qui avaient été volées lors d’une opération militaire française à la fin du XIXe siècle. Depuis le rapport Savoy-Sarr, plusieurs autres demandes ont été émises par des gouvernements africains pour se voir restituer diverses œuvres se trouvant dans les musées français.
M. Martin a cité l’exemple de la statue du dieu Gou au Louvre : « Les Béninois envisagent de nous la demander ». Or cette statue avait été réalisée par un sculpteur d’un pays voisin du royaume d’Abomey fait prisonnier, abandonnée sur une plage, ramenée par un navigateur français. Elle a passé « 150 ans au Louvre » et est devenue une « icône », dessinée et décrite par Picasso et Apollinaire.
Pour lui, la période de la colonisation envisagée par le rapport, entre 1898 et 1962, ne peut être « comparable » à la période de Vichy en matière de restitutions de biens. « Il y a quelque chose d’assez pervers à prétendre que l’universalité [des œuvres d’art] n’est pas une bonne chose. L’idée est répandue (…) à droite comme à gauche, que le monde serait meilleur si l’objet retournait à sa place dans l’église » ou dans un autre lieu d’origine où il a été pris, a-t-il remarqué.
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LES VESTIGES DE L'ÉCOLE COLONIALE
EXCLUSIF SENEPLUS - La colonisation a dévié bon nombre de pays de leur culture, notamment l'enseignement qui intégrait déjà, à la fois l'éducation et les langues nationales, estime l'enseignant chercheur Mamadou Woury Sall - ENTRETIEN
Appeler à l'lintégration des langues nationales dans l'enseignement relève d'un abus de langage, selon Mamadou Woury Sall. A en croire l'enseignant chercheur, l'école d'avant la colonisation intégrait toutes les facettes de la culture locale, y compris les langues nationales.
L'invité de SenePlus prône un retour à ce système à partir duquel nombre d'intellectuels ont été moulés. "Jusqu'en 1981, on n'a jamais remis en question l'école léguée par la France. C'est avec Abdou Diouf qu'on s'est réuni pour parler des états généraux de l'éducation'', regrette-il.
DAKAR ET LA HANTISE DU CORONAVIRUS
Depuis l'apparition de l'épidémie, une certaine peur s'est emparée des clients et des vendeurs sénégalais qui travaillent avec les chinois - L'affluence dans les magasins et sur les rues adjacentes de la capitale s'en trouve amoindrie
VOA Afrique |
Seydina Aba Gueye |
Publication 20/02/2020
Le Coronavirus affecte les économies des pays qui entretiennent des liens commerciaux forts avec la Chine. En plus du ralentissement des importations, les enseignes chinoises et leurs partenaires sénégalais sont souvent désertés par des clients apeurés.
Aux Allées Centenaires de Dakar, l'affluence dans les magasins chinois et sur les rues adjacentes n'est pas aussi grande que d'habitude.
Depuis l'apparition du Coronavirus, une certaine peur s'est emparée des clients et des vendeurs sénégalais qui travaillent avec les citoyens chinois.
Khadija Gaye explique qu'elle "a peur quand on entend que les Chinois débarquent toujours au Sénégal". D'après elle, même les clients ont peur, c'est pourquoi "certains mettent des masques pour venir acheter", tandis que "d'autres se contentent juste de rester devant la boutique pour marchander".
Même si aucun cas de coronavirus n'a été détecté au Sénégal, Khadija affirme que les vendeurs du marché chinois de Dakar ne sont "pas vraiment rassurés" parce que "les frontières ne sont pas fermées" et il est "normal" que ça "suscite de l’inquiétude d'autant plus qu'il y a des Chinois qui débarquent jusqu’à présent au Sénégal".
La vendeuse ne cache pas sa "peur" et son "impuissance" face à l'absence de dispositif "visible" de l'État dans ce marché d'habitude très prisé.
Cette peur a fini par avoir une forte incidence sur le chiffre d'affaires des marchands de produits venant de la Chine.
C'est le cas d'Adama Diaw, un marchand qui côtoie les Chinois de Dakar depuis plusieurs années. Il avoue que c'est la première fois qu'il observe un tel ralentissement des activités. "Le rythme du travail a considérablement baissé et bon nombre de nos marchandises en provenance de la Chine commence à se raréfier", confie le vendeur.
Il estime qu'il y a de quoi avoir peur pour les affaires parce que le marché chinois est mondial alors si que leurs produits ne passent plus ça se ressent.
Pour Adama, les grands pays comme les États-Unis et la France ressentent certainement moins alors que pour "les pays comme le Sénégal qui ne vivent que de produits importés", c’est très difficile dans tous les domaines.
Malgré cette baisse du chiffre d'affaires et la présence dans les esprits du Coronavirus, certains vendeurs comme Khadim Diagne gardent espoir et estiment qu'il ne sert à rien de stigmatiser les Chinois vivant au Sénégal. "On n'a pas peur parce qu’au moment de l’épidémie nos collaborateurs n'étaient pas en Chine" déclare-t-il avant de tempérer "il est quand même important de prendre toutes les précautions et bien filtrer les entrées dans le pays".
Pour Khadim, il n'y a aucune raison d’avoir peur. "Certes, je n'ai pas vu de nouveaux entrants chinois dans le pays mais les rumeurs persistent là-dessus et cela peut amener la panique même si on est habitué à les côtoyer quotidiennement", reconnaît le jeune marchand qui pense que "globalement il n'y pas de raison d'avoir peur parce qu'il n'y pas encore de cas confirmés au Sénégal".
Au-delà des interrogations et des polémiques que le coronavirus a soulevées avec notamment la question du rapatriement des 13 étudiants sénégalais de Wuhan, force est de constater que ce virus qui fait des ravages en Chine n'épargne pas les commerces de produits chinois dans la capitale sénégalaise.
LE DÉSASTRE MICHAEL BLOOMBERG
René Lake revient sur le débat télévisé de la nuit dernière entre candidats démocrates aux primaires, marqué par une prestation catastrophique du milliardaire new-yorkais et un Joe Biden plutôt moyen
Joe Biden moyen, Elisabeth Warren incisive, Bernie Sanders serein et surtout un Michael Bloomberg ramassé à la petite cuillière. Pour René Lake, le troisième débat des candidats démocrates aux primaires, a livré de nombreux enseignements intéressants la nuit dernière.
L'analyste politique fait son décryptage au micro de VOA Afrique dans cette tranche matinale de la radio, à partir de la 23è minute.
"NOUS ÉCRIVONS EN FRANÇAIS, MAIS NOUS NE NOUS EXPRIMONS PAS"
Il y a une limite politique et esthétique à écrire dans la langue d'autrui - Mon livre le plus complet est Doomigolo - Je ne suis pas spécialement fier de mon Grand prix littéraire d'Afrique Noire - RENCONTRE AVEC BOUBACAR BORIS DIOP
De passage à Bruxelles pour la rentrée littéraire" Raconte moi Cheikh Anta Diop" des Lingeer Belgique en janvier dernier, Boubacar Boris Diop a été reçu à la Radio Campus pour une balade littéraire exceptionnelle. Le journaliste, écrivain et disciple de Cheikh Anta Diop, est notamment revenu sur sa décision d'écrire en langue nationale (le wolof en l'occurence). Une initiative certes difficile, avoue-t-il, mais d'une absolue necessité. " Ecrire en français offre un public plus diversifié mais pas forcément important. Nous ne devons pas nous priver de notre culture pour la simple raison de communiquer entre nous", lance l'éditorialiste de SenePlus à l'endroit de ses pairs écrivains d'Afrique et d'ailleurs.
Retrouvez l'intégralité de l'émission ci-dessous.
LES TRANSPORTEURS ROUTIERS EN GRÈVE POUR DÉNONCER LES RACKETS
« D’une frontière à la capitale, Dakar, il y a presque mille gendarmes, mille policiers et mille douaniers. J’approche, c’est 1000 francs CFA. Tu ne donnes pas, tu es arrêté. »
Entre le prix élevé du carburant, le manque d’aires de repos et surtout les dessous de table demandés lors des contrôles routiers, les conducteurs n'en peuvent plus et exigent des garanties du gouvernement.
Ce 19 février avait lieu le premier jour de grève pour les conducteurs de l’Union des transporteurs routiers du Sénégal. Si le décompte du nombre de grévistes est toujours en cours, le syndicat, qui compte 3000 adhérents, l’assure : il n’y aura pas de reprise du travail tant que leurs exigences ne seront pas satisfaites.
Parmi les douze doléances présentées au gouvernement le 11 février dernier, la première porte sur les contrôles routiers jugés trop nombreux et les pots-de-vin exigés par les autorités.
« Ce que nous avons noté, c'est que d’une frontière à la capitale, Dakar, il y a presque mille gendarmes, mille policiers et mille douaniers, note Gora Khouma, le secrétaire général du syndicat. Donc c’est une façon de racketter, tout simplement. J’approche, c’est 1000 francs CFA [1,50 euro]. Tu ne donnes pas, tu es arrêté. »
Concurrence déloyale du secteur informel
Il y a par ailleurs un nombre insuffisant d’aires de repos. « Le conducteur qui quitte Dakar pour aller jusqu’à Rosso ou bien jusqu’à Bakel [à la frontière mauritanienne, ndlr] ou jusqu’à la frontière du Mali, veut se reposer et dormir, mais on n’en a pas la possibilité, déplore-t-il. Non seulement c’est intenable, mais c’est source d’accident. »
Ces revendications sont portées par les transporteurs de marchandises comme par les conducteurs de transports en commun. Ces derniers dénoncent la concurrence déloyale du secteur informel, mais aussi de la société nationale de transports, Dakar Dem Dikk.
D’abord cantonnée à la capitale et sa banlieue, celle-ci a étendu son réseau à travers le Sénégal en 2017 et vise désormais les pays frontaliers. Le ministère des Transports se dit ouvert à la discussion avec les grévistes, mais il prévient qu'il faudra du temps pour trouver un compromis avec les nombreuses parties prenantes.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
CHEF DE L’ETAT ET CHEF DE PARTI, LA QUADRATURE DU CERCLE
L’histoire politique a montré que chaque fois que le chef du parti délègue certains de ses pouvoirs à un numéro 2, ce dernier est tenté d’en abuser au point de vouloir faire un pronunciamiento au sein du parti
Lors de la 56e session de la commission politique du dialogue national, la question relative au cumul des fonctions de chef de parti et de président de la République a été la principale pomme de discorde entre la majorité, favorable au statu quo, et l’opposition, la société civile et les non-alignés qui prônent la dissociation. Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, Macky Sall et Abdoulaye Wade ont toujours prôné la séparation entre les deux fonctions. Mais une fois au pouvoir, ils se rendent compte de la complexité du problème au point de se renier !
L’histoire politique de notre pays depuis 1960 jusqu’à aujourd’hui montre que tous les hommes politiques (Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall) qui se sont succédé à la tête de l’Etat sont à la fois président de la République et président de parti. Le système politique sénégalais est copié de celui de la France qui lui-même est d’inspiration monarchique. C’est ce qui explique que généralement le parti politique, statutairement une association privée d’hommes et de femmes aspirant à la conquête démocratique du pouvoir, est une propriété privée appartenant à celui qui a déployé ses moyens financiers pour le créer. Dans ces conditions, le fondateur du parti devient le principal décideur et le principal bailleur de toutes les activités. C’est ce qui fait que les textes du parti lui octroient des attributions monarchiques qui lui donnent pratiquement droit de vie et de mort sur les militants. Cette omnipotence déteint la plupart du temps sur la démocratie au sein des partis puisque pour les décisions qui requièrent l’avis démocratique de certaines instances, c’est généralement le chef du parti qui les prend à lui seul. Ainsi, c’est le chef omnipotent qui choisit ses députés ou ses maires sans tenir compte de leur représentativité ni de leurs compétences. Encore moins des avis des instances ! Quoi d’étonnant dans ces conditions qu’à l’Assemblée nationale, on assiste souvent au spectacle de hurluberlus qui se lèvent pour dire qu’ils sont les députés du président de la République. Et non du peuple qui les a élus et qu’ils sont censés servir.
Le parti est assimilable à un micro-gouvernement
Si dans certains partis, on déplore le manque de renouvellements démocratiques voire de structuration, c’est parce que le chef et propriétaire du parti se substitue aux instances pour nommer les responsables. Dès lors, le parti est assimilable à un micro-gouvernement où le chef peut nommer et limoger qui il veut. L’exemple le plus achevé de ces partis autocratiques est le Parti démocratique sénégalais (PDS) qui appartient exclusivement à Abdoulaye Wade. Aujourd’hui qu’il n’est plus président de la République, il reste le président de son parti bien que son fils Karim Wade l’ait hérité. Dans l’histoire politique du Sénégal, on note aussi le legs du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) de feu Cheikh Abdoulaye Dièye à son fils Bamba. Au début des années 60, c’està-dire au lendemain de notre indépendance, on notait un partage des responsabilités au sein de l’Union progressiste sénégalaise (UPS) devenue Parti socialiste (PS).
Mamadou Dia neutralisé et embastillé, Senghor a alors pu diriger le parti à sa guise. Sous Diouf, les choses ont fonctionné de la même manière même si l’on a connu aussi la toute-puissance séquentielle de Jean Collin et d’Ousmane Tanor Dieng. Quand le président Macky Sall signait la Charte des Assises, il s’engageait à respecter ses dispositions. Et parmi celles-là, il y avait la dissociation des fonctions concomitantes de président de la République et de chef de parti. Et quand le 28 novembre 2012 le chef de l’Etat Macky Sall, au cours d’une audience, chargeait le président Amadou Mokhtar Mbow d’«organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long termes, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et de rester une grande nation de démocratie », les Sénégalais pensaient que les conclusions de la commission qu’allait créer l’ancien président de l’Unesco allaient être mises en applications. Que nenni ! Le document de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) a été chahuté par les partisans du président Macky Sall, celui-là même qui en avait fait la commande !
Et tous les politiciens apéristes qui s’étaient prononcés sur le document de la CNRI — et souvent en des termes railleurs qui frisaient l’insolence et l’irrévérence — ne prenaient en compte que le seul article 63, alinéa 2, qui dit : « Durant l’exercice de ses fonctions, le Président de la République ne peut exercer aucune fonction dirigeante dans un parti politique ni appartenir à toute autre association». L’explication avancée, c’est que l’Alliance pour la République (APR) est un jeune parti ayant besoin de son chef pour se massifier, se fortifier et se structurer. Pourtant dans les dispositions transitoires, il est clairement indiqué à l’article 153, alinéa 1 que « le président de la République en fonction termine son mandat au cinquième anniversaire de la date de son élection. Seules ne lui sont pas applicables au cours du présent mandat, les dispositions prévues à l’article 63 alinéa 2 ». Ce qui veut donc dire que l’actuel Président n’était point visé par une telle disposition.
Le rejet catégorique de Macky Sall
En voyage en Chine à la sortie du document de la controverse, le président Sall, dans un ton répugnant voire comminatoire, avait déclaré qu’il n’est assujetti ni à une contrainte ni à un délai pour lire et avaliser le document de la CNRI. Par conséquent, il prendra ce qu’il juge bon de ce document. En sus, le député Samba Diouldé Thiam de la mouvance présidentielle lui avait emboité le pas en légitimant la nécessité du cumul des deux fonctions. Voici ce qu’il disait à ce propos : « Une femme ou un homme solitaire n’accède jamais au pouvoir politique. Un président de la République a besoin de s’appuyer sur les forces politiques et sociales qui ont grandement contribué à son élection pour conduire la politique sur laquelle il est élu. Il en a encore besoin s’il est dans les conditions de solliciter un deuxième et dernier mandat. Il ne faut pas se payer de naïveté et imaginer un Président qui « décroche » de son parti ou de la coalition de partis, donc des forces politiques qui ont travaillé pour son élection, en plus des mouvements divers qui se sont mobilisés en sa faveur.
Même si un indépendant est élu a la tête de l’Etat, la première préoccupation qui l’habitera sera de construire un bloc de forces politiques et sociales pour le soutenir durant son mandat, éventuellement pour l’accompagner dans la recherche d’un deuxième et dernier mandat. » Toute cette schizophrénie montre à quel point les hommes politiques, une fois au pouvoir, éprouvent des craintes pour quitter la direction de leur parti. On peut leur donner raison si c’est pour maintenir la stabilité au sein de leur formation politique. L’histoire politique a montré que chaque fois que le chef du parti délègue certains de ses pouvoirs à un numéro 2, ce dernier est tenté d’en abuser au point de vouloir faire un pronunciamiento au sein du parti. Certains disent que le PS a commencé sa pente déclinante quand Diouf a confié ses rênes à feu Ousmane Tanor Dieng en 1996.
Et si Wade a été éjecté du pouvoir en 2012, c’est dû en grande partie à la mainmise voire l’emprise de son numéro deux officieux à savoir son fils Karim Wade. In fine, il est à craindre au niveau du dialogue politique que cette question du cumul qui divise les plénipotentiaires sera transmise au chef de l’Etat pour la décision ultime. Il est peu probable que Macky Sall valide une telle proposition parce que le faire, c’est trahir sa position sur le 3e mandat. Scier la branche sur laquelle il est assis. Bref, la quadrature du cercle.
CUMUL PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET CHEF DE PARTI, UNE SÉPARATION IMPOSSIBLE
C’est presque de l’utopie politique que de croire qu’un chef d’Etat élu au Sénégal va accepter de renoncer à la direction de la formation politique qu’il dirige ou dont il a héritée
C’est presque de l’utopie politique que de croire qu’un chef d’Etat élu au Sénégal va accepter de renoncer à la direction de la formation politique qu’il dirige ou dont il a héritée (cas de Senghor et Abdou Diouf pour l’UpsPs) ou qu’il a créé (cas de Abdoulaye Wade et Macky Sall pour le Pds et l’APR). Au Dialogue national, la majorité politique se braque sur la question du cumul des mandats estimant qu’on ne doit pas y toucher, alors que l’opposition et la société civile veulent qu’à partir de 2024, le président de la République élu ne soit plus chef de parti. Un dialogue de sourds, impossible à résoudre.
Il ne serait pas surprenant que parmi les points qui resteront en suspens lorsque le président Famara Ibrahima Sagna va remettre les conclusions des travaux du Dialogue national au président de la République, figure celui portant sur le cumul des fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti. « Nos démocraties en Afrique ne sont pas mûres pour une telle scission. Je crois qu’on est plus dans la cosmétique politique pure maquillée de la politique politicienne cherchant seulement à légiférer sur la tête d’une personne ciblée, or on doit légiférer pour les générations futures » souligne d’emblée l’homme politique Kadialy Gassama.
Et pourtant, aussi bien du côté de l’opposition que de la société civile, on cherche à légiférer pour les générations futures puisque la proposition de la fin du cumul entre Pr et Chef de parti doit s’appliquer pour la présidentielle de 2024. Au sein de la majorité présidentielle, le cumul actuel ne gêne nullement Au contraire ! Pour les représentants de Benno Bokk Yaakar (BBY), c’est pas touche au cumul !
De Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, tous les quatre chefs d’Etat du Sénégal de nos indépendances à nos jours ont géré ce cumul. Le premier, Léopold Sédar Senghor, suite à une divergence avec le président Lamine Guèye a créé en octobre 1948 le Bloc démocratique sénégalais (Bds) à la suite d’une scission avec la Section française de l’internationale ouvrière (Sfio) dirigée par Me Lamine Guèye. Le BDS deviendra plus tard l’Union progressiste sénégalaise (Ups), puis le Parti socialiste. Senghor cumula les deux postes de président de la République et secrétaire général du Parti socialiste jusqu’à son départ du pouvoir en décembre 1980. Son successeur, Abdou Diouf, a suivi le même sillage. Pour asseoir son pouvoir naissant et prendre la tête du PS, il lance la désenghorisation.
Le Sénégal vit pleinement le parti-Etat puisque, sous Abdou Diouf, l’Etat s’était confondu avec le parti. On retiendra cependant la décision du président Abdou Diouf en 1996 de se retirer du poste de secrétaire général du PS pour prendre celui de Président du parti en laissant à feu Ousmane Tanor Dieng le titre de Premier secrétaire lors du fameux « congrès sans débat ». Encore que Abdou Diouf n’avait pas quitté le parti, mais il en avait délégué la gestion quotidienne à Ousmane Tanor Dieng. Troisième président du Sénégal indépendant, le libéral Abdoulaye Wade n’a pas enlevé une seule virgule au cumul chef de l’Etat/chef de parti.
Secrétaire général national fondateur du Pds en 1974, il a dirigé ce parti d’une main de fer jusqu’à son élection à la tête de l’Etat en 2000. Il a cumulé ce dernier et son parti jusqu’à son départ en 2012. Son successeur Macky Sall avait promis de ne pas cumuler les deux. Voulant certainement s’attirer les bonnes grâces de l’opinion et de l’opposition, il avait adhéré sans réserve aux textes fondamentaux des conclusions des Assises nationales sans que le ''Peuple des Assises'' ne réagisse.
Le leader de l'APR, au moment de signer la Charte des Assises et d’intégrer Benno Siggil Senegaal, n'avait émis que deux réserves. À savoir la nature du régime — les « assisards » roulaient pour le régime parlementaire tandis que Macky Sall militait pour le maintien du régime présidentiel — et la question de la transition sur laquelle il n'était pas d'accord, estimant que le président élu doit finir son mandat. Une fois Président, il s’est dédit comme sur la question de la durée de son mandat, en décidant de rester à la fois chef de parti et chef de l’Etat en contradiction avec la Charte des Assises. Laquelle bannit ce cumul. Dans les conclusions des Assises nationales, en effet, il est clairement dit que « le président de la République ne peut être ni chef de parti politique, ni membre d’une quelconque association durant l’exercice de ses fonctions». Le président Macky Sall continue gaillardement de présider les réunions de l’APR même si elles ne se tiennent plus à la salle des banquets du Palais de la République.
Deux alternances malgré le cumul
« Mais où est le problème ? Abdou Diouf a fait le cumul, il a été battu en 2000. Abdoulaye Wade a fait le cumul, il a été battu en 2012. Mais où se situe le problème ? » se demande le socialiste Kadialy Gassama. « Vous savez, on est en Afrique. Nos démocraties ne sont pas encore mures pour prétendre avoir une scission entre le chef de parti et le chef de l’Etat comme dans des pays comme la France ou les Etats-Unis.
La démocratie dans nos pays est encore fragile. Actuellement, la question du 3ème mandat secoue une dizaine de pays africains où les chefs d’Etat sont en train de tripatouiller leurs constitutions rien que pour rester au pouvoir. Regardez en Mauritanie où le président sortant voulait rester à la tête du parti, ce qu’a refusé son successeur le président Ghazouani » souligne notre interlocuteur. Selon l’économiste socialiste, il serait hasardeux de vouloir imposer coûte que coûte un tel schéma de déconnexion des fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti à nos démocraties.
En outre, il estime qu’il n’est pas possible pour un président de ne pas continuer détenir l’appareil politique fort qui lui a permis d’arriver au pouvoir. « Dans les principes, bien que le cumul comme être Dg et ministre, président du conseil départemental et maire doive être banni, je ne pense que le cumul entre chef de l’Etat et chef de parti soit gênant. La commission du dialogue politique ne doit pas s’attarder sur cet aspect car ce n’est pas une question trop importante d’autant qu’elle n’impacte pas sur le suffrage universel. Deux chefs d’Etat (Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, Ndlr) ont cumulé les deux postes, et pourtant ils ont été battus par le suffrage universel » explique Kadialy Gassama. Jamais deux sans trois avec Macky Sall ?
FOUNDIOUGNE, UNE COMMUNE A LA RECHERCHE DE SA SPLENDEUR PERDUE
Fondée en 1917, Foundiougne est l’une des plus anciennes communes du Sénégal. Grâce à sa position stratégique sur le Saloum, son port de commerce a joué un rôle de premier plan à l’ère coloniale.
Fondée en 1917, Foundiougne est l’une des plus anciennes communes du Sénégal. Grâce à sa position stratégique sur le Saloum, son port de commerce a joué un rôle de premier plan à l’ère coloniale. En 1940, lors de la bataille de Dakar, le général de Gaulle a utilisé Foundiougne comme point de débarquement discret de ses émissaires clandestins. L’administrateur Marcel Campistron, rallié à la France libre, facilitera leur pénétration et leurs actions de préparation de cette opération dans le territoire. Ville commerciale et historique, Foundiougne a assurément perdu de sa splendeur d’antan pour devenir une ville quelconque…
Et pourtant avec ses énormes potentialités économiques, Foundiougne, pour peu qu’il y ait eu une volonté politique soutenue, aurait pu sortir de sa situation d’une ville sans infrastructure majeure. En effet, l’étranger qui met le pied dans cette ville située dans le Sine Saloum, est frappé par son extrême pauvreté. Même si l’intérieur des maisons est spacieux, celles-ci sont faites de sommaires concessions rustiques. Aucun édifice en hauteur à part la maison du maire qui se distingue des autres par son luxe. Les rues sablonneuses sont désertées par la population à cause d’une chaleur étouffante qui prend possession de la ville dès le matin pour ne laisser place à un peu de tiédeur qu’en début de soirée.
En ce jour de samedi du mois de février, lors de notre passage pour les besoins de la couverture de la coupe du maire, l’impression qui prévaut est que tout Foudiougne s’était réfugié à l’intérieur des concessions où régnait une certaine torpeur qui rendait les humains maussades. Le soleil dardait ses rayons sur les rares personnes qui osaient affronter la canicule. Les arbres qui auraient pu leur offrir leur ombrage sont presque inexistants dans cette ville côtière qui fut l’une des plus vivantes à l’époque coloniale.
Babacar Diamé, maire de Foundiougne depuis 2009 et président du Conseil de surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), retrace l’histoire de la commune où a étudié le président de la République Macky Sall. « Foundiougne est une ancienne ville qui était, à l’époque coloniale, le chef-lieu du cercle du Sine et Saloum. Lorsque les colons sont arrivés, il n’y avait pas de routes pour aller à Kaolack. Ils sont alors passés par la mer pour venir à Foundiougne en créant leur propre base. A l’époque, il y avait la commercialisation de l’arachide. Tout le bassin arachidier venait à Foundiougne déposer les arachides. Et le produit était acheminé à Bordeaux. Le port de la commune était le 6ème port de l’Aof » !
Foundiougne pleure son passé florissant
Créée en 1917, Foundiougne a célébré en 2017 ses cent ans d’existence. Par sa position, la ville a connu un développement fulgurant eu égard à ses potentialités. Aujourd’hui, elle polarise 17 collectivités locales. Fort gâtée par la nature, cette presqu’île est ceinturée par la mer et des îles du Gandoul. Hélas, malgré ses potentialités, Foundiougne n’a pu tenir après le départ des colons. Son développement ayant connu un arrêt. Le commerce qui faisait vivre la localité se meurt. Son port régresse au détriment de celui de Kaolack qui a pris le relais. Avec les voies routières construites par les autorités sénégalaises, Foudiougne perd ainsi de son point d’accès par la mer au profit de Kaolack.
Toutefois, le maire estime que, tant bien que mal, les choses commencent à bouger depuis l’accession du président Macky Sall au pouvoir. « Foundiougne est en train de connaitre le développement. Il faut reconnaitre que le président de la République Macky Sall, qui a grandi à Foundiougne et y a fait ses classes de CM1 et de CM2, a conscience des potentialités qui existent dans le département de Foundiougne pour avoir vécu dans ce lieu. Etant né à Fatick, il a grandi à Foundiougne. Il faut aussi reconnaitre qu’avant lui, il y avait des gens qui avaient compris la nécessité d’accompagner Foundiougne. Mais malheureusement, Foundiougne a toujours été laissée en rade », se désole le président du Conseil de surveillance de la Caisse des dépôts et Consignations et maire de la ville. Avant de poursuivre : « Maintenant, depuis 2012, les choses ont effectivement repris. Parce que d’abord, il y a les infrastructures qui ont été créées entre Foundiougne et Passy et entre Keur Ndiaye Wally et Sokone. Vous voyez qu’il y a eu un désenclavement. Le président de la République a considéré qu’il faut aller loin, il est en train de construire un pont d’une longueur de 1,300 km, d’une hauteur de 28 m pour un coût de 42 milliards. Il y a le port de NdakhongaFoundiougne d’un coût de 28 milliards qui va s’ouvrir certainement à la fin de l’année 2020. Il y a aussi la plateforme d’hydrocarbures qui permet de stocker tout le carburant qui va arriver et qui permettra aussi de capter le trafic malien. Parce que les Maliens vont à Dakar pour chercher le carburant. A partir du moment où il y aura la livraison de cette plateforme, les Maliens n’auront plus besoin d’aller jusqu’à Dakar, mais viendront à Foundiougne » confie, résolument optimiste, le maire Babacar Dramé.
Le premier magistrat de la ville garde espoir que sa localité connaitra le développement avec le port et le pont en cours de réalisation. Foundiougne, c’est aussi un bastion de l’agriculture, du tourisme et de l’élevage. « Nous avons espoir que le pont qui sera livré au mois de mars 2021 permettra de désenclaver complètement la zone Foundiougne-Ziguinchor, Foundiougne-Gambie, Foundiougne-Guinée etc. Ce sera une bonne chose pour le département et, d’une manière générale, pour le pays », s’enthousiasme-t-il. Avec tout cela, la commune verra sa jeunesse profiter de ses potentialités. « L’emploi des jeunes se fait de manière progressive, tous les chantiers qui sont là sont ouverts aux jeunes. Ils sont recrutés mais il y a des métiers spécialisés pour lesquelles il n’y a pas de personnes formées au niveau local. Indépendamment de ça, il y a des entreprises qui sont des prestataires de services dans le cadre de l’exécution du pont. Ce sont des Chinois, mais ils ont des entreprises sénégalaises qui recrutent des agents. Et avec l’ouverture du pont, il y aura encore davantage d’emplois et cela permettra de booster l’économie du pays. Les femmes et les jeunes vont y travailler. La Der est déjà à Foundiougne pour accompagner les femmes », liste encore, entre autres heureuses perspectives, le maie Babacar Dramé.
Le grand combat de la population, l’eau
A 18 heures, le soleil a fini de darder ses rayons sur Foundiougne. Les « Jakarta » font d’incessants va-et-vient. Le jour de notre visite, la finale de la coupe du maire s’est jouée sur un terrain sablonneux sans tribune. Comme dans un gros village, les supporters ont entouré l’aire sablonneuse, criant et gesticulant. Si une des équipes marque, ils entrent dans le terrain pour jubiler. Les autorités sont assises sur des chaises. Il arrive souvent que le ballon se retrouve sur elles. Modou, sur ses 20 printemps, assis à califourchon sur sa moto discute avec une cliente. « Ici, la quasi-totalité des jeunes conduisent des motos Jakarta. Mais, certains aussi vont travailler comme journaliers au port. La vie n’est pas du tout rose. Mais, le grand problème de Foundiougne c’est l’eau. Nous souffrons de ce manque d’eau », répète le jeune homme avant de filer avec sa cliente. Un trentenaire, un bouquin en main, estime que la commune a des potentialités inexploitées. « Le bilan du maire est mitigé. On ne peut pas dire qu’il n’a pas travaillé, mais il reste beaucoup de choses à faire. Faites le tour des quartiers et vous constaterez par vous-même l’état de la pauvreté. Ne pensez pas en voyant ce pont et le port que la vie est nickel ici. Non ! Les lampadaires sont allumés, il n’y a pas longtemps. Ce n’est toute la commune qui est éclairée. Aujourd’hui, notre grand besoin reste l’eau. Je pense que le maire devrait se battre pour ça » a confié le trentenaire qui demande l’anonymat.
Le maire parle de ses réalisations
« En termes d’accompagnement, nous avons besoin de Promovilles, de la responsabilité sociétale d’entreprise parce que la société qui construit le pont doit pouvoir nous permettre d’avoir au moins une voirie. Parce qu’à Foundiougne, il n’y a pas de voies bitumées. Il serait bon que dans l’activité de réalisation du pont, du port et de la plateforme on puisse avoir une voirie intérieure et ensuite accompagner les jeunes. Pour le sport, on a réservé 4 hectares de terrain pour la construction d’un stade départemental multifonctionnel. Nous voulons aussi construire une arène. J’ai un bilan positif à Foundiougne. Je suis maire depuis 2009. Quand je suis venu, il y avait des difficultés en matière d’éclairage, des insuffisances dans l’éducation parce qu’il fallait construire des salles de classe, il y avait un marché hebdomadaire qu’il fallait créer, et c’est fait. Il y a aussi le campement municipal qu’on a mis en place, deux autos taxi qui sont là qui doivent démarrer pour contribuer au désenclavement de la ville, le nouvel hôtel de ville qui a été construit avec une enveloppe d’une valeur de 200 millions en remplacement de l’autre qui était dans un état de délabrement et qui date de 1917. La ville est éclairée. C’est l’eau qui constitue un réel problème à Foundiougne. On n’a jamais eu d’eau potable. L’Etat a créé un forage à Passy Mitiel. Grâce à ce forage, on est alimenté en eau. Je pense que dans les mois à venir cela va desservir Foundiougne » confie, avec un enthousiasme émouvant à voir, le maire Babacar Diamé.