SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
10 octobre 2025
par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
TYRANNIE D’UNE ROUTINE FUNESTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces catastrophes qui nous émeuvent tant n’ont rien d’accidentel bien que cela y ressemble - Elles procèdent d’une coupable banalisation d’un code d’inconduite généralisé, qui jure avec une circulation routière sécuritaire
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 07/01/2020
“ Nous sommes atteints dans notre capacité d’initiative au point de ne pouvoir réagir à ce qui nous arrive” Pr. Souleymane Bachir Diagne, philosophe.
Les accidents de la circulation sont une triste routine chez nous, qu’il convient de conjurer sans tarder pour épargner des vies. Sommes-nous capables de prendre les initiatives idoines ?
Comme partout ailleurs, au Sénégal nous avons des routes et des voitures pour nous assurer un déplacement facile d'un point à un autre du territoire national, à la différence près que notre parc automobile souffre d’une quantité effarante de véhicules incommodants et dangereux, inaptes à la circulation.
Quand ce système pose problème du fait de calamités homicides récurrentes, il convient de l‘analyser avec des outils modernes, telle l’approche qui consiste à considérer le tout comme étant un ensemble constitué d’une part d’un hardware - c’est ce qu’on appelle communément les infrastructures routières (routes, autoroutes, péages stations d’essence, gares routières, panneaux de signalisations) et d’autre part le software - c’est l’ensemble des usagers et utilitaires (les voitures, conducteurs, code de la route, policiers, gendarmes, etc.)
Ainsi, nous pouvons voir que dans les pays développés où ce système a été pensé avec une intelligence subtile et soutenue, il permet une meilleure régulation de la sécurité et du trafic routiers. Les catastrophes homicides ne se produisent alors en cas de meilleures circonstances que faute d’une faille du système, dont le défi est de s’approcher de zéro collision : ce n’est que dans des cas pareils d’organisation que l’on peut parler d’accident. L’imprévisibilité attachée à l’avènement de la catastrophe est nécessaire pour valider la qualification d’accident qui lui sied.
Par contre chez nous où toutes les conditions sont réunies pour favoriser les collisions, l’on ne peut pas continuer à parler d’accidents quand ce qui arrive est tout à fait prévisible et ancré dans l’opinion collective. Les causes sont connues, indexées depuis des décennies et devenues chroniques face à une inquiétante indifférence. Ces catastrophes qui nous émeuvent tant n’ont rien d’accidentel bien que cela y ressemble ; elles sont inconsciemment programmées. Elles procèdent d’une coupable banalisation d’un code d’inconduite généralisé, qui jure avec une circulation routière sécuritaire, de même qu’avec la bienséance tout court.
Des situations et comportements inacceptables accablent notre décor impunément : que 60% des conducteurs au bas mot n’aient jamais pris de cours de code de la route, ne sachent lire les panneaux de signalisation, conduisent avec un pare-brise fissuré, sans essuie-glaces, ni rétroviseurs, ni feux rouges. D’autres pour vous dépasser n’hésitent pas à le faire par votre droite et même emprunter le trottoir. Que 80% des véhicules de transport en commun ne répondent pas aux normes techniques les plus élémentaires, ce qui ne les empêche pas de faire de la surcharge illégale sans aucune crainte de policiers, qui ont tout simplement abdiqués. Que tout cela et pire encore, soit absolument pérenne en dépit d’une large désapprobation, alors il s’agit bien là d’une tyrannie de la routine, mais hélas une si funeste, que l’ensemble de la société en est consternée. Un milieu d’un tel déficit de qualité décourage toute initiative personnelle, du fait qu’aucun modèle singulier ne peut prétendre y influencer significativement les agrégats de la collectivité. Il faut alors songer à appliquer un diktat injonctif extrêmement dissuasive, voire même afflictive.
Malgré notre retard sur ce qui est à faire pour éviter les calamités, il faut reconnaître qu’en ce qui concerne les infrastructures, il y a eu des efforts depuis l’an 2000 et énormément de changements avec l’impact du PSE, que nul ne peut ignorer. Entre 1960 et 2012 quelqu’un pouvait s’absenter du pays quinze années durant, descendre un beau jour à l’aéroport et retrouver son domicile sans aucun risque de se perdre. Aujourd’hui ce n’est plus possible, les revenants d’un séjour de seulement cinq ans à l’étranger se perdent pour rejoindre leurs demeures en raison d’infrastructures nouvelles impressionnantes qui jalonnent leurs itinéraires. Mais là où pêche le système c’est au niveau des usagers de toutes sortes (le software) : les vieux tacots impropres à la circulation ; les conducteurs inconscients de leurs actes parce qu'analphabètes, qui n’hésitent pas à emprunter le trottoir pour éviter de faire la queue ; les vendeurs ambulants et mendiants au milieu des autoroutes, y compris l'autoroute à péage durant certaines périodes de grands embouteillages, se faufilant entre les voitures ; l’absence ou l’inefficacité de forces de répression dissuasives des infractions routières sur la voie publique etc. Trop c’est trop ! Cette triste exception sénégalaise a fini par substituer aux valeurs d’homme civilisé qui nous étaient connues, celles d’indiscipliné et d’anarchiste ; ruinant ainsi notre réputation.
Le chef de l’Etat Macky Sall a réitéré dans son discours de fin d’année ses propos édifiants tenus déjà en septembre dernier indexant les comportements comme causes majeures des accidents et appelant à des sanctions sévères à l’encontre des attitudes de défiance déplorables. Cette insistance de sa part laisse augurer des changements à venir.
Seulement, ne nous y méprenons pas ! Les accidents homicides spectaculaires nous émeuvent mais leurs causes ne prennent pas naissance là où ils se produisent les voies où l’on produit de la vitesse). C’est au cœur de la ville qu’il va falloir traquer les infractions mineures. Ceux qui provoquent les collisions stupides sur les voies rapides sont ceux-là mêmes qui en ville ont des attitudes de défiance à l’encontre de toutes les règles. Quand ils seront amenés à bien se comporter en ville, hors de toute surveillance, il n’y aura plus à craindre leur inconscience et irresponsabilité quelles que soient les circonstances.
Avec plus de six cent morts directs concédés à l’insécurité routière en 2019, sans compter les blessés qui périssent des jours plus tard, qui pourraient porter ce nombre à près de 2000. Vous conviendrez avec moi que cela est suffisamment alarmant pour justifier que j’ouvre avec ça mes éditos de l’année, tout en souhaitant mes meilleurs vœux 2020 à tous les lecteurs et au Sénégal notre berceau une sécurité routière exempte d’homicide.
LE MAIRE FALLOU SYLLA RISQUE 6 MOIS DE PRISON ET UNE AMENDE DE 100 MILLIONS
Lors du procès qui l’opposait hier à l’association «Mbour Justice», le maire de la Petite Côte Fallou Sylla a été reconnu coupable, par le tribunal de Mbour, de faux, usage de faux et falsification de documents administratifs.
Le maire de Mbour, Fallou Sylla, est dans de beaux draps. Il risque 6 mois de prison et une amende de 100 millions Fcfa à payer à l’association «Mbour Justice» qui l’a traîné devant le tribunal pour faux, usage de faux et falsification de documents administratifs dans le cadre de la cession d’une place publique. Lors du procès hier, le procureur a requis ces sanctions (pénale et pécuniaire) contre l’édile de la capitale de la Petite Côte
Lors du procès qui l’opposait hier à l’association «Mbour Justice», le maire de la Petite Côte Fallou Sylla a été reconnu coupable, par le tribunal de Mbour, de faux, usage de faux et falsification de documents administratifs. Et il va écoper de 6 mois de prison ferme si le juge applique le réquisitoire du procureur qui a également demandé une amende de 100 millions à verser à l’association «Mbour Justice».
Alors qu’il avait refusé de produire les documents attestant qu’il y a une délibération municipale pour la construction d’un Centre commercial sur la place publique, le maire Fallou Sylla a été contraint par le juge de présenter les papiers au tribunal.
En 2015, l’édile de Mbour a annoncé qu’une délibération du Conseil municipal autorisait l’érection d’un Centre commercial sur la place publique de la ville. Cette décision du maire avait suscité le courroux des populations. Finalement, l’association «Mbour Justice» et quelques responsables vont porter le combat et engager des poursuites judiciaires contre le maire. Une plainte alors est déposée et une enquête ouverte. Depuis lors, l’on assiste à d’interminables va-et-vient des deux parties au tribunal. Finalement, c’est hier, lundi 6 janvier 2020, que le procès s’est tenu.
Le maire, qui s’était toujours opposé à fournir le papier de la délibération, a fait hier machine arrière en remettant au juge le document ainsi que l’autorisation de construire. Toutefois, il était loin de se tirer d’affaire, puisque le Code des collectivités locales exige qu’après chaque délibération, il y ait un procès-verbal (Pv). Or, Fallou Sylla a été incapable de fournir une pièce justificative du PV. Assigné par l’association «Mbour Justice», le secrétaire général de la municipalité a soutenu qu’il n’y a jamais eu de PV. Lorsque le procureur lui a demandé si le préfet avait approuvé cette décision du Conseil municipal, le maire a répondu par l’affirmative. Seulement, il ajoute qu’il a égaré le PV.
A cette réponse, le juge lui a rétorqué que le préfet ne peut pas approuver une décision du Conseil municipal sans que le PV ne fasse partie des documents. D’ailleurs, au niveau de la préfecture, il n’existe aucun PV prouvant l’existence de la réunion du Conseil municipal au cours de laquelle la fameuse délibération a été faite. Compte tenu de ces éléments, l’avocat de la partie civile a demandé l’arrêt immédiat des travaux et la restitution de la place qui doit être aménagée en espace vert. Selon Me Diallo qui a réclamé la somme de 100 millions Fcfa en guise de dommages et intérêts, il est inacceptable que les maires passent leur temps à dilapider les réserves foncières.
Pour sa part, le conseil du maire a soutenu que les plaignants sont des politiciens tapis dans l’ombre et à la solde de faucons qui veulent la peau du maire Fallou Sylla. Et Me Ndior d’ajouter que l’association «Mbour Justice» n’a pas de légalité pour traîner son client en justice. C’est pourquoi il réclame à son tour la somme de 100 millions Fcfa à la partie civile qui, dit-il, a tenté d’écorner l’image du maire. Convaincu de la constance des faits reprochés au mis en cause, le Parquet a requis 6 mois d’emprisonnement ferme et une amende de 100 millions Fcfa contre Fallou Sylla.
Le délibéré est fixé pour le 3 février.
«LE PRESIDENT DOIT PRENDRE A BRAS LE CORPS CE SECTEUR QUI EST NEVRALGIQUE»
Ancien directeur des hôpitaux de Fatick et de Kolda et ancien Conseiller technique au ministère de la Santé, Dr Amadou Ba a l’expertise requise pour diagnostiquer les différents maux qui affectent le système sanitaire prescrire un traitement de choc.
Entretien réalisé par Mame Diarra DIENG |
Publication 07/01/2020
Ancien directeur des hôpitaux de Fatick et de Kolda et ancien Conseiller technique au ministère de la Santé, Dr Amadou Ba a l’expertise requise pour diagnostiquer les différents maux qui affectent le système sanitaire prescrire un traitement de choc. L’homme qui comptabilise 40 ans dans le secteur se prononce sur la problématique des urgences. A la suite de son diagnostic, il soutient que les hôpitaux vont aller de mal en pis tant que le système n’aura pas été changé.
Le ministre de la Santé a pris une série de mesures concernant la gestion des urgences au Sénégal. Comment jugez vous ces mesures ?
Je considère que c’est une série de mesures qui consistent à rappeler une disposition qui est fondamentale pour les hôpitaux, parce que la mission essentielle d’un hôpital, c’est de recevoir les malades de différentes catégories. La première catégorie, ce sont les urgences, la deuxième catégorie, ce sont les référés et une troisième catégorie que nous n’appelons pas les malades, ce sont les femmes en couches. Voilà les trois catégories de patients que l’hôpital reçoit, mais l’urgence est la caractéristique fondamentale à laquelle chaque hôpital doit pouvoir véritablement répondre.
Pour vous, comment se comporte le Service d’Accueil et des Urgences (Sau) dans nos hôpitaux ?
Là, il s’agit d’un problème de dispositif et non de disposition, parce que dire qu’un hôpital n’a pas de moyens est une aberration. Il n’y a pas d’hôpital qui ne dispose pas de moyens. Maintenant, c’est à l’administration de l’hôpital de pouvoir aménager son dispositif au point que le Sau soit bien aménagé. Il reçoit en premier le malade avant de pouvoir l’orienter dans les services spécialisés. Un hôpital par essence est la spécialisation. Une des caractéristiques de l’hôpital est de disposer de suffisamment de lits et de les organiser et les répartir dans les différentes divisions en sorte de pouvoir répondre à sa mission de service public. Il ne sert à rien de remplir les départements, c’est-à-dire les services spécialisés si déjà au niveau de l’accueil, le patient est mal accueilli ; par conséquent il sera mal orienté. Autrement dit, un hôpital sans un bon service d’urgence est tout sauf un hôpital.
La nuit, il a été constaté que le Sau est assuré par des stagiaires. Comment expliquez vous cela ?
Si c’est le stagiaire qui reste en garde, bonjour les dégâts. Comment va-t-il procéder avec l’urgence qui vient? Encore qu’un stagiaire ne doit pas prendre des décisions. Il soumet la décision au titulaire et c’est à ce dernier de signer l’acte. Si ce sont les stagiaires qui assurent la garde, ils sont en porte-à-faux avec la loi. Et on peut les sanctionner à tout moment. Quand c’est un stagiaire qui prend les décisions et travaille sans encadrement, on va assister à des erreurs médicales. Quand il s’aventure à faire des traitements aux malades, il est à 99% de commettre des erreurs. Moi, je ne dis pas que c’est une erreur, parce qu’une erreur est commise par quelqu’un qui est habilité. Quelqu’un qui n’est pas habilité et qui commet ces genres de choses, il n’a pas fait d’erreurs, il a fauté.
A votre avis, qu’est-ce qu’il faut faire pour avoir une bonne gestion des urgences ?
La bonne gestion des urgences dépend simplement d’une bonne organisation du système hospitalier et c’est là où l’Etat a failli. Quand on dit urgence, qui est la mission fondamentale d’un hôpital, l’on se doit de respecter le principe de référence contre référence. C’est un principe qui n’est presque pas appliqué. Car, on dit principe de référence contre référence, cela suppose que l’organisation du système national de santé est faite de sorte que chaque structure réfère à un niveau supérieur ou à un secteur approprié. Théoriquement, nous avons un système pyramidal qui part de la case de santé au centre hospitalier universitaire. Ce système pyramidal voudrait que le sommet soit pointu et que la base soit large. Mais le système hospitalier devait suivre le même schéma en respectant la carte hospitalière. Si on avait un système hospitalier correct, le SAMU n’aurait pas sa raison d’être. Quelle est la mission du SAMU national ? C’est de pouvoir réguler et faire des orientations des malades et d’aller les prendre en des endroits. Le SAMU dispose d’ambulances, d’ambulanciers, de médecins, d’urgentistes. Mais tout ce personnel et ces moyens peuvent être redéployés dans les hôpitaux pour renforcer le plateau technique. Si le système de contre-référence est bien respecté, on saura où mettre chaque malade qui est diagnostiqué dans un hôpital, où l’orienter. Cela aurait également économisé le carburant des ambulances. Il faut faire en sorte que chaque hôpital dispose de l’ensemble des spécialités dont il a besoin. Quand vous allez à la Faculté des médecines, vous entrez dans une classe par exemple de 20 à 30 spécialistes, les Sénégalais occupent une place congrue de 2 ou 3 spécialistes.
Dr, quelle est la carte sanitaire du Sénégal ?
La réforme hospitalière de 1998 est claire. Elle dit ceci : le Sénégal dispose de trois ordres d’hôpitaux érigés en établissements publics de santé (Eps). Au nombre de 10, les Eps de niveau 1 sont appelés des hôpitaux communaux. Après, il y a les Eps de niveau 2 communément appelés hôpitaux régionaux qui, au nombre de 15, sont répartis sur 10 régions. Ce qui veut dire qu’il y a 4 régions qui ne disposent pas d’hôpitaux de niveau 2 alors que nous avons 15 hôpitaux. Il y a 3 régions qui disposent de 2 hôpitaux régionaux, c’est une aberration. Il s’agit de Ziguinchor, Saint-Louis et Matam. La seule région de Diourbel dispose d’un hôpital de niveau 1 et 3 à Touba plus un hôpital régional à Diourbel. Au niveau de Thiès, nous avons un hôpital de niveau 2 et deux autres hôpitaux privés de niveau 2. Pour Dakar, nous avons 10 hôpitaux de niveau 3. L’hôpital de niveau 3 est un Centre Hospitalier Universitaire (Chu) qui par excellence doit faire de la formation, de la recherche et de la clinique. Un hôpital de niveau 3 qui se trouve dans une région, plus précisément à Touba où il n’y a pas une université, pourra-t-il fonctionner correctement ? Dakar ne dispose pas d’hôpital régional et c’est un dysfonctionnement dû à l’anachronisme du système hospitalier. Il n’y a pas de pyramide hospitalière au Sénégal. Mieux, on ne dispose pas d’une politique hospitalière, ni d’un code de la santé publique. L’organisation actuelle du ministère de la Santé n’est pas réglementée. La politique de santé est définie mais pas codifiée. Tous les problèmes du secteur de la santé partent de l’absence de ces documents fondamentaux qui devaient pouvoir orienter le secteur.
Vous n’avez pas parlé de l’Eps de niveau 4 dont dispose notre pays selon le président de la république.
J’avais dit en 2013 que l’on avait trompé la bonne foi du président de la République et cela m’avait valu un ostracisme sans précédent. Mais aujourd’hui, la déclaration du président de la République le 31 décembre passé m’a donné raison parce qu’il s’est fourvoyé en disant que nous avons 4 ordres d’hôpitaux au Sénégal. Il a même dit qu’il y a des hôpitaux de niveau 4 alors qu’un hôpital de niveau 4 n’existe pas au Sénégal et je suis formel. Cela veut dire qu’on l’a encore trompé. On lui a donné des informations qui sont fausses et qui ne sont pas vérifiées. Et si c’est la première institution de l’Etat qui se fourvoie à ce niveau-là, c’est extrêmement grave.
Les populations se plaignent de la cherté des soins au Sénégal, quelles solutions préconisez-vous pour régler ce problème ?
La santé n’a pas de prix et c’est un droit individuel, collectif voire constitutionnel. Les soins de santé doivent être accessibles géographiquement et financièrement à tout individu et c’est une recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’argent ne doit pas être un obstacle. C’est pourquoi, il y a un système de tarification qui est établie par la loi 98-08. Chaque citoyen, où qu’il se trouve, doit disposer de soins de santé de qualité à la dimension de son besoin, faute de quoi l’hôpital n’est pas à la disposition de la communauté.
Contrairement aux postes et centres de santé, c’est dans les hôpitaux qu’il y a toujours des problèmes. Qu’est-ce qui explique cela ?
C’est un problème de leadership et de management. Ceux là qui sont chargés d’administrer les hôpitaux, qui sont-ils ? La loi définit de façon claire qui doit être directeur d’hôpital et qui ne doit pas l’être. Maintenant, c’est au gouvernement de procéder à un audit pour savoir le profil réel de ces administrateurs. J’invite le ministre de la Santé et le président de la République à auditer sur cette question. Dès sa prise de service, j’ai envoyé à l’actuel ministre de la Santé un mémorandum de 5 pages pour lui dire exactement les problèmes auxquels le système est confronté. Mais cette lettre est sans suite jusqu’à ce jour.
Pour résoudre les problèmes de la santé, ne faudrait-il pas, selon vous, nommer à la tête du ministère quelqu’un du secteur ?
Un ministre n’est pas nommé es qualité. La preuve, les médecins qui sont nommés n’ont pas fait de résultats. Les meilleurs ministres de la Santé sont ceux-là qui ne sont pas du secteur. Je peux citer le cas d’Assane Diop qui a fait deux séjours au ministère de la Santé. Tous les instruments de gestion de la santé étaient sous son magistère. Ce n’est pas le profil professionnel qui est un problème, mais c’est un problème de leadership, d’engagement, de volonté, et avoir autour de soi une équipe honnête et sincère. Il n’y pas quelqu’un de plus engagé et professionnel qu’Awa Marie Coll Seck. Et pourtant, pendant son magistère, combien de fois on lui a fait coller des actes aux antipodes de l’administration. Cela est dû à des collaborateurs qui ne sont pas sincères. Un ministre, pour qu’il réussisse sa mission, doit avoir un entourage honnête et sincère. Des hommes dont la seule mission est de réussir une mission et non de s’enrichir au détriment du système. Et c’est cette dernière catégorie-là qui pollue le système de la santé. Awa Marie Coll Seck est partie jusqu’à signer un acte qui interdisait l’organisation de séminaires et j’avais attiré son attention en lui disant qu’on l’avait encore trompée parce qu’un séminaire est un cadre de réflexion. Elle aurait bien aimé réussir, mais son entourage ne l’a pas aidée.
On assiste à la prolifération des cliniques privées, alors que beaucoup de nos concitoyens n’ont pas les moyens d’aller dans ces structures ?
Il faut relativiser sur la présence de ces cliniques privées. Elles contribuent à améliorer le système de santé. L’Oms a dit ceci : il faut démocratiser le système, mais surtout le décentraliser. L’effort du privé est de faire du service public parce que c’est une mission qui lui est concédée. Ce qui est interdit est de travailler et dans le public et dans le privé. On ne peut pas être agent de l’Etat et travailler dans le privé. On ne peut pas évoluer dans un hôpital et ouvrir une clinique à côté de l’hôpital. Cependant, le coût des soins doit être modulé. Je parie ma main sur le Coran qu’aucun hôpital ne peut fonctionner si véritablement ce système est maintenu. Les hôpitaux iront de mal en pis tant que ce système n’aura pas été changé. Tant que certains hommes que j’appelle les dinosaures du système n’auront pas été enlevés, il sera toujours malade. C’est un système agonisant et il va mourir de sa belle mort, si on ne prend pas les dispositions qu’il faut. Et c’est le président de la République qui doit prendre à bras-le-corps ce secteur, sachant que c’est un secteur névralgique. C’est un secteur sans lequel il ne peut y avoir d’émergence au Sénégal parce que pour faire émerger ce pays, il nous faut des bras valides, des hommes sains. L’hôpital est plus malade que les malades.
Un autre problème, ce sont les évacuations sanitaires. Que faire pour remédier à cette situation ?
Les Marocains, les Tunisiens, les Ivoiriens et les Burkinabé pour ne citer que ceux-là, tous ont fait leurs formations ici à la faculté de médecine de Dakar qui date de 1952. C’est la première faculté de médecine en Afrique. De 1952 à nos jours, cela fait combien de temps ? Aujourd’hui, cette université continue à produire et de fort belle manière des agents très respectés dans la sous région. Ce n’est pas pour rien qu’on observe ce qu’on appelle une fuite des cerveaux : des cadres formés ici et qui servent ailleurs. Vous allez en France, il n’y a pas un seul hôpital où il n’y a pas de médecins sénégalais ou bien de personnel sénégalais. Vous allez au Canada également, le personnel sénégalais est là-bas. C’est vous dire la qualité de nos ressources humaines. On a des ressources humaines véritablement de qualité, mais quand ces ressources humaines ne sont pas utilisées à bon escient, c‘est un problème. Si on interdisait les évacuations sanitaires, quelle que soit la catégorie sociale du citoyen, les politiciens, les médecins, les parlementaires bref toutes les catégories socioprofessionnelles allaient s’investir pour que les hôpitaux soient performants et que les services de soins soient de qualité. Mais c’est parce que nos dirigeants, nos politiciens, nos administrateurs ont des moyens de se soigner ailleurs qu’ils s’en f… de notre système. Les évacuations sanitaires coûtent cher à l’Etat, même très cher à l’Etat alors que cet argent pouvait servir dans nos hôpitaux. Une fois, j’ai fait une communication au WARC sur un sujet : «la problématique de la politique hospitalière au Sénégal». Un de vos confrères m’a posé une question par rapport au bateau médicalisé qui mouille dans nos eaux et j’ai dit : voilà un indicateur net et clair de l’échec du système de santé au Sénégal. C’est un indicateur d’échec, pourquoi cela ? Parce que ce sont des médecins, un personnel et des médicaments qui nous viennent d’ailleurs. C’est un hôpital ambulant qui va nous coûter plus de 2 milliards Fcfa. Si ces deux milliards étaient investis dans nos hôpitaux en termes de matériels, en termes d’équipements et en termes de motivation de personnel, cela allait régler notre problème.
Ces médecins et infirmiers qui sont dans le bateau Mercy Ships sont-ils plus qualifiés que nos médecins ?
Non. J’ai dit que nous avons les meilleures ressources humaines au Sénégal. Nos médecins, nos infirmiers, nos sages-femmes sont prisés et dans la sous région et en Occident. Mais cela veut dire que s’ils avaient de la motivation adéquate, ils allaient rester dans leur pays, dans leurs familles au service de leurs concitoyens. C’est parce que justement, il n’y a pas tout cela, qu’il y a cet exode de médecins, d’infirmiers et de sages-femmes dans notre pays. C’est à cause de cela que ce bateau médicalisé est là dans nos eaux. Mais quoi faire ? Nous avons suffisamment de chirurgiens. Nous avons les meilleurs chirurgiens en Afrique. Nous avons les meilleurs professeurs en médecine. Awa Marie Coll Seck en est un exemple. Le secteur de la santé encore une fois est malade. Le diagnostic est posé. Le traitement est connu, mais il reste maintenant la volonté véritablement d’appliquer le traitement. Le protocole existe et le traitement existe. Ceux-là qui sont capables de soigner ce grand malade sont là, au Sénégal. On n’a pas besoin d’aller les chercher ailleurs. Ils sont là et la première chose est simplement de réorganiser le secteur ni plus ni moins, et avoir également des hommes et des femmes sérieux. Nous avons des hommes et des femmes capables, maintenant il reste à avoir des hommes et des femmes sérieux.
Parlez-nous, Dr, des livres que vous avez écrits ?
J’ai écrit trois ouvrages. Le premier livre est appelé «Diagnostic d’une endémie hospitalière au Sénégal». Le second est intitulé «La thérapie hospitalière». Et le dernier porte sur «L’administration de la santé». La thérapie est le traitement des hôpitaux. L’hôpital est un patient malade et il faut le soigner, mais aussi c’est le système hospitalier qui est malade parce que les dispositions de la loi ne sont pas respectées. Il y a trois éléments qui le prouvent : les urgences sont une disposition de la loi et elles ne sont pas respectées depuis 1998. Il y a deux autres dispositions : la comptabilité analytique et le système d’information hospitalier. Ce sont des éléments de transparence mais pourquoi les gens refusent-ils de l’appliquer dans les hôpitaux ? Cela veut dire qu’il y a une volonté délibérée de masquer quelque chose.
COMMENT L’ETAT ENRICHIT SA CLIENTÈLE POLITIQUE
L’affaire relative aux intrants agricoles révèle une véritable mafia logée au plus haut sommet de l’Etat - De fracassantes révélations par une source très au fait de ce qu’elle qualifie de « grand banditisme d’Etat »
L’affaire relative aux intrants agricoles révèle une véritable mafia logée au plus haut sommet de l’Etat. Lequel enrichit qui il veut notamment au niveau de sa clientèle politique. Au nombre des bénéficiaires figurent aussi des souteneurs politiques, des marabouts, footballeurs, des intermédiaires, etc. Bref, une clientèle politico-affairiste entretenue à partir de l’attribution de ces fameux marchés d’intrants. De fracassantes révélations par une source très au fait de ce qu’elle qualifie de « grand banditisme d’Etat ».
L’affaire à forte teneur de scandale dite Moussa Cissé Lo et portant sur les attributions partisanes de marchés relatifs aux intrants agricoles, n’est en fait que l’arbre touffu qui cache la forêt de la grande magouille qui se joue au sommet de l’Etat. En effet, renseigne notre source qui s’active dans le secteur des intrants agricoles depuis plusieurs années, pour se procurer des engrais et des semences, l’Etat a fait le choix de les acheter à un prix plus cher pour permettre aux fournisseurs de réaliser des marges conséquentes sous le prétexte de subvention au profit des agriculteurs.
En termes plus précis, l’Etat achète les intrants très au-dessus des prix réels du marché. Cette magouille a commencé du temps du défunt régime du président Abdoulaye Wade en 2000. C’est durant le magistère du pape du Sopi que cette mafia autour des engrais a vu le jour et s’est développée. Explication de notre source : « Comme c’est subventionné, l’Etat achète ces intrants plus cher pour les vendre moins cher, quasiment à la moitié du prix d’achat, aux paysans. Durant le magistère de Me Wade, il n’y avait que quatre entreprises qui gagnaient les marchés d’engrais laissant la portion congrue aux autres. Il s’agissait de Agrofitex, Senchim, Tse de Cheikh Amar et Matix. Et c’est avec l’arrivée du Président Sall au pouvoir en 2012 que l’Etat a cassé le « monopole » à quatre de ces entreprises pour élargir le marché à plusieurs personnes, groupements et entreprises. Ces nouveaux attributaires se retrouvaient généralement avec un quota de 2000 tonnes pour certains et 4000 tonnes pour les plus chanceux. « L’Etat a acheté le kilogramme d’engrais à 331 francs en 2019, des bons de commande en bonne et due forme l’attestent. Un prix très cher par rapport à celui du marché. Ce qui prouve que le procédé est utilisé à dessein pour enrichir des gens.
En effet, des personnes ont acheté l’engrais à 210 francs le kilo pour le revendre à 331 francs à l’Etat. Autrement dit, elles se retrouvent ainsi avec 100 mille francs de bénéfice sur chaque tonne. Et si l’heureux bénéficiaire a obtenu un quota de 1000 tonnes, à lui le jackpot. Puisque se retrouvant ainsi miraculeusement millionnaire avec 100 millions en banque, surtout que le bon de commande le plus famélique est souvent estimé à 2000 tonnes » souligne notre interlocutrice. Parmi ces bienheureux, notre source cite des anciens footballeurs comme El Hadj Diouf et Khalilou Fadiga, le politicien kaolackois et époux du ministre Mariama Sarr, Mamadou Ndiaye Rahma, Moustapha Cissé Lo sans compter des dignitaires et recommandés des grandes familles maraboutiques. Pire, tient à préciser notre source, certains de ces attributaires des marchés n’exécutent pas leur engagement, mais vont plutôt monnayer leurs bons de commande auprès de vrais opérateurs économiques. «Ils font un deal avec eux et se partagent le bénéfice» indique-t-elle.
Un procédé pour enrichir une clientèle politique
Une pratique à laquelle l’Etat aurait pu mettre fin mais qu’il laisse prospérer pour enrichir sa clientèle politique, ses amis et proches. En effet, révèle notre source, « le véritable problème dans cette affaire, c’est que l’Etat n’organise pas d’appels d’offres. S’il y avait un appel d’offres en libre concurrence, les gens auraient proposé de meilleurs prix et l’Etat aurait acheté moins cher.
De ce fait, il n’y aurait pas eu toute cette magouille autour de ces intrants. Mais puisque personne ne veut que cette pratique disparaisse, elle a encore de beaux jours devant elle. L’Etat fait des consultations restreintes et ciblées pour demander des cotations pour la forme aux personnes devant éventuellement bénéficier des bons de commande. Les bienheureux choisis semblent être des porteurs de voix ou personnalités dans les bonnes grâces du système. Ce qui fait que depuis 2000, chaque année, il y a environ plus de 80 milliards refilés à des gens pour les enrichir sans cause ». « C’est une nébuleuse qui se passe entre la Direction de l’Agriculture et le ministère. Mais, il faut savoir que la vraie mafia se fait au plus haut sommet de l’Etat. Tout prend départ à ce niveau. A partir de janvier, les gens vont se bousculer pour solliciter et négocier des bons de commandes. Il y a des gens qui ne vivent que de ce business. Cela pose le problème général de la rationalisation de la dépense publique. En effet, là où l’Etat peut acheter moins cher, il se permet de le faire sans compter et c’est le contribuable sénégalais qui paie la note finale.
C’est l’exemple d’une rame de papiers qui coûte 4500 F aux ministères et agences alors qu’en réalité, on peut l’acheter à 2000 F à Tilène » ajoute notre source. (Ndlr, ce qu’elle ne dit, c’est que ce sont les rames de papier achetées à prix d’or par l’Etat qui alimentent le circuit parallèle de Tilène !) Et plutôt que de développer le pays ou de créer des richesses, c’est une caste de privilégiés qui tire profit de ces intrants et de la commande publique. La fin de ces pratiques de surfacturation et d’enrichissement sans cause aurait pu régler le problème des abris provisoires par exemple. Mais le régime est bien obligé d’entretenir la poule aux œufs d’or pour perpétuer sa survie. « C’est une vraie mafia. Depuis 2000 jusqu’à nos jours, plus de 1000 milliards de francs auraient dû être économisés par l’Etat. Avec cette somme, on aurait réglé beaucoup de problèmes dans le pays. Ça aurait pu, par exemple, résoudre la lancinante équation des 6000 abris provisoires. Parce qu’avec 45 milliards seulement, on peut construire en dur les 6000 classes indignes d’un État indépendant depuis soixante ans », éructe de rage notre interlocuteur Revenant sur l’affaire Cissé Lo que le directeur du quotidien national « Le Soleil » accuse d’avoir reçu 4000 tonnes, notre source précise que ce n’est pas en réalité 4000 tonnes qu’on lui remet à distribuer, mais des bons de commande. Rien qu’avec ce quota, le parlementaire de la majorité présidentielle — et vice-président de l’Assemblée nationale ! — a la possibilité de gagner 400 millions de francs les doigts dans le nez. « Chaque individu à qui on remet 1000 tonnes peut être certain d’avoir 100 millions.
Ainsi, l’Etat enrichit qui il veut à partir d’une simple signature. Et des gens qui n’ont même pas d’entreprise se retrouvent avec des bons de commande » explique encore, indigné, notre interlocuteur. Selon cet opérateur économique s’activant dans les intrants agricoles, la seule façon pour mettre fin à cette magouille, ce serait de procéder à un appel d’offres ouvert et transparent. « On ne peut pas se permettre de balancer annuellement 80 à 100 milliards au nom de rien. Il y a des gens qui manquent d’engrais, car les quantités distribuées ne suffisent même pas. C’est-à-dire que là où l’Etat achète 80 mille tonnes, si les choses avaient été faites normalement, on aurait acheté 150 mille tonnes ». Une vieille pratique qui risque de perdurer si l’on sait le pouvoir de nuisance de cette puissante mafia logée au cœur du dispositif étatique et qui enrichit à peu de frais une clientèle en échange bien souvent de commissions. Ou de rétrocommissions.
AU-DELA D’UNE SIMPLE INTERDICTION DE LA PUBLICITÉ DES PRODUITS DÉPIGMENTANTS
Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue Innocent Laïson, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant.
Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue Innocent Laïson, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant. Ce combat exige une sincère réconciliation avec soi. Collectivement, il nécessite de la part du sociologue une repensée et une rééducation portant sur les normes et valeurs symbolisant la beauté noire africaine.
La mise en demeure adressée par le Conseil national de régularisation de l’audiovisuel (CNRA) à plusieurs organes de presse pour diffusion de produits dépigmentant et la sanction appliquée à Sen TV par l’arrêt de ses programmes pour sept jours (du 31 décembre 2019 au 6 janvier 2020) remettent au goût du jour, selon le sociologue Innocent Laïson, la question fondamentale de notre rapport au Noir. Car « il s’agit bien d’interroger les motivations profondes des hommes et des femmes noires à se dépigmenter ».
A quoi répond cette tendance à s’éclaircir la peau ? Notre source convoque d’emblée Frantz Fanon qui, en 1952 dans Peau noire, masques blancs, au chapitre 3 consacré à L’homme de couleur et la Blanche, avançait ceci : « De la partie la plus noire de mon âme, à travers la zone hachurée me monte ce désir d’être tout à coup blanc. Je ne veux pas être reconnu comme Noir, mais comme Blanc. ».
Pour soigner ce trouble de la personnalité, le Noir part à la conquête de la Blanche. Et Fanon de dire : « Son amour m’ouvre l’illustre couloir qui mène à la prégnance totale… J’épouse la culture blanche, la beauté blanche, la blancheur blanche. Dans ces seins blancs que mes mains ubiquitaires caressent, c’est la civilisation et la dignité blanches que je fais miennes. » On en est encore à ce stade, se désole le sociologue. Qui soutient que le traumatisme vécu pendant les siècles d’esclave et les années de colonisation a pour séquelles chez le Noir un déni de soi-même, un sentiment d’infériorité face au Blanc.
« La dépigmentation cosmétique est considérée comme une mue (renouvellement du plumage) et procède d’une thérapie qui apaise ce trouble de la personnalité » poursuit-il. Comme la fille noire du « test de la poupée » du couple de psychologues américains Kenneth et Mamie Clark, « nous attribuons sans hésitation la sagesse, la gentillesse, l’intelligence et la supériorité dans tous les domaines à la poupée pâle et refusons obstinément de ressembler à la poupée brune ». Il faut à tout prix se débarrasser de cette couleur qui fait tache…sombre. « On se souvient des joueurs de l’équipe du Zaïre qui s’étaient dépigmentés pour ‘’exprimer leur égalité’’ aux autres joueurs européens participant à la coupe du monde de 1974. Aujourd’hui, il est courant de voir des enfants que les parents dépigmentent, à leur insu, prétextant leur ‘’offrir plus d’opportunités dans la vie’’ en améliorant leur paraître », explique de diplômé de l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Malgré les complications médicales connues et les coûts économiques onéreux qui en découlent, la dépigmentation est encouragée, selon lui, par le diktat des canaux de beauté dits modernes occidentaux. La beauté est blanche. Et nous l’acceptons intérieurement.
Et de s’interroger : « Combien sommes-nous à exhiber avec fierté notre compagne ou compagnon à peau blanche ou claire, voire xessalisée ? » Bien nombreux.
Ainsi, abstraction faite de quelques résistants, principalement idéalistes prônant une certaine authenticité africaine par la préservation de la peau noire, « un bon nombre a déjà fini de conquérir sa peau blanche ». Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant.
« Ce combat exige, individuellement, une profonde introspection et une sincère réconciliation avec soi ; collectivement, une repensée et une rééducation portant sur les normes et valeurs symbolisant la beauté noire africaine ».
DES INTELLECTUELS AFRICAINS RÉAGISSENT AUX RÉFORMES DU FCFA
La monnaie doit être l’émanation des aspirations profondes des peuples d’Afrique qui doivent être en permanence associés aux processus en cours. Les critères de convergence ne constituent pas une approche appropriée - DÉCLARATION
SenePlus publie ci-dessous la déclaration datée du 6 janvier 2020 d’un collectif d’intellectuelsafricains, dont des figures quasi-historiques, sur les réformes du FCFA annoncées le 21 décembre dernier à Abidjan.
« Le 21 décembre 2019, le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français Emmanuel Macron ont annoncé trois réformes du franc CFA, la monnaie coloniale créée le 26 décembre 1945 et qui circule encore dans quatorze pays africains dont les huit de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Les réformes prévues sont les suivantes : le franc CFA de l’Afrique de l’ouest sera renommé ECO ; la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) ne sera plus dans l’obligation de déposer ses réserves de change auprès du Trésor français ; la France n’aura plus de représentants au sein des organes de la BCEAO.
Nous précisons que ces évolutions ne résultent pas de la bienveillance du gouvernement français et de son allié ivoirien, eux qui ont longtemps défendu le statu quo. Le déclencheur a plutôt été la mobilisation pour l’abolition du franc CFA, portée depuis quelques années par des mouvements sociaux panafricanistes, des intellectuels, des citoyens ordinaires, etc. dans le continent et dans la diaspora. C’est donc l’occasion de féliciter et d’encourager ceux et celles qui œuvrent sans relâche à l’émancipation collective de l’Afrique.
Il serait cependant prématuré de crier victoire. Si certains symboles gênants, associés au franc CFA, vont disparaître, les liens de subordination monétaire sur le plan légal et sur le plan de la conduite de la politique monétaire restent en place.
Tout d’abord, la France maintient toujours le rôle officiel de garant ; un rôle, il faut le souligner, qu’elle n’a jamais vraiment exercé pour la simple raison que ce sont les Africains eux-mêmes et les ressources à leur disposition qui ont toujours permis l’émission et la convertibilité du franc CFA. Ensuite, la Banque de France abrite toujours l’essentiel du stock d’or monétaire des pays de l’UEMOA. Enfin, la parité du franc CFA vis-à-vis de l’euro est toujours maintenue. Ce qui est une façon non seulement d’accorder une préférence commerciale à la zone euro mais également de soumettre la politique monétaire des pays de l’UEMOA à celle de la Banque centrale européenne (BCE).
Par ailleurs, l’annonce que le franc CFA sera renommé « ECO » laisse perplexe. Rappelons que ECO est le nom retenu, en juin 2019, à Abuja, par les quinze pays de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) pour désigner la monnaie unique régionale ouest-africaine en gestation. Ce projet a été initié au sein de la CEDEAO depuis 1983 et sa mise en œuvre a fait entretemps l’objet de plusieurs reports.
Pourquoi donc les pays de l’UEMOA devraient-ils s’arroger le droit de rebaptiser ECO le franc CFA alors qu’ils n’ont pas encore tous rempli les critères d’entrée dans la zone monétaire ECO définis au sein de la CEDEAO ? Comment comprendre cette déclaration hâtive de Macron et Ouattara qui maintient la France en tant que prétendu « garant » du franc CFA renommé ECO, ainsi que la parité fixe avec l’euro alors que la CEDEAO requiert pour le lancement de sa monnaie unique le retrait total de la France de la gestion monétaire des pays de l’UEMOA ? Sans mentionner que la CEDEAO a fait le choix d’adosser sa monnaie à un panier de devises.
Ne faudrait-il pas craindre une tentative de sabotage surtout au regard de la volonté maintes fois exprimée par le gouvernement français d’élargir l’usage du franc CFA aux pays anglophones ouest-africains et d’isoler le Nigeria ?
Devant la confusion actuelle, amplifiée plutôt que dissipée par les différents communiqués de la CEDEAO, de la BCEAO, de la République du Nigeria, de la République du Ghana, etc. nous invitons les citoyens des États membres de la CEDEAO à faire preuve de plus de vigilance concernant les récents développements liés au franc CFA et à l’ECO.
S’il faut saluer l’émergence d’un débat public, porté par des intellectuels et acteurs de la société civile en Afrique, sur la question du franc CFA, nous devons en même temps déplorer le mutisme inquiétant de nos chefs d’État et de gouvernement sur une question aussi importante sur le plan symbolique, politique, économique et psychosociologique.
Face au déficit de communication des gouvernements africains sur un sujet qui engage l’avenir de plus de 300 millions d’habitants en Afrique de l’ouest et celui de l’intégration régionale, nous demandons :- Aux chefs d’État de l’UEMOA et de la CEDEAO de prendre leurs responsabilités auprès de leurs peuples respectifs en ouvrant un débat populaire et inclusif sur les réformes en cours. En effet, la souveraineté est d’abord l’affaire des peuples qui, il faut le rappeler à nouveau, ont de leur propre initiative posé le débat sur le franc CFA et sur la souveraineté monétaire de l’Afrique de l’ouest.- Aux chefs d’État de l’UEMOA d’informer clairement leurs concitoyens sur les surprenantes déclarations d’Alassane Ouattara et d’Emmanuel Macron qui semblent les engager, sans qu’ils aient eu encore à en référer à leur parlement et aux autres institutions républicaines pertinentes.- Aux spécialistes des questions économiques et monétaires au sein de la CEDEAO, de l’UEMOA et de la BCEAO de participer activement au débat public sur les reformes en question, en confrontant leurs propositions aux objections soulevées par des chercheurs et leaders indépendants de la société civile.- Aux peuples des États membres de la CEDEAO de rester mobilisés dans le débat citoyen enclenché sur la sortie définitive de la France de la gestion monétaire de nos États et sur l’adoption de systèmes monétaires souverains au service des peuples et qui s’inscrivent dans la dynamique de mise en place d’une Fédération des États de l’Afrique de l’ouest.
Nous réaffirmons que la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique. Instrument et symbole de souveraineté, la monnaie doit être l’émanation des aspirations profondes des peuples d’Afrique qui doivent être en permanence associés aux processus en cours. A cet égard, nous sommes d’avis que les critères de convergence ne constituent pas une approche appropriée. Ils doivent être revus et éventuellement remplacés par des indicateurs de nature plus politique prenant en compte les défis de l’heure : l’industrialisation, l’autonomisation des producteurs locaux, la compétitivité des entreprises nationales de la zone CEDEAO, le plein emploi et la transformation écologique.
Si nous aspirons à une souveraineté économique et monétaire de la CEDEAO, c’est parce qu’elle est la voie royale pour mettre fin à l’extraversion économique, à l’endettement en devises étrangères, aux flux financiers illicites et aux autres facteurs contribuant à des formes de croissance économique non inclusive."
Listes des noms de personnalités qui ont signé le texte :
Makhily Gassama, Essayiste, Ancien Ministre Ancien Ambassadeur (Sénégal)
Boubacar Boris Diop, Écrivain (Sénégal)
Aminata Dramane Traoré, Écrivaine, ancienne Ministre de la Culture et Présidente du Groupe « États généraux du franc CFA et des Alternatives » (Mali)
Carlos Vamain, Jurisconsulte, Ancien Ministre (Guinée-Bissau)
George Klay Kieh, Jr., Universitaire (Libéria)
Momar Sokhna Diop, Professeur d’Économie et de gestion, Écrivain (Sénégal / France)
Cheikh Gueye, Géographe et Secrétaire permanent du Rapport Alternatif sur l’Afrique (Sénégal)
Lionel Zevounou, Maître de conférences en droit public (France)
Mouhamadou Ngouda Mboup, Enseignant-Chercheur en droit public (Sénégal)
Luc Damida, Chercheur ( Burkina Faso)
"CLEANING DAY", LES RAISONS D’UN ÉCHEC POPULAIRE
L’appel du chef de l’Etat Macky Sall à une forte mobilisation des populations à l’occasion de la première édition de la Journée nationale du nettoiement, célébrée samedi dernier, n’a pas été bien entendu par les Sénégalais.
L’appel du chef de l’Etat Macky Sall à une forte mobilisation des populations à l’occasion de la première édition de la Journée nationale du nettoiement, célébrée samedi dernier, n’a pas été bien entendu par les Sénégalais. Lesquels, dans leur écrasante majorité, ont préféré rester chez elles. Pour connaître les raisons d’un tel échec, Le Témoin a interpelé des spécialistes notamment le sociologue Djiby Diakhaté, l’analyste politique, Dr Atab Badji, et le journaliste Ibrahima Bakhoum…
Le constat a été presque unanime. La première édition de la Journée nationale du nettoiement a été marquée par une très faible mobilisation des populations. Lesquelles, semblant faire fi de l’appel à une mobilisation massive lancé par le chef de l’Etat Macky Sall lors de son adresse à la Nation du 31 décembre dernier, ont préféré se terrer chez elles. Constant qu’il y avait effectivement une faible mobilisation des populations à l’occasion de ce « Cleaning day », le sociologue Djiby Diakhaté estime qu’en termes d’actions, c’était effectivement un échec. Selon lui, beaucoup de facteurs expliqueraient cet échec de la mobilisation de samedi dernier. « Depuis quelques temps, la présidence nous bombarde des slogans comme Fast-tract, clean challenger, clean day, etc. Des slogans qui n’ont rien de sénégalais. Sur le plan de la sémiologie, il y a donc problème », se désole le sociologue Djiby Diakhaté. Qui rappelle que dans les années 90, il y avait un phénomène « Set Sétal » porté par les jeunes, notamment le mouvement navétane, qui avait fait tâche d’huile parce que ayant eu l’adhésion de la population dans sa grande majorité. La deuxième raison de cet échec du premier « Clean day », selon le professeur Diakhaté, est qu’il n’y a pas eu d’étude préalable. Il s’explique : « Avant de commencer une telle initiative, il fallait parler aux acteurs notamment les imams, les leaders religieux, les mouvements de femmes et de jeunes, les Badienou Gokh entre autres organisations. Et tout faire pour les faire adhérer à cette initiative. » La troisième raison procèderait, selon M. Diakhaté, d’un problème de communication. Car, selon lui, la communication ne doit pas seulement être une communication media. Mais, elle doit aussi se faire en hors média. Notre interlocuteur pense qu’il fallait travailler dans le sens de la territorialisation de la communication. La dernière chose dont il fallait tenir compte, selon le sociologue, c’est la « sacralisation de l’espace ».
PR DJIBY DIAKHATÉ «Beaucoup de paramètres ont été négligés»
« Vous savez, il y a ce que l’on peut appeler la sacralisation de l’espace qui change de la localité d’origine à la localité d’accueil. Quand les gens sont dans l’espace où ils sont nés et où leurs parents ou grands-parents sont enterrés, ils font tout pour préserver cet environnement. Mais, lorsqu’ils se déplacent dans un autre espace, la sacralisation de l’espace disparait. Ils peuvent salir ce nouvel espace et en faire ce qu’ils veulent. Il fallait donc prendre cela en compte » souligne en conclusion le membre du CNRA Djiby Diakhaté. Pour Cheikh Atab Badji, analyste et MBA en sciences politiques, une politique de nettoiement aussi importante que celle de samedi dernier devait nécessiter une plus grande préparation. Après avoir rappelé que le fait n’est pas niveau et que c’est uniquement le vocabulaire qui a changé, M. Badji pense que le fait de nettoyer entre dans le cadre d’une politique d’hygiène. Donc, si le lancement n’a pas connu de succès, c’est parce que l’opération a été plutôt décrétée « alors qu’une opération de ce genre ne se décrète pas. »
DR ATAB BADJI « Une opération de ce genre ne se décrète pas »
« Une politique environnementale nécessite une préparation de longue durée. Le Président devait d’abord mettre sur pied une politique de nettoiement et d’hygiène avant tout lancement. Il faut que les gens sachent déjà pourquoi il ne faut pas salir et qu’on leur explique que cela a pour but de garder son environnement sain », explique notre analyste politique. Selon notre interlocuteur, il faut que l’on puisse intégrer cela dans le curriculum des enfants. Il préconise aussi de prendre des mesures dissuasives contre les récalcitrants. De son côté, le journaliste Ibrahima Bakhoum avance deux raisons pouvant expliquer, selon lui, la non-adhésion des populations à la première journée du « Cleaning day ». La première c’est le fait que les gens peuvent se dire que c’est un slogan ou un discours comme les autres discours et slogans. Ce qui justifierait que la parole du Président ne suffise pas seulement à les mobiliser. Le doyen Ibrahima Bakhoum pense également que les gens commencent à être très saturés des déclarations politiciennes. « Si pour eux l’appel du Président ressemble à un appel politicien, cela pose problème», estime-t-il.
IBRAHIMA BAKHOUM « les Sénégalais ont l’habitude de recevoir des moyens financiers des politiciens pour pouvoir répondre à leurs appels »
La dernière raison de la non-adhésion des populations viendrait du fait que, selon M. Bakhoum, on serait resté pendant longtemps dans l’incivisme social. Donc, il faudrait, à l’en croire, plus qu’un appel du président de la République pour pousser les populations à adhérer à ses initiatives. Il s’explique : « Comme vous le savez, les Sénégalais ont l’habitude de recevoir des moyens financiers et autres des politiciens pour pouvoir répondre à leurs appels. Peut-être que cette fois-ci c’est parce qu’il n’y a pas eu ces moyens qu’on a vu ce qu’on a vu. Peut-être aussi que nos compatriotes pensent que cette affaire est politicienne et qu’on doit les donner des moyens pour qu’ils puissent répondre à l’appel au nettoiement » estime notre interlocuteur. Selon lui, toutefois, si le discours est maintenu et que des leaders sociaux et religieux s’engagent dans sa promotion, cela pourrait, dans la durée, connaître une très grande réussite. Wait and see !
«TOUS LES NOUVEAUX BACHELIERS…ONT ETE ORIENTES»
Le Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation a été hier, lundi 6 janvier, l'invité de l'émission "Débat du Mois" de la radio Téranga Fm.
Le Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation a été hier, lundi 6 janvier, l'invité de l'émission "Débat du Mois" de la radio Téranga Fm. Cheikh Oumar Hanne y a déclaré que tous les nouveaux bacheliers ayant demandé à être orientés, cette année, dans les universités publiques sénégalaises l'ont été à travers la plateforme Campusen. Il a aussi rappelé qu'ils sont 54000 nouveaux bacheliers sur les 57000 à avoir demandé à être orientés cette année.
Les questions ont été multiples et variées et furent posées directement au Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation par les journalistes lors de cette émission intitulée "Le Débat du Mois" initiée par la radio Téranga FM. Celles-ci ont tourné essentiellement autour de la problématique des orientations des nouveaux bacheliers, des bourses d'étudiants, de leurs conditions de vie au sein de leurs campus, de l'insuffisance des enseignants dans les universités ainsi que des mesures d'accompagnement.
Sur la question des orientations, le Ministre Cheikh Oumar Hanne précisera que tous les nouveaux bacheliers ayant demandé à être orientés dans les universités sénégalaises l'ont été. "Les 54000 nouveaux bacheliers sur les 57000 qui ont émis la demande ont été tous orientés. Et cela a été fait en fonction des capacités de chaque université de recevoir des nouveaux bacheliers. L'an dernier, ils étaient 34000 nouveaux bacheliers à avoir été orientés dans les universités sénégalaises", a soutenu Cheikh Oumar Hanne qui a aussi rassuré quant à la capacité de ces universités de gérer leurs problèmes. Cependant, il faudra d'après lui travailler davantage pour asseoir la paix sociale au sein de ces Temples du savoir.
Pourtant, ce sont près de 500 milliards FCFA qui sont investis dans le secteur de l'enseignement supérieur depuis l'arrivée du Président Macky Sall, de 2012 à nos jours, selon le Ministre. Également sur la question des bourses d'étudiants, Cheikh Oumar Hanne de rappeler que celles-ci font partie des trois domaines de priorité de l'État, à côté des fonctionnaires et des services de la dette.
" Le budget des bourses s'élève à 70 milliards FCFA par an contre 24 milliards FCFA en 2012. Ainsi, chaque étudiant coûte chaque année près de 2 millions FCFA à l'État, soit près de 200.000 FCFA par mois", a-t-il ajouté tout en insistant sur les efforts consentis aujourd'hui par l'État dans ce sens. Quant au budget du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, celui-ci s'élèverait à 215 milliards FCFA.
LE FRN DOPE «ÑO LANK»
Les leaders du Front de résistance nationale (Frn) ont reçu hier, lundi 6 janvier, tour à tour une délégation de l’ancien député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, et de la plateforme «Ño lank ña bagne».
Les leaders du Front de résistance nationale (Frn) ont reçu hier, lundi 6 janvier, tour à tour une délégation de l’ancien député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, et de la plateforme «Ño lank ña bagne». S’exprimant à la sortie de ces rencontres, Moctar Sourang, coordonnateur de ce front qui regroupe l’essentiel des partis de l’opposition a annoncé des discussions avec les membres de « Ño lank » pour voir comment créer la jonction pour faire face à la mesure de hausse du prix de l’électricité.
Après huit mois de mutisme, le Front de résistance nationale (Frn) annonce son retour sur le terrain du combat politique contre le régime en place. S’exprimant hier, lundi 6 janvier, à la sortie d’une réunion des leaders de ce front qui regroupe l’essentiel des partis de l’opposition, une réunion qui a été précédée par une rencontre avec une délégation de la plateforme «Ño lank ño bagne» et de l’ancien député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, Moctar Sourang, coordonnateur du Frn est revenu sur les raisons qui ont motivé cette décision du front.
Accusant le pouvoir en place d’être l’unique responsable des difficultés que rencontre la Senelec du fait de sa mauvaise politique, Moctar Sourang, par ailleurs président du parti politique Union nationale patriotique (Unp) a expliqué que l’opposition s’oppose à la volonté du régime en place de faire supporter aux populations les conséquences de sa mauvaise gestion de la Senelec et de ses orientations politiques. «Nous considérons qu’il n’y a pas de déficit à la Senelec. Le problème, c’est que l’Etat doit beaucoup d’argent à cette société qu’il n’arrive pas à payer à cause de la tension de trésorerie due aux mauvaises politiques du président Macky Sall et son régime, notamment dans le financement du Ter et d’autres projets similaires. Nous estimons que ce n’est pas aux populations de supporter les conséquences de leur mauvaise gestion de la Senelec. S’ils veulent trouver de l’argent, ils auraient pu supprimer des institutions budgétivores comme le Haut conseil des collectivités territoriales. Nous sommes en discussion avec les membres de Ño lank pour voir comment créer la jonction pour faire baisser le prix de l’électricité, dès le prochain rassemblement», a annoncé le coordonnateur du Frn qui s’exprimait à la suite de l’ancien coordonnateur du mouvement Y’en a marre, Fadel Barro, membre de la délégation «Ño lank ña bagne» reçue par les leaders du Frn.
REHABILITATION DE KHALIFA ET KARIM
Poursuivant son propos, Moctar Sourang a ajouté au sujet de la seconde raison que le Frn, après la libération par grâce présidentielle de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall, veut obtenir le rétablissement de leurs droits civiques et politiques mais aussi le respect des libertés démocratiques que le régime en place ne cesse de bafouer. «Le maire Khalifa Sall est membre du Frn. Il nous a également dit qu’il n’avait rien demandé et n’attend aucune faveur du pouvoir en place. Sur ce, nous avons estimé que le combat que nous avons mené jusqu’ici et qui a permis sa libération, nous allons le continuer jusqu’à ce que lui et Karim Wade retrouvent leurs droits civiques et politiques et puissent prendre part à la présidentielle de 2024. Nous estimons qu’ils devront être candidats», a martelé Moctar Sourang. Avant d’ajouter dans la foulée : «Nous pensons que sur le plan du respect des libertés, il y a beaucoup de choses à dire. C’est pourquoi, nous allons continuer la lutte jusqu’à la libération de Guy Marius Sagna et ses camarades, otages du régime en place».
Par Walmaak Ndiaye
LE SENEGAL RESTE UN MODELE EN AFRIQUE ET DANS LE MONDE
Au-delà de la liberté d’expression où le Sénégal coiffe même certains pays développés, la marche reste le Droit le plus usité pour ne pas dire abusé du citoyen Sénégalais
Au-delà de la liberté d’expression où le Sénégal coiffe même certains pays développés, la marche reste le Droit le plus usité pour ne pas dire abusé du citoyen Sénégalais au point que le Constituant soit amené à devoir en faire une curiosité constitutionnelle, redondante en sus de ce que dit la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1945, sa Convention dérivée sur les Droits civils et politiques de 1966, toute référée dans la même Constitution.
Cette insertion constitutionnelle à relent populiste ne fait que davantage désordre dans la gouvernance du pays car tout le Monde la convoque pensant qu’en tout et pour tout et quelques soient les circonstances de temps et de lieu, l’on doit être autorisé à tout faire, à tout dire. Et curieusement ce sont les Organisations de la Société civile qui devaient s’ériger en censeurs des consciences, bouclier contre les dérives, régulateurs entre acteurs politiques, sentinelle de la Paix et de la stabilité pour la mise en œuvre des politiques, qui se fondent dans les clans politiciens et sont aujourd’hui devenues adeptes de la Rue, initiatrices de mouvements de protestations.
Qu’est-ce qui peut justifier dans une Démocratie, en dehors des joutes électorales, cette obsession des « grilles du Palais » en dehors d’un sentiment viscéral de rancœur, d’un manque de sportivité, de lucidité politique mais surtout de Responsabilité, car le Palais de la République, quelque soit celui qui l’occupe reste un sanctuaire national que tout citoyen démocrate devrait veiller à son inviolabilité au prix du Sacrifice suprême, il reste le premier et le dernier carré de notre souveraineté. Que les gens fassent beaucoup attention et qu’ils n’oublient pas que nous sommes une jeune dont la construction inachevée, ne saurait souffrir de risques de compte à rebours avec la désacralisation des symboles, la banalisation des institutions de la république, comme certains aventuriers s’y emploient ces temps-ci avec un langage mal à propos, sarcastique et même roturier, un comportement déviant et défiant, voir subversif.
Non, une Démocratie saine ne se mesure pas à l’aune de ce qui se fait ailleurs ou à son caractère débridé mais plutôt à la qualité, aux vertus, au sens des responsabilités des Acteurs, à la foi à un destin commun et au respect strict des lois et règlements que le peuple s’est librement et démocratiquement donnés. Chers compatriotes, il est donc erroné, démagogique, mais parfois hypocrite car on aime souvent nous flageoler pour conformisme, de comparer les Etats Unis et le Sénégal en matière de Droits ou de libertés. Nous avons à prendre d’eux mais beaucoup à leur vendre malgré un rapport gérontocratique en terme de Démocratie qui frise le quadruple en faveur des USA.
Nous Sénégalais avons par Paresse intellectuelle ou snobisme, une manie à la comparaison souvent non documentée. Ainsi aime-t-on comparer pour accréditer des Thèses, des infrastructures dans des pays différents, construites à des époques différentes, avec des réalités géophysiques et impacts sociaux, environnementaux différents, des opportunités différentes, des maîtres d’ouvrages différents; des pays, des Démocraties , des histoires, des économies, des cultures incomparables. C’est comme si l’on était impotent pour évaluer objectivement nos réalités et nous construire nous même une identité et une conduite propres
Aujourd’hui le clou du débat politique reste l’interdiction des marches vers le palais de la République et pour « convaincre » on va outre Atlantique chercher l’exemple aux Etats UNIS et pour cause car le cas est introuvable sous nos tropiques et dans beaucoup de Démocraties Européennes. Je cite à titre illustratif deux exemples non loin de nous : dans l’un des pays visités toutes les Rues qui convergent vers les bureaux du PR sont frappés de sens interdits à tout piéton et voitures. Dans l’autre le palais est inaccessible ( isolé) mais quand le Président sort et doit emprunter une artère, les citoyens avoisinants arrêtent toutes activités et détalent comme des lapins dans tous les sens au bruit du gyrophare et les deux pays se targuent pourtant d’être en Démocratie.
Même aux Etats Unis les choses ne se passent pas comme on veut le présenter, le bureau Oval est au moins à cinq cents mètre de l’Avenue Roosvelt où se trouve la grille de lamentations et non à un jet de pierre comme à l’avenue Roume, en outre la Maison blanche n’est pas au cœur d’une place d’affaires , elle n’a comme viscinité que le Washington square, les stèles de la BM et du FMI, le Département d’Agriculture, des Musées (Art Africain, Aéronautique, le Congrès Etc.., pas de circulation). En outre qui manifeste et pour quels motifs, quelle intention? Des exclus, des marginaux, des victimes de calamités ou d’ostracisme et rarement les citoyens ordinaires pour des raisons de risques de péril national. Qui ose déclarer aux Etats Unis, organiser une marche pour aller faire plier le Président sur une décision déjà prise à défaut le déloger ? Soyons sérieux, soignons notre discours et Arrêtons les enfantillages politiciens avant qu’il ne soit trop tard.
L’enjeu mondial aujourd’hui est avant tout sécuritaire, les périls sont à nos portes et nous devons éviter tout ce qui peut servir de prétexte et offrir d’opportunité à l’ennemi. Avec le temps qui court, il est impensable d’autoriser des marches politiciennes jusqu’aux grilles du Palais qui ne se justifient qu’aux yeux, de soupirants en crise de représentativité et en quête frénétique de visibilité et de notoriété. Aussi les patriotes doivent-ils rester vigilants car l’heure est grave.
A l’époque, j’ai combattu avec véhémence l’Arrêté Ousmane Ngom mais aujourd’hui qu’on parle de cellules dormantes de Jihadistes et d’escouades dans les pays limitrophes, il devient un dispositif sécuritaire stratégique à appuyer plutôt qu’à faire sauter. Comme dit l’autre, celui qui ne sait pas changer ses propres idées, ne peut pas transformer le Monde.