L'immigration pose-t-elle un réel problème en France ? L'humouriste Abdel En Vrai fait une petite piqûre de rappel
LE MOURIDISME, SOURCE D'INSPIRATION SOUFIE DEVENUE TRANSNATIONALE
Le courant qui ne compte plus ses millions de disciples chez les Sénégalais ou les Africains subsahariens, s'est implanté depuis quelques années dans le cœur de certains blancs dont les ancêtres avaient pourtant persécuté Cheikh Ahmadou Bamba
Le Portugais Ahmed et l’Américain Dylan sont deux blancs mourides venus célébrer le Magal après une conversion qui date de moins de deux ans.
Habillés en « ndjaxass » (tenue multicolore portée par les Baye Fall, branche du mouridisme) et marchant presque pieds nus sous le soleil en direction de la grande mosquée après être sortis du mausolée de Abdou Lahat Mbacké, ils ne veulent nullement être distraits dans leur dévotion bien qu’ils continuent de siroter leur dose de café Touba.
Ils confient passer « bien » leur Magal et se disent « fiers » d’être musulmans, surtout Dylan qui affirme connaître « plusieurs » de ses compatriotes devenus par la suite « mourides ».
Si ces genres de pèlerins attirent le plus l’attention, leur soumission est pourtant toute naturelle selon la pensée soufiste qui est une démarche spirituelle considérée comme ésotérique au sein de l’islam et dans laquelle les fidèles cherchent à atteindre la fusion avec Dieu.
Le soufisme « c'est d’abord de l’introspection. On ne laisse aucune place à l’ego, le nafs », affirme dans Le Monde Eric Geoffroy, islamologue et spécialiste du soufisme.
Cependant, « il n'y a pas de différence entre soufisme et mouridisme », selon Ousseynou Diattara, secrétaire de la bibliothèque mouride « Daaray Kamil », située en face de la mosquée de Touba.
« Le soufi est même à l’origine du Magal. Parce que Serigne Touba a accepté les épreuves de son Seigneur pour avoir cette victoire » symbolisée par le Magal. Cet événement représente pourtant son départ en exil au Gabon, mais il avait préféré substituer la manifestation de ses souffrances par des scènes de gratitude envers Dieu avant d’appeler ses disciples de l’imiter dans ce sens.
Par ailleurs, Cheikh Ahmadou Bamba détient « la solution des maux de notre monde » à travers son modèle soufi bâti sur des « enseignements » qui prêchent « l’unité, l'amour et la non violence », estime M. Diattara.
D'ailleurs, note-t-il, une grande partie de ces enseignements (textes, témoignages, panégyriques) sont soigneusement gardés dans cette bibliothèque construite en 1977 par Serigne Abdou Lahad Mbacké » (1914 - 1989). Son objectif était de réaliser le « rêve » de son père qui voulait avoir un endroit où on retrouverait « toutes sortes de sciences utiles », au bénéfice surtout de la jeunesse.
Dans l'une des pièces du bâtiment, les écrits du Cheikh sont repris en français et en arabe et dans une translitération en wolof, à la grande curiosité des nombreux visiteurs.
Si Mandou Diaby, 19 ans, lit un panégyrique affiché ici et consacré aux jeunes, il ne comprend pas cependant le fond du texte en arabe même s'il a récité deux fois le Coran.
Ce n’est pas cependant le cas pour Abdou Dia et Mariama Sadio, deux disciples qui sont attirés par une translittération en wolof et sa traduction française portées sur la vie et l'œuvre soufies de Serigne Touba.
Par ailleurs, Ousseynou Diattara note que le Sénégal peut se satisfaire du travail « ésotérique » réalisé par ses éminents guides religieux qui ont presque tous suivi la voie du soufisme.
Cependant, poursuit-il, la seule menace pour le soufisme sénégalais serait les « forces étrangères qui veulent détruire la paix sociale » qui règne dans ce pays, malgré son état de sous développement et les conflits observés dans certains États autour de lui.
LE RÊVE AFRICAIN DE LA RUSSIE
Des diamants aux armes, du nucléaire au pétrole, la Russie a de vraies ambitions économiques en Afrique, mais doit surmonter un retard de trente ans sur un terrain occupé par les Occidentaux et la Chine
Des diamants aux armes, du nucléaire au pétrole, la Russie a de vraies ambitions économiques en Afrique, mais doit surmonter un retard de trente ans sur un terrain occupé par les Occidentaux et la Chine. Après le long coup d'arrêt dû à la chute de l'URSS, le Kremlin, qui organise les 23-24 octobre son premier «sommet Russie-Afrique» doublé d'un grand forum économique, croit venue l'heure de son retour. La conjoncture s'y prête. Après cinq ans de sanctions économiques occidentales, la Russie cherche de nouveaux partenaires et des débouchés pour conjurer sa croissance atone.
Encore qualifiée de «nain» économique en Afrique, elle y a pourtant une présence économique comparable à celle de la Turquie, un autre acteur en pleine expansion. Les échanges avec le continent s'élevaient en 2018 à 20 milliards de dollars, soit moins que la moitié de la France et dix fois moins que la Chine, mais la dynamique est positive. Ainsi les exportations russes vers l'Afrique ont doublé en trois ans, et comptent désormais pour 4% de l'ensemble de ses exportations, contre 1% il y a cinq ans.
«La Russie a un avantage compétitif»
Pour une fois, les premiers produits russes exportés ne sont pas des hydrocarbures ou des minerais, mais des céréales et, sans surprise, des armes, l'Afrique représentant 15% des ventes militaires du deuxième exportateur mondial d'armement. Mais elle se fait aussi une place dans le pétrole au Ghana ou au Nigeria, s'est bien installée dans le secteur du diamant en Angola et avance ses pions dans le nickel ailleurs.
Pour Charles Robertson, économiste principal de Renaissance Capital, «la Russie a un avantage compétitif, ses compétences dans les armes, dans les hydrocarbures, sont meilleures que celles de la Chine». Et selon lui, Moscou n'arrive pas trop tard : «L'Afrique va continuer à croître, la croissance y sera la plus rapide du monde d'ici à 2030. Le gâteau grandit». Pour le moment, les échanges sont très inégalement répartis, 80% étant destinés à l'Afrique du Nord, Algérie et Égypte en tête.
PAR Nathalie Dia
LE TÉLÉTRAVAIL, UNE FORMULE À PLÉBISCITER PAR TOUS
Aujourd’hui, il faut des précurseurs qui expérimentent des moyens d’éviter systématiquement de faire venir ses employés au bureau pour qu’ils effectuent leur travail sur place
C’est dans les années 1990 que le travail à distance, considéré comme une des réponses au problème de mobilité urbaine liée à la croissance économique et à l’extension territoriale, voit réellement le jour. Devenu une organisation du travail émergente de plus en plus utilisée outre atlantique, il tarde à se mettre en place sous nos tropiques. Pourtant, il est grand temps que les secteurs privé et public s’intéressent à la question du télétravail dans leur organisation. Il est temps que l’entreprise réorganise son mode de management et accepte que ses salariés puissent bénéficier d’une certaine autonomie avec moins de contraintes et de hiérarchie directe. Cependant, pour s’engager dans la voie du télétravail avec ses employés, il faut accepter de s’inscrire dans une relation de confiance authentique et cohérente, mue par un engagement sans faille, au service des objectifs à réaliser.
J’aimerais avant d’entrer dans le vif du sujet, revenir sur quelques points essentiels de l’idée globale que nous nous faisons de la notion de travail. La première qui me semble fondamentale se trouve être la conscience professionnelle, c’est à dire « l’application volontaire à bien faire son travail ». Avons-nous vraiment une conscience professionnelle ? A mon humble avis, la conscience professionnellen’est pas la chose la mieux partagée au Sénégal. Longtemps reconnue comme l’une des qualités fondamentales du bon salarié, la conscience professionnelle serait en passe de disparaître. Je ne dis pas que nous n’en avons plus, je dis simplement que d’autres critères, beaucoup trop nombreux et plus artificiels ceux-là, ont pris le dessus sur l’engagement du salarié et sa capacité à se conformer aux codes du milieu professionnel : le syndrome du « petit chef », la compétition, la félonie, l’injustice, le népotisme, les courbettes bref toutes ces anomalies qui rendent l’ambiance de travail délétère.
Le deuxième point, qui me semble tout aussi important est la communication au sein de l’entreprise qui demeure encore aujourd’hui le parent pauvre de l’entreprise. La problématique de l’information liée au pouvoir est très prégnante chez nous parce ce que tout simplement nous sommes adeptes de la rétention d’information. On rechigne à partager son savoir, on aime à faire cavalier seul juste pour récolter les lauriers du chef, on a aucune notion du travail d’équipe…
Quant à l’information, elle est traitée de manière partielle, si elle n’est pas totalement occultée. Le rôle du collègue ou du collaborateur dans la performance de l’organisation est souvent vu sous un angle réducteur, qui tend à négliger le facteur humain. Malheureusement, communiquer peu ou passer en mode « zéro transparence », n’est pas très viable à long terme.
Le troisième point, sans quoi le télétravail ne peut être applicable demeure la délégation : on ne sait pas déléguer. Soit le travail n’est pas structuré pour être « déléguable », soit c’est parce qu’on souhaite que le mérite nous revienne, soit c’est parce qu’on se croit indispensable. Dans tous les cas de figure, c’est très dommage d’être organiser de la sorte car, savoir déléguer c’est maitriser l’art de l’organisation.
Aujourd’hui, il faut des précurseurs qui expérimentent des moyens d’éviter systématiquement de faire venir ses employés au bureau pour qu’ils effectuent leur travail sur place. Comment changer ça ? Et bien cela pourrait tout simplement commencer par cette nouvelle façon de travailler qui consiste à relocaliser son bureau à la maison. Il existe de nombreuses raisons de l’adopter.
Avantages pour le collaborateur
Le premier avantage pour le collaborateur est qu’il aura plus de temps disponible. Un travailleur peut mettre en moyenne 120 minutes aller-retour coincé dans les embouteillages pour faire le trajet domicile-travail. Rester travailler chez lui au lieu d'utiliser sa voiture ou de prendre le bus pour se rendre au bureau permet en plus de lutter contre la pollution liée aux aller-retour domicile-travail. Pour rappel, la voiture est celle qui émet le plus d’émissions de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, l’enjeu c’est de conduire moins pour polluer moins !
Personnellement, je ne conseillerais pas de travailler 5 jours par semaine à domicile ; 2 à 3 jours de travail à domicile par semaine me semblent largement suffisant, ceci, afin de réduire les temps de transport et par ricochet les frais liés au transport.
Avantages pour l’entreprise
L’entreprise devrait en principe connaître moins d’absentéisme ou de retard. En effet, si les temps de transport sont supprimés, les retards liés aux embouteillages disparaîtront. Il en sera de même pour l’absentéisme.
L’entreprise fera ainsi des économies non négligeables sur la consommation d’eau, d’électricité, mais également sur le loyer pour ce qui concernent ses services centraux et décentralisés. D’ailleurs plus on favorise le télétravail moins on a de m2 à gérer.
Laisser à ses employés le choix du télétravail, c'est possible grâce à l’évolution des nouvelles techniques de l’information et de la communication. Ces outils d’information et de communication permettent au télétravailleur de rester connecté à l'entreprise et de participer en temps réel aux projets en cours de la même façon que s'il travaillait au sein de l'entreprise.
Les outils de travail partagé
Ils permettent à plusieurs personnes de travailler à distance sur un même document de travail. L'avantage : les modifications effectuées n'effacent pas les versions précédentes. L'inconvénient : les collaborateurs ne peuvent intervenir au même moment sur le même document, ils interviennent l'un à la suite de l'autre.
Les outils d'accès aux informations
Ces outils permettent aux télétravailleurs d'accéder rapidement à tous les documents et informations déjà existants au sein de l'entreprise.
Les outils de coordination
Ces outils de gestion des tâches facilitent le suivi des projets et permettent d'organiser les interactions entre contributeurs et entre télétravailleurs et personnes chargées de la validation.
Les réseaux sociaux ou internes d’entreprise
Fonctionnant sur le même principe que les réseaux sociaux professionnels ou grand public, les réseaux sociaux d’entreprise facilitent le partage d’informations et la communication au sein de l’entreprise, ou dans un groupe de travail.
Avantages pour l’environnement
De fortes réductions d’émission de CO2 sont à prévoir avec la réduction des transports liée au télétravail. Réduire les espaces de bureaux et les besoins en climatisation permet de limiter considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Au moment où le réchauffement climatique, se trouve au cœur de toutes les grandes rencontres et discussions internationales, l’impact environnemental serait considérable.
Un leadership tournant qui crée de la fluidité et favorise les initiatives peut être perçu comme un gage de réussite aussi bien pour les employés que pour l’employeur qui s’engage sur l’asphalte du télétravail. S’il est rationnellement élaboré en amont, tant par les chefs de service que par les collaborateurs qui acceptent de travailler à distance, en aval ce mode d’organisation permettra de faire amende honorable avec l’environnement et offrira la seule chose qui semble essentielle aujourd’hui pour tous : une meilleure qualité de vie.
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
L'ÉMOTION DE PIERRE SANÉ QUANT AU SORT DES TALIBÉS
C'est une saine émotion qui nous transporte quand l'ancien secrétaire général d'Amnesty international s'indigne du silence de l'État face à la situation de ces milliers d'enfants errant dans la rue et exposés aux pires sévices
Abdoulaye Cissé, aborde dans la deuxième partie de sa chronique du lundi dernier, l'intervention de Pierre Sané sur le plateau de la dernière émission de Sans Détour, concernant le drame de la mendicité des enfants. L'ancien secrétaire général d'Amnesty Internal s'est notamment indigné de l'inaction des autorités sur le sujet.
Ancien chef de la rébellion ivoirienne, Guillaume Soro, qui a déclaré vendredi sur les ondes sa candidature à l'élection présidentielle de 2020, se veut désormais un homme politique responsable et moderne
"Je suis très heureux de ne pas avoir d'armes, d'être dans l'arène politique et de me battre en tant qu'homme politique", a affirmé M. Soro, lors d'un entretien à la radio RFI et la chaîne France 24.
"J'ai 47 ans, j'ai décidé de prendre mon destin en main", a lancé ce chrétien natif de Ferkessedougou (nord).
Par le passé, son destin a été lié aux armes.Ancien leader charismatique du bouillant syndicat étudiant Fesci (Fedération estudiantine et scolaire de Côte d'ivoire), "GKS", qui garde de cette époque une rhétorique de gauche, a montré sa capacité à faire parler la poudre.
Il a dirigé la rébellion des Forces nouvelles qui contrôlaient le Nord ivoirien après l'échec du coup d'Etat contre le président d'alors, Laurent Gbagbo en 2002.
Homme d'action très populaire à cette époque, on l'accuse d'être à l'origine de la mort de son rival, Ibrahim Coulibaly, dit "IB", en 2011.Accusation qu'il a toujours niée.
- GPS et Premier Gaou -
Leader de la rébellion, Soro est devenu Premier ministre de Gbagbo en 2007 grâce aux accords de paix.Mais c'est le même Soro, soutien d'Alassane Ouattara lors de la présidentielle de 2010, qui avec ses Forces républicaines (FRCI, ex-FN), mettra fin à la crise post-électorale (3.000 morts) en portant le dernier coup à Laurent Gbagbo qui s'accrochait au pouvoir.
Premier ministre de M. Ouattara jusqu'en 2012, il devient ensuite président de l'Assemblée nationale, poste qu'il ne quittera qu'en janvier 2019 en claquant la porte du parti au pouvoir."Je rends le tabouret pour aller chercher le fauteuil", avait-il lancé dans une métaphore limpide.
"Aucun homme de sa génération dans toute l'Afrique ne peut se prévaloir d'un parcours comparable", écrit Franklin Nyamsi dans sa biographie en forme d'hagiographie, "Phénoménal Guillaume Soro".
Pendant son passage à l'Assemblée, M. Soro, qui a dû surfer entre plusieurs écueils judiciaires (mandat d'arrêt burkinabè pour une possible implication dans le putsch de 2015, découverte d'une cache d’armes chez son chef de protocole) s'est attaché à changer son image: de guerrier à celle d'homme politique responsable.
En même temps, il s'est construit un carnet d'adresses au plan diplomatique et s'est assuré de soutiens financiers.Selon des proches, il a assez de soutiens pour faire campagne.
Sans doute dans l'optique de la présidentielle, ces derniers mois, il fait son chemin de Canossa en demandant pardon à son ancien ennemi, Laurent Gbagbo, et en rencontrant longuement l'ex-président Henri Konan Bédié, qu'il a longtemps honni.
Il est aujourd'hui l'homme politique ivoirien le plus présent sur les réseaux sociaux avec deux millions d'abonnés sur Facebook (réseau le plus utilisé en Côte d'Ivoire) ou 700.000 followers sur Twitter, 200.000 de plus que Ouattara.
Des chiffres "gonflés", selon certains observateurs, qui notent que Soro s'est entouré d'une équipe d'informaticiens.
Son nouveau mouvement politique GPS (Générations et peuples solidaires) prétend avoir enregistré 7.000 adhésions en ligne en quelques jours à peine.
Sa manière de faire campagne est originale avec ses "crush party", réunions de militants calquées sur les fêtes dans les universités américaines.
Mais, M. Soro a gardé la verve et l'assurance en public de ses années de la Fesci, pouvant monter au pied levé sur scène à l'invitation du groupe Magic System pour chanter le tube "Premier Gaou" devant des milliers de spectateurs.
"C'est vrai, il plaît beaucoup aux jeunes qui sont la majorité de la population, mais la plupart ne votent pas.En plus, une partie des gens du Sud ne lui pardonneront jamais la rébellion du Nord.Et pour couronner le tout, il n'a pas de parti.En Côte d'Ivoire, les gens votent selon les indications du chef de village, par ethnie...Sans l'appui d'un des trois grands partis, il ne pourra pas transformer sa popularité en voix.Il n'a aucune chance", analyse un observateur avisé de la politique.
"Quand (Emmanuel) Macron lançait +En marche+, toute la classe politique était unanime (pour dire) qu'il ne serait jamais président", répond Guillaume Soro, disant ne pas vouloir être "le Macron ivoirien" mais "le Guillaume Soro de Côte d'Ivoire, élu président".
AU MALI EN GUERRE, UN PRÉSIDENT DANS LA TOURMENTE
Ibrahim Boubacar Keïta connaît des temps difficiles et, s'il reste déterminé à redresser le pays, ne paraît plus disposer de beaucoup d'atouts dans son jeu
Depuis 2012, le Mali a été la proie d'insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et de violences intercommunautaires qui ont fait des centaines de morts, combattants et civils, et épuisé ce vaste pays et ses 19 millions d'habitants. Le gouvernement vient d'y prolonger l'état d'urgence.
Même dans un tel contexte, une double attaque jihadiste à Boulkessy et Mondoro (centre) début octobre a marqué les esprits et posé plus crûment qu'avant encore la question de la gouvernance et de l'absence d'issue au conflit.
Au moins 40 soldats ont été tués dans la défaite la plus lourde essuyée par l'armée gouvernementale depuis des années, bilan officiel suspecté d'être sous-évalué.
Depuis, des femmes de militaires des bataillons concernés ont battu le pavé, à Bamako et Sévaré (centre), contribuant à réveiller le souvenir du putsch militaire de 2012.
"Quand des femmes de militaires demandent à leurs maris de ne pas aller au front parce qu'ils sont sous-équipés, qu'on évoque dans l'armée des problèmes de corruption, ne peut-on pas se poser des questions ?", s'interroge un diplomate africain à Bamako.
"Aucun coup d'Etat ne prévaudra au Mali", a répondu le président, alias "IBK", élu en août 2013 et réélu l'an dernier.
- Alarmant "paradoxe" -
Mais il y a un "ras-le-bol généralisé des Maliens", estime Nouhoum Sarr, opposant et chef du parti Front africain pour le développement (FAD)."Le devoir de vérité est une exigence et le gouvernement n'arrive pas à communiquer sur ce qui s'est vraiment passé" à Boulkessy.
Le pouvoir se veut rassurant et prêche l'unité nationale derrière son armée.Mais le président malien a reconnu lui-même que "nos moyens deviennent limités" et que "ce qui s'est passé à Boulkessy pourrait malheureusement survenir encore".
Le pouvoir "semble à court de solutions face aux attaques", pense un diplomate occidental.Les faibles moyens de l'armée et le peu d'emprise de l'Etat sur le territoire renforcent ce sentiment, selon lui.
En outre, les Maliens manifestent contre la présence des forces française et onusienne.Une cinquantaine de conteneurs de l'ONU ont été pillés la semaine passée.
Il y a une "fatigue et une impatience des acteurs nationaux comme internationaux", estime Ibrahim Maïga, chercheur à l'Institut d'études et de sécurité (ISS).Il note un "paradoxe": "Il y a de plus en plus de moyens alloués au Mali, mais en même temps de plus en plus de violences".
La grogne est aussi sociale.En août et septembre, les Maliens ont barré les routes.Le moindre déplacement sur un réseau défoncé, à la merci des intempéries, des brigands et des jihadistes, est une épreuve qui catalyse le ressentiment contre un Etat défaillant.
L'insécurité grandissante, conjuguée à l'incertitude politique, à l'avancée du désert et aux inondations de la saison des pluies, a encore aggravé les maux de ce pays pauvre et semi-aride.
- Viser vite et juste -
Reste-t-il beaucoup de cartes au président malien?"Aux yeux de beaucoup, le président n'a plus la poigne qu'on lui connaissait avant son arrivée au pouvoir", pense Moustapha Diallo, professeur de sociologie à l'université de Bamako.
Le pouvoir met en avant le processus en cours de désarmement et d'intégration d'anciens rebelles dans l'armée nationale.
Il invoque ses projets de développement économique.Accompagnant l'effort militaire, il a lancé un dialogue national, censé ramener les Maliens autour de la table et établir une feuille de route inclusive.
Mais une partie de l'opposition a décliné l'invitation.Et le président a fâché certains des groupes armés signataires de l'accord de paix d'Alger de 2015 en ouvrant la porte à une rediscussion de certains termes de cet accord.
"Si on veut que tout le monde participe, il faut clairement dessiner un programme de gouvernement et de gestion pour sortir de la crise", plaide Ousmane Diakité, de l'Union pour la république et la démocratie (URD), parti du principal challenger d'IBK à la dernière présidentielle, Soumaila Cissé, qui a refusé de participer au dialogue.
"LE PRÉSIDENT NE PEUT PAS NOUS IMPOSER MOUSSA SY POUR LA MAIRIE"
Mamadou Aladji Ly, coordonnateur des cadres de l’Apr aux Parcelles Assainies, avertit qu’il n’appartient pas au chef de l'État de leur imposer un maire et promet que lui et ses camarades s’y opposeront
Moussa Sy serait le choix de Président Macky Sall pour diriger la mairie des Parcelles Assainies aux prochaines Locales. C’est la conviction de Mamadou Aladji Ly qui dit avoir appris que c’était la condition pour le ralliement du maire à la veille de la Présidentielle. Le coordonnateur des cadres de l’Apr dans la commune avertit qu’il n’appartient pas au leader de l’Apr de leur imposer un maire et promet que lui et ses camarades s’y opposeront.
Que pensez-vous des retrouvailles entre Wade et Macky et la libération de Khalifa Sall ?
Pour les retrouvailles, si c’est pour décrisper l’atmosphère politique, je pense que c’est une chose importante qui va impacter aussi l’économie du pays. C’est un acte qui est venu à son heure parce que souhaité par nombre de Sénégalais. Sous ce rapport, la médiation du khalife général des Mourides lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinane est à saluer. De façon générale, ces retrouvailles et la libération de Khalifa Sall permettent de décrisper l’atmosphère politique et même d’élargir le champ du dialogue national. C’est l’occasion de repartir sur de nouvelles bases, de nouvelles perspectives, avec une nouvelle reconfiguration de la coalition présidentielle qui va accompagner le président de la République jusqu’au terme de son mandat.
Que dire de la succession du Président Macky Sall agitée sur tous les toits ces temps-ci ?
Je sais que c’est une question très difficile à répondre d’autant plus que ce qui nous préoccupe, c’est de profiter de ce second mandat pour davantage répondre aux préoccupations des Sénégalais. C’est là où les Sénégalais nous attendent et non sur des questions de succession. Certains responsables agitent ce débat pour nous divertir. Donc ce qui est important et urgent, c’est de faire en sorte que les cinq initiatives du programme du Président Macky Sall, Liggeyeul euleuk, soit mises en œuvre.
Qui a le meilleur profil au sein de la mouvance présidentielle pour remplacer Macky Sall à la tête de l’Etat ?
Celui qui incarnerait le meilleur profil pour succéder au Président Macky Sall sera désigné par le Peuple. Au sein de notre parti, le débat n’est pas encore posé. Je sais que le Président est assez outillé pour désigner son successeur. Mais le moment venu, le débat va se poser. En tant que républicain et démocrate, on pourra trouver le meilleur profil pour continuer l’œuvre de Macky Sall qui va continuer son Plan Sénégal émergent. L’Apr est un parti très particulier parce que n’étant pas structuré. A un moment donné, le schéma fonctionnait, mais aujourd’hui tout le monde se décrète responsable, comme si on est dans une armée mexicaine. Cela pose problème et démobilise le parti.
Votre parti semble être frappé par une certaine léthargie au sein de votre commune. Votre leader Amadou Ba n’est plus fréquent aux Parcelles Assainies depuis la dernière Présidentielle de 2019…
Oui, c’est une situation réelle. Et c’est vrai aussi que depuis l’élection présidentielle, sa fréquence aux Parcelles Assainies a un peu diminué. C’est peut-être dû à ces nouvelles responsabilités de ministre des Affaires étrangères. On l’avait déjà pressenti parce que quand on est ministre des Affaires étrangères, on voyage beaucoup. Aujourd’hui, les militants sont orphelins de leur leader. Ça, c’est la réalité politique. Il y a des responsables comme nous qui essaient de pallier cette absence. C’est Amadou Ba que les militants avaient l’habitude de voir. Pour parler franchement, le parti ne fonctionne pas au niveau des Parcelles Assainies. Si Amadou est absent, qui doit continuer le travail ? Le maire, Moussa Sy, était venu prêter main forte à la mouvance présidentielle lors de la dernière Présidentielle. Seulement, lui-même n’est pas en mesure de convoquer des réunions. C’est un véritable problème dans la commune des Parcelles Assainies. Il n’y a plus d’animation politique. Et l’autre problème, c’est que les responsables qui sont dans le Secrétariat exécutif national ne font pas la restitution au niveau de leur base.
Comment entrevoyez-vous les prochaines élections locales aux Parcelles Assainies ?
Le Président veut reconduire Moussa Sy comme maire. Il paraît que c’est cela qu’ils ont négocié. Si c’est le cas, cela ne nous engage pas. Je pense qu’il appartient aux Parcellois de choisir leur maire. Ce n’est pas au Président de nous imposer un maire. Moussa Sy a fait presque trois mandats. Lorsque Mbaye Ndiaye a été révoqué, il a continué son mandat. Ensuite, il est venu et a fait deux mandats successifs. J’avoue que je n’ai pas vu une réalisation digne de ce nom, faite par le maire des Parcelles Assainies. Le stade était son projet, mais il n’a pas pu le terminer. Les pavages, c’est le projet de Promovilles.
A vous entendre, vous donnez l’impression de vouloir être candidat à la mairie des Parcelles Assainies…
Non, c’est prématuré de dire que je serai candidat. Je suis quand même un légaliste, un républicain. Je travaille toujours dans un esprit collégial. Donc, c’est le collège, c’est les responsables qui vont s’entendre, qui vont désigner le meilleur profil qui va conduire les destinées. Depuis 2008, on est là. Il est temps que le maire soit apériste et Dieu sait que l’Apr ne manque pas de profil. On est en train de mettre cette stratégie qui va nous mener vers cette équipe gagnante.
KARIM, L’EXILÉ OMNIPRÉSENT
Les nombreux départs du Pds, les retrouvailles entre son père et Macky et puis cette semaine avec le Comité des droits de l’Homme… Karim est loin du Sénégal, mais son nom revient dans presque tous les dossiers et intrigues politiques
Les nombreux départs du Pds, les retrouvailles entre son père et Macky Sall, et puis cette semaine avec le Comité des droits de l’Homme et ses développements… Karim est loin du Sénégal, mais son nom revient dans presque tous les dossiers et intrigues politiques. Le fils de Abdoulaye Wade a toujours été un acteur… passif du jeu politique.
Il a, on dirait, ce don d’ubiquité dicté par son statut de fils d’ancien Président. Il s’invite – ou est invité – dans les débats, même quand on veut l’éviter. Il est au Qatar, mais il est aussi présent au Sénégal. Quand son père agit, c’est lui. Quand Wade «tue» petit à petit «ses» autres enfants, c’est pour promouvoir le «gosse». Absent des listes électorales, mais présent dans les nouvelles dispositions qui le rendent non électeur et inéligible. A la veille de la Présidentielle, il était le seul candidat absent du territoire, mais le plus présent. Dans l’attente de la validation des candidatures, les yeux étaient plus braqués sur son dossier. Et sur celui de Khalifa Sall. Quand son pater rentrait de Versailles à la veille de la Présidentielle, on a même cru un temps qu’il serait dans les valises au point que la contrainte par corps lui avait été rappelée. Depuis 2015, année de son élargissement, il est finalement l’exilé parmi nous.
Quand le Pds ne participe pas au dialogue, c’est qu’il l’a voulu ainsi. Et lorsque le père retrouve Macky Sall à Massalikoul Jinane, il «rôde» autour des tractations. Quand Wade retourne au Palais pour s’accorder avec son hôte sur le processus électoral, le statut du chef de l’opposition ou la gestion des ressources naturelles, le fils n’est pas dans le communiqué, mais reste très présent dans les esprits. Quand le Sénégal se réunit au Comité des droits de l’Homme de l’Onu, c’est bien évidemment parce qu’il est question de lui et de la violation – supposée ou réelle – de ses droits. Il y a comme une ombre de Doha qui se répand partout. Quand il y a problème de communication au sommet de l’Etat, c’est parce qu’il était le sujet gênant et perturbant.
C’est qu’il a (toujours) été cet élément «invisible à l’œil nu». Au pouvoir, il était derrière toutes – ou presque – les décisions les plus impopulaires. Dans l’ombre du père-Président, il était ce «dieu» du ciel, de la terre… Dans le ticket présidentiel déchiré le 23 juin 2011, il y avait son ombre de vice-Président. Et d’ailleurs, quelques jours plus tard, il disait dans sa fameuse lettre ouverte aux Sénégalais : «Qu’on perde un marché public, une position, une faveur, un privilège, un titre, une fonction, aussitôt l’on me rend responsable. Qu’un ministre soit limogé, il prétend que son départ est la conséquence immédiate de son refus d’un prétendu projet de dévolution monarchique du pouvoir. Lorsqu’il pleut un peu trop à Dakar, je suis indexé. Lorsque le vent emporte le toit d’une maison à Pikine, je suis pointé du doigt. Lorsqu’un train déraille à Thiès, j’y suis pour quelque chose. Lorsqu’un accident survient sur la route, je suis vilipendé.» 8 ans après, ses mots restent actuels.
«L’ÉTAT A PEUR DE METTRE DE L’ORDRE MÊME QUAND L’EXERCICE DE NOTRE FOI DÉRANGE…»
Selon M. Thierno Talla, pour laïque que soit la République, chacun peut exprimer librement sa foi, sans pour autant déranger son voisin. C’est un gage de coexistence pacifique.
Pour laïque que soit la République, chacun peut exprimer librement sa foi, sans pour autant déranger son voisin. C’est un gage de coexistence pacifique. Toutefois, il semble de plus en plus difficile au Sénégal que cette attention soit accordée à l’autre : des églises qui font de l’ambiance non-stop dans la nuit profonde, des appels multiples à la prière bien plus tôt que nécessaire. Beaucoup de Sénégalais souffrent, stoïques de cette situation, craignant le qu’en dira-t-on, ils n’osent pas l’extérioriser. Ces situations mettent à mal la cohabitation pacifique et fragilisent le vivre ensemble. En marge du lancement des «Rendez-vous sur l’île de Ngor», récemment, SeneNews a recueilli le témoignage de M. Thierno Talla. Musulman, il prie au moins 6 jours sur 7 à la mosquée et a longtemps été affecté cette problématique. A Sacré-Cœur3, il a souffert des appels multiples et s’en est ouvert à l’imam, son ami. Après avoir déménagé aux Mamelles, une église lui fait «porter une croix» contre sa volonté. Perplexe, il refuse toutefois de faire intervenir la police ou la gendarmerie contre les accès de bruit de l’église. Il a recours au dialogue dont l’efficacité reste à prouver. Thierno Talla rappelle que toutes les religions recommandent le respect de l’autre. Entretien.
Thierno Talla, vous avez évoqué lors du panel sur «le vivre ensemble », quelques situations qui menacent la coexistence pacifique dans l’exercice de notre foi aussi bien chez les chrétiens que les musulmans. Faut-il revoir la manière dont sont faits les appels à la prière ?
En visitant des pays non majoritairement musulmans, on a la réponse. Vous allez à Los Angeles (USA) ou à Mante-La Jolie (France) toutes les croyances y sont pratiquées. Mais on ne perturbe pas. Il y a beaucoup de musulmans à Mantes-La-Jolie qui vont prier le vendredi à la mosquée, il n’y a pas d’appel à la prière. Il n’y a pas de bruit. Les autres jours c’est pareil et pourtant il y a des mosquées. A Los Angeles, dans l’État le plus riche des États-Unis, il y a aussi des mosquées, (moi j’ai prié dans une mosquée là-bas), à Cincinnati (Ndlr : dans l’Ohio) pareil. Mais les gens sont mieux organisés. Pourquoi nous qui sommes majoritairement musulmans avec tout ce que le coran dit, ce que le bon Dieu dit, on continue à perturber les autres. J’ai visité de grands pays musulmans sans pourtant voir ce qu’on observe chez nous. -Je mets l’Arabie Saoudite de côté parce que là-bas les gens y vont pour le pèlerinage, ils y vont pour prier plus que chez eux-. Mais vous allez en Égypte, en Turquie, au Maroc c’est différent de ce qui se fait chez nous. J’ai fait un mois en Égypte. Là-bas, c’est une fois qu’on appelle à la prière de l’aube, 15 mn avant. Après les gens se rassemblent pour prier. Mais ici au Sénégal vous voyez, j’ai même peur de poser ce problème-là parce que je les gens risquent de me taxer de mécréant et tout. Et pourtant comme je l’ai dit, je vais six fois sur sept (6/7) à la mosquée pour prier par semaine. Je préfère prier à la mosquée pour me socialiser davantage et mieux prier parce que c’est la maison de Dieu, c’est là où je suis plus concentré. On a 25 fois plus de bienfaits en priant à la mosquée que quand on prie seul.
Le problème le volume du haut-parleur qui est surtout trop fort la multiplication du nombre d’appels…
Oui moi j’ai habité deux quartiers ici à Dakar. J’ai d’abord eu une maison à Sacré-Cœur 3 où j’ai fait 13 ans. J’ai dit au muezzin qui est un ami par ailleurs, – Daouda, nous sommes les mêmes à venir prier ici depuis 13 ans. Il y a des gens qui habitent à un mètre de la mosquée qu’on n’a jamais vus venir prier à l’aube. D’autres habitent à un kilomètre et ils viennent. Donc tu n’as pas besoin de nous appeler parce que nous avons nos portables, c’est dans nos esprits. C’est ancré maintenant. Et on habite avec des chrétiens. Comme je l’ai dit il y a une femme chrétienne qui s’est plainte. Elle a écrit à l’imam en disant moi j’ai des enfants en bas âge qui ne sont pas musulmans. Quand on appelle à la prière, ils sursautent, ils ont peur. La situation n’a pas changé. Elle a été obligée de déménager. Or la Cité de Médine celle qui a accueilli le prophète et ses compagnons les mouhadjrines, les secoureurs qui sont venus au secours des émigrés, c’était l’exemple type de la cohabitation entre les musulmans, les juifs et les chrétiens sans nuire à l’autre. C’est l’exemple-là qu’il faut reproduire chez nous et vivre comme les autres pays musulmans. Pare qu’il y a des gens qui ont peut-être travaillé jusqu’à deux heures du matin qui ont besoin de dormir ou d’autres qui ont besoin de se réveiller à telle autre heure, je ne sais pas.
Vous dites surtout que l’appel intervient un peu plus tôt et les appels se multiplient à intervalle régulier…
Beaucoup plus tôt ! Si je l’exemple de ce samedi, on est aujourd’hui le 05 octobre. Moi je suis allé à la mosquée à 6h du matin, à 5heures moins, j’étais déjà réveillé. Mais à 5 heures, c’était le premier appel. Le gars il appelle à la prière pendant 3 minutes, il s’arrête, il y a un autre qui prend le relais dans une autre mosquée. -Parce qu’il y a beaucoup de mosquées, c’est une bonne chose- et puis 5h05 tout s’arrête. 10mn après à 5h15, ça reprend, c’est le deuxième appel. Une autre mosquée prend et ça s’arrête. Et 30 mn après, c’est à dire à 5h45 on dit : – levez-vous parce que la prière est meilleure que le sommeil. Donc à 15mn de la prière ça suffit. On peut se préparer et celui qui va à la mosquée on n’a pas besoin de le tympaniser, si vous me permettez l’expression.
Ça c’est pour ce qui est des mosquées qui n’ont pas le monopole de ce que vous décrivez. Qu’en est-il des églises ?
Oui, ce dont je parle c’était à Sacré-Cœur 3 où je vivais. J’habite maintenant aux Mamelles, à Ouakam où la villa de mon voisin immédiat a été transformée en église. Ils l’appellent « Le panier de la miséricorde». Au début c’était normal parce qu’il ne le faisait que samedi et dimanche matin. C’est n’est pas grave. Tout le monde est réveillé ou presque. Ensuite, ils ont commencé à faire vendredi soir, de la musique. Quand ils s’échauffent, ils mettent de la musique à fond jusqu’à 2h, 3h du matin. C’est comme s’ils jouaient dans ma chambre. Je suis allé rencontrer le responsable. Je lui ai dit – Moi je suis en train de dormir, je dois me réveiller à 6h du matin et vous mettez la musique est à fond. S’il vous plait essayez de diminuer le volume. Ils ont cessé. La deuxième, fois même chose. Je leur ai dit je ne veux pas faire appel à la police ou à la gendarmerie, nous sommes tous des croyants. De grâce diminuez le volume. Ils se sont calmés pendant un certain moment. Mais là ils ont repris un peu à peu. C’est un problème. On peut pratiquer sa foi sans déranger les gens.
Finalement que faut-il envisager comme solution ?
C’est tout simplement qu’il faut revenir à ce que dit la religion. On n’a pas besoin d’appeler les gens 3 ou 4 fois. Le bon musulman, on ne doit même pas le réveiller. Parce qu’avec les portables aujourd’hui vous pouvez régler votre heure. Le réveil est là. Lorsque j’étais à SacréCoeur3, le dimanche c’était le meilleur jour parce que j’entendais la cloche de l’église catholique sonner 3 fois. C’était bien. On est donc là au cœur des facteurs qui mettent à mal le vivre ensemble au Sénégal… C’est cela. C’est le cas notamment des chants religieux qui se déroulent de la nuit du jeudi au vendredi. Pourquoi on obligé de se faire entendre par les autres ? Moi je suis tidiane, même la «wasifa», après la prière de 17h c’est obligatoire. Mais ceux qui le font peuvent le faire entre eux !
Pensez-vous que l’état doit intervenir ?
Oui mais l’État a peur d’intervenir, le ministère du Culte. 6 fois par semaine, je vais prier à la mosquée. Mais si je le dis, on va me taxer de mécréant ou de franc-maçon. Alors qu’est-ce qu’on fait, on laisse les choses en l’état ? Il faut qu’on en arrive débattre sereinement de la question pour voir quelle solution.