Au Sénégal, la Toussaint se prépare depuis une semaine, mais ce sont moins les chrétiens que les musulmans qui s’activent en prévision des célébrations de ce vendredi 1er novembre. Dans ce pays où moins de 5 % de la population est chrétienne, la Toussaint est avant tout l’opportunité de gagner quelques billets pour de nombreux jeunes rompus au monde de l’informel et des petits boulots.
Jeudi, ils étaient une trentaine à circuler dans les allées de Bel-Air, le plus vieux cimetière chrétien de Dakar, à l’entrée d’une zone industrielle. « Demain sera le meilleur jour de l’année », glisse Lamine en frottant ses mains terreuses contre son tee-shirt découpé dans un drapeau sénégalais. Il sait que les riches familles chrétiennes vont se recueillir auprès de leurs défunts. Et il est impensable que la tombe des ancêtres soit plus sale que celle de leurs voisins, c’est une question de rang. « C’est mieux de travailler dans les cimetières chrétiens, parce qu’ils ont des tombes avec du carrelage, de la pierre et parfois même du marbre ! Il y a de quoi nettoyer, alors que les tombes musulmanes, c’est souvent dans le sable », poursuit le jeune homme.
Pour 5 000 francs CFA (7,60 euros), Lamine et ses collègues frottent la dalle à la brosse, ripolinent au chiffon et lavent même à grande eau quand la terre s’est incrustée. Pour quelques francs CFA supplémentaires, Lamine ouvre même son pot de peinture pour repasser les noms et les dates en noir. « On fait ça propre, sourit-il. Mieux que les techniciens du cimetière, qui demandent 15 000 francs CFA par mois pour frotter deux fois. »
« Il y a de la place pour tout le monde »
Face à la demande qui explose en cette période de Toussaint, les techniciens sont bien obligés d’ouvrir les grilles aux nettoyeurs occasionnels comme Lamine, en sachant qu’ils repartiront une fois la fête des morts passée.
Ousmane est l’un d’entre eux. « Il y a beaucoup de morts et de la place pour tout le monde », lance-t-il, zigzaguant entre les stèles, un bidon d’eau et des fleurs en plastique entre les mains. « Des gens viennent du monde entier pour déposer des fleurs et nettoyer les tombes à la Toussaint, souffle-t-il. Ici, beaucoup d’étrangers sont enterrés : des Français, des Italiens, des Suisses, des Anglais, des Vietnamiens… Nous avons même des soldats morts en 14-18. »
A Dakar, la Toussaint est aussi une aubaine pour les vendeuses de fleurs qui s’alignent devant les grilles. Ngone Ndiaye, musulmane comme ses consœurs, vend des tulipes des Pays-Bas et des œillets d’Inde. Mais ce qui marche le mieux, ce sont les fleurs en plastique, plus durables sous les chaleurs sahéliennes. Elle s’attend à l’affluence du vendredi et donne son numéro à la volée pour les grosses commandes.
Le vent de sable vient de se lever. Une fine poussière recouvre les tombes. « Ça nous donnera plus de travail, si Dieu le veut », lance Lamine, qui compte bien profiter à fond de la Toussaint car dès samedi, il devra chercher un autre job. Peut-être machiniste ou repartir dans les mines de nickel en Côte d’Ivoire. « Je me laisserai quelques semaines pour trouver », assure-t-il. En attendant, cette Toussaint s’annonce très bonne pour les affaires.
ZOOM SUR LES CINQ AFRICAINS NOMMÉS AU BALLON D'OR 2019
L’Afrique, le deuxième continent le plus représenté sur la liste avec cinq joueurs, à égalité avec l’Amérique du Sud et derrière l’Europe qui en compte dix-neuf, a de fortes chances de voir ses fils se distinguer
L’Afrique, le deuxième continent le plus représenté sur la liste du Ballon d’Or 2019 France Football avec cinq joueurs, à égalité avec l’Amérique du Sud et derrière l’Europe qui en compte dix-neuf, a de fortes chances de voir ses fils se distinguer.
Sadio Mané, classé 23e en 2017 puis 22e en 2018 au ranking du Ballon d’Or, s’est affirmé cette saison comme un sérieux prétendant au Saint Graal. L’attaquant de Liverpool (Angleterre) a terminé co-meilleur buteur de Premier League avec 22 réalisations. Toutefois, cette performance de haute volée n’a pas suffi au bonheur des Reds coiffés au poteau par l’insubmersible Manchester City.
Le Sénégalais de 27 ans a brillé sur la scène européenne avec le club de la Mersey en remportant la Ligue des Champions et la Supercoupe. En effet, Sadio Mané (1m75 pour 69 kg) a provoqué un pénalty contre Tottenham dès les premiers instants de la finale de la C1. En Supercoupe, la précision létale du Lion, auteur d’un doublé, a perdu les Blues (2-2, TAB 5-4).
En outre, le joueur poli à l’Académie Génération Foot a conduit l’équipe nationale du Sénégal jusqu’en finale de la Coupe d’Afrique des Nations (défaite devant l’Algérie, 1-0). Même s’il a loupé deux penalties dans la compétition (contre le Kenya et l’Ouganda), le déroutant ailier a été efficace dans les matchs couperets.
En huitièmes de finale face aux Cranes, c’est Mané (66 sélections, 19 buts) qui a inscrit l’unique pion de la partie et en quarts, contre le Bénin, il a distillé un caviar à Idrissa Gana Guèye pour le but de la victoire. Au final, le natif de Sédhiou (sud) a trouvé le chemin des filets à trois reprises. C’est dire qu’il a performé sous les ordres d’Aliou Cissé.
Mohamed Salah, sociétaire de Liverpool, convoite aussi le Ballon d’Or. L’enfant de Bassioun El Gharbia fait partie des 30 nommés pour la deuxième saison de suite. Mais le gaucher, co-meilleur artificier du championnat d’élite anglais et buteur en finale de la Champion’s League, n’a pu sauver l’Egypte à la Can. Chez eux, les Pharaons ont buté sur l’Afrique du Sud en huitièmes de finale (0-1). Sixième au classement du Ballon d’Or 2018, Salah (1m75 pour 70 kg) a été vertement critiqué dans son pays après avoir été porté en triomphe lors de la qualification historique au Mondial russe.
Pierre-Emerick Aubameyang, pour sa première saison complète avec Arsenal, a confirmé son talent de finisseur. Meilleur goleador de la Bundesliga (Allemagne) en 2017 avec le Borussia Dortmund, l’international gabonais de 30 ans a récidivé au pays de Sa Majesté. Absent dans le classement du B.O de l’année passée, le Gunner a terminé 11e en 2016 et 21e en 2017.
De son côté, Riyad Mahrez a conservé son titre de Champion d’Angleterre avec Manchester City. Mieux, l’attaquant a offert à l'Algérie une seconde Can après celle gagnée à domicile en 1990. Le capitaine des Fennecs a été un élément clé du dispositif tactique mis en place par le sélectionneur Djamel Belmadi. Sur un coup franc magistral dans les arrêts de jeu de la demi-finale contre le Nigeria (2-1), Mahrez a mis sur orbite sa sélection. En 2016, l’année du titre avec Leicester, le footballeur âgé de 28 ans était le septième meilleur joueur du monde selon France Football.
Le cinquième et dernier Africain nommé au Ballon d’Or n’est autre que Kalidou Koulibaly. Au poste de défenseur central, le colosse sénégalais (1m87 pour 89 kg) est l’un des plus coriaces de la planète. Sous la tunique de Naples (Italie), KK a été désigné meilleur défenseur du Calcio à l’issue de la saison précédente par la Ligue de football italienne. La première nomination au Ballon d’Or du natif de Saint-Dié-des-Vosges (France) fait de lui le second joueur de l’histoire du Napoli à s’inviter dans la liste des nommés après le Belge Dries Mertens en 2017.
Le jury du Ballon d’Or France Football est composé de 180 journalistes sportifs de 180 pays différents. C’est le 2 décembre prochain, au cours d’une soirée animée par l’ancien international ivoirien Didier Drogba au théâtre du Châtelet (Paris, France), que sera connu le successeur de Luka Modrić. Pour la première fois depuis 1995, année de l’instauration de la liste des nommés, le tenant du titre y est absent.
Liste des 30 nommés pour le Ballon d’Or :
Gardiens (3) : Hugo Lloris (Tottenham, France), Marc-André Ter Stegen (FC Barcelone, Allemagne) et Alisson Becker (FC Liverpool, Brésil).
Défenseurs (5) : Trent Alexander-Arnold (FC Liverpool, Angleterre), Matthijs De Ligt (Juventus, Pays-Bas), Virgil Van Dijk (FC Liverpool, Pays-Bas), Kalidou Koulibaly (Naples, Sénégal) et Marquinhos (Paris Saint-Germain, Brésil).
Milieux (4) : Frenkie De Jong (FC Barcelone, Pays-Bas), Donny Van De Beek (Ajax Amsterdam, Pays-Bas), Georgino Wijnaldum (FC Liverpool, Pays-Bas) et Kevin De Bruyne (Manchester City, Belgique).
Attaquants (18) : Sadio Mané (Liverpool, Sénégal), Sergio Agüero (Manchester City, Argentine), Dusan Tadic (Ajax Amsterdam, Serbie), Kylian Mbappé (Paris Saint-Germain, France), Pierre-Emerick Aubameyang (Arsenal, Gabon), Cristiano Ronaldo (Juventus, Portugal), Karim Benzema (Real Madrid, France), Heung-Min Son (Tottenham, Corée du Sud), Robert Lewandowski (Bayern Munich, Pologne), Roberto Firmino (FC Liverpool, Brésil), Bernardo Silva (Manchester City, Portugal), Lionel Messi (FC Barcelone, Argentine), Riyad Mahrez (Manchester City, Algérie), Antoine Griezmann (FC Barcelone, France), Mohamed Salah (FC Liverpool, Egypte), Eden Hazard (Real Madrid, Belgique), Raheem Sterling (Manchester City, Angleterre) et João Félix (Atletico Madrid, Portugal).
PRÉSENTATION DU PLAN D’INVESTISSEMENT EXTÉRIEUR DE L’UE AU SÉNÉGAL, MARDI
La délégation de l’Union européenne (UE) au Sénégal organise mardi à Dakar un atelier de présentation du Plan d’investissement extérieur de l’institution au secteur privé sénégalais
Dakar, 1er nov (APS) - La délégation de l’Union européenne (UE) au Sénégal organise mardi à Dakar un atelier de présentation du Plan d’investissement extérieur de l’institution au secteur privé sénégalais, a appris l’APS.
Selon un communique, cette rencontre, prévue à partir de 9 heures, au Terrou-Bi, se déroulera en présence d’Irène Mingasson, ambassadrice de l’Union européenne (UE) au Sénégal, et du ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott.
"Dans une économie mondialisée, il est important de renforcer la compétitivité du secteur privé et stimuler l’investissement pour créer des emplois. Cette vision sous-tend les orientations politiques actuelles de l’UE en faveur de l’emploi, de la croissance durable et de l’investissement", indique le communiqué.
Aussi le plan d’investissement extérieur de l’UE a pour objectif d’encourager l’investissement dans les pays partenaires de l’Afrique y compris le Sénégal.
"Il (le plan) promouvra une croissance inclusive, la création d’emplois, le développement durable et s’attaquera ainsi à certaines des causes profondes de la migration irrégulière", ajoute la même source.
Elle note que "c’est également dans cet esprit que se déploie la nouvelle +Alliance Afrique-Europe pour des investissements et des emplois durables+ lancée par l’UE en septembre 2018".
Selon le communiqué, le Plan d’investissement extérieur créera les conditions d’une participation plus durable du secteur privé, renforcera les investissements dans les infrastructures et les énergies renouvelables, et soutiendra le développement économique durable et inclusif au profit de la population.
L’UE a ciblé le secteur privé, les investisseurs pour la présentation du Plan d’investissement extérieur au Sénégal car elle juge leur participation essentielle à l’opérationnalisation de cette initiative.
"Il est important d’avoir un dialogue public-privé qui soit dynamique, car le secteur privé est le mieux placé pour comprendre quelles sont les contraintes à l’investissement", souligne le communiqué.
LA MENDICITÉ DES ENFANTS AU MENU DE JOURNÉES SCIENTIFIQUES SUR L’ÉDUCATION AU GAMOU DE TIVAOUANE
Des rencontres scientifiques sont prévues les 6 et 7 novembre prochains sur la problématique de l’éducation
Tivaouane, 1er nov (APS) - La mendicité des enfants sera au menu de rencontres scientifiques prévues les 6 et 7 novembre prochains dans le cadre de l’édition 2019 du Gamou de Tivaouane, a annoncé Abdoul Hamid Sy, responsable de la communication de cette initiative dédiée à l’éducation au Sénégal.
Des rencontres scientifiques sont prévues les 6 et 7 novembre prochains à Tivaouane sur la problématique de l’éducation au Sénégal, a-t-il dit jeudi lors d’un point de presse.
Abdoul Hamid Sy, cette réflexion se veut "une contribution de la zawiyya tijaniyya pour ne plus voir dans nos quartiers cette image hideuse d’une enfance maltraitée, écharnée et souvent exploitée au nom d’un savoir hypothétique parce que déjà hypothéquée".
Une manière a-t-il dit d’"oser poser le problème" pour lui trouver une solution.
L’édition 2019 du Maouloud de Tivaounane sera précisément célébrée dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 novembre, a-t-il affirmé.
Elle sera marquée par des "messages forts émanant du khalife général des tidianes Serigne Babacar Sy Mansour à l’adresse de la oumma islamique, du Sénégal et d’ailleurs sur l’état de notre religion, celle du monde avec ses multiples convulsions".
Au menu de son adresse, des mises en garde contre les antivaleurs, des recommandations et orientations à l’égard des disciples tidjanes, tout comme des conseils aux gouvernants dans "un contexte de crise multiforme".
Le Gamou sera aussi le moment de "revisiter le patrimoine culturel et intellectuel de la tijaniyya à travers les enseignements de El Hadji Malick Sy".
Il a aussi évoqué les "Burd populaires", qui constituent selon lui l’innovation de cette année, pour restituer l’œuvre de Bouseyri aux "couches les plus fidèles" à travers le Sénégal et dans la diaspora tidiane sénégalaise.
Un forum de la jeunesse organisé par la commission jeunesse du Comité au service du Khalife Ababacar Sy (COSKAS), un spectacle sons et lumières, figurent également à l’agenda du Gamou.
LE MFDC BAT DE L'AILE
Avec la perte d'une de ses principales figures, abattue par des inconnus le 27 octobre dans le sud, le mouvement rebelle casamançais, déjà affaibli, n’est plus que l’ombre de lui-même
Franceinfo Afrique |
Martin Mateso |
Publication 01/11/2019
"Ils sont arrivés à bord d'une moto. Ils ont tiré sur lui et il est mort." L' armée sénégalaise a bien confirmé la mort d’Abdou Elinkine Diatta, survenue le 27 octobre à Mlomp, à une quarantaine de kilomètres de Ziguinchor, dans le sud du pays, mais l’identité des assaillants reste inconnue. Ancien porte-parole du MFDC, Abdou Elinkine Diatta était une figure de la rébellion de Casamance. Pour le journaliste sénégalais Abdoulaye Sambou, qui a longtemps couvert le conflit casamançais, son assassinat ressemble bien à un règlement de compte interne au sein mouvement.
"Le MFDC a éclaté en plusieurs factions depuis plusieurs années. Ses chefs se regardaient en chiens de faïence. La faction dirigée par Elinkine Diatta n’était pas du goût de certains combattants du mouvement. Ils lui reprochaient d'avoir abandonné la lutte armée", explique le journaliste sénégalais à la BBC
Des factions rivales qui se sont affaiblies
L’ancien porte-parole du MFDC était l’un des artisans de l’accord de paix de 2004. Il avait ensuite été accusé de chercher à fractionner le mouvement dont il a été exclu avec ses fidèles. "C’est ainsi qu’il est devenu le chef d’une faction civile", explique le chercheur Jean-Claude Marut, bon connaisseur de la crise casamançaise. Pour lui, si la rébellion en Casamance peut encore mener quelques "opérations symboliques", elle est plus que jamais affaiblie. Elle a considérablement perdu de sa force, constate-t-il.
"Le rapport de force entre l’Etat et le MFDC a évolué de telle manière que toute action militaire de la rébellion ne peut pas aller très loin. Avec la chute de l’ancien dictateur Yahya Jammeh, le groupe rebelle a perdu les possibilités de repli et de ravitaillement que lui offrait la Gambie voisine", analyse Jean-Claude Marut dans les colonnes de l'hebdomadaire Jeune Afrique.
Aujourd’hui, le MFDC est composé de plusieurs factions rivales qui sont engagées dans une lutte de positionnement au sein du mouvement. Depuis 1982, le groupe rebelle mène une rébellion indépendantiste qui a fait des milliers de victimes civiles et militaires et ravagé l’économie de la Casamance, région agricole et touristique du Sénégal.
"L'Etat est en train de gagner la partie"
Des tractations de paix se sont multipliées depuis l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall en 2012. En vain. Les dernières négociations se sont déroulées à Rome en octobre 2017, sous l’égide de la communauté catholique de Sant’Egidio, médiatrice dans le conflit casamançais. Elles n’ont débouché sur aucun accord. Ce sont les dernières discussions officielles auxquelles a participé l’Etat sénégalais, constate Jean-Claude Marut. Il estime qu’au vu de l’évolution du rapport de force sur le terrain, Dakar a tout intérêt à chercher à affaiblir la rébellion par tous les moyens.
"Accepter aujourd'hui de négocier avec la rébellion aussi affaiblie reviendrait à la relancer, à lui donner une importance qu'elle n'a pas. L'Etat est en train de gagner la partie." - ean-Claude Marut, spécialiste du conflit en Casamanceà Jeune Afrique
Depuis la signature d’un cessez-le-feu entre l’Etat sénégalais et les rebelles du MFDC en 2014, une accalmie est observée en Casamance. Plusieurs milliers de personnes qui avaient fui les violences dans les pays voisins ont regagné progressivement la région et permis la reprise des activités économiques.
La branche armée du mouvement séparatiste a menacé récemment de reprendre les armes, mais les observateurs font remarquer que son territoire s’est considérablement rétréci ces dernières années. Ils doutent sur ses capacités réelles à reprendre les hostilités.
BAOBABS VS CIMENT
À Bandia, à une soixantaine de kilomètres à l'est de la capitale Dakar, les projets d'extension d'une cimenterie font craindre la désolation pour l'une des plus belles forêts de baobabs du Sénégal…
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 01/11/2019
Industrialisation ou préservation de l’environnement ? Le dilemme est ancestral, et le Sénégal n’échappe pas au casse-tête. Dans un pays classé 164e en terme d’indice de développement humain, refuser la croissance économique du secteur de la construction avalise l’idée occidentale selon laquelle il n’y aurait, en Afrique, « de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ».
Pourtant, si le régime cède un patrimoine naturel de grande valeur écologique aux appétits industriels, ce sont d’autres voix – occidentales, elles aussi – qui hurlent à l’inconscience. La gageure est aujourd’hui incarnée par la commune de Bandia et ses 10 000 habitants…
4/5e de la forêt détruits depuis 2002
À une heure de Dakar, les villages de la commune bordent une forêt classée de baobabs majestueux. Et ce n’est pas l’avancée du désert qui menace les « arbres bouteilles », les eucalyptus et les acacias. Selon un professeur de géographie de l’université de Dakar, dont les propos sont rapportés par l’AFP, quatre cinquièmes de la superficie originelle du bois auraient disparu depuis l’installation dans la zone, en 2002, de la société sénégalaise Les Ciments du Sahel.
Il ne resterait que 2 000 hectares dédiés aux arbres. Or, la presse sénégalaise vient d’annoncer que l’entreprise serait sur le point d’obtenir une licence d’exploitation de 236 hectares supplémentaires. Le gouvernement affirme que l’autorisation n’est pas définitive, mais les riverains et les associations de protection de l’environnement expriment publiquement leur inquiétude.
Paysage lunaire
La cimenterie exploite déjà, dans les environs, une vingtaine de mines de calcaire à ciel ouvert. Il en résulte un paysage lunaire, peu propice à la renaissance de la faune et de la flore. La disparition progressive de baobabs si symboliques est un désastre, tant leurs feuilles se muent en tisanes, leurs fruits en remèdes et leur écorce en linceuls pour griots.
De surcroît, indépendamment de la perte des arbres, le passage des bruyants engins de chantiers menace les aires de jeu des enfants et soulève des nuages de poussière dont la nocivité expliquerait une récente augmentation des cas de bronchite, pneumonie et tuberculose. Quant aux déflagrations des explosifs dans les carrières, elles feraient trembler, voire fissureraient certaines habitations.
Alors que les résidents de la zone demandent au président Macky Sall de contribuer à réduire l’impact de la cimenterie, cette dernière se dit victime d’un « lynchage médiatique ». Le ministre sénégalais de l’Environnement, lui, estime qu’il n’est pas choquant de revenir sur des classifications coloniales de forêts, pour peu que l’impact économique soit significatif et que des reboisements compensatoires soient programmés ailleurs. De la langue de bois de baobab ?
BRT, UN AUTRE ÉLÉPHANT BLANC DU RÉGIME DE MACKY
Pourquoi investir autant d’argent et de ressources dans des projets de prestige, alors que les priorités pour le développement sont ailleurs ? DÉCLARATION DE PRESSE DES CADRES DE L'ACT
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du cercle des cadres de l’ACT, daté du 31 octobre 2019, relative au lancement des travaux du Bus Rapid Transit (BRT).
« Après annonces bruyantes par affiches placardées à travers la ville et autres annonces par la presse, le président de la République a présidé le 28 Octobre la cérémonie de lancement des travaux du Bus Rapid Transit (BRT). Après le Train Express Régional (TER), une démonstration technologique à la française encore inachevé, voilà qu’arrive un autre éléphant blanc du régime qui démontre encore une fois l’ignorance des priorités et le gaspillage persistant des deniers publics dans notre pauvre pays.
BRT, dit aussi bus à voie réservée, est une infrastructure routière particulière qui sera érigée sur un linéaire de 18,3 km en vue de rallier le centre-ville de Dakar à la ville de Guédiawaye. Cette liaison va desservir 23 stations fermées et la durée du parcours entre les deux stations terminales serait réduite de moitié. Selon le Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) mandaté par l’Etat pour remplir les fonctions de maitre d'ouvrage, 144 Bus articulés circuleront sur ce tracé. D’un coût global estimé à 296 milliards de francs Cfa, ce projet d’infrastructure, qui s’inscrit dans le cadre du fameux Plan Sénégal Emergent, a été entre autres financé par des crédits accordés par la Banque Mondiale et de la Banque Européenne d’Investissement. Il convient de rappeler que ceci n’est pas leur coup d’essai.
En effet, un projet similaire a été proposé au Ghana, et s’est soldé par un échec qui reste toujours à travers la gorge des populations locales. Tous les bus ont été parqués, un an après leur mise en service, se nourrissant de poussière, comme notre bien-aimé TER. Toujours est-il que le coût de ce projet au Ghana est 3 fois moins cher (51 milliards) pour un tracé plus long (20km) et plus de bus (245). Qu’est ce qui explique cette différence dans les coûts ? Mystère et boule de gomme ! Mais on sait qu’au Sénégal tout est toujours plus coûteux pour le contribuable qu’il s’agisse de cartes d’identité, d’autoroutes, de TER ou de BRT…
Selon le CETUD, le projet vise à mettre fin aux nombreux et interminables embouteillages, faciliter la mobilité urbaine et réduire la congestion de la circulation dakaroise. Cependant, même si l'objectif principal de décongestionner la capitale sénégalaise est à saluer, on considère que le BRT est un autre bien coûteux projet de prestige qui contribuerait à aggraver le niveau d’endettement de notre pays. En vertu de quelle rationalité économique doit-on décaisser une telle somme d’argent pour l’investir dans un trajet de 18,3km ? L’aménagement du trajet à deux voies nécessite une libération des emprises et le délogement de milliers de personnes qui devront être dédommagés à hauteur de plusieurs milliards.
On ne peut s’empêcher de poser la question suivante : à savoir pourquoi investir autant d’argent et de ressources dans des projets de prestige, alors que les priorités pour le développement sont ailleurs ? Ce montant aurait pu véritablement servir à stimuler les secteurs prioritaires, tels que l’éducation, la formation, le renforcement des plateaux techniques sanitaires ainsi que les secteurs industriels et routiers dans d’autres régions du pays.
Au lieu de s’engager dans une telle aventure onéreuse, qui s’est soldée par un échec cuisant dans un pays proche, ne serait-t-il pas plus rentable de renforcer le parc automobile de la Société Dakar Dem Dikk (en lui donnant des couleurs nationales et non celles du parti du président ), soutenir et accompagner les activités de l’AFTU (Association de Financement des professionnels du Transport Urbain), professionnaliser et rationnaliser le secteur des transports et rechercher l’amélioration de la qualité de service en soutenant la formation des employés ?
Par ailleurs, il serait plus rationnel de retirer successivement les cars Ndiaga Ndiaye de la circulation en les remplaçant par de nouveaux bus conventionnels moins coûteux que le BRT et répondant aux normes et standards de sécurité moderne.
Plutôt que de construire un trajet dérisoire de 18,3 km à des coûts faramineux et de continuer à concentrer les investissements dans Dakar, ne devrait-on pas orienter les efforts de financement vers la réfection des routes vétustes de la capitale et ses banlieues, dégager les emprises illégales, organiser la circulation dakaroise à dans le dessein de faciliter la fluidité et la mobilité urbaine ? Une telle démarche pourrait d’ailleurs aider à réduire le niveau de pollution alarmant qui y sévit. Force est de constater que si Dakar a besoin d’une chose, c’est de mieux respirer car, d'après les prévisions, la population de Dakar sera d’environ 5 Millions d'habitants en 2020. Au lieu donc de se focaliser uniquement sur Dakar, il serait plus efficace d’orienter les infrastructures vers les autres régions et y créer des emplois afin d’arrêter l’encombrement dans l’agglomération de la capitale et l’exode massif qui ne cesse d’en gonfler la démographie.
La réception de l'ouvrage serait prévue en 2022. A l’instar des autres projets d’envergure, le BRT sera probablement inauguré dans la précipitation, en grande pompe, avant la finition définitive des travaux avec pour objectif de frayer imprudemment le chemin vers une candidature pour un 3è mandat. Au risque opérationnel, au risque financier et d’endettement s’ajouterait alors un risque politique particulièrement élevé… »
LES DISCIPLES DE SAINT MATHIEU PROCHAINEMENT RÉUNIS À DAKAR
L'Amicale des Inspecteurs et Officiers des Douanes (Aiod) dirigée par le colonel Papa Amadou Gamby organise le 8ème Forum des Agents des Douanes de l’espace Uemoa, du 05 au 08 novembre prochain
Sous l’égide de la Commission de l’Union économique et mo- nétaire ouest-africaine (Uemoa) et en collaboration avec la Direction générale des Douanes, l’Amicale des Inspecteurs et Officiers des Douanes (Aiod) dirigée par le colonel Papa Amadou Gamby organise le 8ème Forum des Agents des Douanes de l’espace Uemoa. Ce sera du 05 au 08 novembre 2019 à Dakar.
Huitième du genre, ce forum est devenu un rendez-vous incontournable qui sert de cadre de concertation et d’échange aux organisations socioprofessionnelles douanières de l’espace Uemoa pour débattre des questions relatives aux défis qui interpellent les administrations des douanes de la région. Le thème général de l’édition de cette année est « Quelles réponses douanières face aux nouveaux défis de l’intégration dans l’espace UEMOA ? ». D’autres sous- thèmes seront débattus au cours de ce Forum parmi lesquels : « les opérateurs économiques agréés : quelle approche pour une amélioration saine des échanges commerciaux dans l’espace UEMOA ? », « la libre pratique dans l’espace UEMOA, une solution efficace et pérennes aux entraves à la libre circulation des marchandises », etc.
La cérémonie d’ouverture sera présidée par le ministre des Finances et du Budget, en présence de la représentante Résidente de l’Uemoa à Dakar et du directeur général des Douanes. Plusieurs autorités et opérateurs économiques prendront part à ces grandes assises des douaniers de la sous-région.
par l'éditorialiste de seneplus, bacary domingo mané
LES SECRETS DU DIVAN
EXCLUSIF SENEPLUS - Macky vit la fin de son pouvoir comme un trauma - Cet emportement pourrait aussi mettre à nu l’impuissance d’un chef qui n’a visiblement pas les moyens de ses ambitions pour un Sénégal émergent
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 31/10/2019
Il a cru devoir installer la police de la pensée pour faire face au débat sur un éventuel troisième mandat. Sa solution radicale est d’amener à la guillotine toute personne qui passera outre la consigne du chef. Il n’accordera aucune marge d’erreur, pas même à ceux ou celles dont la langue a simplement fourché !
Ce sujet est grave pour le Prince qui croyait que son second mandat, décroché avec plus de 58% des voix, à la suite d’un processus chahuté, allait être un long fleuve tranquille. Il met surtout mal à l’aise un président pris en flagrant délit de rupture de contrat de confiance avec son peuple au sujet de la durée de son premier mandat (il avait promis de faire cinq ans et finalement …).
Mais qu’est-ce qui fait autant peur à Macky Sall ? Si la présidentielle de 2024 n’est plus un enjeu pour lui, qu’est-ce qui expliquerait cette colère noire du président sortant, chaque fois qu’un membre de son camp évoque la question ? Et si la discipline de parti qui veut mettre tous les membres de la majorité présidentielle au pas, n’était qu’un prétexte pour cacher l’essentiel ?
L’approche psychologique ou psychanalytique de cette question nous aidera, peut-être, à démêler les secrets du divan. En entrant par effraction dans la tête du premier des Sénégalais. Nous ne résistons pas à l’idée de penser que le président est en train de vivre la fin de son pouvoir comme un trauma. Même le choix d’un dauphin n’apaisera pas sa «mélancolie». Il est, comme qui dirait, dans le temps de la «solitude des mourants» pour parler comme Norbert Elias.
La perte du pouvoir dont il avait refoulé l’idée, est désormais de l’ordre de la réalité, à mesure que les heures, les jours, les années passent. Imparable et incontournable, la fin s’imposera à un pouvoir que le Prince croyait éternel. Rien qu’à penser à cette idée, ça fait peur ! Pas qu’il ignore que le pouvoir des hommes est éphémère, mais les oripeaux et les accessoires de celui-ci l’ont conduit à mettre entre parenthèse la réalité tangible d’une fin irréversible, pour se laisser bercer par la conviction fausse d’être éternel. C’est la réponse concoctée pour faire un croc-en-jambe à l’impensable, à l’insupportable fin de cycle. Le temps de la séparation arrive à grands pas, l’inéluctable finitude sera le tombeau du corps présidentiel qui a entamé le processus de dégénérescence. Son rapport au temps change, puisqu’il n’est plus autorisé de parler au futur.
Tout s’organise désormais autour du passé et du présent. Il aurait souhaité que le temps suspende son envol pour vivre éternellement ses instants de déplacements présidentiels : escorte, gyrophare, bodyguards aux lunettes noires, garde présidentielle, griots tailleurs d’arbres généalogiques, militants de conviction et militants de circonstance, etc. Olympe ! «La couronne est un objet singulier, son pluriel n’a pas de sens», affirment Jacques Séguéla et Thierry Saussez dans leur ouvrage : La prise de l’Elysée.
Le président semble habité par l’angoisse de devoir perdre cette «couronne» un jour et devenir Monsieur-tout-le-monde. Rien qu’à y penser…. ça donne le vertige !
Ces défénestrations tous azimuts ont tout l’air de traduire l’agacement contre l’irréversible, la perte de contrôle de soi, mais aussi la fragilité d’un homme qui prend conscience qu’il n’est qu’un colosse aux pieds d’argile.
Cet emportement pourrait aussi mettre à nu l’impuissance d’un chef qui n’a visiblement pas les moyens de ses ambitions pour un Sénégal émergent. Les promesses électorales dorment encore dans les tiroirs, attendant beaucoup de milliards pour être traduites en actes.
LE POUVOIR DE MACKY SALL EST MATINAL ET NON CRÉPUSCULAIRE !
Les porteurs d'ambitions précipitées qui veulent nous imposer un débat inutile et sans objet, doivent débarrasser le plancher parce que leur agenda ne peut pas fleurir à l'intérieur de l'agenda du chef de l'Etat !
"L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre" - Antoine De Saint-Exupéry.
Le mandat en cours du président Macky Sall est encore matinal, dans sa trajectoire normale devant placer le Sénégal sur la rampe de l'émergence.
En cette phase cruciale, il a appelé les sénégalais au travail, insisté, invitant ses compagnons à se concentrer sur l'essentiel qui est d'accélérer la réalisation des projets structurants inclus dans son programme ; éviter tout ce qui est distraction propre à éloigner des succès à portée de main.
Quoi de plus lucide et normal que cela ? Il ne peut et n'a pas dit à ses compatriotes opposants ou de la société civile de renoncer à leur liberté et leur rôle de sentinelle de la démocratie ; il a demandé plutôt aux compagnons à se mobiliser pour des actions utiles et ne point se laisser distraire par les sirènes de l'adversité.
Les zélés troublions à l'interne qui persistent et s'évertuent à entretenir une atmosphère polluée de campagne, créent de la nuisance ralentissant notre élan de construction. C'est assurément faire le jeu des adversaires !
Pareil au brouillard de l'aurore dont l'épaisseur se dissipe à l'approche des rayons du soleil, les porteurs d'ambitions précipitées qui veulent nous imposer un débat inutile et sans objet, doivent débarrasser le plancher parce que leur agenda ne peut pas fleurir à l'intérieur de l'agenda du chef de l'Etat !
Assimilant notre société humaine au règne animal, une espèce issue du personnel politique coptée par la volonté présidentielle, se mue en éclaireur/mercenaire, à l'image des rats repus qui sortent de leurs trous, croyant que c'est le crépuscule.
Les articles de presse orientés et sur commande, les démarches souterraines indécentes pour créer des groupes à eux inféodés, les déclarations négociées et publiées de certaines notabilités religieuses et politiques ; toutes ces manœuvres ne trompent personne !
Les sénégalais, par une écrasante majorité ont départagé en février dernier les candidats qui avaient soumis leur projet de société.
Les électeurs ont massivement renouvelé leur confiance au président de la République, validant les orientations tracées, avec l'espoir de voir se réaliser, au plus vite les projets.
Ce début de quinquennat est marqué par la rareté des ressources face à une globalisation des priorités du fait d'innombrables besoins d'une jeunesse qui découvre et vit au quotidien les énormes disparités d'un monde inégalitaire.
Pour répondre à cette demande pressante de notre peuple, il n'y a pas d'autre voie que l'accélération de notre rythme de développement, faire de ce mandat du président Macky Sall, une ère des glorieuses par le sursaut des Start up !
Le défi ne sera pas relevé par les querelles avec une opposition sans autre chance de survie que l'agitation.
Les citoyens sénégalais honnêtes, tous les alliés loyaux dans Benno Bokk Yakaar et les militants fidèles à l'Alliance Pour la République, comprennent aisément cette exigence d'agir vers la même direction, une garantie de notre cohésion.
Nous nous trouvons à un tournant de construction et sauvegarde des acquis du Plan Sénégal Emergent. Une perspective politique combinée d'une consolidation des fondements s de la mission du président (en son leadership physique, son mandat), et la nécessité d'asseoir une garantie d'une poursuite de sa vision vers l'horizon 2035.
Une option juste et légitime pour tout républicain conscient ; tout ce qui justifie le besoin de rigueur et de la discipline dans les rangs. Il y a une grande différence entre connaitre le chemin et le désir de le faire, et c'est par la loyauté que nous devons nous compter et nous identifier !
Mamadou Kane est porte-parole DSE/APR-Etats-Unis d'Amérique