SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
20 juillet 2025
par Ibrahima Silla
UNE PIQÛRE DE RAPPEL AVANT QUE LE SILENCE NE VOUS DÉVORE
Après la mauvaise communication sur la question du mandat, il est temps de passer à la bonne information sur la candidature éventuelle, synonyme de « suicide politique ». Les ambiguïtés du silence sont source de conflictualité
En introduisant son Traité politique, Spinoza écrivait : « L’État sera donc très peu stable, lorsque son salut dépendra de l’honnêteté d’un individu et que les affaires ne pourront y être bien conduites qu’à condition d’être dans des mains honnêtes. Pour qu’il puisse durer, il faut que les affaires publiques y soient ordonnées de telle sorte que ceux qui les manient, soit que la raison, soit que la passion les fasse agir, ne puissent être tentés d’être de mauvaise foi et de mal faire. Car peu importe, quant à la sécurité de l’État, que ce soit par tel ou tel motif que les gouvernants administrent bien les affaires, pourvu que les affaires soient bien administrées. La liberté ou la force de l’âme est la vertu des particuliers ; mais la vertu de l’État, c’est la sécurité. »
Au moment où le débat sur l’éventualité d’une 3ème candidature et la possibilité d’un 3ème mandat (de trop) s’invite dans le débat politique et l’organise, il convenait de partir de cette philosophie de la bonne foi. Car, il semble que l’honnêteté et la sincérité soient les derniers remparts contre les risques d’instabilité nés de l’incapacité à tenir sa parole et la mauvaise foi. Si la vertu de l’Etat, c’est la sécurité, la clé de la paix et de la stabilité sociale, c’est la sincérité du parler-vrai et la clarté de l’agir-vrai. Tout ceci présuppose de bien-dire et donc de se conformer à une éthique de la clarté.
Les gens honnêtes et de bonne foi n’ont pas besoin de prêter serment pour tenir leur parole. Jurer devant le peuple n’est qu’une pratique républicaine plus symbolique qu’autre chose ; une pratique qui est plus de l’ordre de l’éthique que du juridique.
Les gens honnêtes et de bonne foi n’ont pas besoin de s’en référer à une interprétation de l’esprit ou de la lettre de la constitution pour être à la hauteur de la dignité qui caractérise leur fonction. Tout ce qui est dans la constitution n’est pas du droit constitutionnel. Derrière la lettre restreinte, il y a l’esprit immense du texte qui ne doit aucunement servir de prétexte pour interpréter abusivement en sa faveur des évidences contraignantes.
Les gens honnêtes et de bonne foi n’ont pas besoin de subir la pression populaire pour reculer devant la tentation de franchir le cap du raisonnable. La démocratie limitative invalide le « jamais deux sans trois » pour lui substituer le « jamais trois après deux ».
Les gens honnêtes et de bonne foi sont aussi et souvent des gens de bonne volonté qui n’attendent pas que le pire écrase tout sur son passage pour réagir. Ils agissent en amont pendant que les clignotants sont encore au vert, pour freiner les chauffards de la démocratie qui cherchent à passer au feu rouge limitatif des deux mandats.
Les gens honnêtes et de bonne foi n’ont pas besoin de marcher sur des cadavres pour se maintenir au palais, surtout après avoir quémandé auprès du peuple votant, à deux reprises et avec succès un mandat pour les servir, sans pour autant le mériter forcément à l’échelle des compétences et des vertus.
Les gens honnêtes et de bonne foi n’ont pas besoin de faire parler les armes de la grande muette pour faire entendre leur volonté de se maintenir au pouvoir. En Afrique malheureusement, on observe, de plus en plus, que derrière chaque défaite électorale, il y a un mandat de trop qui interpelle sur la vraie valeur des élites au pouvoir ; sur leur honnêteté et leur patriotisme.
La parole donnée a une valeur contractuelle ; de même que le mandat confié avec soin qu’il faut rendre, sans aucune tâche, à la souveraineté du peuple, et non le pendre à sa volonté personnelle obsessionnelle de se maintenir au pouvoir, en invoquant des dispositions fallacieuses pour réunir les conditions d’une inflammation bactérienne du nombre de mandats.
Sans foi ni dignité, le risque est d’attraper cette maladie tropicale apparemment contagieuse qu’est la « révisionnite » constitutionnelle virale, à laquelle les peuples sont de plus en plus allergiques en Afrique notamment.
Le leadership c’est l’exemplarité. Si l’on considère que limiter les mandats à deux est une bonne chose, pourquoi ne pas commencer par se l’appliquer en donnant l’exemple. Il ne faudrait pas trahir ce principe d’égalité ou plutôt d’équité en rajoutant du flou à la mauvaise foi ; pour qu’on n’ait pas à faire exceptionnellement trois mandats. Cette exception ne confirmera pas la règle. Cette tentative de prendre un tel raccourci arithmétique pour prolonger sa durée au pouvoir ne fera que fragiliser la règle.
Pour donner une chance à la règle des deux mandats au maximum, il faut renoncer à toute arithmétique machiavélique et cynique qui ne participera qu’à dépouiller l’esprit constitutionnel de son idéal démocratique. Car, le risque est de voir demain un nouveau président arriver et organiser un référendum, déverrouiller la constitution et proposer un nouveau mandat unique de 10 ans par exemple. Le premier de 5 ans qui l’a mis au pouvoir ne comptant pas, il aura ainsi la possibilité de rester 15 ans au pouvoir (soit 3 quinquennats), s’il ne prend pas dans le décompte son premier mandat de 5 ans. Si l’actuel président s’applique l’esprit et ne complique pas l’idéal, la question du mandat aura une chance historique d’être définitivement réglée. Les belles idées que l’on défend et promeut doivent en principe être fidèles aux actes. Envisager un 3ème mandat, sous quelque principe que ce soit, serait apporter une très mauvaise nouvelle au peuple qui ne comprendrait point l’essence de ce type de principes qui n’intéressent que les juristes.
Il faut préciser toutefois qu’une candidature ne donne pas forcément droit à un mandat. Troisième candidature ne veut pas dire troisième mandat. Il ne faut donc pas poser le débat uniquement en termes de mandat, mais plutôt de candidature qui pourrait se révéler infructueuse du fait du vote sanction qu’encourent ceux qui cherchent à ruser avec le peuple.
Mais l’enjeu aujourd’hui, c’est d’écarter cette éventualité. Car le mandat est un sujet tabou, un objet sacré et un jeu dangereux, surtout pour le régime en place qui en interdit le débat interne ; pour se protéger de quelle (s) vulnérabilité (s), sommes-nous tentés de nous interroger ? Les pensées et les volontés sont, pour l’instant, assujetties à des plans inavoués et inavouables, d’où une censure qui ressemble à une profession de foi, comme si nous étions dans une campagne électorale silencieuse. Répéter ce que le président avait dit haut et fort semble même relever du crime de lèse-majesté.
Ils savent mieux que quiconque, ces férules de propagande et pseudo-spécialistes de la communication, qu’en sortant du silence à propos du mandat, ils rajouteraient des mots et des maux à la mauvaise foi.
Le silence est un crime contre la clarté. L’évitement de la clarté s’explique par ses issues politiques décisives. Mais, il n’est peut-être pas nécessaire de briser le silence, parce que ce qu’on est parle plus fort que ce qu’on dit. Vous nous avez habitués à des dires dédites à peine les aviez-vous dites. Vous êtes « silencieusement bavard » comme l’indiquent vos actes.
Il n’est pas nouveau que la question du mandat s’invite dans le débat politique et l’organise. On pensait en avoir définitivement fini avec le référendum de 2016, taillé sur mesure, et le verrouillage supposé. Les hommes politiques semblent aimer ce jeu dangereux quitte à y laisser des plumes face à la maturité recouvrée du peuple imprévisible qui crie quand il faut se taire et qui se tait quand il faut crier.
L’homme politique n’est jamais assuré d’un règne sans fin, quels que soient la crainte qu’il inspire, la ruse dont il fait preuve, les moyens légaux ou illégaux, légitimes ou illégitimes, conventionnels ou non qu’il pourrait détenir pour se tirer d’affaire des plaintes citoyennes. Les peuples finissent toujours par retirer les faveurs qu’ils ont généreusement octroyées.
Chaque échéance qu’on pensait dépassée nous replonge dans des assauts qu’on pensait révolus. Et l’on voit des hommes plus obnubilés par leur souci de continuer à profiter du pouvoir que de la liberté à s’exprimer sur une question banale devenue très sensible du fait du flou qui l’entoure. Les fâcheux précédents contraignent aujourd’hui nombre de citoyens à regarder l’horizon avec suspicion. La possibilité de croire s’est dissipée. De même que celle d’exercer sa citoyenneté électorale, d’où l’abstentionnisme.
Le déni de la légitimité du débat sur le mandat ressemble à un défi lancé à tous ceux qui seraient tentés de lever le voile sur leur prétentions et ambitions présidentielles, trahissant là comme un besoin de faire peur pour se faire respecter ; pour tenir en respect des troupes jamais totalement conquises et soumises qui avalent des couleuvres pour se donner des chances de survivre politiquement.
Tout ceci s’explique par la hantise de la fin de règne ; du pouvoir qui s’effrite ; de la peur au ventre de celui qui n’est pas rassuré par les lendemains judiciaires qui pourraient l’attendre du fait de l’esprit revanchard de ceux qui ne lui pardonneront jamais d’avoir activé le levier des procès politiques et des lois injustes pour nuire leurs chances d’accéder au pouvoir.
L’actuel président est soupçonné de travailler secrètement à sa candidature. Telle est la vérité de l’instant jusqu’à preuve du contraire clairement énoncé. Telle est la force de l’évidence. Seule une simple et petite déclaration de haute précision de trente secondes pourrait mettre fin à cette polémique et clore l’acharnement médiatique légitime et salutaire sur le mandat. Le peuple mérite ces 30 secondes… pour une adéquation du discours à la réalité. Dire clairement les choses participe de sa crédibilité. S’engager par rapport à son propre discours est un exercice républicain normal. Le devoir d’apporter des gages par rapport à son propre discours est une exigence citoyenne et républicaine. Ce devoir de clarté est un exercice beaucoup moins coûteux que le devoir de résistance du peuple. Ce peuple qui est encore aujourd’hui dans la crainte d’être trompé de nouveau avec la marque de discrétion qui entoure l’élan de sincérité. Car la parole de l’autorité est discréditée, au point qu’elle doit être répétée pour espérer revêtir un soupçon de sincérité. La répétition est pédagogique dit-on ! Elle est aussi cynique quand elle concerne plus de deux mandats.
Au droit de savoir du peuple doit correspondre un devoir d’informer, car ne pas clarifier ce débat participe à nourrir la présomption de mauvaise foi qui ne permet pas d’avoir une idée claire sur l’agenda politique et le casting électoral. Communiquer clairement sur la question du mandat n’est que le seul antidote pour écarter toute ambiguïté ou logique politique du flou. Les ambiguïtés du silence sont source de tensions et de conflictualité.
Le moment n’est pas de fournir des preuves sur la recevabilité ou non d’une candidature. Nous sommes à l’heure de répondre par oui ou par non sur une éventualité à prendre en haute considération, pour conjurer dès à présent le pire. Le débat ne doit pas se situer sur le terrain de la polémique constitutionnelle, mais sur celui de la clarté politique et donc des effets positifs pacificateurs de la sincérité, de la fidélité à soi et ses propos. La crédibilité se construit dans la sincérité. Après la mauvaise communication sur la question du mandat, il est temps de passer à la bonne information sur la candidature éventuelle, synonyme de « suicide politique ».
Dire clairement la possibilité de sa candidature ne relève pas de la raison ou de la sûreté de l’Etat au point de l’inscrire dans la politique du mutisme. Ce n’est pas une question de disponibilité ou d’opportunité à dire la vérité, mais de la nécessité de la clarté qui permet d’écarter toute présomption ou suspicion. La parole du président a une valeur pacificatrice qui peut contribuer à éviter toutes possibilités de désarticulation du corps social : « message is massage », dit Marschall Mac Luhan. Le silence n’est pas la meilleure des parades et des pommades en politique. S’enfuir dans le silence pour ne pas être pris dans les filets de ses propres mots ne détournera pas les Sénégalais de cette question qui pourrait devenir demain un vrai problème.
La page de la polémique ne sera pas tournée tant que durera la politique du flou. Des bâillons peuvent être posés sur la bouche des partisans qui n’en ont certes pas besoin, eux habitués à l’autocensure et à la parole sur mesure, mais la parole des vrais patriotes, soucieux de la stabilité du pays, ne sera pas momifiée. La sortie de secours que vous cherchez à emprunter par le silence est une impasse voire une prison. Cette tyrannie du silence a trahi vos pensées. Pensées coupables. Pensées condamnables. Pensées mesquines. Mais comment résister à l’envie de partager avec vous cette pensée soufie qui dit que : « la parole non prononcée est un lion en cage. Mais dès qu’on la libère, elle nous dévore. » Réfléchis-y pendant qu’il est encore temps !
Ibrahima Silla est enseignant-chercheur en science politique à l’UGB Saint-Louis
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
SOKHNA BENGA, LA TRADITION ÉCRITE
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec 24 livres au compteur, elle est l’autrice sénégalaise la plus prolifique. Entretien et portrait d’une incontournable dame des Lettres, égérie du génie local - INVENTAIRE DES IDOLES
Avec 24 livres au compteur, Sokhna Benga est l’autrice sénégalaise la plus prolifique. Après des débuts couronnés par de nombreux prix qui ont marqué nombre de lecteurs sénégalais, son « aura » semble avoir un peu baissé. A plus de 50 ans, c’est pourtant une battante qui publie toujours et porte un regard acéré sur la société sénégalaise, matière première de son œuvre. Entretien et portrait d’une incontournable dame des Lettres, égérie du génie local.
C’est à Sagne, village royal au cœur du Sine que naît la trame du premier roman de Sokhna Benga. Elle a alors moins de treize ans quand elle y effectue une visite. Interpellée par le destin et la condition d’une femme, et mue par « une nécessité à écrire pour dénoncer l’inceste, la drogue, la violence », elle en fait un livre, Le dard de secret. Le génie du titre frappe d’emblée par son caractère épique. La promesse sera tenue le long des pages de ce roman inaugural, où l’histoire d’amour entre un frère et une sœur qui l’ignorent, donne à voir l’inceste sous un jour nouveau. Sokhna Benga, élevée dans l’amour de ses parents, comme elle le confie « j’étais une enfant choyée et dans mon innocence je croyais que les parents, la famille, la société devaient nous protéger », est comme arrachée à la candeur de sa vie ouatée, en découvrant les malheurs qui sévissent hors des conforts et privilèges des bonnes naissances. Comme cette anecdote qu’elle relate et qui la pique à vif : « la rumeur d’un enfant abandonné dans un grand pot de tomate de cinq kilos alors que j’avais à peine dix ans ». Elle se fait ainsi une vocation. La volonté de narrer ces destins brisés sera la sienne. Pour le faire, elle promènera sa plume dans les faits, sociaux plus que divers, avec l’outil souple de la fiction dans lequel elle assoit vite un savoir-faire. Toute cette appétence se retrouve au centre de ce premier roman fort, à l’écriture déjà fiévreuse, et à la fois poétique, avec en toile de fond un regard sur une société et ses grands problèmes. Le Dard du secret séduit Dakar et au-delà, au début des années 90. L’autrice reçoit le grand prix de la commune de Dakar en 1988, à seulement 21 ans.
Un départ en fanfare et des honneurs
L’envol est promis à cette jeune femme, à la beauté saisissante et au visage mantique dont les traits fins et la silhouette élancée ne manquent pas de faire penser à Mbissine Diop, l’héroïne du film de Sembène : La noire de. Toutes les prédispositions perçues dans le premier roman apparaissent encore avec plus de vigueur et de netteté dans le deuxième roman, La balade du Sabador. Le génie du titre est encore ici comme une marque de fabrique qui s’affirme tant l’image est parlante sur les seigneurs du patriarcat et leur nonchalante domination. Le texte ouvre un champ de malaise et d’inconfort, en traitant du handicap dans sa forme la moins voyeuriste. La plume comme art du combat. L’auteur se souvient avoir écrit pour « dénoncer le comportement inacceptable des hommes envers les femmes et aussi les personnes handicapées ». Tous les personnages, englués dans le malheur dans lequel les plongent les regards de la société - l’un infirme, l’autre mère accusée à tort de sorcellerie entre autres - retrouvent une vie sous l’écriture de la romancière, déjà rompue à l’art de l’intrigue et aux fétiches littéraires de la narration. Le livre n’est pas sans rappeler l’admirable livre de Malick Fall, La plaie, réflexion déjà sublime sur le handicap, la folie, la misère, à travers la métaphore de la plaie béante et du fou errant. La balade du Sabador séduit lui aussi le jury du prix du chef de l’Etat qu’elle obtient en 2000. Elle goutte ainsi aux honneurs, se voit remettre l’étoffe de chevalier de l’ordre national du lion au Sénégal et celui des arts et lettres en France. Ainsi épinglée, l’aventure littéraire est bien lancée pour cette juriste de formation qui dit de l’écriture qu’elle lui est « venue toute seule, elle ne l’a pas choisie. »
Presque 30 ans après, Sokhna Benga est simplement l’écrivaine sénégalaise la plus prolifique. Elle ne compte pas moins de 24 livres, des sagas, de la littérature pour enfants, de la poésie. On peut citer parmi tant d’autres ses deux trilogies, les aventures de l’impétueux Waly Nguilane, ou encore Le temps a une mémoire, romans policiers. De la poésie aussi dont un bijou récent Les cris fauves de ma ville, édité par les Lettres de la Renaissance, maison française dirigée par le philosophe Abdoulaye Elimane Kane. Ce dernier signe d’ailleurs une préface flatteuse, emphatique, qui dit ceci : « ce manifeste amoureux qui place la création esthétique dans l’excellence et la magnificence ». Le compliment pèse de la part d’un des esprits les plus brillants du pays. La même maison édite aussi Pape Samba Kane, auteur du remarquable Sabaru Jinne, sorte de jumeau de Sokhna Benga dans l’inscription dans un agenda sénégalais. Au total, l’autrice couvre un large spectre de genres et se réserve encore une belle carrière. Ces chiffres donnent le tournis mais surtout ils interrogent sur la place réservée à cette autrice dont les écrits semblent s’être ensablés dans la profondeur des mémoires. Nombreux sont ceux qui ne connaissent que furtivement son œuvre et qui la croient retraitée des activités littéraires. C’est si étrange qu’aller à la rencontre de son œuvre, c’est s’introduire dans un monde en noir et blanc, parfois en sépia, où les couvertures de livres portent encore la marque d’un temps vieux où l’objet-livre avait une vraie vie à Dakar. Les éditions Khoudia qui la publient, avant les Nouvelles éditions africaines du Sénégal, le Nègre international, maisons d’édition qui avaient fait le pari du local, n’ont quasiment plus droit de cité. Elles ont soit disparu ou soit vivoté dans un champ restreint.
Cette confidentialité n’émeut ni ne retient Sokhna Benga, qui continue sa production. Le Salon du livre de Paris en 2018 où elle a été membre de la délégation sénégalaise chargée de porter l’étendard des lettres sénégalaises, a été une occasion de la revoir, dans son boubou traditionnel, son moussor bien vissé. L’âge a à peine crispé les grâces de ce visage toujours énergique, dont les moues tantôts espiègles, tantôt absorbées, disent l’assurance. Ambassadrice des lettres sénégalaises, quoique moins célébrée sur la scène continentale ou diasporique où se font et se défont les réputations, Sokhna Benga est consciente de ce paradoxe et calme le jeu au téléphone quand on s’étonne que son œuvre soit moins à l’affiche. Elle lance une pique douce « Est-ce que les livres dont en parle sont meilleurs ? Mes œuvres intéressent le cinéma et la télévision, c’est l’essentiel ! » Elle ponctue la fléchette avec un rire et cette voix aigüe et passionnée qui marque son timbre.
L’édition locale, grand corps malade
Pourtant l’autrice connaît les faiblesses de l’édition locale, entre la minceur du réseau de distribution, les grands déficits éditoriaux, la communication rudimentaire, l’abaissement de la qualité que constituent les comptes d’auteurs. Les sujets dits africains n’intéressent pas les éditeurs de grande envergure domiciliés à Paris, les logiques de lectorats et commerciaux, tout à fait légitimes par ailleurs, proscrivent ainsi des textes destinés à un rayon réduit de lecteurs. Autre aspect plus délicat à évoquer sans tomber dans le jugement, c’est la qualité parfois médiocre des œuvres des petites maisons locales, où de la pagination à la maquette, sans évoquer les contenus, la fabrication du livre signe son propre bon à mettre à la poubelle. Dans ce cas de figure, Sokhna Benga fait office de résistante. Elle qui a créé Oxyzone, une maison spécialisée en littérature pour enfants et qui a fait paraître depuis 2006, 23 œuvres, sait que le manque de moyens est la deuxième lame qui vient cisailler les belles idées. Dans cette morose actualité de l’édition locale et de ses infortunes, elle paraît tirer son épingle du jeu, toujours grâce à son talent de narratrice et à son habitude de traiter « de sujets dits tabous dans une société faite d’apparence et de non-dits : inceste, prostitution, trafics de drogues et d’autres substances psychotropes, pédophilie, crise politique et sociale… »
La diseuse du pays sereer et les mentors
De toute son œuvre, lyrique, sans dériver dans les mièvreries propres à l’écriture pour l’écriture, sa prose porte quelque chose dans l’estomac pour reprendre le titre de Julien Gracq. Caractéristique commune de cette œuvre, un localisme. Partir de soi pour conquérir les autres, c’est comme son mantra. Raconter les siens, se raconter et l’exposer à l’universel. C’est une œuvre dont « les racines plongent dans le substrat local sénégalais » et qui ne s’interdit jamais de lorgner ailleurs, de voyager. Plus qu’ambassadrice des lettres, c’est une conteuse qui se nourrit d’anecdotes, vieilles ou récentes. D’ailleurs le dit-elle, avec une certaine gourmandise « mon œuvre est un chant d’amour à mon peuple. Un chant cher à mon cœur qui plonge ses racines dans le passé, dans le présent et dans l’avenir ». On pense à Césaire, à « la bouche de ceux qui n’ont point de bouche ». On pense aussi à Senghor « être la trompette du peuple ». Mais plus encore, ce goût pour l’histoire locale s’est forgé avec de beaux mentors.
D’abord sa grand-mère, Bambi Diouf qui lui apprend « à aimer les légendes et les traditions depuis ma prime enfance. Elle avait cette habitude de nous raconter chaque nuit un conte, dans la cour de notre demeure ancestrale de ma branche maternelle, à Peulgha, un quartier de Fatick dans le Sine, pendant les vacances scolaires ou les weekends que nous passions chez elle. » L’image est commune, comme le chemin naturel de la tradition dite orale, devenue captive des représentations hâtives de la soi-disant culture africaine. Cette tradition, Sokhna Benga l’écrit, y plonge. Elle la narre. Elle la sort de sa seule période historique pour lui donner vie. On se balade ainsi en pays sereer. On note, chez elle plus que tous les autres, un récit qui fait corps avec un ensemble, une écriture ancrée au cœur des décors familiers, dont elle puise et répand la substance. Les autres mentors, c’est une conception du travail de romancier faite de labeur, de plongée dans les archives. Pour elle, « l’oralité et l’écriture ne sont que des outils. Des véhicules de notre culture. La bibliothèque de Tombouctou, la fondamentale charte de Kouroukan-Fouga ou charte du Mandé, des exemples qui prouvent pour elle que cette assertion selon laquelle l’oralité est proprement africaine est à relativiser ». Une sagesse bienvenue corroborée par nombre de recherches en histoire. Et ça ne s’arrête pas là, pour écrire, elle va à la forge. Ainsi apprend-on que ses œuvres « sont le fruit d’années de recherches et de compilation et de recoupage de documentation (témoignages, archives nationales, IFAN, missions de terrain, etc.). La seule exception est le Dard du Secret. Pour la Balade du Sabador, il m’a fallu quinze ans de recherches. Bayo, dix ans. Waly Nguilane, trois ans. Le temps a une mémoire, dix ans. » Aux aptitudes et aux talents littéraires s’ajoute donc cette forme de la méditation et la solitude propre à l’arrière-cuisine du travail littéraire. Cela sonne presque comme un conseil aux aspirants littérateurs.
De la poésie au théâtre, l’œuvre de Sokhna Benga se singularise aussi par le tropisme des sagas. Plusieurs romans se déclinent ainsi en plusieurs tomes. Cette inclination lui vient de son « amour pour les sagas, les contes et certains romans africains ». Il s’esquisse ainsi ses modèles. Pêle-mêle : Maurice Denuzière, Louisiane… Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent… Les oiseaux se cachent pour mourir, Colleen Mac Cullough. Birago Diop, Contes et Lavanes. Ken Bugul, Le baobab fou. Boubacar Boris Diop, Le temps de Tamango. Abdoulaye Sadji, Maïmouna… Toute l’œuvre de Léopold Sédar Senghor… On découvre ainsi d’où vient l’éclectisme qui la caractérise. L’écriture puise dans différents genres, dans plusieurs types de discours et de registres du récit. Mais celui à qui vont ses honneurs, c’est son père, dans ses propres mots enthousiastes « mon idole » écrivain, auteur de Maxureja Gey, chauffeur de Taxi. Ce père, elle l’a perdu jeune, en 1982, l’année de son DFEM. Episode tragique qui a forgé son caractère.
Le père, le repère et le pair des lettres
Dramaturge célèbre, Ibrahima Mbengue peuple en effet encore les mémoires sénégalaises. L’admiration de la fille est légitime. Pas en reste, sa mère, responsable de la ligne des caisses des magasins Score (actuel Casino). La petite est choyée. Comme valeurs, on lui transmet « le respect de soi et de la parole donnée, l’amour de son prochain. » Elle poursuit ses études dans la prestigieuse institution des Martyrs de l’Ouganda, et ensuite dans la non moins prestigieuse et sélective Maison d’éducation de l’Ordre national du lion, actuelle Mariama Ba de Gorée. Elle y reçoit une éducation stricte, une discipline, et une introduction aux sujets féministes. Elle décrit le souvenir de cette période comme « unique et impérissable ». Direction la Fac de sciences juridiques et économiques de l’UCAD pour des études de droit, ensuite cap à Brest ensuite pour faire une spécialisation en droit des Activités maritimes (DESS). Elle revient juriste « maritimiste ». Pour celle qui rêvait de devenir médecin, le destin lui fait d’heureuses surprises. Elle est aujourd’hui Administrateur des Affaires maritimes et Directrice des transports maritimes et fluviaux et des Ports à l’Agence nationale des Affaires maritimes (ANAM). L’écriture « c’est ma vocation » dit-elle. Pour les passions « les voyages à l’intérieur du Sénégal, la plage, le cinéma ». Petit tracé de goûts simples que l’on retrouve dans son œuvre. Comment trouve-elle le temps ? Elle a son secret et surtout sa conviction « l’écriture est ma passion, pas mon gagne-pain ». Elle ajoute plus loin pour préciser sa gestion du temps « Je profite de mes permissions et congés et de quelques heures à la descente. »
Une intellectuelle à l’affût des questions modernes
Dans le long entretien qu’elle nous accorde que vous retrouvez en intégralité ici, ce qui frappe, c’est le trait générationnel qu’elle incarne. Perpétuelle émancipation et déconstruction des devanciers, la littérature peut plonger deux fois dans les eaux d’un même fleuve, mais elle n’en ressort jamais la même. Sortir d’un livre indemne n’est pas une bonne nouvelle pour son auteur. La génération des Sokhna Benga qui a vu naître nombres d’autrices plus ou moins oubliées, portait en elle une vocation. C’est une littérature de la violence et de la rupture, dont le symbole reste le livre de Kourouma, Les soleils des indépendances. Cette écriture précise-t-elle « renferme tous les germes d’une révolution, notamment sur le plan du style. » Elle l’explicite « j’ai le privilège d’appartenir à cette génération d’écriture qui a déplacé la notion de « nouveau courant » de la génération précédente à la sienne. En premier lieu, concernant le style d’écriture même, une écriture axée sur le refus du conformisme des générations précédentes, l'ébranlement des habitudes acquises, le refus de la loi du silence, dans la transgression des tabous scripturaires au nom de la vérité. La révolution porte sur tous les plans : chronologique, thématique (surgissement de nouveaux thèmes), structurelle (renouvellement des structures du récit ou de la poésie) ou stylistique (contravention aux normes linguistiques et esthétiques établies). C’est un acte de libération de l'écriture de toutes les formes d'enchaînement ou d'enfermement, que ce soit par la tradition, par la religion ou par l'idéologie ». On le lit comme le manifeste d’une littérature, en constance mutation, qui comme l’histoire ne cesse jamais d’évoluer et de déjouer les enfermements. Faire corps avec son œuvre, s’autoriser une littérature qui pense sans rien retrancher à la poésie, voilà un pari relevé dans son œuvre.
Le pari risqué et indispensable du local
L’œuvre de Sokhna Benga intéresse des universitaires qui travaillent leurs mémoires consacrés à ses livres, comme lors de cet échange chez Sada Kane pour son dernier roman, L’or de Ninkinanka. Elle dit sa fierté. On ressent à échanger avec elle, qu’il ne lui manque que de l’attention, un peu plus de lumière, pour donner toute la mesure d’un talent jamais mort, et surtout la mesure d’un discours sur les évolutions intellectuelles du monde. Quand on la taquine sur le rapport encore la déconstruction et la foi, elle n’y voit pas d’incompatibilité. Sokhna Benga féministe ? Elle ne porte pas l’étiquette en bandoulière. Son œuvre lui suffit. Juste précise-t-elle : « Je suis post-féministe. La femme n’a pas besoin de singer l’homme pour se faire respecter. Il lui suffit d’être une femme. Un homme qui se respecte, n’écrase pas la femme. Il la respecte parce qu’il a une mère. Chacun a sa place dans une relation complémentaire ». En ces périodes où le féminisme tend à s’enfermer dans des dogmes, sa parole, différente, pourtant insoumise, est une fraicheur. Sur la politique ses fonctions lui imposent un droit de réserve, mais elle se défend. Pour évoquer sa vision, elle fait encore appel à son œuvre. Notamment un roman intitulé Bayo, publié en 2007. Un regard quasi-prophétique et sans concession sur les maux qui rongent la politique et qui couvre un spectre chronologique qui va des années 40 aux années 2000. On notera ici une habile prédisposition au rebond et une plume vigoureuse, qui ausculte au scalpel le fait national sénégalais.
Le pari du local, celui de Sokhna Benga, est un salut salutaire. Il nous dit surtout qu’il y a une réelle vie littéraire sénégalaise, qui s’épanouit avec sa modestie, mais avec ses vrais rendez-vous, ses auteurs, ses valeurs. Une vie littéraire qui n’éprouve aucun complexe et qui s’émancipe comme elle peut de la diaspora dont elle n’est ni l’antichambre, ni la version low cost. A l’époque des grands récits laudateurs d’Afrique, il ne faut jamais se substituer au discours de ceux qui vivent sur le continent et qui en partagent la quotidienneté. En livres, cela donne l’œuvre d’une grande royale, critiquable, imparfaite, avec ses pointes de génies et sa belle régularité. Elle nous pousse à nous voir, dans notre huis-clos. Si le ministère de la culture et la direction des livres, de son propre mot, appuient et soutiennent son œuvre, il ne faut en rester là. Les privilèges doivent sortir des réseaux et s’élever à l’exigence des mérites. Le pari du local qui se déplace, sans être prisonnier, de son espace vers d’autres partout dans le monde, ce n’est pas seulement le pari de la littérature, c’est le pari des sociétés africaines. Embrasser le monde, participer à son banquet, s’inscrire dans le temps du monde. C’est le chainon manquant pour l’heure. Mais la promesse est toute entière. Si les écrits restent et que les paroles s’en vont, Sokhna Benga a fait sa part. Celle d’une tradition écrite. Sans l’enjoliver, ni la ternir. L’œuvre d’une incontournable et unique dame des lettres sénégalaises.
141ème mondial en 2018, le Sénégal a fait un grand bond en avant, en arrachant 18 places, se classant ainsi 123ème cette année. Le rapport « Doing Business » de la banque mondiale publié jeudi dernier note l’amélioration du climat des affaires dans 190 pays, selon dix indicateurs spécifiques, suivant le cours de vie des entreprises. L’économiste Meissa Babou commente ce rapport.
« Le Sénégal mérite des félicitations pour ce progrès par rapport à deux domaines. D’abord la dématérialisation des impôts et taxes, ensuite une dématérialisation concernant les prêts bancaires. Il ne s’agit pas de montants octroyés mais de facilitations. Sur ces deux réformes majeures, le Sénégal a pu quand même obtenir 18 places. On ne fait pas du sur-place, et il faut le saluer, » se réjouit l’économiste.
Il regrette simplement « qu’on ne soit pas encore dans le top 100. Parce que 123ème place aujourd’hui, c’est encore très loin. Encore que Top 100 sur 200, c’est tout juste la moyenne. » Il suggère alors de « s’améliorer, réformer ici et là pour être parmi les meilleurs réformateurs au monde, » soulignant cependant qu’il y a « beaucoup de lenteurs administratives. Par conséquent, le Sénégal doit faire cet effort là, pour encore gagner d’autres places et être parmi les 10 meilleurs africains comme le Togo, ou bien l’île Maurice. »
Meissa Babou explique que « ce qu’il faut retenir, c’est que le «Doing Business» est, comme le dit la banque mondiale, un cadre objectif d’évaluation de la qualité de l’environnement. Si on regarde les 10 critères- il y en a 12 mais en fait, 10 seulement sont évalués- on se rend compte que c’est des critères de forme. »
Il clarifie: « Le 1er critère par exemple, on nous dit création d’entreprise, en combien de jours… alors si c’est Fast-track, ça se fait rapidement avec notre guichet unique. Alors là, ça va vite et on gagne des points. Quel est le temps de raccordement de l’électricité si vous mettez en place une entreprise. ? Et là, le Sénégal est Champion du monde pratiquement, parce que nous sommes dans une très bonne moyenne de 75 jours. Là où tout le monde est à peut-être 85, 90 et même 100 jours. »
Ensuite: « Comment payer son impôt ? on a mis un dispositif de facilitation. Donc, voyez que il s’agit simplement de forme.» M. Babou déplore que le « Doing Business » ne traite pas le fond: « C’est-à-dire que l’entreprise ne vit pas qu’en papiers. S’il y a un dispositif de paiement d’impôts, pourquoi se taire sur cet impôt qui peut être cher et qui tue les entreprises? C’est-à-dire qu’il y a la forme, mais il y a le fond qui n’est pas traité.»
Il se questionne: « Et créer une entreprise rapidement, raccordé l’électricité… c’est très bien. Mais après, est-ce que cette entreprise-là va supporter le coût de l’électricité ? le coût de l’eau ? de la location ? Pourquoi on n’a rien dit sur les conditions de travail ? Donc, moi, en tant qu’économiste, puisqu’il s’agit en fait d’une évaluation du business, j’aurais bien voulu quand même que s’il y a des critères de forme, qu’on mette aussi des critères de fond.»
L’économiste de trancher: « Voyez le bémol ! A mon avis, on n’est pas allé à l’essentiel. Mais puisque ce n’est pas nous qui dégageons ces critères- c’est la Banque Mondiale- nous sommes obligés, dans une mondialisation, de danser comme tout le monde. Et quand on gagne des points, qu’on applaudisse. »
MACKY SE HEURTE AUX ELUS
Bougazelli a déclaré hier que le chef de l’Etat peut et va faire un 3ème mandat. Là, il s’agit d’un député, une fonction élective. Et c’est plus compliqué. A moins de recourir à des sanctions dans le parti
Le Président Sall a limogé jusqu’ici un directeur et un ministre qu’il a nommés. Bougazelli a déclaré hier que le chef de l’Etat peut et va faire un 3ème mandat. Là, il s’agit d’un député, une fonction élective. Et c’est plus compliqué. A moins de recourir à des sanctions dans le parti.
Sory Kaba avait déclaré que le Président Macky Sall ne peut pas faire un 3ème mandat. C’est ce qui lui aurait coûté son poste de directeur des Sénégalais de l’extérieur. Parce que, dit-on, Macky Sall penserait effectivement le faire. Moustapha Diakhaté aurait été démis de ses fonctions également pour avoir soutenu que la démarche de Macky Sall sur la question est «contre-productive». Voilà un autre son de cloche dans les rangs de l’Apr. Seydina Fall dit «Bougazelli»,lui, soutient que le Président peut bien faire un 3ème mandat.Et mieux, qu’il va le faire. «Sur le plan juridique, Macky Sall ale droit de briquer un 3e mandat. Et ce droit, le président val’user parce que les Sénégalais ont encore besoin de lui. C’est pourquoi, nous membres de l’Alliance pour la République (Apr), nous allons nous battre pour que cela soit possible car c’est Macky Sall notre candidat en 2024, et personne d’autre.
Il est irremplaçable», a-t-il dit. A suivre les déductions faites de la sortie de Sory Kaba, le député de Guédiawaye ne devrait pas donc être sanctionné. Parce que c’est ce que son patron aurait voulu entendre. Le voudrait-il le faire d’ailleurs, il ne pourrait pas le limoger. Les fonctions nominatives sont les plus exposées parce que dépendant du seul bon-vouloir du Président. Si tant est,comme le soutiennent d’autres, Macky Sall ne veut pas tout simplement que le débat soit agité -et c’est ce qui paraît plus logique- il a là l’occasion de sévir contre le responsable a périste de Guédiawaye, «coupable» d’avoir transgressé la ligne de communication qu’il a tracée à Benno bokk yaakaar.
Décidément, et paradoxalement, toutes les polémiques viennent du parti au pouvoir. Ibrahima Ndoye a fait le buzz hier avec sa petite phrase révélatrice de cette psychose du limogeage qui hante le sommeil des proches du Président. «Que pensez-vous du débat sur le troisième mandat ?», lui demande une journaliste de Pikini productions. Il répond : «Vous voulez que je sois limogé moi aussi ?»
Voilà qui fait éclater de rire la Journaliste. Mais peut-être bien pas elle seulement. Et, dans tous les cas, à ce rythme, Macky ne s’en sortirait pas. Il ne pourra se débarrasser que des nommés et pas des élus. A moins de recourir à la discipline de son parti. Et il risquerait de se retrouver avec un parti squelettique.
L’appel du leader de Bby à ses hommes d’aller occuper les médias pour le défendre et défendre son bilan ne devrait pas avoir les effet ses comptés. Où ils y vont et feront face à la sempiternelle question sur le 3ème mandat.Où ils déserteront justement les plateaux et studios. L’es flagrante du directeur à Rfm Matin en est la preuve.
GENERATION FOOT FACE AU DEFI DES ETUDIANTS D’ESAE FC
Reversée en Coupe Caf après son élimination en Ligue africaine des champions, Génération Foot a l’opportunité de se racheter avec la réception d’Esae Fc du Bénin, ce mercredi en match comptant pour le tour de cadrage aller de cette compétition
Reversée en Coupe Caf après son élimination en Ligue africaine des champions, Génération Foot a l’opportunité de se racheter avec la réception d’Esae Fc du Bénin, ce mercredi en match comptant pour le tour de cadrage aller de cette compétition. L’équipe de Djiby Fall tentera de se rassurer et de prendre une bonne option en vue du match retour.
Moins d’une semaine après son élimination de la Ligue africaine des champions par le Zamalek (2-1, 1-0), Génération Foot va retrouver la pelouse du stade Lat Dior de Thiès dès ce mercredi pour les besoins du tour de cadrage de la Coupe Caf. Attendus au tournant pour se reprendre et poursuivre leur aventure dans cette deuxième plus grande compétition africaine de clubs, les Grenats sont dans l’obligation de remporter cette manche aller afin de prendre une bonne option en vue du match retour au Bénin.
« Tirer les leçons de l’élimination par le Zamalek »
Eliminés il y a deux saisons par la Rs Berkane, les coéquipiers de Djibril Thialaw Diop essaieront de passer ce cap pour la première fois de l’histoire de cet institut de formation. Ces derniers ont l’opportunité de marquer l’histoire du football sénégalais. Depuis 2004, année de l’épopée de la Jeanne d’Arc en phases de poule de la Ligue des Champions, aucun autre club sénégalais n’a réussi à dépasser le troisième et dernier tour d’une compétition africaine. Pour conjurer ce mauvais sort, GF devra d’abord réussir à décrocher un bon résultat à domicile face à ce club béninois en marquant le maximum de buts tout en essayant de ne pas encaisser de but comme l’a souligné l’entraineur des « Grenats ». « On va aborder ce match avec le même état d’esprit avec lequel on a joué contre le Lprc Oilers du Libéria et le Zamalek d’Egypte. On considère notre adversaire comme une grande équipe parce qu’elle est parvenue à se qualifier pour ce tour. On veut décrocher notre qualification. On a quelques éléments sur notre adversaire. On a d’ailleurs eu à faire une séance vidéo avec les joueurs. On a analysé tous les éléments afin de trouver une stratégie pour faire déjouer notre adversaire et gagner ce match. On a tiré des leçons de notre match contre le Zamalek. On sait que le but encaissé à domicile à l’aller a contribué à notre élimination. Dans ce football moderne, la qualification se décroche souvent à domicile en marquant des buts et n’encaissant pas. Quand on encaisse un but cela peut amener des complications lors du match retour. C’est ce qui nous a couté cher contre le Zamalek. On en a parlé avec les joueurs pour que pareille chose ne se reproduise plus » a indiqué Djiby Fall en conférence de presse d’avant-match qui n’a pas manqué de lancer un appel au public thiessois.
« Nous ne les sous-estimons pas »
Face à Génération Foot, l’Esae FC compte également se procurer le sésame pour les phases de groupe de cette coupe. Le club universitaire béninois estime être prêt à relever ce défi face à GF. « C’est bien que ce soit Génération du Sénégal. Nous ne les sous-estimons pas. C’est un centre de formation avec un football aussi proche de celui de Salitas que nous avons déjà joués. Ils sont rapides, très rigoureux et encaissent très peu de buts. Mais là, au moins, c’est jouable pour nous car il ne fera pas 20 degrés à Dakar. Et si on se prend au sérieux comme on sait le faire on peut faire rêver le peuple béninois » a indiqué Clément Adéoti Adéchian, président du club béninois dans une interview accordée à un organe de presse local. La balle est dans le camp des poulains de Djiby Fall qui devront répondre présents ce mercredi.
Programme
Mercredi 30 octobre 2019
Stade Lat-Dior de Thiès
18h00 Génération Foot – ESAE FC
SIX MILLIARDS DE FRANCS CFA ANNONCES POUR FACILITER L’ORIENTATION DES NOUVEAUX BACHELIERS
L’Etat va décaisser six milliards de francs CFA avant fin 2019 pour l’exécution de la mesure visant à orienter tous les nouveaux bacheliers dans les universités et établissements d’enseignement supérieurs publics, selon Cheikh Oumar Hanne
L’Etat va décaisser six milliards de francs CFA avant fin 2019 pour l’exécution de la mesure visant à orienter tous les nouveaux bacheliers dans les universités et établissements d’enseignement supérieurs publics, a annoncé, mardi, à Ziguinchor (sud), le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Cheikh Oumar Hanne.
‘’L’Etat a déjà pris la décision d’orienter tous les nouveaux bacheliers dans les universités publiques. Nous savons aussi que plusieurs chantiers sont à l’arrêt dans ces universités. C’est pourquoi nous allons décaisser six milliards de francs CFA pour mieux accompagner ces orientations’’, a déclaré M. Hanne. Il visitait les chantiers de l’Université Assane-Seck de Ziguinchor (UASZ), en compagnie des responsables de cet établissement d’enseignement supérieur, de certains de ses collaborateurs et des autorités administratives locales. ‘’Nous constatons que les chantiers sont à l’arrêt. Des mesures d’accompagnement d’ordre budgétaire sont en train d’être prises pour finir et livrer les chantiers. Nous allons tout faire pour livrer les bâtiments administratifs, les ouvrages pédagogiques et les blocs sociaux’’, a assuré Cheikh Oumar Hanne. Il estime que la ‘’balle est dans le camp des entreprises parce que l’Etat est très en avance sur le décaissement’’ des fonds destinés aux chantiers. ‘’Nous devons donner aux entreprisses un total de 2,9 milliards. Mais, avec les six milliards qui sont en cours de décaissement, nous pourrons finir les chantiers et améliorer les conditions d’études des étudiants’’, a insisté le ministre de l’Enseignement supérieur. Après avoir visité les chantiers de l’UASZ, Cheikh Oumar Hanne s’est longuement entretenu avec les étudiants, les enseignants et les syndicalistes, pour ‘’permettre aux 3.000 nouveaux bacheliers, qui seront orientés [dans cette université] d’avoir de bonnes conditions socio-pédagogiques’’
BABA THIAM ET NABY SARR SELECTIONNES
Ce sera d’abord contre le Congo Brazzaville, le 13 novembre au stade Lat Dior de Thiès, puis en déplacement contre l’Eswatini, le 17 novembre prochain.
La liste des joueurs retenus pour les deux prochains matchs des éliminatoires de la Can 2021 contre le Congo Brazzaville et l’Eswatini, sera dévoilée demain par le sélectionneur, Aliou Cissé. Une liste de 24 joueurs dans laquelle on devrait retrouver deux nouveaux. Il s’agit de Baba Thiamet Naby Sarr.
Après la Coupe d’Afrique 2019 en Egypte, sanctionnée par une place de finaliste face à l’Algérie, une nouvelle aventure débute dans une quinzaine de jours pour l’Equipe nationale A avec le début de la phase aller des éliminatoires de la Can 2021 au Cameroun. Ce sera d’abord contre le Congo Brazzaville, le 13 novembre au stade Lat Dior de Thiès, puis en déplacement contre l’Eswatini, le 17 novembre prochain. Pour ces deux rencontres, les électionneur, Aliou Cissé,devrait composer avec quasiment le même groupe qui a joué le match amical contre le Brésil (1-1), le 10 octobre dernier à Singapour.
Au chapitre des nouveautés,on apprend que le technicien sénégalais serait sur la piste de Baba Thiam. Agé de 27 ans, le bonhomme est un attaquant et évolue actuellement à Kasimpaşa Sk, en Turquie. Il s’agit de l’ancien club de l’autre international sénégalais, Mbaye Diagne, aujourd’hui à Bruges,en Belgique. Auteur d’un bon début de saison, Baba Thiam a déjà marqué 4 buts en 9 matchs de championnat.
Ce natif de Nguidilé à Louga est un véritable globe-trotter pour avoir joué en Italie avec la Juventus, en Grèce, en Belgique ou encore en Iran avant de rejoindre la Turquie.Durant sa carrière, il a été souvent été prêté dans des clubs en Italie avant son départ pour le championnat turc.En plus de son poste d’attaquant, Baba Thiam peut jouer comme excentré gauche. Un profil assez rare et qui intéresserait le staff technique national.L’autre nouvelle tête de cette liste devrait être Naby Sarr qui évolue à Charlton, en Champion ship (Angleterre). Fils de l’ancien international et en traineur de l’Equipe nationale du Sénégal, Boubacar Sarr Locotte, il évolue dans l’axe central de la défense. Champion du monde U20 avec la France en 2013, Naby Sarr (26 ans) a été formé à Lyon avant de prendre la direction de l’Angleterre,après un bref passage au Portugal. Socle de la défense de son club, l’année dernière, le natif de Marseille est devenu un élément incontournable au sein de la défense de Charlton. Suffisant pour taper dans l’œil du staff technique.
Porter le maillot de l’Equipe nationale, à l’image de son père,serait une belle récompense pour Naby qui rêve depuis des années de rejoindre la Tanière.Pour le reste, le groupe devrait naturellement enregistrer les retours des Rennais, à savoir l’attaquant Mbaye Niang et le gardien de but, Edouard Mendy. Blessés et déclarés forfait contre le Brésil, les deux joueurs ont finalement pure prendre la compétition avec leur club. D’ailleurs, le premier a trouvé le chemin des filets la semaine dernière, au grand bonheur de son club qui renoue avec la victoire, après plusieurs journées. La liste des joueurs sera dévoilée demain lors d’une conférence de presse, prévue à 10 heures au Good Rade.
ABDOUL AZIZ KEBE DEROULE SON «HAJJ»
Le Délégué général pour le pèlerinage tire le bilan de l’édition 2019 du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, parle des voyagistes, du processus de privatisation du hajj, des mesures de l’Arabie Saoudite, etc.
Si l’édition 2019 du Hajj est créditée de près de 80 % de réussite, et seulement 20 % de couacs, cela ne pousse guère le Délégué général pour le pèlerinage à La Mecque, Dr Abdoul Aziz Kébé, à l’autoglorification. Ce n’est pas son genre. L’homme séduit par son tempérament calme, mais surtout par la profondeur de ses analyses et la maitrise de son sujet. Il n’est pas enseignant à l’Université de Dakar pour rien. Dans cette interview exclusive accordée au « Témoin », le Dr Abdoul Aziz Kébé tire le bilan de l’édition 2019 du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, parle des relations de la Délégation qu’il dirige avec les voyagistes, du processus de privatisation du hajj, des nouvelles mesures imposées par l’Arabie Saoudite, de la possibilité du choix de la compagnie nationale comme voyagiste du pèlerinage etc. Le « M. Hajj » de l’Etat en a profité pour tracer des perspectives pour les années à venir et, surtout, afficher sa volonté de continuer à appuyer la vision du président de la République dans le domaine du pèlerinage à La Mecque. Entretien.
Le Témoin - Vous étiez à Saly ce samedi 26 octobre pour faire le bilan du pèlerinage 2019. En tirant récemment ce bilan, justement, vous avanciez un taux de satisfaction de près de 80 %. Pourquoi donc, après cela, avez-vous jugé nécessaire de revenir à Saly pour refaire ce bilan ?
Dr Abdoul Aziz KEBE - Le bilan que nous dressons consiste à exposer devant les populations, ou les citoyens si vous préférez, les résultats auxquels nous sommes parvenus en termes de performances et de limites. En présentant les choses de cette façon en termes de performances et de limites, c’est une manière d’avoir une approche globale. Vous l’avez dit, il y a eu plus de réussites que de limites. Cela, c’est le bilan, mais l’évaluation nous permet de ne pas nous limiter uniquement au décompte de ce qui est bien et de ce qui n’est pas bien. L’évaluation nous permet d’entrer au fond des choses pour voir dans ce qui est objectifs vérifiables, qu’est-ce qui nous a conduits à telle performance ? Qu’est ce qui nous a conduits à telle limite ? Et sur la base de l’identification de ces facteurs de performances et de limites, pouvoir tracer une ligne de conduite pour la consolidation de ce qui doit être consolidé et la rectification de ce qui doit être rectifié. Et aussi pour la prise de nouvelles initiatives par rapport aux résultats que nous avons obtenus. Donc l’opération du bilan, c’est tout simplement une opération de comptabilité. A savoir pouvoir dire voilà ce qui est bien, voilà ce qui n’est pas bien. En revanche, l’opération d’évaluation permet de voir de manière critique et objective quels sont les facteurs qui ont conduit à ces résultats, qu’ils soient bons au mauvais. Sur quoi, nous sommes-nous fondés ? Quelles sont les ressources dont nous disposions ? Comment a-t-on utilisé ces ressources-là ? Est-ce qu’elles ont été utilisé de manière efficiente ?
Justement, en termes d’évaluation, sur quels critères sont basés les 80 % de réussite dont vous faites état ?
Si nous prenons le pèlerinage dans ses différents processus, il y a eu des activités phares qui se répartissent en six étapes qui jalonnent ce processus d’organisation. La première étape, c’est l’inscription du pèlerin. Il y a un ensemble de dispositifs qu’il faut mettre en place pour que le pèlerin puisse avoir son ticket pour aller à La Mecque. Notamment la visite médicale d’aptitude, le passeport, l’assurance, l’achat du billet d’avion et, in fine, l’obtention du visa. Cette première phase doit permettre au pèlerin de se dire que je peux aller à La Mecque. Estce qu’on peut l’organiser de manière efficiente afin que le pèlerin ne perde pas du temps, ne soit pas fatigué, ne soit pas perdu dans les différents services qui s’occupent de ces choses-là ? Pour réussir cela, il faut axer l’organisation sur le sens de l’anticipation.
Sur ce point, nul n’a senti de couacs majeurs cette année…
Vous avez raison. Cette année, nous avons fait une innovation en créant un portait national à l’image du portail sur lequel nous travaillons avec l’Arabie Saoudite. Ce portail national a permis d’aller beaucoup plus vite, il a aussi permis une meilleure transparence et de pouvoir immédiatement identifier ce qu’il y a lieu de corriger et d’avoir la possibilité d’atteindre directement ou le pèlerin ou celui qui organise son voyage. Sur cette première phase, nous avons eu Alhamdoullilah des performances puisque nous avons ouvert à temps et fermé à temps le bureau du pèlerinage.
Et sur les 20 % de contreperformances, qu’est-ce qu’on peut retenir comme problèmes majeurs ? Il semble notamment que la restauration et la longueur du séjour posent problèmes…
Ce sont effectivement des questions à prendre en compte. Mais en vérité, les limites par rapport à notre planification organisationnelle, c’est, d’abord, au niveau du transport aérien. Nous avons eu un planning de vol que nous avons établi. Ce planning a été respecté, malheureusement à l’aller nous avions eu un avion en retard et au retour il y a eu aussi des rééchelonnements au niveau des vols. Ce sont des limites dans la performance que nous voulions attendre au niveau du transport aérien où nous n’avons pas eu 100 %, mais 80 % de réussite. Cela dit, sur l’ensemble des vols, il n’y a que deux ou trois qui ont connu des retards.
D’où le débat sur le choix du transporteur du pèlerinage. D’aucuns pensent que c’est le transporteur national Air Sénégal qui doit convoyer nos pèlerins. Qu’en pensez-vous ?
Que ce soit le transporteur national ou une compagnie saoudienne, la Délégation générale au pèlerinage ne se lève pas pour choisir un transporteur. Le transporteur saoudien, c’est une directive de la GACA, l’organisation saoudienne qui s’occupe de l’aviation civile, c’est une directive qui impose aux pays qui organisent le pèlerinage de faire convoyer 50 % de leurs pèlerins par un transporteur saoudien. Ce dernier, ce n’est pas la Délégation générale au pèlerinage qui le choisit. Mais c’est encore la GACA qui choisit parmi les transporteurs saoudiens, un ou plusieurs et qui dit à la DGP voilà celui qui est désigné cette année pour vous transporter. Ces dernières années, c’est FLYNAS qui a été désignée par la GACA. Nous n’avons pas eu notre mot à dire.
Si on suit bien, vous n’avez pas de marge de manœuvre pour choisir notre compagnie nationale comme transporteur du pèlerinage ?
On n’a certes pas de marges de manœuvres par rapport au choix de la compagnie, mais, en revanche, on a une marge de manœuvre par rapport à notre propre cahier des charges. En fait lorsqu’on désigne un transporteur, nous présentons à ce dernier un cahier des charges élaboré en collaboration avec notre conseil en transport aérien, avec l’ANACIM et les techniciens du ministère des Transports aériens. Ce cahier des charges permet de définir le type, l’âge, la capacité de l’avion que nous voulons, de définir les rotations en termes de plans de vols que nous voulons, quand nous voulons commencer et finir nos vols en plus de la proposition du prix que nous discutons.
Au niveau des prix, l’un des griefs soulevés par le privé, c’est la cherté du billet d’avion. Ces griefs sont-ils justifiés, selon vous ?
Quand on dit que quelque chose est cher par rapport à un autre produit, quand on compare un prix à un autre, il faut que cette comparaison se fasse sur la base des structures et des paramètres qui composent le prix. Dans notre cahier des charges avec FLYNAS, nous demandons deux avions qui transportent nos pèlerins et un troisième en back up. Nous demandons à FLYNAS de transporter seulement et seulement nos pèlerins qui quittent Dakar pour aller directement à Médine. Après les avoir déposés là-bas, ces avions reviennent vides à Dakar pour reprendre nos pèlerins et les ramener à Médine. Donc un charter qui quitte Dakar avec nos pèlerins pour aller directement sur Médine et qui revient vide, ne peut pas être comparé à un vol commercial qui prend 4 pèlerins par-ci et 50 autres voyageurs dont 20 descendent à Conakry, qui prend encore 20 à Conakry, en fait descendre à Dubaï pour libérer 50 et prendre encore 50 voyageurs. Et dès son arrivée à Médine, cet avion va reprendre du monde pour revenir à Dakar. Dans ces conditions, si vous comparez les deux coûts, vous avez tout faux. Les coûts ne peuvent pas être les mêmes. Par exemple, lorsque nous allons à Touba, à Tivaouane pourquoi les prix augmentent au niveau du transport des voitures ? Parce que le chauffeur vous dit : écoutez, pour mon retour à Dakar, le véhicule est vide et en plus je brûle du carburant.
Si le privé pose la question de la cherté des prix, cela ne donne-t-il pas l’impression qu’il n’y a pas de concertations entre la délégation générale et les promoteurs privés du pèlerinage ?
Le privé posera toujours ce débat parce qu’il est dans une dynamique commerciale. Ce qui est normal. Nous ne dénions pas au privé le droit de chercher à faire des bénéfices et à gagner le maximum dans cette opération. Mais nous ne pouvons pas laisser établir cette comparaison entre le prix d’une compagnie commerciale et celui de FLYNAS sans apporter les précisions pour que le citoyen n’en ignore. Pour les concertations avec privé, il n’y a pas de moment où il n’y ait pas de concertation entre la Délégation générale et les promoteurs privés. Nous avons un cadre de concertation que nous avons mis en place à la Délégation appelé Comité consultatif avec la présence d’experts et de gens expérimentés du privé avec qui nous discutons sur certaines questions. Il n’y a aucune question relative à l’organisation du pèlerinage que nous ne discutions pas avec le privé. Cela ne veut pas dire que nous ne fassions que ce que le privé veut. Nous leur exposons nos visions, nous les écoutons et discutons pour trouver ce qui est le meilleur pour le pèlerinage au Sénégal. Par rapport aux coûts du transport aérien, c’est cela la réalité. Le coût du charter ne peut pas être identique aux coûts du vol commercial. Il y a une différence de prix et c’est tout à fait compréhensible.
En 2019, sur près de 13.000 pèlerins sénégalais, les 11.000 ont été convoyés par le privé, et la Délégation environ 2000. On ne comprend pas un tel schéma. Le pèlerinage a-t-il été privatisé ? Pourquoi l’Etat ne s’estil pas retiré totalement du pèlerinage ? Car, il intervient toujours dans l’opération à travers la délégation générale. Comment expliquez-vous cette situation ?
C’est tout à l’honneur de l’Etat de rester encore dans le pèlerinage. Les organisations privées ne peuvent pas se mettre dans une position de concurrence avec l’Etat. Pourquoi ? Parce que c’est à l’Etat qu’est dévolu le service public de transporter le pèlerin sénégalais, de mettre ce dernier dans des conditions de sécurité et de confort qui puissent lui permettre d’accomplir correctement son rituel et de revenir dans sa famille sain et sauf. C’est également ce même Etat qui a fait une concession de ce service public à des acteurs privés. L’Etat qui a la possibilité de convoyer 13.000 pèlerins, et qui prend sur lui pour concéder 11.000 pèlerins à des privés, à des opérateurs privés sénégalais, on ne peut pas considérer qu’il y ait une concurrence entre les deux. Non, il n’y a aucune concurrence entre l’Etat et les voyagistes privés. Maintenant, si ces 11.000 pèlerins sont convoyés par ces derniers, c’est parce que le président de la République l’a voulu. Son excellence Macky Sall a décidé de libéraliser l’organisation du voyage à La Mecque. Il a décidé également de le mettre entre les mains d’opérateurs qui soient capables du point du vue technique et financier, mais aussi éthique et moral, de convoyer les pèlerins sans que ces derniers ne soient lésés du point de vue de leurs droits, de leur santé, de leur intégrité physique. Sans que l’image du Sénégal ne soit altérée par des actions qui ne sont pas en phase avec la réglementation aussi bien du Sénégal que de l’Arabie Saoudite. C’est cela justement le rôle de la Délégation générale : travailler avec les voyagistes privés dans la mise en œuvre de la vision du président de la République, travailler à ce que le voyagiste privé puisse gagner quelque chose dans l’organisation du pèlerinage, mais aussi prendre en compte les intérêts du pèlerin et du Sénégal. Pour résumer, améliorer constamment le service public du pèlerinage.
Mais est-ce qu’il est prévu d’arriver à une privatisation totale du pèlerinage ?
C’est la volonté du président de la République de libéraliser à 100 % le convoyage des pèlerins sénégalais à La Mecque. Aujourd’hui, sur les 13.000 pèlerins, 11.000 sont convoyés par le privé. C’est presque une privatisation totale, c’est une volonté du chef de l’Etat. Nous travaillons pour que cette volonté soit effective à 100 %. Il y a un cadre réglementaire et organisationnel à mettre en place, un environnement de sécurité pour le pèlerin et aussi pour l’Etat.
Justement au sein des voyagistes privés, chaque année des pèlerins sont victimes de désagréments qui annihilent leur pèlerinage et qui finissent devant les tribunaux. Cette année, aussi, le pèlerinage des étrangers a été un calvaire à cause de la non disponibilité des visas. Comment percevez-vous ces manquements dénoncés par les pèlerins ?
Il y a effectivement certains voyagistes privés qui sont coupables de manquements. C’est vrai aussi que certains d’entre eux sont parfois victimes de décisions tardives prises par les autorités intervenant dans le pèlerinage. Pour le premier cas, celui des voyagistes privés auteurs de manquements, nous avons mis en place au sein de la Délégation générale un autre cadre de conciliation et d’arbitrage pour les contentieux. Cela parce que depuis que nous sommes à la tête de la Délégation, nous avons décidé qu’aucun contentieux ne puisse arriver devant les tribunaux et faire la Une de la presse. Nous avons les moyens humains et moraux de régler les contentieux. S’il y a des fautes, nous devons pouvoir trouver les facteurs qui ont conduit à cela et apporter les corrections nécessaires. S’il y a des malentendus et des erreurs, de pouvoir les corriger. Cette année, nous avons réglé 19 cas de contentieux qui pouvaient atterrir devant les tribunaux et la presse.
Pourtant, en un moment donné, vous aviez promis de sanctionner des voyagistes privés et même d’aller jusqu’au retrait de leur agrément. Pourquoi ne le faites-vous pas ?
Pourtant si, il y a des sanctions. La sanction, c’est l’ultime action, avant d’en arriver à ce niveau, il faut trouver des moyens de conciliation et de correction s’il y a lieu. Maintenant, si vraiment la sanction s’impose, il faut qu’elle soit prise. Si vous prenez sur 286 agences, GIE et associations qui interviennent dans le pèlerinage, il y a des sanctions qui sont tombées sur trois ou quatre organisateurs. Des sanctions temporaires du genre administratif parce qu’il y a eu forclusion parce qu’on est arrivé un jour ou deux jours après la date limite, c’est la réglementation. Une sanction de retrait de quotas parce qu’il y a un contentieux entre l’agence privée et les organisateurs en Arabie saoudite qui nous ont saisis sur ce contentieux, il n’y a pas eu solutions, la sanction s’impose. Donc sur 286 agences, s’il y a trois ou quatre seulement qui sont sanctionnées, Il y a eu 19 cas qui sont tombés sur notre table que nous avons solutionnés à l’amiable sans que personne ne le sache, je pense que nous sommes sur la bonne voie de la régulation et de la concertation. Maintenant il y a des fois où l’organisateur lui-même est victime. C’est le cas par exemple des visas étrangers. C’est le pays organisateur, à travers son agence de supervision, qui a octroyé un pourcentage aux étrangers vivant au Sénégal et qui voudraient accomplir le pèlerinage. Parmi eux, il y a des fonctionnaires internationaux, d’autres sont là en tant que professeurs d’université, d’autres en tant que résidents, c’est tout à fait normal qu’ils partent d’ici. Chaque année, les organisateurs privés ont convoyé ces étrangers sans problèmes. C’est seulement cette année que le nouvel ambassadeur saoudien a introduit une nouvelle mesure qui a rendu plus difficile le voyage des étrangers et cette mesure a été prise au moment où on attendait les visas. C’est pourquoi je dis que les organisateurs eux-mêmes sont victimes des mesures qui viennent d’être prises par l’Arabie saoudite. Si la mesure avait été annoncée dès l’entame des procédures, il aurait été possible de régler la question. Les gens ont travaillé sur qui était traditionnellement admis jusqu’au moment où, alors que l’on attendait de recevoir les visas, il y a une nouvelle réglementation saoudienne qui est tombée. Les victimes de cette situation étaient non seulement les étrangers qui n’ont pas pu aller à La Mecque, mais aussi les voyagistes privés qui ont pris ces étrangers, qui ont collecté l’argent de ces derniers et qui en fin de compte se retrouvent dans l’impossibilité de les convoyer comme prévu. Et ils ont été obligés de rembourser l’argent déjà collecté.
La nouvelle réglementation saoudienne consistant à imposer aux voyagistes privés la règlementation IATA ne constitue-t-elle pas une menace pour ces derniers ?
Non, je ne le pense pas. C’est plutôt un atout. En tout cas, dès que l’information nous est parvenue, nous l’avons transmise aux voyagistes pour que ce que ceux qui veulent accéder à l’agrément IATA puissent prendre leurs dispositions. L’agrément IATA, c’est un atout pour moi et les organisateurs dans la mesure où cela permet d’avoir plus de garanties au niveau du pèlerin car celui qui nous prend en charge est observé au Sénégal, mais aussi sur le plan international. Il risque de subir des sanctions s’il y a des manquements. Nous avons essayé au niveau de la Délégation générale de regrouper les organisations privées. En 2019, nous sommes allés avec 34 groupements. Dans cette affaire IATA, chaque groupement est dirigé par une tête de file. Chaque tête de file doit forcément avoir un agrément IATA. C’est une façon de moraliser et de sécuriser le processus. Ce sont les têtes de file qui apparaissent sur le portail électronique, tout le reste ont leur quota, ils s’organisent dans le groupement. Maintenant c’est à nous de travailler sur un protocole qui prend en charge un minimum d’obligations pour celui qui est tête de file et les autres membres de groupements. Cela a pour avantage de faciliter le contrôle. Pour moi, l’agrément IATA, c’est un atout pour l’organisation du pèlerinage, l’assainissement, la mutualisation et la solidarité entre acteurs.
Est-ce qu’on peut parler d’une économie du pèlerinage ? Qu’est-ce que le Sénégal gagne dans le pèlerinage ?
Ah, le Sénégal gagne beaucoup de choses dans le pèlerinage ! C’est un bon projet que de travailler sur l’économie du pèlerinage pour pouvoir chiffrer ce que gagne le Sénégal dans le pèlerinage. Vous savez, on peut dans l’alentour géographique du site d’inscription, avoir une idée de ce gain pour notre pays. Pendant deux mois, des dames et des hommes sont sur le site en train de faire du commerce sur les accessoires, d’autres vendent des CD, des repas, des guides du pèlerinage… Si nous nous limitons uniquement aux alentours géographiques, il y a une économie. Mais si vous allez plus loin, pendant le pèlerinage, l’agence est obligée de recruter un médecin, un guide religieux. Ces derniers verront leurs ressources augmenter. L’agence est obligée de disposer d’un siège, de recruter deux permanents, d’avoir un équipement selon le cahier de charges. En outre chaque année avant d’obtenir son quota, il faut que l’agence présente un quitus fiscal prouvant qu’il a payé ses impôts. Il y ainsi une petite économique nonobstant les taxes tout autour qui s’organisent autour du pèlerinage. Ce serait bien de faire une étude sur l’économie du pèlerinage.
M. le Délégué général des rumeurs parlent de votre possible départ après trois années de présence à la tête de la Délégation pour le pèlerinage à La Mecque. Confirmez-vous ces rumeurs ? Ou alors, quelle est votre position sur la question ?
Vous savez quand on est dépositaire de la confiance du président de la République et des croyants, on a toujours le courage de relever les défis, de poursuivre le travail avec les gens avec qui on le fait. Cela dit, l’être humain a des limites physiques et intellectuelles. Il peut arriver que l’être humain dise que je commence à atteindre mes limites physiques, intellectuelles, il serait bon à ce moment-là de se redéployer ailleurs. En tout cas, au jour d’aujourd’hui, tant que le Délégué général a la confiance du président de la République, il poursuit son bonhomme de chemin vers les objectifs de ses missions. C’est en 2016 que M. Abdoul Aziz Kébé a été nommé. Du fait que le président de la République a ses attentes, est-ce que le Délégué général a atteint celles-là ? S’il pense que le Délégué général a atteint ses attentes et lui renouvelle sa confiance, Alhamdoulillah. Si le président de la République, dépositaire des attentes du peuple, estime que Abdoul Aziz Kébé n’a pas satisfait ses préoccupations, et qu’il pense confier la mission à une autre personne, à ce moment-là, le en ma qualité de Délégué général, je le remercierais de la confiance qu’il a placée en moi et je continuerais mes missions dans d’autres perspectives tracées par le chef de l’Etat ou la communauté musulmane et la patrie.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
EMPRISONNER SONKO SERAIT UNE ERREUR MONUMENTALE
Nous sommes sûrs que Macky ne va pas suivre les apprentis sorciers qui voudraient l’entraîner dans un projet aussi éruptif que l’arrestation d’un homme qui a déjà payé pour avoir été radié injustement de la fonction publique
Rien n’est plus triste — ou ridicule, c’est selon — que de considérer tous les autres comme des idiots tout en estimant qu’on est le seul à être doté d’intelligence. C’est malheureusement la posture qu’adoptent les députés de la majorité présidentielle regroupés au sein du groupe Benno Bokk Yaakar (BBY) à l’Assemblée nationale.
Face aux accusations gravissimes de détournement de 94 milliards de nos francs portées par leur collègue Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, contre l’alors directeur des Domaines et ses complices présumés, ils ont déclenché l’opération « il faut sauver le soldat Mamour Diallo ». En quoi consistait-elle ? A prendre les devants, à court-circuiter la justice — déjà saisie de dénonciations sous forme d’alertes du même Ousmane Sonko en même temps que l’Inspection générale d’Etat et l’Ofnac — en mettant sur pied une commission d’ « enquête parlementaire » !
Or, c’est bien connu, le Parlement ne peut enquêter sur des faits dont la justice est déjà saisie. Qu’à cela ne tienne, le pouvoir en place et son chef détenant tous les leviers, l’astuce a consisté à demander à cette même justice de faire le mort sur les saisines d’Ousmane Sonko de manière à rendre possible l’« enquête » de l’Assemblée nationale, plus précisément du groupe parlementaire BBY. Et le tour était joué.
Bien évidemment, les conclusions de cette enquête-Omo (du nom du fameux détergent) étaient connues d’avance comme je l’écrivais dans ces mêmes colonnes dès la mise sur pied de cette commission dite d’enquête. Sans surprise, ces brillants députés-enquêteurs, après avoir fait mine de faire des investigations, ont conclu à l’ « innocence » de Mamour Diallo des faits de détournement dont il était accusé. Après quoi, « blanchi » des accusations de détournement par ses propres frères de l’Alliance Pour la République (APR) et leurs alliés du Parti socialiste (PS) et l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), le supposé blanc comme neige Mamour Diallo a entrepris de saisir la justice d’une plainte pour diffamation et injures contre…
Ousmane Sonko. Mais oui ! Et déjà, les mêmes députés de BBY, qui ont fait tourner à plein régime la machine à laver pour blanchir leur camarade Mamour Diallo, piaffent d’impatience tout en se pourléchant les babines et en se frottant les mains dans l’attente de lever l’immunité parlementaire de leur collègue Ousmane Sonko ! Lequel serait coupable du crime d’avoir porté des accusations de détournement de deniers publics contre un pilier du parti présidentiel, le richissime leader du mouvement « Dolly Macky » à Louga ! En même temps, ils disent à qui veut l’entendre que le compte de l’accusateur est bon, que le leader de Pastef ne perd rien pour attendre et qu’il pourrait lui aussi se retrouver à la prison de Rebeuss. Laquelle a accueilli, avant lui, des empêcheurs de rempiler du président de la République comme Karim Wade et Khalifa Sall.
Une manœuvre grotesque et cousue de fil blanc
Le problème, c’est que la manoeuvre des députés de Benno est grotesque et cousue de fil blanc. Autrement dit, leur « enquête » à décharge pour Mamour Diallo n’a absolument aucune crédibilité ! Ne serait-ce que parce que, quand des députés de la majorité présidentielle « jugent » un membre éminent de cette même mouvance relativement à des accusations portées contre lui par un opposant virulent, il y a fort à parier que leur sentence soit la relaxe pure et simple. Il s’y ajoute que, dans cette affaire, alors qu’elle avait été saisie depuis 2018 peut-être pas d’une plainte mais d’une dénonciation de détournement présumé de deniers publics portée contre Mamour Diallo, la justice s’est abstenue d’ouvrir ne serait-ce qu’une enquête préliminaire voire une information judiciaire, le procureur de la République mettant sous le coude les faits portés à sa connaissance. Donnant ainsi la latitude aux députés de la majorité — que l’on ne connaissait pas aussi audacieux et aussi « fast track » ! — d’ouvrir une « enquête ».
Laquelle, miracle ! a « blanchi » Mamour Diallo et lui permet de se présenter en position de victime pour porter plainte contre son ancien collègue à la Direction générale des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko. Arrêtons-nous sur la hardiesse des députés du groupe Benno : rien que leur collègue Mamadou Lamine Diallo les a saisis d’au moins deux demandes d’enquêtes parlementaires sur les affaires Arcelor Mittal et Franck Timis, ils n’y ont jamais donné suite…
Pour en revenir à Mamour Diallo, si, par extraordinaire, la nouvelle plainte avec constitution de partie civile déposée par Ousmane Sonko contre lui auprès du juge d’instruction échappait à un veto du procureur de la République, peut-être aurions-nous la chance d’être édifiés sur les tenants et aboutissants de ce détournement supposé. Mais en attendant, ce qu’on peut retenir, malgré l’abondante littérature consacrée à cette affaire — mais aussi les émissions de télé et de radio —, c’est qu’il y a bel et bien eu détournement de deniers publics dans l’affaire dite du TF 1451/R. Il apparaît en effet que M. Mamour Diallo, agissant comme ordonnateur, a signé un « acquiescement » qui a permis de payer une somme de deux milliards huit cent millions et quelques à un détenteur d’une fausse créance sur l’Etat.
Il s’agit de Tahirou Sarr qui aurait racheté pour trois milliards de francs à la famille Ndoye une créance de 94 milliards de francs que celle-ci prétendait détenir sur l’Etat. Or, dans cette affaire, l’entité qui a fait l’objet d’une expropriation pour cause d’utilité publique, c’est bien la SAIM Kébé dont une partie du terrain a d’ailleurs été rétrocédée par le même Etat à la SN-HLM. Il s’y ajoute que, même s’il n’y avait eu que 2.800.000.000 de francs qui avaient été payés, il n’y avait pas de base légale au décaissement de cette somme puisque, aussi bien en première instance qu’en appel, la justice avait annulé l’homologation (qui est l’acte sur lequel l’Etat doit se fonder pour indemniser) présentée par M. Tahirou Sarr. Rien que ces deux éléments permettent raisonnablement d’installer Mamour Diallo — du moins selon notre humble compréhension — non pas dans la position d’une victime d’accusations gratuites d’Ousmane Sonko mais plutôt dans celle de coupable présumé. Car dans cette affaire, il y a eu bel et bien détournement de deniers publics.
En plus que doublant la superficie frappée d’expropriation — 256 ha au lieu de 125 ha — et en surfacturant le prix du mètre carré — 37.000 francs au lieu du barème légal de 7.000 francs pour la zone concernée —, les auteurs de l’entourloupe auraient sur indemnisé de prétendus expropriés de 85 milliards de nos francs !
Encore une fois, et selon notre humble compréhension, il y a eu détournement de deniers publics dans cette affaire. Peut-être pas de 94 milliards de francs mais bien d’au moins 2,8 milliards de francs. C’est-à-dire un milliard de francs de plus que la somme qui a valu à Khalifa Sall de passer deux ans et demi en prison en plus d’être déchu de son mandat de député et radié de ses fonctions de maire ! Dans ces conditions, évidemment, on voit mal par quelle opération du Saint-Esprit les députés de Benno Bokk Yaakar ont pu blanchir Mamour Diallo. Ils ont sans doute dû utiliser de la poudre de Perlimpinpin pour le soigner des maux qui l’accablent ! Et puis, même si le responsable politique lougatois a été « blanchi » par son camp, cela suffit-il pour délivrer une sorte d’exéquatur des députés aux magistrats ?
Lesquels seraient en quelque sorte tenus de condamner Ousmane Sonko pour diffamation dès lors qu’eux, députés du pouvoir législatif, ont décidé que leur camarade Mamour Diallo est innocent des faits dont on l’accuse. La réponse est non, évidemment. D’abord parce que la justice doit absolument enquêter sur les faits de détournement de deniers publics dont elle est saisie depuis l’année dernière par le patron de Pastef. Surtout qu’il ne cesse de supplier aussi bien la justice, donc, mais aussi l’IGE et l’OFNAC afin qu’on l’entende et qu’on le confronte avec Mamour Diallo pour qu’il livre les preuves dont il dispose. En vain jusqu’à présent. Comme si on ne voulait pas que la vérité éclate dans ce dossier et que les Sénégalais soient édifiés !
Des preuves béton qui font que, justement, Ousmane Sonko ne peut pas ne pas gagner un procès en diffamation qui lui serait intenté. Et ça, c’est un spécialiste des procès en diffamation qui vous l’assure ! Le même, en l’occurrence votre serviteur, ne voit pas comment pour une plainte en diffamation on pourrait jeter en prison le patron de Pastef. Si les juges devaient jeter au gnouf tous les prévenus de ce chef, alors c’est sûr, j’aurais passé la plus grande partie de ma vie en prison ! Je le répète : Mamour Diallo n’a aucune chance de gagner son procès en diffamation contre Ousmane Sonko relativement à cette affaire de détournement. D’ailleurs, je serais à la place du leader de Pastef, j’aurais renoncé de moi-même à mon immunité parlementaire pour aller à ce procès que je serais sûr de gagner.
Risque d’embrasement de la Casamance
Pour le reste, et si tant est que ce serait là le projet du pouvoir qui voudrait administrer la preuve par l’emprisonnement d’opposants de l’expression selon laquelle il n’y aurait jamais deux sans trois, il devrait y réfléchir à deux fois avant d’embastiller Ousmane Sonko. C’est-à-dire un leader politique classé troisième lors de l’élection présidentielle avec un score respectable de presque 16 % des suffrages exprimés. Un leader, surtout, qui porte les espoirs de toute une région ayant pris les armes contre la République depuis 1982 pour combattre la marginalisation dont elle estime être l’objet mais aussi se venger des couleuvres qu’elle avale, des frustrations qu’elle subit. Alors que le gouvernement peine à faire taire les armes en Casamance et à amener les combattants du MFDC (Mouvement des Forces démocratiques de Casamance) à la table des négociations, ce serait suicidaire — en tout cas terriblement contreproductif — d’enfermer à Rebeuss un jeune leader terriblement charismatique et dont l’aura couvre, par-delà cette région, tout le territoire national.
Un leader à travers lequel tous ces enfants perdus de la République vivant dans la forêt casamançaise se retrouvent et par le biais duquel, justement, ils reviennent progressivement dans le jeu démocratique et recommencent à croire aux institutions. Emprisonner Ousmane Sonko, quelle aubaine pour le maquis casamançais ! Ce n’est pas tant qu’il soit lié à ce dernier, mais les jeunes Casamançais, dont le rêve serait tué, pourraient se convaincre que, décidément, il n’y a rien à attendre de ce Sénégal-là qui ne voudrait aucun bien à leur région. Au moment où une colombe comme Abdou Elinkine Diatta vient d’être assassinée dans les conditions que l’on sait, ce serait la pire des conneries que de jeter Ousmane Sonko en prison. Mais nous sommes sûrs que le président de la République, qui a entrepris de pacifier le front social et de décrisper la situation politique nationale, ne va pas suivre les apprentis sorciers de son camp qui voudraient l’entraîner dans un projet aussi éruptif pour ne pas dire aussi inflammable que l’arrestation d’un homme qui a déjà payé pour avoir été radié injustement de la fonction publique. L’honneur d’un Mamour Diallo ne vaut pas un aussi gros risque pour notre pays…
LE CRD REPRÉCISE SA DÉMARCHE DANS L'AFFAIRE PETROTIM
Pour l’heure, force est de relever que la BBC s'est montrée beaucoup plus intéressée à la manifestation de la vérité que des institutions de la République pourtant investies pour défendre les intérêts de la nation - DÉCLARATION DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Congrès de la Renaissance Démocratique (CDR), datée du 30 octobre 2019, relative à ses démarches judiciaires dans l'affaire Petrotim.
« Dans le souci d’éviter toute confusion entre deux procédures judiciaires distinctes ; une confusion qui pourrait être construite à dessein, le Congrès de la Renaissance Démocratique tient à apporter les clarifications exposées ci-après.
En effet, une procédure d’appel à témoins, avec semble-t-il une recherche d’existence de corruption dans l’affaire Sall-Timis, a été initiée par le Procureur de la République du Sénégal au cours du mois de juin 2019 à la suite de l’énorme scandale révélé par la BBC portant sur l’attribution de permis gaziers et pétroliers du Sénégal au dénommé Frank Timis, associé du frère du président de la République du Sénégal et le rachat de ces permis par le major pétrolier BP.
Après enquête menée par la Direction des Investigations Criminelles (DIC) et audition de nombreux témoins parmi lesquels l’honorable député Mamadou Lamine Diallo et l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye sur leur initiative propre, le Doyen des Juges procède désormais à l’instruction de ladite affaire.
Par attitude citoyenne, les deux leaders politiques susnommés ont choisi de déposer des témoignages particulièrement argumentés lors de cette première procédure pour enlever tout prétexte « d’étouffement » de l’affaire au nom d’informations ou de preuves qui auraient pu être présentées comme insuffisantes.
Toutefois, le CRD n’a cessé de considérer et continue de considérer qu’une telle démarche n’est pas celle adéquate pour la recherche du délit de corruption. Le Sénégal s’est en effet doté d’une juridiction spéciale, la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), laquelle, dans l’attente d’une possible réforme, a systématiquement été utilisée par le régime en place lorsqu’il a souhaité rechercher la réalité d’un enrichissement illicite au préjudice de l’Etat.
Il suffisait donc de saisir la CREI pour rechercher le caractère illicite du patrimoine des mis en cause (notamment immobilier) corroboré par l’enquête menée par la BBC et portée à la connaissance du public au début du mois de juin 2019.
C’est la raison pour laquelle le CRD a mandaté l’honorable député Mamadou Lamine Diallo et l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye afin qu’ils portent conjointement plainte auprès du Doyen des juges avec constitution de partie civile pour faux, usage de faux en document administratif et détournement de deniers publics.
A cet égard, il est définitivement établi, confirmé et reconnu sans l’ombre d’aucun doute possible que de fausses informations contenues dans le rapport de présentation des décrets présidentiels n° 2012-596 et n° 2012 – 597 du 19 Juin 2012 ont permis leur adoption et leur signature avec pour conséquence la violation de la loi (article 8 du Code pétrolier) et l’attribution illégale de permis pétroliers au groupe des sociétés de Frank Timis dont la filiale sénégalaise est dirigée par M. Aliou Sall, frère du président de la République Macky Sall.
Cette plainte a été déposée le 22 juillet 2019 au Cabinet du Doyen des juges d’instruction. A ce jour, soit plus de trois (3) mois plus tard, ce dernier ne s’est toujours pas conformé aux dispositions pertinentes de l’article 79 du Code de Procédure Pénale (CDP) par refus de fixer le montant de la consignation comme l’y oblige l’article susvisé.
Face à cette attitude du juge d’instruction, les plaignants, par leur Conseil, ont saisi le président de la Chambre d’accusation conformément aux dispositions de l’article 211 du CDP par courrier déchargé le 15 octobre 2019 qui lui confère la mission de s’assurer du bon fonctionnement des cabinets d’instruction du ressort de la Cour d’Appel.
Pour le reste, le Congrès de la Renaissance Démocratique, comme d’ailleurs tous les citoyens sénégalais, républicains et démocrates, attend une application stricte de la loi dans cette affaire Sall-Timis et considère que la Justice parce qu'elle agit au nom et pour le compte du peuple souverain doit inspirer confiance à ce peuple par une attitude objective de rigueur et de cohérence mais surtout sans compromis ni atermoiements incompréhensibles dès lors que les intérêts stratégiques du pays sont en jeu.
Même si pour l’heure, au constat comme à l’analyse, force est de relever que, dans cette affaire, la BBC s'est montrée beaucoup plus intéressée à la manifestation de la vérité que des Institutions de la République pourtant investies par la Constitution de tous les pouvoirs nécessaires pour défendre et protéger les intérêts supérieurs de la Nation. »