La polémique autour de l’acquisition d’immeubles devant abriter l’ambassade et le Consulat du Sénégal en Italie est loin de connaitre son épilogue. «L’As» remet une couche et brandit une lettre adressée par l’ambassadeur Saliou Diouf aux autorités étatiques, dans laquelle, il demande l’autorisation. Visiblement, il n’était pas au courant la procédure déjà enclenchée par le Consul général de Milan.
Le quotidien «Source A» avait révélé le scandale autour de l’acquisition d’un immeuble par le Consul de Milan dans des conditions assez particulières où Mme Touré a engagé le Sénégal dans une location-vente, avec remise des payements des arriérés portant sur plusieurs millions d’euro. Les négociations, le contrat et les procédures d’achat menés par Rokhaya Ba Touré ont abouti à la signature de l’accord de financement immobilier d’un montant d’un million trois cent mille (1 300 000) euros.
Ainsi acquis, l’immeuble deviendrait de facto une propriété de l’Etat à l’étranger. Pour justifier cette forfaiture, la dame avait brandi une lettre de Birima Mangara datant de septembre 2018 qu’elle a interprétée à sa guise. Or, cette lettre de M. Mangara est une réponse à celle que lui avait adressée Me Sidiki Kaba, alors chef de la diplomatie sénégalaise.
Dans sa missive, le ministre du Budget d’alors rappelle à son collègue des Affaires Etrangères les principes et conditions devant conduire à une telle opération. «Comme suite à votre lettre par laquelle vous formulez une demande d’autorisation d’acquérir deux (2) immeubles destinés à abriter respectivement le siège de la chancellerie à Rome et un consulat général, j’autorise vos services compétents, chacun en ce qui le concerne, à engager les procédures subséquentes, en rapport avec ceux centraux, ceux du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur», écrit-il. Mieux, Birima Mangara insiste auprès de Me Sidiki Kaba, lui demandant «de bien vouloir veiller sur les conditions substantielles de l’acquisition autour de deux grands accords. Le financement bancaire et le payement de la facilité sous la modalité que chaque échéance corresponde au loyer mensuel tiré des crédits budgétaires alloués par la loi des finances».
C’est donc tout logiquement que l’Agent comptable a refusé de payer l’immeuble acheté par le Consul général qui n’a pas respecté les directives de l’ancien ministre du Budget. Que s’est-il passé ? Y a t-il deal ou le Consul a-t-il agi sans l’aval de l’ambassadeur Saliou Diouf et des services centraux du ministères des Affaires étrangères ? Si «L’As» pose la question, c’est qu’il a parcouru une lettre datant du mois de Mai dernier dans laquelle l’ambassadeur Mamadou Saliou Diouf faisait part d’un projet d’achat d’un immeuble pour abriter le consulat à Milan et l’ambassade à Rome. Et cela, peu avant son départ à la retraite et son remplacement par l’ancien ministre Papa Abdoulaye Seck.
Dans cette correspondance, le chef de la mission diplomatique parlait d’un accord obtenu avec la banque Itsa pour la chancellerie à Sao Paolo pour un coût de 6 millions d’euros. Pour le cas du Consulat, il avait misé sur un immeuble d’un coût de trois millions d’euros. Le propriétaire identifié est un certain Monsieur Tronca qui a donné son accord de principe pour le céder au Sénégal. Seulement, Diouf ne savait, sans doute, pas que le patrimoine foncier à l’étranger n’était pas géré par l’Agence du patrimoine bâti de l’Etat, mais plutôt par une commission de contrôle et de suivi du Patrimoine immobilier de l’Etat à l’étranger dirigée par un Inspecteur général d’Etat, nommé par décret présidentiel. Elle est placée sous la tutelle du Secrétaire général de la Présidence de la République et composée d’un Ige, du Directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage) du ministère des Affaires étrangères, de l’architecte du Palais, du Directeur des Domaines, du Directeur du Cadastre et du conseiller du ministre de l’Economie et des finances chargé des questions domaniales.
A peine Saliou Diouf est-il parti à la retraite et remplacé par Abdoulaye Seck, le Consul général de Milan a passé l’accord dans des conditions encore non élucidées. L’audit demandé par le chef de l’Etat devrait clarifier cette affaire qui exhale un parfum de scandale
LA SEULE FEMME CHEF DE QUARTIER A TIVAOUANE
Sokhna Aïda Sy Ibn Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, épouse du khalif général des Tidiane estla pièce maîtresse de l’organisation du Maouloud dans la maison de Serigne Babacar Sy Mansour.
Sokhna Aïda Sy Ibn Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, épouse du khalif général des Tidiane estla pièce maîtresse de l’organisation du Maouloud dans la maison de Serigne Babacar Sy Mansour. Très connue pour ses activités sociales, elle est également la seule femme chef de quartier à Tivaouane.
La nomination des chefs de quartier est une prérogative des premiers magistrats des communes. Depuis quelques années, les femmes sont désignées chefs de quartier. Cent trois (103) ans après sa création par arrêté N° 933 du 31-12-1904, la commune de Tivaouane fait partie depuis 2013 des villes ayant fait confiance aux femmes, dans le cadre de ces nominations.
Ainsi parmi les 72 chefs de quartier de Tivaouane, dont 25 sont officiellement reconnus, il y a une femme. Il s’agit de Sokhna Aïssatou Sy dite Aïda, fille de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh. Elle a été promue à la tête du quartier Serigne Cheikh Ahmed Tidjane Chérif depuis 2013. La nomination de Sokhna Aïda porte la signature de l’ancien député-maire de Tivaouane El Hadji Malick Diop qui, d’ailleurs, l’avait installée dans ses fonctions. A l’époque il s’agissait d’un nouveau quartier, qui n’avait pas encore connu une grande affluence en termes d’habitation. Sokhna Aïda faisant partie des premiers habitants, son courage a été ainsi récompensé par l’équipe municipale d’alors. Grâce à son influence, des opérations d’assainissement et de viabilisation ont été rapidement mises en œuvre. Ce qui a permis à beaucoup de familles de prendre possession de leur maison.
Aussitôt, le quartier a connu une grande extension et une expansion fulgurante dans tous les domaines. Pour maintenir ce rythme de propension rapide, Sokhna Aïda Sy a tablé sur des manifestations religieuses de grande envergure. C’est dans ce cadre que le programme «Takusaanu Seydouna Mouhamed» est calé chaque année, le dernier week-end précédant la célébration de la nuit du Maouloud. Cet évènement était fortement approuvé par Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine qui faisait personnellement le déplacement pour le présider. Cette dynamique influe également sur la notoriété du quartier et pousse les populations à venir y habiter.
Actuellement, le quartier fait partie les plus courus. Sokhna Aïssatou Sy dite Aïda est également connue pour ses activités sociales, en faveur des couches déshéritées. Raison pour laquelle, certains certains l’appellent affectueusement la Mère Theresa de la famille, en référence à ces actions humanitaires. C’est du vivant de son père Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh qu’elle avait exprimé le souhait d’assister les malades et les accompagnants du l’hôpital Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh. Cette démarche a rencontré l’assentiment de Serigne Mbaye Sy Mansour et depuis lors, elle sert chaque jour le déjeuner et le dîner à l’hôpital. Parfois d’ailleurs, c’est elle en personne qui fait le déplacement pour procéder à la distribution des plats.
Selon nos sources, elle accomplit toutes ces actions sociales avec ses propres moyens. Pour disposer des ressources financières lui permettant de mener des œuvres sociales, elle s’active dans la couture. Ainsi, toutes les retombées financières sont reversées dans ses actions de bienfaisance. La dimension sociale de l’épouse du Khalif Général des Tidjanes est fortement ressentie aussi par les femmes qui s’occupent de sa cuisine, car beaucoup d’entre elles ont effectué le pèlerinage à la Mecque, grâce à elle. «Sa nomination à la tête du quartier relève d’une volonté de tenter une expérience nouvelle dans la commune et de mieux faire profiter aux populations la vision et les actions d’une femme dont les actions de bienfaisance à l’endroit de toutes les personnes nécessiteuses sont connues de tous.
C’est une femme engagée qui, sans doute, saura aider le maire et l’administration municipale dans la gestion de proximité toujours recherchée et de diverses manières promue», avait soutenu l’ancien maire El Hadji Malick Diop lors de l’installation de Sokhna Aïda à la tête du quartier. En tout cas force est de constater que le quartier Serigne Ameth Tidiane Chérif, contigüe au mausolée de Serigne Cheikh, bouillonne sur le plan économique et social. Le site est dans de bonnes dispositions pour devenir un modèle dans la commune, à l’image de Sokhna Aïda, illustre descendante de Seydi El Hadji Malick Sy.
«DES INTERNATIONALES SONT PRÊTES À TRANSFORMER L’AFRIQUE EN ÉPICENTRE DU TERRORISME»
Pour Cheikh Tidiane Gadio, l’Afrique doit se mettre ensemble, mutualiser et ses forces, ses intelligences et ses expertises pour aller à l’assaut des gens qui n’ont aucun respect pour les africains
Pour que le G5 Sahel puisse continuer activement sa lutte contre le terrorisme, l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, qui animait une conférence samedi dernier lors de la 27e édition de la journée internationale de l’écrivain africain, propose de remplacer le G5 par le G5+5. Ce qui maintiendra le G5 originel et permettra d’inclure des pays comme le Sénégal, le Maroc, l’Algérie, le Nigéria et le Cameroun dans le Sahel.
«Depuis la création du G5 Sahel, j’ai dit qu’il serait difficile d’exclure le Sénégal du Sahel. J’ai même dit que le Sénégal a inventé le Sahel. En même temps après évolution de notre réflexion, on est arrivé au niveau de notre institut Panafricain à proposer qu’on n’ajoute pas le Sénégal comme 6ème pays. Mais nous avons proposé G5+5, qui maintientleG5 originel. Il y a des pays, qui ont stratégiquement un apport important pour le G5. Nous avons pensé que le Maroc est la plus grande puissance africaine en termes d’intelligence de renseignement et de compétence de la surveillance du territoire», affirme, l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio qui pense qu’on ne peut pas réussir le combat contre le terrorisme dans notre zone Sahara Sahel sans le Maroc et l’Algérie. « L’Algérie est le seul pays du continent qui a eu une victoire non seulement morale, mais qui a infligé une défaite au terrorisme. On a besoin de l’Algérie dans ce combat, on a aussi besoin du Sénégal pour toutes les raisons que l’on sait : petite grande puissance diplomatique, pays qui peut apporter du point de vue de l’expertise de son armée et compétence de ses forces de sécurité» renchérit-il. «Il y a deux pays qu’on a exclu qui semblent très importants, c’est le Nigéria et le Cameroun», souligne M. Gadio.
À l’en croire, le Nord Nigéria est dans le Sahel, et Bokko Haram opère à partir de cette partie, qui est véritablement sahélienne. «Le Nord du Cameroun tout le monde sait que ça fait partie quelque part du Sahel. Donc l’apport du Cameroun et de la 1ère puissance économique du continent le Nigéria pourrait régler la question la plus cruciale du G5 qui est le financement», dit-il.
Au total, pour le vice-président de l’Assemblée nationale, «le G5+5 nous donnerait un système assez souple de fonctionnement où tout est basé sur le G5 original. Et l’Afrique devrait imposer une solution au financement du G5, non seulement par la contribution de nos Etats, par la contribution de l’Union Africaine, mais ensuite un Conseil de sécurité où on met ensemble toutes les cotisations des pays du monde. «Rien ne justifie que le Conseil de sécurité refuse différemment de financer le G5.Nous avons des troupes d’élites qui sont mobilisées, mais qui ont les armes aux pieds, parce que ces armes n’ont pas de munition ou ne sont pas des armes perfectionnées. Donc, au total le danger dans la situation actuelle du Sahel c’est que tant que la Libye n’est pas rapatriée en Afrique comme pays africain, tant qu’on cherchera la solution à la crise Libyenne en Italie, en France ou ailleurs, on ne trouvera pas de solution », martèle Cheikh Tidiane Gadio.
LES CHAUDES ALERTES DE GADIO
«On est en train de faire traiter à l’Afrique des problèmes qui sont venus d’ailleurs. Et nous, nous attirons l’attention des Africains que les internationales terroristes sont prêtes à transformer l’Afrique en épicentre du terrorisme mondial.
En déménageant toutes leurs opérations en Afrique parce qu’ils savent que c’est plus facile. Aujourd’hui, on sait que les terroristes du Sahel veulent un accès à la façade maritime. Et ils pensent que le meilleur verrou qu’ils doivent faire sauter pour accéder au Bénin c’est le Burkina Faso. Et s’ils accèdent au Bénin, au Togo, ils ont déjà attaqué la Côte-D’ivoire, ils attaquent la 1ère puissance économique ouest-africaine qui est le Nigéria. Ensuite, ils attaquent la République Démocratique du Congo. L’Afrique, l’eau, les terres et les forets intéressent beaucoup les terroristes. Ce sont des entrepreneurs de l’économie criminelle qui sont bien organisés», dit-il avant d’ajouter : «Donc, quand on nous dit que c’est un problème limité au Sahel, c’est ne pas comprendre la gravité de la situation que nous vivons. Ils sont partout dans le continent. Et pour les pays qu’ils n’ont pas attaqués, ils organisent des systèmes à l’interne. Les mutations se déroulent sous nos yeux sans qu’on fasse attention, jusqu’au jour où ils se sentiront trop forts, ou bien jusqu’au jour où ils demanderont que la rébellion et la révolte viennent de l’intérieur et qu’ils viennent simplement en Afrique».
Pour Cheikh Tidiane Gadio, l’Afrique soit se mettre ensemble, mutualiser et ses forces, ses intelligences et ses expertises pour aller à l’assaut des gens qui n’ont aucun respect pour les Africains. Sinon ils vont balkaniser le Mali en trois Etats. Et ensuite, ils vont casser d’autres pays en Afrique. Ces gens ont un agenda lourd », conclut-il.
L’AES SE PENCHE SUR LA CAUSE CITOYENNE ET ENVIRONNEMENTALE
«Littérature, Citoyenneté et Environnement», c’est autour de ce thème que la 27ème édition de la Journée de l’Ecrivain Africain est célébrée.
Pour la 27ème édition de la journée Internationale de l’Ecrivain Africain, l’Association des Ecrivain du Sénégal (l’Aes) s’est réunie autour du thème «Littérature, Citoyenneté et Environnement ». Cet événement qui a réuni plusieurs pays est une occasion pour les écrivains de revisiter les acquis et l’avenir du secteur, et de mettre l’accent sur la citoyenneté et l’environnement.
«Littérature, Citoyenneté et Environnement», c’est autour de ce thème que la 27ème édition de la Journée de l’Ecrivain Africain est célébrée. «Ce thème a été choisi parce qu’on a remarqué qu’en Afrique, nous avons des contingences qui sont assez spécifiques. D’abord pour ce qui est de la citoyenneté, on note beaucoup de lacunes sur ce plan. Il y a un certain laisser-aller, et les écrivains ont leur mot à dire sur ça. Il faut que leurs œuvres portent sur la citoyenneté, mais aussi que leurs œuvres soient accessibles et à la dimension du génie du peuple Sénégalais, donc qu’elles soient consommables», affirme, le président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes) Alioune Badara Bèye.
S’agissant de l’aspect environnemental, M. Bèye trouve que «c’est aussi un thème important pour l’écrivain qui peut être charmé par son environnement. Ainsi, beaucoup d’œuvres sur l’environnement ont été produites. La citoyenneté pour sa part doit jouer un rôle important. On peut avoir toutes les richesses du monde, toutes les politiques globales, économiques, financières, mais si la citoyenneté n’accompagne pas, tous les efforts sont voués à l’échec. C’est pour ça qu’on a lié la littérature avec les contingences comme l’environnement et la citoyenneté», explique-t-il.
A l’en croire, les réflexions faites lors de ces journées permettront de prendre en compte les préoccupations des populations. «Nous sommes des aiguilleurs de conscience. Notre rôle doit être un rôle d’alerte. L’écrivain ne doit pas se contenter d’être seulement un veilleur de crépuscule ou un guetteur d’aurore ; il doit s’intéresser à la vie des frontières, à ce qui se passe dans le développement économique pour accompagner ceux qui sont là à être des bâtisseurs», déclare-t-il.
A souligner par ailleurs que l’édition de cette année à tout ce qui est lié à la vie et l’œuvre de l’écrivain africain et aux métiers du livre, notamment des problèmes d’édition et de circulation. «Les temps forts de la Journée internationale de l’écrivain africain sont, entre autres, la publication de trois anthologies, une anthologie sénégalo-gambienne, une anthologie sénégalo-congolaise et une anthologie sénégalo-guinéenne. Dans la plupart des contenus de ces œuvres, il y a une base importante de ce thème.
Cette 27e édition fera enfin un clin d’œil à l’histoire avec la participation de 20 à 25 écrivains de chaque pays», renseigne le président Alioune Badara Bèye qui considère cette journée comme de grands moments de retrouvailles. «Nous avons eu la présence massive des écrivains de la Gambie qui était le pays invité d’honneur. Nous avions la présence de la présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese), Aminata Touré, ainsi que celle de quatre ministres». C’était également des moments d’échanges à travers des colloques, des remises de prix. Il s’agit notamment du Grand Prix africain Yasser Arafat pour la paix etla liberté, qui a été décerné à l’écrivain guinéen Djibril Tamsir Niane. Le Birago d’Or a été destiné à Mamadou Tangara, ministre des Affaires étrangères du pays invité d’honneur, la Gambie. Le prix du parrain revient à l’écrivain Congolais, Henri Zombo, président de l’Association des écrivains artistes et artisans de son pays ».
1440 KILOGRAMMES DE CHANVRE INDIEN SAISIS
De pays de transit à consommateur, il y a quelques années, le Sénégal est-il devenu une plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, du fait de sa position géographique ?
De pays de transit à consommateur, il y a quelques années, le Sénégal est-il devenu une plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, du fait de sa position géographique ? En tout cas, désormais, il ne se passe de mois, voire de semaine ou presque, sans que les Forces de défense et de sécurité ne s’illustrent par des saisies records de stupéfiants. En attestent, dans la lutte contre le trafic de drogue, ces 1440 kilogrammes de chanvre indien d’une valeur de 173 millions de francs Cfa saisis dans la nuit de vendredi à samedi par les douanes dans les régions de Kédougou.
Encore de la drogue sous l’escarcelle des services de répression du trafic illicite de stupéfiants et particulièrement de la Douane. En effet, 1440 kilogrammes de chanvre indien d’une valeur de 173 millions de francs Cfa ont été saisis dans la nuit de vendredi à samedi par les douanes à Moussala, une localité de la région de Kédougou, à l’Est du pays. L’annonce a été faite par l’administration douanière qui informe que la drogue a été dans un camion semi-remorque d’immatriculation sénégalaise en provenance du Mali, dans cette zone frontalière.
Le chanvre indien avait été dissimulé dans une cachette aménagée au niveau du plancher dudit camion. « C’est au cours d’un contrôle de routine au barrage douanier de Moussala, que les éléments de la Brigade ont découvert une cachette aménagée au niveau du plancher dudit camion. C’est un double fond d’une très grande capacité de stockage qui, au vu la technique utilisée, a certainement servi à un trafic régulier et insoupçonné de produits prohibés », peut-on lire dans un communiqué de la Douane. Il s’agit d’un camion qui, à l’aller, transportait du ciment pour le livrer en territoire malien.
C’est au retour que les trafiquants ont chargé 72 sacs de 20 Kg de chanvre indien dans la cachette aménagée, soit 1440 Kg pour une valeur estimée de 173 millions CFA, précise-t-on. Selon l’administration douanière, cette saisie bat le record de toutes les saisies effectuées depuis le début de 2019 par les Douanes sénégalaises. Elle est également l’une des plus importantes enregistrées dans cette partie du pays depuis plusieurs années.
Un peu plus au sud, les agents des Douanes en service au poste de Salikénié, Subdivision de Kolda, région douanière du Sud, ont stoppé et saisi deux camions en provenance de la Guinée Bissau le samedi 09 novembre 2019. Là encore, ce sont des caches (cabines, coffres, dessous de siège) remplies de produits alimentaires, de bouteilles de vin, de cartons de bière et de téléphones portables que le chef de poste, Ousmane Bop, et ses éléments ont découvert. La valeur totale de la marchandise et des moyens de transport est estimée à 30 millions de francs CFA.
Pour autant, le communiqué relève que « L’Administration des Douanes, en plus de sa mission économique et fiscale, apporte à travers cette lutte ardue contre le trafic illicite sous toutes ses formes, sa contribution à la sécurisation des personnes et des biens et à la protection santé physique et mentale des populations ».
LE KHALIFE GENERAL DES TIDIANES ALERTE ET ENGAGE LA RESPONSABILITE DE L’ETAT
Le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour souhaite qu’une lutte acharnée soit menée contre des tares de la société telle que l’homosexualité et la franc-maçonnerie.
De nos envoyés Spéciaux Fatou NDIAYE, Mariame Djigo & Sidy BADJI (Photos) |
Publication 11/11/2019
Le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour souhaite qu’une lutte acharnée soit menée contre des tares de la société telle que l’homosexualité et la franc-maçonnerie. La cérémonie officielle du Maouloud, tenue avant-hier samedi, en présence de la délégation gouvernementale dirigée par Aly Ngouille Ndiaye, le ministre de l’Intérieur, a été l’occasion pour le guide religieux d’inviter l’Etat à prendre les mesures idoines afin de mettre un terme à ces pratiques et déviances.
Serigne Babacar Sy Mansour, n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger certains comportements qui sont devenus, dit-il, les tares de la société. Les dérives en question sont l’homosexualité, le lesbianisme et même la franc-maçonnerie. «La propagation de l’homosexualité est inquiétante. Il faut qu’on en parle. Ce n’est pas une bonne pratique. Tous ceux qui peuvent prendre des décisions et qui n’en prennent aucune, sont assimilables à des homosexuels. Il n’y a pas pire pratique que l’homosexualité et le lesbianisme».
Ces genres de pratiques commencent à prendre de l’ampleur dans le pays parce que l’Etat ne mène pas le combat nécessaire, ajoute-t-il. «C’est à l’Etat de prendre des mesures contre le phénomène. Il y a de nombreuses pratiques malsaines qui persistent qu’il ne réagisse», soutient le chef religieux, avant de demander à Aly Ngouille Ndiaye d’engager le combat idoine. «Vous, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, tout ce qui se passe dans le pays vous engage. Donc, il faut prendre vos responsabilités. Toute initiative que vous prendrez sera soutenue».
«PRENDRE PLUS DE 4 EPOUSES, AU NOM DE L’ISLAM, N’EST PAS CONFORMENT A LA CHARIA»
Dans son allocution, le Khalife général des Tidiane a aussi déploré la désacralisation du mariage. «Ceux qui se permettent de prendre plus de 4 épouses, au nom de la religion (Islam), ne se conforment pas à la Charia», dit-il. La libération d’esclaves qui permettait une telle pratique est révolue, juge le Khalife. En outre, selon Serigne Babacar Sy Mansour, la désacralisation du mariage est à l’origine des comportements non orthodoxes notés dans la société. Les mariages non officialisés et les pratiques contraires aux bonnes mœurs n’ont que des conséquences néfastes, conclut-il.
APPEL A PLUS DE RESPECTS AUX FEMMES ET AUX ENFANTS
A signaler qu’avant sa prise de parole, le Khalife général des Tidianes a demandé aux fidèles, par l’entreprise de Pape Makhtar Kébé, de ne plus se baser sur la science quand vient le moment de prononcer le divorce. Les tests scientifiques ne peuvent aucunement suppléer les recommandations divines, soutient-il. Mieux, Serigne Babacar Sy Mansour a, par la voie de son messager, Pape Makhtar Kébé, appelé les disciples à accorder plus de respects aux femmes et aux enfants. Les fidèles doivent également éviter de proférer de propos outrageux à l’endroit de leurs pairs, recommande-t-il.
LUTTE CONTRE LE TERRORISME, RENFORCEMENT DE L’EDUCATON DES JEUNES : Aly Ngouille Ndiaye engage les religieux
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, a présidé avant-hier, samedi 9 novembre, la cérémonie officielle du Gamou de Tivaouane. En plus de solliciter des prières pour la consolidation de la paix sociale au Sénégal, il a profité de l’occasion pour appeler les guides religieux à persister sur l’orientation des jeunes sur le droit chemin pour ne pas s’exposer à la tentation. Aly Ngouille Ndiaye a également rappelé les engagements de l’Etat à poursuivre la modernisation de la cité religieuse.
Les attaques terroristes, qui sont perpétrées dans la sous-région, inquiètent les autorités du pays. Pour éviter aux jeunes la tentation, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, a invité les guides religieux à persévérer dans les enseignements rappelant aux jeunes les préceptes de l’Islam. Il présidait, samedi dernier 9 novembre, la cérémonie officielle du Gamou de Tivaouane. «Le monde est secoué par beaucoup de crises. Et ce sont les populations qui en sont victimes. Ce qui se passe dans la sous-région doit nous pousser à réfléchir. Les auteurs de ces attaques utilisent l’image de l’Islam pour commettre leur forfait, alors que l’Islam ne l’a jamais recommandé», a déclaré Aly Ngouille Ndiaye.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a ajouté: «j’appelle les guides religieux, surtout les Khalifes, à poursuivre les enseignements de nos valeurs en direction de la jeunesse pour ne pas qu’elle cède aux tentations». Selon lui, le Sénégal est un pays où règnent la paix et l’harmonie. «Ce qui nous permet toujours de vaquer tranquillement à nos occupations. Chaque personne doit continuer à cultiver cette paix et la faire régner partout», a soutenu Aly Ngouille Ndiaye. Il a, par la suite, sollicité des prières pour la consolidation de la paix sociale au Sénégal. Dans son discours, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a réaffirmé l’engagement du gouvernement du Sénégal à poursuivre l’œuvre de modernisation de la cité religieuse de Tivaouane.
L’«AMAK», LE BAOBAB SACRÉ
L’«amak», baobab sacré, est un arbre symbolique qui a poussé sur la tombe de l’ancêtre des Camara du village d’Iwol.
L’«amak», baobab sacré, est un arbre symbolique qui a poussé sur la tombe de l’ancêtre des Camara du village d’Iwol. Cet arbre constitue une référence mythique dans le respect et la perpétuation de l’histoire des Bediks. L’«amak» disposait d’un grand trou où se faisaient les sacrifices et offrandes. Mais au fil du temps, le trou s’est refermé. Depuis lors, les Bediks effectuent des offrandes et sacrifices à côté du tronc. Le baobab d’Iwol est aussi connu comme étant l’un des plus gros du Sénégal. Il figure désormais sur la liste du patrimoine immatériel.
Le village d’Iwol est niché sur une colline à plus de 23 km de la commune de Bandafassi. Dans ce lieu chargé de l’histoire des Bediks, le baobab d’Iwol est une des principales attractions. L’amak, comme on l’appelle en langue locale, est un lieu de sacrifices et d’offrandes pour rendre hommage aux ancêtres et formuler des prières pour la communauté bedik. Il est aussi un témoin de l’histoire de la vie des Bediks. Ces derniers ont quitté le Mali après l’éclatement de l’empire de Soundiata Keïta. Chassés du Mali, ils sont venus habiter définitivement sur la montagne au Sénégal. Plus tard, ils feront face aux velléités de conquête du roi Alpha Yaya, venu les islamiser. «Le roi Alpha Yaya a quitté la Guinée pour nous convertir à l’islam et nous amener chez lui. Comme on n’a pas voulu, la guerre a éclaté. Les soldats prenaient les belles femmes et les plus jeunes et les amenaient de force en Guinée. Les vieux et les vieilles mamans, on les égorgeait. Les rescapés eux sont partis se cacher dans des cavernes en dehors du village et ils ne sortent que la nuit pour aller puiser de l’eau. Pour piler les céréales, ils écrasaient le mil entre des cailloux pour éviter le bruit des pillons. Comme la guerre est devenue plus grave, ils se sont réunis dans la caverne et ils sont allés trouver l’esprit du village pour qu’il les protège. Il était très gentil, il a accepté rapidement. Il est parti au centre du village et a invité des abeilles qui ont combattu en faveur des Bediks. Et nous avons eu la paix», retrace Jean Baptiste Keïta, enseignant et catéchiste à la retraite.
Un baobab de 23,30 m de circonférence
«Juste à l’entrée du village, nous avons un gros baobab sacré. Mais avant qu’il ne pousse là, il y avait la tombe d’un
ancêtre de la famille Camara qui était décédé et que l’on avait enterré là. Cinq ans après, le baobab a poussé sur la tombe»,dit-il. Mais ce baobab qui date du13e siècle est devenu un arbre symbolique pour les famille sbediks. Il s’agit des familles Keïta, Camara, Samoura et Sadiakhou. «Chaque début d’année, le responsable organise une grande cérémonie autour du tronc pour les 614 habitants.»Ici, tout est bien codifié. Les Keïta sont les chefs de village, les Camara et les Samoura organisent les fêtes et les Sadiakhou sont chargés du maintien des coutumes.
Le baobab d’Iwol est une référence mythique pour accueillir des «étrangers» qui viennent de partout sur cette montagne.«Nous sommes chrétiens et animistes. Et nous sommes 6 villages bediks dans la région. Iwol est la capitale», explique Jean Baptiste Keïta. «L’amak est un baobab sacré parce que nous on dit que si la personne est morte, là où vous l’avez enterrée, s’il y a un arbre qui pousse dessus, on se dit que peut être c’est l’âme de ce dernier. Avec le baobab, c’est pareil. On dit que c’est l’âme du défunt Camara qui a poussé sur le baobab. C’est la raison pour laquelle nous faisons des prières et des sacrifices. Le baobab est un arbre sacré. Dans la langue bedik, nous l’appelons l’amak»,témoigne Jean Baptiste Keïta, natif du village d’Iwol, retrouvé au lieu des étrangers.
Pas de retombées pour les villageois
Avec ses plus de 800 ans d’âge, le baobab d’Iwol figure sur la liste du patrimoine immatériel du Sénégal. Mais les habitants du village d’Iwol, niché sur cette colline, ne bénéficient pas des retombées de ce site historique. Les nombreux visiteurs qui viennent de partout ne changent pas le visage des lieux. «Il y a des guides qui viennent avec beaucoup d’étrangers venus de l’Europe, de l’Amérique et des Sénégalais extérieurs. Ils font tout ce qu’ils veulent et ils partent sans rien laisser ici. Même si ces gens veulent nous donner quelque chose, ils disent ce n’est pas la peine. Et moi, je ne pense pas que ce sont de bons guides», déplore Jean Baptiste Keïta. En outre, il a salué les «actions» de l’association française qui les a aidés à construire l’école et l’église
«J’étais enseignant au village»
Jean Baptiste Keïta est en quelque sorte l’esprit et la mémoire de ce lieu. «En 1953 quand la religion chrétienne est arrivée ici avec les missionnaires français, j’ai fréquenté l’école catholique à Kédougou, mais pas très longtemps parce que mon papa m’a ramené au village. Comme j’avais de l’intérêt pour l’école, j’ai aussitôt créé une école catéchistique pour apprendre aux enfants à connaître Dieu et un peu parler français. Je prenais les enfants de 5 à 6 ans et je les formais. A l’âge de 7 ans, je leur faisais passer un concours. Tous ceux qui étaient admis, je les amenais à Kédougou», explique Jean Baptiste Keïta qui profite bien de sa retraite.
POUR UNE NOUVELLE OFFRE POLITIQUE ET LE RETOUR DU PDS AU POUVOIR
Face à Mamoudou Ibra Kane, sur iRadio,Lamine BA n’a pas manqué de décliner sa feuille de route, tout en se prononçant sur un certain nombre de questions qui touchent directement le Pds.
Lamine Ba, le tout-nouveau patron de la Fédération nationale des cadres libéraux (Fncl) fraîchement nommé par Me Wade était hier, dimanche, l’invité de « Jury du dimanche ». Face à Mamoudou Ibra Kane, sur iRadio, il n’a pas manqué de décliner sa feuille de route, tout en se prononçant sur un certain nombre de questions qui touchent directement le Pds.
Remerciant le Secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye Wade, pour l’avoir nommé à la tête de la Fncl, Lamine Ba s’est tout d’abord épanché sur sa feuille de route. « Je le remercie surtout que pour bon nombre de militants, frères et sœurs du parti, cette nouvelle semble être un sacerdoce, un défi qui ne fait que confirmer l’engagement militant. C’est un défi pour moi parce que ce n’est jamais facile de diriger une structure d’un parti aussi important que le Pds. Ce n’est pas facile ». Avant ce relever son intention de vouloir aujourd’hui « insuffler une nouvelle dynamique dans un contexte actuel pour des cadres d’un parti comme le Pds qui a une ambition de retour au pouvoir». Au-delà de la reconquête du pouvoir, Lamine Ba ajoutera que ce qui importe pour lui: « c’est réfléchir, repenser l’offre politique, faire en sorte que les préoccupations des Sénégalais, l’eau, l’éducation, la santé, la sécurité, les infrastructures puissent être au cœur de nos politiques. C’est aussi faire en sorte que nous (Pds), qui avons eu à exercer le pouvoir, et à se confronter avec des aspirations et revendications populaires, nous puissions revenir au pouvoir, avec du mieux et du plus ».
Attestant par ailleurs que le Pds reste toujours attractif, en raison surtout de son « bilan dans la conquête démocratique », Lamine Ba a récusé toutes les incriminations relevant qu’il est sponsorisé par Karim Wade. « Les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. (Mais), ce que je peux dire, c’est que je suis un militant du Pds. J’ai de très bonnes relations avec Karim, comme je l’ai avec d’autres responsables. Je ne suis pas sous la coupole de Karim. Je l’ai connu quand j’étais aux affaires comme lui. Je suis venu trouver un parti à Nioro sans sponsor, sans parrain, je me suis battu seul à Nioro. Je n’ai jamais été ni parrainé ni sous la coupole d’un leader, à part Wade ».
Répliquant pour finir à son prédécesseur à la tête de la Fédération nationale des cadres libéraux (Fncl), Cheikh Tidiane Seck, qui conteste la légalité de la décision prise Me Wade, Lamine Ba a tenu à faire savoir que sa nomination a suivi toutes les procédures règlementaires. Aussi fera-t-il remarquer : « Je rappelle que le Pds est une organisation qui fonctionne sur la base de ses textes. Nous avons un règlement intérieur et des statuts qui confèrent au SGN les prérogatives de nomination ou de création même de toute structure ou entité pouvant l’aider ou lui servir d’appui pour mener à bien sa mission ».
Par Vieux SAVANE
LA CONTROVERSE DIALOGUE SUR L’ISLAM
Pour aborder le sujet, Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne, philosophes et normaliens, se prêtent dans cet ouvrage à un débat minutieux, lumineux et sans concession.
Comment débattre d’une croyance, d’une adhésion totale à une religion, en somme d’une foi ? Comment convoquer la raison dans un champ qui n’est pas le sien, marqué par cet extraordinaire qui se donne sous un visage monstrueux, faisant couler le sang, semant la mort et la désolation, au nom d’un prétendu islam ? La Mecque. Paris. Londres. New York. Moscou. Ouagadougou. Bamako. Niamey, etc,. Aucun bout de terre n’est épargné. De partout, les candidats à la mort explosent leurs corps, fauchant au passage des vies dont le seul tort aura été d’être au mauvais endroit, au mauvais moment. L’islam dont ces terroristes se réclament peut-il être, comme on l’entend dire par certaines forces hostiles, comptable de tels actes ?
Pour aborder le sujet, Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne, philosophes et normaliens, se prêtent dans cet ouvrage à un débat minutieux, lumineux et sans concession. L’un avec son Coran en arabe, l’autre du haut de sa prodigieuse mémoire, convoquant des versets du Livre Saint. Ils discutent de l’islam, une religion qui, brutalement, a surgi dans les consciences occidentales, continuant de faire les frais de la terrifiante folie du 11 septembre 2001, suite aux attentats terroristes qui ont détruit les tours jumelles de New York et occasionné des milliers de morts. Loin de cette atmosphère de douleur et deuil, le dialogue entre Souleymane Bachir Diagne et Rémi Brague invite plutôt à contenir les émotions intempestives au profit d’un recul qui rend possible la réflexion. Tout en étant d’avis que l’islamisme n’est pas l’islam, Rémi Brague affirme que tout compte fait, il s’agit bien d’islam puisque les personnes qui s’envoient à la mort le font en son nom.
Pour conforter cela, Il trouve dans le Coran des passages qui semblent condamner le suicide « lorsqu’il s’agit d’un suicide « privé », par désespoir par exemple », tout en relevant que « le sacrifice de soi n’est pas interdit ». Point de vue que ne partage pas Souleymane Bachir Diagne, invitant au contraire à distinguer islam et islamisme, à questionner d’autres paramètres, idéologiques, sociologiques, notamment. Pour lui, les abjections terroristes ne sont nullement l’expression de la religion. Tout comme la tentation de vouloir la figer dans un déterminisme affligeant, du genre : « l’islam est violence ; le bouddhisme est douceur ».
Une posture essentialiste qui est assurément problématique, ne serait-ce que parce que la douceur prêtée au bouddhisme n’a empêché en rien « des moines bouddhistes, depuis 2016, de conduire la persécution des Rohingyas en Birmanie », fait remarquer Souleymane Bachir Diagne. Et Rémi Brague de rétorquer que « beaucoup de musulmans se réclament du Coran en citant les appels au combat et à la soumission des autres, comme dans le « verset du sabre » : Tuez les polythéistes, partout… »
S’il leur est difficile de trouver un consensus sur cette question, cela n’a pas été pour la charia. En effet, pour Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne, la charia ne serait pas une espèce de totalitarisme qui vaudrait pour tous. Elle ne se donne pas comme une « conception massive », puisqu’il « en existe différentes formes selon les quatre rites sunnites, sans parler des chiites ». Prenant l’exemple de l’excision, tous deux s’accordent sur le fait qu’elle ne se trouve pas dans le Coran mais relève de la coutume. Ainsi a-t-elle cours en Afrique dans des pays que l’on ne peut pas considérer comme islamiques, à l’image du Kenya, pays non musulman et qui compte pourtant les plus fermes opposants à son abandon.
Une intention de progrès
Au cœur du débat se profile en fait une interrogation consistant à se demander si l’islam est soluble dans la modernité. Il en va ainsi de la place des femmes. Face à la critique de Rémi Brague prêtant aux sociétés africaines de se livrer à une certaine luxure au nom de l’islam, Souleymane Bachir Diagne convoque une chanson de Boris Vian dans laquelle ce dernier fait remarquer qu’ il n’est pas indiqué de raconter des histoires africaines lorsque l’on n’a pas « l’élégance d’être nègre ». Et se drapant dans cette élégance, il rappelle la dialectique qui travaille Société et Islam. Ce qui donne des pratiques éclatées qui ne sauraient s’abîmer dans une uniformisation putride. Aussi Souleymane Bachir Diagne de relever que s’il autorise à avoir quatre femmes, il importe d’avoir à l’esprit que « l’islam est apparu au sein d’une société où l’on avait autant de femmes que l’on voulait afin d’avoir autant de fils et d’hommes à armer ». Par conséquent, rapporté au contexte, l’islam transforme non seulement une situation ante mais en complexifie la mise en œuvre puisqu’il est question de pouvoir « les traiter toutes également avec équité c’est-à-dire les aimer également, et s’en occuper également ». Ce qui, faut-il en convenir, est difficilement applicable. Aussi Souleymane Bachir Diagne Bachir d’y déceler une « intention de progrès » de la religion. Et il conviendrait de la poursuivre dans le temps, puisque cela « indique la responsabilité de toujours aller plus loin dans sa direction » . S’appuyant sur l’intention exprimée, il montre que les préceptes édictés engagent plutôt dans la voie de la monogamie. Par ailleurs, à propos de l’héritage, il explique que des « oulémas cherchent un moyen d’en revisiter tous les aspects ». Surtout que se pose pour lui une équation, comment dire aujourd’hui à une sœur : « toi, parce que tu es fille de notre père , tu auras moins que moi, son fils ». Dans une rare confidence intime, il révèle avoir trouvé , lorsqu’il était confronté à ce terrible dilemme, « un moyen de concilier juridisme» et ce qu’il savait « être l’intention » de son père.
C’est dire que cet ouvrage recèle de sublimes moments de réflexion qui incitent à épouser une posture ouverte et intelligente, celle qui refuse de s’enfermer dans des rigidités putrides. Aussi, à ceux et celles qui par exemple disent que toutes les réponses se trouvent dans la religion, Rémi Brague indique que la religion « permet de se poser de nouvelles questions, plutôt que d’apporter des réponses ». Aussi, les tenants d’une telle perception sont-ils appelés à se détromper car avertit Souleymane Bachir Diagne « Dieu ne laisse pas en paix ; il taraude ». Refusant qu’on puisse le réduire à « une forme d’orthopraxie », Souleymane Bachir Diagne perçoit dans l’islam « une tradition spirituelle et une manière de donner sens à l’inquiétude et au mouvement de l’humain vers sa propre humanité ». S’inscrivant dans ce sillage Rémi Brague établit fortement une différence entre ce qui relève de la magie, de la technique et de la religion. Il affirme fortement que « la religion n’est ni l’une, ni l’autre. Elle ne permet pas de trouver des solutions ». Pour bien établir le distinguo, il note que « la magie consiste à essayer de capter les forces divines pour les mettre au service de nos intérêts particuliers : me faire gagner à la loterie, m’attirer l’affection de la plus belle femme du monde », etc,.
Abordant la question de la liberté en islam, Rémi Brague est plutôt enclin à parler de fatalisme dans le Coran , notamment dans le verset qui dit que « Dieu vous crée et crée ce que vous faites ». Souleymane Bachir Diagne de rétorquer que l’on soit un farouche partisan du libre-arbitre ou un déterministe absolu, on pourra convoquer des versets pour fortifier son point de vue. Et selon que l’on soit dans l’un ou l’autre camp, on donne le sentiment que : « D’un côté, affirmer une liberté totale de l’humain semble nier la puissance absolue de Dieu. De l’autre, poser que les actions de l’humain et le cours du monde sont prédéterminés par le décret divin semble cette fois nier la justice de Dieu ».Il se trouve comme le souligne Rémi Brague que la notion de liberté implique la responsabilité et par conséquent l’imputablité. Ne serait-ce que parce qu’il serait « difficile d’admettre que Dieu expédie en enfer quelqu’un qui ne le mériterait pas » . Ce que semble confirmer Souleymane Bachir Diagne pour qui, « l’humain devient responsable de la charge de réaliser son humanité ».
Epoustouflant d’érudition, « La controverse » est un ouvrage à lire absolument, pour mieux cerner et contenir les falsifications mortifères qui dénaturent l’islam.
Débattant parfois avec rudesse, mais toujours avec bienveillance, Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne arrivent à éviter les monologues parallèles et à injecter un supplément d’âme et d’intelligence dans leurs échanges. Par leur érudition éclairée, ils donnent des armes pour cerner l’islam, une religion « fruit d’une tradition intellectuelle et spirituelle plus que millénaire dont se réclament plus d’un milliard et demi d’hommes et de femmes de langues, de cultures, de régions différentes ».
QUAND DAKAR REPARE LE PASSE ET PREPARE L’AVENIR
La troisième édition des Ateliers de la pensée, du 30 octobre au 2 novembre à Dakar, a porté sur le «basculement des mondes et les pratiques de dévulnérabilisation».
La troisième édition des Ateliers de la pensée, du 30 octobre au 2 novembre à Dakar, a porté sur le «basculement des mondes et les pratiques de dévulnérabilisation». Scruter le présent et l’avenir du monde à partir de l’Afrique, tel est le pari de cette initiative, qui a passionné cette année.
La troisième édition des Ateliers de la pensée, organisée par Felwine Sarr et Achille Mbembe, a franchi un cap. La rencontre ne s’est pas seulement professionnalisée et ouverte, avec des sessions diffusées sur YouTube via la page Facebook de la rencontre et regardées aux quatre coins du monde ; le rendez-vous biennal des intellectuels de l’Afrique francophone et sa diaspora a fait le choix de sortir de l’Institut français, un lieu qui avait fait polémique lors de sa première édition en 2016, pour s’installer au tout nouveau Musée des civilisations d’Afrique noire.
Les Ateliers, ouverts au public, se sont élargis à de nouvelles figures, pas encore anglophones, permettant de mettre en valeur les travaux de Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanalyste exerçant à Alger et Paris, auteure du Trauma colonial (La Découverte, 2018), le spécialiste camerounais de la psychiatrie transculturelle Parfait Akana, qui a évoqué les « encombrements humains » désignant les lépreux à Dakar dans les années 1970, l’anthropologue gabonais Joseph Tonda, ou encore la militante associative burundaise Aline Ndenzako.
Le témoignage de cette dernière sur la situation au Burundi, dans un panel consacré aux « génocides, crimes de masse, extrémisme religieux violent et résilience », ponctuée d’un élément sonore anonyme reçu la veille du Burundi, évoquant le terme de « travail » pour désigner de possibles massacres à grande échelle, comme au Rwanda de 1994, a poussé les Ateliers à se clore sur une déclaration politique. Un appel a été lancé à l’Union africaine (UA) pour que « toutes les mesures préventives possibles » soient prises.
Des artistes et des membres de la diaspora
Nombre d’artistes ont été invités pour enrichir de leur pratique et réflexion les Ateliers, comme le poète haïtien Rodney Saint-Éloi, les plasticiens Kader Attia et Sammy Baloji, les cinéastes Angèle Diabang et Mati Diop, ainsi que le dramaturge rwandais Dorcy Rugamba, dont la contribution sur « les grands crimes se tiennent par la main » a fait le lien entre une longue histoire de violence coloniale et les génocides du XXe siècle.
Tous ont contribué à donner une épaisseur particulière au forum, de même que des profils non académiques comme Fadel Barro, l’un des leaders du mouvement citoyen Y’en a marre, qui s’est questionné sur le renouvellement de la classe politique.
En outre, de nombreuses personnalités de la diaspora ont fait le déplacement, comme Christiane Taubira, Lilian Thuram, Rokhaya Diallo et Rama Yade. Cette dernière, invitée en tant que professeure à Science Po et membre d’un think tank américain, s’est quelque peu ridiculisée lors de la nuit de la pensée, organisée à l’Institut français à la clôture des Ateliers, dans une contribution qui parlait plus de sa personne que de son sujet.
Le panel dans lequel elle s’est exprimée, composé du patron de Mediapart Edwy Plenel et Christiane Taubira, a par ailleurs été jugé « trop français » par des observateurs dakarois, plus enclins à décocher des flèches de loin, sur les réseaux sociaux, qu’à se déplacer pour écouter les panélistes. Ce panel devait être plus inclusif et compter des invités américains, qui ont décliné.
En dehors de ces péripéties, un énorme travail de fond a été fait. De grandes thématiques ont été balayées, cherchant à chaque fois des propositions concrètes pour renforcer les sociétés africaines, dont Achille Mbembe a noté l’inventaire, pour la prochaine édition du livre qui sera tiré des Ateliers. Des panels pointus, notamment sur les « réparations, résilience et dévulnérabilisation », « les chemins imprévisibles de l’histoire » ou un « monde commun à inventer » ont donné lieu à de mémorables contributions.
Yala Nadia Kisukidi, philosophe, a évoqué sous forme de conte le vote « fictif » organisé à Béni, une ville de République démocratique du Congo (RDC) privée du droit de vote lors de la dernière présidentielle. Le jeune romancier sénégalais Mbougar Sarr a évoqué sa place et son sentiment de solitude, en tant qu’écrivain dans sa société, tiraillée entre le passé et l’avenir, dans une brillante contribution.
Le vibrant discours de Christiane Taubira
Christiane Taubira, ancienne ministre française de la Justice, a suscité une longue standing ovation à la fin de son vibrant discours sur la question des réparations pour la traite et l’esclavage, le 31 octobre. Un discours d’autant plus important sur le plan symbolique qu’il a été fait à Dakar, où Nicolas Sarkozy s’était permis de dire en 2007 que les Africains n’étaient «pas entrés dans l’histoire».
«Nulle réparation matérielle n’effacera un crime si grand que l’esclavage ou la colonisation», écrivait en 2017 Christiane Taubira dans sa préface à un article de Ta-Nehisi Coates pour la revue The Atlantic, Le Procès de l’Amérique, Plaidoyer pour une réparation. Au cœur de son discours, cette affirmation :
« La seule réparation a été assurée par celles et ceux qui ont subi. Franz Fanon le disait, il n’y a pas de démarche plus stérile que celle qui consiste pour un opprimé à en appeler au cœur de l’oppresseur. Soyons clairs, n’en appelons pas à la compassion, à la sympathie. Il nous faut d’abord nous mettre ensemble pour porter toutes les tragédies humaines. Elles nous concernent au premier chef. Faire du passé de l’histoire relève de notre responsabilité collective. »
« Ces personnes (les descendants d’esclaves, NDLR) ont aimé, chanté, dansé, parce que c’était la victoire suprême de l’humain. Pour reprendre le mot de l’immense poète palestinien Mahmoud Darwich : “Nous aussi, nous aimons la vie, quand nous en avons les moyens.” Alors la réparation... Qui répare qui ? Nous réparons, parce que nous nous sommes donné les moyens d’aimer la vie et de vivre la vie. Parce que nous avons sublimé le malheur suprême, total, absolu. »
« Je le dis sereinement : nous sommes les survivants obstinés, opiniâtres, pugnaces et surtout des résilients magnifiques. Du malheur, nous avons fait un puits d’empathie et une puissance créatrice. Nous sommes capables, parce que nous sommes déjà réparés, de réparer le monde, les mondes, et de réparer ceux qui ont besoin de se réparer. »
Au premier rang, l’ancien footballeur français Lilian Thuram a versé des larmes. « J’ai été très ému, confie-t-il. Pour que cette violence portée par l’histoire s’arrête, il faut avoir le courage de regarder ce qu’elle a entraîné tout au long des siècles. C’est exactement le sens de mon travail personnel. Tout comme les femmes doivent montrer aux hommes la violence de leur domination, il faut dire ces choses que certains ne veulent pas entendre, ou dont certains se sentent coupables, alors qu’il y a juste un constat à faire. »
À la recherche de nouveaux concepts
« C’est l’un discours les plus puissants qu’il m’ait été donné d’écouter, a réagi Achille Mbembe. Christiane Taubira a expliqué en quoi l’expérience noire, africaine et diasporique, dans sa tragédie, parle à l’humanité en général. L’Afrique et ses diasporas ont quelque chose d’éminent à apporter au monde, ne serait-ce que parce qu’elles ont fait l’expérience des extrêmes. À mesure que notre monde entre dans l’âge des extrêmes, avec la catastrophe écologique, il faut apprendre à créer la vie là où l’on pense que tout est invivable. L’objectif des Ateliers de la pensée est de relire l’avenir de notre monde à partir de cette expérience. »
Si le discours de Christiane Taubira a été le point d’orgue des quatre jours de rencontres, elles ne se limitent pas à lui, loin s’en faut. Ponctués d’une représentation théâtrale et d’un concert de Rokia Traoré sur l’histoire du Mandé, les Ateliers de la pensée représentent pour le philosophe sénégalais Bado Ndoye « un foisonnement et la plateforme qui nous manquait, un lieu d’échange et de production d’idées pour penser notre place dans le monde et envisager des perspectives nouvelles, à une période de grande rupture ».
« Les outils intellectuels deviennent obsolètes, il faut reconsidérer les choses. Le marxisme par exemple n’est pas obsolète, mais nous sommes en train de vivre des crises qui sont très éloignées des concepts de Marx. Sur le climat, il nous faut inventer de nouveaux concepts comme les biens communs, sur lesquels l’Afrique a quelque chose à apporter. »
Les questions africaines sont planétaires
Le philosophe Souleymane Bachir Diagne, évoquant les grands défis de l’Afrique, a abordé la question de la démocratie et de la tentation du troisième mandat, mais aussi celle de l’intelligence artificielle et de l’autonomisation :
« On pourrait se dire que cela ne concerne pas l’Afrique, car trop high-tech. Ce serait faire une grande erreur. D’abord, la devise de nos Ateliers est que les questions africaines sont planétaires, et les questions planétaires sont africaines. Il y a cette exigence que les Africains soient présents sur toutes les grandes questions qui vont intéresser le monde. Ensuite, les conséquences de cette révolution de l’intelligence artificielle vont redéfinir la signification travail partout dans le monde. »
Beaucoup, comme Dorcy Rugamba, trouvent « essentiel de voir se rencontrer des gens qui travaillent chacun dans leur coin, ne serait-ce que pour faire son marché au niveau des idées et des concepts, se parler de la façon dont on évoque le continent, tellement mal représenté dans ses réalités multiples ».
Outre la « force de proposition qui émane de ce chantier », selon le dramaturge, la psychologue clinicienne Karima Lazali y voit « une façon de fabriquer un lieu, un acte de réparation dans le sens où il permet de réhabiliter celui qui a été colonisé, de le rétablir comme un interlocuteur digne d’une pensée et d’un savoir ».
Des lycéens ont fait le déplacement de divers pays d’Afrique, après avoir suivi le programme « Les petits ateliers », étalé sur toute l’année et assorti d’un cours « Littérature et société – Penser (avec) l’Afrique » et de rencontres avec des auteurs tels que Jean Bofane. Ils ont fait les témoignages les plus émouvants, certains ayant déclaré avoir vécu « le plus beau jour » de leur vie en cette fin octobre à Dakar.