Anna est issue d’une lignée de femmes qui meurent en couches. Mais sa fille Abi « vint briser l’anathème ». Au crépuscule de sa vie, cette Camerounaise, née Bouissi, se rappelle. Son enfance auprès de la villageoise Awaya qui la recueille avant de la confier aux sœurs françaises installées au Cameroun, pour qu’elle reçoive une éducation. Sa rencontre avec Louis, jeune homme qui rêve d’indépendance pour son pays. Son mariage, avant la trahison. Les relations tendues avec sa fille. Le divorce de cette dernière, la souffrance de son petit-fils Max, qu’elle accueille une année durant pour qu’il puisse s’en remettre. Ses amis inséparables, Tina, Jenny, Ismaël. Et s’interroge sur la fidélité à soi et aux autres, ce que l’on transmet dans la souffrance et le malheur, les choix que l’on fait. Le tragique de l’existence humaine.
A travers une galerie de portraits de mères et de leurs enfants qui luttent pour leur survie dans une société patriarcale en déliquescence, Hemley Boum mêle dans Les jours viennent et passent (éd. Gallimard) la petite et la grande Histoire. Le roman de ces trois générations est celui du Cameroun. L’auteure, née à Douala en 1973, évoque la lâcheté des hommes et la duperie des indépendances, constate qu’« il y a une indéniable volupté à céder à la violence et à la corruption ». Mais « comment, s’interroge Anna, aurions-nous pu accoucher d’une renaissance qu’aucune fierté ne venait féconder ? ». Certes, la colonisation a brisé l’estime de soi de tout un peuple. Elle l’a dépossédé de lui-même en lui confisquant sa spiritualité, l’a assassiné « dans cette vie et la suivante » en lui tranchant littéralement la tête avant de la planter sur des pics, dans un pays où prévalait l’adoration des crânes des ancêtres. Mais les responsabilités sont locales : « Qu’importaient les commanditaires si notre propre gouvernement accomplissait la sale besogne ? » La guerre de libération a été fratricide. Le Cameroun s’est forgé « sur le syndrome de Caïn », a étouffé son histoire et se meurt de ne pas avoir de mémoire.
L’Histoire se répète
La nouvelle génération grandit, dans une société en décomposition, hors sol entre rêves inaccessibles et horizon bouché. La secte Boko Haram l’a bien compris qui seule s’intéresse à une jeunesse abandonnée par ses aînés en faillite intellectuelle et spirituelle. Après avoir évoqué la guerre de libération dans Les Maquisards (éd. La Cheminante, 2015), récompensé du Grand prix littéraire d’Afrique noire, Hemley Boum s’attaque à celle qui ensanglante le nord du Cameroun et étend ses tentacules toujours un peu plus loin, touchant désormais les villes du sud, comme Douala, où elle séduit jusqu’aux enfants à l’éducation occidentale. Il est vrai que « mourir pour Dieu est plus exaltant que mourir de faim, d’humiliation ou parce qu’il n’y a plus d’antibiotiques dans le dispensaire du coin ». La romancière plonge, avec force et finesse, dans les viscères d’une « sale guerre où l’ennemi se cache derrière les gens ordinaires, […] où des femmes, des enfants innocents font office de bombes humaines, [où] la veuve et l’orphelin sont aussi dangereux que le combattant armé jusqu’aux dents ».
Cette sale guerre, peu la nomment aujourd’hui au Cameroun. Elle bénéficie de complicités sur tout le territoire, jusque parmi les populations. « Les jours viennent et passent », l’Histoire se répète. La guerre de et contre Boko Haram fait des milliers de victimes dont les noms sont tus. Pas de mobilisation nationale comme dans d’autres pays frappés également par le terrorisme. « J’aurais voulu les nommer tous. Toutes ces personnes : hommes, femmes, enfants, les nôtres lâchement assassinés. Je ne pouvais accepter de remiser ces morts-là avec les autres dans le puits sans fond de notre pays sans mémoire. J’aurais voulu écrire à l’encre indélébile leur histoire individuelle dans le livre de nos vies », confesse Anna. Ce livre, Hemley Boum vient de l’écrire, sans fard. Mais avec élégance.
Les jours viennent et passent, Hemley Boum, éd. Gallimard, 368 pages, 21 euros.
"L'ISLAM CONSEILLE D'AVOIR DES ENFANTS DONT ON PEUT PRENDRE SOIN"
Dans un entretien publié jeudi sur le site du journal britannique The Guardian, le président nigérien soutient que le taux de natalité explosif est lié à une "mauvaise interprétation de l'islam"
Mahamadou Issoufou appelle donc à une "parentalité responsable" afin de prévenir l'explosion démographique qui risque de saper les effets entrepris dans la lutte contre le changement climatique.
"Une mauvaise interprétation de l'Islam a conduit à l'explosion du taux de natalité au Niger, entravant la lutte du pays pour s'adapter à la crise climatique et préserver ses ressources de plus en plus rares", a déclaré le président du Niger.
"Cet enchevêtrement de questions est susceptible d'avoir un impact de plus en plus direct sur la politique européenne", a déclaré Mahamadou Issoufou.
Il a aussi averti que la migration pourrait dépasser les niveaux atteints pendant la Seconde Guerre mondiale.
"Tout est lié dans un village global. Comme on dit, un papillon bat des ailes au Brésil et il peut y avoir une tornade à Houston ", a dit Issoufou.
Issoufou affirme qu'il a lentement fait baisser le taux de natalité de son pays de plus à sept enfants par femme, le taux de natalité le plus élevé au monde au cours de la dernière décennie.
Il était à près de huit enfants par femme.
Responsabilité parentale
Le président nigérien a déclaré au Guardien qu' "avant l'avènement de l'islam, les femmes se mariaient à l'âge de 18 ans, mais à cause d'une mauvaise interprétation de l'islam, les jeunes femmes avaient des enfants à l'âge de 12 ou 13 ans.
"Mais que dit le Coran ? Si une personne instruite lit le Coran, elle parle de responsabilité parentale. L'islam dit que vous ne devriez avoir des enfants que si vous pouvez prendre soin d'eux et les éduquer correctement", précise Mahamadou Issoufou.
"Les écoles doivent éduquer les jeunes filles parce que nous ne voulons pas qu'elles aient des enfants à 12 ou 13 ans. Idéalement, nous voulons les garder à l'école le plus longtemps possible, jusqu'à l'âge de 18 ans. C'est quelque chose de nouveau pour nous".
Il insiste sur le fait que, dans un pays qui est musulman à 98%, ses opinions ne sont pas en conflit avec celles des imams ou des chefs religieux.
Bien qu'Issoufou se soit heurté à la résistance de certains dirigeants musulmans pour défendre la planification familiale, il insiste : "Les chefs religieux sont avec nous pour sensibiliser la population, et c'est pourquoi nous assistons à une diminution du taux de natalité ".
Avec la généralisation des écoles de contraception et de planification familiale pour hommes, le taux de natalité a lentement baissé à environ six enfants par femme, mais il reste encore beaucoup à faire, a dit le président.
Les derniers chiffres officiels de la Banque mondiale, à partir de 2016, situent le taux à 7,2 enfants par femme.
4 % annuelle de hausse de la population
La population du Niger s'élevait à 8 millions d'habitants en 1990 et a atteint 22,4 millions en 2018.
"Nous avons une augmentation annuelle de 4 % de la population", a déclaré M. Issoufou.
"La population doublera dans les 17 prochaines années. D'ici 2050, nous pourrions avoir la deuxième plus grande population d'Afrique après le Nigeria".
C'est un phénomène à l'échelle du continent, a-t-il dit.
"En Afrique, il y a 1,3 milliard de personnes aujourd'hui...Il y en aura 2,4 milliards en 2050. Cela signifie que nous auront 30 millions de jeunes par an qui entrent sur le marché du travail. Si nous ne faisons rien pour garder les gens en Afrique en créant des emplois au niveau national, il y aura une énorme vague de migration, alors les gens chercheront du travail ailleurs", ajoute le président du Niger.
Il sait que l'ampleur des migrations en provenance du Niger, l'un des pays les plus pauvres au monde, dépend de l'évolution de la crise climatique.
Issoufou a averti que parmi les 230 millions de migrants prévus d'ici 2050, le Sahel sera l'un des principaux fournisseurs.
Un chiffre qu'il souligne sera beaucoup plus important que la migration massive causée par la seconde guerre mondiale.
"Au Niger, nous vivons déjà avec les conséquences du changement climatique. Les inondations qui alternent avec les sécheresses ont déjà d'énormes conséquences sur la production agricole. Il y a une dégradation des sols, les forêts se perdent, il y a moins de terres et une avancée du désert. Le lac Tchad a perdu jusqu'à 90 % de ses eaux et les fleuves posent davantage de problèmes. Le Niger perd 100 000 hectares (250 000 acres) de terres agricoles chaque année", a-t-il dit.
"Le peuple nigérien n'en comprend peut-être pas pleinement les causes, mais il en fait l'expérience au quotidien. Ils savent qu'il existe un lien entre la dégradation des sols et leur pauvreté. Le monde s'inquiète d'une hausse de deux degrés de la température, mais nous avons déjà connu cette augmentation depuis les années 60", se désole M. Issoufou.
Risque croissant de colère à travers l'Afrique
Il a ajouté qu'"il y a un risque croissant de colère à travers l'Afrique à mesure que les gens prennent conscience de la cause profonde de ce mal.
"Au fur et à mesure que les gens comprennent les causes du changement climatique, cela peut mener à la recherche de solutions, mais aussi à la colère et à l'agitation sociale", insiste le président du Niger.
"Les moins responsables du changement climatique en subissent les pires conséquences. La situation ne peut pas s'améliorer lorsque les pays industrialisés ne tiennent pas toujours leurs promesses", souligne-t-il.
Plus tôt cette année, Issoufou a participé au lancement d'un plan d'investissement climatique de 400 milliards de dollars US (311 milliards de livres sterling) pour la région du Sahel.
L'idée selon laquelle le changement climatique et la démographie en Afrique pourraient conduire à une migration vers l'Europe est contestée.
La plupart des experts affirmant que le réchauffement climatique conduira principalement à une migration interne en Afrique.
Un rapport de la Banque mondiale de l'année dernière affirmait que si aucune mesure n'est prise, l'Afrique subsaharienne pourrait compter jusqu'à 86 millions de migrants climatiques internes d'ici 2050.
Issoufou fait valoir que beaucoup d'autres facteurs dépendent de la capacité de l'Afrique à trouver des emplois pour cette nouvelle main-d'œuvre, qui à son tour dépend de la capacité du continent à croître selon le modèle des économies asiatiques, et à s'intégrer économiquement.
En tant que président de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, M. Issoufou a participé à la création d'une zone de libre-échange panafricaine de 1,2 milliard d'habitants, désormais soutenue par 54 États africains.
Il soutenu que l'objectif est de mettre fin à ce qu'il décrit comme "la balkanisation du continent par les colonialistes".
par Sidy Diop
OUSMANE SONKO, LES LIMITES D'UNE STRATÉGIE
Ce qui risque d’arriver au leader de Pastef, c’est de devoir livrer une opposition au long cours, comme un certain Abdoulaye Wade à qui il rappellerait sa jeunesse. En a-t-il le souffle ?
Clivant. C’est le sort que s’est volontairement (?) choisi le leader du parti Pastef. Avec lui, c’est pour ou contre. Un perpétuel référendum sur ses prises de position, ses coups de gueule, ses dénonciations et ses dérobades. Et toujours, ses partisans qui ne souffrent la moindre contradiction sur les attendus de leur mentor, ferraillant avec fougue contre tous ces citoyens qui ne le perçoivent pas de la même manière. Et les mots volent, souvent, très bas. Avec Ousmane Sonko, le débat est souvent très physique. Dans le contexte actuel de publication du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire du titre foncier 1451/R, aussi appelée «affaire des 94 milliards» et le dépôt de la plainte de Mamour Diallo, les nerfs sont à vif de part et d’autre.
Il faut dire que l’ancien inspecteur des domaines devenu lanceur d’alertes puis homme politique, ne laisse personne indifférent. Son discours contre le système et son insistance sur la «fracture» entre le peuple et les élites dirigeantes ont été, pour lui, un positionnement politique intelligent, même s’il a ensuite été ensablé par ses œillades à Wade devenu subitement fréquentable après ses envies de «fusiller» les anciens présidents. Sa stratégie politique qui l’oblige à toujours danser au bord du précipice lui vaut un succès médiatique indéniable. Il a fait sienne la formule de Jean-Marie Le Pen : «En politique, la transgression est une méthode de progression».
Quel sera le prix de ces franchissements éthiques ? La majorité qui le renifle depuis si longtemps pour le pousser à la faute depuis qu’il a ouvert la porte du soupçon sur les contrats pétroliers tient, peut-être, la bonne occasion avec l’affaire des 94 milliards. Sonko n’a jamais paru aussi fragile que sur ce dossier. Arrivera-t-il à apporter les preuves de ses accusations devant la Justice ? L’avenir nous édifiera. Mais, pour la première fois, le leader de Pastef semble sentir le sol se dérober sous ses pieds, au point de lancer un appel à la résistance à Ziguinchor. : «Je ne suis pas régionaliste mais je suis fier d’être casamançais! Je lance un appel à dire non !». Désir de transgression et goût de la surenchère, un cocktail explosif pour un homme politique qui ambitionne de s’installer à la Présidence de la République.
Il reste que pour parvenir à cette fin, Ousmane Sonko devra beaucoup soigner sa communication. Ses glissades sur la sortie du franc Cfa, et la renégociation des contrats pétroliers, sa posture de boutefeu prêt à exploser ses contradicteurs à l’Assemblée nationale et le lynchage organisé de ses concurrents sur les réseaux sociaux ne sont pas de nature à rassurer une opinion attachée à la paix sociale. L’écrivaine française Yasmina Reza n’a pas tort d’écrire que «les mots sont partie prenante du réel. Prononcés ou écrits, ils empruntent des chemins imprévus qui peuvent être destructeurs. Il faudrait les arrêter à temps.» Oui, destructeurs pour ceux à qui ils sont destinés, mais destructeurs aussi pour celui qui les produit. Car ce qui risque d’arriver à Sonko, c’est de devoir livrer une opposition au long cours, comme un certain Abdoulaye Wade à qui il rappellerait sa jeunesse. En a-t-il le souffle ?
Pendant très longtemps, Me Wade n’a pu convaincre une bonne partie de l’opinion sénégalaise qu’il avait une vraie stature d’homme d’Etat. Nombre de nos compatriotes, les plus âgés en particulier, l’ont toujours pris pour un incendiaire et n’ont jamais pris le risque de voter pour lui. Comme Sonko aujourd’hui, Wade avait le soutien d’une partie de la jeunesse, mais la classe populaire, faiseuse de roi, a toujours misé sur une forme de stabilité qu’incarnait Abdou Diouf, homme au verbe rare et de retenue. Plus tard, Macky Sall a fait tomber le même Wade grâce aux promesses d’apaisement qu’il a charrié tout au long de sa quête du pouvoir. Les Sénégalais ont toujours préféré la ligne claire de la paix sociale au trait obscur de l’embrasement.
Un mot, enfin, sur le procès qui s’annonce entre les deux principaux protagonistes de l’affaire des 94 milliards. Ma certitude est qu’il n’en sortira rien de bon pour le pouvoir si ce n’est un goût amer impossible à vidanger. C’est le lot des polémiques où le jugement précède un procès.
Mettre Sonko en prison, c’est lui ouvrir un boulevard vers le pouvoir. Ce n’est pas parce qu’on tient entre ses mains une mousquetade et une étoupille qu’on fait forcément feu sur son adversaire. Le plaisir de tirer ne doit pas l’emporter sur l’utilité de viser juste.
par Ibrahima Thioye
L’HOMME D’HONNEUR, SELON BOUBAKAR LY
Quelques extraits issus de la conclusion générale du livre : « La morale de l’honneur dans les sociétés wolof et halpulaar traditionnelles. Tome 2, Editions l’harmattan » de celui qu'on surnomme père de la sociologie de l’UCAD
C’est par un tweet que j’ai appris le rappel à Dieu du professeur Boubakar Ly, surnommé le père de la sociologie de l’UCAD. Je m’incline humblement devant sa mémoire. En guise d’hommage, je voudrais juste, sans commentaire, partager ces quelques extraits issus de la conclusion générale de son livre : « La morale de l’honneur dans les sociétés wolof et halpulaar traditionnelles. Tome 2 Ed l’harmattan ».
Ci-dessous, les extraits :
« L’homme d’honneur a beaucoup de respect pour lui-même. Le sentiment qu’il a de sa dignité personnelle est puissant. Il craint par-dessus tout la honte (…)
Il a beaucoup de pudeur personnelle. Il évite tout ce qui peut révéler ce qu’il a de plus intime, sa personne ou ses sentiments. Il a honte de tout ce qui le « dévoile » (…)
Il est d’un courage à toute épreuve. Dans la vie quotidienne, comme dans les « temps forts » de la vie sociale (guerre, par exemple), il ne manifeste aucune faiblesse. La lâcheté, l’abandon de ses responsabilités dans la vie de tous les jours, sont de grandes hontes. Il doit affronter toutes les épreuves, aussi bien naturelles qu’historiques et sociales, avec courage. Il ne se livre à aucun acte avilissant. Il est d’une honnêteté sans faille. Il ne vole pas ; il ne ment pas. Ces deux actes sont réellement indignes de l’homme d’honneur. Il respecte, en toute circonstance, la parole donnée (…)
Il est loyal et accomplit, comme il se doit, toutes ses obligations sociales (…) Il participe à tous les réseaux de solidarité sociale (…)
Il est d’une grande discrétion. Il sait tenir sa langue et il ne va pas là où il n’a pas besoin d’aller. Il ne se mêle pas de ce qui ne le regarde pas. Il est franc et a horreur de l’hypocrisie. Il ne médit, ni ne calomnie. La médisance et la calomnie sont véritablement indigne de l’homme d’honneur (…)
Il est modeste socialement et personnellement. Il « se connaît » et ne dit ou ne fait que ce qu’il peut dire ou faire. Il ne « s’oublie jamais. » (…)
L’homme d’honneur est digne. Toute sa personne reflète cette dignité. Ses attitudes et ses conduites sont mesurées. Son extérieur est majestueux et imposant. Ses gestes sont mesurés et dépourvus de toute gratuité. Sa démarche est d’une lenteur digne. La douceur prédomine sur la hâte et la précipitation, dans tous ses attitudes et comportements (…)
Il a beaucoup de sang-froid. Il ne «sort jamais de lui.» Dans la vie, face à l’adversité et au malheur, comme au bonheur, il conserve son sang -froid et adopte toujours une attitude mesurée. Il sait maîtriser ses sentiments. Il ne s’emporte jamais ; il en aurait honte.
Il est circonspect et ne se « livre » jamais d’emblée. Ses jugements, ses paroles et se actes sont mesurés et jamais gratuits. Il ne se prononce jamais à la légère. Tout chez lui est mûrement réfléchi (…)
Il « connaît la vie » : sa perspicacité lui permet de se guider et de guider dans la vie. Il sait parler quand il faut et dire ce qu’il faut dire. Il sait comment dire les choses, c’est pourquoi il est subtil et utilise souvent un langage symbolique. Sa sagesse se manifeste par des « paroles profondes » (…)
L’homme d’honneur « connaît véritablement la vie ».Sa « connaissance de la vie » le guide dans ses relations avec autrui (…)
Il considère autrui comme un égal en honneur (…)
Il attend de lui qu’à son tour, il le respecte comme on doit respecter son « égal » social et/ou en honnêteté. Il ne lui fait rien qui puisse lui permettre d’être l’objet d’un manque de respect de la part de cet égal (…)
Il considère autrui comme lui-même, c’est-à-dire comme un homme d’honneur et en tant que tel il le respecte et agit avec lui comme on doit agir avec un homme qui se respecte et qui, de ce fait même, est respecté (…)
L’homme d’honneur, par respect pour autrui, ne lui fait jamais de tort (…) Par contre, il sait faire preuve de très grande patience et de magnanimité en fermant les yeux sur beaucoup de torts qui lui sont faits (…)
Il a le respect de la personnalité d’autrui. Son respect pour autrui est aussi un respect pudique. Il a « honte » d’autrui. Il ne dit rien de désagréable à entendre en sa présence. Il n’injurie pas. Il sait, par respect pour autrui, utiliser un langage d’évitement. Il est délicat et plein de tact. Il sait employer les belles paroles qui masquent le réalisme de certaines situations. Il sait comment témoigner de la déférence à quelqu’un dans les moindres actes de la vie. Il fait toujours triompher dans ses rapports sociaux la beauté sociale (préférence accordée à un mensonge nécessaire par beauté plutôt qu’à la vérité, par exemple). L’homme d’honneur, par respect pour autrui, fait preuve de diplomatie (...)
Il évite toujours par pudeur d’acculer un individu. Il fait tout pour éviter de déconsidérer autrui. En aucun cas, il n’humiliera quelqu’un. Il n’a que respect. Il honore toujours autrui comme il se doit. »
par Ibrahima Kane
AFRIMARKET, JUSQU'AU BOUT POUR QUI ?
Il est grand temps de voir la réalité du terrain, en innovant dans les domaines de la logistique, de la R&D et du marketing. Pour être comme Amazon, il faut faire comme Amazon. C’est-à-dire, être obsédé par le client et la satisfaction de ses besoins
“Jusqu'au bout pour vous” ! Telle fut la promesse d’Afrimarket. C’est avec ce slogan que la plateforme de commerce électronique décrivait sa mission : celle de livrer tout, partout, jusqu’au plus lointain village de Côte d’ivoire ou du Sénégal. Fondée en 2013, Afrimarket se proposait de répondre aux demandes croissantes d’Africains en mal de solutions digitales.
La plateforme s'était positionnée dans la course, pour satisfaire les besoins du consommateur, dans une région souvent décrite comme dépourvue de connexion internet, d’adresses, et même de routes. Autant dire que le défi était de taille.
“On a déjà livré des chameaux, des bœufs et des moutons pour la Tabaski (...) J’en ai même livré un moi-même”, répondait la fondatrice de l'entreprise au micro d’Europe 1 en 2017, alors que le journaliste l’interrogeait sur la livraison la plus improbable réalisée par Afrimarket. Il faut tout de même se rendre compte à quel point cette entreprise n’a jamais été réellement connue des africains à qui elle souhaitait vendre (on peut juste parler d’une petite notoriété en Côte d’ivoire).
La Start-up nation à la sauce africaine
L’entreprise, comme d’autres, se revendique africaine, tout en ayant son siège social à Paris, ville dans laquelle elle a introduit sa demande d’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire il y a tout juste un mois. Le futur Amazon africain tel que sa fondatrice, Rania Belkahia, le décrivait dans les médias jusqu'à il y a à peine quelques mois, a mis officiellement la clef sous la porte. Rien de dramatique dans le monde de l’entrepreneuriat, où la réussite n’est pas toujours garantie. L’échec permet aussi d’apprendre une qualité indispensable : la résilience.
Ce qui dénote, c’est cette propension, quelque peu grandiloquente, à toujours vouloir se poser en Ebay, Amazon ou Alibaba africain. Surtout pour des entrepreneurs qui sont éloignés des réalités de l’Afrique subsaharienne. Et à vrai dire, cet abus de langage, qui ne choque plus personne, continue vraisemblablement de faire son effet dans le monde des médias parisiens. Ceux-là voient peut-être encore l’Afrique comme une terre vierge, à défricher, où il faut vite venir prêcher la bonne parole au milliard de consommateurs et à la classe moyenne émergente. Et puis, l’Afrique c’est loin, c’est grand, donc personne n’ira vraiment vérifier si ce n’est pas trop d'éloges pour une entreprise qui fut en réalité gérée depuis Paris, par une petite trentaine d'employés. Il n’y a qu'à voir les titres récents de la presse pour se rendre compte de l'écart abyssal qui existe entre les qualificatifs employés par la presse et la réalité du terrain.
Pivoter, jusqu'à en avoir le tournis
Pivoter, pivoter et encore pivoter. Telle a été la principale stratégie de survie de l’entreprise, depuis sa création il y a six ans. Au départ, Afrimarket avait façonné son offre et levé ses premiers millions d’euros autour du modèle du cash-to-goods (source : Orange Digital Ventures). L’entreprise souhaitait alors capter une part des dizaines de milliards d’euros envoyés par la diaspora, en destination du continent. A l’image d’un Western Union, Money Gram ou Wari, on avait la possibilité d’envoyer de l’argent à ses proches depuis l'étranger, à la seule différence que les fonds transférés ne pouvaient être retirés en espèces, et devaient être dépensés dans le lieu où ils ont été réceptionnés (pharmacie, épicerie, etc.). Ensuite, Afrimarket s’est transformée en site e-commerce traditionnel, n’apportant aucune innovation particulière dans son offre ou dans la technologie utilisée. Enfin, plus récemment, étant probablement de plus en plus confrontée aux réalités du terrain, l’entreprise a pris le pari de l’innovation, en tout cas sur le papier, en se muant en “solution technologique à 360 degrés intégrant toute la chaîne de livraison”, jusqu'à ce fameux “dernier kilomètre”...
Dans sa politique de sélection des produits, la vision a également fait défaut. Afrimarket a voulu proposer, c’est notamment le cas sur son site sénégalais, de la livraison pour des matériaux de construction. Maçonnerie, quincaillerie, plomberie, gravier, etc., tout y passe. Ces matériaux de construction se retrouvent au beau milieu de produits cosmétiques et alimentaires comme des briques de lait frais issues d’Auchan. Les risques opérationnels qui découlent d’une telle stratégie sont évidents, surtout concernant la logistique, et cela entraîne inévitablement des problèmes tant au niveau des coûts pour l’entreprise, que de la qualité du service pour le client. Un grand bazar comme on en fait plus, même en Afrique.
Pour ceux qui opèrent dans la logistique ou le e-commerce sur le continent, Afrimarket a toujours été une sorte d’ovni, qui cherche sa route partout, et en même temps. L’entreprise, qui symbolise le manque de recul que l’on constate chez un grand nombre de start-ups, fonctionnait sur un modèle artificiel basé sur du financement exogène. Avec plus de 20 millions d’euros récoltés lors de quatre levées de fonds, en moins de cinq ans, on comprend bien comment cela peut faire perdre de vue la relation que certains créent continuellement avec le consommateur. Ces levées de fonds perpétuelles combinées aux implantations à la chaîne démontrent clairement les ambitions de la plateforme : faire gonfler la valeur perçue de l’entreprise par un éventuel acquéreur. Ici, le client n’est plus la finalité, et la satisfaction de son besoin va logiquement en prendre un vrai coup.
Les marges faibles, qu’elle évoque, laissent croire que nous sommes en face d'un manque évident de lucidité. Ce qu'elle dit au fond, c’est : “Pourquoi n'acceptent-ils pas plus souvent d'acheter nos produits haut de gamme (en général de l'électronique) ou à forte valeur ajoutée ?” On peut répondre : simplement parce que les consommateurs africains, qui courent après ce type de produits sont en général très cosmopolites, et se rendent souvent à Paris, Londres, Dubaï, New York ou Shanghai. Là où ils seront certains d’avoir ces produits. Et même s’ils restent sur place, à Dakar ou à Abidjan, ils peuvent compter sur leur réseau familial, le secteur informel, ou encore les entreprises de logistiques toutes présentes sur le marché bien avant l'arrivée d’Afrimarket.
L’Afrique, cimetière des évangélistes du e-commerce
Pourquoi vouloir évangéliser les Africains ? Entreprendre, c’est apporter des solutions à des problèmes. Les idées qui n'existent que dans les têtes de ceux qui les portent ne doivent pas être imposées au marché à gros coups de levées de fonds. Cela est encore moins envisageable dans cet ensemble disparate qui est l'Afrique de l'Ouest. A croire que la vision exotique et enfermante qu'on a de cet ensemble de pays, imposée durant les années de domination coloniale, subsiste encore, même dans les esprits des anciens colonisés.
Dans nos pays d'Afrique francophone, les effets de la start-up nation voulue par Emmanuel Macron se font sentir hors des frontières de l'Hexagone. Avec les 200 millions d’euros levés, lors de l'introduction en bourse de son concurrent Jumia, on voit forcément à quoi (ou plutôt a qui ?) fait référence la fondatrice d’Afrimarket quand elle déclare qu'il “aurait fallu dix fois plus pour y arriver”. Pour l'heure en tout cas, c'est Afrimarket qui rejoint le cimetière des évangélistes du digital, en mal de fidèles africains.
Quelle que soit la situation aujourd’hui pour les fondateurs, qui sont certainement plus expérimentés et mieux armés pour affronter les défis que représentent la transition numérique sur le continent, les investisseurs ont probablement déjà dû passer très vite à autre chose. Ce qui reste, c’est environ 250 employés certainement très talentueux, mais sans perspectives à très court terme. Et des clients, ainsi que des créditeurs, dans l’attente de solutions.
Faut-il penser que la start-up était vouée à l'échec ? La réponse est bien évidemment non. Les entreprises de e-logistique sont légion sur le continent. Chaque pays a son lot de plateformes de niche ou grand public qui font leur petit bout de chemin, en étant concentrées sur le client et sur l'amélioration de leur rentabilité et de leurs efforts. Le modèle des petites annonces n'est pas prêt de disparaître malgré Facebook. Le cash-to-goods entre de plus en plus frontalement en concurrence avec les plateformes de transfert d'argent. Le secteur informel, lui aussi, s’efforce de se transformer pour répondre aux besoins des Africains en recherche du dernier iPhone fraîchement sorti de l’Apple Store, le tout, livré directement par avion, et en quelques jours seulement.
Les solutions que les spéculateurs cherchent ne se trouvent ni dans les modèles, ni dans les écrits, ni dans les pitchs agrémentés d’alléchantes statistiques démographiques. La clé c’est incontestablement l’observation et l’analyse des comportements du consommateur africain dans son ensemble. Il est grand temps d’ouvrir les yeux et de voir la réalité du terrain, en innovant dans les domaines de la logistique, de la R&D, et du marketing. Pour être comme Amazon, il faut faire comme Amazon. C’est-à-dire, être obsédé par le client, et la satisfaction de ses besoins.
ALY NGOUILLE NDIAYE ANNONCE UN AUDIT DU RÉSEAU HYDRAULIQUE DE TOUBA
Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé vendredi le lancement d’un audit du réseau hydraulique de Touba, conformément à une instruction du chef de l’Etat, Macky Sall.
Touba, 18 oct (APS) – Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé vendredi le lancement d’un audit du réseau hydraulique de Touba, conformément à une instruction du chef de l’Etat, Macky Sall.
Plusieurs quartiers de la capitale du mouridisme ont été confrontés à des pénuries d’eau à l’occasion de la célébration de la 125e édition du grand magal, manifestation religieuse commémorant le départ en exil du fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba.
Le président de la République, une fois informé de cette situation, a donné des instructions pour un audit du réseau hydraulique de Touba, a assuré Aly Ngouille Ndiaye au khalife général de la confrérie, Serigne Mountakha Mbacké.
Intervenant à la cérémonie officielle de l’évènement, le ministre de l’Intérieur a assuré que trente forages ont été fonctionnels durant le Grand Magal.
’’Malgré cela, il y a eu des difficultés dans l’approvisionnement en eau dans certains quartiers de la ville’’, a admis Aly Ngouille Ndiaye. Il conduisait la délégation gouvernementale à cette cérémonie organisée à la Résidence Khadim Rassoul, à Touba.
’’Macky Sall a instruit au gouvernement de faire le maximum pour trouver des solutions et résoudre cette question vitale pour le développement de la cité religieuse’’, a-t-il insisté.
’’Il est temps que l’on réfléchisse sur la possibilité de faire un transfèrement de l’eau de la commune de Sadio et d’autres des localités voisines qui bénéficient de l’eau douce et aussi reprendre les forages vétustes’’, a par exemple proposé Ndiaye.
S’agissant de l’assainissement, le ministre de l’Intérieur s’est réjoui de l’accord donné au chef de l’Etat par le khalife général des mourides relativement à des solutions immédiates destinées à libérer les zones inondées et à la réflexion sur les perspectives des prochaines éditions devant avoir lieu durant l’hivernage.
Sur cette question et sur d’autres, Aly Ngouille Ndiaye a réitéré l’engagement du chef de l’Etat à œuvrer pour une plus grande célérité dans l’exécution de travaux de modernisation de la cité religieuse.
’’Le président de la République, lors de sa visite de courtoisie la semaine dernière, vous avez assuré des instructions données au gouvernement pour plus de célérité dans les travaux prioritaires de la ville de Touba notamment sur le plan de l’assainissement et de l’hydraulique’’, a-t-il assuré au khalife en wolof.
Serigne Mountakha Mbacké a donné son accord au chef de l’Etat pour la construction d’une Ecole des métiers à l’université de Touba qui est en chantier, a-t-il encore affirmé.
’’Le président de la République a pour ambition de construire au niveau du complexe Cheikh Ahmadou Bamba une école de formation dédiée aux métiers pour faciliter l’insertion des jeunes qui en seront issus’’, a rappelé le ministre de l’Intérieur.
ERDOGAN REMPORTE LA MISE AUX DEPENS DES KURDES
La Turquie, qui a accepté jeudi de suspendre son offensive dans le nord-est de la Syrie et d'y mettre fin définitivement si les forces kurdes s'en retirent sous cinq jours, semble être la grande gagnante d’un accord négocié avec les Américains.
La Turquie, qui a accepté jeudi de suspendre son offensive dans le nord-est de la Syrie et d'y mettre fin définitivement si les forces kurdes s'en retirent sous cinq jours, semble être la grande gagnante d’un accord négocié avec les Américains.
Accusé aux États-Unis comme à l'international, d'avoir offert à la Turquie un feu vert pour attaquer les alliés kurdes de Washington en Syrie, le président Donald Trump s’est félicité d’avoir obtenu, jeudi 17 octobre, un accord de "cessez-le-feu" synonyme de "grand jour pour la civilisation".
Un accord, annoncé par le vice-président des États-Unis Mike Pence à la suite d'une rencontre à Ankara avec Recep Tayyip Erdogan, qui est surtout perçu comme une capitulation américaine face aux revendications du président turc, aux dépens des Kurdes syriens.
par Ibrahima Sene
LA POSITION DU PIT SUR LA QUESTION DE L’ÉCO
Il ne s’agit pas pour la CEDEAO de changer un « maître par un autre », mais bien de consolider son intégration pour mieux assurer sa souveraineté et la sécurité de ses peuples
Dans les « Thèses d’orientation et de Programme » adoptées lors de son VI ème Congrès en 2016, le PIT avait d’ores et déjà décliné sa feuille de route à propos de la CEDEAO et de sa monnaie commune.
Voilà un extrait de ces « Thèses », consacré à cette question.
« Ainsi, pour une croissance forte, en mesure de sortir nos peuples du sous- développement, il est devenu impérieux de mettre fin aux accords monétaires entre les pays de l’UEMOA et la France, qui ont institué la Zone Franc et l’arrimage de sa monnaie à l’Euro.
Par conséquent, l’avènement de la monnaie commune au sein de la CEDEAO représente une opportunité, pour les pays de l’UEMOA, pour retirer leurs réserves du Compte d’Opération du Trésor Français, et participer à la création de cette monnaie commune sous régionale non arrimée à l’Euro.
D’autant que le maintien de la Zone Franc et de l’UEMOA, s’il est un obstacle au développement économique des pays membres, l’est aussi pour la consolidation de la CEDEAO à travers l’adoption d’une monnaie commune.
Au total, la création du « G5 », dans le cadre de l’ « Opération Barkhane » de la France, et la mise en place, sous le sillage d’ARICOM des USA, du « Comité inter Régional pour la Sûreté et la Sécurité du Golfe de Guinée », présidé par le Sénégal, sont le résultat de rapports de forces au sein de la CEDEAO, qui sont favorables aux intérêts géostratégiques de ces grandes puissances impérialistes, contrôlées par les tenants du « complexe militaro industriel et financier » de ces deux pays.
Il se trouve qu’aux aléas du marché que nous impose notre intégration dans le système d’exploitation capitaliste à sa phase de financiarisation mondialisée, s’ajoutent les changements climatiques qui rendent vulnérables nos agricultures, affaiblissant ainsi nos capacités de production.
Les effets négatifs du changement climatique sur nos ressources naturelles, (végétales, animales et minières), nos capacités de production, et notre mode d’habitat en milieu rural, exacerbent à souhait les difficultés résultant de notre dépendance économique et politique, et nous posent des défis, comme celui de Ebola, que nos pays, pris individuellement, sont incapables de relever.
La CEDEAO est donc devenue, pour nos Etats, un enjeu stratégique, et un challenge à relever, pour non seulement réunir les conditions nécessaires au recouvrement de notre souveraineté politique, économique, et culturelle, mais aussi, pour faire face aux changements climatiques, grâce à son potentiel hydraulique et énergétique.
Elle est aussi la voie obligée, pour nos peuples, pour aller vers l’Unité Africaine.
C’est cet impératif qui devrait faire de la CEDEAO, un enjeu de politique nationale dans chaque Etat membre.
Pour ce faire, il est nécessaire que la CEDEAO se dote d’une institution législative constituée d’une « Assemblée Fédérale », élue au suffrage universel direct dans chaque Etat membre, à la place de la « Chambre consultative » actuelle, et d’un Sénat, dont les membres seraient les chefs de l’Etat des pays membres élus au suffrage universel direct dans leurs pays respectifs.
Le Senat élirait en son sein le président de l’Etat Confédéral de la CEDEAO, et l’Assemblée Fédérale nommerait un Premier Ministre issu de ses rangs.
Une telle configuration institutionnelle de la CEDEAO permettrait de mettre la monnaie commune en 2020, au service d’une politique économique visant l’intégration des Etats et peuples d’Afrique de l’Ouest.
Sans une telle évolution institutionnelle concomitante, la monnaie commune vivra les mêmes avatars que vit l’Euro aujourd’hui, c’est-à-dire, se mettre sous le contrôle du Capital financier.
Ainsi, les agendas politiques pressants dans notre Sous- région sont devenus la consolidation du marché commun obtenu grâce au TEC, la création d’une monnaie commune en 2020 et la mise en place des forces de Défense et de sécurité communes, sous l’égide d’un Gouvernement fédéral.
La prise en charge de ces « agendas », dans chaque Etat membre, pour ce qui est des luttes politiques nationales, devrait contribuer à rassembler toutes les forces vives acquises à cet objectif dans chaque pays, afin que la lutte pour des Alternances démocratiques en fasse une partie intégrante des programmes alternatifs soumis à nos peuples.
Au total, le problème dans notre sous-région réside essentiellement dans la nature sociale des forces qui contrôlent les Etats, et non dans l’absence de ressources naturelles et humaines, en mesure de satisfaire aux exigences de souveraineté et de développement économique et de justice sociale, dans la sauvegarde de notre environnement.
Ainsi, c’est de l’issue des rapports de force au sein des partis politiques et dans la société civile à l’intérieur de chaque pays, et dans la sous-région, autour des défis de souveraineté nationale et d’intégration sous régionale, que dépendent le succès ou l’échec du projet de partition de nos Etats et de leur mise sous tutelle, et nos capacités à relever les défis du développement de nos peuples, et de la dégradation de l’environnement.
Le mouvement de libération nationale, dans notre sous-région, entre donc dans une nouvelle phase qui impose la promotion d’une vaste alliance des forces patriotiques acquises à la République démocratique et citoyenne de justice sociale, dans chaque pays, pour venir à bout des forces qui, dans nos pays respectifs et dans la sous-région, sont au service des objectifs géostratégiques de la France et des USA. »
Mon commentaire :
Depuis lors, les évènements ont orienté nos chefs d’Etat dans la bonne direction.
En effet, les critères de convergence économiques ont été adoptés au Niger, pour permettre la mise en place de la monnaie commune, l’ECO, dès 2020, dotée d’un taux de change flexible par rapport à un panier de devises.
Ensuite, l’aggravation de la déstabilisation du Mali, du Niger, du Burkina face à l’impuissance du « G5 », d’une part, et du Nigéria, d’autre part, par les organisations islamistes djihadistes et leurs menaces ouvertes proférées contre le Sénégal, la Guinée et la Côte d’Ivoire où vit une grande Communauté Pular, ont amené nos chefs d’Etat, lors de leur récent sommet au Burkina, à décider de réunir nos Forces de Défense et de Sécurité, pour mieux faire face et assurer en commun la sécurité de leurs peuples et l’intangibilité de leurs frontières héritées du colonialisme.
Ainsi, avec le TEC, l’ECO et l’organisation commune de nos forces de défense et de sécurité, l’intégration sous régionale a franchi des étapes importances qui restent à consolider par une intégration politique des Etats de la CEDEAO.
Ni la France, ni l’Union Européenne ne peut rester indifférente face à cette évolution, qui signe leur perte de parts de marché et d’influence politique dans nos pays.
Mais les Etats-Unis peuvent y voir une opportunité pour mieux contrôler le Golfe de Guinée, pour la défense de ses intérêts économiques et géostratégiques qui sont menacés par la Chine.
Il ne s’agit donc pas pour la CEDEAO, de changer un « maître par un autre », mais bien de consolider son intégration pour mieux assurer sa souveraineté et la sécurité de ses peuples, et se positionner dans les enjeux posés par l’avènement « la Zone de Libre Echange Continentale d’Afrique » (ZLECA).
Ce sont la signification de ce tournant historique et les défis qu’il pose à nos Etats et à nos peuples, que l’on cherche à occulter dans des agendas électoraux explosifs, qui absorbent l’essentiel des énergies des forces vives de nos pays, dans une lutte fratricide pour le contrôle du pouvoir, et non « autour des défis de souveraineté nationale et d’intégration sous régionale, que dépendent le succès ou l’échec du projet de partition de nos Etats et de leur mise sous tutelle, et nos capacités à relever les défis du développement de nos peuples, et de la dégradation de l’environnement ».
C’est dans ce cadre que se situent ceux qui jettent le doute sur la faisabilité de l’ECO en 2020, visant à désarmer les forces vives de nos pays, pour isoler nos chefs d’Etat qui seront ainsi, pour les grandes puissances occidentales, des proies plus faciles à influencer ou à destituer si nécessaire.
Les pan-africanistes de tous bords, au pouvoir, dans l’opposition et dans la société civile, sont interpelés !
QUAND L’ÉTAT DÉSAVOUE SON DIRECTEUR DES DROITS DE L’HOMME
Le dossier Karim Wade a, en deux jours, fait naitre deux versions officielles différentes. C’est un réel désaveu à l’endroit de Moustapha Ka, Directeur des Droits de l’Homme au ministère de la Justice
Cacophonie au sommet de l’Etat. Le dossier Karim Wade a, en deux jours, fait naitre deux versions officielles différentes. C’est un réel désaveu à l’endroit de Moustapha Ka, Directeur des Droits de l’Homme au ministère de la Justice. Selon nos informations, il lui est reproché au plus haut sommet de l’Etat, d’avoir outrepassé ses prérogatives.
Hier, mercredi 16 octobre 2019, ce sont ses propos, tenus au micro de la webcast des Nations Unies, qui révélaient un engagement de l’Etat, devant le Comité des Droits de l’Homme à Genève, à réhabiliter Karim Wade qui pourrait même faire l’objet d’une réparation de préjudices subis après son procès devant la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI).
« Nous avons répondu en disant que le Sénégal est prêt à allouer la réparation mais comme dans la décision du comité, il n’y avait pas un montant quantifié pour réparer, il fallait actionner quand même une procédure afin de pouvoir déterminer le préjudice subi, entendre la personne concernée pour pouvoir avoir une juste vision du montant de la réparation qui a été alloué », disait-il.
24 heures après que ses propos ont été relayés, c’est au tour du Ministère des Affaires étrangères de prendre son contrepied. « Contrairement aux allégations relayées par la presse en ligne, la délégation sénégalaise n’a, en aucun cas et sous quelque forme que ce soit, pris des engagements allant dans le sens d’une « réhabilitation » de Monsieur Karim Wade, ou d’une "réparation" d’un "préjudice" qu’il aurait subi », a précisé un communiqué du ministère dirigé par Amadou Bâ, balayant ainsi des informations jugées « dénuées de tout fondement et relèvent de la méconnaissance des procédures du droit sénégalais et des positions antérieurement et clairement exprimées par le Sénégal sur la question. »
Un communiqué aux allures de rectification de la sortie du Magistrat Moustapha Ka qui pourrait ainsi faire les frais de sa sortie, à moins que ses supérieurs ne décident de passer l’éponge sur cette affaire qui a certainement causé un certain malaise dans les cercles de décision, car intervenant quelques jours seulement après le rapprochement entre l’actuel et l’ancien présidents de la République, qui jusqu’à une période très récente, étaient dans une situation de grande opposition.
par Charles Faye
AUDIO
À QUEL DOCUMENT SE FIER DANS L'AFFAIRE KARIM WADE ?
Il y a eu ces derniers jours, des faits patents, pas aussi condescendants qu’on voudrait le croire. Une chose de sûre, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Sans sourciller nous avalerons la couleuvre. Nous n’avons pas le choix !
A quel document se fier sur le retour de l’affaire Karim Wade sur la place publique ? Au communiqué du ministère des Affaires étrangères précisant le contenu des échanges entre la Délégation sénégalaise et le Comité des droits de l’homme, lors de la présentation du reste très tardive, du cinquième rapport périodique sur le pacte international relatif aux droits civils et politiques ?
Ou alors au document du Comité des droits de l’homme publié sur le site web du Haut commissariat des droits de l’homme des Nations unies ! Dont le rendu des propos sénégalais laisse pantois !
Certes, le document publié sur le site de cette organisation du système des Nations unies, indique qu’il est destiné à l’information et qu’il ne constitue pas un document officiel.
Il reste tout de même les réponses de la délégation sénégalaise consignées sur papier. Et ça, ce n’est pas une vue de l’esprit, encore moins des errances des médias sénégalais !
De quoi s’agit-il, si ce n’est comme écrit, de trois recommandations, envoyées par le Comité des droits de l’homme au gouvernement du Sénégal, en octobre 2018, d’une part, et des réponses services par la délégation, lors des échanges d’autre part !
Outre le fait que la délégation ait convenu, que le Sénégal a reçu en octobre 2018, une notification de constatation comprenant trois recommandations. A savoir, la détention arbitraire de Karim Wade et donc sa libération, ensuite la réparation le concernant, et enfin, le droit à un recours effectif quant à l’examen sur le fond.
Cette même délégation, conduite par M. Samba Ndiaye Seck, Directeur de cabinet du secrétaire d’Etat auprès du Garde des sceaux, qui indique que c’est sur la base de la première recommandation relative à la libération, qu’un décret de grâce a été signé par le président de la République.
C’est toujours cette même délégation, qui fait savoir que les autorités sénégalaises sont prêtes à accorder une réparation et à cette fin, à actionner une procédure afin de déterminer le préjudice subi, et ce, non sans faire observer que depuis sa libération, Karim Wade ne s’est pas rapproché de la juridiction compétente, parce qu’il ne vit pas au Sénégal.
Et c’est encore cette délégation, concernant la troisième recommandation, qui admet qu’il y va de la nécessité pour le Sénégal de revoir et de modifier l’ensemble des juridictions, qui ne prévoient pas de recours.
C’est à cette même délégation qu’un membre du Comité des droits de l’homme a fait remarquer que « la grâce octroyée à M. Wade n’allait pas dans le sens de la constatation du Comité car elle n’annule pas la condamnation ; or, c’est sur la base de cette condamnation que M. Wade n’a pas pu se présenter à la dernière élection présidentielle ».
Je veux bien croire à un fake posté sur le site officiel d’une organisation des Nations-Unies. Je veux bien croire à une infox de la pire espèce, ourdie contre le Macky et son administration.
Mais il se trouve qu’il y a eu ces derniers jours, des faits patents, pas aussi condescendants qu’on voudrait le croire.
Mais à qui sait attendre, tout vient à point, pour dire tout ça pour ça !
Une chose de sûre, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Sans sourciller nous avalerons la couleuvre. Nous n’avons pas le choix !
Fort heureusement, nous avons Serigne Moutakha Mbacké. Le régulateur politique et social à qui nous devons bien plus que nous croyons. Merci. Merci beaucoup Serigne Mountakha !