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7 octobre 2025
BRUTALISME DE L'ANTHROPOCÈNE
Dans un nouvel essai dense et ambitieux, le penseur Achille Mbembe donne un nom aux expériences qui sont les nôtres, à cette convergence étroite entre la raison politique, les logiques technologiques neuves et de violence dont les corps sont la cible
Brutalisme. Le mot renvoie spontanément à un courant architectural rendu célèbre pour son usage efficace du béton brut. En choisissant de le prendre pour titre de son nouveau livre, Achille Mbembe en propose une autre acception, qui toutefois lui fait écho tant architecture, politique, verticalité et matérialité habitent sa pensée.
Brutalisme (La Découverte, 2020) est un essai original, ambitieux, un livre de l'urgence qui sait prendre le temps long en considération pour faire face à toutes les grandes questions du moment.
Achille Mbembe :
"Dans "Brutalisme", le rapport à l'architecture est évident pour moi : je voulais donner un nom aux expériences qui sont les nôtres, à cette convergence étroite entre la raison politique, les logiques technologiques neuves et la sorte de violence dont les corps, les nerfs et la nature sont la cible, sur cette planète en pleine combustion. C'est à ce moment inédit que le terme "brutalisme" répond.
"Où en sommes-nous ? Je veux dire tous ensemble, sur cette planète, qu'il faut qu'on partage. Qu'en est-il du projet de l'humanité comme humanité libre ? En Afrique, nous ne pouvons nous permettre le luxe du catastrophisme, parce que nous avons fait l'expérience de la catastrophe depuis très longtemps. Et néanmoins, nous sommes toujours là. Le fait que nous soyons toujours là devrait être l'objet, non pas d'un étonnement, mais d'une nouvelle pensée critique."
"En 2000, j'ai écrit un livre, La Postcolonie, qui s'efforçait de penser la persistance de la tyrannie. Mais j'ai pu réviser ma posture de départ : ce que je croyais être spécifique à l'Afrique, en fait est partagé de façon assez diverse ici ou là. Et j'ai fini par comprendre que l'Afrique était un laboratoire, parmi plusieurs autres, de ce qui se passait dans le monde aujourd'hui."
PARTIS POLITIQUES, ENTRE ABSOLUTISME ET DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dire que l’actuel président ne peut prétendre à un troisième mandat et déclarer que l’APR doit se structurer sont des péchés irrémissibles au sein du parti au pouvoir
« Le parti politique est une association organisée qui rassemble des citoyens unis par une philosophie ou une idéologie commune, qui inspire son action, avec comme objectif la conquête et l’exercice du pouvoir. Il possède une organisation juridique fondée sur des statuts qui indiquent ses orientations idéologiques, ses objectifs, les grands principes de son fonctionnement, l'organisation de sa direction et les règles de la désignation et de remplacement de ses dirigeants », voilà comment les encyclopédies et bréviaires politiques définissent usuellement et universellement le parti politique. Donc la formation politique par essence doit être une organisation durable et sa vie doit transcender celle de ses fondateurs. Mais pour matérialiser cette durabilité, elle doit être une organisation bien structurée et perfectionnée au niveau interne et sur l’ensemble du territoire national. Ce qui veut dire que l’implantation nationale du parti est une condition sine qua non de sa longévité et de sa chance de conquérir le pouvoir. Par conséquent, le parti, au sens originel du terme, doit être ou avoir une organisation structurée aussi bien qu’à l’interne qu’à l'échelon national pour avoir des chances d’accéder au pouvoir et d’exister dans la durée. Si depuis les années 50, le Parti socialiste (PS) fondé par Léopold Sédar Senghor, Lamine Guèye, Ibrahima Seydou Ndao demeure encore un parti et ce même après avoir perdu le pouvoir depuis deux décennies, c’est grâce à son implantation dans tous les coins et recoins du Sénégal et sa structuration séculaire. On pourrait dire la même chose pour le PDS. Mais aujourd’hui, le parti fondé par Abdoulaye Wade en 1974 est en train de subir les contrecoups de sa non-restructuration et de l’absolutisme cultivé autour de son chef paradoxalement institutionnalisé comme une constante qui décide à la place des véritables instances devant animer la démocratie au sein du PDS. Des partis qui au début de leur aventure politique ont fait des scores électoraux importants qui les rangeaient dans la taxonomie vrais des partis politiques se sont effondrés comme des châteaux de cartes car n’ayant pas une implantation nationale mais souffrant aussi de mécanismes de fonctionnement démocratique. A ce titre, on peut citer l’Union pour le Renouveau démocratique (URD) de Djibo Ka qui a obtenu 11 députés aux élections législatives de 1978 et aussi l’Alliance pour les forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse qui s’est classée 3e à la présidentielle de 2000 après sept mois d’existence dans le champ politique. Ces partis ne doivent aujourd’hui leur existence qu’à leur arrimage au parti au pouvoir.
Un parti politique est par conséquent un regroupement de personnes ayant des opinions communes sur la façon de vouloir diriger le pays. Et cette convergence de vue sur la façon de gérer la chose publique qui est l’expression de la volonté générale des militants doit découler de leurs visions contradictoires mais non totalisantes pour ne pas dire non totalitaires. Mais traditionnellement dans les formations politiques sénégalaises, ceux qui refusent la vérité́ du chef et se désalignent de sa trajectoire sont considérés comme des brebis galeuses égarées qu'il faut remettre dans le droit chemin ou sanctionner sans aménités. Souvent dans les formations politiques sénégalaises, on est dans un système totalitaire qui n’accepte pas des schèmes de pensées qui détonnent avec ceux du leader assimilable à un timonier. Or c’est la démocratie qui est le levain de tout parti politique. Par conséquent, la démocratie au sein des partis politiques implique le degré d’inclusion de ses membres dans les prises de décisions et les délibérations. L’Espagne a tellement compris l’importance de la vitalité démocratique au sein des partis politiques qu’elle l’a consacrée dans sa Constitution en son article 6 : « Les partis politiques expriment le pluralisme politique, ils contribuent à la formation et à la manifestation de la volonté populaire et sont un instrument fondamental de la participation politique. Leur structure interne et leur fonctionnement doivent être démocratiques. » Le Nigeria constitue un autre exemple de pays où la démocratie interne des formations politiques est réglementée dans la Loi fondamentale. Et selon le Réseau du savoir électoral ACE « en Inde, chaque parti qui souhaite s’enregistrer officiellement doit accepter de respecter les principes de la démocratie. Il incombe également à la Commission électorale de s’assurer que la réglementation des partis renferme les dispositions adéquates pour assurer la démocratie au sein des partis politiques. Ainsi, des partis ont également été radiés après ne pas avoir tenu d’élections démocratiques pour des postes de direction ». C’est dire combien la démocratie active au sein des partis politiques est gage d’un Etat démocratique donc d’un Etat de droit.
APR : le triomphe de la pensée unique
Dans un entretien accordé au quotidien La Tribune à la veille des législatives de 2012, Moustapha Diakhaté, futur président du groupe parlementaire de Bennoo Bokk Yaakaar, mettait en garde Macky Sall sur un ton comminatoire : « Si le président dévie de son objectif, il me trouvera sur son chemin ». Déjà le ton était donné pour ceux qui prenaient le président de l’Alliance pour la République (APR) comme un être omnipotent, omniscient à qui il est permis de tout faire sans prendre en compte la démocratie qui est la base de fonctionnement de tout parti politique. Aujourd’hui, pour avoir usé de ce qui constitue l’un des piliers de la démocratie, c’est-à-dire la liberté d’expression, Diakhaté a été limogé de son poste d’abord de ministre conseiller du président avant d’être exclu trois mois plus tard du parti dans lequel il militait depuis sa naissance. Il faut signaler que dans la mesure d’exclusion de l’ancien président du groupe parlementaire de Bennoo Bokk Yaakaar considéré comme le mouton noir de l’APR, aucune procédure légale n’a été respectée. La soi-disant commission de discipline ad hoc n’est pas habilitée à prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des militants qui se désalignent de la voie du chef. En laissant trois militants décider arbitrairement du sort de Moustapha Diakhaté, le chef de l’APR a fait du ponce-pilatisme comme pour se laver les mains de l’exclusion de son ancien chef de cabinet.
Dire que la Constitution ne permet pas à l’actuel président de prétendre à un 3e mandat et déclarer que l’APR doit se structurer et s’inscrire dans la dynamique de préparer l’après-Macky sont des péchés irrémissibles au sein du parti au pouvoir. Au sein de l’APR, la démocratie étouffe de la dictature du chef sous forme de sauvegarde de la discipline du parti. Ainsi, on érige l’absolutisme, la pensée unique en méthode de gouvernance au sein de la formation politique présidentielle. Le 3e mandat et la structuration du parti sont des sujets tabous au sein de l’APR qui, pourtant en ses articles 1 et 2, déclare être « un parti de masse, ouvert, basé sur les principes de la démocratie » et « s’engage à respecter ces principes de la démocratie ». Et on voit là les méthodes extrémistes, qui ont conduit le PDS à sa désagrégation progressive, germer au sein de l’APR. Ses dirigeants violent les textes et les bourreaux appliquent la sanction suprême à toute tête gondole qui aurait l’outrecuidance de donner son opinion sur la bonne marche du parti.
Si aujourd’hui les grands partis politiques connaissent régulièrement des secousses telluriques qui finissent très souvent par les déstabiliser, c’est dû essentiellement à la substitution des textes du parti aux desiderata du leader. Que reste-t-il du PS, de l’AFP, du PDS et, dans une moindre mesure, de la LD ? Depuis 2000, les scores électoraux de ces partis vont decrescendo et leur management monocratique, pour ne pas dire l’absence de démocratie interne, n’est pas étranger à leur contre-performance. L’APR semble ne pas avoir retenu la leçon des partis qui l’ont précédée au pouvoir. Et à force de vouloir mettre les statuts et règlements du parti sous l’édredon du chef et imposer ses décisions comme des dogmes indiscutables, on finit par abréger son espérance de vie dans la scène politique.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président Macky Sall plaide la cause environnementale à Davos, pendant que les populations de Bargny et de Mbeubeuss n'en peuvent plus de suffoquer
La longue plaidoirie écologique de Macky Sall la semaine dernière au Forum de Davos, ne serait-il qu'un discours de façade ? C'est en tout cas, ce que laisse penser notre dessinateur Iboo Lo. Dans sa "Gribouille de la semaine", à retrouver désormais sur SenePlus toutes les semaines, le caricaturiste lève le voile sur un chef de l'État à deux visages : défenseur de l'environnement à l'extérieur et pourfendeur de cette même cause verte dans son pays.
‘‘Ce forum ne peut pas seulement se préoccuper de commerce, d’économie et de finance, et laisser de côté ce qui en constitue la sève nourricière", déclarait Macky Sall au lancement de ‘‘la Communauté des Champions de la nature’’, en marge du Forum économique mondial de Davos. Les habitants de Bargny, du nom de la centrale à charbon polémique et de Mbeubeuss ont dû tomber des nues en apprenant les propos du président.
Iboo Lo est ingénieur chargé d’affaires et libéro les lundis soirs. Il est également dessinateur - illustrateur à l'humour à la fois sucré, pimenté et surréaliste sur la vie sociale et politique du Sénégal et de sa diaspora. Ses dessins sont à retrouver sur SenePlus, chaque semaine à travers la "Griboouille de la semaine".
PAR Abdoulaye Cissé
AUDIO
CHRONIQUE D'UN SCANDALE FINANCIER À VENIR
Qu’est-ce qui peut justifier à ce jour que le Sénégal se paie le luxe de bâtir un stade, fut-il olympique, parmi les plus chers au monde ? A tout le moins, on ne nous dit pas tout et ce n’est pas normal
On en parlera certainement demain comme le prochain gouffre financier du régime actuel, la construction du futur stade olympique de Diamniadio.
Plus 155 milliards de francs CFA d'investissement, au rang des stades les plus chers au monde !
Assurément, on ne nous dit pas tout et cela n'arrange pas l'indice de perception de la corruption toujours dans le rouge au Sénégal.
Chronique d’un scandale financier à venir
Abdoulaye Cissé
Le Mercedes Benz stadium, qui est le joujou de l’Atlanta United soccer de l’État de Géorgie est réputé être le stade le plus cher au monde, 300 millions d’euros, en coût initial de construction.
Plus que la démolition reconstruction du White Hart Lane devenu le Tottenham Stadium pour une ardoise finale arrêtée à 400 millions d’euros. En coût initial, je dis bien pour le Mercedes Benz, car les infrastructures sportives trainent depuis quelques années un peu partout à travers le monde la mauvaise réputation de la non maitrise des couts et budgets.
Le parc olympique de Montréal était prévu pour engloutir 276 millions d’euros, on n’a toujours pas fini de faire les comptes.
Le Brésil ne se remet toujours pas de l’ardoise du Mondial 2014 et notamment de la construction de l’ARENA Corinthias de Sao Paulo qui abrita le match d’ouverture Brésil – Croatie le 12 juin 2014 : un caprice à 272 millions d’euros, réévaluée à 15% plus cher.
Qu’est-ce qui peut justifier à ce jour que le Sénégal se paie le luxe de bâtir un stade, fut-il olympique, parmi les plus chers au monde.
Et encore qu’on est sur un cout d’investissement initial de 238 millions d’euros soit plus de 155 milliards de francs CFA. Une convention de financement signée avec la Standard Chattered Bank, institution londonienne, en marge du récent sommet Royaume-Uni Afrique.
155 milliards de francs CFA, garanti en euro ou en dollars, c’est pareil et ça pique au portefeuille !
Déjà on n’a pas compris la subite irruption de la Standard chattered Bank dans ce dossier pour la première fois évoqué par le président Macky Sall en Août 2018, le 08 précisément à l’inauguration du Palais omnisports de Diamniadio ou Dakar Aréna qui a quand même coûté 66 milliards, soit dit en passant. Depuis lors, l’idée du stade olympique est passé en projet et surtout promesse de campagne pour la présidentielle du 24 février 2019. Et le président Macky s’est, au lendemain de son élection, très tôt attelé à la réalisation de sa promesse de campagne.
Un financement chinois avait été évoqué, puis la coopération avec la Turquie, puis la piste chinoise encore au point que la date de pose de la première pierre maintes fois programmé a été reporté. Le dernier engagement ferme du président Macky Sall était dans sa conférence de presse du 31 décembre où il fixait le démarrage des travaux au plus tard le 31 janvier.
Entretemps, il y’a le sommet Royaume Uni-Afrique, mais on ne peut pas croire que notre État ait signé cet engagement à la Hott, pardon à la hâte.
A tout le moins, on ne nous dit pas tout et ce n’est pas normal. Et voilà qui repose le problème de la redevabilité publique si chère aux acteurs citoyens et notamment le forum civil.
Le peuple a le droit de savoir dans quoi on l’engage.
On ne sera pas surpris de retrouver demain le projet de la construction du Stade Olympique comme le prochain scandale financier auquel s’accrochera la section sénégalaise de Transparency international pour enfoncer le Sénégal dans les méandres des pays très corrompus.
A parcourir le récent rapport de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, il y’a une constante : les dossiers qui valent à notre pays d’être mal perçu sont pour l’essentiel les affaires non élucidées. Et on ne pas continuer à faire comme si ces rapports n’existaient pas. Tout le monde a intérêt à ce que le regard change sur notre pays.
Alors, levons le coude sur les dossiers, libérons la justice pour faire correctement son travail, Dieu sait si elle en a les moyens.
Il n’y a rien de pire pour la parole de l’autorité du président de la république que, même quand il remobilise l’inspection générale d’État pour fouiller ses ministres, que personne n’y croit.
Il faut oser affronter les rapports de Transparency international, et ne pas donner l’impression que la souveraineté, c’est toiser les organismes internationaux et faire le contraire de ce qu’ils demandent. Le forum civil, transparency international ne sont pas les ennemis à abattre : ce sont plutôt les faits qu’ils pointent qu’ils faut combattre.
Par tous les moyens. Il est encore temps d’éviter le scandale du stade olympique de Diamniadio.
TOBENE DENONCE «LE FORCING DU SOUS-PREFET POUR IMPOSER DES SOMMES DERISOIRES A L’HA»
La mine des industries Chimiques du Sénégal (iCS) devant progresser dans les champs des populations de tobène, un processus d’indemnisation est lancé pour les paysans impactés.
La mine des industries Chimiques du Sénégal (iCS) devant progresser dans les champs des populations de Tobène, un processus d’indemnisation est lancé pour les paysans impactés. Mais la pomme de discorde est la méthode d’évaluation des champs pour fixer les taux. Les paysans ont opposé un niet catégorique à la commission d’évaluation ; etle recours à la force à travers le déploiement de forces de l’ordre s’est soldé par de violents affrontements. Ce qui a été dénoncé par le MaireBaraNdiayequi a indexé le sous-préfet d’autant plus, dit-il, que les populations n’ont jamais refusé l’idée de céder leurs champs.
Pour la seconde fois, le village de Tobène, dans la commune de Méouane, a été le théâtre de violents affrontements entre les populations et les forces de l’ordre. Et pour cause, la mine des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) doit progresser, ce qui doit impacter les champs des paysans de la localité. Selon Bara Ndiaye, Maire de la Commune, par ailleurs Administrateur de la Maison de la Presse, « malheureusement, à la place de la concertation qui devrait conduire le processus, nous avons assisté à un coup de force de l’administration et particulièrement du Sous-préfet de Méouane. Et dans le cas d’espèce, toute dynamique d’expropriation des populations doit se faire dans la concertation et le dialogue ». Il a parlé de «tentative de spoliation foncière des populations des villages de Tobène et Maka Dieng par l’autorité administrative déconcentrée», avant de préciser que les populations et la collectivité territoriale ne refusent pas la dynamique de progression de la mine dans leurs champs. Mais, regrette-t-il, les autorités administratives n’ont pas compris l’affaire de cette façon. C’est ainsi qu’elles ont pensé qu’en mobilisant les forces de l’ordre, le problème allait être réglé. Face à leur dynamique cavalière d’évaluation des champs, les populations ont opposé une résistance farouche, accusant le Sous-préfet de vouloir « imposer des sommes dérisoires à l’hectare ».
Le Maire Bara Ndiaye poursuit : «La municipalité tient le sous-préfet de Méouane pour responsable de toute situation préjudiciable à la sécurité et à la paix sociale. La municipalité dénonce les intimidations de l’administration déconcentrée par la mobilisation massive des forces de sécurité à la place d’un dialogue constructif et sincère. Nous sommes intervenus pour les calmer, les rassurer et leur dire que rien ne peut se faire en dehors de la concertation et que même la guerre s’est terminée autour d’une table. Pour autant, nous ne pouvons pas accepter ce coup de force de l’administration territoriale au détriment de la population. »
Selon le Maire Bara Ndiaye, la position qu’il a adoptée dans cette affaire ne signifie nullement qu’il est contre l’Etat ou qu’il veuille le contraindre sur quoi que ce soit. Mais aussi, « la démarche de l’Etat doit être fondée sur la vérité, la recherche de solutions avec la préservation de la paix sociale. Malheureusement, il y a certains de ses représentants qui ne le comprennent pas ainsi ». En tout cas, dit-il, « en tant que représentant des populations, nous ne pouvons que tenir un discours d’apaisement, mais aussi de fermeté quant au respect de la procédure qui doit conduire ce processus ». Il a exprimé le soutien total de la municipalité aux populations qui ne défendent que leur outil de subsistance, dit-il, non sans dénoncer «l’usage inapproprié et abusif de la force publique ».
Selon Modou Tob, chef de village de Tobène, pas moins de 9 camions remplis de gendarmes ont été déversés dans le village pour tenter de procéder par la force à l’évaluation des champs qui doivent être touchés par la progression de la mine. A l’en croire, la résistance farouche des populations a occasionné une pluie de grenades lacrymogènes. L’affrontement a duré plusieurs heures et finalement, les forces de sécurité se sont retirées, certainement pour éviter une effusion de sang. Mais à en croire le Chef de village, les populations n’ont jamais refusé que leurs champs soient touchés par la progression de la mine, mais c’est la façon d’indemniser les propriétaires qui est la pomme de discorde.
De tout temps, dit-il, la commission procédait par le décompte avant de prendre la décision de faire le calcul par ha. Pour le chef de village, tout ce que les populations souhaitent, c’est qu’il y ait des concertations sérieuses pour retenir une décision acceptée par les deux parties. Si ce principe est accepté et qu’un accord est trouvé, ils seront libres de procéder à la délimitation de la surface qu’il désire exploiter. «Nous n’accepterons jamais une indemnisation basée sur le décompte, nous exigeons que l’hectare soit la base de calcul », affirme le Chef de village.
MAKANE MBENGUE PREFET DE TIVAOUANE
« Il y a bel et bien des concertations autour de ce dossier » Interrogé sur la question, Makane Mbengue, Préfet de Tivaouane, écarte d’abord toute idée de forcing dans cette affaire. Selon lui, il y a eu beaucoup de concertations depuis plus d’un an et certains sont mêmes d’accord. Pour lui, l’assiette concernée est de 6 hectares. S’agissant des indemnisations, le Préfet affirme que le taux à l’hectare a été relevé, allant de 400 000 Fcfa à 1 050 000 Fcfa pour les cultures arachidières, mais les paysans soutiennent leurs exploitations, tout en posant des conditions beaucoup plus élevées et refusant le dénombrement. Il ajoute : « En lieu et place, ils veulent l’application d’un taux forfaitaire estimé à au moins 9 millions de Fcfa par ha. Il n’est pas exclu d’appliquer ce taux, mais pourvu que le nombre d’arbres le justifiant y soit. Et pour le moment, il ne s’agit que de délimiter la surface pour connaître les impactés. De toute façon, les concertations vont se poursuivre pour trouver une solution, d’autant plus qu’il y a aussi la nécessité de faire en sorte que les ICS continuent de travailler, pour ainsi sauver plusieurs centaines d’emplois. »
LES EX-TRAVAILLEURS DE LA SDE RÉCLAMENT LEURS PRIMES ET INDEMNITÉS
La Sénégalaise des Eaux (Sde) traverse des moments très difficiles. Après avoir perdu le contrat d’affermage au profit de Suez, elle voit ses comptes bancaires gelés suite à une exécution par l’Office National d’Assainissement du Sénégal (Onas)
La Sénégalaise des Eaux (Sde) traverse des moments très difficiles. Après avoir perdu le contrat d’affermage au profit de Suez, elle voit ses comptes bancaires gelés suite à une exécution par l’Office National d’Assainissement du Sénégal (Onas) d’une décision du tribunal de Commerce. De l’autre coté, les travailleurs de Sen’Eau réclament également à la SDE le paiement leurs indemnités et primes. Les syndicalistes vont se réunir aujourd’hui pour examiner la situation. La Sénégalaise des Eaux (Sde) est en eaux troubles. Malgré la prise de service de Sen’Eau, la Sde est loin d’en finir avec ses désormais ex-travailleurs.
En effet, cette société nationale qui assurait l’exploitation et la gestion du service public de l’eau potable en milieu urbain fait l’objet d’une double poursuite. Les syndicats de Sen’Eau se mobilisent pour affronter la Sde afin de permettre aux travailleurs de rentrer dans leurs fonds. Après avoir passé le témoin à Sen’Eau, la Sde avait commencé à payer à ses ex-travailleurs les primes, les indemnités de congés et de déplacement. Mais elle a arrêté l’opération depuis quelque temps alors que de nombreux agents attendaient les leurs. En effet, à cause du gel de ses comptes bancaires, elle n’est plus dans les dispositions de solder sa dette contractée auprès des travailleurs. Une nouvelle qui a mis les syndicalistes et les ex-travailleurs dans tous leurs états.
Le secrétaire général de l’Utis/Unsas, Oumar Sy, sonne la mobilisation pour examiner la situation et mettre en place un plan de riposte. Il a lancé un appel aux différents secrétaires généraux pour un rassemblement aujourd’hui. «L’heure est grave ! Au moment où la Sde avait enclenché la procédure pour solder les sommes dues à ses ex-travailleurs, nous apprenons que l’ensemble de ses comptes sont gelés. Quels que soient les motifs d’une telle situation, les travailleurs ne peuvent accepter que leurs intérêts soient menacés», écrit le secrétaire général de l’Utis/Unsas, Oumar Sy, à ses collègues. Et d’ajouter : «Nous sommes interpellés devant l’urgence de prendre langue avec les autorités pour trouver une solution dans l’intérêt de tous et de convoquer une assemblée générale des travailleurs.»
LES COMPTES BANCAIRES DE LA SDE GELES
Si les autorités étatiques ne volent pas à son secours, la boîte risque de mettre la clé sous le paillasson. Elles étaient intervenues dans le passé pour lever le gel des comptes de la Sde lorsque l’Onas avait mis à exécution la décision du Tribunal de Commerce. Les juges avaient condamné la Sde à payer à l’Onas la somme de 11,128 milliards Fcfa en plus de 50 millions de Fcfa à titre de dommages et intérêts. En outre, le tribunal avait ordonné l’exécution provisoire de la décision. La Sde avait pris acte du verdict, mais prévoyait de faire usage de toutes les voies de recours que lui offre la loi. Elle précisait alors qu’elle avait toujours respecté ses engagements financiers vis-à-vis de l’Onas en reversant régulièrement les sommes encaissées, conformément au Contrat d’Affermage.
En effet, seuls les montants encaissés auprès des clients doivent être reversées à l’Onas. Des sources de «L’As » renseignent que cette fois-ci, les autorités ont fermé les yeux sur l’affaire parce qu’elles en veulent à la Sde pour sa témérité dans l’appel d’offres pour le contrat d’affermage de l’eau en milieu urbain. En plus, lors du pot à l’honneur d’Abdoul Ba, Directeur général de la Sde, qui est admis à la retraite, des responsables de la boîte avaient décrié, en présence du ministre de l’Eau, Serigne Mbaye Thiam, les conditions d’octroi du contrat à Suez. Et comme par coïncidence, quelques jours après le pot, l’Onas exécute à nouveau la décision de justice. Ce qui aboutit au gel des comptes de la Sde.
MALICK GACKOU ANNONCE UNE GRANDE COALITION
Malick Gakou, Président du Grand Parti (GP), était ce weekend à Thiès, dans le cadre de sa tournée nationale. Face à la presse, au terme de sa randonnée, il a abordé plusieurs questions d’ordre politique et économique.
Dans le cadre de sa tournée nationale, Malick Gakou Président du Grand Parti (GP) était ce week-end à Thiès. Après avoir salué « les relations séculaires » qu’il entretient avec Idrissa Seck, il a annoncé la mise en place d’une grande coalition dans les prochains mois, dans la perspective des prochaines échéances électorales
Malick Gakou, Président du Grand Parti (GP), était ce weekend à Thiès, dans le cadre de sa tournée nationale. Face à la presse, au terme de sa randonnée, il a abordé plusieurs questions d’ordre politique et économique. Il a rappelé l’alliance qu’il a partagée avec Idrissa Seck, Pape Diop, Me Madické Niang, Hadjibou Soumaré, Issa Sall pour mutualiser les forces. Mais selon lui, cette alliance sera ouverte à d’autres forces politiques et dans ce sillage, il a annoncé la mise en place, dans les prochains mois, d’une grande alliance à même de leur permettre de jouer un rôle prépondérant dans les prochaines élections. « Nous avons notre place dans l’échiquier et elle a été largement prouvée par la trajectoire et l’histoire de nos formations politiques », dit-il avant de peindre Idrissa Seck sous les traits « d’un patriote, d’un homme d’Etat d’envergure » et de rappeler « les relations séculaires qu’il entretient avec lui ». C’est pourquoi, dit-il, comme pour répondre à ceux qui accusent le Président Idrissa Seck de deal avec le pouvoir de Macky Sall, « si sa volonté était seulement de tirer profit du régime politique national, il aurait pu le faire depuis très longtemps ».
Interpellé sur le dialogue national, il a répondu : « Nous encourageons le dialogue national car depuis 5 ans, nous nous battons contre le régime du Président Macky Sall pour arracher l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes. Nous n’avons pas pu l’obtenir et tout le monde a constaté les convulsions vécues lors des dernières élections. C’est pourquoi, l’opposition a décidé de répondre à la main tendue du Président, tout en espérant que cette main tendue soit sincère et qu’elle puisse produire des résultats à même de permettre au Sénégal d’avoir des élections libres, démocratiques et transparentes. Nous attendons donc que les conclusions issues du dialogue soient tout à fait en phase avec les intérêts supérieurs de la nation et dans ce cadre, c’est impossible de ne pas évoquer la question des libertés et de la démocratie. Au terme du dialogue, nous allons donner notre appréciation sur ses conclusions et ses recommandations, mais nous n’allons les accepter que si et seulement si elles répondent aux préoccupations du peuple sénégalais, pour les libertés et la démocratie. Nous ne sommes pas dans le dialogue national proprement dit, mais nous l’encourageons, nous en attendons un résultat positif pour le Sénégal. »
Abordant les questions économiques, Malick Gakou est d’abord revenu sur la problématique du chemin de fer. Selon lui, le rail a fait vivre le pays et il a une importance capitale non seulement pour le rayonnement de la ville de Thiès, mais également pour le développement économique et social du pays. C’est ainsi qu’il urge à ses yeux de le mettre au cœur du processus de développement national, car il a son implication dans tous les domaines croisés du développement. Il s’y ajoute, dit-il, la vocation d’intégration par le transport des personnes et de leurs biens. A cause du rail d’ailleurs, poursuit-il, le Sénégal est resté pendant longtemps la porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest mais aujourd’hui, le port sénégalais souffre de la concurrence des ports de Banjul, San Pedro et d’autres ports de la sous-région, parce tout simplement le rail fait défaut. « C’est pourquoi nous devons articuler le développement du port et le développement du rail, pour permettre au Sénégal d’être une porte de pénétration dans la zone ouest africaine », ajoute le leader du Grand Parti.
«PAS DE CROISSANCE INCLUSIVE SANS L’IMPLICATION DU SECTEUR QUI REPRESENTE 70% DES ACTIVITES NATIONALES»
Comme à Diourbel, Malick Gackou est encore revenu sur la campagne arachidière qu’il juge catastrophique. Pour lui, le problème est structurel avant d’être conjoncturel mais malheureusement, le gouvernement a pris des décisions qui ont impacté négativement non seulement sur la qualité de la production, mais également sur la quantité. Fort de ce constat, il affirme que la vérité est que le monde rural est en crise. Il ajoute : « Le plaidoyer que nous allons faire dans les prochains jours devra consacrer notre volonté commune de ne ménager aucun effort pour remettre l’agriculture sénégalaise dans la voie du progrès, du développement, de la croissance. Aucun développement ne pourra se faire au Sénégal sans le développement de l’agriculture et aucune croissance ne pourra être inclusive, sans implication du secteur qui représente pratiquement 70% des activités nationales. C’est pourquoi notre ambition est de faire de l’agriculture le moteur de la croissance économique et d’une croissance inclusive au service du bien-être des populations. Si nous continuons à importer les produits de première nécessité, nous continuons en même temps à défavoriser la production locale. C’est la raison pour laquelle le Grand Parti a mis le patriotisme économique au cœur de ses préoccupations de développement économique et social du pays. »
A ses yeux, l’objectif en terme de croissance ne sera jamais atteint tant que les Sénégalais ne produiront pas ce qu’ils mangent et tant qu’ils n’auront pas une industrie à la hauteur de cette ambition de transformation des matières premières. Il faut donc donner à l’agriculture sénégalaise l’élan d’une véritable agriculture moderne, d’une agriculture performante. Mais cela passe par la transformation de la structure familiale qui devra être opérante et pour cela, l’Etat du Sénégal devra être à côté des populations pour renforcer les bases du système agricole national.
«L’INDISCIPLINE SÉNÉGALAISE EST NOTRE PREMIER ENNEMI»
Le Général Mansour Seck suggère l’implication des populations dans la lutte contre le terrorisme
Regroupant les partis comme la Ld, Aj/Pads/A, le Pit, Udef Mbolomi, le Rta-S et la Conscience Nationale pour le Nouvel Ordre, la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (Cds) a organisé samedi dernier une conférence publique sur la sécurité. Lors de cette conférence qu’il a animée autour du thème : «La sécurité, un défi central pour tout développement», le Général Mansour Seck suggère l’implication des populations dans la lutte contre le terrorisme. Il propose aussi que les marabouts édifient les fidèles sur le vrai sens de la religion musulmane et que les sociologues fassent une analyse scientifique des causes de la radicalisation des jeunes.
Dans un contexte marqué par la recrudescence du terrorisme, de la violence et des meurtres, la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) a décidé de sensibiliser ses militants et les populations sur des questions relatives à la sécurité extérieure et à la sécurité intérieure. Et il est revenu au Général Mansour Seck de faire un cours magistral sur ces questions, notamment sur la sécurité et le développement. Selon l’ancien Chef d’état-major général des Armées (Cemga), il ne peut pas y avoir de développement sans la sécurité.
De ce point de vue, il estime que les populations doivent se sentir toutes concernées par la lutte contre le phénomène de l’insécurité, notamment le terrorisme, pour qu’il y ait succès. «Il ne faut pas attendre qu’il y ait la guerre pour équiper les uns et les autres.
Pour éviter la surprise qui a anéanti la première puissance militaire du monde lors de l’attaque du World Trade Center, les populations doivent être impliquées. Il faut que les populations se disent que cette guerre ne se limite pas seulement aux forces de défense et de sécurité. Parce que si on prend l’exemple de ce qui s’est passé au World Trade Center, on était en présence d’une guerre asymétrique. En fait, ce ne sont pas des bataillons qui se confrontent, mais c’est plutôt des petits groupes de 19 personnes qui ont attaqué la plus grande puissance aussi bien militaire qu’économique du monde. Donc aucun pays n’est à l’abri », clame le Général Seck.
Si tous les citoyens se considèrent comme des soldats de la nouvelle guerre en apportant par exemple des renseignements, tranche-t-il, on peut se protéger de ce mal. «Dès lors, il faut développer cet esprit de coordination, pour restreindre le terrain de manœuvre des éventuels terroristes. Mais tant qu’on n’aura pas cette paix telle que nous l’avons jusqu’ici, on ne peut pas avoir de développement», indique le conférencier.
Le Général Mansour Seck souhaite également l’implication des chefs religieux dans la lutte contre le terrorisme. «Il est bon, dans l’interprétation du Coran, que les connaisseurs réels puissent dire la vérité aux populations sur la religion. Parce que les terroristes ont leur interprétation de la religion. Il tuent au mois de Ramadan leurs frères musulmans simplement parce qu’ils n’ont pas la même interprétation. C’est pour cela que les vrais marabouts, qui connaissent la religion, doivent dire ce qu’elle est réellement», dit l’ancien Cemga qui invite également les sociologues à étudier notre société d’une manière objective et scientifique pour savoir ce qui peut amener un jeune à être frustré. «Ils devront également étudier les aspects environnementaux, sociaux et familiaux des jeunes qui ont été radicalisés. Il ne faut pas s’arrêter à les mettre en prison», souligne le Général Mansour Seck.
LES NOUVEAUX GENDARMES DE L’APR
Abdoulaye Daouda Diallo, Awa Guèye et Oumar Guèye ont été cooptés par le chef de l’Etat pour faire la police au sein du parti présidentiel qui tangue gravement.
L’Alliance pour la République a décidé de renforcer sa commission de discipline jusque-là composée uniquement d’Abdoulaye Badji, Abdou Mbow, Benoît Sambou et Mbaye Ndiaye. Abdoulaye Daouda Diallo, Awa Guèye et Oumar Guèye ont été cooptés par le chef de l’Etat pour faire la police au sein du parti présidentiel qui tangue gravement.
Visiblement, Macky Sall a décidé de mettre de l’ordre dans son parti. L’exclusion de Moustapha Diakhaté, entérinée à l’unanimité par les membres du Secrétariat exécutif national de l’Apr, sonne comme le début d’une nouvelle ère. Un épisode crucial pour la locomotive de la mouvance présidentielle pour éviter que le bateau en dérive ne tangue. Lors de la réunion du Secrèterait exécutif de l’Apr tenue vendredi dernier jusque tard dans la nuit, il a été question de discipline, d’ordre et de solidarité entre membres de l’Apr. La quasi-totalité des orateurs ont abondé dans le même sens, y compris le Président de l’Apr. Lessivé par une journée marathon avec un conseil présidentiel sur l’aménagement du territoire qui a tenu son rang, Macky Sall a levé le masque de fer.
Dans une belle ambiance, le patron des marron-beige a recentré le débat avec un discours rassembleur autour de ses réalisations, mais aussi des activités de son parti. Sur ce dernier point, il a fait le compte rendu de l’audience qu’il a accordée à Moustapha Cissé Lô en rupture de ban avec le parti depuis fort longtemps. «On s’est parlé et il a compris », a dit le chef de l’Etat devant une assistance qui lui est acquise, mais en l’absence de Moustapha Cissé Lô. Devant le flot de critiques essuyées par la Commission de discipline, notamment sur sa composition, le Sen a jugé nécessaire de désigner de nouveaux membres triés sur le volet.
Ainsi donc, le nouvel argentier de l’Etat Abdoulaye Daouda Diallo a été désigné. Membre fondateur de l’Apr, le maire de Boké Dialoubé, présenté à tort ou à raison comme un dauphin caché du chef de l’Etat, devrait apporter une dose de crédibilité à la commission. Comme lui, l’ancienne vice-présidente de l’Assemblée Awa Guèye va enfiler les treillis de gendarme de l’Apr. Militante des premières heures de l’Apr, elle devient ainsi la seule femme à siéger dans cette commission de discipline. Last but not least, Oumar Guèye aussi fait son entrée dans cette commission.
Transfuge de Rewmi d’Idrissa Seck, le ministre en charge des Collectivités territoriales est devenu, par la force des choses, un pion essentiel du dispositif présidentiel. Peu connu, il est cependant crédité d’un talent énorme en politique. Il devra lui aussi faire valoir son expertise politique de plus de deux décennies dans cette commission de discipline qui entend jouer un rôle déterminant pour remettre de l’ordre au sein de l’Apr. Un parti miné par une indiscipline notoire et une crise d’autorité incontestable. Les rebelles sont donc avertis, le Président a aiguisé la lame de son sabre : ce sera « muut mbaa mott ».
PAR Omar Arouna
UNE OPPORTUNITÉ POUR UN MOMENT D'ENSEIGNEMENT SUR LES VALEURS DÉMOCRATIQUES
EXCLUSIF BENINPLUS - Nous voudrions inviter l'administration américaine, le Congrès américain et certains hôtes du président Talon, à défier leur visiteur sur l'urgence de restaurer la démocratie au Bénin
Selon un reportage de Mediapart Bénin, le président Patrice Talon a entamé une visite de 4 jours à Washington, DC (dimanche 26 janvier au jeudi 30 janvier 2020), dans le cadre d'une "mission économique et stratégique".
Aux États-Unis, le chef de l'État béninois rencontrera les responsables de la Société financière internationale (SFI), dont le directeur général, M. Phillipe LEHOUEROU; le Vice-Président de la Banque mondiale, M. Hafez GHANEM; le président de la Banque mondiale, M. David MALPASS; la directrice générale du Fonds monétaire international, Mme Kristalina GEORGIEVA; le président-directeur général de Millennium Challenge Corporation, M. Sean CAIRNCROSS; le secrétaire d'État Américain, Mike POMPEO; et des Béninois travaillant au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale à Washington DC.
Ce serait négligent de ma part si je ne rappelais pas à mes sœurs, frères et amis américains, à la communauté africaniste de Washington DC, ainsi qu'aux hôtes officiels du président, que la République du Bénin, pays jadis surnommé le berceau de la démocratie en Afrique, est maintenant une autocratie sous la dictature de Patrice Talon. Le Bénin c'est maintenant:
• un pays où les droits humains fondamentaux n'existent plus et où la terreur subsiste;
un pays où les voix dissidentes sont systématiquement traquées, réprimées, emprisonnées et / ou exilées;
un pays où les dernières élections ont été non inclusives et réprimées dans le sang;
un pays où les 83 représentants du peuple au Parlement ont été nommés par le président;
un pays où l'armée a reçu l'ordre de tirer avec des balles réelles sur des manifestants pacifiques;
un pays où les journalistes sont réduits au silence et emprisonnés pour avoir exercé leur métier;
un pays où les médias privés ou indépendants, les stations de télévision et de radio, les journaux critiques pour le gouvernement sont interdits et systématiquement fermés;
un pays où Internet est systématiquement coupé pendant les élections ;
un pays où les utilisateurs des médias sociaux et les activistes du web sont systématiquement traqués et emprisonnés ;
un pays où la constitution a été modifiée le soir de Halloween sans procédure régulière ;
un pays où la séparation des pouvoirs n'existe plus et où les trois branches du gouvernement sont sous le contrôle exclusif du président ;
un pays qui n'investit plus dans son peuple, qui ne gouverne plus équitablement et qui manque de liberté économique et démocratique.
Pour citer simplement le tweet du 24 janvier 2020 de l'ambassadeur Herman «Hank» Cohen, ancien secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires africaines au sein de l'administration du président George W. Bush, «ceci marque la fin officielle de la première démocratie multipartite en Afrique et le début du régime fasciste de Talon.»
Nous espérons et croyons fermement que la visite pourrait servir de moment pédagogique pour éduquer le président Patrice Talon sur les valeurs démocratiques fondamentales de la sainteté de la vie, la liberté d'expression, la vérité dans la gouvernance, la justice, la liberté, la diversité, la recherche du bonheur, le bien commun, populaire, la souveraineté et le patriotisme.
Nous voudrions inviter le Secrétaire d’État Mike Pompeo, l'administration américaine, le Congrès américain et certains hôtes du président, à défier leur visiteur sur l'urgence de restaurer la démocratie au Bénin en organisant des élections législatives inclusives avec la participation de tous les partis politiques et en traduisant rapidement en justice les sponsors et auteurs des meurtres post- électoraux d'avril, mai et juin 2019 par les forces armées du pays.
Omar Arouna est ancien ambassadeur du Bénin aux États-Unis