Add reçu par la patronne du Fmi aujourd’hui
Le grand argentier de l’Etat se trouve depuis quelques jours à Washington. Abdoulaye Daouda Diallo y prend part à l’assemblée annuelle du Fonds Monétaire International (Fmi) et du Groupe de la Banque Mondiale. D’après des informations parvenues à «L’As», le ministre des Finances et Budget sera reçu aujourd’hui par la nouvelle patronne du Fmi, la Bulgare Kristalina Georgieva devenue officiellement la seconde femme à être nommée Directrice générale du Fmi après Christine Lagarde. Abdoulaye Daouda Diallo, qui devra être l’un des premiers officiels à avoir ce privilège d’autant qu’elle n’a été installée que le 1er octobre, va en profiter pour vanter les performances économiques du pays sous Macky Sall. Surtout que lentement, mais surement, le pays est en train de battre le record en termes de recettes fiscales depuis l’installation d’Abdoulaye Daouda Diallo et son équipe.
Macky Sall reprend les airs
Le chef de l’Etat sera absent du territoire à partir d’aujourd’hui. Le président Macky Sall va prendre part, à la Conférence d’Oslo sur la protection des océans qui se tient mercredi prochain avant de se rendre au sommet Russie-Afrique à Sotchi le 24 octobre. Le lendemain, le président Sall sera à la cérémonie officielle commémorative du 70e anniversaire de la création de la Maison d’édition Présence Africaine à Paris. Il rendra hommage à la mémoire de feu Alioune Diop et aux générations d’intellectuels et écrivains d’Afrique et de la diaspora pour leur apport inestimable à la défense des idéaux de liberté et de respect des valeurs de culture et de civilisation du monde noir. Il revient le Sénégal le même jour le 25 octobre prochain.
Guinaw rails Sud réclame la tête de Mountaga Sy
Des populations de Guinaw rails Sud qui se trouvent sur les emprises du Train express régional (Ter), réclament la tête du Directeur général de l’Apix Mountaga Sy. Isolées à cause des travaux du TER, elles ont crié leur ras-le-bol à l’occasion d’un sit-in. Leur porte-parole El Hadji Mbaye demande le départ du Directeur général de l’Apix, Mountaga Sy « qui a montré ses limites ». A l’en croire, ce dernier n’a respecté aucun engagement qu’il avait pris devant les populations. D’après lui, il avait promis l’érection de passerelles pour faciliter la traversée de la voie ferrée, mais rien. Ainsi Guinaw rails étouffe avec le Ter car les gens se déplacent difficilement. Selon les manifestants, les personnes vivant avec un handicap louent des taxis pour sortir de la localité. A cela s’ajoute, l’insécurité.
Macky Sall tâte la banlieue
Le chef de l’Etat était samedi dans la banlieue, précisément à Djiddah Thiaroye Kao. Macky Sall s’est rendu au domicile de Sophie Ndiaye Cissokho, une des responsables apéristes de la première heure qui a perdu une de ses filles, pour lui présenter ses condoléances. Si le Président était tout heureux au début d’avoir été ovationné par les femmes, il a tout de même eu la surprise de sa vie avec des jeunes de son parti. Ces derniers ont, en effet, dénoncé l’absence de leur commune dans les instances de décision politique et le manque d’emploi dont souffre leur localité. « Djiddah n’est pas content, Djiddah est oublié par le Président de la République», ne cessaient de scander les jeunes malgré l’intervention de leurs responsables. Selon Mamadou Guèye, l’un des manifestants, «Djiddah Thiaroye Kaw n’est pas content du Président. Il a tout donné au chef de l’Etat, mais il n’a rien obtenu en retour. Aujourd’hui, il y a des jeunes cadres ici qui ont leurs diplômes et qui chôment. S’agissant des financements pour la jeunesse, la commune de Djiddah est laissée en rade. Les responsables du département de Pikine n’ont rien fait pour la commune».
Les jeunes de l’Apr se déchirent pour 600.000 Fcfa
Par la suite, Macky Sall, qui était dans sa voiture escortée par son cortège, après voir démarré en trombe, s’est arrêté pour écouter les jeunes et ensuite promettre de revenir très prochainement. Mais avant de partir, confient des sources de «L’As», il a offert la somme de 600.000 Fcfa aux jeunes. Il faut dire que la distribution de cette somme a débouché sur un terrible pugilat. Les jeunes se sont chamaillés, installant du coup un vacarme devant l’impuissance totale des curieux et des passants.
L’Archevêque de Dakar cherche 20 millions
Aux Sénégalais qui ont du cœur, l’Archevêque de Dakar veut sauver la Basilique mineure Notre Dame de la Délivrande de Popenguine. L’édifice est dans un état de délabrement avancé. C’est pourquoi, Mgr Benjamin Ndiaye a lancé un élan de solidarité pour la réfection et la réhabilitation de ladite Basilique. L’Archevêque de Dakar cherche 20 millions de FCFA seulement pour la réfection de la Basilique. Il veut mobiliser la somme dans les 70 jours.
Mansour Faye et Mamadou Talla dépêchés au Fouta
Le Président Macky Sall tient beaucoup au Fouta, terre de ses aïeuls. Après les nombreux dégâts causés par les récentes pluies, il y a envoyé 200 tonnes de ciment et 24 millions Fcfa pour soulager les sinistrés. La délégation qui a convoyé ce soutien a été conduite par le ministre du Développement communautaire Mansour Faye et le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla. Les deux ministres ont sillonné cinq localités du département de Kanel : Ndindory, Thialy, Séno Palel, Kanel commune et Sinthiou Bamambé. «C’est juste un premier geste pour soulager les populations impactées par les fortes pluies», a déclaré le beau-frère du Président. Le ministre du Développement Communautaire a également annoncé l’arrivée d’une mission de l’Ageroute pour faire le point sur l’état des lieux des ouvrages endommagés ou ceux à réaliser dans le court terme. «Ce qui s’est passé dans le département de Kanel est inédit. Nos parents ont, malgré les nombreuses difficultés, réservé un accueil chaleureux à notre délégation. Ils ont souffert dans la dignité et avec beaucoup de courage», a soutenu Mamadou Talla. A Ndindory, à Séno Palel comme à Thialy, ce sont des concessions entières qui se sont écroulées, des murs affaissés, des toitures emportées par la furie des orages.
Haymoud Daff houspillé
Un petit détail a failli gâcher la joie des populations de Kanel qui recevaient les dons du chef de l’Etat. D’après nos sources, des jeunes particulièrement hostiles au maire de Kanel, très contesté du reste, ont exhibé des pancartes pour vilipender leur maire Haymoud Daff qu’ils accusent d’avoir failli à sa mission. En revanche, Haymoud Daff a, dans son discours, salué le geste du chef de l’Etat. En sa qualité de représentant des maires du département, il a invité toutes les couches sociales de sa localité à travailler pour la réussite de la mission du Président Macky Sall. Dans la délégation conduite par le ministre Mansour Faye, il y avait l’ancien ministre d’Etat Zakaria Diaw, le Directeur général de la CMU, des représentants de l’Assemblée nationale, des membres du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese), du Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct) etc.
L’ancien joueur de Jaraaf joue sur le terrain social
Plus de 500 enfants ont reçu hier des fournitures scolaires de la part de l’association Défi-Solidarité-Médina (Dsm) dirigée par IdrissaNdiaye. Cet ancien joueur du Jaraaf de Dakar, basé en France, a apporté son aide aux enfants de son quartier. Il a eu l’ingénieuse idée d’offrir des kits scolaires, des habits, des tongs, des lots de médicaments, des ballons de football et des ordinateurs aux enfants. Ainsi, l’association a offert 10 ordinateurs, 500 kits scolaires, des ballons de basket et de foot aux jeunes de son fief. La cérémonie de remise de don s’est tenue hier, en présence des parents, mais aussi des autorités municipales de la localité. Cette année, en plus des meilleurs élèves qui ont été primés, plus de 400 autres potaches venant de tous les établissements publics de la Médina ont reçu, chacun, un sac à dos contenant des cahiers, du matériel didactique et des tongs.
Le Crous doit 1,2 milliard aux repreneurs des restaurants
Le directeur du Crous a reconnu que le Crous a des difficultés pour payer ses dettes contractées auprès des repreneurs des restaurants. Selon Ibrahima Faye, la dette va causer un lourd préjudice au Crous, si tous les étudiants réintègrent le campus social, après les vacances. Présentement, le Crous doit un milliard 200 millions de Fcfa aux repreneurs. A l’en croire, il y a un gap par rapport au budget de 2018 qui était de 8 milliards, contre 7 milliards 358 millions 400 mille Fcfa en 2019. Il prévient que ce gap risque de rattraper le Crous. Nonobstant ces difficultés, M. Faye demeure optimiste. Il annonce la construction d’un nouveau restaurant de 8.000 places, la réhabilitation de la plateforme multifonctionnelle de sports au Tour de l’œuf, du renforcement des stations de connexion dans le campus social et de l’aménagement d’espaces verts. Il informe de l’acquisition de pompes supplémentaires pour les stations de pompage des eaux usées.
"NOUS NE FAISONS PAS DES AMIS CONTRE QUI QUE CE SOIT EN AFRIQUE"
SenePlus publie l'interview de Vladimir Poutine à l'agence de presse Russe, à propos des contours du sommet russo-africain de Sotchi qui s'ouvre le 23 octobre 2019
Question : Le sommet de Sotchi est appelé à ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre la Fédération de Russie et les pays d’Afrique. Lesparticipants amèneront à Sotchi leurs idées concernant le développement de la coopération. Et la Russie, qu’est-ce qu’elle est prête à proposer aux États du continent? Quel est l’atout principal de la Russie que vous présenterez aux chefs des délégations lors du sommet? Quel est le volume des investissements russes dans l’économie des pays africains que vous espérez atteindre, disons, dans les cinq ans à venir ?
Vladimir Poutine : La Russie et les pays africains sont liés par des relations traditionnellement amicales, éprouvées par le temps. Notre pays a joué un rôle significatif dans la libération du continent en aidant la lutte des peuples d’Afrique contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid.
Plus tard, nous avons aidé les Africains à protéger leur indépendance et leur souveraineté, à établir les États, à mettre en place les fondements des économies nationales, à créer des forces armées aptes au combat. Les spécialistes soviétiques et puis russes ont construit d’importants sites de l’infrastructure, des centrales hydroélectriques, des routes, des entreprises industrielles. Des milliers d’Africains ont reçu une formation professionnelle de qualité dans nos grandes écoles. De nombreux leaders actuels des pays africains s’en souviennent bien et apprécient notre soutien. Nous n’oublions pas ces pages de l’histoire non plus.
Aujourd’hui, le développement et le renforcement des relations mutuellement avantageuses avec les pays africains et leurs groupements d’intégration font partie des priorités de la politique extérieure russe. Très bientôt, nous serons témoins d’un événement historique, sans précédents: le 24 octobre Sotchi accueillera le sommet Russie – Afrique. C’est le premier sommet à part entière qui rassemblera les leaders des pays africains et les dirigeants des groupements régionaux majeurs. L’idée d’organiser un tel événement a surgi il y a longtemps, mais il a fallu du temps et de grands travaux préparatoires pour que le Sommet devient le point de départ pour des relations de partenariat équitables, basées sur l’égalité en droit et l’intérêt pratique mutuel.
Nous attendons que nos collègues africains, représentants du milieu d’affaires, amènent à Sotchi un portefeuille important de propositions visant à élargir les relations bilatérales. Et que les dirigeants des organisations régionales africaines nous fassent part de leurs considérations comment développer ensemble la coopération multilatérale. Nous allons examiner ces idées avec intérêt et réfléchir sur ce qui peut être réalisé dès maintenant et ce qui demandera une étude supplémentaire.
La Russie a aussi des projets concernant la croissance future des relations avec le continent africain. Nous visons à discuter ces idées avec nos partenaires, les systématiser et fixer de manière la plus concrète possible dans la déclaration finale. En plus, il est important de définir les mécanismes pour réaliser les accords qui seront atteints lors du sommet à Sotchi.
Je suis persuadé que le sommet sera une réussite car nous avons toutes les conditions préalables nécessaires. Aujourd’hui, les relations russo-africaines sont en plein essor. Un dialogue politique intense est en cours, y compris sur les questions de sécurité globale et régionale. Les liaisons interparlementaires s’élargissent. Le commerce mutuel augmente et se diversifie progressivement.
Ensemble avec la communauté mondiale, la Russie prête une assistance intégrée à l’Afrique, y compris pour réduire le fardeau de la dette des États de la région. Nous réalisons avec de nombreux pays les programmes "dette en échange du développement". Nous aidons à lutter contre la propagation de maladies transmissibles (y compris la fièvre hémorragique Ebola), à surmonter les séquelles des catastrophes naturelles, à régler les conflits existants et à prévenir de nouvelles crises. Nous assurons la formation des cadres nationaux africains dans les universités russes à titre gratuit et commercial. Nous établissons l’interaction dans le cadre des institutions de défense et des forces de l’ordre. Mais l’ordre du jour de notre coopération est loin de s’y limiter. Nos partenaires africains voient et apprécient que la politique extérieure de la Russie, y compris en ce qui concerne le continent, est constructive. Que notre pays qui est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies se prononce pour la démocratisation de la vie internationale, soutient l’aspiration bien fondée des États africains de mener une politique indépendante et autonome et de définir leur avenir eux-mêmes, sans recommandations imposées. Avec ceci nous ne soumettons pas notre soutien et les projets de développement proposés à des conditions politiques ou autres, aux préférences économiques et commerciales soi-disant "exclusives" qui sont en réalité léonines, nous n’imposons pas notre position – au lieu de cela nous respectons le principe proposé par les Africains eux-mêmes "solutions africaines aux problèmes africains".
En ce qui concerne le volume éventuel des investissements en Afrique dans les cinq ans à venir, ils sont bien considérables – aujourd’hui nous sommes en train de préparer et de mettre en œuvre des projets d’investissements avec la participation russe mesurée en milliards de dollars. Les ressources dont disposent la Russie et les entreprises russes sont importants. À notre tour, nous attendons que nos partenaires créent des conditions stables et prévisibles et les mécanismes de protection des investissements qui sont indispensables pour le business, qu’ils assurent un climat d’investissements favorable.
Question : Le monde moderne se distingue par une concurrence particulièrement élevée. La Russie est-elle prête à une compétition rude en Afrique, par exemple, avec la Chine ou les États-Unis? Voyez-vous des risques de protectionnisme, de conflits commerciaux ou de concurrence malhonnête envers la Russie ? Quelles sont les méthodes de lutte? Cette compétition ne nuira-t-elle pas aux partenaires africains ?
Vladimir Poutine : Oui, effectivement, ce ne sont pas seulement les pays de l’Europe occidentale, les États-Unis et la République populaire de Chine qui sont intéressés par le développement des relations avec les pays d’Afrique, mais aussi l’Inde, la Turquie, les États du Golfe, le Japon, la République de Corée, l’Israël, le Brésil. Et ce n’est pas par hasard. L’Afrique devient de plus en plus un continent d’opportunités. Elle dispose d’énormes ressources et d’une potentielle attractivité économique. Ses besoins d’infrastructure augmentent, la population s'accroît rapidement et les demandes de cette dernière augmentent aussi. Donc, le marché intérieur et la consommation s’élargissent. Et là où il y a des perspectives considérables pour les investissements, pour le profit, il y a aussi la concurrence qui, malheureusement, dépasse parfois les bornes de la décence.
Nous voyons de nombreux États occidentaux recourir à la pression, à l’intimidation et au chantage des gouvernements des pays souverains africains. Par de telles méthodes, ils essaient de restituer l’influence et les positions dominantes perdues dans les anciennes colonies et – déjà sous un "nouvel emballage" – de pomper des surprofits, d’exploiter le continent sans tenir compte ni des gens qui habitent ici, ni des risques environnementaux ou autres. Et, peut- être, afin que personne ne s’oppose à cette politique, ils entravent l’établissement des relations plus étroites entre la Russie et l’Afrique.
Bien sûr, nous tenons compte de ces réalités et nous en tirons des conclusions appropriées. Et nous sommes prêts, non à une "répartition" des richesses du continent, mais à une concurrence pour la coopération avec l’Afrique. L’essentiel est qu’elle soit civilisée et se développe dans un cadre légal. Nous avons bien quelque chose à offrir à nos amis africains. C’est de cela, entre autres, qu’il s’agira lors du futur Sommet. Et, bien sûr, nous visons avec nos partenaires africains à défendre les intérêts économiques communs, à les protéger des sanctions unilatérales, y compris par la diminution de la part du dollar et le passage aux autres monnaies dans les règlements mutuels.
Je suis persuadé que les Africains ne sont pas intéressés par l’escalade de la confrontation des grands pouvoirs sur le continent. Au contraire, ils préféreraient que la rivalité se remplace par la coopération dans la lutte contre les défis tellement aigus pour l’Afrique comme le terrorisme, la criminalité, le trafic des stupéfiants, la migration incontrôlée, la pauvreté, les maladies transmissibles dangereuses. Je le répète, c’est à ce travail que la Russie est prête.
Notre agenda africain a un caractère positif, orienté vers l’avenir. Nous ne nous faisons pas des amis contre qui que ce soit et rejetons résolument les "jeux" géopolitiques quelconques autour de l’Afrique.
Question : Le modèle soviétique de la coopération avec les pays d’Afrique prévoyait souvent l’octroi de crédits. Cette politique s’est-elle justifiée ? Est-ce que la Russie prévoit continuer la pratique d’octroi de crédits aux pays africains ? Quels sont les autres mécanismes de soutien aux pays africains que vous êtes prêt à discuter ?
Vladimir Poutine : Sans aucun doute, le modèle soviétique, avec ses avantages et ses inconvénients, s’est avéré suffisamment efficace à l’étape de l’établissement des États africains. Aujourd’hui nous continuons à prêter une aide financière aux États d’Afrique. Cependant, si avant ces décisions étaient prises surtout pour des raisons politiques, aujourd’hui c’est fait dans le cadre d’assistance humanitaire.
Quant à l’octroi des crédits, aujourd’hui ils portent un caractère de marché. Par exemple, la décision est prise sur l’octroi à l’Égypte d’un crédit de 25 milliards de dollars pour la construction de quatre exemplaires de la centrale nucléaire à El-Dabaa. Il s’agit justement d’un crédit de marché. Je veux également noter qu’à l’époque post-soviétique, à la fin du XXe siècle, la Russie a annulé les dettes soviétiques des pays africains d’un montant de 20 milliards de dollars. C’était non seulement un acte de générosité, mais un geste pragmatique car beaucoup d’États africains étaient incapables de régler les intérêts pour ces crédits. C’est pourquoi nous avons estimé qu’il était optimal pour tous de prendre un nouveau départ pour la coopération.
Aujourd’hui, d’autres schémas s’appliquent à une partie de la dette restante. Par exemple, des accords intergouvernementaux sont réalisés selon le programme "dette en échange du développement" avec le Madagascar, le Mozambique et la Tanzanie. Par analogie avec ces pays, nous prévoyons régler le reste de la dette de l’Éthiopie (163,6 millions de dollars) auprès de la Russie – le projet d’un accord en question est en train d’être coordonné.
Je voudrais aussi rappeler que la Russie apporte des contributions aux programmes internationaux de l’assistance à l’Afrique dans le cadre du Programme des Nations Unies pour le développement, de l'Organisation mondiale de la santé, du Programme alimentaire mondial (PAM), de l'Organisation internationale de protection civile. Parfois, l’aide est prêtée en nature. Ainsi, depuis 2011, nous avons fourni aux représentations du PAM en Afrique 258 camions KAMAZ. Une autre partie de 75 camions vient d’être expédiée.
Avec ceci, le recours aux nouveaux mécanismes financiers ne signifie aucunement le renoncement aux crédits, au contraire, il élargit et enrichit la palette des instruments pour l’aide au développement. Il favorise l’établissement de la coopération mutuellement avantageuse entre la Russie et les pays d’Afrique.
Tous ces problèmes seront examinés au forum économique du 23-24 octobre. Nous sommes prêts à écouter les propositions de nos partenaires africains et à faire part de nos propres considérations.
Question : La coopération militaire et technique a été précédemment une des sphères de coopération de Moscou avec les pays d’Afrique. Y a-t-il des projets visant à élargir l’interaction dans ce domaine ? Préparez-vous des projets ou contrats concrets pour les discuter avec les participants au sommet ?
Vladimir Poutine : Oui, effectivement, les traditions de notre coopération militaire et technique ont des racines profondes. Elle s’est formée aux toutes premières étapes de l’établissement des États africains et a joué son rôle dans la lutte des peuples du continent pour l’indépendance. Et nos partenaires africains l’apprécient hautement.
Aujourd’hui, des accords sur la coopération militaire et technique sont en vigueur avec plus de 30 pays africains auxquels nous expédions une large nomenclature d’armes et de matériel. Bien sûr, elle est expédiée en partie à titre gratuit. Mais c’est une pratique habituelle suivie par tous les pays majeurs du monde.
Il est encourageant de voir que le partenariat militaire et technique continue à évoluer énergiquement. Et souvent ses initiateurs sont les pays africains eux-mêmes qui sont conscients qu’il faut savoir protéger son indépendance et sa souveraineté. Y compris face aux groupes extrémistes et terroristes. De là, une motivation de plus pour l’interaction avec la Russie qui possède une expérience riche de la lutte contre le terrorisme, y compris en Syrie.
Nos partenaires africains participent activement aux forums et manœuvres militaires et techniques, organisés par la Russie où ils prennent connaissance des modèles prometteurs des armes et du matériel militaires russes, de l’expérience de leur emploi. De notre part, nous allons contribuer à la préparation des cadres militaires des États africains et participer à la formation des soldats de la paix africains.
Question : La coopération sociale et humanitaire est nommée parmi les sujets du sommet. Pourquoi la Russie vient-elle en aide à l’Afrique si les questions sociales sont loin d’être résolues à l’intérieur de la Fédération de Russie elle-même ?
Vladimir Poutine : L’aide humanitaire à l’Afrique est prêtée par de nombreux États du monde. Et dans chacun d’entre eux – que ce soient les États- Unis, la France, la Chine ou d’autres pays – les problèmes du secteur social, c’est- à-dire de la santé, de l’éducation, de la culture, sont loin d’être résolus.
La Russie octroie aussi de l’aide humanitaire aux États africains, mais sans réduire le financement de ses propres programmes. En plus, les bonnes qualités de l’humanisme, de la charité, du soutien au moment difficile sont inhérentes à notre peuple.
Je vais vous citer un exemple récent. La Russie, comme beaucoup d’autres États, a prêté son aide aux pays africains frappés du cyclone tropical Idai en avril 2019. Des convois humanitaires russes ont été expédiés au Zimbabwe, Malawi et Mozambique – des tentes multiplace, des couvertures et des produits alimentaires d’un poids de 30 tonnes pour chaque pays.
Nous continuons à participer activement à l’assistance intégrée à l’Afrique. Ainsi, depuis octobre 2017, la partie russe participe à la mise en œuvre au Mozambique du projet du Programme alimentaire mondial des Nations Unies pour la création d’un système d’alimentation scolaire, d’un montant de 40 millions de dollars. Et à Madagascar, un projet est mis en œuvre pour l’introduction des technologies modernes et des équipements de désinfection, d’un montant allant jusqu’à 15 millions de dollars.
Nous aidons aussi nos amis africains dans le développement de la santé publique. Car les maladies transmissibles dangereuses ne connaissent pas de frontières. Ainsi, la Russie a été parmi les premiers à réagir à l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola en assignant 60 millions de dollars à la lutte contre la maladie. Aujourd’hui, le "Centre de recherche microbiologique et de traitement des maladies épidémiologiques" fonctionne en Guinée. La Russie a fait une contribution de 20 millions de dollars au programme de la Banque mondiale pour la réalisation de l’Initiative mondiale de la lutte contre le paludisme.
Et ces exemples sont nombreux. Je veux souligner: la participation de la Russie à la lutte contre la pauvreté, les maladies dangereuses, d’autres menaces de caractère global, la prévention des risques potentiels, comme on dit, "à distance" – correspond entièrement à nos intérêts nationaux.
Question : Les questions de sécurité sont très aigües dans de nombreux pays d’Afrique. Cela empêche le travail des entreprises russes là-bas. Allez-vous aborder des questions de sécurité lors du sommet et proposer des mesures pour son renforcement ? Par quoi la Russie est-elle prête à aider à surmonter les conflits sur le continent ?
Vladimir Poutine : L’interaction dans le domaine de la sécurité régionale reste une composante importante dans les relations de la Russie avec les pays du continent africain. Ce n’est pas par hasard que le slogan de notre sommet est "Pour la paix, la sécurité et le développement". Sans résoudre ces problèmes aucune avancée progressive n’est possible.
La situation dans de nombreuses régions de l’Afrique reste instable : des conflits nationaux et ethniques ne sont pas réglés, des crises aigües sociales et économiques ne s'arrêtent pas. Une activité intense est menée au nord de l’Afrique, dans la région de Sahara-Sahel, du Tchad et de la Corne de l’Afrique par de nombreuses organisations terroristes, y compris Daech, Al-Qaïda, "Boko Haram", "Al-Shabab". Les forces armées et de l’ordre de nombreux pays africains ne sont pas capables de s’opposer seuls aux combattants et ont besoin d’une aide importante.
Nous allons tenir le cap de l’élargissement des contacts entre les services spéciaux et les forces de l’ordre de la Russie et des pays d’Afrique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée, la propagation de drogues, le blanchiment d’argent, la migration illégale, la piraterie.
La pratique de formation des cadres militaires nationaux et des agents des forces de l’ordre africaines dans les grandes écoles du Ministère de la défense de la Russie et du Ministère de l’Intérieur de la Russie, y compris à des conditions préférentielles ou gratuitement, est bien recherchée. Par exemple, au cour des cinq dernières années seulement plus de 2 500 militaires des pays d’Afrique ont suivi des cours dans les établissements de formation militaire du Ministère de la défense de Russie.
Nos partenaires africains participent activement aux évènements organisés par la Russie comme le Forum militaire et technique international et les rencontres des hauts représentants en charge des questions de sécurité. Onze pays africains ont participé aux Jeux internationaux de l’armée "ArMI-2019". Et le nombre de ceux qui voudraient s’y joindre augmente toujours.
Finalement, tous ces programmes poursuivent le même objectif – aider les Africains à résoudre eux-mêmes les problèmes existants de la sécurité, ce qui permettra de renforcer les États africains eux-mêmes, leur souveraineté et leur indépendance. Ce qui veut dire que la situation dans le monde entier deviendra plus stable et prévisible.
interview de l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
L’AUTORITARISME DU COLONEL ALIOUNE GUÈYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Babacar Sidibé, une des victimes du redéploiement polémique au prytanée militaire de Saint-Louis, réagit à la récente sortie du colonel Guèye à la RTS. Chaîne qui a notamment refusé de donner la parole au collectif des redéployés
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 20/10/2019
Le prytanée militaire Charles Ntchoréré de Saint-Louis (PMS) traverse une crise sans précédent dans son histoire. Une mesure de redéploiement arbitraire du Colonel Alioune Guèye ciblant 16 professeurs a créé une fronde de ces derniers qui ne comptent pas sortir du PMS sans faire prévaloir leurs droits. Une victime de cette mesure, le professeur de Lettres Babacar Sidibé, qui a fait 17 ans dans l’établissement, réagit par rapport à la sortie récente du colonel Guèye à la RTS. Laquelle a refusé de donner la parole au collectif des enseignants redéployés.
SenePlus : Le colonel Alioune Guèye, commandant du PMS, a expliqué, à la RTS, pourquoi il a pris cette mesure de redéploiement vous touchant, ainsi que 15 de vos collègues aussi. Votre réaction !
Babacar Sidibé : Il est vrai que quand on a des relations un peu partout, on peut les utiliser pour paraitre au journal de 20h de la RTS et y débiter des propos que Machiavel et Satan réunis voueraient aux gémonies, des propos pires que les twitt de Trump. Mais c’est se gourer lourdement que de croire que la vérité appartient à une chaine de télévision, que la vérité appartient à un 20h, que la vérité appartient à une heure d’écoute. Non. La Vérité appartient à celui qui sait, qui voit tout, ce qui est visible, ce qui est caché, celui qui ne dort pas, qui ne dort jamais. Je ne maitrise pas mieux qu’Alioune le verset « Ayatoul Koursiyou » du Saint Coran. La différence est que peut-être, moi, j’y crois alors que lui n’y croit absolument pas, sinon il n’oserait jamais se présenter à la RTS pour dire : « ces professeurs qui n’ont que cinq heures par semaine ». Celui qui sait tout, qui sait quelle a été l’intention d’Alioune lorsqu’il quittait son bunker (nous reviendrons sur ce mot) du PMS pour se rendre au 20h de la RTS, Dieu, celui l’Omniscient punit ce type de comportement. Alioune Guèye doit craindre Dieu qui châtie les menteurs.
C’est un colonel et il porte une tenue. Donc, il a le devoir de dire à l’opinion publique les faits tels quels. Depuis qu’il est à la tête du PMS, il a installé un climat d’animosité entre lui et le corps professoral. La preuve : à ma connaissance, il n’est jamais passé à la salle des professeurs les saluer ou prendre du café avec eux comme le faisaient régulièrement tous ses prédécesseurs. Son bunker, euh… son bureau est fermé aux professeurs et effectivement il ne cesse de leur répéter que s’ils ont quelque chose à lui dire, ils n’ont qu’à s’adresser au directeur des études. Récemment un des collègues concernés nous a dit qu’il s’est rendu à son bunker pour y déposer une correspondance. Il lui a signifié qu’il ne le reçoit pas, qu’il dépose son courrier au niveau du secrétariat et qu’il aille se faire voir chez le directeur des études. Drôle de façon de traiter des éducateurs !
Il soutient qu’il y a « des entorses au code de conduite de l’école, des absences répétées et injustifiées, des contestations, du déni d’autorité chez ces professeurs redéployés ». Est-ce avéré ?
Ces propos m’ont honnêtement très surpris. Lors de notre première réunion à l’IA (Inspection d’académie, ndlr), le 1er octobre, quand j’ai pris la parole, j’ai dit au chargé des ressources humaines qui nous avait convoqués qu’au-delà de ma modeste personne, j’étais très surpris de voir autour de la table des collègues parmi les plus dévoués de l’école, assidus, calmes, travailleurs (je jure sur le Saint Coran que je ne le dis pas pour les défendre ; je sais ce qu’est le mensonge en islam et je sais que Dieu m’entend). Je ne veux pas tenir un discours que l’opinion va tenir pour partisan. Mais allez au prytanée militaire et demandez à tout professeur, tout chef de classe que vous rencontrez si messieurs Ndiawar Diop, Mamadou Lamine Dia, Samba Kaba Mbaye, Amadou Sèye, Djiby Kébé, Babacar Sidibé, Senor Guèye, Aziz Wade, Bineta Sall, Mame Dieynaba Ndiaye (qui vient juste de faire un an au prytanée militaire, en provenance du lycée de Mbacké), pour ne citer que ceux-là, ont eu à commettre des entorses au code de conduite de l’école, s’absentent de façon répétée et injustifiée ou contestent l’autorité. Parmi ces collègues, rares sont ceux qui sont en deçà de 16h par semaine ; peut-être les deux collègues d’espagnol et les deux collègues d’EPS qui étaient d’ailleurs les seuls à l’école : El Hadji Malick Diop et Aziz Wade. Donc la cellule d’EPS est décapitée. Presque idem pour les cellules de sciences physiques (ils étaient trois professeurs et deux sont concernés par la mesure : Keba Guèye et Dimélé Diouf (qui, au passage, a fait 27 ans au prytanée militaire ; il ne connait que cette école. Moi, j’ai fait 17 ans au prytanée militaire) et de mathématiques (sur les 7 professeurs de maths que compte l’école, 4 sont concernés par la mesure d’Alioune Guèye : Samba Kaba Mbaye, Amadou Sèye, Sounounou Diallo et Mamadou Lamine Dia).
Est-il vrai, comme il l'a soutenu, que la décision de redéploiement a été prise avec la collaboration et l'assentiment de l’IA ?
Lors de notre réunion à l’IA, on a clairement signifié que c’est un précédent au Sénégal, le fait qu’un chef d’établissement demande le redéploiement de 16 professeurs. Quand la liste leur est parvenue, ils étaient très surpris d’y voir les noms de Babacar Sidibé et Dimélé Diouf parce qu’ils savent ce que nous faisons régulièrement au niveau académique et qu’ils voient souvent nos noms dans la liste des professeurs convoqués pour la correction des examens et concours. Ils savaient également pour le discours d’usage du concours général de 2017. Donc s’il parle de la collaboration et de l’assentiment de l’IA, cela m’étonnerait fort d’autant plus que le chargé des ressources humaines et le secrétaire général de l’IA (qui, il faut le souligner, assure l’intérim car l’IA sortant n’a pas encore été remplacé ; il est à la retraite) nous ont dit qu’il a écrit ses rapports ; il les a envoyés au ministre des forces armées qui, à son tour, les a transmis au ministre de l’éducation. Celui-ci les a alors appelés pour leur demander de se pencher sur la situation au prytanée militaire. Dans son intervention à la RTS, il aurait même un peu remis en question l’autorité et la compétence de l’IA sur l’affectation des professeurs au prytanée militaire quand il dit que c’est dommage que ce soit l’IA qui y affecte les professeurs et qu’il faut qu’on revienne à l’orthodoxie qui voudrait que ce rôle soit dévolu à l’administration centrale. Enfin, il faut souligner que le secrétaire général de l’IA tenait vraiment à nous rassurer sur un point : l’IA n’avait absolument rien à nous reprocher, qu’il n’y avait point de griefs des autorités académique à notre encontre. Cela veut dire ce que cela veut dire par rapport à cette question.
Mais pourquoi ce comportement autoritaire à l’endroit des professeurs, ses premiers collaborateurs ?
C’est la grande question. Alioune, c’est sur un ton parfois ordurier qu’il s’adresse aux professeurs, et en plein conseil de classe. Je me rappellerai toujours ce « j’en passe et des meilleurs » qu’il leur avait lancé après une liste de griefs à la suite de la grave accusation de son adjoint qui disait d’un professeur qu’il massacrait les élèves pour pouvoir faire des cours particuliers, en plus de propos du genre « le prytanée est une école militaire ; celui qui n’en veut plus n’a qu’à écrire, je vais l’aider à partir ». Propos accompagnés d’un langage gestuel qui en disait long sur son désir de se débarrasser des professeurs. Je me rappelle aussi le « fais vite avec ta si longue lettre » qu’il m’avait jeté au visage quand j’avais pris la parole, lors de la réunion avec l’inspecteur d’académie, pour parler des problèmes que nous rencontrions avec lui.
« Il est formé au génie et qu’il est fait pour détruire les obstacles », disait-il, devant l’inspecteur d’académie, pour s’adresser aux professeurs. Il criait haut et fort devant l’inspecteur qu’il interdit à tous les professeurs de toucher à son véhicule. Quel manque d’élégance et de courtoisie devant l’IA dont les agents étaient concernés. Mais ce n’est point surprenant pour quelqu’un qui affiche nettement sa « différence » lors de réunions ou de conseils de classes à la salle d’honneur où tout le monde (militaires et professeurs) sont assis sur les mêmes chaises de cérémonies de couleur rouge alors que lui, il surplombe tout ce beau monde sur sa chaise de bureau noire. Un autre épisode que je ne peux manquer de souligner : c’est lorsqu’un jour, alors que je revenais du nouveau lycée, je voulais passer par la petite porte de la cour qui mène à son bureau (une porte que les gens empruntent depuis que le prytanée est prytanée). Grande a été ma surprise que le soldat qui était de garde m’arrête net pour m’en interdire le passage. Et quand j’ai demandé pourquoi, il m’a signifié que « désormais, c’est uniquement réservé au commandant d’école. Il n’y a que lui qui a le droit de passer par cette porte ». « Mon véhicule, ma chaise, mon bureau, ma porte… et maintenant mon école… » Vous voyez cette escalade vers le totalitarisme. Wait and see.
Comment quelqu’un comme vous, qui a été choisi grâce à ses compétences par le ministre de l’Education nationale en 2017 pour prononcer le discours d’usage lors de la remise de prix du concours général devant le président de la République, peut être jeté aux orties comme un malpropre ?
Il y a deux ans, j’ai été publiquement remercié et félicité par le chef suprême des armées, le chef de l’Etat, à l’occasion du discours d’usage que j’ai prononcé à Diamniadio lors de la cérémonie de remise des prix du concours général 2017. Deux ans après, c’est comme si le colonel Alioune Guèye remet carrément en question ces remerciements et félicitations du président de la République en m’excluant comme un malpropre du prytanée et ce qui est le plus surréaliste, sans qu’il me dise ce qu’il me reproche réellement. Il a parlé de redéploiement pour surplus de professeurs. D’accord, mais moi, j’en suis à ma 17e année au prytanée et l’année dernière, j’avais 17h de cours (dans une 5e, une 3e et une 2nde).
La seule possibilité de communication qui existe entre lui et les professeurs est la sanction. Il ne connait pas un autre langage. Il n’essaie pas de dialoguer, il ne cherche pas à comprendre. Je disais à une haute autorité qui m’a appelé pour s’enquérir de la situation au prytanée que nous sommes des fonctionnaires, nous sommes des humains ; forcément nous commettons des fautes, nous faisons des erreurs. C’est son droit le plus absolu de sanctionner en fonction de ce que lui autorisent les textes. Mais il y a toujours mieux que cela car ces mêmes textes sont également faits pour être humanisés. Dans ce cadre, et c’est lui le chef, ce serait bien que lorsqu’un professeur commet une faute ou fait une erreur qu’il l’appelle dans son bureau et discute avec lui pour savoir la raison du manquement à son devoir. Loin de moi l’idée de vouloir lui apprendre à diriger ; il est beaucoup plus compétent que moi dans ce domaine. Mais il ne faut jamais être suffisant.
Par contre lui, il va directement à la sanction, sans chercher à comprendre. Je vais donner un exemple me concernant à l’opinion pour l’aider à mieux comprendre. Il y a deux ans, je me suis absenté à un conseil de classe sur autorisation du directeur des études, donc une absence justifiée. Mais Alioune m’a directement sanctionné pour cela, une sanction retentissante d’ailleurs parce que j’étais le seul professeur à être privé de l’organisation du concours d’entrée en 6e cette année et, tenez-vous bien, sans l’ombre d’explication. Je suis allé voir le directeur des études pour en avoir le cœur net et sa réponse fut claire : il ne savait pas pourquoi on m’avait écarté. J’ai beau cherché, les collègues aussi, on n’arrivait pas à trouver la réponse. C’est finalement presqu’un an après, lors d’une réunion avec l’inspecteur d’académie, que je lui ai posé la question sur la raison de cette sanction. Grande fut ma surprise quand il m’a répondu que j’étais absent à ce conseil de classe. Je lui ai alors signifié que j’avais l’autorisation du directeur des études ; pour toute réponse, il me dit qu’il n’a pas été informé. Il a donc sanctionné sans savoir pourquoi. Ce n’est pas professionnel. Je pense que pour un professeur d’enseignement secondaire de classe exceptionnel qui a fait 28 ans de service et qui a beaucoup servi l’école sénégalaise durant sa carrière (c’est mon curriculum vitae qui m’a valu le fait d’être désigné par le ministre de l’Education, en 2017, pour prononcer le discours d’usage de la cérémonie de remise des prix du concours général), il pouvait au moins m’appeler dans son bureau pour me demander ce qui était à l’origine de mon absence à ce conseil de classe. Mais comme c’est un démineur…
Quoi qu’il en soit, je ne le remercierai jamais assez pour m’avoir offert l’opportunité de quitter le prytanée car je priais Dieu, durant toutes ces vacances, de faire en sorte que je quitte le PMS. Alioune Guèye vient de m’en offrir l’occasion, lui qui disait toujours aux collègues que c’est lui qui est assis à la bonne chaise car c’est lui qui écrit les rapports les concernant.
Pour finir, je signale que lui et son directeur des études sont en train de commettre une faute très grave en privant les 16 collègues concernés de leurs emplois du temps car il n’y a aucun texte officiel qui les a relevés du prytanée militaire (pas du ministère de l’éducation, pas de l’inspection d’académie). Donc ils sont toujours des agents en service au prytanée militaire de Saint-Louis et, par conséquent, ont droit à leurs emplois du temps. C’est une grave faute administrative à laquelle les autorités devraient s’intéresser.
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QUI A TRACÉ LES FRONTIÈRES EN AFRIQUE ?
D’où viennent les frontières des pays africains et pourquoi certaines semblent avoir été tracées à la règle ?
D’où viennent les frontières des pays africains et pourquoi certaines semblent avoir été tracées à la règle ?
par l'éditorialiste de seneplus, Bacary Domingo Mané
MACKY DANS LE TEMPS DE L’INACTION
EXCLUSIF SENEPLUS - Il s’était engagé, une fois réélu, à lancer de grands chantiers. À deux mois de 2020, l’on attend toujours un début d’application de ces initiatives déclinées en activités phares
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 20/10/2019
C’est à se demander si le président Sall est toujours dans le temps de l’action, «en écoutant battre tout le cœur du Sénégal», comme il aime à le dire ? Le constat est que depuis sa reconduction à la tête de ce pays, en avril 2019, tout laisse croire que le chef de l’Etat et ses alliés de Bennoo Bokk Yakaar sont plutôt dans le temps de la parole, des intrigues et de la feinte exquise. Ils utilisent à fond la ruse pour contourner les difficultés et non les résoudre.
Dans le chapeau du magicien
Face à la contestation de la sincérité du processus électoral de février 2019 et au rejet de sa «victoire» par les quatre concurrents, Macky Sall sort de son chapeau de magicien, la solution miracle de la suppression du poste de Premier ministre. Il a réussi son coup, puisque les discussions se sont polarisées autour de cette mesure à laquelle le candidat de Benno n’a jamais fait allusion au cours de la campagne électorale. Elle va alimenter les débats dans les studios de radio, sur les plateaux de télévision, les grand-places, durant quelques bonnes semaines. Et pour isoler ses «contempteurs», il lance l’idée de dialogue national et politique, en jetant son dévolue sur des personnalités de la société civile qui font relativement l’unanimité. Ce qui clôt définitivement la parenthèse de la présidentielle, réglant du coup la question de sa légitimité, matérialisée par la seule présence des acteurs politiques autour de la table du dialogue.
Derrière le rideau
Dans la foulée, l’Assemblée nationale, relance le dossier des «94 milliards» au centre duquel se trouve, un membre de la majorité présidentielle, en l’occurrence Mamour Diallo. Ce qui suscite une vive polémique. Mais les «retrouvailles» entre les présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade, vont temporairement éclipser le scandale foncier. D’autant qu’au bout de la combine, il y a la «grâce forcée» accordée à Khalifa Sall, celui qui s’est toujours considéré comme un prisonnier politique. L’acte deux de la pièce vient de se jouer, le samedi 12 octobre dernier, au Palais de la République, avec la visite de l’ex président Wade à son successeur. Les principaux acteurs ont annoncé le troisième acte de la représentation, cette fois-ci, au «domicile ?» de Me Wade. La veille de cette audience, le vendredi, ce sont les députés de la majorité qui présentent le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards, en lavant à grande eau javellisée, Mamour Diallo…
Le coffret des promesses électorales
Ces «affaires», avec leur dose de polémiques, ont tenu en haleine le pays depuis sept mois, après la réélection de Macky Sall. Un début de mandat qui a l’air de se signaler par l’inaction dans la transformation du quotidien des Sénégalais. Surtout lorsqu’on jette un coup d’œil dans le programme du candidat Macky Sall, dénommé Liggeeyal ËllËK (le rendez-vous avec l’avenir), plus précisément sur les cinq (5) initiatives nationales : PSE : Jeunesse 2035 ; PSE : Economie sociale & solidaire ; PSE : Société numérique inclusive ; le PSE vert ou la reforestation durable du territoire national et PSE : Cap sur l’industrialisation. Il s’était engagé, une fois réélu, à lancer dès 2019-2020 ces grands chantiers. Sept mois après sa réélection et à deux mois de 2020, l’on attend toujours un début d’application de ces initiatives déclinées en activités phares. Le candidat s’est particulièrement montré «généreux » envers l’électorat jeune qui constitue, selon lui, la clé de l’avenir. Il a lui-même indiqué les priorités de cette jeunesse en matière d’éducation et de formation, d’emploi et d’entreprenariat, etc. Voulant gagner à tout prix, le candidat de Benno avait ajouter aux cinq initiatives nationales, trois nouveaux programmes sectoriels que sont : zéro bidonville ; zéro déchet et villes créatives. Aujourd’hui tous ces «engagements» reposent, pour l’heure, au fond du coffret des promesses électorales.
L’art de noyer le poisson
Sept mois après sa victoire, l’on s’interroge : le président a-t-il les moyens de ses ambitions ? Quid de la création d’événements à fort potentiel médiatique, ponctués parfois de déclarations maladroites ou les polémiques assumées, qui ont tout l’air de noyer le poisson ? Et si le débat sur la tension budgétaire constituait une pièce du puzzle de l’inaction du président durant cette période post-électorale ?
Cette période semble être marquée par la volubilité qui, face à la grisaille de la vie quotidienne, oppose la dérision comme parade, parfois à grands renforts de diversion. Vous avez dit, M. le président, «le temps de l’action» et fast track. Au travail, alors, son excellence, le temps presse !
L'ÉTAT APPELÉ À RESPECTER LES TRAITÉS INTERNATIONAUX
Le collectif des avocats de Karim est surpris par le communiqué du ministère des affaires étrangères qui contredit l'engagement du Sénégal à respecter les décisions du Comité des droits de l’homme des Nations Unies - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du collectif des avocats de Karim Wade, reçu ce 20 octobre 2019, à propos des derniers développement de l'affaire de leur client au Comité des droits de l’homme des Nations Unies.
« Le Collectif des Avocats de Karim Wade prend acte de l’engagement pris par l’État du Sénégal à Genève, le 15 octobre 2019, devant le Comité des droits de l’homme de respecter les décisions de cette institution des Nations Unies relatives aux violations des droits fondamentaux de leur client par les autorités politiques et la justice sénégalaise.
Il est donc surpris par le communiqué publié le 17 octobre par le ministère des affaires étrangères qui contredit cet engagement. En effet, pour la première fois, devant le Comité, l’État du Sénégal :
a reconnu que Karim Wade avait subi un préjudice du fait de sa détention arbitraire et de sa condamnation et qu’il était fondé à en obtenir réparation ;
a reconnu que la mesure de grâce ayant permis la libération de Karim Wade avait été exclusivement décidée pour l’application des recommandations du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, en dehors de tout marchandage politique ou « Protocole de Reubeuss » comme certains ont pu l’affirmer ;
s’est engagé à réformer la Cour de répression de l’enrichissement illicite, notamment en ouvrant un droit de recours contre les décisions de cette juridiction d’exception ;
s’est engagé à permettre un réexamen de la déclaration de culpabilité et de la condamnation frappant Karim Wade.
Le Collectif des Avocats de Karim Wade relève qu’au cours de la réunion du Comité des droits de l’homme des Nations Unis, il a été fait remarquer à la délégation sénégalaise que : « la grâce octroyée à M. Wade n’allait pas dans le sens de la constatation du Comité car elle n’annule pas la condamnation... » www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25147&LangID=F
Le Collectif des avocats de Karim Wade invite l’État du Sénégal à respecter scrupuleusement les traités internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantissent le respect de l’État de droit, des libertés publiques et de la démocratie.
Me Ciré Clédor LY, Avocat au Barreau du Sénégal
Me Demba Ciré BATHILY, Avocat au Barreau du Sénégal
Me Michel BOYON, Avocat au Barreau de Paris
Me Seydou DIAGNE, Avocat au Barreau du Sénégal »
PAR Seydou Ka
UNE GÉNÉRATION EN COLÈRE
De façon globale, la jeunesse du continent est restée à l’écart de cette « rébellion » climatique. Ici, beaucoup de jeunes s’accommoderaient d’une destruction de la planète à condition d’avoir des emplois, un meilleur accès aux services sociaux de base
Tremblez grands dirigeants ! Les jeunes sont en colère. De Melbourne à Paris, en passant par Wellington, Sidney ou Londres, les militants du mouvement Extinction Rebellion (XR) multiplient, depuis le 7 octobre, les rassemblements et les opérations de désobéissance civile à travers la planète visant à dénoncer l’inaction « criminelle » des gouvernements face au changement climatique. A Paris, des centaines de militants écologistes ont occupé, pendant dix-sept heures, le centre commercial de la place d’Italie, un « symbole du capitalisme » situé dans le 13e arrondissement. Excédés par l’inaction des gouvernements, malgré les pétitions, le lobbying et les manifestations alors que « le temps presse », ces militants écologiques, en majorité des jeunes, ont décidé de se « rebeller » pour pousser les dirigeants mondiaux à déclarer une « urgence climatique et écologique » et prennent les mesures qui s’imposent pour sauver la planète. Né en 2018 au Royaume-Uni, XR, l’association à l’origine de cette « rébellion », met en garde contre une imminente « apocalypse » environnementale. Les méthodes utilisées par ces « intégristes » du climat ressemblent à celles des anarchistes, observe le sociologue Michel Fize (sur France 24, le 8 octobre), avec une absence d’un leader unique ou de programme écrit. Ce qu’ils veulent, c’est une nouvelle façon de faire la politique, inventer une nouvelle économie différente du capitalisme pur et dur.
Fin septembre, devant les dirigeants de la planète réunis à New York dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies, la jeune suédoise Greta Thunberg, 16 ans, devenue la figure de proue de cette génération en colère, faisait feu de tout bois : « Nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent et du conte de fée d’une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? », lance-t-elle aux dirigeants du monde. Avant d’ajouter, sous la forme d’une menace à peine voilée : « Vous nous avez laissés tomber. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis, nous ne vous pardonnerons jamais. Nous ne vous laisserons pas vous en sortir comme ça ». Il y avait quelque chose de terrifiant sur le visage de cette adolescente qui, comme elle le dit, « devrait être à l’école » et non devant cette tribune d’adultes. Les mots choisis, le ton, l’expression de son visage, tout traduisait, si ce n’est de la haine, une profonde colère. Une colère futuriste, si l’on peut dire. Le 8 octobre, à Copenhague (Danemark), c’est une autre adolescente, l’Américaine Jamie Margolin, 17 ans, qui, à l’ouverture de la réunion du C40, un réseau composé de 94 des villes les plus puissantes du monde, qui était venue lancer cette mise en garde : « Soit vous faites ce qui est nécessaire (…), soit vous dégagez. »
De façon générale, l’activisme et les menaces de ces « ados » ne passent visiblement pas auprès des grands dirigeants, suscitant même de l’ironie moqueuse de certains grands dirigeants. « Comment ose-t-elle ? », se demandent certains, détournant ainsi la formule fétiche de la jeune suédoise devant l’assemblée générale de l’Onu. Eh oui, il faut plus pour faire peur à ces grands messieurs habitués à débattre de choses « plus sérieuses » ! Pourquoi tant de haine contre ces « ados » qui, quoique « maladroite » soit leur démarche, appelle quand même à une prise de conscience sur l’urgence climatique. Les réactions dédaigneuses des dirigeants mondiaux ne fait que refléter leur sentiment de culpabilité. Ils sont mécontents qu’on les mettent devant leurs responsabilités. Comme des pères de familles peu responsables, ils n’aiment pas que les enfants viennent fouiner dans leurs « affaires ». En revanche, certains adultes se sont montrés plus réceptifs aux arguments des jeunes. Ainsi, les membres du réseau de villes C40 villes, qui vise à lutter contre le réchauffement, se sont engagés, mardi 8 octobre, à « placer l’action climatique au cœur de toutes les prises de décision ». Ont-ils cédé aux menaces des « ados » ? Allez savoir.
Et l’Afrique dans tout cela ? De façon globale, la jeunesse du continent est restée à l’écart de cette « rébellion » climatique. Mais beaucoup de jeunes africains sont aussi en colère. Pour d’autres raisons, il est vrai. Ici, beaucoup de jeunes s’accommoderaient d’une destruction de la planète à condition d’avoir des emplois, un minimum de revenu décent, un meilleur accès aux services sociaux de base et surtout une meilleure gouvernance de nos Etats. Un jeune confrère de la sous-région, m’expliquait récemment que son pays est « le plus corrompu au monde ». Il dénonçait « la trahison » du gouvernement, alors que son pays doit faire face à un défi sécuritaire qui menace même son existence. « Je me demande ce que nous avons fait au bon Dieu pour mériter cela ? », se demande-t-il, avec tristesse. Mais ça aussi, ce n’est pas une question que doit poser un jeune, diront les adultes.
LOI SUR LE CONTENU LOCAL, UN VOEU PIEUX ?
Pressé par la société civile, l'État a adopté une loi sur le «contenu local» dans la gestion du secteur pétrolier. Que recouvre cette loi ? Quelle efficacité pour des populations qui revendiquent plus de retombées sur les richesses tirées du sous-sol ?
Pressé par la société civile pour apporter de plus de justice sociale dans l’exploitation et la gestion de son secteur extractif, le Sénégal a adopté une loi sur le «contenu local» dans la gestion du secteur pétrolier et gazier, votée en janvier 2019. Que recouvre cette loi sur le contenu local ? Quelle efficacité pour des populations qui régulièrement se disent lésées et continuent de revendiquer plus de retombées sur les richesses tirées du sous-sol ? Une telle loi suffit-t-elle pour mettre fin aux controverses qui agitent un secteur ultra sensible? Ouestaf News a tenté d’y voir plus clair.
La loi relative au «contenu local» dans le secteur des hydrocarbures fait référence à l’ensemble des initiatives prises en vue de «promouvoir l’utilisation des biens et des services nationaux ainsi que le développement de la participation de la main-d’œuvre, de la technologie et du capital national dans toute la chaine de valeur de l’industrie pétrolière et gazière», selon le texte de la loi du 24 janvier 2019.
Pour Fatou Cheikh Dieng, juriste et environnementaliste, le contenu local est synonyme de plus de «justice sociale».
C’est un «concept globalisant qui intéresse le développement durable et qui a une vocation compensatrice. En effet, son objectif premier est de promouvoir les potentialités locales et d’impulser un développement à travers la formation et l’achat local», souligne-t-elle dans un texte envoyé à Ouestaf News.
Abondant dans le même sens, M. Omar Cissé, coordonnateur du Pôle Industrie Extractives et Développement Durable à Enda Lead Afrique (ONG internationale basée à Dakar) souligne l’intérêt que revêt une loi sur «le contenu local» dans la mesure où elle cadre avec les meilleures pratiques dans le secteur.
Cette loi sur le contenu local concerne le secteur des hydrocarbures (pétrole et gaz). En ce qui concerne le secteur minier, le code minier voté en 2016 ne prévoit que quelques dispositions favorisant ce «contenu local».
«Les titulaires de titres miniers, leurs fournisseurs et leurs sous-traitants utilisent autant que possible des services et matières d’origine du Sénégal, des produits fabriqués ou vendus au Sénégal dans la mesure où ces services et produits sont disponibles à des conditions compétitives de prix, qualité, garanties et délais de livraison», précise l’article 85 du code minier.
Dans la Constitution sénégalaise, votée par référendum, le 05 avril 2016, l’article 25-1 souligne que «les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables». La loi sur le contenu local est, pour certains, une suite logique de cette disposition de la charte fondamentale.
Contenu local et défi de la transparence
Parmi, les objectifs fixés par la loi sur le contenu local on note l’augmentation de la valeur ajoutée locale et la création d’emplois locaux dans la chaîne de valeur des industries pétrolières et gazières, la favorisation du développement d’une main-d’œuvre locale qualifiée et compétitive. Surtout, il s’agit de promouvoir des biens et services locaux et de renforcer la compétitivité nationale et internationale des entreprises sénégalaises.
Toutefois, cette générosité des textes n’est pas facile à transformer en réalité sur le terrain. Neuf mois après le vote de la loi, certains acteurs de la société civile attendent encore la matérialisation des objectifs définis.
«Pour l’instant, une bonne partie de ces dispositions ne sont que de vœux pieux qui doivent être mieux encadrés par le décret d’application qu’on attend avec impatience», déclare Omar Cissé dans un entretien accordé à Ouestaf News.
Demba Seydi, le coordonnateur de l’organisation internationale Publiez Ce que Vous Payez (PCVP), nuance aussi quelque peu l’espoir que suscite le contenu local.
«Ce que l’Etat pourrait mobiliser comme ressources peut ne pas dépendre directement du contenu local, parce que nous sommes dans une situation de partage de revenus, la plupart des contrats sont des contrats de partage. Le contenu local est plus adressé au secteur privé national et aux chercheurs d’emplois », a-t-il expliqué au téléphone à Ouestaf News.
Alors que la production des hydrocarbures n’est pas encore entamée, la gestion de la manne pétrolière fait déjà l’objet de plusieurs controverse depuis 2012, notamment avec l’affaire Petro-Tim.
Considérée comme une nébuleuse par des observateurs, l’affaire a poussé la société civile à exiger la publication de tous les contrats pétroliers pour plus de transparence. La publication des contrats dans le secteur extractif figure d’ailleurs parmi les normes de transparence fixées par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Dans un rapport publié en octobre 2019 et intitulé : «Blanchiment de Capitaux et Financement du Terrorisme liés au secteur de l’Industrie Extractive et Minière en Afrique de l’Ouest », le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), souligne que «la corruption constitue une des infractions sous-jacentes les plus graves du secteur extractif ».
Cité par le quotidien privé «Le Quotidien», Fary Ndao, ingénieur-géologue et auteur d’un livre sur le pétrole et le gaz au Sénégal, estime que pour réussir, le «contenu local» nécessite d’abord une vraie volonté politique.
«Il faut veiller à ce que les compagnies ne mettent pas des barrières à l’entrée (…), il faut que l’Etat joue un peu des coudes pour que les entreprises locales aient accès aux marchés et éviter les conflits d’intérêts», souligne-t-il.
«Contenu local» et emplois
Le secteur extractif en 2017 a contribué à hauteur de 108,7 milliards au Budget de l’Etat sénégalais (…) dont 96 milliards FCFA fournis par les mines, souligne le rapport publié en novembre 2018 par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE/Sénégal).
Au Sénégal, alors que l’industrie pétro-gazière est naissante (années 90), l’industrie minière est présente depuis les années 50 avec l’ouverture de deux grandes mines de phosphates à Taïba et à Lam-Lam dans la région de Thiès (Ouest).
Cette industrie s’est étoffée avec l’exploitation actuelle de minerais comme l’or, le zircon, l’ilménite, le fer et les produits de carrière tels que les calcaires et argiles industrielles ainsi que l’attapulgite.
Dans le domaine des hydrocarbures, le Sénégal exploite du gaz depuis la fin des années 90 à Diender et à Gadiaga avec un potentiel estimé à 357 millions de m3, selon le rapport 2018 de l’Initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE).
Mais c’est récemment que le potentiel pétro-gazier s’est accru de manière notable avec les découvertes relativement importantes en offshore, notamment le gisement dénommé Grand Tortue Ahmeyim que le Sénégal va exploiter conjointement avec la Mauritanie via un accord signé avec le britannique British Petroleum (BP).
Doté d’un potentiel de 15 billions de pieds cubes de gaz, ce gisement devrait, selon les prévisions, entrer dans la phase production en 2022 et va durer 30 ans, d’après les statistiques fournis par BP. Pour ce qui est du pétrole, la première découverte a été annoncée par Cairn Energy fin 2014. Aujourd’hui les réserves sont estimées à 1 milliard de barils.
Au total 26 entreprises (dont 18 dans les mines) sont actives dans le secteur extractif sénégalais et d’après les donnés de ITIE-Sénégal compilées par Ouestaf News. Ces sociétés comptent 7.981 employés (permanents et contractuels) dont près de 95% sont des nationaux. Seulement le haut degré de technicité et la provenance des capitaux font que l’essentiel des emplois stratégiques sont tenus par les étrangers, là où les Sénégalais occupe la grande masse des emplois non qualifiés. D’ailleurs, l’impact de tous ces chiffres chez les Sénégalais reste encore peu perceptible.
Le taux de pauvreté au Sénégal atteint 34% de la population selon des chiffres de la Banque mondiale mis à jour en avril 2019. Curieusement, cette pauvreté reste très marquée dans les régions minières comme Kédougou (est), un haut lieu de l’exploitation aurifère.
«Le paradoxe de l’abondance dont témoignent ces régions combine l’existence de ressources minières à une pauvreté ironique et appelle à une convergence d’actions émanant de la société civile, de l’Etat et des populations locales directement impactées par l’exploitation des mines», estime la juriste Fatou Cheikh Dieng.
Au niveau régional, le contenu local est encouragé par la Directive minière de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette directive qui date de 2009 formule cinq objectifs pour les Etats membres dont le premier est de « … promouvoir les droits de l’homme, la transparence et l’équité sociale et de garantir la protection des communautés locales et de l’environnement dans les zones minières de la sous-région».
Ce texte exhorte aussi les Etats membres à créer «un Fonds de développement socio-économique auquel les titulaires de droit et titre miniers et autres parties prenantes, ont l’obligation de contribuer pour le développement des activités de conversion de l’après mine dans les communautés locales affectées».
par Oswald Padonou
OÙ SONT LES INTELLECTUELS AFRICAINS ?
L'Afrique, notamment francophone, manque clairement d’intellectuels engagés. Ceux qui auraient dû s’affirmer en tant qu’intellectuels éclairés restent, hélas, de simples analystes et commentateurs opportunistes de l’actualité
Jeune Afrique |
Oswald Padonou |
Publication 20/10/2019
L'Afrique, notamment francophone, manque clairement d’intellectuels engagés. Ceux qui se prévalent du grand savoir ont du mal à devenir ou à rester des penseurs libres et féconds, et ont particulièrement du mal à influer sur les processus de démocratisation en cours sur le continent.
Ainsi que de nombreuses personnes dans le monde, je lis actuellement l’un des best-sellers du moment : How Democracies Die, coécrit par deux éminents professeurs de Harvard, Steven Levitsky et Daniel Ziblatt. En partant de l’élection de Donald Trump et de sa gouvernance, ils y décrivent l’extinction insidieuse de la démocratie aux États-Unis, mais aussi dans d’autres régions du monde. Levitsky et Ziblatt procèdent par une approche sociohistorique comparée avec l’Amérique latine, l’Europe et, j’ajouterais, par similarité, l’Afrique, où la remise en question de l’indépendance de la justice, de la liberté de la presse, ainsi que la délégitimation des institutions de contre-pouvoir et des autorités administratives indépendantes contribuent à polariser fortement le jeu politique.
Ces actions et omissions démocraticides finissent par transformer des régimes démocratiquement installés en pouvoirs autoritaires. Sans qu’il n’y ait le moindre coup d’État, le moindre coup de feu. Ce que me rappelle cruellement la lecture de ce livre, ce n’est pas tant l’état chancelant de la démocratie en Afrique – nous en sommes à peu près tous conscients –, que la difficulté de trouver, dans la plupart de nos États, suffisamment de Levitsky et de Ziblatt qui aggrave notre sort. Nous manquons clairement d’intellectuels engagés, notamment en Afrique francophone !
Les grands diplômés, les universitaires aux titres ronflants, les experts de tout acabit, nous en avons à foison. Et ce ne sont pas les prétentieux et autres imposteurs qui nous feraient défaut dans le débat public, tant il est vrai que tout le monde, chaque citoyen, « intelligent » ou non, y a sa place. Mais le véritable problème, c’est que ceux qui se prévalent du grand savoir – porté à leur crédit par l’opinion publique – ont du mal à devenir ou à rester des penseurs libres et féconds, des intellectuels usant de la force des idées objectivement élaborées pour influer sur le cours de notre histoire, particulièrement sur les processus de démocratisation en cours sur le continent africain.
Laboratoires
Dans les débats sur nos démocraties, et singulièrement dans les phases de tensions politiques qui sont d’ailleurs chez nous des constances, certains de nos « grands » juristes – pour ne citer que ceux-là – obstruent l’espace de « juridismes » bien souvent calculés en fonction de nombre de pesanteurs et d’intérêts particuliers, plutôt que d’observer finement le jeu politique, de recouper historiquement les situations, de les mettre collectivement en perspective dans des équipes et des laboratoires de recherche afin d’élaborer des théories validées scientifiquement sur la durée et à partir desquelles des alertes fondées sur la légitimité d’un travail rigoureux peuvent être lancées.
Après les expériences du Togo, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Gabon et même du Bénin actuellement – où les juristes s’affrontent sur l’interprétation de dispositions constitutionnelles ou légales visant soit à accompagner soit à bloquer des projets politiques pour ensuite se contredire sur les mêmes sujets –, il faut se résoudre à l’évidence : celles et ceux qui auraient dû s’affirmer en tant qu’intellectuels éclairés et éclairants restent, hélas, de simples analystes et commentateurs opportunistes de l’actualité politique. Fondé sur les suspicions qui entourent leurs opinions personnelles, le discrédit dont souffrent ces « intellectuels » est, en effet, de plus en plus grand.
L’influence des sociétés savantes
Il devient donc urgent qu’ils adossent chacun de leurs raisonnements à des travaux rigoureux et pas seulement à leurs seuls titres et grades. Sans ce réajustement, nous perdrions l’usage d’un véritable pouvoir et contre-pouvoir en démocratie : celui de l’influence des sociétés savantes et, dans une certaine mesure, des think tanks animés par des penseurs et par des intellectuels.
Certes, dans un contexte africain francophone caractérisé par l’absence de financements destinés à la recherche, le manque d’intérêt de la plupart des citoyens pour la lecture ou encore l’incapacité du plus grand nombre à accéder aux résultats de la recherche, on pourrait être tenté d’accorder des circonstances atténuantes à nos universitaires, qui privilégient d’autres espaces d’expression et d’action.
Mais non, nous voulons rester exigeants vis-à-vis d’eux parce qu’ils ont du potentiel et les moyens de produire des ouvrages traduits dans plusieurs langues et vendus à des milliers d’exemplaires en Afrique, et, surtout, parce qu’ils ont des idées utiles à la société. Parce que nous croyons au pouvoir de l’intelligence rationnelle, à la force des idées novatrices et à la nécessité de mobiliser des connaissances même complexes, mais aussi des convictions et des valeurs dans le débat public, il nous faut plus que des experts, mieux que des agrégés, des docteurs, des ingénieurs…
Visions avant-gardistes
D’ailleurs, l’intellectuel n’est pas nécessairement un grand diplômé ou un universitaire. En Afrique et dans d’autres régions du monde, des responsables religieux, des journalistes, des syndicalistes, des artisans… ont été et sont encore de grands intellectuels, en raison, entre autres, de leur capacité à proposer à l’opinion une somme équilibrée de connaissances approfondies, de visions avant-gardistes des mutations de la société, de compréhensions et d’explications de phénomènes complexes, mais aussi et surtout d’engagements fondés sur des valeurs et des convictions qui peuvent même être politiques et partisanes… à la condition de savoir faire la part des choses et d’éviter l’imposture !
Il ne reste plus qu’à espérer ne pas avoir à lire ou à écrire prochainement How Intellectualism Dies in Africa !
Oswald Padonou est Docteur en sciences politiques. Enseignant et chercheur en relations internationales et études de sécurité