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18 juillet 2025
par Nioxor Tine
DIALOGUE NATIONAL, MON ŒIL !
Après des décennies d’une gouvernance contraire à nos intérêts nationaux, il semble plutôt s’agir d’écarter toute possibilité d’accession au pouvoir de forces, qui pourraient menacer les intérêts de certains hommes-liges liés au capitalisme mondial
Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance formelle en 1960, l’incapacité de nos autorités politiques à animer un jeu politique sain, basé sur une compétition programmatique et expurgé de toutes sortes de combines de nature juridique et/ou politicienne, a été établie par les politologues.
Mais depuis 2012, ces vices congénitaux attachés à notre processus démocratique se sont aggravés, si bien que nous vivons actuellement une situation surréaliste.
Nous en sommes arrivés à un stade où un haut fonctionnaire, unanimement reconnu comme compétent est défénestré pour avoir simplement osé évoquer l’impossibilité pour l’actuel président de postuler pour un troisième mandat, comme clairement stipulé dans la Constitution. Plus grave, au sein de la méga-coalition Benno Bokk Yakaar, qui n’a ménagé aucun effort, pour faire réélire frauduleusement son candidat lors de la mascarade électorale de février dernier, il est tout simplement interdit d’avoir des ambitions présidentielles.
C’est ce qui pousse des analystes, de plus en plus nombreux à soupçonner le président Macky Sall, de n’avoir pas encore entièrement renoncé à postuler pour un troisième mandat.
Cette hypothèse est d’autant plus plausible, que les partis de la majorité, dont certains avaient annoncé leurs ambitions pour les prochaines présidentielles semblent avoir tourné casaque et vouloir s’inscrire dans la consolidation de leur alliance stratégique, n’écartant même plus une fusion organique. Il est clair, que si ce cas de figure se confirmait, la seule personne capable de fédérer cette mosaïque qu’est Benno Bokk Yakaar risque d’être l’actuel locataire du Palais de l’avenue Senghor. Ayant déclaré forfait depuis longtemps et lorgnant sur les dividendes attendus du pétrole et du gaz, les entrepreneurs politiques de la majorité auraient alors définitivement renoncé à jouer les rôles attendus de leurs partis politiques, à savoir, concourir à l’expression du suffrage universel et conquérir le pouvoir.
Pour ficeler leur affaire, il ne leur resterait plus qu’à invoquer des raisons sécuritaires, la nécessité de préserver nos ressources naturelles ou tous autres prétextes fallacieux.
Une autre anomalie de notre vie politique est le hiatus entre cette volonté proclamée de réconciliation nationale, matérialisée par l’appel au dialogue et surtout les retrouvailles pathétiques entre le père, le fils et un saint homme à Massalikul Djinane et le refus obstiné des hommes du pouvoir de se remettre en cause.
Au niveau du dialogue politique, on ne note aucune concession significative de la majorité pour fiabiliser le processus électoral. Opposant une fin de non-recevoir à l’abrogation de la loi sur le parrainage et à l’adoption du bulletin unique, ils se servent de l’audit du fichier électoral pour réaménager le calendrier électoral à leur guise, comme le prouve le report sine die des prochaines élections locales.
Malgré la poignée de mains de Massalikul Djinane et la grâce accordée à l’ancien maire Khalifa Sall, ce dernier reste encore privé de ses droits civiques, tandis que la vive polémique autour de la réhabilitation de Karim Wade, ayant abouti au limogeage de deux autres hauts fonctionnaires émérites, renseigne sur l’état d’esprit de certains dignitaires de l’APR.
Sans cautionner l’impunité pour les auteurs de détournements de deniers publics, il serait, tout au moins, de bon ton, de procéder à une réévaluation des procès iniques faits à des adversaires politiques triés sur le volet.
Par ailleurs, l’épisode de la commission d’enquête parlementaire sur le scandale des 94 milliards est révélateur de la persistance de cette culture du maatey et de l’impunité garantie aux militants de la mouvance présidentielle, malgré leurs multiples frasques.
En définitive, tout se passe, comme si la détente souhaitée et saluée par la classe maraboutique et l’ensemble de la société ne visait pas un apaisement du climat sociopolitique menacé par une défiance croissante des couches populaires à l’endroit du régime de Macky Sall. Cette décrispation chercherait plutôt à sauver les meubles, au cas où le pouvoir changerait de mains, en 2024.
En effet, après des décennies d’une gouvernance peu vertueuse, tumultueuse et contraire à nos intérêts nationaux bien compris, il semble plutôt s’agir d’écarter toute possibilité d’accession au pouvoir de forces, qui pourraient menacer les intérêts de certains hommes-liges liés au capitalisme mondial.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre le projet du pouvoir de Macky Sall de s’attaquer au leader du parti PASTEF, qui de lanceur d’alerte vertueux et héroïque semble devoir être rétrogradé au statut d’accusé principal par une justice aux ordres.
Mais cette dernière bravade risque de sonner le glas d’un régime aux abois, qui, il faut bien le reconnaître, n’a dû, jusque-là, sa survie qu’à sa mainmise sur les institutions de notre pays.
LES PRATIQUES DANGEREUSES D'ORANGE EN AFRIQUE
Ce réseau sde téléphonie mobile se montre complaisant envers les pouvoirs politiques autoritaires, dictatoriaux et devient sur le continent le bras armé de la répression sur internet, les réseaux sociaux - DÉCLARATION DE L'ASUTIC
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de l'Association sénégalaise des utilisateurs des TIC, daté du 20 octobre 2019, à propos des manoeuvres du réseau téléphonique Orange en Afrique.
"Le classement mondial des plus grandes sociétés de télécommunications et d’internet du monde sur leurs engagements à mettre en place des politiques fondés sur le respect des normes internationales relatives aux droits humains a été publié par l’ONG américaine Ranking Digital Rights (RDR) au mois de Mai dernier à Paris lors du salon Viva Technology 2019 .
Selon le rapport 2018 de RDR, Orange n'a rien révélé sur la façon dont elle traite les requêtes gouvernementales visant à bloquer le contenu ou à restreindre les comptes d'utilisateurs, elle n'a pas non plus communiqué au sujet de ses procédures de sécurité internes afin d’assurer la sécurité des données des utilisateurs.
Pire encore, Orange, ne s'est pas engagée à informer les utilisateurs sur les demandes gouvernementales et privées concernant leurs données. Il est à noter qu’Il n’existe pas d'obstacles juridiques empêchant Orange de communiquer sur toutes ces informations
Ainsi, Orange a eu un score de 17% sur la liberté d’expression et 29% sur la vie privée, restant à la traîne derrière Vodafone, AT&T et Telefónica.
Si, Orange, commet de si graves manquements sur les droits humains en France, ces derniers ne peuvent être que pire en Afrique voir dangereux pour ses utilisateurs.
Aussi, rien de surprenant qu’Orange collabore activement avec les régimes Africains autoritaires, dictatoriaux et pseudo démocratiques qui remettent en cause la liberté d’expression et le respect de la vie privée par des coupures d’internet et des demandes d’informations sur les utilisateurs.
En effet, rien qu’entre 2016 et 2017, Orange a effectué 16 coupures d’internet et de réseaux sociaux. Quant aux données clients, rien que pour le Sénégal, Orange en a communiqué 40664 au gouvernement. Ainsi, le Sénégal est le deuxième pays en Afrique, derrière le Cameroun, où Orange donnes des informations au gouvernement sur ses clients.
Non seulement, Orange est au service des gouvernements africains au risque de voir les droits humains et libertés fondamentales de ses clients violés, mais en plus, elle s’illustre par le non-respect de la loi.
Au Sénégal, l’un des objectifs de la loi portant code des communications électroniques promulguée en décembre 2018, est la transparence des tarifs et des conditions d’utilisation des services de communications électroniques.
Aussi, l’article 28 dudit code dispose «Les informations transparentes et actualisées relatives à l’ensemble des services proposés, aux tarifs pratiqués ainsi qu’aux conditions générales de vente et/ou de services, sont régulièrement publiées et mises à la disposition des utilisateurs par les opérateurs dans leurs points de vente et sur leur site Internet.»
Malgré cette obligation légale, Orange ne publie rien du tout. En effet, les conditions générales de vente ou de services des offres mobiles, internet ADSL et Fibre, ou Orange Money ne sont pas publiées ni sur orange.sn ni sur sonatel.sn.
En outre, aucun contrat n’est donné aux clients à la souscription d’un service prépayé en violation flagrante de l’article 29 qui stipule que tout opérateur élabore des contrats types et leurs avenants pour la fourniture de leurs services aux utilisateurs.
Des manquements délibérés à la loi sénégalaise qu’Orange ne s’est pas permise en France car sur son site internet tous les documents relatifs aux conditions générales de vente ou de service sont publiés.
Le seul document publié sur le site internet orange.sn est la politique de confidentialité. Elle est truffée de termes vagues, d’omissions et est sans date de publication où de mise à jour. C’est plus une tentative de mise en conformité avec le Règlement Général sur la Protection des Données de l’Union Européenne et avec la loi sur la Protection des Données Personnelles du Sénégal plutôt qu’une volonté réelle de protéger la vie privée des utilisateurs.
En effet, aucune information n’est publiée sur comment exercer les droit d’accès, de rectification, de suppression et d'opposition au traitement des données à caractère personnel des utilisateurs.
Pire encore, aucun moyen n’est mis à la disposition de l’utilisateur afin qu’il puisse suspendre ou retirer son consentement à tout moment par un moyen simple et gratuit sur les données permettant de localiser son équipement terminal.
Ces données de localisation qui permettent de surveiller tout utilisateur du réseau d’Orange, ne peuvent ni être utilisées pendant la communication à des fins autres que son acheminement, ni être conservées ou traitées après l'achèvement de la communication que moyennant le consentement de l’utilisateur, dûment informé.
Un grave manquement à l’article 41 du code des communications électroniques, très préjudiciable pour la vie privée de l’utilisateur. Encore, une atteinte avérée d’Orange en matière de respect des droits humains.
En outre, le consentement préalable de l’utilisateur du service prépayé n’est pas recueilli par Orange avant de procéder à la prospection directe. Une fois de plus, Orange ne respecte pas l’article 47 de la loi n° 2008-12 du 25 janvier 2008 portant sur la Protection des données à caractère personnel.
Au regard de tout ce qui précède, la conclusion qui s’impose est que le respect des droits de l’homme ne fait pas partie intégrante de la politique d’Orange en Afrique.
A l’évidence, le continent africain n’est pas inclus parmi les bénéficiaires de ses engagements au sein du Global Network Initiative qui invite ses membres à adopter des pratiques directement inspirées des principes directeurs de l’ONU sur la protection de la liberté d’expression et le droit à la vie privée.
D’ailleurs, les engagements RSE d’Orange en Afrique se limite à quelques actions sociales: construction d’air de jeux, don d’appareillages orthopédiques, don de matériels de balayage, de désensablement et de désherbage, etc.
Aucune action, encore moins un engagement, pour la protection de la vie privée et la liberté d’expression. Le constat est que pour Orange, les droits humains ne sont pas pour l’Afrique.
Ainsi donc la présence d’Orange en Afrique est faite de collaboration avec les gouvernements, de non-respect des standards internationaux et nationaux de protection de la liberté d’expression et du droit à la vie privée des utilisateurs.
Et, à ce jour, aucune sanction des manquements d’Orange par les régulateurs du secteur des TIC. Par conséquent, entre ses clients et les pouvoirs en place, le choix d’Orange est vite fait. Il ne faut pas déplaire aux autorités afin de conserver la position de rente, les licences et ainsi continuer les arnaques et pratiques anti-concurrentielles.
Orange se montre ainsi complaisante envers les pouvoirs politiques autoritaires, dictatoriaux et pseudo démocratiques et devient en Afrique le bras armé de la répression sur internet, les réseaux sociaux et de la remise en cause des droits de l’homme à l’ère numérique.
Il urge en conséquence, d’impulser une mobilisation multi acteurs pour interpeller publiquement Orange afin qu’elle place la question du respect des droits de l’homme en Afrique au cœur de sa politique.
Aussi, l’ASUTIC:
Recommande aux utilisateurs de faire preuve de prudence et vigilance dans l’utilisation des services d’Orange. Orange n’est pas un opérateur de confianceen Afrique;
Demande aux utilisateurs de faire du respect des droits humains, le premier critère d’évaluation et d’appréciation des services d’Orange;
Lance un appel à Orange pour une amélioration de la protection de la liberté d’expression et de la vie privé des utilisateurs conforme aux principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux Droits de l’Homme;
Exhorte les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour le respect par Orange des droits humains à l’ère numérique."
SORY KABA LIMOGÉ
Le désormais ex-Directeur général des Sénégalais de l’Extérieur avait indiqué ce week-end que l’actuel mandat de Macky étant le dernier. Une intervention qui a provoqué une levée de boucliers des partisans du président
Le couperet est tombé. Un peu plus de 24 heures après une sortie médiatique controversée, Sory Kaba quitte le poste de Directeur général des Sénégalais de l’Extérieur.
Par décret, « le président de la République a nommé Monsieur Amadou François GAYE, expert financier, titulaire d’un MBA de l’Université des Sciences de Philadelphie, Directeur général des Sénégalais de l’Extérieur, au Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, en remplacement de Monsieur Sory Fantamady Kaba », renseigne un communiqué de Ndèye Tické Ndiaye Diop, ministre porte-parole du gouvernement.
Dans l’émission « Le grand Jury » de la RFM du 20 octobre, le désormais ex-Directeur général des Sénégalais de l’Extérieur avait parlé de l’actuel mandat de Macky Sall comme du deuxième et dernier. Ce qui avait soulevé une levée de boucliers de la part de nombreux partisans du président Sall qui qualifiait cette sortie de « malheureuse » et de « trahison ». Sory Kaba était à la tête de la Direction des Sénégalais de l’extérieur depuis novembre 2013.
par Serigne Mbaye Dramé
LA FRANCE ET SA COMMUNAUTÉ MUSULMANE, POURQUOI LA GREFFE NE PREND PAS ?
Comment on est arrivé à ce stade caractérisé par ce refus manifeste de l’étranger musulman, jusqu’à ce que d’aucuns développent la théorie du ‘’grand remplacement ?
L’intégration de la communauté musulmane en France se montre de plus en plus complexe pour ne pas dire impossible. Aujourd’hui, en effet, le musulman est mal vu dans l’Hexagone, où il est par moments accusé d’avoir acclimaté ou transposé ses us et coutumes, souvent jugés antinomiques aux ‘’valeurs de la République.’’
Or, si on réinterroge un peu l’histoire, on se rendra compte que les rapports entre ces deux civilisations étaient au beau fixe à telle enseigne que la France, ou l’Europe de façon générale, encourageait une émigration des populations d’origine nord africaines, à majorité musulmanes.
La grande question est comment on est arrivé à ce stade caractérisé par ce refus manifeste de l’étranger musulman, jusqu’à ce que d’aucuns développent la théorie du ‘’grand remplacement.’’
Une idée aussi saugrenue que transgressive des lois de la mondialisation. Laquelle n’a pas fini de faire disparaitre les frontières terrestres et les barrières ethnico-culturelles, imposant une généralisation des relations internationales, économiques, politiques et culturelles…
Réfléchir ainsi pour laisser à la gare des enfants de la même Marianne, c’est prendre le contre-pied de la marche du monde.
Déjà dans les années 60, l’Europe dopée par son industrialisation fulgurante avait un besoin soutenu d’une main d’œuvre pour faire tourner ses industries. Ainsi, des zones comme l’Afrique du Nord, majoritairement musulmane, caractérisée par une faible capacité d’absorption de ses bras valides représentait aux yeux du vieux continent un grenier. C’est ainsi qu’une massive mais simultanée arrivée de migrants sera encouragée.
Et le paradoxe aujourd’hui est que c’est avec la même ardeur ou plus que cette même Europe se montre déterminée à limiter cet « envahissement. »
Rappelons qu’à cette époque l’occident avait une vision manifestement utilitaire et mercantile de l’immigration maghrébine d’abord, sub-saharienne ensuite.
Ce stade a prévalu pendant des années. C’est seulement à partir des années 1990, et depuis çà n’a pas varié, on note des changements de comportement aussi bien du côté européen que du côté des migrants (surtout musulmans qui nous intéressent dans cette analyse).
D’abord chez les premiers qui avaient jusque-là un regard strictement utilitaire et mercantilisant du migrant. ‘’On a fait venir des bras mais ce sont des hommes qui sont venus’’. Cette boutade très célèbre à l’époque résume de fort belle manière la mutation qui venait de s’opérer. Autrement dit ces migrants sont venus avec une industrie culturelle bien constituée, qu’ils vont acclimater en terre d’Europe.
L’on se rappelle de la célèbre expression ‘’…le bruit et l’odeur’’ de l’ancien président Français Jacques Chirac prononcé dans ce contexte en 1991, pour un ‘’opportunisme électoraliste’’ selon certains, venant de quelqu’un dont l’amour pour l’Afrique et les africains ne souffrait d’aucune contestation.
Aussi, dans ces évolutions, on peut noter que les musulmans vivant dans l’Hexagone ne sont plus caractérisés par une passivité comme c’était le cas dans les décennies précédentes.
De plus en plus, l’on observe une minorité (composée de Français de souche, ou issus de l’immigration) plus exigeante qui réclame une certaine visibilité dans la société, à travers le port du voile, ou autres manifestations confessionnelles que Marianne n’avait pas prévues.
Et cette volonté affichée de cette minorité visible et active n’est pas du goût de certains Français qui voient en cela une agression culturellement parlant de la France, …de sa civilisation judéo-chrétienne.
Imaginez un peu un africain, mouride de surcroit, bien sapé dans son Baye Lahat avec son Mahtoum dans les métros à Paris ou au musée du Quai-Branly !
De prime abord on pense que c’est foncièrement encombrant pour l’élu du Front national Julien Oudoul, qui s’en est violemment pris à l’accompagnatrice musulmane lors d’une Assemblée régionale. Par qui le débat sur le voile ou les signes islamiques a refait surface dans la presse la française ces derniers jours.
Tous ces facteurs ont considérablement contribué à la complexification de la rencontre de ces deux civilisations.
Préférons la rencontre de civilisations à l’expression huntingtonnienne choc des civilisations. Un choc est toujours négatif.
Comme disait en substance Amadou Hampathé Ba, ce qui fait la beauté d’un tapis c’est la variété de ses couleurs. Une sagesse africaine qui résume fort bien que nous devons accepter la diversité comme une source de richesse et d’échange et non comme une source de conflit, de divergence et de confrontation.
Serigne Mbaye Dramé est journaliste à l’Agence de presse sénégalaise
par Amadou Tidiane Wone
À QUAND UNE (OP)POSITION COMMUNE ?
On se demande pourquoi l’opposition sénégalaise semble aphone ou réduite à des combats en mode solitaire sur des enjeux qui ne sont, au fond que des dossiers bien particuliers
Une des marques de fabrique de l’opposition politique sénégalaise, c'est sa division pour ne pas dire son morcellement. Prompte à bâtir des coalitions électorales dans l’urgence, elle se divise et diverge dès qu'il s'agit de stratégies de survie postélectorales. Chaque organisation en effet, notamment ceux qui la dirigent, aspirent à ne pas traverser trop longtemps le désert en se mettant à l'abri moyennant strapontins, prébendes ou sinécure. Ce modus operandi, codifié sous le vocable pastoral de « transhumance » a atteint des niveaux de sophistication tels que la classe politique sénégalaise n'a plus de frontières. Tant elles sont poreuses et permissives. Il y a longtemps déjà qu'il était devenu incongru de parler d’idéologies de référence, de famille de pensée philosophique et politique. L'on est maintenant rendu à l’ère du « gangstérisme » politique : les trahisons et les chasses à l'homme, les mises à mort sociale et les exécutions sommaires sont devenues monnaie courante. Pire, on parvient même à faire faire à la Loi des actes « illégaux » maquillés pour la circonstance ! Si.. si ! Et lorsque les circonstances changent on fait refaire à la Loi le chemin inverse en lui ôtant tous les artifices qui la défiguraient alors… le schéma étant : accusations, procès, emprisonnement, grâce, amnistie et, éventuellement révision de procès ! C’est-à-dire levée des accusations et effacement de toute trace… la boucle est bouclée ! Impossible n'est pas sénégalais ! Certains magistrats sont des orfèvres, que dis-je ? Des prestidigitateurs !
Pendant ce temps, et aux dires de la presse et de certains hommes politiques, des milliards changent de mains au détriment du Trésor Public. Si cela était avéré, de hauts fonctionnaires sont nécessairement complices puisqu’il n'y a pas eu effraction ni attaque à main armée. LOL… Comme disent les jeunes. On en mourrait de rire si ce n’était tragique !
Dans ce contexte de fin du monde, et face aux enjeux colossaux dont il est question, on se demande pourquoi l’opposition sénégalaise semble aphone ou réduite à des combats en mode solitaire sur des enjeux qui ne sont, au fond que des dossiers bien particuliers. Même s'ils illustrent la mauvaise qualité de gouvernance en cours dans notre pays. Tant le dossier sur le pétrole et le gaz, que le dossier dit des 94 Milliards, ce ne sont que les éléments d'un dispositif plus global de prévarication et de pillage dont les racines mériteraient d’être clairement identifiées. Il y a, véritablement, un disfonctionnement systémique et des distorsions de fond dans les modes opératoires de l'Etat du Sénégal qui doivent être corrigés définitivement ! Sinon certaines culbutes, si elles sont avérées, seraient impossibles. Ce travail de fond, une opposition organisée, méthodique, mutualisant ses réseaux d’information et de communication pourrait faire œuvre utile en l’élaborant au lieu de s’épuiser en vaines querelles de préséance sur fonds d’égos surdimensionnés. Surtout qu'elle compte en son sein de fins connaisseurs de l’appareil d’État…
Le pays vaut des sacrifices. L’avenir de nos enfants aussi. Cela suppose de la grandeur d’âme et du volontarisme. Se rendre au dialogue national sans un dialogue préparatoire des forces significatives de l’opposition me semble pour le moins aventureux. Il faut, ne serait-ce que par respect pour les interlocuteurs au pouvoir des équipes de négociateurs pertinents et chevronnés avec des dossiers bien ficelées sur tous les points d’achoppement entre le pouvoir et l’opposition. Sinon, le Sénégal continuera à donner l'image d'un pays de palabres sans fins dont les réseaux sociaux sont devenus le réceptacle sans fond… Et ça c'est pas bon. Pas bon du tout !
PAR MADIAMBAL DIAGNE
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, IL Y A URGENCE À METTRE DE L'ORDRE DANS VOTRE GOUVERNEMENT
La perception générale est que les ministres se marchent sur les pieds, qu’il n’y a pas de coordination et surtout, qu’il n’y a pas d’autorité. La situation est d’autant plus regrettable que Macky n’a pas l’excuse d’un débutant
On ne peut pas ne pas être en colère devant ce spectacle d’un président de la République, élu de fort belle manière en mars 2019 et dont le gouvernement, en l’espace de six mois d’exercice, donne l’impression d’aller dans tous les sens. La situation est d’autant plus regrettable que Macky Sall n’a pas l’excuse d’un débutant et que nombre de ses ministres ont déjà eu à occuper des responsabilités d’Etat. La perception générale est que le gouvernement manque de lisibilité, que les ministres se marchent sur les pieds, qu’il n’y a pas de coordination de leurs actions et surtout qu’il n’y a pas d’autorité et donc chacun semble n’en faire qu’à sa tête. Nous ne savions pas si bien dire, quand nous pressentions cette situation, dans notre chronique en date du 16 avril 2019. L’actualité de ces deniers jours ne laisse plus le choix au chef de l’Etat que de réagir dans le sens de mettre de l’ordre dans les rangs de son gouvernement.
Quelqu’un a-t-il trahi quelque part ?
Que l’on se comprenne bien ! Le propos n’est pas ici de juger de la pertinence de la position que le gouvernement du Sénégal a eu à exprimer la semaine dernière à Genève, devant le Comité des droits de l’Homme, à propos du cas Karim Wade. Nul n’ignore que ma position dans le traitement du dossier Karim Wade a été constante dans le sens de réfuter la procédure devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui ne m’avait pas semblé équitable et juste et ne répondait pas à une bonne distribution de la justice. Il est question ici de relever que le gouvernement du Sénégal, qui parlait d’une même voix depuis le déclenchement de la procédure contre Karim Wade et compagnie, est arrivé à se disperser dans sa parole. La délégation qui présentait le rapport du Sénégal devant la session du Comité des droits de l’Homme a avoué, de manière on ne peut plus explicite, que l’Etat du Sénégal s’était fourvoyé dans le traitement de l’affaire Karim Wade et qu’il se préparait à mettre en œuvre une procédure pour se conformer aux directives ou recommandations antérieurement faites par le Comité des droits de l’Homme dans cette affaire. C’est un revirement à 180 degrés qui pouvait ne pas être condamnable, si tant est que le Sénégal avait souverainement choisi de changer de fusil d’épaule. Cela pourrait bien arriver du reste. Seulement, le lendemain de cette nouvelle prise de position exprimée par des membres d’une délégation composée de hauts fonctionnaires du ministère de la Justice et de celui des Affaires étrangères, le gouvernement du Sénégal s’est senti obligé, par la voix du ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur Amadou Ba, d’exprimer une position diamétralement opposée. Le communiqué publié par le ministre Amadou Ba a peut-être le mérite de réaffirmer la position première du Sénégal sur ce dossier, mais il a péché en comportant des contrevérités. Amadou Ba avait voulu réfuter l’information largement diffusée selon laquelle le Sénégal avait fait son mea culpa devant le Comité des droits de l’Homme dans l’affaire Karim Wade. Une vidéo de la séance est vite tombée pour démentir le démenti du ministre des Affaires étrangères.
Cette situation est on ne peut plus embarrassante pour le gouvernement, car nul ne peut s’imaginer que Amadou Ba a pu sortir ce fameux communiqué du 17 octobre 2019, sans l’onction du président de la République Macky Sall. Comment a-t-on pu, à ce niveau de responsabilité de l’Etat, ignorer jusqu’à ce qui s’était dit la veille au nom du Sénégal et devant une tribune d’une instance internationale de cette envergure ? Le communiqué du gouvernement insiste en affirmant que «contrairement aux allégations, la délégation sénégalaise n’a, en aucun cas et sous quelque forme que ce soit, pris des engagements allant dans le sens d’une ‘’réhabilitation’’ de Monsieur Karim Wade, ou d’une ‘’réparation’’ d’un ‘’préjudice’’ qu’il aurait subi. Par conséquent, les informations publiées à ce sujet sont dénuées de tout fondement et relèvent de la méconnaissance des procédures du droit sénégalais et des positions antérieurement et clairement exprimées par le Sénégal sur la question». Le communiqué du gouvernement se révéla être mensonger, à la publication de la vidéo de la session. C’est d’autant plus inacceptable que le gouvernement est tombé des nues en découvrant que le compte rendu demandé à la ministre conseillère à la représentation du Sénégal auprès des Nations unies à Genève a pris soin d’occulter la position pourtant dûment exprimée.
Il n’en demeure pas moins qu’il y a anguille sous roche, car il ne peut se trouver un citoyen sénégalais, encore moins un haut fonctionnaire du ministère de la Justice, magistrat de surcroît, pour ignorer la position du Sénégal dans le dossier Karim Wade. Le Sénégal a eu à dire, sur tous les tons et sur tous les toits, que le traitement judiciaire de l’affaire Karim Wade satisfaisait rigoureusement aux critères d’une justice équitable. Mieux, le Sénégal a estimé que «le Comité des droits de l’Homme n’est pas une instance juridictionnelle, mais plutôt un comité d’experts indépendants dont les décisions sont dénuées de toute force obligatoire». En outre, le Sénégal a toujours considéré qu’il ne rentre pas dans les attributions du Comité des droits de l’Homme «de réformer les décisions rendues par les juridictions nationales». Il est donc exclu que de telles positions puissent être ignorées par une délégation officielle qui devait présenter le cinquième rapport périodique du Sénégal et qui devait répondre notamment à des interpellations antérieures sur le même sujet. La délégation et les auteurs de ce rapport ne pouvaient pas ne pas avoir lu les rapports précédents présentés devant la même instance. En d’autres termes, si le juge Moustapha Ka, qui n’est pas un novice, a parlé de manière aussi péremptoire comme le montre la vidéo de la session du Comité des droits de l’Homme, c’est sans doute parce qu’il a dû recevoir des instructions allant dans le sens du renversement de la position du Sénégal. Le cas contraire, il aura été coupable de sabotage, de déloyauté et même de trahison des positions de son pays qu’il était censé représenter. Si d’aventure Moustapha Ka avait parlé sous la dictée de sa hiérarchie, le ridicule serait encore plus énorme. La ficelle est si grosse que le Président Sall ne pourrait épargner tout le monde. De toute façon, l’embarras du Sénégal sera réel dans le contexte de la visite à partir d’aujourd’hui de Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme.
Changer les paradigmes de la gouvernance
Il nous revient qu’il n’y aurait jamais eu de coordination formelle sur la teneur du rapport du Sénégal entre le Cabinet du ministre de la Justice, le secrétariat d’Etat chargé des droits de l’Homme, la direction des Droits de l’Homme, le ministère des Affaires étrangères ou la présidence de la République, ainsi que le Comité sénégalais des droits de l’Homme. En d’autres termes, les autorités de l’Etat ignoraient le contenu du rapport et les formes de sa présentation. Est-ce que tout ce désordre n’est pas du fait du casting aux plus hautes fonctions de l’Etat, dont seul le Président Sall connaît les secrets ? On peut également se demander si les fonctionnaires, devant le manque de lisibilité du contexte de rabibochage entre le Président Macky Sall et la famille Wade, n’avaient pas estimé devoir anticiper sur les «désirs du chef», au risque de danser plus vite que la musique ? Il est aussi à questionner l’organisation du fonctionnement de l’Etat qui fait de sorte que tout le monde peut se référer directement au chef de l’Etat et peut lui rendre compte et en conséquence recevoir des instructions directement de lui, en dehors des canaux administratifs normaux.
Dans tous les cas, le président de la République Macky Sall, qui donne l’impression à ses interlocuteurs d’avoir été trahi dans ce nouvel épisode de l’histoire Karim Wade, est tenu de situer les responsabilités et de mettre de l’ordre dans cette cacophonie. Nous déplorions, une fois de plus, la semaine dernière, dans ces mêmes colonnes, la désinvolture avec laquelle certains officiels engagent le gouvernement sur des questions qui n’avaient pas été préalablement discutées au sein du gouvernement. On en voulait pour exemple les sorties répétées du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, prenant le contre-pied de son collègue du Tourisme et des transports aériens, Alioune Sarr, au sujet d’un projet de réinstauration du visa d’entrée au Sénégal pour les détenteurs de passeport de pays qui n’appartiennent pas à l’espace Cedeao.
Des situations du genre sont légion. On va évoquer quelques cas assez emblématiques, comme par exemple ce qu’on avait observé à travers les publications des journaux, de vives querelles de compétences opposant le Secrétariat général du gouvernement et le Secrétariat général de la présidence de la République, dans un contexte où la fonction de Premier ministre n’existe plus. La question n’a pas été tranchée par la voie administrative, avec une répartition précise des attributions de l’une ou l’autre structure, mais on a pu considérer que les bisbilles opposeraient à titre personnel Maxime Jean Simon Ndiaye et Oumar Samba Ba. Mahammed Dionne était resté longtemps absent pour raison de santé. Est-ce seulement un choc de personnalités ? La nature a horreur du vide comme on dit communément. Et donc, l’absence d’une certaine hiérarchie dans le gouvernement ne manque pas de laisser des espaces inoccupés dans lesquels d’aucuns s’engouffrent allègrement. C’est particulièrement le cas du ministre Cheikh Kanté qui subitement se découvre comme un Premier ministre et se mêle de tout. Il s’improvise médiateur entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, en lieu et place des ministres compétents de ce secteur ou même du ministre de la Fonction publique ou des institutions publiques dédiées au dialogue social. Le ministre en charge du Suivi du Plan Sénégal émergent se donne de l’étoffe en s’engageant à être le maître d’œuvre d’une conférence internationale sur la dette du Sénégal, à la place des ministres de l’Economie et du plan (Amadou Hott) et/ou des Finances et du budget (Abdoulaye Daouda Diallo). Faut-il relever que le nom de Cheikh Kanté ne figure même pas sur la liste du gouvernement pour qu’il puisse chercher à en être le chef.
De telles situations préoccupent les partenaires du Sénégal qui ne distinguent plus leurs interlocuteurs, perdus par exemple quand le ministre Amadou Hott leur exprime une position le matin et que Abdoulaye Daouda Diallo leur dit le contraire l’après-midi. Les conflits de compétences entre les services de Abdoulaye Daouda Diallo et de Amadou Hot sont sur la place publique, surtout que l’un avait été représentant du Sénégal auprès du Fmi et l’autre auprès de la Banque mondiale. Le Président Sall avait finalement été obligé de changer les choses, en décidant de confier les portefeuilles Banque mondiale et Fmi à la même personne, en l’occurrence Abdoulaye Daouda Diallo. Cette guerre des tranchées s’exprime jusqu’à la réunion de revue annuelle de l’Uemoa qui commence ce matin à Dakar, et où devait initialement être attendu le ministre Amadou Hott. Le ministre Abdoulaye Daouda Diallo a fait savoir, à qui voulait l’entendre, que ce sera lui qui va diriger la délégation du Sénégal.
On voit ainsi que les ministres jouent des coudes et arrivent à chercher à exposer les tares, lacunes et travers de leurs collègues autour de la table du Conseil des ministres. Le ressenti est que les choses ne marchent pas. Une telle ambiance dilue les bonnes actions ou réussites d’un gouvernement. Un sentiment de laisser-aller se dégage. A cause de telles situations, on avait vu le régime de Abdoulaye Wade souffrir beaucoup en termes d’image. Cela avait été aussi le cas en France, durant les dernières années du règne de Jacques Chirac, ou des derniers mois de la présidence de François Hollande. Aux Etats-Unis d’Amérique, l’Administration Trump est confrontée à un pareil ressenti général.
SONKO DENONCE DES «CONCLUSIONS POLITICIENNES ET MENSONGERES» À PROPOS DE L'AFFAIRE DES 94 MILLIARDS
Le leader de Pastef, dans un mémorandum, a démonté les allégations de la Commission de l’enquête parlementaire (Cep)
Des accusations totalement confirmées mais contredites par des conclusions politiciennes et mensongères. C’est la lecture faite par Ousmane Sonko du rapport de la Commission d’enquête parlementaire (Cep) sur l’affaire des 94 milliards. Dans un mémorandum de 10 pages, le leader de Pastef a démontré «les incohérences de la commission».
Le leader de Pastef, dans un mémorandum, a démonté les allégations de la Commission de l’enquête parlementaire (Cep) sur l’affaire des 94 milliards. Dans un document de 10 pages, Ousmane Sonko a relevé «les incohérences de la commission».Selon M. Sonko, dans l’exposé des faits, ladite commission «a confirmé totalement» ses accusations avant, accuse-t-il, «de se contre dire par des conclusions politiciennes et mensongères».Sur la partie consacrée aux accusations, Ousmane Sonko relève que la fausseté de l’expropriation a été établie. Dans son document il déclare : «Pour qu’il y ait indemnisation il faut au préalable une décision d’expropriation frappant le propriétaire du titre foncier. Or en l’espèce, le rapport reconnaît (Cf. page 6 et 7du rapport de la Cep) que ni la famille Ndiaga Ndoye et con -sorts, ni le sieur Tahirou Sarr à travers ses sociétés Sofico Sa et Cfu Sarl, n’ont jamais été impactés par une telle mesure qui ne peut être prise que par décret présidentiel (…). Dans son mémorandum, le leader de Pastef déclare que la Cep a aussi reconnu qu’il y a eu «aussi créance d’Etat». D’après M.Sonko, «la conséquence de l’inexistence d’une mesure d’expropriation c’est naturellement l’inexistence d’une créance de l’Etat du Sénégal à l’endroit des
héritiers Ndiaga Ndoye et consorts, et donc l’impossibilité de céder une telle créance». Et à ce jour, souligne-t-il, «les héritiers de feu Ndiaga Ndoye et consorts sont les propriétaires uniques du titre foncier grevé de charges diverses (voir annexe :état de droit réel)».
Poursuivant ses explications, M. Sonko renseigne que «le rapport a également implicitement reconnu l’absence de base légale des actes d’acquiescement signés par les sieurs Mamour Diallo, Meïssa Ndiaye et Tahirou Sarr dès lors qu’il établit (Cf. page 12du rapport de la Cep) que la demande d’homologation de l’acte de cession de créance visée
pour le justifier a été rejetée parla justice sénégalaise en première instance comme en appel (…)» De même, le député soutient aussi que «le rapport de la Commission d’enquête parlementaire a confirmé l’escroquerie portant sur l’assiette foncière objet de la mesure d’indemnisation». D’après M. Sonko, en«citant l’arrêt n°01 du 9 février2012 de la Cour d’appel de Kaolack qui a prononcé la radiation de la vente intervenue entre1978 et 1979 au profit de la Saim
et faisant recouvrer aux héritiers Mbengue et Ndoye la plénitude de leur propriété du Tf 1451/R, il admet que ce rétablissement de propriété n’a porté que sur 125ha99a 47ca et non sur la superficie initiale de258ha».Tout en précisant que «seule la partie non frappée par le premier échange entre l’Etat du Sénégal et la Saim Indépendance a été restituée donc à la famille», le leader de Pastef fait savoir que «le sieur Mamour Diallo a indûment établi l’acte d’acquiescement sur la totalité des 256ha (135 ha acquiescement Cfu Sarl+ 121haacquiescement Sofico) ».
Toutefois, il estime que la commission cherche à noyer dans la désinformation le fait que la Cfu Sarl a été indemnisée sur cette partie de l’assiette en déclarant que des hectares ont disparu. Si on en croit Ousmane Sonko, la Commission d’enquête parlementaire a également reconnu implicitement le caractère exagéré du prix de « 37 000 F Cfa le mètre carré retenu pour l’indemnisation dès lors qu’elle rappelle que la détermination du montant de l’indemnité d’expropriation s’effectue en référence au décret n°2010-439 du 06 avril 2010 qui fixe le barème du prix des terrains nus et des terrains bâtis (…)». Ousmane Sonko reproche ainsi aux membres de cette commission de taire le fait qu’en vertu «de ce barème officiel de l’Etat, le mètre carré dans la Cité Radio Ndiakhane comprenant le titre exproprié est à 7 000 francs».
Le leader de Pastef trouve ainsi que «le rapport de la commission est truffé d’incohérences voulues, de mensonges froids dans le but de manipuler l’opinion». Pour lui, «La Commis -sion d’enquête parlementaire, après avoir détaillé des faits qui incriminent Mamour Diallo tout au long de l’exposé du rapport, aboutit à la conclusion ahurissante de «l’absence de détournement de deniers publics et inexistence d’un quelconque comportement répréhensible de
Monsieur Mamadou Mamour Diallo»». Alors que pour lui, la façon dont les faits se sont déroulés, «le principal responsable de cette forfaiture sur les deniers publics n’est autre que Mamadou Mamour Diallo et non Meïssa Ndiaye». Selon M.Sonko, il y a une volonté manifeste de vouloir sacrifier ce dernier qui, souligne-t-il, contrairement au premier nommé, n’est pas de l’Apr et ne fait pas de politique.
«Projet de démolir un adversaire gênant et détesté»
S’agissant des accusations proférées contre lui, M. Sonko considère que «la Commission d’enquête parlementaire, après avoir tenté honteusement de blanchir un des leurs, s’est lancée dans le véritable projet de démolir un adversaire gênant et détesté». D’après lui, en soutenant qu’il a violé la loi en jouant «un rôle d’intermédiaire pour le compte de certains des héritiers, en utilisant des prête-noms (… )», la commission a menti. Dans son document, l’homme politique reconnait avoir reçu «les héritiers Ndoye et consorts». A l’en croire, ils sont venus d’euxmêmes taper à la porte de son cabinet trois (03) mois après ses «dénonciations auprès de l’Ofnac, de l’Ige et de sa plainte auprès du procureur de la République». Toutefois, il précise qu’il n’a conclu «aucun accord avec eux ». A ce propos, il explique : «Ayant bien réfléchi après ma seule et unique rencontre avec tous les représentants d’héritiers réunis, pendant laquelle nous avions discuté des modalités d’engagement, je me suis finalement décidé à ne pas me constituer, vu que j’avais déjà engagé les procédures susvisées». Ousmane Sonko dément également toute accointance avec le sieur Ismaela Ba considéré comme son prête-nom dans cette affaire.
Dans son document, il précise : «C’est donc librement qu’ils ont décidé, face à mon refus de céder à leur insistance, de conclure avec un autre cabinet dans lequel je n’ai aucun intérêt ni contrôle contrairement aux allégations de la commission». Une entité qui, selon lui, a été créée le 6 février 2014 période durant laquelle il était encore inspecteur des Impôts et domaines et ne connaissait pas encore l’actionnaire unique de ce cabinet, en l’occurrence Ismaela Ba. Ousmane Sonko qui se considère comme un homme «propre et sain», contrairement à ses adversaires qui pensaient détenir une bombe contre lui, soutient que «leur ignoble complot aura accouché d’une minuscule petite souris».
DES PROGRÈS DANS L’ACCÈS AUX SERVICES FINANCIERS (RAPPORT)
Le taux global de pénétration démographique des services financiers a progressé de 16 points entre 2017 et 2018 au sein de l’UEMOA
Le taux global de pénétration démographique des services financiers a progressé de 16 points entre 2017 et 2018 au sein de l’UEMOA, celui relatif à la pénétration géographique passant de 76 points de service à 111 points sur 1000 km2 au cours de la même période, indique un rapport de la BCEAO.
Ces deux indicateurs mesurent respectivement le nombre de points de services disponibles pour 10.000 adultes et le degré de proximité, c’est-à-dire le nombre de points de services disponibles sur une superficie de 1.000 km2.
Selon le rapport sur la situation de l’inclusion financière dans l’UEMOA au cours de l’année 2018, le premier indicateur a ‘’connu une hausse de 16 points. Il est ainsi passé de 40 points de services pour 10.000 adultes en 2017 à 56 points de services pour 10.000 adultes en 2018 (cf. graphique n°1).
Le rapport souligne que cet état de fait résulte pour l’essentiel de "l’augmentation des infrastructures de distribution des services de monnaie électronique au cours de l’année 2018".
"En effet, le taux de pénétration démographique des services de monnaie électronique a augmenté, pour ressortir à 54 points de services pour 10.000 adultes en 2018 contre 39 points de services pour 10.000 adultes en 2017", explique le document.
Il révèle que "le taux de pénétration démographique du secteur bancaire s’est situé à 1 point de services pour 10.000 adultes, tout comme celui du secteur de la microfinance, affichant tous les deux une stabilité par rapport à 2017".
"Le taux le plus élevé a été observé au Bénin, avec 115 points de services pour 10.000 adultes, suivi du Burkina (62 points de services pour 10.000 adultes), de la Côte d’Ivoire (60 points de services pour 10.000 adultes), du Mali (56 points de services pour 10.000 adultes) et du Sénégal (53 points de services pour 10.000 adultes)."
Le rapport observe que "d’une année à l’autre, la plus grande progression a été enregistrée au Bénin (+46 points), suivi de la Côte d’Ivoire (+25 points) et du Burkina (+19 points)".
Il relève par contre qu’"une diminution a été observée au Togo (-2 points), du fait d’un repli enregistré au niveau des points de services de monnaie électronique".
Le taux global de pénétration géographique est passé de 76 points de services sur 1.000 km2 en 2017 à 111 points de services sur 1.000 km2 en 2018.
Cette progression découle des évolutions enregistrées au niveau des réseaux de distribution des services de monnaie électronique.
"L’analyse par pays fait ressortir une disparité géographique dans la disponibilité des points de services financiers. Le Bénin, avec 645 points de services sur 1.000 km2 en 2018, enregistre le taux le plus élevé de l’Union. Il est suivi de la Côte d’Ivoire et du Togo, dont la répartition géographique des points d’accès ressort respectivement à 293 et 259 points de services financiers sur 1.000 km2", note le rapport.
La Guinée-Bissau jouit sur ce plan d’une faible performance, avec 5 points de services sur 1.000 km2.
Le rapport fait aussi état de progrès dans le domaine de l’utilisation des services financiers. Le taux de bancarisation strict a par exemple gagné 2,9 points de pourcentage, passant de 16,4% en 2017 à 19,3% en 2018, tandis que le taux de bancarisation élargi est ressorti à 41,1% en 2018 contre 35,8% en 2017, soit une hausse de 5,3 points de pourcentage.
MBACKIOU FAYE DEVANT LE JUGE CE MATIN
L’affaire opposant les propriétaires et résidents de la Cité Touba Renaissance au promoteur Mbackiou Faye prend une nouvelle tournure.
L’affaire opposant les propriétaires et résidents de la Cité Touba Renaissance au promoteur Mbackiou Faye prend une nouvelle tournure. Ce matin, l’homme d’affaire devra répondre devant le juge pour n’avoir pas respecté ses engagements, notamment le pavage, la construction d’aires de loisirs ou encore l’assainissement du quartier situé au pied du monument de la Renaissance. Mis en demeure avant d’être assigné par les résidents, il devait être jugé le 14 dernier avant que l’affaire ne soit renvoyée à aujourd’hui, devant le tribunal de Grande instance de Dakar.
Les propriétaires et résidents de la Cité Touba Renaissance des Mamelles ont entamé une nouvelle étape dans leur combat contre le promoteur immobilier Mbackiou Faye, auprès de qui ils ont acheté les terrains. Après plusieurs sorties visant à attirer l’attention de l’homme d’affaires et promoteur immobilier, les propriétaires ont décidé de porter l’affaire devant les tribunaux.
Ainsi, l’association de propriétaires et résidents dirigée par Ibra Diakhaté a servi une mise en demeure au patron de la société la Promobillière dans laquelle les occupants lui ont rappelé les engagements qu’il avait pris dans le contrat de vente. Il s’agit entre autres de l’électrification, l’adduction d’eau, l’assainissement et l’évacuation des eaux usées ainsi que le bitumage de la voirie qu’il s’était engagé à réaliser après l’achèvement des travaux de construction du lotissement. Mais, jusqu’à présent, les membres de l’Association des Propriétaires et Résidents de Touba Renaissance n’ont encore rien vu de tous les engagements qu’avait pris le vendeur et patron de la société Promombillière.
Et pourtant, peut-on lire dans le document servant de mise en demeure adressé à M. Faye, les travaux de lotissement sont terminés et le bitumage n’a pas encore été réalisé comme il l’avait annoncé. Et ce, malgré les nombreuses sollicitations des propriétaires et résidents de la cité Touba Renaissance des Mamelles. En plus de l’électrification, l’assainissement, le bitumage, les plans initiaux qui avaient prévu des aires de loisirs et autres espaces pour jardins ont été modifiés, morcelés et vendus. Ce qui constitue, selon les résidents, une violation flagrante des accords contenus dans les actes de vente en relation avec les plans au moment des acquisitions.
Dans la mise en demeure, l’huissier et l’avocat de l’Association des propriétaires et résidents de la Cité Touba ont exigé au promoteur qu’il entame les travaux dans les huit jours qui ont suivi la réception de la mise en demeure envoyée le 5 septembre passé. Constatant qu’aucun travail dans ce sens n’a été entamé, les membres de l’Association des propriétaires et Résidents de la Cité Touba Renaissance ont adressé une assignation au promoteur immobilier à comparaître le lundi 14 octobre dernier.
Appelée une première fois, l’affaire a été renvoyée au 21 octobre. Pour rappel, les résidents de la Cité Touba renaissance n’ont cessé de s’insurger contre le caractère défectueux du système de canalisation qui est bouché à certains endroits. Des maisons ont été même construites sur le tracé du canal, alors qu’ailleurs, les canaux à ciel ouvert sont devenus des dépotoirs d’ordures. Maître d’œuvre de la construction de la mosquée Massalikul Jinane de la puissante confrérie mouride, Mbackyou Faye va-t-il être jugé ?
LA GENDARMERIE RECHERCHE LA VERITE
La Brigade de recherches de la gendarmerie de Thiès a démarré les auditions sur les circonstances de la mort de Amar Mafatim Mbaye.
La gendarmerie de Thiès a débuté les auditions pour éclairer les Sénégalais sur la mort de Amar Mbaye. Elle a déjà entendu les parents de la victime qui continuent d’accuser le policier El Capo, muté à la direction de la Police judiciaire.
La Brigade de recherches de la gendarmerie de Thiès a démarré les auditions sur les circonstances de la mort de Amar Mafatim Mbaye. Ce jeune boulanger, conducteur de moto, est retrouvé mort dans la nuit du 16 au 17 août 2019 à Thiès, suite à une course-poursuite entre policiers et les conducteurs de motos-Jakarta. Selon un membre de la famille, Habib Niang, les pandores ont déjà entendu le père de la victime ainsi que d’autres proches qui auraient des informations sur cette affaire. Une réouverture de l’enquête qui rassure la famille de la victime qui estime «que si les choses continuent ainsi, toute la lumière sera faite sur cette affaire».
En effet, l’enquête policière conduite par le poste de police des Parcelles Assainies de Thiès, bouclée et remise au Parquet de Thiès, qui l’a confiée ensuite au juge du premier cabinet près le Tribunal de grande instance de Thiès, décharge le policier Makha Fall alias El Capo. Des témoins auraient affirmé qu’il ne se trouvait même pas sur le théâtre des opérations au moment des faits. Et l’autopsie réalisée sur le défunt aurait révélé la thèse de l’accident. Mais le Doyen des juges d’instruction, en charge de l’information judiciaire ouverte contre x, a transmis une délégation judiciaire à la Brigade de recherches de Thiès. Le juge demande aux gendarmes l’audition de plusieurs témoins cités dans cette affaire, à commencer par les membres de la famille du défunt qui avaient refusé de déférer à la convocation de la police.
Ce, au motif qu’ils voulaient qu’il y ait de l’objectivité dans l’enquête du moment que le nom d’un policier a été cité. Pour l’heure El Capo, cité dans cette affaire, continue de faire le buzz à Thiès. Le policier, muté à la Direction de la police judiciaire (Dpj) à Dakar, a épousé une voisine de Amar Mbaye. Une union qui ne plaît pas à la famille du défunt qui pense que El Capo se moque d’elle. «C’est une sorte de provocation parce qu’il est le présumé meurtrier de Mafatim. Et il vient d’épouser une voisine de la victime. C’est écœurant», s’étrangle Habib Niang qui dit que cela «prouve que El Capo n’est pas inquiété et il est libre de tout faire alors que l’affaire est pendante devant la justice».