Rarement abordé dans les cénacles du pouvoir en France, le sujet du Franc CFA est omniprésent sur les réseaux sociaux. Il a fait l’objet d’un débat le 14 octobre organisé par l’Association Science Po Afrique avec le soutien du Conseil présidentiel pour l’Afrique.
Pourquoi la France a-t-elle encore son mot à dire sur la politique monétaire de la zone CFA ? Pourquoi les billets sont-ils imprimés en Auvergne ? Et qu’advient-il des dépôts effectués par les banques centrales africaines vers la Banque de France ? Ces questions nourrissent une polémique largement relayée dans les réseaux sociaux et bêtement balayée sous le tapis à Paris. Une fois n’est pas coutume, le 14 octobre dernier, à Science Po, le débat était ouvert, introduit par Wilfrid Lauriano Do Rego, le coordonnateur du Conseil Présidentiel pour l'Afrique (CPA) crée en 2017 par Emmanuel Macron. L’entrepreneuse camerounaise Rebecca Enonchong, monte sur ses grands chevaux, soutenue par une salle pleine à craquer. A sa droite, un ancien ministre togolais, l’économiste Kako Nubukpo, auteur du récent L’Urgence africaine est un illustre opposant au Franc CFA. A sa gauche, Lionel Zinsou, ancien banquier chez Rothschild qui fut Premier ministre du Bénin en 2015 joue le défenseur de la principale monnaie unique africaine — 15 pays.
"Mais comment se justifie l’idée de déposer nos réserves à la Banque de France ? Pour moi, c’est indécent !", lance Rebecca Enonchong. Qu’un ministre français —Bruno Le Maire— se dise « ouvert à des pistes de réformes » la met en colère. « Etre ouvert, ce n’est pas de la condescendance, répond Zinsou, c’est une façon de dire : « faites les réformes que vous voulez, on ne fera pas obstacle », la France et les pays de la zone CFA doivent se parler, c’est dans les traités. Maintenant, il faudrait que le patron du FMI soit africain plutôt qu’européen car c’est surtout en Afrique qu’il travaille ! »
Justement, un ancien Directeur du FMI s’est récemment exprimé sur le sujet. Dans une note de 30 pages, Dominique Strauss-Kahn aujourd’hui consultant livre sa vision de CFA. Une chose est sûre : « il faut dégager la relation franco-africaine des derniers traits du colonialisme ». Changer de nom au plus vite est une évidence, que les billets ne soient plus imprimés en France et les dépôts effectués ailleurs qu’à Paris ne pose pas de problème particulier, dès lors que les dirigeants de la zone CFA en font la demande. « Aujourd’hui, explique l’ancien directeur du FMI, la France assume seule un risque financier non rémunéré, pour lequel l’opinion africaine ne lui accorde guère de crédit et dont le bénéfice commercial est partagé avec toute la zone euro ! »
Car les fameux dépôts à la Banque de France ne sont d’aucune utilité pour les finances publiques de l’hexagone : "ce sont des écritures libellées en Francs et non en Euro". Le plus logique serait donc que la Banque centrale européenne (BCE) se substitue à la Banque de France, au moins provisoirement, et que Bruxelles se saisisse du dossier. « C’est ce qui aurait dû être fait au moment du passage à l’Euro », admet DSK. Mais la vraie question n’est pas là. « Une réforme de symboles constituerait une terrible occasion manquée au regard des défis qui attendent la zone», conclut l’ancien patron du FMI. L’économiste Kako Nubukpo fait justement remarquer que la part des échanges intracommunautaires dans la zone franc est très faible : de 11 à 15%, dit-il, alors que dans la zone Euro elle est de 60%.
« La présence du Franc CFA n’a pas engendré de stimulation échanges.» Il faudrait donc redéfinir la zone et désigner une nouvelle banque centrale qui jouerait le rôle de garant. « Ces questions ont déjà été abordées dans un premier projet de réforme en 1984 », rappelle Kako Nubukpo qui pointe « la responsabilité des dirigeants d’Afrique ». Car, pour diverses raisons, tous ne sont pas favorables à une réforme. Le sujet est si politisé que certains chefs d’Etats ne veulent pas y toucher au prétexte que cela donnerait du crédit à leurs adversaires. Une mauvaise posture pour une mauvaise raison. D’autres en Afrique de l’Ouest craignent la puissance écrasante du Nigéria qui, en jouant le rôle de garant, engendrerait « une sorte de servitude », nous explique Kako Nubukpo, moins hostile au CFA qu’il y a trois ans lorsqu’il publiait « Sortir de l’Afrique de la servitude monétaire : A qui profite le Franc CFA ? ». DSK plaide de son côté pour l’intégration du Ghana, un pays enclavé dans la zone francophone. D’autres questions se posent et à ce rythme, craint Rebecca Enonchong, le débat pourrait encore durer des décennies. C’est tout l’objet de ce débat destiné aussi à prendre la température d’un dossier qui fait flamber les réseaux sociaux, mais roupille dans les tiroirs des administrations. Un sujet qui appelle à une réforme rapide sans quoi il donnera encore du crédit à ceux qui accusent la France de faire perdurer ce qu’ils présentent volontiers comme « un outil de domination ».
"NOUS AVONS L'AMBITION D'UN NETFLIX, MAIS AVEC DES CONTENUS ESSENTIELLEMENT AFRICAINS"
Pour la bascule audiovisuelle de l'analogique au numérique, le Sénégal a fait preuve d'originalité. C'est un opérateur local, Excaf Telecom, qui est à la manœuvre. Son président Sidy Diagne en livre les secrets
Le Point Afrique |
Malick Diawara |
Publication 23/10/2019
Pour la télévision numérique terrestre (TNT) sénégalaise, tout s'est noué en août 2014, quand, à la différence de nombreux États africains qui ont choisi pour la transition de l'analogique au numérique un opérateur étranger, le gouvernement a adopté une approche totalement différente. À la suite d'un appel d'offres international, le choix s'est porté sur le groupe Excaf Telecom, une entité dépendant du groupe Excaf, créé en 1972 par Ben Bass Diagne et aujourd'hui dirigé par son fils Sidy Diagne. Pour en mesurer l'importance, il y a lieu de savoir qu'Excaf est une sorte de mastodonte local dans le domaine des médias. Avec près de 600 collaborateurs, le groupe fait tourner 2 chaînes de télévision qui lui sont propres, 14 stations de radio disséminées à travers le pays, dont 4 à Dakar. Last but not least, il dispose d'un bouquet TNT payant par lequel il propose 80 chaînes locales et thématiques, 15 chaînes nationales gratuites contre un abonnement mensuel de 5 000 francs CFA (près de 7,6 euros). Élément important : Excaf Telecom entend jouer la carte locale à fond. Aussi, dans la logique d'une plus grande présence de contenus locaux, il s'est impliqué, en collaboration avec d'autres structures de télécommunications, en l'occurrence Okay TV et Wassa, dans la diffusion du « combat royal » qui a opposé, le 28 juillet dernier, pour la conquête du titre de « roi des arènes », Modou Lô et Eumeu Sène. Il s'est agi d'un combat de lutte qui soit dit en passant est le sport national au Sénégal, loin devant le football.
Ce « combat royal » a tenu en haleine tout le pays les mois qui ont précédé le choc entre ces deux grands champions. Mais, au-delà de la dimension sportive, il symbolise assez bien la volonté à la fois d'une plus grande proximité avec le public du Sénégal profond mais aussi d'une plus grande démocratisation de l'espace audiovisuel avec un souci d'installer des infrastructures très avancées technologiquement autant en ville que dans les zones rurales. La dimension culturelle du « combat royal » le justifie d'ailleurs entièrement. Et les images qui suivent son déroulé en sont une illustration des plus convaincantes. Pour la petite histoire, c'est Modou Lô qui est devenu « roi des arènes » à l'issue d'un combat qui s'est terminé par un K.-O. subi par Eumeu Sène. De quoi relancer le débat sur la violence supposée de la lutte sénégalaise « avec frappe », dont le philosophe Souleymane Bachir Diagne a rappelé qu'il avait été popularisé dans les années 1920 par un Français du nom de Maurice Jacquin. À en croire Dominique Chevé, cité dans Jeune Afrique.com par notre consœur Marième Soumaré, « la lutte avec frappe » avait déjà été pratiquée au Sénégal, notamment dans le royaume du Cayor, à localiser aujourd'hui autour de la région de Thiès.
Au-delà du contenu local dont ce combat est un aperçu, plusieurs éléments entrent en ligne de compte dans le basculement de l'analogique au numérique. Sidy Diagne nous les a livrés en se confiant au Point Afrique.
Le Point Afrique : En quoi aujourd'hui la mise en place de la TNT est-elle cruciale pour un pays comme le Sénégal ?
Sidy Diagne : C'est d'abord un engagement fort de l'État au niveau international pour libérer les fréquences destinées à la diffusion analogique et permettre aux opérateurs de télécommunications d'accéder à l'Internet à haut débit. L'autre aspect est de permettre à tous les acteurs de l'audiovisuel d'étudier la plénitude des services, des moyens et toute l'interactivité nécessaire aujourd'hui pour satisfaire les usagers. À un certain moment, les éditeurs avaient besoin de leviers de croissance. Passer au numérique va y aider. Pour Excaf, l'enjeu est de montrer que nous disposons d'une bonne expertise locale en la matière, ce qui va bien sûr participer à assurer la pérennité de la société.
L'enjeu technique est évident. Qu'en est-il des autres aspects ?
Au-delà de l'enjeu technique, la TNT va véritablement impacter le Sénégal dans la manière de regarder la télévision et de voir l'audiovisuel. Aujourd'hui, le numérique va placer l'usager au centre de toutes les préoccupations, au cœur des actions des producteurs, des éditeurs, avec tous les supports qui seront mis en place. L'usager, à travers tous les services que lui offre cette transition numérique, va pouvoir décider de ce qu'il va regarder, de ce qu'il va faire. Il y a une interactivité qui va être créée qui va lui permettre de donner son avis sur les contenus.
Les téléspectateurs, les usagers vont-ils donc pouvoir vivre la télévision ou le produit digital d'une autre façon ?
Oui, certainement. Bien plus que cela, ils seront les arbitres de tout ce qui peut être créé pour eux. Ça passera par la qualité des contenus et des productions. Car on s'est rendu compte que les abonnés-clients sont de plus en plus exigeants. Et c'est de bonne guerre. Dans la mesure où ce sont eux qui décident, ils doivent avoir en retour les services qu'ils méritent.
Comment le public envisage-t-il d'utiliser votre offre ? En quoi celle-ci se distingue-t-elle des autres offres, d'ailleurs ?
Il est très difficile dans un pays comme le Sénégal, où les moyens sont très réduits, d'imposer à des ménages de devoir dépenser pour des équipements alors que certains des services proposés lui étaient accessibles pour un coût moindre et parfois gratuitement. Cela dit, ils se rendent compte progressivement que les possibilités désormais offertes sont extraordinaires. Il faut savoir que, dans certaines régions, les populations n'avaient accès qu'à une seule chaîne, la chaîne nationale, la RTS, là où maintenant elles ont le choix. Cela crée un engouement qui me semble s'amplifier. Je suis convaincu que, quand le basculement aura été effectué, la population sera entièrement satisfaite.
Mettons-nous au niveau du client. Combien paie-t-il ? Qu'est-ce que vous lui donnez ?
Aujourd'hui, il faut savoir que le numérique est une nouvelle technologie. Conséquence : les équipements antérieurs ne sont pas forcément adaptés. Pour la TNT, le coût d'accès s'élève à 25 000 francs CFA répartis comme suit : il faut un décodeur, une antenne adéquate et un câble adapté. Le décodeur coûte 10 000 francs CFA, la carte revient à 5 000 francs CFA. À cet équipement, il faut ajouter une antenne de qualité, qui coûte entre 8 000 et 12 000 francs CFA. Ce que nous avons fait, c'est que nous avons, au démarrage, adossé deux mois d'abonnement. Cela permet aux usagers de connaître dès le premier contact toutes les options et tous les usages du décodeur, et en face le risque est limité pour Excaf qui cède le décodeur.
À côté de cette partie technique, il y a la question des contenus. Qu'est-ce que vous proposez aux populations ?
Premièrement, il y a 17 chaînes nationales pour lesquelles nous n'avons aucune maîtrise, ni du contenu ni de la politique de développement. Ensuite, pour ce qui est du bouquet payant, nous nous préparons à proposer un contenu de qualité dont l'une des particularités est d'être interactif. Nous y avons intérêt, car le modèle économique du Sénégal est basé sur un investissement à 100 % interne chez Excaf et le retour sur investissement se fait sur la collecte des abonnements. Nous avons le devoir et nous avons pris l'engagement de proposer des contenus de qualité parce que c'est sur le nombre d'abonnés fidèles que nous pourrons couvrir nos engagements financiers.
Je suis confiant, car nous avons l'expérience avec les antennes RMF-TV5 Monde. Nous avons suffisamment d'expérience pour comprendre les attentes de nos concitoyens et nous nous préparons à lancer des chaînes de qualité. Et également à proposer des événements qui sont suffisamment attrayants et populaires pour engager des abonnements autour de cette offre.
Vous avez parlé d'engagements financiers. Combien a été mis, combien va être mis dans la corbeille pour qu'au bout tout le monde puisse accéder à votre service ?
Le budget total du projet a été évalué à 39 milliards de francs CFA au départ. Aujourd'hui, dans la dernière ligne droite, nous avons déjà engagé 27 milliards d'investissements. Je pense qu'au-delà de juin 2020 l'ensemble des engagements du groupe par rapport à l'infrastructure TNT nationale de dernière génération fonctionnera très bien. Pour ce qui est de notre calendrier, on va commencer par Thiès, Diourbel et Dakar dans la première phase qui durera jusqu'à la fin décembre. Pour le reste du territoire, on prévoit de tout boucler d'ici à juin 2020.
Et donc le basculement définitif aura lieu quand ?
Le basculement des 14 régions du Sénégal aura lieu au plus tard à la fin du mois de juin 2020.
Vous avez parlé de produits de qualité. Il y a ces 17 chaînes que vous ne maîtrisez pas et il y a aussi le reste. Comment allez-vous vous y prendre ?
Nous avons des articles payants composés d'à peu près 65 chaînes, dont les trois quarts sont des chaînes internationales. À côté de ça, nous voulons aussi créer des chaînes locales et c'est en cela que nous voulons apporter notre pierre à l'édifice, concourir à améliorer les productions et les contenus proposés à nos concitoyens. Pour ce faire, nous envisageons d'investir dans tout ce qui est production de séries, de pièces de théâtre, de documentaires pour que le décodeur puisse avoir un plus par rapport à tout ce qui est proposé sur le marché. Cette différenciation nous permettra de fidéliser les clients autour du projet TNT.
L'une des idées-clés, c'est que les populations soient parties prenantes à ce projet pour que le développement soit inclusif. Qu'est-ce que vous envisagez justement pour que cette inclusivité soit une inclusivité économique, culturelle et sociétale ?
Il faudrait que l'ensemble des forces soit réuni pour faire comprendre que cette transition est un palier important dans le développement du Sénégal. Aujourd'hui, la TNT connaît de nombreux développements qui permettront de mettre en avant d'autres secteurs. Nous avons la chance que toutes les populations adhèrent au projet. Il y a un patriotisme qui est de plus en plus fort au Sénégal et tous ces leviers nous confortent dans l'idée que nous pourrons en tirer des revenus énormes au bénéfice de ces populations elles-mêmes.
Netflix a racheté les droits du film sénégalais Atlantique, qui a obtenu le grand prix au Festival de Cannes. Quel est le positionnement que vous envisagez dans votre démarche ? Est-ce que, dans votre offre, vous avez une approche qui va dans ce sens ?
Cela prouve que les productions sénégalaises sont de qualité. La TNT peut participer à optimiser et offrir une autre visibilité à toutes ces productions. Nous avons mis en place une plateforme OTT (Over The Top) qui s'appelle Wassa. Il s'agit d'une application qui permet de regrouper l'ensemble des productions sénégalaises avec une ambition sous-régionale. Elle permettra aussi à tout ce contenu d'avoir une visibilité mondiale et nous avons l'ambition d'un Netflix, mais avec des contenus essentiellement africains. Donc c'est de bon augure. Nous avons l'ambition d'investir et de produire des contenus de ce genre pour montrer que l'Afrique a de réelles ambitions dans le domaine de l'audiovisuel.
Le marché de la TNT, sur lequel votre société est bien positionnée, s'inscrit dans un environnement global, celui de la télévision au Sénégal avec plusieurs antennes. Comment Excaf se situe-t-elle du point de vue de la valeur notamment quant aux chaînes non sénégalaises ?
Excaf a été créé en 1972. Nous fêtons nos 47 ans cette année et nous comptons à peu près 525 employés. Nous avons toujours veillé à ce que les principales préoccupations des Sénégalais puissent être mises en avant dans nos politiques. Nous avons participé à tous les grands rendez-vous audiovisuels qu'a connus le pays. C'est nous qui avons introduit la plupart des chaînes que l'on voit ici aujourd'hui. Nous avons la chance d'avoir la confiance de l'État pour mener le Sénégal au rendez-vous de la transition numérique.
Concernant la concurrence, même cet avantage d'être présent depuis longtemps ne garantit pas un succès. Nous voulons rester à l'écoute des attentes des Sénégalais et produire des contenus de qualité. Nous savons qu'ils sont friands de football, de sports comme la lutte, de séries, de contenus. On sent cependant qu'il y a un certain revirement. Avant, c'étaient les séries brésiliennes, hindoues, nigérianes qui avaient leur préférence. Maintenant, ils se concentrent essentiellement sur des productions sénégalaises et nous nous attelons à leur en donner un nouveau visage dans des conditions optimales en termes de qualité de son et d'image.
Qu'en est-il de l'environnement juridique et des droits audiovisuels ?
Le problème du Sénégal est partagé par tous les pays en Afrique. L'espace Cedeao est assez ouvert, mais la technologie avance plus vite que nos lois. Au Sénégal, nous avons des lois et des règlements qui sont assez clairs. Nous devons parfois les faire comprendre avec un peu plus d'autorité. Il faut dire que tous les acteurs ne sont pas au même niveau, encore moins dans le même esprit que ces règlements. Cela dit, nous ne désespérons pas qu'un jour nos règlements soient entendus.
Il y a la rencontre avec le client. Il y a le potentiel du marché. Quel est aujourd'hui le potentiel du marché de la TNT au Sénégal ?
Il y a quand même un million deux cent mille foyers au Sénégal. C'est un marché qui est extrêmement important aussi bien pour les producteurs que pour les éditeurs, car, à travers la télévision numérique, ils pourront monétiser certains contenus qui seront autant de sources de revenus pour les éditeurs mais également pour Excaf. Pour ce faire, nous travaillons avec les éditeurs qui sont intéressés, auxquels nous proposons des contenus pour les aider à atteindre une certaine rentabilité.
Vous avez été partie prenante de l'événement autour du « combat royal » remporté par Modou Xaragne Lô le 28 juillet dernier. Pouvez-vous nous expliquer un peu ce qui s'est passé et en quoi l'opération était innovante ?
Nous avons eu la chance de travailler avec un promoteur sénégalais, Moustapha Diop, qui a réussi à décrocher l'organisation du combat. Très rapidement s'est posée la question de la rentabilité. En effet, même si la lutte est un sport aimé par tous les Sénégalais et un sport national, elle rencontre d'énormes problèmes de financement. Sans compter que, face à la violence inhérente à ce sport, certains sponsors ne veulent plus y associer leur image. Nous lui avons donc proposé d'utiliser la TNT pour avoir des revenus supplémentaires. Pendant longtemps, la lutte a été gratuite pour les téléspectateurs parce que les sponsors venaient en masse et dépensaient beaucoup d'argent pour avoir une certaine visibilité. Ces revenus se sont raréfiés et les promoteurs ont du mal à atteindre l'équilibre à la fin de l'événement. La TNT offre un support très sécurisé puisque les décodeurs permettent de crypter ces contenus et de pouvoir générer une qualité de services qui était inconnue ou pas aboutie au Sénégal. Avec le pay-per-view, service payant à la demande permettant de rendre accessibles les retransmissions télévisuelles d'un événement à l'unité, nous avons relevé le défi. Cela a été une belle réussite et a permis de montrer que le sport de haut niveau demande beaucoup de moyens et d'organisation. Tout le monde doit participer à pérenniser la lutte, cette discipline que nous aimons tous. Et cela passe par le pay-per-view. Tout le monde n'a peut-être pas les moyens d'y consacrer des sommes énormes, mais un minimum suffit pour que celui qui est chargé d'organiser de tels événements puisse garder un équilibre.
Sur quels supports peut-on trouver l'application Wassa ?
Comment les organismes financiers installés au Sénégal vous suivent-ils ?
C'est un point extrêmement important car, malheureusement, certaines banques n'ont pas respecté ni tenu leurs promesses. Cela nous a mis dans une situation difficile parce que nous étions au début du projet. Nous avons eu la chance d'être suivis par la Banque islamique du Sénégal, non pas parce que nous avions un historique avec elle mais parce que son directeur général gérait notre compte dans une autre banque. Tous les autres investissements ont été faits sur fonds propres ou sur crédit fournisseur. Nous voulons remercier toutes ces personnes qui nous ont fait confiance et qui voient aujourd'hui qu'il y a un résultat positif car Excaf a tenu bon.
UNE AMBASSADRICE DE L'UA LIMOGÉE À CAUSE DE SES CRITIQUES CONTRE LA FRANCE ?
L'Union Africaine fait face à des critiques après avoir mis fin aux fonctions d'Arikana Chihombori-Quao, connue pour ses prises de positions publiques sur l'influence et la mainmise de la France sur ses anciennes colonies africaines
L'Union Africaine fait face à des critiques après avoir mis fin aux fonctions de l'ambassadeur Arikana Chihombori-Quao, son ambassadrice aux États-Unis
Dans une lettre adressée à Chihombori-Quao le 7 octobre, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré que la diplomate est relevée de ses fonctions conformément aux règles de la Commission.
D'origine ghanéenne, Chihombori-Quao, médecin américaine, a pris ses fonctions en 2017.
Elle a exercé diverses fonctions à l'Union africaine avant sa nomination comme ambassadrice de l'Union africaine aux États-Unis.
L'ex-ambassadrice de l'UA aux États-Unis est connue pour ses prises de positions publiques sur l'influence et la mainmise de la France sur ses anciennes colonies africaines.
Elle a exprimé sa désapprobation à l'égard des puissances occidentales, la France notamment, qui, selon elle, continuent à promouvoir leurs politiques à l'égard des gouvernements africains.
La porte-parole du bureau du président de l'UA, Ebba Kalondo, a déclaré à CNN que Chihombori-Quao était arrivée au terme de sa nomination politique après avoir passé trois ans à ce poste.
Selon lui, laisser entendre qu'elle était punie pour ses opinions est faux.
"C'est une pratique diplomatique normale pour les personnes nommées à des postes politiques partout dans le monde ", a déclaré M. Kalondo dans un communiqué.
"Dire que la cessation des fonctions de l'ambassadeur Chihombori est due à des déclarations qu'elle a faites ou à des opinions qu'elle a pu avoir pendant ses trois années de mandat est manifestement faux."
Mme Chihombori-Quao a réussi à galvaniser l'appui de la diaspora à l'Union africaine pendant son mandat, et le bloc africain n'a jamais sanctionné ni reçu de plaintes sur ses vues de la part d'aucun de ses États membres, a ajouté Mme Kalondo.
Dans une pétition en ligne, le Congrès de la diaspora africaine, demande sa réintégration.
Il a déclaré que la diplomate avait été licenciée en raison de "l'influence et des pressions exercées sur les dirigeants et les peuples africains par les anciennes puissances coloniales d'Europe ".
"SIL N'Y AVAIT PAS EU PRÉSENCE AFRICAINE, MONGO BÉTI N'AURAIT JAMAIS PUBLIÉ DE ROMANS"
Focus sur une maison d'édition bien connue entre autres ...des élèves, collégiens africains, avec Romuald Fonkoua
Focus sur une maison d'édition bien connue entre autres ...des élèves, collégiens africains...
Il s'agit de la maison "Présence africaine", qui célèbre ces 70 ans d'existence.
Présence africaine a édité et publié les ouvrages des écrivains africains "ville Cruelle" de Mongo Béti, le Pleurer-Rire de Henri Lopes et bien d'autres...
C'est donc une entreprise culturelle qui vit en ce mois.... le même nombre d'année qu'a vécues son fondateur, l'écrivain et éditeur sénégalais Alioune Diop.
Pour parler de l'aventure "présence Africaine" , le professeur Romuald Fonkoua, directeur de la revue est l'invité de BBC.
EVGUENI PRIGOJINE, L'HOMME DES BASSES OEUVRES DE MOSCOU EN AFRIQUE
L’oligarque est devenu le pivot de l’action de la Russie sur le continent, notamment en ciblant les pays africains où existe une « rivalité avec la France »
Le Monde Afrique |
Benoît Vitkine |
Publication 23/10/2019
Evgueni Prigojine sera-t-il présent à Sotchi, les 23 et 24 octobre, pour le sommet Russie-Afrique cher à Vladimir Poutine ? Très certainement, tant l’homme est devenu le pivot de l’action de Moscou sur le continent. Mais à la manière, discrète et en retrait, de celui qui a construit sa carrière à la force des poings et en fuyant la lumière. « Prigojine est l’un des hommes les plus mystérieux du sommet de l’Etat russe, confirme le journaliste d’investigation Roman Dobrokhotov, patron du site The Insider. Il est aussi, avec le président tchétchène Ramzan Kadyrov, celui sur lequel il est le plus désagréable et le plus dangereux de travailler. »
L’un des collègues de M. Dobrokhotov, Roman Badanin, a ainsi fait état de menaces répétées depuis ses enquêtes sur les activités de M. Prigojine en Afrique. Les actions violentes dans lesquelles son nom est cité sont aussi nombreuses, depuis l’empoisonnement du mari de l’opposante Lioubov Sobol jusqu’au meurtre de trois journalistes russes en Centrafrique, en juillet 2018, sur lequel les autorités russes ne paraissent pas pressées d’enquêter.
Ses rares apparitions publiques, ces dernières années, ont justement touché à l’Afrique. On l’a ainsi vu auprès du ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, accueillir à Moscou le maréchal libyen Khalifa Haftar, en rébellion contre le pouvoir de Tripoli. Que faisait là l’homme d’affaires pétersbourgeois, officiellement à la tête de l’entreprise de restauration Concord travaillant pour l’armée et des cantines scolaires ?
Si aucune réponse officielle n’a été apportée à cette question, l’apparition d’Evgueni Prigojine n’a guère surpris les spécialistes. Depuis 2013, l’homme est connu pour gérer les dossiers les plus sensibles et les plus secrets. C’est à lui que l’on attribue la création et la montée en puissance dans le conflit ukrainien du groupe de mercenaires Wagner, du nom de guerre de son commandant militaire, Dmitri Outkine. Le groupe s’est ensuite illustré en Syrie, où il a notamment perdu, lors d’une bataille près de Deir ez-Zor, en février 2018, plusieurs dizaines d’hommes.
« Chef de Poutine »
Le Pétersbourgeois est aussi relié par de nombreuses sources aux « usines à trolls » qui inondent l’Internet russe, et parfois étranger, de commentaires tout faits et posts préfabriqués destinés à défendre le Kremlin ou attaquer ses ennemis. Il fait ainsi partie de la liste des individus les plus sanctionnés par Washington pour leur participation supposée aux ingérences russes lors de la campagne présidentielle américaine de 2016.
Evgueni Prigojine, 58 ans, n’est pas un oligarque comme les autres, ni même un membre du premier cercle de Vladimir Poutine. Ancien gangster – il a été condamné en 1981 à douze ans de prison pour banditisme et divers vols –, il a bel et bien débuté sa nouvelle vie en vendant des hot-dogs puis en ouvrant un restaurant de luxe, faisant connaissance dans les années 1990 avec le fonctionnaire pétersbourgeois Poutine. De là date son surnom de « chef de Poutine ». Ce dernier, connu pour craindre les empoisonnements, lui fera confiance plus tard pour fournir le Kremlin. La proximité du chef avec le président lui permettra surtout de remporter des contrats de plus en plus importants (celui avec le ministère de la défense est évalué à plus d’un milliard d’euros par an).
« Le deal implicite avec le pouvoir est qu’il prend en charge certaines actions et obtient en retour des contrats juteux », assure le journaliste Roman Badanin. Difficile de connaître la part d’initiative laissée à l’entrepreneur dans ses affaires politiques : la Russie ne manque ainsi pas d’ambitieux prêts à démontrer au Kremlin leur utilité en menant toutes sortes d’initiatives, y compris à l’étranger. « Sur des sujets aussi importants, le contrôle est total, nuance Roman Dobrokhotov. On le voit travailler en étroite collaboration avec les ministères des affaires étrangères ou de la défense. » En témoigne notamment la formation de mercenaires de Wagner sur des bases de l’armée.
De l’avis des observateurs, l’Afrique est devenue ces dernières années le terrain d’action numéro un d’Evgueni Prigojine, en marge des contrats militaires ou de sécurité officiellement conclus sur le continent par Moscou. Ce rôle est particulièrement visible en Centrafrique, où Wagner assure tant la sécurité présidentielle que la formation de troupes centrafricaines. La mort de trois journalistes russes enquêtant sur le sujet a aussi révélé l’implication de diverses firmes liées à Wagner dans l’exploitation de mines de diamants et d’or.
Accroître l’influence de Moscou en Afrique
La « chasse » aux Wagner est devenue une activité centrale des sites d’investigation russes ou africains, qui estiment que la société est présente dans au moins quatre autres pays – Libye, Madagascar, Soudan et Mozambique. En Libye, jusqu’à trente-cinq hommes de Wagner seraient morts au mois de septembre, fauchés par une frappe aérienne alors qu’ils combattaient au côté du maréchal Haftar. Ils seraient également intervenus au Soudan, en début d’année, pour tenter de sauver le pouvoir du président Al-Bachir, renversé par la rue. Plusieurs dizaines auraient aussi mis le pied au Mozambique pour combattre une rébellion djihadiste.
Les sociétés militaires privées ont beau être officiellement interdites par la loi russe, l’analyste Fiodor Loukianov, réputé proche du pouvoir, reconnaît qu’il y a là « une niche dans un domaine où la Russie a des choses à proposer ». « Il y a aussi beaucoup d’aventurisme, avec des bénéfices pour la Russie qui sont loin d’être évidents, relativise Roman Dobrokhotov. Il n’y a pour l’heure aucun exemple où l’action de Prigojine a ensuite été convertie en une présence russe durable. »
Reste que l’activité du « chef » tendrait à se diversifier, au-delà des seules activités militaires. Des fuites, venant de la « compagnie » ainsi que de ses employés qui décrivent la myriade de sociétés de l’homme d’affaires, ont montré l’existence de projets variés visant à accroître l’influence de Moscou en Afrique. Selon ces documents, exploités notamment par Proekt puis leGuardian, le groupe de M. Prigojine a ainsi tenté d’intervenir dans une série d’élections africaines, en envoyant des « consultants politiques » ou en prenant le contrôle de sites Internet et de journaux de ces pays.
Ce fut par exemple le cas à Madagascar, selon ces enquêtes, lors de l’élection présidentielle de janvier 2019. La « compagnie » aurait alors mené une offensive médiatique en soutien au candidat Andry Rajoelina, finalement vainqueur. Elle aurait aussi, à cette occasion, fait venir sur l’île l’activiste antisémite Kémi Séba, condamné plusieurs fois en France. Au Soudan, l’objectif des consultants russes était de présenter les manifestants comme étant « anti-Islam », « pro-Israël » et « pro-LGBT ».
Ces documents internes indiquent aussi une volonté de cibler les pays africains où existe une « rivalité avec la France ». Est notamment mentionnée une opération dans les Comores où des « envoyés de Prigojine ont testé des “outils technologiques” pour savoir s’il était possible d’attiser les tensions entre les autorités locales et Paris », d’après le compte rendu du Guardian. Là encore, Kémi Séba s’avère être une pièce centrale de cette stratégie depuis mi-2018.
Premier vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô approuve le limogeage de Sory Kaba, le désormais ex-Directeur des Sénégalais de l’extérieur, suite à sa sortie relative au 3e mandat. « Il n’y a pas de raison après seulement six mois du début de son mandat que des responsables se focalisent sur un 3e mandat, fulmine-t-il, interrogé par iRadio. C’est la loi. Nous avons une Constitution. Le moment venu, les juristes, vont se prononcer si le président Macky Sall a droit à un second mandat ou pas. Je ne pense pas qu’il ait à l’esprit de faire un 3e mandat. Il ne l’a jamais dit. Donc, je ne voudrais pas qu’on se focalise sur ce débat. »
Le responsable de l’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel) de poursuivre : « Arrêtons ce débat et consacrons-nous aux projets du président de la République, qui est en train de faire de bonnes choses, et de rassembler tous les Sénégalais autour de l’essentiel, (à travers) le dialogue national. On est en train de revoir le Code électoral. Pourquoi se focaliser sur un 3e mandat. C’est un débat futile, il faut l’arrêter, et le tuer dans l’œuf ».