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22 juillet 2025
PAR IBRAHIMA BAYO JR
DE QUOI LA FRÉQUENCE DES SOMMETS AVEC L'AFRIQUE EST-ELLE L'EXPRESSION ?
Malgré une certaine diversité dans l'identité des prétendants, ce nouveau regain d'intérêt pour le Continent le replonge dans des souvenirs d'un passé que l'on croyait révolu s'apparentant à une (re)colonisation
La Tribune Afrique |
IBRAHIMA BAYO |
Publication 10/11/2019
A la Maison Blanche, tout comme derrière les murs des palais du Zhongnanhai à Pékin, du Kantei à Tokyo, du Kremlin à Moscou, de l'Ak Saray à Ankara, de l'Elysée à Paris, du Beit Aghion à Jérusalem-ouest, les stratégies se peaufinent. Parfois avec l'appui de leurs anciens réseaux, souvent avec leurs nouveaux relais ou les ressorts de leur soft ou de hard-power, une véritable course à l'influence oppose les anciennes puissances colonisatrices à des nouveaux partenaires. La saillie de cette guerre de positionnement reste sans doute la tenue par chaque puissance de son sommet transcontinental avec l'Afrique. De quoi la multiplication de ces rencontres avec le Continent est-elle le nom? La Tribune Afrique tente d'apporter quelques pistes d'explications.
Dans l'agenda diplomatique de l'Afrique, la tenue des sommets transcontinentaux est devenue une véritable démonstration d'influence pour les puissances. La Russie l'a fait à Sotchi fin octobre, dans la foulée de la Chine, du Japon, de l'Inde, de l'Allemagne. Habituée des sommets transcontinentaux, la France va tenir «son» sommet avec l'Afrique en juin 2020. En attendant de meilleures auspices, les rumeurs de boycott qui ont eu raison du sommet de 2017 n'ont pas dissuadé Israël de renoncer à une grand-messe avec les Etats du Continent. Au moment où le Brésil songe déjà à une date comme d'autres pays hors du Continent, l'Arabie Saoudite s'apprête à recevoir l'Afrique dans les prochaines semaines.
Une (re)colonisation de l'Afrique?
Malgré une certaine diversité dans l'identité des prétendants, ce nouveau regain d'intérêt pour le Continent le replonge dans des souvenirs d'un passé que l'on croyait révolu s'apparentant à une (re)colonisation. «L'Afrique est le continent dont la croissance démographique et les ressources du sous-sol constituent des éléments d'attractivité pour tous les pays qui recherchent des points de croissance et des débouchés commerciaux. Il n'a échappé à personne que tout, ou presque, est à faire en Afrique. Comme lors de la Conférence de Berlin de 1884, qui avait donné le coup d'envoi de la colonisation, toutes les grandes puissances et les puissances moyennes viennent en Afrique chercher des parts et des points de croissance», relève Louis Magloire Keumayou, journaliste et président du Club de l'Information africaine à Paris.
Dans un contexte géopolitique mondial marqué par les incertitudes économiques et sociales, l'Afrique apparaît comme la nouvelle terre promise. Aussi toutes ces puissances ne lorgnent non seulement cette croissance tirée par l'urbanisation dans ce marché au milliard et demi de consommateurs appelé à doubler d'ici 2050 ; mais elles s'intéressent aussi à la mise au jour des matières premières brutes. «L'accès à ces ressources est vital dans la perspective des bouleversements économiques à venir comme la fin de l'ère pétrolière, le développement des nouvelles technologies, ce qui explique l'agressivité des nouveaux acteurs (Chine, Russie, pays du Golfe) qui disposent de moyens considérables, analyse le géopolitologue Marc Lavergne
Les conférences qui se succèdent sont un moyen de faire son marché non seulement de produits, d'investissements, mais aussi d'intermédiaires indispensables, et de présenter au mieux sa surface financière et technique, et pour les pays/villes d'accueil de montrer leurs avantages comparatifs et de tester leur attractivité en termes d'intégration à l'économie internationale», complète le directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France.
Retarder le déclin des grands empires
Et pourtant, la réalité prend une explication moins économique dès lors que l'on intéresse à la catégorie des acteurs et à leurs motivations. Avec l'organisation de ces rencontres bilatérales, les ex-colons s'offrent un moyen de régénérer une relation à bout de souffle avec leurs ex-obligés sous l'effet d'un lourd passif historique et même de jeter les bases d'une coopération loin de leurs prés carrés à la recherche d'une gloire perdue.
«Plus qu'une conquête de marchés économiques, cette frénésie diplomatique est le signe d'une quête de puissance politique internationale et d'influence stratégique. Il y a un désir non avoué pour certaines puissances de régénérer à travers ces sommets le souvenir des empires déchus qu'elles incarnaient auparavant d'une part, et d'autre part de confronter avec les autres «Grands» du monde leur position dominant», tranche Régis Hounkpè, analyste géopolitique et directeur exécutif d'InterGlobe Conseils. Il n'y a au monde que le continent africain qui gratifie d'une telle surface d'exposition internationale. Nous vivons un monde de compétitions économiques féroces et de rivalités géopolitiques et en cela, les puissances «chahutées en interne» viennent retarder leur déclin en convoquant l'Afrique à des agoras», explique le directeur de ce cabinet spécialisé en expertise géopolitique et communication stratégique
En face, de nouveaux arrivants endossent le rôle de partenaires alternatifs. Ils voient dans ces sommets, l'occasion d'une projection de leurs ambitions politiques, diplomatiques et économiques, qui place l'Afrique au centre de leur politique internationale. Avec la promesse d'une relation bilatérale plus égalitaire, « gagnant-gagnant» et débarrassée du paternalisme moralisateur que l'on dénonce chez les ex-colons, ces nouveaux partenaires semblent partis en pôle position dans la bataille de la perception. C'est sur le terreau du rejet des anciennes puissances colonisatrices que les nouveaux partenaires sèment leurs cailloux. Pour la première fois, la configuration des prés carrés et des chasses gardées est en train d'être battue en brèche.
«La multiplication de ces sommets peut traduire, la convoitise des partenaires autres que les puissances colonisatrices vis-à-vis de l'Afrique car, depuis trop longtemps elles sont restées les partenaires privilégiés de leurs colonies. Cette convoitise passe à l'acte parce qu'aujourd'hui, il apparaît clairement que ces relations privilégiées ne conviennent plus aux africains tant elles traduisent en fait un prolongement de la colonisation et ont montré leurs limites(...) Les contrats léonins continuent de courir», explique la militante et enseignante-chercheuse, Laurence Ndong. Experte en développement, elle y voit aussi «un message envoyé aux anciennes puissances coloniales et en particulier à la France sur le fait qu'il est peut-être temps de revoir ces contrats issus des accords postcoloniaux et qui continuent à appauvrir l'Afrique».
Pour un partenariat plus bénéfique quelque soit le partenaire
Pourtant, rien n'indique qu'avec leur incursion, les nouveaux acteurs accueillis à bras ouverts, aient des visées expansionnistes moins prononcées que celles des ex-puissances colonisatrices. Dès lors, se pose la question des retombées pour l'Afrique de cette succession de sommets. Si ces grands rendez-vous sont pour les chefs d'Etat africains des moyens de jouer la concurrence pour avoir accès à des sources nouvelles de financement ou des étapes dans leur agenda international.
«Plus que jamais, c'est le moment de changer de paradigme. Si l'Afrique est autant attractive, pourquoi ne le serait-elle pas pour les Africains ? Avec sa jeunesse, sa diaspora, son potentiel naturel et agricole, il y a une infinité de possibilités. La relation Afrique avec les autres puissances est asymétrique et doit se réinventer, au lieu de changer continuellement de parrain, qu'il soit occidental, asiatique ou oriental. Le changement de tutelle ne signifie pas que la tutelle a changé, elle demeure tutelle», relève Régis Hounkpè.
Laurence Ndong pour sa part plaide pour un partenariat lucide, mutuellement bénéfique pour l'Afrique. «Pour profiter d'un partenariat, il faut savoir ce que l'on veut, avoir des attentes claires. Il faut avoir défini ses priorités et s'y tenir. Il faut discuter d'égal à égal. Les dirigeants africains ne devraient pas avoir à courber l'échine devant les autres pays quel qu'ils soient. Ne pas aller pour recevoir uniquement, car la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne», propose-t-elle.
Et Louis Magloire Keumayou de conclure : «Le défi pour les dirigeants du continent, c'est de transformer l'essai. Ils doivent profiter de la fenêtre d'opportunités qu'ouvre l'attractivité du continent pour faire avancer l'agenda de l'intégration et celui de tous les investissements qui doivent l'accompagner. A cet effet, la ZLECAf est un bon signal. Il est le point de départ de la construction d'un marché commun africain au service des citoyens et des économies africains. A terme, les pays africains devraient aller aux négociations collectivement, et non en rangs dispersés. L'Afrique ne sera forte que dans son unité»
POURQUOI LES DJIHADISTES ET CEUX QUI LES TRAQUENT ROULENT TOUJOURS EN TOYOTA
Qu’ont en commun les insurgés islamistes du Sahel et les unités burkinabés, maliennes, mauritaniennes, nigériennes et tchadiennes de la Force conjointe du G5 Sahel ?
Qu’ont en commun les insurgés islamistes du Sahel et les unités burkinabés, maliennes, mauritaniennes, nigériennes et tchadiennes de la Force conjointe du G5 Sahel ? Tous roulent en Toyota. La bête de somme des théâtres de guerre a aussi été adoptée par les forces spéciales françaises qui s’équipent en Toyota améliorées par Technamm.
Les fameux « technicals », ces pick-up civils customisés pour le combat, ne sont pas passés de mode ! Ils hantent toujours les champs de bataille. Ils équipent les unités légères de nombreuses forces nationales et d’aussi nombreux groupes armés terroristes. Leur préféré : le pick-up Toyota Land Cruiser ou Hilux avec des réservoirs supplémentaires pour le carburant et l’eau, un affût pour une arme de gros calibre et des plaques de désensablement.
Toyota et sa bête de somme ont certes des concurrents (Isuzu, Mitsubishi, Hyundai, auxquels s’ajoutent les chinois Huanghai, ZX Auto et Great Wall) mais la marque a des avantages : la robustesse de ses véhicules, leur maintenance aisée, la disponibilité mondiale des pièces et le coût abordable de ses increvables pick-up.
Comme la Kalachnikov
La faiblesse de la Toyota ? Son manque de blindage et sa vulnérabilité face aux engins explosifs improvisés (IED), même les plus artisanaux. De quoi décourager les utilisateurs ? Même pas puisque le nombre de pick-up mobilisés dans le monde entier ne baisse pas et qu’il fait partie, comme la Kalachnikov, de ces équipements indémodables et bien ancrés dans l’imaginaire guerrier contemporain.
Ces qualités et ces défauts ont convaincu l’entreprise française Technamm, créée en 1987 près d’Aix-en-Provence, de transformer des pick-up civils en véhicules destinés à une clientèle militaire. Le choix s’est porté sur des Toyota dont le châssis est conservé mais dont de nombreux éléments sont modifiés et améliorés. Sont ainsi ajoutés des treuils, attelage, affût pour arme, bancs, plaques de désensablement, stockage de munitions, etc.
« Toyota s’est avéré mieux adapté, pas égalé »
« Pourquoi des Toyota ? Parce que c’est un véhicule efficace, rustique, puissant et très économique, explique Dominique Croizat, le PDG de Technamm et l’un des cofondateurs. On a essayé plusieurs marques dont Nissan mais Toyota s’est avéré mieux adapté, pas égalé. Et puis on peut compter sur la continuité : la production est assurée et ça nous sert bien. ».
Du Toyota Land Harris, Technamm a tiré le Masstech Recamp et ses déclinaisons comme le Masstech Long de transport de troupes ou le T4 en version 6x6 (7 tonnes de poids total autorisé en charge)… Une gamme élargie au domaine de la sécurité avec des véhicules pour les services de secours, les pompiers, la gendarmerie, etc.
Actuellement, la société termine une commande de quelque 250 Masstech Recamp destinés à la force conjointe du G5 Sahel. Une centaine d’exemplaires ont été livrés, 90 sont en attente de livraison et 120 autres sont en cours de fabrication. Coût à l’unité : environ 55 000 €.
Les commandos français aussi en Toyota
L’armée française s’est elle aussi équipée chez Technamm. D’abord en Masstech T4. 500 de ces véhicules tirés du Toyota HZJ76 ont été achetés par le ministère des Armées. On peut les apercevoir dans les rues puisque de nombreuses patrouilles de l’opération Sentinelle les utilisent, conjointement avec les VT4 produits par Arquus sur la base d’un Ford Everest. Coût de ce VT4 : 70 000 €, maintenance et pièces sur la durée de vie du véhicule comprises !
Comme ceux de la la force conjointe G5, des Masstech Recamp, mais encore plus customisés ceux-là, équipent les forces spéciales françaises déployées au Sahel pour traquer les djihadistes. Une première série de 30 exemplaires a été livrée. « Ce sont des véhicules profondément modifiés, en particulier au niveau de la suspension, du freinage », explique Dominique Croizat qui anticipe une seconde série. Et qui rêve de fournir aux commandos français, toujours en manque de véhicules tactiques, son T4 à six roues.
"JE MÉRITE PLUS QUE QUICONQUE LE TITRE DE ROI DES ARÈNES"
Devenu « Roi des arènes » à la suite de son succès contre Eumeu Sène, Modou Lô a été désigné, le 5 novembre 2019, « Meilleur lutteur de l’année » par l’ANPS. Le chef de file de Rock énergie revient dans cet entretien sur son riche parcours
Devenu « Roi des arènes » à la suite de son mémorable succès contre Eumeu Sène, Modou Lô a été désigné, le 5 novembre 2019, « Meilleur lutteur de l’année » par l’Association nationale de la presse sportive (Anps). Le chef de file de Rock énergie, qui s’est réjoui de cette distinction, revient dans cet entretien sur son riche parcours sanctionné par 20 combats (14 victoires, 3 nuls et 3 défaites).
Vous venez d’être élu meilleur lutteur de l’année 2019 par l’Anps. Un autre triomphe pour vous n’est-ce pas, après celui du titre de « roi des arènes » ?
Permettez-moi d’abord de rendre grâce à Dieu ! Je suis très heureux d’être élu meilleur lutteur de l’année. C’est un honneur, car je ne suis pas le seul lutteur dans l’arène. Je félicite cependant les autres nominés parce qu’ils n’ont pas démérité. C’est vrai aussi que 2019 est une année pleine pour moi, avec ces deux titres (roi des arènes et meilleur lutteur de la saison). Je dois désormais redoubler d’efforts pour ne pas décevoir mes supporters et sympathisants.
Parlez-nous de votre parcours. Surement, ça n’a pas été facile pour vous de rester constant durant 13 longues années ?
Dans la vie, rien n’est facile. Je suis de la même génération que beaucoup de lutteurs. Entre temps, certains ont arrêté et d’autres sont partis en Europe. J’ai voulu continuer ma carrière et faire mon chemin tranquillement. Je savais que ça n’allait pas être facile pour moi, mais aujourd’hui, je rends grâce à Dieu, je ne regrette rien. Seul le travail compte et j’en ai fait ma philosophie. Je me suis tout d’abord forgé un mental de fer, je savais que c’était important pour un sportif d’être solide mentalement. Je suis resté digne et solide dans la victoire comme dans la défaite. Beaucoup de sportifs ont arrêté leur carrière parce qu’ils n’ont pas pu gérer la pression. Il faut également être patient pour accéder à un certain niveau. Donc de 2006 à 2019, je peux dire que j’ai vécu de bons comme de mauvais moments. Le chemin a été long et très difficile pour moi. Aujourd’hui, j’ai atteint mon objectif : c’est à dire être le « roi des arènes ». Tout bon lutteur rêve de ce titre et j’en suis fier.
À un moment, les critiques et la pression étaient très fortes. Est-il vrai qu’il vous est arrivé de vouloir tout arrêter ?
Vous savez, au Sénégal, les gens aiment beaucoup parler et je l’ai compris très tôt. J’ai choisi comme métier la lutte, et rien ne pouvait me détourner de cela. Je me suis forgé un mental de fer, j’ai pu gérer la pression et les critiques. Je suis un être humain comme tout le monde ; il n’est pas dit que je ne dois vivre que des moments de bonheur. Je suis convaincu que je suis arrivé à ce stade grâce à mon mental d’acier. Certes, j’ai vécu des périodes tellement difficiles que j’ai voulu tout arrêter, mais après, j’ai vite chassé toute cette onde négative.
A quel moment de votre carrière avez-vous compris que vous voulez faire de la lutte votre métier ?
J’étais un soudeur métallique, en même temps j’aidais mon père dans la livraison de poissons. C’est en 2006 que je suis entré dans l’arène ; je crois que je faisais partie des révélations à l’époque. J’ai livré mon premier grand combat en 2007 contre Laye Bèye, puis Less 2. C’est après ma victoire contre ce dernier que j’ai pris conscience de mes capacités techniques et physiques. Je savais que je pouvais aller loin dans cette discipline si je croyais en moi. Entre temps, mon père avait acheté un autre véhicule dans le but d’élargir son travail et il m’avait demandé de faire mon choix. Après réflexion, j’avais opté pour la lutte, avec sa bénédiction bien sûr.
Certains disent que votre parcours n’est pas si fameux que cela et que vous ne méritez pas le titre de « roi des arènes ». Que leur répondez-vous ?
Vous savez, j’ai débuté dans les « mbapatt » et je n’étais connu qu’aux Parcelles assainies. C’est lors de ma participation au Claf (Championnat de lutte avec frappe, ndlr) de 2008 que j’ai pu percer dans le milieu. J’avais commencé à me faire un nom parce que c’était un tournoi et je que je faisais partie des favoris. J’ai d’ailleurs remporté ce tournoi devant de grands lutteurs de ma génération. Mais la vie est ainsi faite, on ne peut pas convaincre tout le monde. Certains trouvent que je mérite ce titre et d’autres contestent. Je crois que c’est grâce à mon parcours exceptionnel que je suis devenu « roi des arènes ». Tout le monde doit l’accepter, même ceux qui ne sont pas mes supporters. De 2006 à aujourd’hui, j’ai livré plus de 20 combats, j’ai enregistré ma première défaite lors de mon quinzième duel contre Balla Gaye 2. En 14 combats, je suis resté invincible. D’ailleurs, je n’ai connu que 3 revers durant ma carrière et je compte m’en arrêter là. Aujourd’hui, je mérite plus que quiconque ce titre de « roi des arènes ». Les amateurs de la lutte ne diront jamais le contraire. Je rends grâce à Dieu, parce que mes détracteurs disaient que je ne pouvais pas atteindre ce stade de ma carrière. Je vais redoubler d’effort et je n’ai plus droit à l’erreur. Je peux même dire que je suis le lutteur le plus convoité dans l’arène. Tout le monde veut prendre ma place, donc aucun combat ne sera facile pour moi désormais.
Avez-vous un plan de carrière ? Et comment comptez-vous relever le défi de la longévité sur le trône ?
Je pense beaucoup à mon plan de carrière, mais en premier lieu, il y a les entraînements. Je vais me donner à fond pour garder mon état de forme. Concernant le reste, je le laisse entre les mains de Dieu. Je veux effectivement garder la couronne le plus longtemps possible. Je veux aller à la retraite avec ce titre et je pense que c’est possible. Je suis cependant un lutteur qui ne fait pas de fixation sur mes potentiels adversaires. Je suis prêt pour tout le monde.
Le promoteur Luc Nicolaï est en train de démarcher votre combat contre Ama Baldé. Ne pensez-vous pas que vous prenez des risques en acceptant ce duel ?
Je n’ai pas dit que je vais prendre Ama Baldé comme adversaire. Mais dans la vie aussi, rien n’est facile. Actuellement, tous mes combats sont des duels à risque. Donc, que cela soit Ama Baldé ou un autre, c’est du pareil au même. Je n’ai pas à avoir peur dans l’arène. Je vais prendre les choses comme elles viennent. Si je dois affronter un lutteur, je le ferai le temps venu.
D’après vous, quels sont vos potentiels adversaires cette saison ?
(Rire). Vous savez très bien qui sont mes potentiels adversaires.
Vous parlez de votre trio (Modou Lô, Balla Gaye 2 et Eumeu Sène) ? Les amateurs de lutte veulent voir d’autres chocs cette saison.
(RireJe pense que cette année, les choses vont changer. Car certains lutteurs méritent aussi d’intégrer ce cercle. Cette saison, les amateurs auront des surprises, il y aura de belles affiches. J’ai beaucoup de potentiels adversaires et bientôt les gens seront édifiés. Vous avez enregistré deux revers contre Balla Gaye 2. Quand comptez-vous laver l’affront ?
Mon combat contre Balla Gaye 2 n’est pas d’actualité. Notre dernier choc n’a même encore fait un an. Je pense qu’il y a d’autres ténors mieux placés que Balla Gaye 2 pour un duel. Je ne vais cibler aucun lutteur, mais je compte livrer deux à trois combats si possible. Je pense que bientôt les choses vont bouger, on est juste en début de saison.
Rien ne va plus aussi à « Rock Energie », une écurie secouée depuis quelque temps par des problèmes internes. Et il paraît que vous en êtes la cause…
(Il coupe) C’est vrai que nous avons des problèmes internes, mais je crois que tout est rentré dans l’ordre. Nous nous sommes rencontrés cette semaine pour discuter. Ce que je reproche cependant à certains, c’est d’aller vers la presse dès qu’il y a un problème. Je ne sais pas s’ils cherchent le buzz ou la célébrité, mais une écurie ne doit pas fonctionner comme cela. On peut discuter de tout en interne. La preuve : je ne ferme ma porte à aucun membre de l’écurie. Donc, je ne comprends pas les agissements de certains d’entre nous. Nous avons pu arrondir les angles lors de notre réunion, et je pense que tout est réglé maintenant.
Pourquoi Modou Lô ne chemine qu’avec des jeunes de son âge, surtout lors de vos combats chocs ?
Le sport est une affaire de jeunes. Chacun est libre cependant de parler. Les gens qui m’entourent sont des amis de longue date. Je travaille certes avec de grandes personnes (Père Ndiouga, Pape Mbaye, Ibou Lô), mais lors de mes combats, je préfère me préparer avec mes amis.
On vous voit souvent dans les grands évènements politiques. Quels sont vos rapports avec les politiciens ?
Je connais beaucoup de politiciens, mais je ne fais pas de la politique. J’ai de bonnes relations avec eux, car ils me soutiennent lors de mes combats. J’assiste souvent à certains évènements politiques par signe de reconnaissance. Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Bâ, habite aux Parcelles assainies, à l’unité 6 plus précisément. Il me soutient et nous habitons dans la même localité ; donc c’est bien normal que je lui rende la pareille.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre carrière ?
Beaucoup de choses m’ont marqué. J’ai vécu de bonnes, mais aussi des périodes difficiles. Par contre, ma première défaite dans l’arène contre Balla Gaye 2 m’avait beaucoup affecté. En fait, je ne connaissais pas encore le goût de la défaite. J’étais invincible en 14 combats et c’était très difficile pour moi d’accepter ce premier revers. J’avais même honte de sortir et de regarder les gens. Mais c’est le sport. Entre temps, j’ai pu digérer la pilule et passer à autre chose.
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DIANO BI AVEC PAPE SENE
Le maire de Ndondol fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Pape Sene, maire de Ndondol est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
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OBJECTION AVEC CHEIKH BAKHOUM
Le patron de l'ADIE se prononce sur la part du numérique dans le PSE et la digitalisation des services publics au Sénégal, au micro de Baye Oumar Guèye
Cheikh Bakhoum est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par Jean-Baptiste Placca
ALBERT TÉVOÉDJRÈ, INTELLECTUEL FLAMBOYANT
Avec son départ, l'Afrique prend congé d’un de ses derniers esprits réellement, qui avait à la langue un rapport d’intimité, voire d’orfèvre, d’une dextérité unique pour associer les mots et donner naissance à des idées
Trois mois à peine après la chute du Mur de Berlin et quatre mois avant le discours de La Baule, le Bénin, par la détermination de son peuple, renaissait à la démocratie. Et le reste de l'Afrique, avec plus ou moins de bonheur, s'en inspirera abondamment. Le professeur Tévoédjrè était aux premières loges de cette page d'histoire, rayonnant comme jamais.
À quelques jours de son 90e anniversaire, Albert Tévoèdjrè s’est éteint, sur sa terre natale. Le Bénin perd un fils, brillant, et l’Afrique, un de ses intellectuels les plus connus. Que doit-on retenir de l’homme, au-delà de ces faits, reconnus?
Le professeur Tévoédjrè était sans doute un des intellectuels qui auront le plus valu au Dahomey, hier, et au Bénin, aujourd'hui, d’être considéré comme le Quartier latin de l’Afrique. Et le continent, avec son départ, prend congé d’un de ses derniers esprits réellement flamboyants, qui avait à la langue un rapport d’intimité, voire d’orfèvre, d’une dextérité unique pour associer les mots et donner naissance à des idées qui parlent à l’esprit.
Cet homme est véritablement entré dans l’histoire de son pays, et plus encore dans celle de l’Afrique, ce jour de 1990 où, rendant compte, en sa qualité de rapporteur général, des travaux de la Conférence nationale souveraine du Bénin, il lança à son peuple : « Vous avez voulu que je traduise nos convergences, je m’y suis efforcé sans vraiment toujours réussir à faire passer toute l’intensité du message. (…) Nous étions une nation, un peuple plongé dans la nuit, qui s’arc-boutait soudain autour d’un même radeau, ou d’une même chaîne, prenant appui sur sa dernière chance de survie et qui brisait ses liens, se libérait et sortait, rayonnant, le visage en larmes et en sang, méconnaissable peut-être, mais définitivement vivant. (…) Mes amis, nous avons vaincu la fatalité! »
Il n’empêche que dans son pays, ses positionnements ont parfois été férocement critiqués…
Dans la vie des hommes et des nations, il arrive un moment où même les rancœurs les plus tenaces, à défaut de s’éteindre, doivent se taire, pour laisser place à ce qui reste pour toujours. À ce qui doit rester à jamais : l’essentiel. Et ce qui tient de l’essence, ici, c’est l’amour de la patrie. Ce n’est pas dire qu’en pratiquement 90 ans sur terre, il aura été irréprochable chaque jour de sa vie. Que les héros parfaits s’avancent donc, pour lui jeter la première pierre ! À quoi résume-t-on la vie d’un homme publique, sinon à l’essentiel ? Quel Béninois n’a, un jour ou l’autre, senti sa fibre patriotique vibrer, en écoutant le professeur Tévoédjrè dans une de ses fulgurances dont le rayonnement ne pouvait que rejaillir sur son pays, sur son peuple ?
S’il n’a apporté que cela à son peuple, alors, il aura honoré et mérité de la patrie. Pour le reste, il avait, lui-même, conscience des limites des prétentions à une vaine perfection : « En 1991, j’étais candidat à la présidence de la République, dans mon pays, confessera-t-il dans un ouvrage intitulé Le Bonheur de servir. « Mes amis et moi-même, sans fausse modestie, pensions que j’étais probablement le meilleur postulant. La sociologie et l’arithmétique électorales en ont décidé autrement. J’en ai pris mon parti et n’en suis pas mort pour autant. Et le pays, imperturbable, a poursuivi sa marche. »
Il savait donc faire preuve de lucidité…
Oui. Et la conclusion à laquelle il était parvenu le professeur Tévoédjrè est toute simple de lucidité, en effet : « La démocratie, c’est aussi cette sagesse de trouver sa place de service aux autres. ». « Si tu ne peux être pin au sommet du coteau, sois broussaille dans la vallée. Si tu ne peux être soleil, sois étoile. Ce n’est point par la taille que tu vaincras. Sois le meilleur, quoi que tu sois. » Les esprits les plus affutés auront reconnu le poète américain Douglas Malloch…
Que restera-t-il de l’intellectuel flamboyant que vous nous décrivez?
Une très belle plume, comme pouvaient l’être de nombreux intellectuels de sa génération. Et le titre de chacun de ses ouvrages était un manifeste : L’Afrique révoltée (1958), La pauvreté, richesse des peuples (1977), Mes certitudes d’espérance (1985), Le bonheur de servir (2009).
Il n’était pas prolifique, au sens où l’entendent les éditeurs. Mais, entre deux ouvrages de poids, il publiait beaucoup : articles, discours et autres. Des lambris dorés de la mairie de Paris aux salons tout aussi majestueux de l’Unesco, chacune de ses grandes publications donnait lieu à un cérémonial à la dimension de ce pour qui il se prenait et qu’il était, pour l’essentiel : une sommité.
Ces dernières années, il s’était fait attribuer un modeste titre de frère, « frère Melchior » par la Société des missions africaines, qui a fourni à l’Afrique occidentale nombre de ses premiers missionnaires, les pères blancs. Sans doute se serait-il débrouillé pour devenir cardinal, s'il était resté (pour devenir prêtre) au grand-séminaire de Ouidah, où il souhaitait être inhumé. Maintenant qu’il n’est plus, nous pouvons affirmer que pour le meilleur, il était ce que l’on appelle « une intelligence supérieure ».
AUDIO
N'GONÉ FALL, OBJECTIF AFRICA 2020
Évoquer son nom, c’est réveiller Dakar, la Revue noire, Niamey, où elle a ses attaches et la vieille France dont elle s’était éloignée un peu trop longtemps... Rencontre avec une intellectuelle insoumise
L’insaisissable N’Goné Fall est là. Eh oui, cette intellectuelle insoumise a été choisie par l'Élysée, pour orchestrer la saison culturelle Africa 2020déclinée partout en France, entre juin et décembre 2020. Autant dire que cette commissaire d’exposition, architecte de formation, s’y connaît en nuits blanches.
On l’a dit forte tête, frondeuse et cash: « La France - dit-elle- doit changer de focale et ne plus regarder l’Afrique par le prisme du mâle noir et du migrant ». Mais, la fonction faisant le larron, sans doute que N’Goné Fall devra devenir diplomatiquement cash. Évoquer son nom, c’est forcément réveiller Dakar, la Revue noire, les Rencontres photographiques de Bamako, Niamey, Le Caire, Le Cap où elle a ses attaches et la vieille France dont elle s’était éloignée un peu trop longtemps...
Bien qu’éludé par le parti au pouvoir, le débat sur la succession du président de la République Macky Sall reste au cœur du débat public. Agissant plus qu’elle ne parle, Aminata Touré émerge de plus en plus dans le pool des potentiels prétendants
De tous les prétendants, elle est sans doute l’une des plus courageuses, des plus audacieuses. Ses ambitions sont devenues un secret de Polichinelle. Dame de fer, forte tête, dur à cuir… Toutes ces expressions mènent à l’actuelle présidente du Conseil économique, social et environnemental. De 2012 à maintenant, l’ancienne fonctionnaire des Nations unies n’a presque jamais cessé de jouer les premiers rôles au sein de l’Alliance pour la République, parti au pouvoir. Ministre de la Justice aux premières heures du règne de Macky Sall, elle a réussi à faire de cette station un tremplin pour entrer dans le cœur de beaucoup de Sénégalais. Rien ne l’arrêtait. Même pas le président de la République. On se rappelle le dossier fleuve de la traque des biens mal acquis avec l’histoire de la médiation pénale.
De ce fait, sa nomination au poste de Premier ministre, le 1er septembre 2013, était perçue comme un cadeau empoisonné par certains observateurs avertis de la scène politique. La suite, tout le monde la connait. Battue à plate couture, lors des élections locales de juin 2014, elle a été limogée sans ménagement, malgré ses bonnes notes sur le plan socio-économique. Nonobstant la grosse désillusion, l’ancienne pensionnaire du lycée Waldidio Ndiaye de Kaolack poursuit son combat aux côtés de son leader. Toujours plus déterminée et convaincue que son étoile, un jour, brillera.
Consciente qu’en politique, il faut une base pour exister, elle décide alors de retourner à ses origines, dans la capitale du bassin arachidier. Sur place, elle se heurte à un mur de caciques qui voient, en ce retour au bercail de la très ambitieuse et politique dame, une menace pour ce qu’ils ont toujours considéré comme leur chasse gardée. Malgré l’hostilité, l’ancienne directrice de campagne réussit à se refaire une nouvelle santé politique, à faire oublier sa débâcle de 2014. Sa pugnacité, sa patience et son engagement militant ont fini par payer.
En février 2015, l’ancien Premier ministre revient aux affaires avec le modeste poste d’envoyée spéciale du président de la République. Plusieurs en riaient, mais elle, le prenait très au sérieux et continuait son petit bonhomme de chemin.
Après la brillante victoire de Macky Sall en 2019 dont elle fait partie des artisans, elle a été promue à la tête du Cese, devenant ainsi la troisième personnalité de l’Etat. Une nouvelle consécration qui réveille encore ses camarades de partis, jaloux et envieux. En fait, quand il s’agit de Mimi, les promotions comme les sanctions ont une toute autre saveur. Selon le bord où l’on se situe, les commentaires vont bon train. La bonne dame ne laissant personne indifférent. A l’orée de sa nouvelle mission, certains estimaient : ‘’Mimi envoyée à la maison des retraités’’. Cette caricature n’était pas si dénuée de tout fondement. En effet, après Famara Ibrahima Sagna, Ousmane Masseck Ndiaye, Mbaye Jacques Diop… le CESE a été un terminus pour beaucoup de ‘’ndanaanes’’ (personnalités politiques). La dernière victime est devenue l’une des plus grands détracteurs de Mme Touré, bourreau de Karim Wade et de Serigne Béthio. Mais, c’était mal connaitre Aminata Touré, peinte comme une véritable athlète, au propre comme au figuré, que de la donner pour morte.
Loin s’en faut ! Toujours droite dans ses coquettes, elle fonce sur son objectif, pour beaucoup, sur 2024. Ses actes valent bien plus que des mots. Ainsi, si le dessein de l’éminence grise du Palais était de tuer la challenger dangereuse, c’est peine-perdue. Au CESE, l’ancienne Premier ministre renait de ses cendres. Et dès les premiers actes, Mimi commence à agacer selon le magazine panafricain Jeune Afrique citant l’entourage même du Président. Malgré tout, la ‘’Margaret Thatcher’’ sénégalaise continue sa révolution économique, sociale et environnementale au CESE. Après l’ouverture officielle de la session, le mardi 29 octobre dernier, sur le thème de l’évaluation prospective de l’acte III de la décentralisation avec l’audition de M. Oumar Gueye, ministre des Collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire, le Conseil a lancé une série de panels sur le civisme pour marquer la différence. Il s’agit de recevoir des experts de haut niveau sur des questions d’actualité et de nourrir la réflexion en vue de trouver des solutions. Le dernier en date portait sur les accidents qui n’en finissent pas de provoquer la désolation et l’ire des populations.
Avec Aminata Touré, le Conseil économique, social et environnemental commence ainsi à changer de visage, à multiplier les activités et à mieux les vulgariser. Pendant que ses concurrents dorment, Mimi avance à grand pas, en s’entourant des meilleures compétences. Outre les nominations, la mise en place d’une task-force, son entreprise de modifier le règlement intérieur du CESE sème davantage la panique, jusque dans l’entourage proche du chef de l’Etat. En fait, ce dernier y verrait une volonté de l’ancienne ministre de la Justice de se déployer dans le Sénégal des profondeurs. Il n’empêche, pour beaucoup, Mimi, comme l’appellent les Sénégalais, n’en n’est pas moins un poids plume, car dépourvue de base consistante. C’est d’ailleurs là son grand challenge, d’ici à 2024.
Qu’à cela ne tienne ! Le Palais, qui défend de parler du mandat reste sur ses gardes et veille au grain. D’ailleurs, si l’on en croit Jeune Afrique citant toujours des sources du Palais, Macky Sall s’est voulu ferme, en rappelant à ses ministres que la présidente du CESE n’est pas leur supérieure.
Aminata Touré et l’histoire des toilettes
Par les temps qui courent, les faits et gestes de certains responsables du régime sont épiés comme du lait sur le feu. Poussant certains à revoir leur calendrier, à bien peser les mots qu’ils utilisent à l’occasion de certaines cérémonies. Aminata Touré, elle, continue son calendrier, comme si de rien n’était. Dernièrement, il a suffi d’une vidéo, la montrant en train de couper un ruban, lors de l’inauguration de blocs sanitaires au lycée Waldiodio Ndiaye de Kaolack, pour que la toile s’enflamme. Très vite, certains ont fait la corrélation avec ses ambitions présidentielles. D’autres la tournant en dérision, en trouvant insignifiant le don.
Ousmane Dème qui dit être un proche de l’ancien PM, témoigne sur l’histoire de ces latérites. ‘’Je vous appelle de la France. C’est pour témoigner à propos de ces blocs sanitaires. La construction a commencé au mois de janvier. A l’époque, elle était juste envoyée spéciale. C’est de sa poche qu’elle s’est engagée à construire ce bloc de 12 toilettes en tant qu’ancienne pensionnaire du lycée. Quoi de plus normal’’. Ayant piloté une partie du projet, il témoigne : ‘’Il faut savoir que le lycée compte 4000 élèves. Et il n’y avait pas de toilettes. Les élèves allaient dans le voisinage pour satisfaire leurs besoins. C’était donc devenu une nécessité. Maintenant, si les autorités de l’école décident de la remercier, parce qu’elle a fait un acte salutaire, elle n’y est pour rien. Il faut cesser de diaboliser les gens’’.
Responsable à l’APR de Fatick, Ousmane est également revenu sur la volonté prêtée à son ‘’amie’’ de vouloir se présenter. ‘’Elle en a le droit. Elle ne m’a rien dit, mais si elle se sent prête, pourquoi pas. Moi, je suis de l’APR, je suis de Fatick, mais il faut arrêter. Macky Sall n’est pas un dieu. Moi, je considère que les responsables qui veulent se présenter ont tout à fait le droit de se déclarer. Que ça soit Mimi, Aly Ngouille Ndiaye ou un autre. Le Président n’a qu’à continuer le travail pour lequel il a été réélu’’.
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PAPE DIOUF RELÈVE LES INSUFFISANCES DU FOOT AFRICAIN
C'est à Sadio Mané de se rendre incontournable aux yeux d'Aliou Cissé - L'Afrique n'a pas su s'adapter - Le problème de l'équipe nationale du Sénégal concerne aussi son équipe dirigeante - ENTRETIEN
Pape Diouf, ancien patron de l'Olympique de Marseille donne sa lecture de l'actualité du football en Afrique dans une intervew réalisée en Juin dernier. Il s'épanche notamment sur le foot business et ses corollaires sur le continent, l'équipe nationale du Sénégal, entre autres.
"IL FAUT UN RÉEL ESPRIT VISIONNAIRE ET BEAUCOUP DE COURAGE POLITIQUE POUR PRÉSERVER SAINT-LOUIS"
Plus de 30% du patrimoine a été perdu depuis 2000 - Aujourd'hui, il est trop tard pour une centaine de maisons au moins - Entretien avec Suzanne Hirschi, architecte polonaise et amoureuse de cette ville sur laquelle elle travaille pendant presque 20 ans
Suzanne Hirschi, architecte et peintre polonaise, est attachée depuis une vingtaine d'années à la sauvegarde du patrimoine urbain de Saint-Louis, à la suite de l'inscription de celui-ci au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.
Elle arrive avec cinq petites minutes de retard en se confondant en excuses: elle n'a pas vu le temps passer alors qu'elle était chez une voisine, une catholique octogénaire, qui lui montrait des photos de la cathédrale de Saint-Louis à l'époque de son enfance.
Suzanne Hirschi (Varsovie, 1950) est comme ça: organisée, perfectionniste, passionnée. Le projet auquel cette architecte participe actuellement — apporter un soutien technique à la rénovation de ladite cathédrale, principal lieu de culte chrétien de la ville, vieux de deux siècles —, la mène de cour intérieure en cour intérieure pour recueillir des récits, en rafraîchissant la mémoire des habitants qui l'aident à retrouver le sens que le bâtiment revêt pour la population, afin d'en imprégner la restauration.
Elle définit sa vie "par étapes", au cours desquelles un sujet accapare toute son attention jusqu'à empiéter sur son sommeil. Née dans une Pologne qui se trouve encore sous le régime du Rideau de fer, elle ne tarde pas à se débrouiller pour poursuivre sa passion pour les arts décoratifs et, plus tard, l'architecture, en France. C'est à cause des Mille et une nuit, de Pasolini (1976), qu'elle est aujourd'hui experte en architecture vernaculaire. La ville de Chibam, où le film est tourné, la fascine à tel point qu'à 26 ans, alors qu'elle est encore étudiante, elle part au Yémen avec pour tout bagage un sac à dos, quelques rudiments d'arabe et un carnet pour dessiner le "Manhattan du désert", lieu auquel elle a consacré une bonne partie de sa vie professionnelle.
Un nouvel épisode de sa vie, depuis 2000, tourne autour de Saint-Louis. Elle est arrivée dans cette ville avec l’École d'architecture de Lille, chargée de faire l'inventaire d'une ville qui entrait au Patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco mais ne disposait d'aucune documentation technique et juridique pour sa préservation. Pendant qu'elle parle, elle sort de son sac un prospectus imprimé récemment qui récapitule ce travail, achevé il y a 15 ans, et qui sera distribué pour la première fois à la population. Elle l'a sur elle.
Elle qualifie le début de son aventure au Sénégal de "vrai choc culturel", dont elle referme actuellement le chapitre: “Madame Patrimoine”, comme l'appellent les Saint-Louisiens, quittera à la fin de l'année cet endroit qui a été sa deuxième maison depuis une vingtaine d'années. C'est l'une des personnes qui possède le plus de connaissances scientifiques sur le patrimoine urbain de la ville qui s'en va, et elle part avec un sentiment mitigé. Sa prochaine destination: les Comores, où elle travaillera comme experte internationale de l'Unesco pour préparer leur entrée sur la liste des biens mondiaux. Elle s'en va, mais elle reviendra. Et avant de partir, elle laissera un cadeau: deux manuels pour la construction d'une maison-type et un autre de bonnes pratiques pour les étapes de base des travaux de construction.
Question. Vous arrivez à Saint-Louis en 2001, quelques mois à peine après que la ville a été déclarée bien mondial par l'Unesco: pourquoi ?
Réponse. Je suis arrivée avec une collègue algérienne, elle aussi de l’École d'architecture de Lille, pour faire un premier repérage afin de voir s'il était possible d'effectuer un inventaire avec les étudiants, et nous nous sommes rendues compte de l'immensité de la tâche: l'île était colossale et il n'y avait pratiquement aucune documentation existante. Nous nous sommes demandé comment nous arriverions à tout cataloguer, mais nous l'avons effectivement fait, en travaillant plus de 12 heures par jour pendant des mois et des mois. Je me rappelle m'être posé la question de l'utilité de la mission, doute qui m'a toujours accompagnée: je voyais tellement de besoins autour de moi, tellement de priorités dans la ville, et je ne percevais pas de réel intérêt pour le patrimoine. J'ai jugé qu'il y avait peu d'intérêt à ce moment-là et j'estime qu'il y en a encore moins aujourd'hui.
Q. Qu'est-ce qui a changé en vingt ans ?
R. Je crois qu'il y a une sorte de lassitude générale au sujet du patrimoine. Lequel diminue, en outre: cette semaine, deux maisons ont été démolies. D'après mes statistiques, plus de 30% du patrimoine a été perdu depuis 2000. Quand je suis arrivée, il y avait un sentiment d'urgence: on disait que demain, il serait trop tard, et effectivement, aujourd'hui, en 2019, il est trop tard pour une centaine de maisons au moins. Sauver quelques immeubles moribonds coûterait un prix exorbitant et cela n'en vaut pas la peine, surtout qu'en plus, ces immeubles sont entourés de bâtiments neufs qui brisent l'harmonie; par conséquent, cela n'a pas de sens de vouloir les restaurer.
Q. À quoi est due cette détérioration, d'après vous ?
R. Je pense que cela découle du fait que c'est la communauté internationale qui a été le moteur depuis 2000. Quand un bien est classé, cela veut dire qu'il y a une prise de conscience, c'est un point de départ: on reconnaît la valeur du lieu et à partir de ce moment, on fait attention. Même si les choses vont lentement, il y a des améliorations: on rédige des lois pour la protection, on mobilise des fonds, on restaure des maisons. Ici, à partir de ce moment-là, c'est l'inverse qui s'est produit: même si certains bâtiments sont restaurés, beaucoup d'autres sont abandonnés et le patrimoine se perd.
Ce qui s'est produit à Saint-Louis, phénomène appelé dépatrimonialisation, a incité l'Unesco à revoir le classement des villes à partir de 2000. L'exigence n'est pas nouvelle, mais l'expérience a servi pour que les lieux soient évalués plus attentivement. Avant de demander l'inscription d'un site, il faut une patrimonialisation, c'est-à-dire que la population locale veuille sauvegarder son patrimoine. Que les habitants, les propriétaires, les riverains, les usagers défendent le dossier. Ici, ça n'a pas été le cas: la population ne savait rien. Ce fut une décision politique.
Q. La ville risque-t-elle de sortir de la liste des biens mondiaux ?
R. C'est une question extrêmement sensible politiquement. Il semble qu'il n'y aura pas de mission de suivi cette année et, comme quelques initiatives de restauration de maisons sont en cours, on estime que tout va bien. Tout le monde prend soin du Sénégal. Au niveau local, c'est assez paradoxal. On veut l'étiquette de l'Unesco, c'est une fierté que d'avoir cette reconnaissance internationale, mais on ne veut pas du travail que cela implique. L’État, l'Université et d'autres acteurs devraient trouver un récit patrimonial qui interpelle la population. Aujourd'hui, l'histoire que l'on raconte de ce patrimoine, liée à l'occupation coloniale française, satisfait une élite, mais elle n'engage pas les familles qui détruisent ou abandonnent leurs maisons, car elles ne se sentent pas concernées.
Q. Qu'est-ce qui vous attache à Saint-Louis ?
R. Ce qui me fait aussi m'attacher aux personnes: plus tu les connais, plus tu te sens en union avec elles, avec leurs qualités et leurs défauts. C'est ce qui est arrivé au Petit Prince avec la rose. Il faut relire Le Petit Prince! Concrètement, je suis attachée à Saint-Louis en raison de deux choses. La première, c'est la lumière. En tant que peintre, je suis très sensible aux couleurs et à la lumière, et en tant qu'architecte, je suis sensible aux architectures qui savent manier les couleurs et la lumière, ce qui est le cas ici. Je connais chaque recoin de l'île: je sais à quel coin de rue se reflète chaque rayon de lumière et à quelle heure me promener dans chaque rue. Saint-Louis est un régal permanent. Et on est en train de le perdre : les bâtiments à quatre étages, que l'on construit en faisant fi des recommandations de l'Unesco, ne font pas ressortir les mêmes volumes. La deuxième chose, c'est que je connais si intimement l'île que je pense avoir amplement la capacité d'apporter mes connaissances techniques sur des questions précises: comment reconstruire une maison, comment la rénover, pourquoi, quelles améliorations faut-il apporter... Je me sens responsable.
Q. Êtes-vous satisfaite, sur le plan professionnel, de votre travail pour la sauvegarde du patrimoine de la ville?
R. Je suis profondément contrariée d'être sur une mission qui, selon moi, a échoué. Ces dernières années, on a gaspillé beaucoup de ressources, y compris les miennes: ma capacité intellectuelle, mon temps. J'ai passé des jours et des nuits à travailler sur ce sujet. J'y ai consacré des années de ma vie et les connaissances issues de ce travail, que j'ai diffusées dans des centaines de documents, personne d'autre ne s'en est emparé. Cependant, il n'y a pas de coupable: il s'agit d'un produit mal calibré depuis le début. Mais effectivement, sur le plan professionnel, je suis déçue car les résultats de mon travail ne se matérialisent pas dans les faits.
C'est pour cette raison que j'ai décidé de me retirer du programme, car je crois qu'il est temps que ce soient les personnes locales compétentes qui reprennent les rênes. Je pars en regrettant de n'avoir pu former aucun architecte sénégalais en 19 ans. Je l'ai réclamé dès le début et je l'ai posé comme condition écrite dans mon dernier contrat: avoir à mes côtés un stagiaire ou un architecte sénégalais pour lui transmettre ma méthode de travail et mon savoir, et surtout pour le familiariser aux outils, au moins pendant six mois, mais on ne m'a jamais envoyé personne. Personne ne viendra prendre ma relève quand je partirai, on ne viendra même pas récupérer les documents enregistrés sur mon ordinateur. Ça ne les intéresse pas.
Q. Certains pensent que le patrimoine de la ville, c'est quelque chose qui n'intéresse que la communauté étrangère. Vous sentez-vous interpelée par le fait qu'on y voie une ingérence néocoloniale ?
R. Je suis tout à fait sereine à cet égard car je viens d'un pays qui n'est jamais intervenu en Afrique, un pays où il y avait tant de problèmes domestiques - et aussi une colonisation qui a duré 150 ans - que l'on n'a pas pensé à l'ingérence extérieure. Je n'ai pas le complexe qu'a un Français qui travaille au Sénégal. Certes, il y a un amalgame et nous sommes tous vus comme des toubabs (occidentaux blancs). Et plus encore lorsqu'on travaille pour des bailleurs de fonds européens. Mais je ne le prends pas personnellement et je ne me sens pas remise en question. Je ne collabore pas à une intervention néocoloniale dans un pays africain: je travaille sur un site inscrit au patrimoine mondial et qui, par conséquent, appartient aussi à la citoyenne du monde que je suis, et il m'incombe de le préserver.
Q. Quel est le principal défi de la ville actuellement ?
R. Son existence même. La valeur de Saint-Louis, c'est la résilience urbaine: cette île est une machine, un artefact, un concept créé par l'ingénierie militaire française il y a 350 ans, qui a réussi à faire face à des conditions inadéquates sur le plan tant géographique que climatique. Et qui a réussi à fixer un territoire qui s'est transformé en ville (qui est même devenu la capitale de l'Afrique occidentale française!) et qui perdure jusqu'à aujourd'hui. Il est urgent, maintenant, pour sauver la ville, de faire la révision de cette machine et de prendre des mesures en ce qui concerne l'érosion côtière. Il faut reloger dignement les familles et repenser l'industrie de la pêche, en concevant des solutions intégrales à proposer à ces personnes, en lien avec l'exercice de leur profession. Il faut un réel esprit visionnaire et beaucoup de courage politique pour préserver cette île.
Q. Quel sera l'effet des ressources découvertes au large de ces côtes ?
R. Le pétrole suscite de l'intérêt dans la ville. Le secret qui entoure ce sujet, dont on ne connaît que quelques titres, laisse penser que beaucoup d'argent va affluer ici, on spécule sur la demande croissante d'immeubles, de terrains...
P. Comment voyez-vous Saint-Louis dans 10 ans ?
R. Je suis sûre que ce ne sera pas la même ville. Je ne peux pas l'imaginer du tout. Cela m'intrigue! Je vois toutes les prémices d'un grand changement, mais je suis incapable de l'imaginer. Je pense que l'île sera encore là, différente, mais elle survivra.