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22 juillet 2025
GAMOU DE TIVAOUANE : 70 INDIVIDUS INTERPELLÉS POUR DIVERSES INFRACTIONS (POLICE)
Quelque 70 personnes ont été arrêtés pour diverses infractions lors d’opérations de sécurisation menées par la Police dans le cadre de la célébration du Gamou de Tivaouane prévu dans la nuit de samedi à dimanche, appris l’APS du commissaire urbain de ladi
Tivaouane, 8 nov (APS) - Quelque 70 personnes ont été arrêtés pour diverses infractions lors d’opérations de sécurisation menées par la Police dans le cadre de la célébration du Gamou de Tivaouane prévu dans la nuit de samedi à dimanche, appris l’APS du commissaire urbain de ladite ville, Bara Niang.
"Ces individus interpellés notamment pour drogue, vol, abus de confiance et escroquerie ont été déférés au parquet", a déclaré le commissaire Niang lors d’un entretien avec l’APS.
Selon le commissaire Niang, la Police nationale a déployé à Tivaouane près de 2000 éléments notamment de la brigade de recherches et de la police judiciaire, dans le cadre de la sécurisation du Gamou, une manifestation religieuse qui draine des centaines de milliers de personnes dans ce chef-lieu de département dans la région de Thiès.
"En cette même occasion l’année dernière, on avait dénombré plus d’accidents de circulation et enregistré plus d’interpellations", a aussi souligné l’officier de police. Il a à cet effet prôné la dynamisation d’une "relation de confiance" entre la population et les éléments de la police, devant aboutir au déclenchement d’un "déclic de collaboration entre les deux entités".
Le commissaire urbain de Tivaouane a par la même occasion invité les populations à "s’approprier" de leur police nationale, mais aussi ses éléments à plus de "courtoisie" dans l’exercice de leur mission.
MEDINA BAYE RAPPELLE A MACKY SES PROMESSES DE CAMPAGNE
A l’occasion de la cérémonie officielle qui précède le Gamou, tenue, ce vendredi, Médina Baye a réaffirmé son soutien au chef de l’Etat suite aux projets entamés à Kaolack plus précisément dans la cité religieuse, mais tout en lui rappelant ses promesses
A l’occasion de la cérémonie officielle qui précède le Gamou, tenue, ce vendredi, Médina Baye a réaffirmé son soutien au chef de l’Etat suite aux projets entamés à Kaolack plus précisément dans la cité religieuse, mais tout en lui rappelant ses promesses de campagne.
« On prie pour le Président afin qu’il termine ses travaux à Kaolack. Nous savons que le président n’oublie pas la ville de Kaolack car il a déjà réalisé quelque chose. Il s’agit de la route qui mène à Kaolack, donc, nous continuons à prier pour lui. Qu’il sache qu’il est chez lui, il peut venir ici quand il veut », a déclaré, le porte parole de la famille religieuse Cheikh Mouhamadoul Mahi Aliou Cissé qui a représenté le Khalife absent à la cérémonie officielle.
Des prières pour accompagner les promesses
« Il nous avait fait des promesses avant l’élection présidentielle, mais nous savons qu’il finira par réaliser ses projets. Nous l’accompagnons par des prières », a-t-il rappelé devant le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye venu représenter le gouvernement à cette cérémonie qui précède la célébration de la naissance du prophète Mohammad.
KRÉPIN DIATTA, LE SÉNÉGAL AU COEUR
Jeune lion de 20 ans, finaliste de la CAN l'été dernier, le Brugeois, passionné par son sport, est resté tant attaché à sa patrie. Mais aujourd'hui, son destin semble tracé pour briller en Europe
France Football |
Timothé Crépin |
Publication 08/11/2019
Du Sénégal à la Belgique en passant par la Norvège, Francefootball.fr vous raconte l'itinéraire de Krépin Diatta. Jeune lion de 20 ans, finaliste de la CAN l'été dernier, le Brugeois, passionné par son sport, est resté tant attaché à sa patrie. Mais aujourd'hui, son destin semble tracé pour briller en Europe.
«Avant qu'il ne sache marcher. Quand il voyait des gens jouer au football, il pleurait. Il demandait qu'on lui donne le ballon. Et il le prenait dans ses mains. Ce n'est pas un hasard s'il est devenu un footballeur.» L'histoire et l'itinéraire de Krépin Diatta, né le 25 février 1999, démarrent au sud du Sénégal. Sur la côte ouest de l'Afrique, dans la région de Ziguinchor et dans le village pas vraiment aisé d'Oussouye, non loin de l'océan Atlantique. Et comme s'en souvient encore Yvon, son grand frère, le petit Krépin fait très vite connaissance avec le ballon rond. Une mère au foyer, un père enseignant. Ce dernier avait d'ailleurs d'autres ambitions pour son fils : «Il a essayé de le motiver à suivre ses traces, explique encore Yvon Diatta. Il voulait qu'il réussisse dans les études, comme lui.» «Les gens du sud du pays sont réputés pour être assez rigoureux sur l'éducation, détaille Thierno Seydi, agent de Krépin Diatta. J'ai l'impression qu'il porte à lui seul sur ses épaules le destin de toute une famille. Quand tu vois l'entourage familial, tu comprends que c'est un garçon équilibré.»
Le père souhaite donc que son garçon continue son apprentissage à l'école, mais devant le rechignement de celui-ci à apprendre ses leçons, Krépin est carrément privé d'entraînement et de football. Un crève-cœur, lui qui ne vivait finalement que pour ça, ou presque. «Il jouait avec des sandales déchirées, poursuit Yvon. Il a débuté sa carrière comme ça. On n'avait pas les moyens pour le mettre dans de bonnes conditions. Il n'avait pas de maillot qu'il fallait pour aller aux entraînements.»
Les parents cèdent. Décision est prise de confier son destin à un entraîneur local, surnommé Briegel. «On lui a dit de le prendre comme son fils, il avait huit ans», rembobine Yvon Diatta. «Il restait chez moi tard, le père venait le chercher parce qu'il devait aller à l'école le lendemain, raconte Briegel. Je suis allé voir ses parents en leur disant que j'allais le surveiller. Il avait un talent à l'état brut, à surveiller de près.» À l'école de football de Ziguinchor, Krépin Diatta commence déjà à faire parler de lui par sa technique. «En cadet, je me rappelle d'un match. Il avait dribblé tout le monde avant de faire une passe décisive à son numéro 9, qui a manqué le tir, prolonge Briegel. Krépin a pleuré du stade à la maison car on a été éliminés. Il aimait tellement le football...»
Quand Iniesta part en Norvège
Dans le coin, ce genre de garçons ne restent pas longtemps inconnus. «Il avait un style. À Ziguinchor, on l'appelait Iniesta. Il a différentes facettes», compare Fodé Touré, qui a également contribué au parcours de Diatta. Un Andrés Iniesta et un Barça qui résonnaient, d'ailleurs, très souvent dans le cœur du jeune Krépin. «J'entendais dire que c'était un génie, parce qu'il marquait des buts imaginaires», sourit Yvon, le frère. Surclassé en permanence par Briegel, il rallie, avec, cette fois, le soutien des parents, assez rapidement Dakar, la capitale, pour poursuivre sa progression. Des sélections le mènent à l'Oslo Football Académie pour deux ans. Mais c'est avec un maillot du Sénégal qu'il va véritablement commencer à faire parler de lui au-delà de son pays et de son continent. Avec la Coupe d'Afrique des nations U20 en 2017 où les jeunes Lions de la Teranga échouent en finale face à la Zambie (0-2). «Pendant les éliminatoires, face à la Tunisie, il avait fait un match extraordinaire, promet Ousseynou Cavin Diagne, coéquipier de Diatta à cette époque. Une fois arrivé au quartier, tout le monde me disait "Mais c'est qui le numéro 17 qui était au milieu avec toi ?"»
L'heure du grand saut est arrivée. Krépin Diatta s'envole loin. Au nord, bien au plus au nord. En Norvège. Le Sarpsborg 08 l'accueille alors que l'hiver bat son plein. De la chaleur sénégalaise à la rigueur du froid norvégien, le contraste est dur. «Il m'a dit "coach, il pleut de la glace, c'est froid", se remémore Briegel. Je lui ai répondu, "Tu te rappelles le jour où tu voulais laisser les études pour te consacrer au football ? Le plus dur commence ".» «Au début, ce n'était pas facile, reprend Yvon Diatta, il ne connaissait personne. Mentalement, il était fort. Nous, on était tellement contents pour lui, tout le monde était ému.» Dans le sud de la Norvège, sur les bords de la Mer du Nord, Krépin fait connaissance de Tobias Heintz, d'un an plus jeune que lui. Ces deux-là vont très vite se lier d'amitié. «Nous avions si froid, sourit aujourd'hui le milieu norvégien, évoquant les basses températures de l'hiver. J'étais désolé pour lui. Il ne parlait pas anglais et personne ne pouvait vraiment l'aider. C'était normal pour moi de prendre soin d'un nouveau jeune joueur. Je me sentais responsable de lui faciliter la tâche. Nous étions jeunes, c'était normal d'être ensemble.» Le Sénégal et sa famille manquent très vite à Krépin, mais Heintz lui montre la ville et l'aide dans certaines tâches du quotidien, comme aller faire les courses, faire fonctionner une machine à laver... Il lui a même proposé de venir vivre chez lui.
Sur le pré, Heintz comprend très vite que les qualités de son nouveau coéquipier pourraient faire mal. «J'avais regardé des vidéos de lui sur YouTube. Je me suis dit "Wow!". Je me souviens de son premier entraînement où je pouvais voir ses qualités ballon au pied. Il avait été vraiment bon.»
Des talents... de joueur de bowling
Krépin Diatta effectue ses débuts dans sa nouvelle équipe en avril 2017. L'intégration est bonne et s'accélère à partir de juin. Il marque cinq buts toutes compétitions confondues et est même élu meilleur jeune du Championnat. En dehors des terrains, c'est avec une boule en main qu'il brille également. Tobias Heintz raconte : «C'était un incroyable joueur de bowling ! Il m'avait dit qu'il n'avait jamais joué avant. Je l'ai emmené avec des amis. J'étais nerveux parce qu'il serait peut-être mal à l'aise. Mais il a presque fait un strike (NDLR : faire tomber les dix quilles de bowling en même temps) dès son premier essai. Et il nous battait tout le temps !»
L'aventure norvégienne ne va même pas durer un an, «le niveau norvégien n'était pas assez élevé pour lui», dixit Heintz. En janvier 2018, pour environ deux millions d'euros, Krépin Diatta, 18 ans alors, file au Club Bruges, en Belgique pour un contrat de quatre ans et demi. Mais il aurait très bien pu mettre le cap à un peu plus d'une heure de route. «Lille était le seul club français qui avait décidé de faire une offre, dévoile Thierno Seydi, son agent. Marc Ingla (NDLR : Directeur général du LOSC) était venu, mais le club avait des soucis avec la DNCG. Rennes avait aussi un œil mais ils n'ont jamais voulu franchir le pas. C'est là que je dis que les clubs français sont à la traîne. Il y a 50 000 décideurs dans les cellules de recrutement, mais personne ne tranche ! Aujourd'hui, malheureusement, les clubs français n'ont plus la mainmise sur les meilleurs joueurs africains.» Bruges est à deux doigts de se faire subtiliser sa jeune recrue par l'Olympiakos, mais fait finalement le forcing en se déplaçant jusqu'au Sénégal pour s'assurer de la venue de Krépin Diatta. «Je me souviens très bien quand il est arrivé à Bruges, explique Benoît Poulain, défenseur central du Cercle entre 2016 et juillet dernier. On avait joué un match amical en Espagne, contre Marbella. Il a directement montré ses qualités. Il s'est imposé tout de suite. Avec une certaine intelligence de jeu, du dribble... J'ai tout de suite bien aimé.» S'il participe seulement à 8 matches lors de l'exercice 2017-18, Diatta s'offre son premier titre, celui de champion de Belgique avec les Brugeois. La saison passée, le cap a été passé avec 23 apparitions en Pro League. «À Bruges, ç'a été un des jeunes sur qui ils ont compté dès le début, confirme Poulain. Ils lui ont toujours dit qu'il fallait qu'il apprenne, qu'il grandisse, qu'il allait jouer, et que ça allait être un grand joueur. Ça le mettait en confiance.»
L'été dernier, il a pris part aux sept matches du Sénégal pour sa toute première Coupe d'Afrique des nations. Avec un titre d'homme du match en poules, face à la Tanzanie (un but).
Tout ça alors qu'il avait honoré sa première cape chez les A d'Aliou Cissé trois mois plus tôt. Entré à l'heure de jeu lors de la finale face à l'Algérie, il n'a pu changer le cours de la rencontre. Qu'importe, à 20 ans, cette aventure lors de la CAN était forcément particulière pour celui qui porte son pays dans son cœur même avec la distance. «On parle beaucoup du Sénégal, reconnaît d'ailleurs Tobias Heintz, aujourd'hui en Turquie, à Kasimpasa. J'ai eu tellement de questions pour lui à ce sujet. Il aime vraiment le Sénégal. Et après tout ce qu'il m'a dit, je veux tellement aller là-bas et rendre visite à lui et à sa famille. Il n'y a pas si longtemps, on s'est dit qu'on pourrait y aller après la saison.» Conscient de sa chance, Krépin Diattan'hésite pas à envoyer ballons et maillots dans sa région d'origine. «Ça encourage les jeunes du quartier à mieux faire pour tenter de devenir pro comme lui, félicite Yvon, le frère. Il le fait pour aider les gens. Il est très attaché à ses racines.» En début d'année 2019, Krépin Diatta a également fait un don à la ville de Ziguinchor, afin de financer, avec d'autres bénévoles, les réparations du bloc opératoire de l'hôpital.
«Même pour l'amener au restaurant, c'est un problème»
Désormais, les attentes autour du Sénégalais sont de plus en plus grandes. S'il engrange de l'expérience en Ligue des champions en affrontant des équipes comme le PSG et le Real Madrid, il aligne des statistiques intéressantes en Championnat belge avec cinq buts en dix sorties en 2019-20. «Les joueurs avec du dribble ont besoin d'être bien physiquement, constate Poulain, joueur de Kayserispor. Il faut qu'il fasse attention à toujours être bien à ce niveau.» Le défenseur lui voit un petit "défaut" : «Il est jeune... mais c'est aussi une qualité. Parfois, il peut être un peu irrégulier. Il ne peut pas produire ce qu'il faut sur cinq, six, sept matches d'affilée. Il va perdre un, deux ballons, il va un peu s'énerver, se renfermer et il va mettre dix ou quinze minutes pour se reconcentrer. Sinon, je ne lui vois pas de défaut particulier. Il progresse de plus en plus dans son envie de défendre.» Les différents témoins interrogés confirment une chose : pour Krépin, c'est le football, et rien que le football. «Il ne sort pas, il ne va pas en boîte, lance Ousseynou Cavin Diagne, également au Club Bruges, mais en réserve. Même pour l'amener au restaurant, c'est un problème. Quand tu l'appelles, il est toujours chez lui ! Il est au lit, au maximum, à 22h30 – 23 heures. Il aime trop regarder des films, écouter de la musique nigérianne.» «J'ai souvent quelques appels d'agents ou de clubs pour lui, pour savoir comment ça se passe, la mentalité qu'il a. Et, franchement, j'ai beaucoup d'éloges», promet, de son côté, Poulain qui le met en garde face à un point précis : «Il va devoir gérer sa popularité au Sénégal. Il aime son pays, il aime y aller. Mais, là-bas, tu te sens vite comme une star. Derrière, en Europe, il faut savoir remettre les pieds sur terre. Ce n'est pas toujours facile.»
Entre une évolution et progression sportive - on dit qu'il pourrait valoir 20 millions d'euros aujourd'hui, et une capacité à rester humble, il pourrait alors pourquoi marcher sur les traces d'un Sadio Mané qu'il a toujours adulé. Et au pays, le comparatif entre les deux ne date pas d'aujourd'hui. «J'ai toujours dit que c'est le futur Sadio Mané, à tous les niveaux, s'enflamme Thierno Seydi, l'agent. Dans le jeu, dans le comportement, dans l'approche de leur métier, très professionnelle, très consciencieuse. Ils ont des choses similaires. Ils viennent du sud du Sénégal, avec cette mentalité d'avoir faim. Tu sens que le football est pour eux un moyen d'ascension social.» «Qu'il continue sur cette lancée, à travailler comme je lui dis souvent, termine Briegel, le mentor. Il pourra ainsi faire une très grande carrière, si le bon Dieu le veut.»
AUDIO
"LE CAFÉ TOUBA", UNE RÉFÉRENCE DE LA CONFRÉRIE MOURIDE
Au Sénégal, à l’heure des capsules, dosettes, et sticks de café soluble, le traditionnel « café touba » a toujours le vent en poupe - Le « café à la sénégalaise », c’est toute une histoire, et aussi un business rentable
Au Sénégal, à l’heure des capsules, dosettes, et sticks de café soluble, le traditionnel « café touba » a toujours le vent en poupe. Il tire son nom de la ville sainte de la confrérie mouride, Touba, à 200 kilomètres de Dakar, mais se consomme aujourd’hui sur tout le territoire. Sa spécificité : le café est mélangé à du poivre de Guinée, appelé aussi baie de Sélim ou piment noir, puis préparé comme un café filtre.
Le « café à la sénégalaise », c’est toute une histoire, et aussi un business rentable.
par l'éditorialiste de seneplus, Tidiane Sow
L'OMERTA PRÉJUDICIABLE DE MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - En imposant le silence dans ses rangs, le président brise les élans dans son propre camp et n’y favorise pas l’éclosion naturelle d’un champion qui le remplacerait. Des clans séditieux vont bientôt naitre
Parler et se faire virer ou se taire et rester dans le rang, ou manoeuvrer sans se faire prendre, tels sont les choix qui s’offrent désormais aux membres de la coalition Benno Bokk Yakkar au pouvoir. Le climat est pesant dans les rangs de la majorité, chacun surveille ses propos et ses arrières.
Le président commettrait-il une faute en interdisant aux membres de sa coalition de sortir du bois et de s’exprimer à propos du troisième mandat, fusse-t-il pour conforter ses dires qu’il n’en briguerait pas un ? Et pourquoi ceux qui en parlent et qui souhaiteraient qu’il en brigue un ne seraient-ils pas sanctionnés au même titre que les autres ?
N’aurait-il pas obtenu une victoire à la Pyrrhus en coupant les têtes de Kaba et de Diakhaté ?
En bannissant toute insurrection dans son camp, force est de constater que le président Sall tue une part d'avenir dans ce pays. Nous, autres citoyens, aimerions voir apparaitre de nouvelles figures politiques au sein de la majorité plurielle. Nous aimerions voir fleurir de nouveaux projets de vie, de nouvelles idées s’affronter et enfin disposer de temps pour jauger les nouvelles politiques que ne manqueraient pas de nous proposer les nouveaux prétendants à la magistrature suprême en 2024.
Face à cette menace présidentielle, il y a ceux qui, nonobstant les ambitions présidentielles qui les habitent, obtempèreront et resteront dans le rang. Ceux là courront le risque de s’enfermer dans des schémas incertains qui les neutraliseraient d’ici 2024. Une élection, ça se prépare. Il faut sillonner le pays, se faire mieux connaitre, proposer des solutions souvent différentes de celles en cours. Cela demande donc du temps. En imposant le silence dans ses rangs, le président brise les élans dans son propre camp et n’y favorise pas l’éclosion naturelle d’un champion qui le remplacerait. Tout porterait ainsi à croire qu’on s’acheminerait vers un candidat qu’il choisirait lui-même dans sa coalition, s’il décidait de ne pas y aller !
Il y a ceux qui passeront outre le message présidentiel et qui verront, de fait, peser sur eux la menace de perdre leur place. C’est le cas de Moustapha Diakhaté. Son éviction était devenue la seule issue possible. Dans un attelage gouvernemental, la parole n’est pas libre. Le grand écart n’était plus tenable. Il eût peut-être mieux valu pour sa grandeur qu’il démissionnât plutôt qu’on le congédiât. Maintenant qu’il peut parler en toute liberté, gageons qu’il ne se taira pas.
Il y a les lieutenants aux dents longues à qui on prête des velléités d’être califes à la place du calife. Ceux-là devront manoeuvrer en eaux troubles. Des clans séditieux vont bientôt naitre. Ils devraient toutefois méditer cette phrase de Benjamin Franklin que “ceux qui abandonnent une liberté essentielle pour acheter un peu de sécurité temporaire, ne méritent ni liberté, ni sécurité”. Bien qu’ils sachent mieux que quiconque qu’on sort de l’ambiguïté à son détriment, il leur faudra choisir et vite, leur camp.
Il y a ceux, nombreux, de la coalition au pouvoir, sans ambitions présidentielles, qui pourront le mieux se conformer à cette injonction présidentielle. En fait, ce mot d’ordre les arrange, ils n’auront pas à choisir entre les factions qui ne manqueraient pas de se former si la compétition était ouverte. Pour ceux-là, leur objectif est ailleurs : Garder leur poste jusqu’en 2024. Ce sont eux qui tenteront de convaincre le président de briguer un troisième mandat pour garder leurs privilèges. Ce furent les mêmes qui, naguère, l’avaient du reste convaincu de requalifier ses 5 ans en 7 ans lors de son premier mandat.
On aurait sans nul doute évité ces imbroglios si on avait dissocié le rôle de président de l’exécutif de celui du président de parti. Cela aurait permis au président de poursuivre tranquillement son mandat et son parti l’APR et sa coalition Benno, de se préparer au grand jour pour faire émerger de ses rangs, un candidat pour 2024. C’est ce que font les grand pays démocrates du monde, et c’est ce que recommandaient les conclusions des Assises Nationales.
Nous, citoyens, restons défiants des promesses politiques. Nous n’avons pas la mémoire courte et nous nous rappelons ce que nous a coûté notre confiance en des paroles déjà entendues et non respectées. C’est la raison principale pour laquelle le débat du troisième mandat prospère malgré les assurances maintes fois réitérées de l’exécutif de ne pas vouloir en briguer un.
La confiance ne règne pas entre les politiques et leurs administrés.
L'attaquant sénégalais Mbaye Diagne, qui a manqué le penalty accordé au FC Bruges face au PSG en Ligue des champions (1-0), a été sanctionné par le club belge. Son entraîneur lui avait explicitement demandé de laisser le tir au capitaine Hans Vanaken.
Mbaye Diagne mis au ban. Auteur du penalty manqué mercredi soir lors de la défaite contre le Paris Saint-Germain (1-0) en Ligue des champions, l'attaquant sénégalais du FC Bruges a été sanctionné par le club. Il lui est reproché d'avoir pris la responsabilité de tirer, alors que le capitaine Hans Vanaken avait été désigné par l'entraîneur.
"Il ne figurera en tout cas pas dans la sélection pour Antwerp (dimanche en championnat belge, ndlr), et je déciderai dans les prochaines semaines ou les prochains mois d'un retour éventuel dans l'équipe. Il y aura en outre une sanction financière très lourde", a affirmé vendredi en conférence de presse Philippe Clement, le coach du club flamand.
"J'ai fait une grosse erreur"
Déstabilisé par le défenseur parisien Thiago Silva dans la surface, alors que le PSG menait déjà par le plus petit des scores, Mbaye Diagne a voulu se faire justice lui-même à la 76e minute. Son entraîneur avait pourtant fait de grands gestes pour inciter l'attaquant sénégalais à céder le ballon au porteur du brassard brugeois. En vain. Le tir a ensuite été capté sans difficulté par le gardien costaricien Keylor Navas.
Prêté depuis cet été par Galatasaray, Mbaye Diagne s'est retrouvé sous le feu des critiques des supporters et de plusieurs médias. Sur son compte Instagram, il s'est confondu en excuses: "J'ai fait une grosse erreur. Je veux m'excuser d'abord auprès de l'entraîneur, auprès du capitaine, de tous les autres équipiers et bien sûr des supporters".
AUDIO
IBRAHIMA THIOUB, À L'ÉCOLE DE LA RÉUSSITE
Enfant de paysan, il est choisi par son père pour intégrer l’école de la République en 1962. Le jeune homme se révèle à la hauteur de l’investissement, et gravit tous les échelons du système scolaire jusqu’à devenir recteur de l’Ucad : une consécration
Enfant de paysan au temps de l’Afrique Occidentale française, Ibrahima Thioub est choisi par son père pour intégrer l’école de la République en 1962, dans un Sénégal tout juste indépendant. Conscient du sacrifice de sa famille, le jeune homme se révèle à la hauteur de l’investissement, et gravit un à un tous les échelons du système scolaire jusqu’à devenir instituteur, puis professeur, chercheur en Histoire et enfin recteur de l’Université de Dakar : une consécration.
Nous reprenons le chemin de l’école avec un enseignant hors norme, et revisitons son école primaire, son lycée et son école normale, situés à Mbour, à 7 km de son village natal, Malicounda. Sans langue de bois, Ibrahima Thioub revient sur ses origines sociales, l’école coranique et la mort de son frère aîné qui a scellé à jamais son destin. Si le recteur de la plus importante université de l’Afrique francophone, au sud du Sahara, affiche un parcours exemplaire pour la jeunesse, il va également au contact des élèves et des étudiants, et répond à leur demande d’explications sur un système scolaire inégalitaire et une université régulièrement en grève.
"DES FORCES SAUVAGES SILLONNENT NOS PAYS FRAGILES"
Avec « Les jours viennent et passent », la romancière camerounaise dissèque la violence du présent, nourrie par les extrémismes de toutes sortes, à la lumière d’un passé trop souvent dévoyé. Entretien
Jeune Afrique |
Anne Bocandé |
Publication 08/11/2019
Avec « Les jours viennent et passent », la romancière camerounaise dissèque la violence du présent, nourrie par les extrémismes de toutes sortes, à la lumière d’un passé trop souvent dévoyé. Entretien.
Dans son quatrième roman, Les jours viennent et passent, Hemley Boum – dont le prénom d’auteur signifie « espérance » en bassa – s’attaque aux ressorts intimes de l’embrigadement des jeunes par Boko Haram, et déploie une longue fresque politique touchant plusieurs générations de Camerounais.
Jeune Afrique: Comment est né ce récit?
Hemley Boum : L’idée de ce roman m’est venue après un choc immense. Le 7 janvier 2015, au moment de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, j’étais chez moi, je regardais les images, épouvantée par l’horreur du geste et par l’improbable course-poursuite que nous vivions en direct à la télévision. Une semaine plus tard, un attentat perpétré par Boko Haram faisait 150 morts à Kolofata, dans la région de l’Extrême-Nord camerounais, sans provoquer plus que de maigres articles dans la presse.
Vivre de manière concomitante la différence de traitement de ces événements fut un bouleversement. Avec le roman qui est né de ce choc, j’ai voulu explorer le point de vue du Cameroun. Interroger ce que nous sommes en tant que personnes, en tant que parents, en tant que pays, en tant que nation. À quel moment en est-on arrivé là ? Ce n’est pas un livre sur Boko Haram, ou circonscrit au terrorisme. Il s’agit de se saisir de la problématique au sens le plus large. Mes personnages sont en quête d’une stratégie de survie malgré les violences répétées, le silence, la corruption et la déception.
Vous déployez un récit sur plusieurs générations. Pourquoi?
L’idée, pour Les Maquisards, était de revenir sur une histoire ignoréeet de se l’approprier en donnant la parole aux gens de l’intérieur. Ici, il s’agit de mettre en scène le regard de l’autre, le regard que les peuples du Cameroun posent les uns sur les autres, celui de la mère sur la fille, du fils sur la mère, du mari sur la femme, etc. Offrir plusieurs versions aux lecteurs permet d’introduire de la nuance et de la complexité.
En toile de fond, un Cameroun corrompu, gangrené par un passé non soldé.
Je porte mon regard sur la génération qui s’est attelée à faire oublier la guerre d’indépendance. Aujourd’hui encore, elle occupe tous les pouvoirs : politique, économique, etc. Le Cameroun est un pays où l’immense majorité de la population est jeune, mais où les sphères du pouvoir sont confisquées par des personnes (très) âgées. Elles organisent une transmission familiale ou communautaire de leurs privilèges.
La nouvelle génération se montre circonspecte et critique, réagissant à la brutalité constante qui lui est imposée, à l’impossibilité de se projeter, à l’absence de modèles, à la déliquescence d’une organisation sociale gangrenée. Parfois hélas, elle finit par se faire violence à elle-même.
Quelle est la place de la guerre d’indépendance dans le récit national ?
À la sortie de mon livre Les Maquisards, je me réjouissais qu’elle revienne sur le devant de la scène. Je n’en suis plus si heureuse, car je constate à quel point le récit est dévoyé à des fins délétères. C’est le cas pour tous les conflits que nous vivons. La parole officielle est décrédibilisée puisqu’elle n’a jamais été au rendez-vous de la restauration historique. Alors s’inventent et se mettent en place une foule de récits alternatifs avec pour conséquence une cacophonie. L’exact contraire du silence, mais tout aussi mortifère et anxiogène.
Loin de la caricature, vous explorez les silences d’une génération qui a vécu l’assimilation coloniale, une rupture avec ses propres héritages, puis l’indépendance.
C’est la première génération libre depuis des siècles, elle a dû tout inventer. Comment s’est sentie la première génération de bacheliers ? De docteurs ? De professeurs ? Sur quoi et sur qui se sont-ils appuyés pour se construire ? Il n’existait pas de modèles endogènes. Mais ces personnalités nouvelles nécessitaient-elles de se défaire des anciennes figures ? De les disqualifier ? Le questionnement concernait la vie de tous les jours : quelle langue parler avec ses enfants ? Ta langue maternelle ou celle qui, métaphoriquement, t’a été imposée par la force ou la séduction ?
Pour ceux de ma génération, au Cameroun, on peut deviner à la relation qu’ils entretiennent avec leur langue maternelle ainsi qu’à leur rapport avec la religion le niveau d’études de leurs parents et les ambitions qu’ils avaient pour leurs enfants. Qu’il y ait eu des injonctions, des tâtonnements, voire des erreurs, est normal. Nous sommes de vieux peuples mais de jeunes nations. La question est : comment pouvons-nous réconcilier nos identités malmenées ?
La réalité du nord du Cameroun est relativement inconnue vue de Douala et vice versa. Le Cameroun est constitué de nombreux peuples qui, bon an mal an, ont vécu en relative harmonie. Depuis 2014 environ, quand Boko Haram a commencé à se montrer particulièrement agressif, nous avons réalisé à quel point cette harmonie était factice. À quel point nos vies étaient cloisonnées. Dans le Nord, où les agressions terroristes avaient lieu quotidiennement, l’État, ne pouvant plus assurer la sécurité des enfants, a fait fermer les écoles.
Mais alors comment vivaient ces gens aux prises avec la secte terroriste, désormais abandonnés ? Que pouvaient-ils ressentir à l’égard du reste du pays ? Les crispations identitaires, les extrémismes de tout bord sont le fruit de ce cloisonnement. Comment alors penser une riposte collective ? La crise politique que traverse le Cameroun aujourd’hui, la cruauté des belligérants dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont le signe que la violence se propage.
Certains jeunes, dans votre roman, rejoignent Boko Haram. Dans quelle mesure ce processus et l’exil sont-ils les facettes d’une même pièce ?
Achille Mbembe les appelle les « fugitifs ». Le terme décrit parfaitement cette fuite rendue obligatoire par les circonstances. La perte de repères, la pauvreté et l’absence d’espoir touchent beaucoup de jeunes, mais tous ne partent pas. La question est : à quelle injonction intime répondent ceux qui choisissent de partir ?
Pour mes personnages, la religion, les liens familiaux défectueux, la loyauté amicale sont à l’origine du départ. Pour d’autres, ce sera peut-être la quête de meilleures perspectives. Pour tous, tout semble préférable à l’immobilisme. Il s’agit d’une sorte de résistance par le corps. Une euphorie due au fait de pouvoir, pour une fois, tenir les rênes de sa propre vie.
Les jeunes qui partent complexifient l’image commune de ces « fugitifs ». Jenny, Tina, Ismaël étudient et sont entourés. Ce ne sont pas des enfants nécessiteux, ils ont des parents qui font ce qu’ils peuvent. Mais ces adultes-là vivent dans un refoulement lié à tout ce qui n’a pas été réglé dans leur passé. Aucune possibilité de rencontre n’est envisageable. On ne peut pas guérir un mal que l’on s’obstine à nier. Pour espérer comprendre ce qui se passe, il nous faut chercher au-delà de la pauvreté.
Dans quelle mesure est-ce un roman sur la transmission ?
Je suis née et j’ai fait toutes mes études au Cameroun. Ce que je suis, ma façon d’appréhender le monde, je le dois à ce pays, à cet environnement éclaté et complexe. Alors je m’interroge sur le devenir d’un pays où l’éducation des enfants n’est pas conçue comme une priorité. Des forces sauvages sillonnent nos pays fragiles, toutes sortes de miroirs aux alouettes leur sont tendus. Ils finissent par s’engager dans des chemins de mort, ils cultivent des loyautés qui nous sont étrangères. Nous les perdons, et tandis qu’ils se cherchent d’autres les trouvent et les maltraitent.
Malgré les drames, les adolescents de votre roman tracent des chemins d’espérance.
Ils sont l’image d’une jeunesse courageuse, combative, créative, qui essaie malgré tout de se frayer un chemin sans tricher, sans se renier. Ils sont dans une sincérité non négociable. C’est ce qui les lie entre eux et les différencie de leurs parents. Il nous faudra leur donner, sous peine de les perdre, les réponses que nous leur devons, qui sont leur héritage. Ils ont un accès immédiat à tous les ailleurs même lorsque leur corps est entravé. Ils veulent être partie prenante du monde. Quitte à en mourir, ils ne reculeront pas.
Si nous ne prenons pas la mesure de leur détermination, de leurs rêves, si nous nous obstinons à fuir nos responsabilités, eux solderont le passé, oui, de la pire des manières pour nous, mais surtout pour eux-mêmes. Ils sont notre chemin d’espérance.
Après Le Clan des femmes (Harmattan, 2010), Si d’aimer (La Cheminante, 2012) et Les Maquisards (La Cheminante, 2015), dans Les jours viennent et passent, un roman choral, Hemley Boum assoit une écriture où l’intime rejoint le politique, ici en deux parties.
La première sur les compromis et les fantômes refoulés des aînés ; la seconde sur la quête de liberté et de vérité sans concession d’adolescents pourtant pris dans le tourbillon d’un embrigadement mortifère. C’est par la voix de femmes que le récit se déploie sur trois générations. Un roman où l’espérance et l’amour surgissent malgré les drames individuels et collectifs.
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"CE QU'ON APPELLE IDENTITÉ N'EST PAS ESSENTIEL"
Pour le philosophe camerounais Achille Mbembe, les débats autour de l’identité, « opium des masses », participent aux « récits de la fin » propagés, entre autres, par les collapsologues
« Ce qu’on appelle identité n’est pas essentiel », a déclaré Achille Mbembe sur la scène du Forum philo « Le Monde » vendredi 8 novembre au Mans. Pour le théoricien, les débats autour de l’identité, « opium des masses », participent aux « récits de la fin » propagés, entre autres, par les collapsologues.
Le philosophe a également analysé les causes du repli sur soi et du rejet de l’étranger, pointant la disqualification de la raison au profit de l’affect - « nous sommes dans l’ère de la viscéralité dont la crispation identitaire est un symptôme » -, mais aussi le déclassement vécu par une partie de la population qui « se retourne contre une classe plus misérable qu’elle ».
par Christian Sene
PAPA MASSATA DIACK INNOCENT ? QU'IL AILLE LE PROUVER AUX JUGES FRANÇAIS !
Quand il passe son temps à nier les accusations portées contre lui par la justice française, on se dit qu’il insulte notre intelligence - Son blanchiment par nos braves juges n’aurait aucun sens dans ce présumé scandale lié au dopage d’athlètes russes
Entendu par le doyen des juges d’instruction du Tgi de Dakar dans le cadre d’une commis- sion rogatoire d’un juge français, le fils de l’ancien tout-puissant président de la Fédéra- tion internationale d’athlétisme a une nou-velle fois nié les accusations de corruption portées contre lui.
Pape Massata Diack, nous l’aimons bien au fond. L’homme a une bouille sympathique et présente même des états de services plutôt respectables dans le domaine du marketing sportif. Il s’y ajoute que les Sénégalais transfèrent en lui un peu de l’immense vénération qu’ils ont toujours vouée à l’icône de l’athlétisme mondial, ancien champion de France et ancien ministre sénégalais, Lamine Diack. Pour tout cela, Pape Massata Diack pouvait être considéré comme un grand Monsieur. Un aristocrate. Et nos compatriotes avaient tendance à le jucher sur un piédestal. Mais là, franchement, quand on voit l’attitude qui est la sienne depuis bientôt quatre ans, attitude de lâcheté et de poule mouillée, il baisse dans notre estime. Et pas de peu ! Surtout, nous étions en droit de considérer que le respect que nous lui portions, il l’avait aussi pour nous. Force est de constater que ce n’est pas le cas hélas. Car enfin, quand il passe son temps à nier les graves accusations de corruption active et passive, d’abus de confiance, de blanchiment en bande organisée — entre autres joyeusetés — portées contre lui par la justice française, on se dit qu’il insulte notre intelligence.
Quand il dit que ces faits qui lui valent un mandat d’arrêt international lancé contre lui par un teigneux juge d’instruction français et qui le force à se terrer au Sénégal, lui qui était toujours entre deux avions et était abonné aux plus prestigieux palaces du monde entier, que ces faits n’existent pas on se demande pour qui il nous prend. Car enfin, ce n’est tout de même pas par jalousie ou envie, encore moins par racisme anti-Nègre ou par volonté de casser du Sénégalais, que son vénérable père est pratiquement assigné à résidence en France par les juges avec interdiction absolue de quitter ce pays. Des juges sénégalais auraient jeté en prison des opposants ou des mal-pensants, on aurait haussé les épaules avant de soupirer : « ils obéissent au pouvoir ». Mais là, c’est en France, pays réputé pour l’indépendance de sa justice et où un ancien président de la République vient même d’être renvoyé en correctionnelle — à la suite de plusieurs ex-Premiers ministres et anciens ministres—, dans l’Hexagone, donc, qu’a été déclenchée l’enquête ayant mis au jour une gigantesque affaire de corruption de hauts dirigeants de l’IAAF, la Fédération internationale d’athlétisme, dirigée pendant plus de 15 ans par M. Lamine Diack. Lequel n’est autre que le père de notre ami Massata. En gros, l’enquête a montré que des autorités russes ont corrompu les Diack, père et fils, pour qu’ils ferment les yeux sur des cas avérés de dopages d’athlètes russes.
Ce pour qu’ils puissent prendre part aux Jeux olympiques. Lamine Diack avait même demandé de l’argent aux Popov pour financer sa campagne électorale durant la présidentielle de 2012 ! Il aurait admis, face aux enquêteurs, avoir distribué une partie — oh, une toute petite partie seu- lement ! — de cet argent à des mouve- ments de notre pays pour chasser l’ancien président Abdoulaye Wade. Lequel avait eu la mauvaise idée de vouloir se faire succéder par son fils. L’enfer, c’est les enfants des autres !
Pour éviter la jurisprudence Alkaly...
Quand son propre père est privé de sa liberté en France, quand le président de la fédération brésilienne d’athlétisme est embastillé, quand son alter ego du Japon et d’autres encore connaissent les rigueurs carcérales du fait de leur implication dans ce scandale du dopage des athlètes russes, quand les athlète russes eux-mêmes sont interdits de participation à toutes les compétitions officielles, difficile de dire que tout cela procède de faits inventés de toutes pièces par des juges. Lesquels se seraient concertés pour lancer un aussi vaste coup de filet international dans les rangs de l’athlétisme mondial. Toute personne incriminée bénéficiant de la présomption d’innocence, nous, on veut bien croire que Massata Diack n’est pas coupable des faits dont il est accusé. Et qu’il est vêtu de probité candide et de lin blanc. Dans ce cas, pour prouver son innocence, nous pensons qu’il n’y a pas meilleur moyen que de se rendre à la justice française devant laquelle va s’ouvrir justement, en janvier prochain, le procès de son père. Là-bas, s’il dispose de documents pouvant aider à le disculper, il pourrait bien prouver son innocence. Et revenir en héros au Sénégal puis, pourquoi pas, recommencer à sillonner le vaste monde pour vendre son expertise qu’il juge avérée en matière de marketing sportif.
Encore une fois, ce n’est pas devant les juges sénégalais qu’il doit clamer son inno- cence mais bien devant la justice française. Lorsque, au début des années 2000, la cour d’Appel de Dakar avait « blanchi » le sulfureux marabout et homme d’affaires Alkaly Cissé — paix à son âme — pourtant jugé coupable et condamné en première instance, nous avions écrit dans ces colonnes que cette décision ne lui rendait pas service. Quelques années plus tard, la justice saoudienne lançait un mandat d’arrêt international contre lui. Arrêté au Maroc, il a été transféré au royaume des Saoud où il a trouvé la mort il y a quelques semaines après plusieurs années de détention. Pour dire qu’un blanchiment de Massata Diack par nos braves juges n’aurait aucun sens dans ce présumé scandale lié au dopage d’athlètes russes. C’est sur les bords de la Seine qu’il doit aller prouver son innocence au lieu de nous tympaniser sur son innocence !