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24 juillet 2025
AU BURKINA FASO, L'ASSISTANCE À DOUBLE TRANCHANT DE PARIS
Selon un haut gradé de la police, cette montée en puissance de la force française est un « mal nécessaire ». « On aimerait s’en passer, mais on n’y arrivera pas tout seuls. "On a besoin d’aide, même si la hiérarchie ne veut pas l’assumer officiellement"
Alors que la ministre française des armées, Florence Parly, était lundi au Burkina Faso, les forces du pays frontalier du Mali et du Niger sont débordées par la multiplication des attaques djihadistes.
Après le Tchad, et avant le Mali, la ministre française des armées, Florence Parly était lundi 4 novembre au Burkina Faso, où les attaques terroristes et les violences communautaires se multiplient. « Le combat continue, il doit continuer, car c’est un combat de longue haleine que nous devons mener ensemble contre le terrorisme », a-t-elle insisté à la sortie d’une séance de travail avec le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, et son ministre de la défense, Chérif Sy.
Au cours de cette brève allocution, Mme Parly a annoncé le lancement d’une nouvelle opération conjointe, baptisée « Bourgou 4 », qui sera conduite par la force française « Barkhane », en collaboration avec deux compagnies burkinabées, dans la zone dite des « trois frontières », entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, « dans les prochains jours ». « Sur le front des opérations militaires, les choses avancent, même si la menace est très présente et très vigoureuse », a reconnu la ministre. Florence Parly a ensuite rendu visite aux quelque 200 membres des forces spéciales françaises de l’opération « Sabre » et s’est recueillie devant la stèle en hommage aux membres des forces spéciales tués au Sahel depuis 2013.
Cette visite officielle survient près d’un an après la signature, en décembre 2018, à Paris, d’un « accord intergouvernemental de défense » pour renforcer la coopération entre la France et le Burkina Faso, plongé dans une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. A la demande de Ouagadougou, Barkhane opère donc désormais depuis le Niger et le Mali voisins.
En quatre ans, les attaques, attribuées aux groupes djihadistes de la sous-région – Al-Qaida et l’Etat islamique notamment –, ont déjà fait plus de 600 morts, militaires et civils dans le pays. Et près d’un demi-million de déplacés internes ont dû fuir leur foyer à cause des violences, selon les estimations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.
Dimanche, à la veille de la venue de la ministre française, un nou vel assaut a d’ailleurs visé le véhi cule du député et maire de Djibo, cheflieu de la région du Sahel, la plus durement touchée. L’élu a été tué dans l’embuscade avec trois autres personnes. Le week end du 26 et du 27 octobre s’était aussi déroulé au rythme des atta ques. Lundi dans la matinée, cinq gendarmes et au moins cinq civils ont été tués lors d’une attaque contre le détachement de gendar merie de Oursi, dans le nord du Burkina Faso, près de la frontière malienne, aton appris de sour ces sécuritaires.
« On n’y arrive pas »
Souséquipée, mal formée et dé sorganisée, l’armée burkinabée semble incapable d’enrayer la montée en puissance des groupes terroristes sur son territoire. « On est dépassés, on n’y arrive pas, beaucoup ont perdu le moral et sont en colère, on a le sentiment que nos chefs ne maîtrisent pas la situation, ça ne fait qu’empirer chaque jour », confie une source policière. Assassinats d’élus locaux, menaces contre les enseignants, attaques contre des lieux de culte : les groupes armés s’en prennent aux symboles de l’Etat et n’épargnent plus les civils. Ce qui réveille les conflits communautaires.
En première ligne, les forces de défense burkinabées paient un lourd tribut depuis la montée de la menace terroriste en 2015 dans le pays. Pour preuve, la liste des at taques des postes militaires n’a cessé de s’allonger ces derniers mois et met au jour la faiblesse d’un appareil sécuritaire profondément déstabilisé, depuis la chute de l’ancien président Blaise Compaoré à la suite d’une insurrection populaire, en octobre 2014, et la dissolution de sa garde rapprochée, le Régiment de sécurité présidentielle, en 2015.
« Ceux qui nous attaquent ten tent de jouer sur le moral de nos troupes, en attisant les conflits intercommunautaires et en s’attaquant à des communautés religieuses qui ont toujours vécu en bonne intelligence, ils nous poussent sur un terrain glissant, très dangereux », soulignait le ministre de la défense, Chérif Sy, le 1er novembre, à l’occasion du 59e anniversaire des forces armées nationales. Symbole fort cette année, la lecture des noms « des 204 militaires tombés sur le champ de bataille » avait même remplacé le défilé.
« Appels à l’aide »
Sous pression, les autorités se voient contraintes de faire appel à la France pour faire face. A la demande de Ouagadougou, la force française « Barkhane » a dû inter venir à deux reprises en septembre pour épauler l’armée burkinabè, dans la province du Soum, au nord du pays, théâtre le 19 août de l’attaque la plus meurtrière subie par les forces de sécurité (au moins 24 morts à Koutougou). « Environ 80 soldats français » et deux hélicoptères britanniques ont ainsi été envoyés du 13 au 16 pour sécuriser la ville de Djibo, qui risquait de subir « une attaque d’envergure ». Selon un haut gradé de la police, cette montée en puissance de la force française au Burkina Faso est un « mal nécessaire ». « On aimerait s’en passer, mais on n’y arrivera pas tout seuls. On a besoin d’aide, c’est clair, même si la hiérarchie ne veut pas l’assumer officiellement », ajoute-t-il.
La présence militaire française reste un sujet politiquement sensible au Burkina Faso, où certaines voix de l’opposition s’élèvent pour exiger « le départ immédiat des forces armées étrangères, notamment françaises ». Le 12 octobre, plusieurs centaines de manifestants se sont même rassemblées devant la Bourse du travail de Ouagadou gou pour dénoncer pêle mêle le « terrorisme et la présence de bases militaires étrangères » sur le continent. Souci d’indépendance, héri tage de l’ancien président Thomas Sankara (assassiné en 1987) remis au goût du jour depuis la chute de Blaise Compaoré, le gouvernement actuel a toujours été réticent à solliciter l’aide de l’ancienne puissance coloniale.
La force «Barkhane», composée de 4 500 militaires français et qui opère depuis les pays voisins, se voit ainsi contrainte d’agir au « coup par coup », souvent dans l’urgence. « Officiellement, le gou vernement n’assume pas ces appels à l’aide et demande à la France de rester discrète, d’autant que nous sommes à un an de la présidentielle. Mais en coulisses, il est acculé et se voit bien obligé de coopérer », tacle une source burkinabée.
EXPLOSIVE GÉOPOLITIQUE DU RIZ EN AFRIQUE
Pendant que certains pays s’essayent à l’autosuffisance, d’autres poursuivent d’importer des quantités au delà de leurs besoins
Financial Afrik |
Adama Wade |
Publication 11/11/2019
La forte croissance de la demande ouest-africaine en riz n’est pas couverte par la production locale. D’où le recours à l’importation du riz asiatique aux conséquences certaines sur les réserves en devises des pays concernés. Pendant que certains pays s’essayent à l’autosuffisance, d’autres poursuivent d’importer des quantités au delà de leurs besoins.
C’était le 16 avril 2019. Un autodafé du riz supposé avarié était organisé à Abidjan, concluant, sous l’œil des médias, l’odyssée de l’OcéanPrincess. Ce navire battant pavillon hong-kongais et transportant du riz avarié de la Birmanie pour le compte de la société Olam était arrivé le 11 mars 2019 au port d’Abidjan, au terme d’un long détour qui l’a vu successivement interdit d’accès au port de Conakry le 18 novembre 2018 puis à celui de Lomé, le 16 janvier 2019.
Dans ses cales, 18 mille tonnes de riz à la date de récolte inconnue et aux destinataires partiellement identifés. La marchandise sera d’abord déchargée à Abidjan de la plus normale des manières, entre le 11 et le 18 mars 2019 avant d’être bannie suite à un rétropédalage des autorités ivoiriennes sous la pression des associations des consommateurs et des médias. Le ministère ivoirien du Commerce s’empare du dossier. Le riz désormais «impropre» à la consommation sera détruit pour, dit-on, «non-conformité à la norme ivoirienne-Codex Stan 198- 1995 rendue d’application obligatoire par le décret n°2016-1152 du 28 décembre 2016», rappelle un cadre dudit ministère. Fin de l’histoire ? Non.
Ce n’était que le début. La cargaison indésirable destinée initialement aux Huileries de Guinée puis à un célèbre opérateur burkinabé et, enfin, à un intermédiaire ivoirien, n’a pas encore livré tous ses secrets. Cet intermédiaire ivoirien, réceptionnaire de la marchandise, n’est autre que Rami Khater, directeur général de la société Alimentation Toumodi, constituée le 28 janvier 2019 à Abidjan, soit bien après que la cargaison fut refoulée des ports de Conakry et de Lomé. Pour rassurer l’opinion publique, l’Etat ivoirien sanctionne Olam International Limited en sa qualité de vendeur et Alimentaire Toumodi, acheteur, par l’interdiction d’exporter ou d’acheter du riz pour une période de 12 mois.
En réaction, Olam, conseillé par l’ Etude de Mes Théodore Hoegah et Michel Etté, porte le dossier devant le Tribunal du Commerce d’Abidjan et obtient gain de cause, le 15 mai 2019, suspendant la destruction de la marchandise déjà réalisée à plus de 62%. Mais le groupe asiatique sera débouté en appel le 13 juin 2019.
Contrôle du riz importé : désorganisation de la CEDEAO
Ces atermoiements entre Conakry, Lomé et Abidjan mettent en évidence l’importance d’une approche sousrégionale du contrôle de la qualité des marchandises entrant dans la zone CEDEAO. Comment des pays liés par un Tarif Extérieur Commun (TEC) peuvent nourrir tant de disparités dans les procédures et les normes fixant la qualité des marchandises alimentaires importées dans la communauté ?
Pour rappel, l’Office national de contrôle de qualité guinéen dépendant du ministère du commerce avait dés le 19 novembre 2018 rendu un verdict estimant que le «Riz Blanc Birman» brisures qualité Superior «CIAO» était de qualité satisfaisante, «propre à la consommation». Une analyse confirmée par l’Institut national d’hygiène du Togo pour qui (déclaration du 30 janvier 2019), «les échantillons analysés sont de qualité d’hygiène et de sécurité alimentaire satisfaisante». Ces deux verdicts favorables rendus par des laboratoires ne résisteront pas à la pression des associations de consommateurs ou à des pressions diverses, révélant la frilosité des pouvoirs publics et la faible crédibilité des avis scientifiques sensés être rendus par les laboratoires dans la prise de décision.
Situation d’autant plus paradoxale que ces deux avis rendus à Conakry et à Lomé seront infirmés par un laboratoire ivoirien agréé dans le cadre du programme de Vérification de conformité des marchandises à destination de la Côte d’Ivoire (VOC). Il s’agit de ce nouveau dispositif institué depuis le 16 juillet 2018, entrée en vigueur le 15 février 2019 et sensé contrôler toute marchandise à destination du pays avant le port d’embarquement.
En effet, toute marchandise entrant sur le sol ivoirien doit exhiber un certificat de conformité délivré par des bureaux de contrôle (SGS, Bureau Veritas, Intertek International Limited et Cotecna) aux frais de l’importateur. En dépit de ce cordon sécuritaire, le navire OcéanPrincess a pu débarquer une partie de sa cargaison à Abidjan avant de se faire saisir. Ce cas spécifique témoigne de la forte pression des lobbys importateurs sur les marchés africains, notamment ouest-africains, premier importateur mondial de riz.
Un marché mondial non régulé
L’Afrique de l’Ouest importe en effet 5 millions de tonnes de riz blanchi pour compléter une production qui ne couvre que 60% des besoins. Les trois importateurs de riz de la région sont dans l’ordre le Nigeria (2 millions de tonnes), la Côte d’Ivoire (900 000 tonnes) et le Sénégal (700 000 tonnes) selon inter-reseaux.org. L’on imagine l’impact engendré sur les réserves de change de ces pays, le déséquilibre potentiel causé à la balance de paiement et la dangereuse dépendance de ces pays aux soubresauts internationaux.
Faut-il le préciser, le marché mondial du riz n’est pas régulé. Les pays exportateurs vendent leurs surplus et le font dans une logique de régulation de leurs propres marchés intérieurs. Les exportations mondiales de riz proviennent essentiellement de la Thaïlande, de l’Inde, du Vietnam, des Etats-Unis, du Pakistan et de la Chine. Ces 6 pays totalisent 85% de l’offre mondiale exportée. Les 15% restant sont le fait de l’Egypte, de l’Uruguay, de l’Argentine, de l’Australie, de Myanmar et du Cambodge.
En face, les 6 importateurs qui ont pour nom l’Indonésie, le Nigeria, les Philippines, l’Iran, l’Union Européenne et l’Irak ne représentent que 40% des importations mondiales. A noter que la Thaïlande, les USA et le Pakistan exportent respectivement 30%, 36% et 59% de leur production domestique. Pour ces pays, le marché international est important. Au contraire du Vietnam, de l’Inde et de la Chine, qui exportent respectivement 10%, 3% et 1% de leur production. Pour ces pays, le marché local est plus important que l’export. Leurs volumes d’exportations sont sujets à des variations imprévisibles, ce qui n’est pas sans risque pour les pays dépendants dans un contexte de croissance de la demande mondiale plus forte que celle de l’offre.
Cette exposition ouest-africaine avait été mise en évidence lors de la crise des denrées de base en 2008 sous le double effet des restrictions à l’export introduites par les pays asiatiques et des spéculations orchestrées par certains fonds.
La bataille de l’autosuffisance alimentaire
A bientôt dix ans de ce traumatisme, la dépendance ne semble pas s’être réduite. Certes, la plupart des pays ouest-africains ont engagé de coûteux programmes d’autosuffisance alimentaire mais sans grande coordination avec le voisinage immédiat et sans vision d’un marché intégré. En l’absence d’une coordination régionale robuste, les logiques nationales s’entrechoquent. Les importateurs réexportent leurs surplus vers les marchés voisins concurrençant un riz local désavantagé sur la qualité et le prix. Certains pays ont augmenté leurs importations de manière exponentielle. Ainsi, le Cameroun a vu ses importations de riz doubler passer subitement de 500 000 à 1 million de tonnes. Le Togo réexporte une partie de ses 400 000 importées dans le voisinage. Le Bénin voit transiter 1 million de tonnes par le port de Cotonou pour des écoulements qui vont vers le Nigeria.
Face à cette avalanche, les États (presque tous) engagés dans des politiques de production locale, procèdent à des restrictions dont le cas le plus spectaculaire est la fermeture unilatérale, le 20 août 2019, de la frontière entre le Nigeria et le Bénin. En l’absence de concertation et de politiques agricoles communes, ces mesures dirigées envers les pays voisins freinent l’intégration régionale et les échanges sur d’autres produits et services. Le Nigeria qui a lancé son programme d’autosuffisance en riz en 2015 a (officiellement) vu ses importations chuter de 786 000 tonnes à 90 000 tonnes, cela bien que nombre d’organismes internationaux continuent à lui prêter un volume importé de riz blanc de l’ordre de 2 millions de tonnes.
A l’inverse, le Bénin a vu ses importations augmenter au delà de ses besoins nationaux. Soumis à un taux de dédouanement de 12%, le riz béninois est réexporté vers le Nigeria pour compenser une demande toujours plus forte. Selon la National Institute of Statistics and Economic Analysis, les importations réceptionnées au port de Cotonou sont passées de 600 000 tonnes en 2010 à 1 400 000 tonnes en 2014, soit une valeur passée de 160 à 504 milliards de Franc CFA. Au delà de l’impact concurrentiel sur une production locale nigériane submergée par la demande, il y aurait un effet sur le naira vis-à-vis du Franc CFA.
Quand le riz déprécie le naira et fortifie le Franc CFA
En 2012, une unité nigériane s’échangeait entre 3,04 et 3,20 FCFA à l’achat. En 2018, un naira s’échangeait entre 1,42 et 1,72 Franc CFA, soit une dépréciation de l’ordre de 44,4 à 55,6%. En 2016, la monnaie nigériane s’était même dépréciée de 60% par rapport à la monnaie de l’UEMOA qui a avec elle l’avantage de la convertibilité et la garantie de la Banque de France. Le Niger a aussi pris la décision d’interdire la réexportation du riz, une mesure suivie par le Burkina Faso. Dans le fond, ces décisions unilatérales constituent des réponses légitimes mais inopérantes à notre avis contre la déferlante du riz asiatique subventionné (cas de la Thaïlande et du Vietnam) à la production et à l’export. Entre 2013 et 2017, quelque 70% du riz importé au Nigeria, Côte d’Ivoire, Bénin, Mali, Niger, Togo, Burkina Faso et Ghana provenait de la Thaïlande et de l’Inde. Évidemment la production africaine ne peut pas concurrencer le riz asiatique.
Seuls le Mali et la Tanzanie disposent d’une régulation solide depuis 15 à 20 ans, expliquant la couverture de leurs exportations à hauteur de 90%. Tout à l’inverse du Sénégal qui avait fixé l’atteinte de l’autosuffisance en 2017 mais aurait importé 1 050 000 tonnes de riz blanchi en 2018 selon des traders. La Côte d’Ivoire qui espère arriver à une production de 2 millions de tonnes de riz blanc en 2020 en a importé 1 400 000 tonnes l’année dernière, plus de deux fois les importations du Ghana mais, assurément, loin des 2 millions de tonnes du Nigeria. Bref, l’approche des Etats africains en matière de riz soufre de plusieurs incohérences ministérielles. Alors que le ministère des Finances y trouve ses comptes grâce aux collectes de différences taxes générées par l’importation, celui du Commerce y trouvant le moyen d’approvisionner le marché intérieur, l’Agriculture, enfant pauvre du système, en souffre et vient réclamer des subventions en plus pour soutenir une production locale non compétitive à cause de différents facteurs. Ces facteurs de non compétitivité sont liés, outre à la concurrence anarchique du riz asiatique subventionné, à un amont agricole mal géré, des engrais aux semences.
Les importateurs misent sur le statu quo
La moyenne de 6 kilos d’engrais par hectare contre 100 kilos à l’optimum est particulièrement handicapante pour l’Afrique subsaharienne. «La chaîne de valeur des engrais n’est pas robuste, la délivrance des licences de ce produit étant destinée à une clientèle politique. La subvention des engrais est à repenser dans la sous région pour une meilleure productivité», analyse un expert. Reste à vaincre l’inertie d’un écosystème où les importateurs ont tout intérêt à préserver le statu quo en raison des marges générées. “C’est pourquoi quand Dreyfus investit 1,5 million de dollars dans la Compagnie Agricole de Saint-Louis (CASL), on a l’impression qu’il s’agit d’une opération de relations publiques envers les autorités sénégalaises”, ironise un fin observateur de la filière qui fait le rapport entre cet investissement annoncé tambour battant et les importations de Dreyfus, estimées, elles à 200 000 tonnes. Visiblement en souffrance, la CASL qui a bénéficié de concours économiques de la Banque Européenne pour l’Investissement (BEI) et de la Banque Africaine de Développement, a bien réussi à mettre la main sur des terres arables mais comme ce fut le cas pour Olam au Nigeria il y a quelques années, il faut se rendre à l’évidence : certains actionnaires de cette compagnie ont intérêt à maintenir le statu quo. Au Nigeria, il y a 15 ans, Olam qui s’était engagé sur 10 000 hectares avait fini par limiter ses investissements à 2 000 hectares. Tout comme Olam, d’autres acteurs s’activent pour maintenir leurs marges. Pourquoi changer quand le statu quo nourrit tout le monde ?
VIDEO
RACKET SYSTÉMATIQUE AUX POSTES FRONTIÈRES
Régulièrement contraint de verser des pots-de-vin aux forces de l’ordre sur le trajet Dakar-Bamako, un Observateur de France 24 a décidé de les filmer en caméra cachée
Observateurs de France 24 |
Chloé Lauvergnier |
Publication 11/11/2019
Notre Observateur a voyagé de Bamako, la capitale malienne, à Dakar, la capitale du Sénégal, avant de faire le même trajet dans l’autre sens, il y a un mois environ. Régulièrement contraint de verser des pots-de-vin aux forces de l’ordre sur la route, notamment aux frontières, lors de ses déplacements dans la zone, il a décidé de les filmer en caméra cachée.
Notre Observateur, Yohann, a les nationalités malienne et burkinabè. Le mois passé, il a quitté Bamako en bus et s'est rendu à Dakar, pour récupérer un véhicule qu’il voulait rapporter au Mali.
"Ce n’est pas la première fois que je fais ce déplacement et que je suis contraint de verser des pots-de-vin au cours du trajet, donc je me suis dit que cette fois j’allais filmer. J’avais donc installé une application sur mon téléphone, Secret Video Recorder, qui permet de filmer même quand il est verrouillé. Je l’ai ensuite mis dans la poche de ma chemise et c’est ainsi que j’ai filmé."
Première escroquerie : au poste-frontière de Kidira, au Sénégal
Après avoir quitté Bamako, Yohann a traversé la frontière au niveau de Kidira, une localité sénégalaise (point rouge sur la carte ci-dessous), où il a été contraint de verser 1000 francs CFA (1,52 euros) à des policiers sénégalais.
"Ils nous ont fait rentrer dans une pièce, où nous étions une dizaine de voyageurs. Ils ont réclamé 1000 francs CFA à tous les étrangers [les non-Sénégalais, NDLR], même s’ils avaient leurs papiers en règle, sans donner aucune explication valable. Les Sénégalais, eux, n’ont rien payé : ils ont simplement récupéré leurs papiers, après avoir été contrôlés."
Yohann filme alors une première vidéo, où l’on voit un policier assis, avec des passeports étalés sur son bureau, et un autre policier debout, avec d’autres passeports dans la main. Ce dernier appelle successivement les voyageurs pour leur rendre leurs papiers. Au bout d’une minute, on voit clairement quelqu’un lui donner un billet de 1000 francs CFA, en échange de la restitution de ses documents de voyage.
Deuxième escroquerie : à un poste de contrôle à Kati, au Mali
Arrivé à Dakar, notre Observateur a récupéré un véhicule au port, avec lequel il est retourné au Mali. Il n’a rien payé en traversant la frontière, mais il a dû reverser des pots-de-vin en arrivant dans la localité de Kati (point rouge sur la carte ci-dessous), située à une quinzaine de kilomètres de Bamako, cette fois à des douaniers maliens.
"Ça s’est passé à un simple poste de contrôle, situé à côté du péage routier. Normalement, il faut payer le péage, mais c’est tout. Or, à ce poste de contrôle, les douaniers réclamaient 10 000 francs CFA aux voitures [15,24 euros, NDLR], et même 15 000 francs CFA [22,87 euros, NDLR] aux 4x4. J’ai donc dû leur verser 10 000 francs CFA, de même qu’un ami qui conduisait un autre véhicule. Mais les douaniers ne nous ont donné aucun reçu. Quand j'étais sur place, il y avait une quinzaine de véhicules stationnés, qui attendaient pour payer les 10 000 francs CFA, donc c'est intéressant pour les douaniers... Là encore, ce n’est pas la première fois que je dois verser une telle somme à Kati. Et cet argent ne va pas dans les caisses de l’État malien…"
Yohann a donc filmé une autre vidéo à cet endroit, où l’on voit deux douaniers. L’un d’eux a deux billets de 10 000 francs CFA dans la main, tandis qu’il examine des papiers.
"C’est au Mali que c’est le pire"
Notre Observateur poursuit : "Ces abus ont lieu à d’autres endroits, bien sûr. Par exemple, j’ai déjà dû payer 1000 francs CFA à la frontière nigérienne. Au Ghana, j’ai déjà dû payer une fois aussi, même s’il existe très peu d’abus dans ce pays.
Au Burkina Faso, je n’ai jamais rien payé, car j’ai la nationalité burkinabè. Mais une fois, j’ai demandé à un policier burkinabè pourquoi ils prenaient de l’argent aux étrangers : il m’a répondu que cette pratique était née au Mali, et qu’ils avaient donc commencé à faire la même chose.
D’une manière générale, j’ai l’impression que c’est au Mali que c’est le pire. Par exemple, lors de mon trajet Bamako-Dakar, nous nous sommes arrêtés à trois postes de contrôle entre Bamako et la frontière sénégalaise, à Kolokani, Diéma et Kayes, gérés par la police et la gendarmerie. Les Maliens n’ont rien payé. Mais les non-Maliens ont payé 2000 francs CFA à chaque poste.
De même, les étrangers qui entrent au Mali paient toujours 2000 francs CFA à la frontière. Je dirais que cela fait une dizaine d’années que cela fonctionne ainsi, et que cette pratique s’est ensuite étendue au Burkina-Faso, au Niger, au Sénégal…"
Notre Observateur n’est pas le premier à dénoncer le racket des forces de l’ordre dans ces pays, notamment au Burkina Faso, comme nous l’avons déjà documenté dans plusieurs articles.
RETOUR D'EXIL DE CHEIKH AHMADOU BAMBA
Le 11 novembre reste une date importante dans l’histoire du Sénégal. C'est un tournant non négligeable dans la lutte contre la domination coloniale et l’asservissement des peuples, finalités de la politique de domination instaurée par les occidentaux
La communauté mouride se souvient du retour triomphal de Cheikh Ahmadou Bamba de son exil au Gabon. En effet, le Cheikh rentra au Sénégal le 11 novembre 1902, après sept ans et sept mois de "déportation".
Le navire « la ville de Maceo » arrivait au port de Dakar le 11 novembre 1902. Des milliers de talibés mourides, s’étaient déplacés pour vivre cet instant unique et mémorable. Cheikh Ahmadou Bamba rentrait, non en tant qu’exilé, mais en tant que conquérant.
Le paquebot à vapeur qui transportait le saint homme, avait à son bord d’autres passagers qui voyageaient en même temps que lui.
On peut lire dans un document de Serigne Mame Mor Mbacké ibn Serigne Mourtalla Mbacké : «Passagers arrivés à Dakar le 11 novembre 1902 par le paquebot ‘Maccio’ allant à bordeaux : M. Roberdeau, Docteur Marchenny, Dr Lagoronniere, Boubou Sock, Mamadou Bamba, Djadie Samare, Moussa Konaté, Souley Bakily, Karine François, 14 tirailleurs et 45 Noirs».
Ce jour, les colons assistaient impuissants aux débordements de joie des mourides et se gardaient bien d’intervenir afin de ne pas violer les consignes de la Métropole.
Certains fonctionnaires étaient outragés, tel l’administrateur Allys, qui dans une correspondance gardée dans les archives nationales, écrivait à son ami Merlin :
«M. François Carpot avait promis aux électeurs le retour d’Ahmadou Bamba. Il a réussi. J’appelle cela un crime, car il ne pouvait ignorer ce qui allait arriver».
Donc le retour du Cheikh était un tournant non négligeable dans la lutte contre la domination coloniale et l’asservissement des peuples, qui étaient les finalités de la politique de domination instaurée par les occidentaux.
Le 11 novembre reste, cependant, une date importante dans l’histoire du Sénégal. Elle retrace l’itinéraire et le parcours mémorable de Cheikh Ahmadou Bamba.
PAR Abdoulaye Cissé
AUDIO
LA GUERRE DES SORTIES DE L'AUTOROUTE À PÉAGE
Quel est l’intérêt d’avoir une autoroute, à péage en plus, si par ailleurs on perd du temps et de l’argent finalement pour rentrer du travail le soir ou juste vaquer à ses occupations ?
La guerre des « sorties » à certains endroits de l’autoroute à péage !
Pendant que Eiffage, la société concessionnaire de l’autoroute, et Ageroute se refilent le bébé, les usagers trinquent dans les bouchons.
C’est simple, à devoir sortir à certains endroits, Keur Massar & Rufisque cap des biches entre autres, on perd le plaisir d’avoir emprunté l’autoroute à péage.
Finalement, on paie pour rester prisonniers des embouteillages
Dans cette chronique Abdoulaye Cissé, vous évoquez la guerre des sorties. .
C’est quand même un peu gonflé de la part de Gérard Sénac patron de Eiffage de la société d’autoroute à péage de nous dire que son ouvrage s’arrête une fois que la barrière se lève à la sortie.
Mais peut-on véritablement parler de sortie quand des milliers d’automobilistes sont pris au piège et en otage tous les jours surtout au niveau des sorties Keur Massar et Rufisque Cap des Biches.
Même après avoir payé le passage au prix fort, l’autoroute refuse de libérer les usagers.
On met plus de temps pour sortir que le trajet en lui-même.
En se défilant et en refilant le bébé à l’agéroute et donc à l’État, le patron de Eiffage fait preuve d’un égoïsme qui n’a de nom que son portefeuille. Les bons points de la concession autoroutière, c’est à dire le fric, pour lui. Et s’il y’a des investissements à faire pour améliorer la qualité de l’utilisation de l’ouvrage, ce n’est pas lui, c’est les autres.
Dire que l’autoroute s’arrête une fois que la barrière se lève est d’une évidence qui crève les yeux. Mais qu’est-ce qu’une autoroute sans les aménagements connexes pour délester le trop plein de voitures sur chaque tronçon.
On est là, dans un jugement moral simplement mais dans la réalité le patron de Eiffage n’a pas tort quand il dit que l’aménagement des routes en ville, des ronds-points qui constituent de véritable goulot d’étranglement pour les milliers d’usagers n’est pas de son ressort mais plutôt de l’Ageroute qu’il invite à la discussion pour trouver une solution.
De discussion dans le langage du chef d’entreprise, c’est juste de savoir qui va payer la facture.
La saturation de l’autoroute à péage pose avec acuité un problème majeur qui est le mal le plus profond de notre société : la planification, ou plutôt l’absence de planification qui frise le manque de vision de nos dirigeants.
Comment n’a-t-on pas prévu les aménagements qui vont avec la concession autoroutière pour une utilisation efficiente de l’infrastructure ?
Quel est l’intérêt d’avoir une autoroute, à péage en plus, si par ailleurs on perd du temps et de l’argent finalement pour rentrer du travail le soir ou juste vaquer à ses occupations ?
Dans un pays ou les chiffres, les statistiques sont corrompus, les études très souvent bidonnées, on a vite dépassé les projections de fréquentations de l’autoroute. Mais on ne l’a jamais dit pour que le citoyen ne sache pas combien on lui pompe du fric et surtout ne pas pouvoir le rapporter à combien M. Eiffage va encaisser dans une concession autoroutière dont le montage à des relents d’un gouffre financier, pour ne pas dire plus.
En matière d’aménagement et de réalisation d’infrastructures modernes, on n’est vraiment pas encore au point.
Ce ne sont certainement pas les ingénieurs et les génies qui manquent. On en a, à suffisance et des meilleurs d’ailleurs. C’est surtout la vision politique qui nous plombe tout.
Le donneur d’ordre a une vision de courte durée, souvent électoraliste pour les ouvrages, souvent taf-taf pour gonfler le bilan pour les échéances électorales.
On a fait la VDN, Voix de Dégagement Nord pour se rendre compte moins de 5 ans après qu’il faudra presque refaire l’essentiel, c’est-à-dire fermer encore à des endroits essentiels, parce que bien évidemment il faut des passerelles, des autoponts pour utiliser le nouveau langage.
La libération des emprises des projets comme le TER ou même l’autoroute à péage engloutissent des milliards parce que très souvent ce ne sont pas que des privés qu’il faut faire partir. Parfois c’est carrément des édifices publics construits avec les mêmes deniers publics.
On va faire le BRT, c’est bien. Mais quand le voile va se lever sur les routes nouvellement inaugurées et dont la construction a pris des années et qu’il va falloir déconstruire pour laisser passer le bus rapide rapide dans sa voie réservée, les populations vont se dire mais Diable que ne savait-on pas en faisant ces projets.
Eiffage, Ageroute, État du Sénégal, tous coupables !
Une seule victime : les contribuables sénégalais dont les impôts financent pourtant le développement.
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JE N'AI JAMAIS CRU EN LA PAROLE DE MACKY
EXCLUSIF SENEPLUS - Mody Niang évoque sa déception concernant la gouvernance du pays, des indépendances à l'actuel régime dont le chef n'a, regrette-il, jamais respecté ses engagements vis-à-vis du peuple
Au moment ou le débat sur un éventuel troisième mandat est sur toutes les lèvres, Mody Niang exprime sa déception sur la manière dont le pays a été gouverné depuis l'indépendance à nos jours.
''De Senghor en passant par les présidents Abdou Diouf et Macky Sall, vous savez aussi bien comment nos différents présidents ont gouverné ce pays. Personnellement, ils m'ont tous déçu même si j'avoue qu'avec Wade, je nourrissais l'espoir d'un changement dans les politiques de l'Etat. Je ne vais même pas m'attarder sur Macky Sall parce que c'est une personne qui n'a jamais respecté ses engagements vis-à-vis du peuple'', a-t-il regretté, ajoutant que le chef de l'État '' n'a même pas de respect pour sa propre parole.''
«JE SUIS CONTENT QUE LA NBA APPRECIE MES ACTIONS HUMANITAIRES»
L’implication de Gorgui Sy Dieng en faveur des couches défavorisées a été récompensée aux Etats-Unis où il a reçu vendredi le prix NBA Cares Community Assist décerné par Kaiser Permanente.
L’implication de Gorgui Sy Dieng en faveur des couches défavorisées a été récompensée aux Etats-Unis où il a reçu vendredi le prix NBA Cares Community Assist décerné par Kaiser Permanente. Le basketteur international sénégalais des Timberwolves du Minnesota a manifesté avec modestie cette distinction et a réaffirmé son engagement à poursuivre ses œuvres.
Ses multiples actions humanitaires au Sénégal sont reconnues loin de son pays natal. Gorgui Sy Dieng a gagné l’estime de la NBA qui n’a pas hésité à lui attribuer le prix NBS Cares Community Assist. Cela traduit la reconnaissance de ses actions humanitaires, à travers sa Fondation, en partenariat avec MATTER. Le Sénégalais qui a magnifié le geste soutient qu’il n’a jamais attendu quelque chose en retour. «C’est génial ! Je n’ai jamais cherché à avoir cela en retour, mais j’apprécie le geste. Je suis content que les gens de la NBA apprécient mes actions humanitaires que nous faisons au Sénégal. C’est encourageant en tout cas et je suis très reconnaissant d’avoir reçu ce prix », a lancé Gorgui Sy Dieng aux médias américains, après avoir reçu le prix.
En plus de son Kébémer natal, le basketteur s’est beaucoup impliqué ces dernières années, avec des dons en équipements et fournitures médicales. Il a également touché le domaine de l’agriculture, avec la création de fermes. « Je viens d’une culture différente. La vie est différente là d’où je viens. Moi, j’ai tout ici. Quand je suis malade, je reçois les meilleurs soins, mais là-bas au bercail, ce n’est pas le cas. Tout le monde n’a pas les moyens de se payer une vie comme la mienne. Et si j’ai l’opportunité d’apporter mon appui à ces personnes, ce sera avec grand honneur et plaisir. J’aime aider les gens, j’aime faire des actions caritatives et j’y pense pour l’avenir», a indiqué la star sénégalaise des Wolves.
Connu pour sa modestie, Gorgui Sy Dioeng a préféré jouer collectif. Selon lui, cette distinction est le fruit d’un travail de toute une équipe. « Ce n’est pas quelque chose que je fais personnellement. Il y’a toute une équipe derrière moi. Il y a ma fondation au Sénégal et elle se tue pour rendre le vécu des démunis meilleur. Il y a tout un groupe de gens. Il y a l’équipe présente au Sénégal qui effectue un travail colossal, mais il y a aussi MATTER qui est présent ici aux Etats-Unis et qui est présent avec moi dans ces actions depuis le premier jour», a fait savoir le pivot des Lions.
A 29 ans, Gorgui Sy Dieng fait le bonheur des Timberwolves du Minnesota. Même s’il n’envisage pas encore la retraite, il pense déjà trouver sa reconversion. «Quand j’aurai fini avec le basketball, je souhaite continuer dans ces œuvres. Et si on doit voir cela comme un héritage, pourquoi pas ? Tout le monde voudrait laisser quelque chose de grandiose comme héritage. Et moi j’aime aider les gens, rendre leur vie meilleure et plus facile », a ajouté celui qui est chez les Wolves depuis la saison 2013-2014.
Par Samuel SENE
POLITIQUE VICIEUSE, POLITICIENS VEREUX !
Une Afrique infiltrée et durement frappée par le terrorisme que les forces de Mbakane et du G5 Sahel n’arrivent pas à vaincre. C’est cette Afrique qui se perd dans des disputes de troisième mandat
Le président Wade, si friand de micros et de cameras, se sentait, malgré le succès de sa médiation à Madagascar, injustement mal aimé et malhonnêtement méprisé et dédaigné par Hosni Mubarak et Olusegun Abasanjo. Ces derniers, sans doute forts de leur puissance économique et démographique, ne se gênaient pas de le minimiser et de banaliser son succès diplomatique à Antanarivo, comme pour insinuer que le Sénégal ne faisait guère le poids en Afrique.
Ayant pris son mal en patience, Wade mit à profit un des sommets de l’Union Africaine (UA) pour, d’abord leur rappeler avec force, mais avec un plaisir non dissimulé, qu’il avait, à son actif 26 ans d’opposition, avant de devenir, grâce à la maturité du peuple Sénégalais et à la vitalité de sa démocratie (du moins au moment où il tenait ces propos), le président le mieux élu d’Afrique. Et comme si ce rappel ne suffisait pas, il les accusa ensuite de manière cinglante, d’être tous arrivés au pouvoir par voie non démocratique, le plus souvent, par un coup d’Etat et de s’y maintenir machiavéliquement soit par le tripatouillage de leur constitution soit par le trucage de leurs élections.
Cette mise au point eut pour effet, non seulement de le conforter dans ses convictions de président-donneur de leçons et de le légitimer comme meilleur porte-parole de l’Afrique, mais aussi de lui faire gagner l’estime et le respect des autres chefs d’Etats et de gouvernements du monde. Ce même Wade, au début si prompt à donner des leçons, en dépit de sa posture et de sa carrure fièrement affichée, tomba malheureusement bien bas plus tard, trempé et englué dans les travers qu’il reprochait sévèrement à ses pairs. Inconcevable ! Incompréhensible ! O quel dommage ! Et surtout quel dérapage ! Occasion ne pouvait alors être mieux rêvée pour Obasanjo Olusegun, dont le cours magistral de Wade à Addis Abeba en démocratie, résonnait encore tout fraichement, comme un éternel rappel ou un appel opportuniste dans ses fines oreilles, à se positionner, sans doute accidentellement, en médiateur entre Wade et son opposition, pour certainement lui reprendre, avec plaisir et fierté, son costume, sa posture et sa carrure de démocrate attitré perdu. On eût dit l’arroseur arrosé.
Ragaillardi par la noblesse de sa mission de médiation, Obasanjo effectua un voyage très médiatisé à Dakar où, la jeunesse sénégalaise, par des pancartes, lui demanda tout simplement de rentrer chez lui, car se sentant suffisamment mûre et responsable pour, le moment venu, régler par les urnes le cas Wade, devenu si tristement inquiétant et si dangereusement préoccupant pour la sauvegarde des avancées démocratiques sénégalaises.
L’histoire controversée du troisième mandat semble donc inlassablement se répéter en Afrique. Elle reste intimement liée à la succession du président sortant. Une longue histoire où, le président sortant se retrouve coincé entre le marteau du troisième mandat et l’enclume de sa succession. Elle réapparait tout le temps comme un lugubre fantôme qui poursuit, pourchasse et pourfend la longue et périlleuse marche démocratique de l’Afrique. Une marche tantôt couronnée de succès éphémères mais jalonnée de plus de morts et de blessés qui finissent si souvent invalides, handicapés à vie. Elle devient une crise mortifère à répétition, un cycle infernal. Elle occasionne des marches de protestation, le plus souvent non autorisées, et donc ensanglantées. Elle donne aussi lieu à des marches de soutien, savamment orchestrées et encadrées par le parti au pouvoir, à la seule différence que les marcheurs-partisans sont transportés, rémunérés et non moins, instrumentalisés avec l’argent du contribuable. Chaque camp évalue sa marche en termes de démonstration de force et croit avoir le soutien des masses populaires. Le troisième mandat n’engendre que stress pour les populations. Il devient leur casse-tête. C’est dire que par sa récurrence phénoménale, le troisième mandat est devenu un problème continental de santé publique d’ampleur épidémique. Il est même devenu une maladie à la fois héréditaire et contagieuse. Une redoutable tumeur cancéreuse nécessitant une intervention chirurgicale urgente. Elle ouvre la voie à toute sorte de rhétoriques incendiaires/guerrières, d’inepties, d’idioties et de folies.
Tout ceci est révélateur d’un malaise profond, un mal-être symptomatique d’une hypocrisie institutionnelle, d’une fausseté citoyenne, d’une corruption généralisée et d’une profonde crise des valeurs, favorisée par un déclin confessionnel et relationnel.
Pauvre Afrique ! Une Afrique infiltrée et durement frappée par le terrorisme que les forces de Mbakane et du G5 Sahel n’arrivent pas à vaincre. Une Afrique dont les armées sont toutes incapables d’assurer l’intégrité des territoires et la souveraineté des Etats. C’est cette Afrique qui ne comprend pas que les priorités sont ailleurs (que dans cette machination perfidement préparée que constitue la compagne électorale permanente) et qui se perd dans des disputes de troisième mandat. Pathétique ! En plus des marches lassantes, harassantes et enquiquinantes, les colonnes des journaux sont prises d’assaut par des partisans véreux du troisième mandat. Leur fallacieux argumentaire est contredit, déconstruit par des pourfendeurs du mandat jugé de trop. Les studios de radio, les plateaux de télévision et les tribunes politiques sont de plus en plus envahis par de mauvais orateurs, des débatteurs invétérés et sans valeurs mais qui, au contraire, ne véhiculent que des contre-valeurs qu’ils ensemencent inconsciemment dans le subconscient des enfants et des jeunes, sans épargner les adultes.
Ces bouillants débatteurs sans foi ni loi, qui ne disent que des insanités et qui n’ont que l’injure et l’invective à la bouche, sont plus valorisés par le pouvoir qui les offre hélas, en exemples en leur donnant des postes de responsabilité juteux et attrayants. Cette pratique est manifestement aux antipodes de sa volonté de bâtir, de modeler, de forger, de former et de façonner un nouvel Homo Senegalensis. Un nouvel Homme Sénégalais de ruptures. Des ruptures salvatrices et non moins salvifiques. Il s’y ajoute, que son objectif d’éduquer au civisme et à la citoyenneté, se retrouve dès lors, parasité/gangréné par un projet de vie et de société, déjà fortement entaché de souillures et de salissures. Pire, ce projet de société mort-né est très maladroitement mis en œuvre, car conduit par des criminels et des montres froids, dans toute leur splendeur horrible. Voilà pourquoi, le président Bissau Guinéen, resté au pouvoir à la faveur d’un arrangement de la CDEAO, défie et nargue l’organisation sous-régionale. Il vient, contre toute attente, de nommer un nouveau premier ministre qui a formé une nouvelle équipe gouvernementale.
Avec son conseil de défense tenu au lendemain du passage des émissaires de la CDEAO, il prend de court, ses homologues ouest-africains et affiche sa forte détermination contre un engagement qu’il avait pourtant pris avec leur machiavélique médiation-bénédiction. Du coup, les risques d’affrontements entre les deux équipes gouvernementales (l’ancienne, d’Aristides Gomes, qui a le soutien du PAIGC, de la CDEAO et de la communauté internationale et la nouvelle (de Faustno Fudut Imbali), jugée illégale et illégitime, mais créée sur fond d’accusation d’ingérence étrangère) sont réels. Triste de voir ce changement-revirement opportuniste, uniquement favorisé par le manque d’exemplarité et les sombres velléités de ses pairs qui prétendent le conseiller mais qui, hélas, cachent mal leur volonté à briguer illégalement un troisième mandat. Ceux qui sont restés le plus longtemps au pouvoir sont certainement ceux qui ont moins rendu de services utiles et durables à leur peuple. Pour preuve, il n’a suffit que d’un seul mandat à Nelson Mandela pour donner à toute la communauté internationale, une belle leçon sur l’efficacité d’un règne éphémère: construire une nation Arc-en-ciel et réconcilier son peuple. La valeur d’un règne présidentiel n’est pas lié à sa durée, surtout pas à l’usure du pouvoir. Quelle sobriété ! Quelle simplicité ! Quel charme ! Quel génie ! Heureusement que c’est possible en Afrique, serait-on tenté de s’exclamer !
Mais encore faudrait-il que les africains prissent exemple sur Madiba et manifestassent plus brillamment et plus régulièrement ce coup de génie. Ce qui est loin d’être présentement le cas dans la partie occidentale du continent où, Jose Mario Vaz accuse ses homologues d’ingérence étrangère, dans la mesure où, ils trainent tous des casseroles et s’inscrivent déjà dans l’illégalité à travers leur funeste entêtement à un troisième ou à un quatrième mandat. O pouvoir quand tu nous tiens ! O appareil d’Etat quand tu nous prends en otages ! N’est-ce pas Gnassingbé, Issoufou, Ouatara, Condé et Sall ?
Dopés par l’odeur enivrante de l’argent et drogués par la saveur addictive du pouvoir, ils ne comptent pas quitter. Pas même pour respecter leur constitution, banalement devenue un linge qu’on peut salir et laver à sa guise ; pour ensuite l’enfiler à nouveau. Leur prestation de serment n’aura donc été qu’un cirque, une séance de prestidigitation, une arnaque, un coup de Jarnac pour endormir leur peuple du sommeil de la mort et pour mieux l’exploiter. Quelle bande de chefs d’Etat ! Quel club d’amis ! Une amitié de façade qui ne repose que sur leurs intérêts partisans et leur cynique obstination à conserver le pouvoir. Une amitié transnationale qui anime dans leur pays respectif un débat politico-juridique alimenté par des sbires et thuriféraires, des troubadours et des laudateurs.
Des pourfendeurs de la démocratie qui, sans pudeur, se déshabillent verbalement et parlent de leur président de manière dithyrambique et panégyrique. Un débat entretenu par des politiciens de métier qui, conscients de leur manque de qualifications professionnelles, ne se préoccupent guère des menaces protéiformes des Djihadistes et narcotrafiquants qui lorgnent les ports de Conakry, d’Abidjan, de Dakar, d’Accra, de Lomé, de Nouakchott dans leur diabolique projet de ceinturer cette bande sahélienne. Ils sont aux aguets comme des serpents sous l’herbe, prêts à mordre et à inoculer leur venin mortel pour s’emparer des ressources des pays de la sousrégion. Sait-on combien la tentation est grande, au sein des communautés de cette sous-région marquées par la pauvreté, de tomber sous le charme des sirènes intégristes ? En a-t-on pris conscience ?
Pourquoi tomberait-on quasi volontairement dans ce guet-apens ? La Guinée Bissau se signale comme une piqure de rappel. Elle se remet au goût du jour pour aviser et avertir que quand elle s’enrhume, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui tousse ! Comment faire accepter à Jose Mario Vaz, le respect de sa constitution et de ses institutions, alors que, ceux chargés d’assurer la médiation entre lui et son opposition, bafouent, tripatouillent leur constitution et envisagent tous de briguer un troisième ou quatrième mandat ? Voilà tout le sens de la tragi-comédie de nos politiciens dont le dessein inavoué est d’asseoir une dictature clanique masquée par un sombre vernis démocratique. Quel cynisme ! Quelle honte ! Sont-ils conscients que leur boulimie du pouvoir est une des principales causes de l’immigration clandestine qui voit hélas, chaque année, des milliers d’africains dévorés par les requins ou engloutis dans l’immense et insatiable cimetière marin ?
C’est dommage qu’ils ne s’en indignent pas et feignent même de ne pas s’en rendre compte. Des dirigeants qui donnent malheureusement raison à Donald Trump, ce déséquilibré mental qui, dans un moment de lucidité retrouvée, les nargue, arguant que l’Afrique n’était pas encore prête à l’indépendance. Depuis les indépendances jusqu’à aujourd’hui, nos dirigeants ne se comportent-ils pas pire que les esclavagistes, les négriers et les néocolons?
Si pendant l’esclavage, les africains étaient entassés comme des boites de sardine en bateaux, et contraints d’aller en Europe et aux Amériques, aujourd’hui c’est le manque d’humanisme, de vision et de projet de société de leurs dirigeants qui les oblige désespérément à tenter l’immigration clandestine, au péril de leur vie. Voilà un continent qui, malgré plus de quatre siècles d’esclavage et de colonisation, demeure toujours immensément riche de son sol et sous-sol, mais dont le développement est plombé par la cupidité pernicieuse, la nullité prétentieuse, le manque d’humanisme et de vision de ses dirigeants. Le cœur meurtri, l’âme en lambeaux, on revoit les images des jeunes africains qui se précipitent, pour enjamber et escalader les barbelées du détroit de Gibraltar pour réaliser leur d’entrer à tout prix en Espagne. Mais que faire quand ils se sentent chez eux, comme des laissés pour compte, des moins-que-rien, des étrangers, des exilés ou des apatrides dans leur mère-patrie ?
Des dirigeants experts en spoliation des ressources et en enrichissement illicite éclair, les forcent à ne trouver d’issue que dans ce slogan si téméraire et suicidaire: « Barça ou Barsaq » ! Des dirigeants incapables de gérer leurs besoins fondamentaux. Des dirigeants qui, d’une monstruosité génocidaire, ne pensent qu’à la prochaine élection, jamais à la prochaine génération. Comme si les élections devraient inévitablement être des moments de confrontations fratricides et de contestations socio-politico-fatales. Ne devraientelles pas, au contraire, constituer de joyeux moments de célébration de la citoyenneté responsable et de consécration de la maturité démocratique des peuples? Comment se mettre dans la perspective du futur souhaitable pour les africains, en particulier des jeunes et des femmes? Comment jeter les bases de la germination et de la maturation durable de nouvelles certitudes porteuses de quiétude et de sérénité? Comment sur la base d’un renouveau éthique, asseoir les solides fondations d’une nouvelle conscience citoyenne, piliers de la reconstruction des espoirs et des espérances perdus? Comment fédérer et libérer les énergies des jeunesses africaines, du Caire au Cap et de Dakar à Djibouti pour, dans une marche/démarche irréversible vers le progrès et le développement, mettre tout le continent en mouvement? Comment ne plus continuer à donner raison à Seydou Aka Koné (Alpha Blondy) quand il fait ironiquement danser les jeunesses africaines à travers ces paroles tristes, prémonitoires mais pleines de sagesse : « les ennemis de l’Afrique ce sont les africains » ? Ou faut-il juste se consoler de châtier les mœurs (politiques) en riant ?
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REVUE DE PRESSE ZIKFM
L'essentiel de l'actualité de ce Lundi 11 novembre avec El Hadji Ahmed Aidara
La polémique autour de l’acquisition d’immeubles devant abriter l’ambassade et le Consulat du Sénégal en Italie est loin de connaitre son épilogue. «L’As» remet une couche et brandit une lettre adressée par l’ambassadeur Saliou Diouf aux autorités étatiques, dans laquelle, il demande l’autorisation. Visiblement, il n’était pas au courant la procédure déjà enclenchée par le Consul général de Milan.
Le quotidien «Source A» avait révélé le scandale autour de l’acquisition d’un immeuble par le Consul de Milan dans des conditions assez particulières où Mme Touré a engagé le Sénégal dans une location-vente, avec remise des payements des arriérés portant sur plusieurs millions d’euro. Les négociations, le contrat et les procédures d’achat menés par Rokhaya Ba Touré ont abouti à la signature de l’accord de financement immobilier d’un montant d’un million trois cent mille (1 300 000) euros.
Ainsi acquis, l’immeuble deviendrait de facto une propriété de l’Etat à l’étranger. Pour justifier cette forfaiture, la dame avait brandi une lettre de Birima Mangara datant de septembre 2018 qu’elle a interprétée à sa guise. Or, cette lettre de M. Mangara est une réponse à celle que lui avait adressée Me Sidiki Kaba, alors chef de la diplomatie sénégalaise.
Dans sa missive, le ministre du Budget d’alors rappelle à son collègue des Affaires Etrangères les principes et conditions devant conduire à une telle opération. «Comme suite à votre lettre par laquelle vous formulez une demande d’autorisation d’acquérir deux (2) immeubles destinés à abriter respectivement le siège de la chancellerie à Rome et un consulat général, j’autorise vos services compétents, chacun en ce qui le concerne, à engager les procédures subséquentes, en rapport avec ceux centraux, ceux du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur», écrit-il. Mieux, Birima Mangara insiste auprès de Me Sidiki Kaba, lui demandant «de bien vouloir veiller sur les conditions substantielles de l’acquisition autour de deux grands accords. Le financement bancaire et le payement de la facilité sous la modalité que chaque échéance corresponde au loyer mensuel tiré des crédits budgétaires alloués par la loi des finances».
C’est donc tout logiquement que l’Agent comptable a refusé de payer l’immeuble acheté par le Consul général qui n’a pas respecté les directives de l’ancien ministre du Budget. Que s’est-il passé ? Y a t-il deal ou le Consul a-t-il agi sans l’aval de l’ambassadeur Saliou Diouf et des services centraux du ministères des Affaires étrangères ? Si «L’As» pose la question, c’est qu’il a parcouru une lettre datant du mois de Mai dernier dans laquelle l’ambassadeur Mamadou Saliou Diouf faisait part d’un projet d’achat d’un immeuble pour abriter le consulat à Milan et l’ambassade à Rome. Et cela, peu avant son départ à la retraite et son remplacement par l’ancien ministre Papa Abdoulaye Seck.
Dans cette correspondance, le chef de la mission diplomatique parlait d’un accord obtenu avec la banque Itsa pour la chancellerie à Sao Paolo pour un coût de 6 millions d’euros. Pour le cas du Consulat, il avait misé sur un immeuble d’un coût de trois millions d’euros. Le propriétaire identifié est un certain Monsieur Tronca qui a donné son accord de principe pour le céder au Sénégal. Seulement, Diouf ne savait, sans doute, pas que le patrimoine foncier à l’étranger n’était pas géré par l’Agence du patrimoine bâti de l’Etat, mais plutôt par une commission de contrôle et de suivi du Patrimoine immobilier de l’Etat à l’étranger dirigée par un Inspecteur général d’Etat, nommé par décret présidentiel. Elle est placée sous la tutelle du Secrétaire général de la Présidence de la République et composée d’un Ige, du Directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage) du ministère des Affaires étrangères, de l’architecte du Palais, du Directeur des Domaines, du Directeur du Cadastre et du conseiller du ministre de l’Economie et des finances chargé des questions domaniales.
A peine Saliou Diouf est-il parti à la retraite et remplacé par Abdoulaye Seck, le Consul général de Milan a passé l’accord dans des conditions encore non élucidées. L’audit demandé par le chef de l’Etat devrait clarifier cette affaire qui exhale un parfum de scandale