SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 octobre 2025
MACKY-GHAZOUANI, LA LUNE DE MIEL ?
"Le rapprochement a été beaucoup plus facile avec Ghazaouani parce que c’est une personne qui écoute contrairement à son prédécesseur", analyse Moussa Diaw, enseignant à l'UGB
Le président sénégalais Macky Sall a achevé, mardi 18 février 2020, une visite officielle de deux jours en Mauritanie. Des accords ont été conclus dans plusieurs domaines, dont l’énergie et la pêche, des secteurs-clés dans lesquels les deux pays sont amenés à travailler ensemble. Moussa Diaw, chercheur en sciences politiques à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, évoque les raisons de ce rapprochement.
Moussa Diaw : De façon générale, c’est le raffermissement des relations entre les deux pays depuis l’arrivée de Mohamed Ould Ghazouani au pouvoir. C’était l’invité d’honneur lors du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique à Dakar [les 18 et 19 novembre 2019] où il avait prononcé un important discours dans lequel il a insisté sur la stratégie de lutte contre le jihadisme dans la sous-région et également sur la nécessité de rendre cette dimension-là multilatérale, impliquant les Nations unies dans cette grande lutte contre le jihadisme.
Comment expliquer le rapprochement entre les deux présidents ? Est-ce que c’est lié à une question de personnalité ou d’intérêts communs ?
Le rapprochement a été beaucoup plus facile avec Ghazaouani parce que c’est une personne qui écoute, qui développe un état d’esprit, contrairement à son prédécesseur. Une vision beaucoup plus profonde dans l’analyse des questions qui englobent toutes les régions. Donc, des personnalités qui ont pratiquement les mêmes conceptions des relations, notamment le renforcement de la coopération dans cette sous-région.
Est-ce que le rapprochement entre ces deux personnalités serait de nature à inclure la diplomatie sénégalaise dans le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad), et donc dans les questions de sécurité dans la sous-région ?
Oui. À mon avis, oui. Parce que la Mauritanie va prendre la présidence tournante. C’est possible parce qu’il y a un rapprochement vraiment entre deux personnalités qui ont une conception de ces relations-là qui dépasse donc les contradictions et qui favorisent une bonne entente entre les deux pays. C’est lié à leur personnalité parce qu’on ne pouvait pas comprendre que le Sénégal ne soit pas membre de cette structure-là alors qu’il y a une expertise en la matière. L’armée sénégalaise a cette expertise-là, a participé à plusieurs conflits et interventions pour le maintien de la paix. Et donc, cette expertise pourrait être mise à contribution pour lutter efficacement contre le jihadisme dans la région. Je pense que le président Mohamed Ould Ghazouani va ouvrir cette structure permettant au Sénégal de participer comme tous les autres acteurs.
Il est stratégique parce que ça permet de générer de nouvelles ressources dont les deux pays ont besoin pour développer leur économie. Donc cet enjeu est important dans l’équilibre et le développement économique de ces deux pays.
C’est le groupe British Petroleum (BP) qui va exploiter ce gisement pendant trente ans. La société Kosmos Energy, qui a découvert ce gisement, détient 30% des parts de ce projet nommé « Grand Tortue Ahmeyim ». Quelles seront donc les retombées réelles pour le Sénégal et la Mauritanie ?
Il y a une part de partage, c’est 50/50, quand les compagnies auront pris leur part. Le reste sera partagé à parts égales entre les deux pays. C’est la raison pour laquelle, conscients de ce que cela représente comme opportunité de développement économique et sociale, les deux présidents ont renforcé cette coopération, se sont entendus pour partager cette ressource. Et cela permettra de créer des emplois, cela permettra aussi de renforcer l’économie, d’imaginer des projets, de les créer et de les mettre en œuvre pour le développement économique et social des deux pays.
Pour le moment, il semble y avoir une entente sur la question du gaz, mais comment peut-on imaginer que l’exploitation se déroule bien, si dans le même temps, l’exploitation des ressources halieutiques, elle, pose problème de manière ponctuelle ?
C’est très ancien cela. Dans la pêche traditionnelle au Sénégal, les pêcheurs n’ont pas l’habitude de respecter les frontières maritimes. C’est ça, la grande question. Ils s’aventurent dans les eaux mauritaniennes et les gardes mauritaniens surveillent. Et c’est ce qui pose souvent des problèmes. À mon avis, dans ce cadre-là, peut-être qu’il va y avoir des clauses. C’est aux deux gouvernements de trouver un terrain d’entente permettant à ces populations-là de vivre de la pêche qui est leur activité principale. Il faudra que les deux pays puissent s’entendre sur cette question et régler ça définitivement. Et c’est possible de régler cette question à partir de compromis qui sont trouvés de part et d’autre afin de lénifier cette question cardinale pour ces populations.
LES TECHNICIENS DÉCRÈTENT UNE GRÉVE DE 72 HEURES
Après des revendications qui n’ont pas eu un écho favorable, le Syndicat national des techniciens et travailleurs de l’agriculture du Sénégal (Synttas) a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Après des revendications qui n’ont pas eu un écho favorable, le Syndicat national des techniciens et travailleurs de l’agriculture du Sénégal (Synttas) a décidé de passer à la vitesse supérieure. Ils entament aujourd’hui une grève de 72 heures pour, disent-ils, paralyser le système et boycotter les prélèvements des semences dans les laboratoires. Les membres de cette organisation syndicale dénoncent de mauvaises conditions de travail et un mauvais traitement salarial.
Le Syndicat national des techniciens et travailleurs de l’agriculture du Sénégal (Synttas) entame aujourd’hui une grève de trois jours. Un mouvement d’humeur initié pour déplorer les mauvaises conditions de travail et le mauvais traitement salarial dont ils sont victimes. Selon Cheikh Abba Diémé, secrétaire administratif du Synttas, c’est depuis 2016 qu’ils ont déposé sur la table de leur tutelle, Dr Pape Abdoulaye Seck en son temps ministre de l’Agriculture, des revendications qui n’ont pas, jusqu’à aujourd’hui, connu aucune suite favorable.
Parmi ces revendications figurent en bonne place les indemnités de logement, les indemnités de risque, les indemnités de responsabilité, des équipements, des ordinateurs pour travailler, la dotation de moyens logistiques. Pour justifier ces demandes, le secrétaire administratif du Syndicat national des techniciens et travailleurs de l’agriculture du Sénégal dira qu’ils sont les seuls fonctionnaires du pays à ne pas bénéficier d’indemnités de logement. Ils sont aussi très mal payés.
Un ingénieur agronome gagne 220 mille francs Cfa et un agent technique d’agriculture gagne 140 mille francs Cfa à la fin du mois, avec toute indemnité confondue. Pour ce qui concerne des indemnités de risque, il explique : «Nous manipulons des produits phytosanitaires et toxiques pour le traitement des cultures et des stocks dans notre travail et nous pouvons contracter toute sorte de maladie. Cette indemnité nous permettra de régler les problèmes liés à ces maladies», dit-il.
Pour l’indemnité de responsabilité, Cheikh Abba Diémé affirme aussi qu’ils sont les seuls à ne pas en disposer dans la fonction publique, alors qu’ils font un travail très lourd. Concernant la requête sur les équipements, son diagnostic est sans équivoque.
«Tous nos services sont vétustes. Ils datent de l’époque coloniale. Ils menacent ruine. Ils n’ont jamais été retapés depuis leur installation. Au même moment, des citoyens sont délogés aux Hlm les Maristes pour des bâtiments délabrés, et nos bâtiments sont plus anciens et plus délabrés. Qu’est-ce qu’ils ont de plus que nous ?», se demande-t-il, avant d’indiquer que ce sont les travailleurs qui paient de leurs propres moyens des ordinateurs pour faire leur travail.
«Alors que c’est l’Etat qui doit mettre les moyens à la disposition des employés», rappelle-t-il. Selon toujours le secrétaire administratif du Synttas, les services qui sont dans leur structure sont dépourvus de véhicules. Pis, les travailleurs ne disposent pas aussi de véhicules de transport. C’est la somme de toutes ces revendications qui a motivé ce mouvement d’humeur de trois jours en vue de réclamer de meilleures conditions de travail.
«Au vu de tous cela, nous constatons que nous ne sommes pas respectés par nos autorités, en commençant par le Maer (Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural : Ndlr) qui jusqu’à présent n’a pas fait le tour des services pour une visite officielle. C’est un mépris considérable de l’autorité à notre égard», se désolent les travailleurs qui ont décidé de prendre leurs responsabilités et faire face en entamant une grève de 72h pour paralyser le système et boycotter les prélèvements des semences dans les laboratoires.
LE CORED INSISTE SUR LE RESPECT DE LA VIE PRIVÉE
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) a rappelé, mercredi, l’importance du respect de la vie privée dans le traitement de l’information.
Dakar, 19 fev (APS) - Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) a rappelé, mercredi, l’importance du respect de la vie privée dans le traitement de l’information.
’’Le respect de la vie privée est un aspect fondamental dans l’exercice du journalisme’’, souligne l’instance d’autorégulation dans un communiqué reçu à l’APS.
Le CORED dit avoir constaté que dans le traitement relatif à la disparition de la fille du leader de l’ONG Jamra, ‘’les médias sont allés jusqu’à évoquer la publication des résultats des tests gynécologiques de ladite fille’’.
Il ajoute que ‘’dans d’autres cas concernant des enfants mineurs impliqués dans des affaires de pédophilie, leurs images ont été publiées telles que sans aucun filtre’’.
Pour l’organe d’autorégulation, ’’il s’agit là d’une atteinte grave et manifeste à la vie privée et à la dignité de ces personnes’’.
Le CORED appelle les médias à ‘’l’exercice d’un journalisme responsable, c’est-à-dire pratiqué dans le cadre du respect des règles éthiques et déontologiques, loin des clichés de la presse à scandale qui cherche à s’immiscer dans la vie privée des gens’’.
’’La vie privée couvre l’intégrité physique et psychologique d’une personne ainsi que de multiples aspects de son identité, son droit à l’image, sa réputation, les informations relatives à sa situation médicale, à l’adresse de son domicile, à sa paternité, à ses activités sexuelles, etc. En toutes circonstances, les images des mineurs doivent obligatoirement être floutées’’, écrit le CORED dans son communiqué.
Il souligne que la diffusion de ces informations ’’est contraire à l’éthique journalistique sauf si elles ont un intérêt public’’.
LA LETTRE PERDUE DE OUMAR YOUM
Contrairement à ce qu’il a fait croire, le ministre n’a jamais pu expédier son fameux courrier de protestation contre la sortie de l'ambassadeur de France au Sénégal, à Paris
Le ministre Oumar Youm a affirmé avoir expédié par voie diplomatique une lettre de protestation au gouvernement français pour se plaindre de l’attitude de son ambassadeur à Dakar, ainsi que de certaines déclarations du directeur général de la société Senac Sa, qui gère l’autoroute à péage. En réalité, le courrier en question n’a jamais quitté Dakar.
Dans son édition du mercredi dernier, 12 février, le journal L’Observateur avait fait état d’une lettre de protestation envoyée au gouvernement français à la suite des sorties du directeur général de Senac Sa, la société con cessionnaire de l’Au toroute de l’Avenir (Dakar-Aibd), ainsi que de l’ambassadeur de France, sur la date de mise en circulation du Train express régional (Ter).
L’Observateur a indiqué que la lettre en question était signée du ministre des Infras tructures, des trans ports terrestres et du désenclavement, M. Oumar Youm, et qu’elle avait été adressée au secrétaire d’Etat français, chargé des Transports, M. Jean-Baptiste Jebbari. Nos confrères ont précisé que ladite missive a été expédiée par voie diplomatique. Interpellé par le journal «pour authentifier la lettre», le ministre en a profité pour préciser le sens de sa sortie : «J’ai saisi directement le secrétaire d’Etat chargé des Transports de la République française pour lui manifester carrément le désagrément du ministère et de tout le gouvernement du Sénégal.»
Puisqu’aucun média n’en avait plus parlé, Le Quotidien a voulu savoir quelle a été la réaction à cette missive diplomatique présentée par le journal comme étant «les mises en garde du Sénégal à la France». Des membres du cabinet du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, saisis par la rédaction du journal, ont affiché leur surprise quant à l’existence de cette lettre.
Ces fonctionnaires français travaillant au Quai d’Orsay, à la section de l’Afrique de l’Ouest, ont avoué n’avoir jamais vu la lettre du ministre Oumar Youm. Or ce dernier a affirmé dans sa sortie à L’Observateur que sa lettre a suivi la voie diplomatique. Donc, quelques coups de fil auprès des services du ministre Amadou Ba devaient clarifier les choses, pour connaître le fin mot de l’histoire. Et là, c’est un autre son de cloche qui a retenti.
A ce niveau, Le Quotidien a appris que la lettre signée par le ministre des Infras tructures, des transports terrestres et du désenclavement est bien arrivée, et… a été retournée à l’expéditeur. Il a été fait comprendre au ministre Oumar Youm que sa lettre de protestation était sans objet. Si le gouvernement sénégalais, comme il le dit, avait voulu exprimer son mécontentement par rapport à l’attitude du chef de la mission diplomatique française à Dakar, il aurait été loisible au ministre des Affaires étrangères de convoquer ce diplomate et de lui exprimer de vive voix les sentiments de l’Etat du Sénégal.
Or jusqu’à plus ample informé, des membres du gouvernement, et pourquoi pas leur chef, ont estimé que Philippe Lalliot, dans l’émission radiodiffusée où il s’est exprimé sur la date de circulation du Ter, n’avait apporté aucune contradiction. Répondant à une question du journaliste sur la mise en circulation de ce train en avril, le diplomate, disant se fonder sur les déclarations des entreprises françaises travaillant sur cet ouvrage, avait affirmé qu’il était possible que des tests se fassent à cette période, mais qu’on ne pouvait espérer voir une «mise en service commerciale du Ter» au mois d’avril.
Cette sortie pourtant pas hors des rails de la diplomatie n’a pas eu l’heur de plaire au ministre des Transports qui, sur la Tfm quelques jours auparavant, avait été péremptoire en disant que le train en question allait être fonctionnel en avril. Pour le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, il n’était pas nécessaire d’écrire à Paris pour laver l’honneur de Youm. Encore moins pour se plaindre des entreprises françaises travaillant sur le Ter, ou de celle à qui a été concédée l’Autoroute à péage.
Les fonctionnaires auxquels Le Quotidien s’est adressé l’ont bien dit : «Si les entreprises ne respectent pas le contrat qui les lie au gouvernement du Sénégal, ce dernier a tous les moyens de le leur faire savoir. Mais aller se plaindre au Quai d’Orsay pourrait s’assimiler à une plainte d’un gouvernement d’un quelconque pays voisin, qui aurait un contentieux commercial avec une entreprise sénégalaise comme la Cse par exemple. Quels seraient les moyens de pression du gouvernement dans ce cas ?
Les entreprises françaises travaillant au Sénégal ont passé un contrat qu’elles sont tenues de respecter, et elles le savent mieux que n’importe qui.» Ce qui fait que, contrairement à ce qu’il a fait croire, le ministre Oumar Youm n’a jamais pu expédier son fameux courrier de protestation à Paris.
VIDEO
LA CONVENTION DES JEUNES REPORTERS DÉROULE SON PROGRAMME
En partenariat avec le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES), la CJRS a permis aux journalistes de faire un focus sur les ‘’défis’’ et les ‘’perspectives’’ des universités publiques sénégalaises
Boubacar Badji et Youssouf Ba |
Publication 19/02/2020
En partenariat avec le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES), la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) a permis aux journalistes de faire un focus sur les ‘’défis’’ et les ‘’perspectives’’ des universités publiques sénégalaises lors d'un atelier organisé du vendredi au Samedi dernier à Dakar. ‘’La situation des universités publiques sénégalaises : état des lieux, défis et perspectives’’ était le thème de cette rencontre à la sortie de laquelle Ibrahima Baldé a tirér plusieurs enseignements.
Il en parle au micro de SenePlus.
VIDEO
UN DÉCRET PARTI EN FUMÉE ?
« Oui au décret », c’est le cri du cœur lancé par la Ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB) pour réclamer le projet de décret réglementant la vente du produit.
Boubacar Badji et Youssouf Ba |
Publication 19/02/2020
« Oui au décret », c’est le cri du cœur lancé par la Ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB) pour réclamer le projet de décret réglementant la vente du produit. « Tout l’arsenal juridique a été déjà installé mais il reste toujours un projet de décret fixant les conditions de délivrance d’autorisation d’ouverture de débit de tabac. (Le texte) dort toujours dans les tiroirs du Secrétariat général du gouvernement », tape Amadou Moustapha Gaye, le président de la LISTAB, formulant « l’impatience » de la société civile, devant ce blocage. Dans ce sillage, une tournée est prévue auprès des chefs religieux pour plus de « diligence » dans ce dossier.
L’annonce est faite par Djibril Wellé, le Secrétaire exécutif de la ligue qui soupçonne des gens tapis dans l’ombre tentant de contrecarrer la loi anti-tabac.
« Qui sont derrière ce décret au niveau du Secrétariat général du Gouvernement ? Lequel a été adopté en comité technique avec l’industrie du tabac ? On ne comprend pas. Pourquoi ce décret n’est-il pas programmé depuis lors en Conseil des ministres ? On a eu à interpeller, au niveau du Secrétariat général du gouvernement, à travers le ministère de la Santé, pour voir où se situait exactement ce décret ?
A l’époque, on avait des réponses, nous disant que le président était en voyage, ou il y avait l’élection présidentielle ? Aujourd’hui, nous sommes en février 2020, 1 an que ce décret dort depuis le mois de février 2019 dans les tiroirs du Secrétariat général du gouvernement. Je pense que c’est important de le souligner. N’y-a-t-il pas des personnes tapies dans l’ombre pour bloquer ce décret-là ? ».
Un retard qui trouble la LISTAB. D’autant plus rappellent ses membres, « le 30 mai 2018, le président de la République avait demandé en Conseil des ministres, de faire appliquer cette loi anti-tabac. Depuis lors, plus rien. Notre inquiétude est là. Nous, en tant que société civile, nous allons nous lever et dénoncer cela. »
Selon eux, ce décret va permettre de rendre « plus facile l’application de la législation, encadrant l’accès au tabac. Parce que, c’est un décret qui intervient dans beaucoup de domaines (surtout) l’accessibilité aux produits du tabac, laquelle a une dimension très importante dans la lutte contre le tabac. Il est dit dans la loi que le tabac ne devrait pas être commercialisé à une certaine distance (pas moins de 200 mètres) des écoles, par exemple. (A la place), nous constatons qu’à tous les coins de rue, il y a des débits de tabac. »
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
LA RONDE DES OMBRES, L’IVRE DU POUVOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - La ronde des ombres est le premier roman de Philippe N. Ngalla, auteur franco-congolais. Une fiction mettant en scène les derniers jours d’un président accroché au pouvoir. Note de lecture d’un livre remarquable - INVENTAIRE DES IDOLES
La ronde des ombres est le premier roman de Philippe N. Ngalla, auteur franco-congolais de quarante ans, basé en France. Une fiction qui met en scène les derniers jours d’un président, accroché au pouvoir. Note de lecture d’un livre remarquable.
« Quelle épreuve que la traversée d’un grand chagrin ! » (p.94). Il ne croyait pas si bien dire, juste ne savait-il pas que son chagrin durerait si longtemps. Il s’appelle Sylvestre. Un soir, des ombres l’envahissent et c’est le début d’un grand vertige. Sylvestre est le président de la République d’un Congo imaginaire. Despote brillant et entêté, sa chute qui pointe à l’horizon, le conduit à recourir aux fétichistes, aux experts de la magie noire, avec qui il avait longtemps pactisé pour sauver ce qui peut encore l’être de cette soif du pouvoir qui ne le quitte toujours pas. C’est dans ces méandres faits d’ombres, creusées par des réflexions philosophiques sur la « fin proche », que serpente un roman à l’écriture tenue et au souffle puissant. « Des visions épouvantables le tourmentaient depuis des heures, invaincues par ses tentatives de les dissiper » (p.1), telle est l’entame de la tourmente du président dont on suit les périples, intérieures et extérieurs, pour se libérer « des ombres infatigables qui se rapprochaient …avec leur grognement de bêtes féroces » (p.35), mais peut-être de lui-même. Qui sont ces ombres qui fondent sur lui sans pitié ? La rançon de sa gloire mal négociée ? La sanction de ses crimes ? La métaphore de l’intranquillité des pouvoirs mal acquis ? « Des familles des victimes des catastrophes qu’il avait sacrifiées à des divinités avides de sang humain » (p.36) qui se signalent ? Ou tout ça à la fois. Une chose est sûre, ces ombres sont au cœur du roman, auquel elles donnent une épaisseur, une pénétration surnaturelle, et un caractère ésotérique. Elles arborent tantôt des visages humains, tantôts des esprits, mais elles révèlent le coût du pouvoir et le talent de l’auteur à donner corps, comme à un personnage central, à ces ombres.
Face à elles, Sylvestre se débat : entre Poto-Poto, lieu de retraite itinérante pour chasser ces ombres, Madingou, la province savante, Brazzaville, lieu-cœur du pouvoir, ou Pointe Noire, la ronde des ombres, est un roman qui voyage, au pas-de-course et au pas-de-porte ; des salles cossues du pouvoir : « dans son bureau d’apparat. Une vaste pièce aux murs lambrissés, tapissés de peintures harmonieusement disposées. Séparé par un tapis persan au médaillon cerné de fleurs, un canapé encadré de guéridons… » (p.115) ou alors l’antre du vieux Faugon : « la pièce inspirait le mystère dans son aspect effrayant. Le désordre d’objets inquiétants l’imprégnait de la lourde atmosphère des endroits malfamés. Un tissu d’un rouge vif recouvrait un pan de mur au bas duquel se trouvait une statuette au front proéminent, hérissée de clous…. » (p.62). Voici quelques-uns décors du premier livre de Philippe N’galla. Dans ce roman sans sommation, l’ivresse du pouvoir commence par donc une gueule de bois des lendemains qui semblent promis à déchanter. Sylvestre, avatar d’un genre que le continent cultive généreusement, le président à vie, sauve à peine sa lignée. A son chevet, tour à tour, Mamou Cocton sa fidèle alliée, garde-fou, fétichiste lettrée, la seule à lui tenir tête ; Nzoug Ma Mbala, le purificateur de la forêt : « Le cri rauque d’un oiseau qu’on imaginait grand perçait le silence de ce bois épais et enveloppé d’effroi. Une clairière cernée d’arbres hauts, massifs et touffus avait été choisie pour l’office. » (p.21) ; Moussa Dramé, le marabout malien établi au Congo ; le vieux Faugon, patriarche prétentieux : « Lorsque les blancs sont partis, tu crois que le premier président avait gagné les élections par quel moyen ? C’est moi qui ai travaillé. » (p.64)…. La ronde n’est pas faite que d’ombres, elle est aussi faite d’esprits qui débouchent les uns sur les autres, au gré des besoins du patient. Leurs sermons, leurs rituels, diffèrent mais placent la nature au cœur de ce roman, où le lien à la terre est campé par cette relation surnaturelle avec des esprits. Ils se relaient à coup de raouts fétichistes, de grandes cérémonies en forêt, de conciliabules, pour trouver la potion qui parviendra à sauver le président de sa chute inéluctable.
A mesure que l’oraison s’approche, le président voit sa cour déférente de plus en plus inquiète, apeurée à l’idée de perdre ses privilèges, et qui l’incite donc à réprimer dans la violence les ennemis menaçants de son pouvoir. Dans des discussions savantes, l’auteur met en scène Bruno, ce neveu du président, qui ne s’embarrasse pas des considérations de son maître, et qui propose un pacte de sang pour régler la défiance d’une opposition qui monte en puissance. « Faire disparaître les gênants est pourtant un jeu d’enfant. Si nous arrêtons, ces têtards se croiront tout permis. » (p.96), fonce Bruno. Mais l’ennemi, pour Sylvestre, éclairé par une lucidité au cœur de son ivresse, ce sont les « idées ». « Mieux vaut se méfier d’un homme avec des idées que d’une foule d’imbéciles » P (97), répond-il, savant. Philippe N. Ngalla finit presque par nous rendre ce personnage attachant, tant le roman est économe en injonctions et saisit la complexité des êtres sans renoncer à les peindre férocement.
Roman de Sylvestre, le texte aussi celui de Mamou Cocton, remarquable égérie de la fidélité, de l’obstination, d’une forme d’arrogance. A travers elle, l’auteur, fait le portrait des bons et des mauvais conseillers, si nombreux, dans les derniers quarterons des proches du pouvoir. Elle est présente, dans un tandem bien rodé avec Sylvestre, dans tout le texte dont elle est, à égalité, le personnage central. Elle occupe tous les rôles féminins : mère, muse, amante imaginaire, avocate, magicienne. Elle se fait aussi, à l’image des autres fétichistes qui peuplent le roman, dépositaire d’un pouvoir. C’est par ce ressort très bien inspiré, que l’auteur fait le portrait du despotisme, qui n’est pas seulement le fait du président, mais aussi des tenants de pouvoirs annexes qui sont avec lui dans la cogestion des affaires. Cette arrogance des traditions est décrite aussi, sans acrimonie « légataire d’un savoir qui avec d’autres formait le socle de la société, il craignait qu’avec la disparition des gens comme lui ne meurent le mystère et l’enchantement. Il regagna Madingou, heureux de retrouver sa hutte. » (p.65). Le pouvoir n’est jamais celui d’un seul, et la grande intelligence du livre, c’est la force d’interroger tout ce qui la détiennent et qu’on ne soupçonne pas. Ce qui explique en partie la longévité des pouvoirs décriés, car ils ne sont jamais le fait d’un seul homme. Dans un final inattendu, tout se lie et se délie, les acteurs se renouvellent, jusqu’au bouquet final.
Dans un texte d’une impressionnante maitrise, traversé par des réflexions profondes, l’auteur s’attèle surtout à disséquer Sylvestre de son vivant, et un Congo obscur que sa plume tente de confesser. Le roman s’apparente à une radioscopie, pas loin du monologue apitoyé, voire de la stance, d’un homme qui voit son destin s’obscurcir. A travers Sylvestre, la galerie des personnages s’étoffe par ce nuancier d’esprits fétichistes qui donnent, à mesure de l’inscription du récit dans la vérité endogène, diverses expressions du pouvoir et de la force mystique. Avec une parfaite maîtrise de la narration, de belles descriptions inspirées, une langue sublime avec des accès grandioses, des digressions bien senties, et une remarquable facilité dans les dialogues, Philippe N. Ngalla fait du despotisme un sujet d’art, qui ne renonce pas à sa dimension politique, à la pensée philosophique sur les courtisans, la solitude, les tentations de violence. A la lecture, on touche à l’universalité d’un sujet, tant Sylvestre pourrait être d’un autre pays, d’une autre région. Défilent dans son tableau, tous les sujets congolais, les inégalités saisies avec une parcimonie et une lecture fine, le chaos politique, la classe régnante, la cohabitation religieuse, la force mystique, le désespoir, le fossé entre la base et le sommet, l’immigration ouest-africaine au Congo, la réalité des familles au pouvoir. Tout passe à la moulinette d’une écriture qui rend bien compte des paysages en préférant l’afféterie de la langue de salon à la truculence, à laquelle on réduit souvent à tort le roman congolais.
Le style de Philippe N. Ngalla est classique. Si le terme est devenu générique dans les critiques, il n’aura jamais porté aussi bien son nom. L’auteur en effet, semble tout droit sorti du 19e siècle français, d’où il tire ses références. L’écriture est très tenue, parfois un peu trop, et presque jamais ne viennent égayer ses pages des notes plus fantaisistes, pour saloper la majesté des mots, pour les faire respirer. L’auteur, lecteur d’Anatole France, fils de Dominique N. Ngalla, avec de franches incursions chez Balzac, a opté pour cette écriture dont le vocabulaire riche, les tournures, sont à mille lieues de ce qui se fait actuellement et de ce qui est promu comme dépouillement nécessaire. On pourra bien l’accuser de singer un style, de ne pas trop donner à voir un Congo plus authentique, de discourir de son pays d’origine avec des références linguistiques et littéraires françaises. Mais ce serait nier la liberté de la création, et il pourrait se défendre de son choix, de ramer à contre-courant. In fine, se pose la question de la langue, aussi, celle de la vraisemblance. Si la fiction donne des latitudes à l’imagination, elle le fait dans un cadre, et on sent en le lisant, que l’auteur a la fiction qui duplique le réel, mais n’étend pas son territoire. A ce titre, il est plutôt éloigné du Mutt Lon, auteur du remarquable Ceux qui sortent dans la nuit, un des meilleurs conteurs du surnaturel dans le paysage africain.
Une chose m’a gêné, dans le coup de cœur que j’ai pour ce livre, c’est le salut par les Livres que l’auteur instille. Sylvestre, président formé en France dont les rêveries sont campées avec beaucoup de poésie énamourée pour la France, est très porté sur la littérature. En construisant le personnage, peu ancré chez lui hors de ses seuls rapports aux fétichistes, le président-lecteur ne m’a pas tellement convaincu dans l’harmonie générale. Mais surtout, son double, Mamou Cocton, est aussi tentée par la lecture comme la panacée. Tout est (trop) rationnel, et tous les personnages, importants faits plus ou moins du même bois. On sent ainsi parfois que l’auteur a voulu mettre de ses goûts personnels dans ses personnages, sans que cela ne soit toujours le cadre idoine pour le faire. On pourrait reprocher à l’auteur de ne pas assez challenger ses personnages, et ne pas tirer le maximum de la force du récit, dont les réflexions sont par ailleurs si justes : « De toutes façons, se dit-il, la nostalgie enchaine ceux qui regardent derrière, elle les fige et les empêche d’embrasser leur avenir avec enthousiasme. Moi je me contenterai de regarder devant moi au risque de perdre le nord. » (p.81). Parfois, parfois seulement, il semble se passer plus de chose dans l’écriture que dans l’histoire.
Au total, en 200 pages, Philippe N. Ngalla signe un roman réussi, au titre sublime. Un livre qui par la fiction, interroge, explique, dissèque, l’inertie peu démocratique du Congo, sans dresser une tribune politique. L’art de la narration emporte tout. Alors que les postures politiques sont devenues lieu annexe de la vie littéraire dans cette région qui regorge de talents, mais pourtant l’énergie bâillonnée, l’auteur a opté pour un roman où l’art coexiste avec la sociologie des âmes, des esprits et des situations. Il lui reste à se tanner le cuir, tant le cri de naissance des écrivains n’est pas souvent le chant indolent de l’aube, mais l’arrivée dans une compétition féroce. Après les ombres pour son héros, il reste à l’auteur à faire avec la ronde des lecteurs. On lui souhaite plus de fortune que Sylvestre.
La ronde des ombres, Philippe N. Ngalla, Le Lys bleu éditions, 2020, 17, 90e.
Nos gouvernants actuels, alliés aux forces les plus conservatrices de notre société, cherchent à faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers - Et il se trouve toujours quelques prêcheurs invétérés pour tenter de justifier l’inacceptable
Décidément, notre pays, au lieu d’emprunter les voies de l’émergence, semble plutôt opter pour l’immersion dans la fange boueuse des instincts humains les plus rétrogrades. Par plusieurs aspects, notre société renvoie plus au Moyen-Âge qu’aux canons les plus progressistes de la modernité universelle.
Il en est ainsi des talibés jetés dans la rue, forcés à la mendicité, enchaînés, torturés, assassinés, violés dans les daaras ! Mais aussi des jeunes filles violées, mariées de force et/ou prématurément ! Et il se trouve toujours quelques prêcheurs invétérés pour tenter de justifier l’inacceptable et dénier aux futures générations leurs droits et libertés. Même les escapades romantiques de jeunes filles théoriquement bien élevées deviennent des sujets de débat national.
S’il en est ainsi, c’est parce que nos gouvernants actuels, alliés aux forces les plus conservatrices de notre société, cherchent à faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers.
Eux, que nous avons – en toute bonne foi - porté au pouvoir, semblent vouloir se métamorphoser en seigneurs féodaux, possédant leurs fiefs et leurs châteaux aux grilles inviolables, régnant sur des serfs dociles, taillables et corvéables à merci, que nous simples citoyens, Guy Marius Sagna en tête, sommes censés représenter.
Alors que depuis 1981, le multipartisme intégral a été consacré par nos lois, le pouvoir actuel cherche à limiter, autant que faire se peut, l’expression libre des suffrages des citoyens. Il s’est d’abord agi de l’emprisonnement ou de l’exil forcé de rivaux politiques du président actuel. Il y a ensuite eu la funeste loi sur le parrainage citoyen, qui a éliminé des dizaines de candidats aux dernières présidentielles. Nous vivons présentement la suspension sine die des élections locales, sous le fallacieux prétexte de tenue d’une énorme supercherie pompeusement baptisée dialogue national.
Pour couronner le tout, ne voilà-t-il pas qu’on nous sort – comme un lapin d’un chapeau de magicien – l’idée de doter la capitale Dakar (et quelques autres villes, paraît-il) d’un statut spécial, rendant presque superflue l’organisation d’élections municipales dans ces localités. Cette proposition est tellement incongrue voire indécente, qu’elle en est devenue orpheline, personne n’osant plus en assumer la paternité.
On en viendrait presque – si cela ne s’apparentait pas, quelque peu, à du cynisme - à regretter la reculade du camp présidentiel. En effet, cette recommandation du HCCT aurait sûrement réussi, à enfin fédérer toutes les forces d’opposition contre elle, et par voie de conséquence, contre la dictature émergente de l’APR, comme le fit un certain projet de Loi Constitutionnelle, le 23 juin 2011, à la place Soweto.
Que dire de cette attitude cavalière consistant à emprisonner d’honorables citoyens pour des broutilles, au moment où des délinquants financiers du pouvoir apériste bénéficient de la clémence du Tout-Puissant Manitou de la République ? Ce sont plutôt ceux qui ont le courage de dénoncer les méfaits de cette mal-gouvernance, qui sont attraits devant la Justice et risquent de se retrouver en prison.
Heureusement, de plus en plus de voix s’élèvent, même au sein des partisans de l’APR, pour dénoncer les injustices flagrantes que ce pouvoir ne cesse de perpétrer.
Les révoltes des pêcheurs, les frondes paysannes, les manifestations syndicales viennent renforcer le puissant mouvement de défiance initié par Ño Lankk et contribuent à réduire la marge de manœuvre de ce régime de prédateurs.
CE QUI PEUT SAUVER KARIM ET KHALIFA…
Le dialogue national planche ce jeudi sur le code électoral et le code de procédure pénale
Les débats sont chauds au Dialogue national qui se poursuit toujours. Hier mardi 18 février 2020, les différents acteurs se sont penchés sur quatre questions portant sur la liberté de candidatures, sur le droit de marche notamment l’arrêté Me Ousmane Ngom, l’article 80 parlant d’offense au chef de l’Etat et sur le cumul des fonctions de président de la République et de chef de parti. Des avancées notables ont été notées sur la question de la liberté de candidatures permettant à la classe politique de mettre sur la table la question de l’amnistie de Karim Wade et Khalifa Sall. Les débats devraient connaitre une bonne évolution demain jeudi.
C’est par le truchement de la question de la liberté de candidatures que les acteurs prenant part au Dialogue national cherchent à trouver une sortie heureuse pour les cas de Karim Wade et de Khalifa Sall. Une sorte de brèche que d’aucuns ont mise sur la table pour permettre le rétablissement les droits civiques de l’ancien ministre du Ciel et de la Terre, ainsi que ceux de l’ancien maire de Dakar. Dans cette perspective, les acteurs du dialogue politique ont retenu une reformulation des articles 31 et 32 du Code électoral qui évoquent globalement la perte des droits électoraux des condamnés pour divers crimes. L’article 31 il indique notamment que « Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale : les individus condamnés pour crime ; ceux condamnés à une peine d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement avec sursis d’une durée supérieure à un mois, assortie ou non d’une amende, pour l’un des délits suivants : vol, escroquerie, abus de confiance, trafic de stupéfiants, détournement et soustraction commis par les agents publics, corruption et trafic d’influence, contrefaçon et en général pour l’un des délits passibles d’une peine supérieure à cinq (05) ans d’emprisonnement ».
Quant à l’article L.32, il dispose que « Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale pendant un délai de cinq (05) ans à compter de la date à laquelle la condamnation est devenue définitive, les condamnés pour un délit visé à l’article L31 ». Seulement voilà, au niveau de la Commission du dialogue politique, l’on estime que ces deux lois sont en contradiction avec l’article 730 du Code de Procédure pénale. Ce dernier donne au juge la possibilité de prononcer une peine complémentaire pouvant notamment porter sur la perte des droits civiques ou électoraux. Or, s’agissant aussi bien du jugement de Karim Wade devant la CREI que de celle de Khalifa Sall pour l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, aucun des juges n’a prononcé une peine complémentaire ordonnant la perte de leurs droits électoraux. Cette brèche pourrait sauver les deux hommes qui pourraient donc prétendre participer aux prochaines joutes électorales. Du moins selon des sources ayant participé à la rencontre d’hier du Dialogue national.
Pas de consensus sur le cumul PR et chef de parti
Par rapport au droit de marche, notamment le fameux arrêté Ousmane Ngom qui interdit toute manifestation dans la zone sensible du Plateau abritant entre autres le palais présidentiel et le ministère de l’Intérieur, la majorité souhaite que ce point soit soumis à la commission « Justice et paix » du Dialogue national, alors que pour l’Opposition et les « Non alignés », il doit être débattu par la Commission du dialogue politique parce que ce n’est pas une question de sécurité transfrontalière ou de terrorisme. S’agissant de l’article 80 qui parle d’offense au chef de l’Etat, un consensus a été trouvé pour un réaménagement d’un tel dispositif afin d’éviter que tout président de la République puisse l’utiliser pour contrer d’éventuels ennemis politiques. Le dernier point où il n’y a eu aucun consensus, c’est notamment la question du cumul des fonctions de président de la République et de chef de parti. La majorité s’est complètement braquée sur ce point. Elle ne veut aucun dialogue sur ce point. « Nous avons eu une discussion très houleuse et chaude aujourd’hui (hier, ndlr) sur le point 7 du Dialogue qui inclut notamment l’arrêté Me Ousmane Ngom, l’article 80, l’autorisation de marche et surtout la question liée à l’amnistie de Khalifa Sall et de Karim Wade ainsi que sur le cumul de chef de l’Etat et président de parti » confient nos sources. A les en croire, aucune décision n’a été prise sur ces différents points de l’ordre du jour. « Pour le moment, je peux vous dire que rien n’est encore clair ou décidé. Mais d’ici ce jeudi (demain, ndlr), vous pouvez obtenir des informations plus claires sur ses différents points du dialogue », assurent les mêmes sources.
EL HADJI MAMADOU FALL «ARCHI», CE QUI MANQUE A NOS INGENIEURS BTP
L’expert de 40 ans d’expérience va publier «Les Techniques Quantitatives de Gestion appliquées au secteur du BTP»
El Hadji Mamadou Fall dit « Archi » fascine dès le premier contact. S’il reste inconnu du grand public parce que fuyant les médias et les mondanités, l’homme fait référence dans le domaine du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) de ce pays. Un genre baroudeur puisque, pendant plus de 44 ans, il a été de ceux qui ont construit notre pays avec une excellente réputation dans le milieu des professionnels et un profil d’expert de très haut niveau dans le BTP. Il ouvre une liste majestueuse de réalisations au sein de l’ex-entreprise EGCAP (I. RICHETTI), comme les chantiers de la BCEAO-Siège, BCEAO agence, la BHS, tous les immeubles des défunts milliardaires Djily Mbaye et Ndiouga Kébé Kébé, etc. Ce natif de Thiès, condisciple du ministre Pr Moustapha Sourang et du Pr de lettres à l’UCAD Amadou LY, se porte comme un charme sur ses 70 ans qu’il célébrera en avril prochain. Ses deux tranches de vie, professionnelle et universitaire, s’imbriquent harmonieusement. L’une adossée à plus de 40 ans dans les entreprises de construction, les bureaux d’études techniques et les cabinets d’architecture. L’autre, à la transmission de connaissances et d’expériences à travers l’enseignement, pendant 25 ans dans les grandes écoles du pays comme : SUP de Co, ISM, Ecole Supérieure Polytechnique, HECI-Dakar, IRMAP de l’ARMP, mais aussi dans son propre institut créé en 2004 à savoir l’Ecole Supérieure des Travaux Publics (SUTP) sise au quartier Latin du Sénégal, le Point E. Malgré sa passion pour la technique et les sciences, Mamadou Fall n’en est pas moins un écrivain qui a publié une œuvre poétique préfacée par le Pr Amadou Ly. Cependant, son écriture n’avait jamais porté sur son parcours professionnel et académique. Il vient de corriger cet impair en publiant récemment l’ouvrage intitulé : « Les Techniques Quantitatives de Gestion appliquées au secteur du BTP (Entreprises et Ouvrages) »
Le film d’une vie bien remplie. La curiosité journalistique nous pousse à chercher à connaître l’origine du sobriquet « Archi ». Le directeur Général de SUTP soupire et fait découvrir une voix de stentor : « Archi, c’est un nom d’école quand j’étais à l’Ecole des Travaux Publics, j’étais relativement passionné, durant la première année, pour tout ce qui était projets d’architecture. C’est de là qu’est parti mon surnom archi qui est le diminutif d’architecte » explique le Dg Mamadou Fall. La passion pour la science, l’architecture et la technique vient de son père, surtout, horloger à Thiès. Camarade de promotion des éminents professeurs Moustapha Sourang et Amadou Ly au lycée Malick Sy de Thiès durant les années 1965, M. Fall a taquiné les lettres classiques notamment le latin, avec l’éminent Professeur Madior Diouf, durant son cycle secondaire. Le latin lui a donné la passion de la littérature pour arriver à être écrivain et poète (Lauréat du 4eme grand concours de poésie de la Francophonie et de l’Académie Florimontane d’Anneçy en France). D’ailleurs, le Pr Amadou Ly est resté son grand ami et a préfacé son recueil de poèmes édité par Harmattan-France.
Une carrière professionnelle à donner en exemple à la jeune génération d’ingénieurs
Mais laissons M. Fall parler de lui-même : « Pendant 40 ans, j’étais actif, essentiellement, dans le BTP. J’ai travaillé cinq ans dans l’administration des travaux publics de mon pays avant de rejoindre le privé, avec l’entreprise EGCAP, qui a construit les grands immeubles de ce pays. J’étais mêlé à tous les grands chantiers, à l’époque. En cette période des années 1980, il n’y avait, au Sénégal, qu’EGCAP qui était la plus grande entreprise de bâtiment, CDE et CSE étaient, encore, à leurs débuts. J’étais ingénieur des études à EGCAP où j’ai fait l’essentiel de ma carrière professionnelle. Ensuite, j’ai bénéficié d’une expérience professionnelle pluridisciplinaire pour avoir travaillé dans le grand cabinet d’architectes Jean-Paul Castanet puis dans le bureau de contrôle EAD avant de me mettre finalement à mon propre compte en créant une entreprise et un bureau d’études. J’ai eu la chance d’accompagner plusieurs projets à leur création tels que l’AGETIP, l’AATR devenu AGEROUTE, le PNIR, l’ADM, l’ARMP, etc. » Il faut noter, à ce titre, que l’éminent Ingénieur polytechnicien Youssouf SAKHO, qui a préfacé le présent ouvrage, a effectué son stage professionnel avec Mr FALL, au sein de l’entreprise EGCAP dans les années 1980. Titulaire également d’un MBA en Finances, Mr FALL a enseigné dans toutes les grandes écoles de Management et d’ingénieurs de son pays, et au finish, il a créé son propre institut appelé Ecole Supérieure des Travaux Publics en 2004. Diverses promotions d’ingénieurs sont déjà sorties avec comme parrains : Youssou SAKHO, Yoro FALL, Gérard SENAC d’Eiffage, Bara TALL, etc. Plus de 50% des étudiants sont des étrangers ; notamment des Gabonais, des Congolais, des Burundais, des Comoriens, des Mauritaniens, des Tchadiens, etc. Certains évoluent au Canada, en France et même dans les Emirats Arabes Unis.
« Les Techniques Quantitatives de Gestion appliquées au secteur du BTP (Entreprises et Ouvrages) »
Pourquoi un tel ouvrage ? « Je me suis rendu compte en enseignant notamment à l’Ecole Supérieure Polytechnique et dans les grands instituts, que les élèves-ingénieurs étaient très bien formés sur le plan théorique, surtout, en mathématiques et en sciences. Ainsi, ils ont tellement d’outils qu’ils n’utilisent pas de façon optimale. L’exemple est le suivant : ils connaissent tous l’équation de LAGRANGE, les fonctions linéaires et affines, les méthodes de DUPONT DE NEMOURS et de MONTE CARLO, la VAN, le TIR, le PAY-BACK TIME, etc…. mais ils ne s’en servent pas de façon optimale dans leurs pratiques quotidiennes. A ce titre, je vous cite un exemple : le Calcul des rendements d’échelle dans la réalisation d’ouvrages de BTP en série avec la fonction COBB DOUGLASS permet à l’ingénieur de dire à son Chef d’entreprise déjà titulaire d’un marché initial, s’il doit accepter ou non, des travaux supplémentaires, chose courante dans le secteur BTP. Aujourd’hui, on parle du programme de 100.000 logements, si un entrepreneur est titulaire au départ de 100 logements à faire et qu’il termine dans les délais à la satisfaction de son client ; celui-ci lui propose 50 logements supplémentaires. La question à résoudre est : chaque unité de logement supplémentaire permet-elle de gagner plus, moins, ou le même bénéfice ?
La fonction COBB DOUGLASS permet à l’ingénieur de calculer les rendements (croissants, décroissants, ou constants à l’échelle). La difficulté maintenant, pour l’ingénieur, c’est de bien élaborer sa fonction de production et la mettre sous une forme COBB DOUGLASS appropriée ». Et Mamadou Fall Archi d’ajouter que «l’ouvrage s’oriente davantage vers les aspects de gestion car énormément d’entreprises tombent en faillite en moins de 5 ans, ou considèrent qu’elles ne gagnent pas assez d’argent. Dès lors, il faut mettre en place un dispositif idoine pour corriger cette anomalie. L’entrepreneur n’a pas le même rôle que l’ingénieur. Ce dernier est là pour la qualité, la solidité des ouvrages essentiellement, mais l’entrepreneur est plus orienté vers le gain de l’argent. Il faut alors concilier les deux, car un projet d’infrastructure doit être viable économiquement et techniquement. Ainsi cet ouvrage : « Techniques Quantitatives de Gestion appliquées aux BTP » s’applique aux entreprises qui ont la responsabilité de surveiller leurs bilans, leur mode de management et tous les aspects de gestion pure. Par ailleurs les ouvrages doivent être construits de façon optimale, cela veut dire dans le respect des conditions techniques, technologiques, économiques et financières ».
Sur la qualité des ouvrages
« Normalement il ne devrait pas y avoir des ouvrages qui meurent prématurément. Pourquoi ? Parce qu’il y a un dispositif qui est en place et qui lutte contre cela notamment grâce aux bureaux de contrôle qui font des rapports en direction des compagnies d’assurance pour la garantie décennale. Vous avez entendu parler d’Alpages, de Véritas, de Socotec, etc.
Dans le code de la construction, les entreprises sont assujetties à souscrire une police d’assurance décennale sur la base d’un rapport de définitions de risques établi par un bureau de contrôle. Ainsi, si tous les professionnels du BTP respectent les règles, théoriquement, il ne doit pas y avoir d’ouvrages qui se détériorent prématurément » tonne El Hadji Mamadou FALL « Archi ».