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17 juillet 2025
par Sidy Diop
LE NOUVEAU MAÎTRE !
Ironie de l’histoire, au crépuscule de sa carrière politique, Wade a trouvé un nouveau maître aux recettes bien plus efficaces que les siennes : Macky Sall
Me Abdoulaye Wade a été reçu avec les honneurs au Palais de la République par le Président Macky Sall. La rencontre a été ponctuée par un communiqué conjoint qui nous a généreusement fait le point sur ce qui n’a pas été dit au cours de l’entrevue. Pensez donc. A son âge, Me Wade n’a que faire du statut de chef de l’opposition. Encore moins des promesses pétrolières et gazières de notre pays. Il a sûrement parlé avec son hôte d’un sujet qui ne se couche pas sur un communiqué de presse. A-t-il reçu des assurances ? En tout cas, le dialogue politique, naguère voué aux gémonies par les armées sopistes, a subitement pris du sens à leurs yeux.
Belle victoire pour Macky Sall. Idrissa Seck a perdu la présidentielle de 2007 et entaché durablement sa carrière politique pour avoir répondu à l’invitation de Me Wade au Palais. Le « Pape du Sopi» disait alors ceci : «Je lui ai tout appris sauf la recette qui l’a terrassé.» Ironie de l’histoire, au crépuscule de sa carrière politique, Wade a trouvé un nouveau maître aux recettes bien plus efficaces que les siennes : Macky Sall.
par Achille Mbembe
COMMENT SONT NÉS LES ATELIERS DE LA PENSÉE
L'Europe ne constituait plus le centre de gravité du monde - Il était important pour nous que Dakar, notre capitale intellectuelle et artistique à tous par-delà nos nationalités, porte quelque part le nom de cette initiative, à la manière d'une promesse
La troisième session des Ateliers ouvre bientôt ses portes à Dakar. Ce sera le 30 octobre prochain. Nous nous attendons à une magnifique fête de l'esprit. Vous y êtes toutes et tous invité.e.s.
Beaucoup posent la question de savoir dans quelles circonstances sont nés les Ateliers de la pensée.
Je connaissais les travaux de Felwine et il connaissait les miens. Il m'avait d'ailleurs invité à Saint-Louis à l'époque ou il y enseignait. Nous avions parcouru, à deux reprises, dans sa voiture, la distance qui sépare Dakar de cette ville aux portes de la Mauritanie. Et nous avions mis à profit ce précieux moment pour échanger.
Des années plus tard, je suis frappé par le fait que cette longue conversation fut, en réalité, un long examen de "la situation intellectuelle" de notre Continent.
Un ou deux ans plus tard, nous publiames chacun un ouvrage - lui, AFROTOPIA et moi, POLITIQUES DE L'INIMITIÉ. Considérations à première vue à l'opposé les unes des autres ? C'était sans compter avec le fait que quelques années auparavant, j'avais commis SORTIR DE LA GRANDE NUIT et m'étais essayé à ce que j'appelais l'afropolitanisme.
Une fondation allemande - bien au fait de l'évidente complicité - eut l'excellente idée d'organiser un dialogue autour de ces deux textes. Nous nous consultames et, très vite, nous fimes le même constat. Un dialogue entre nous autour de nos deux livres serait sans doute intéressant. Mais il fallait aller plus loin.
Les défis étaient énormes, auxquels faisaient face l'Afrique et ses diasporas. Dans presque tous les domaines de la vie publique, artistique et du savoir, des individualités faisaient l'expérience de succès personnels sur les scenes internationales. Il fallait cependant faire corps si, véritablement, nous voulions avoir une voix.
Pourquoi ne pas mettre en place une plateforme indépendante qui réunirait à intervalles réguliers la plupart d'entre nous et nous permettrait de frayer de nouveaux chemins pour la pensée ? Les temps n'étaient-ils pas propices ? L'Europe ne constituait plus le centre de gravité du monde. L'heure de la refutation et de l'apologie était terminée. S'ouvrait une nouvelle ère, celle de l'affirmation. D'autres géographies de la pensée critique s'esquissaient à l'échelle planétaire. Sans nous, le monde ne pouvait guère être monde. Pourquoi ne pas assumer ouvertement nos responsabilités ?
Très vite, nous trouvames un nom - les Ateliers de la pensée de Dakar. Il était important pour nous que Dakar, notre capitale intellectuelle et artistique à toutes et a tous par-delà nos nationalités, porte quelque part le nom de cette initiative, à la manière d'une promesse.
Nous convoquames les unes et les autres et la réponse fut unanime. Depuis lors, nous avançons. La tête haute.
A très vite donc, pour le prochain tour à Dakar.
par Charles Faye
AFFAIRE KARIM WADE, AVONS-NOUS ÉTÉ DUPÉS ?
La lumière se fait sur les véritables raisons des retrouvailles entre Macky et Wade, si l’on en croit les récents échanges entre le Sénégal et le Comité des droits de l’homme, lors de l’examen du Pacte international relatif aux droits civils et politiques
La lumière se fait peut-être sur les véritables raisons des retrouvailles entre le Président Macky Sall et son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, si l’on s’en tient à une partie de la teneur des échanges, les 14 et 15 octobre à Genève au Haut Commissariat des droits de l’homme (HCDH) des Nations-Unies, entre la Délégation sénégalaise conduite par M. Samba Ndiaye Seck, Directeur de cabinet du Secrétaire d’État auprès du Gardes des sceaux, ministre de la justice, chargé de la Promotion des droits humains et de la bonne gouvernance, et le Comité des droits de l’homme, en présence de Mme Fatou Gaye , ministre-conseillère à la Mission permanente du Sénégal auprès des Nations Unies à Genève, à l’occasion de l’examen du rapport soumis par le Sénégal au tire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Et s’il y avait eu des manoeuvres avec au bout du fil des Sénégalais et pas des moindres menés en bateau ! La question se pose quand on sait que le Sénégal savait très bien à quels termes d’échange s’attendre de cette rencontre qui tourneraient autour de questions dans l’attente de réponses appropriées, dont des recommandations relatives à M. Karim Wade et datant de 2018
Et pour cause, la Délégation sénégalaise indique lors de ces rencontres à Genève, que concernant Karim Wade, « le Sénégal avait reçu en octobre 2018 de la part du Comité une notification de constatation comprenant trois recommandations ».
La première recommandation évoquant « la détention arbitraire de l’intéressé et demandant qu’il soit libéré ».
Et l’on apprend que c’est sur « sur la base de cette première recommandation »,qu’un décret de grâce a été signé par le Président de la République, a fait valoir la délégation« . Une information de taille !
Il y a mieux et on ne rêve pas ! La Délégation sénégalaise « fait observer que, depuis sa libération (celle de Karim Wade), l’intéressé ne s’est pas rapproché de la juridiction compétente puisqu’il ne vit pas au Sénégal ».
On n’est pas sorti de la torpeur, puisque que considérant la troisième recommandation du Comité des droits de l’homme formulée, rappelons le en octobre 2018, « évoquait le droit à un recours effectif quant à l’examen sur le fond ».
Réponse de la Délégation sénégalaise sur ce point : « le Sénégal est de la nécessité de revoir et de modifier l’ensemble des juridictions qui ne prévoient pas de recours. »
Et bien entendu, un membre du Comité des droits de l’homme de relever que « la grâce octroyée à M. Wade n’allait pas dans le sens de la constatation du Comité car elle n’annule pas la condamnation; or, c’est sur la base de cette condamnation que M. Wade n’a pas pu se présenter à la dernière élection présidentielle ». Tombons à la renverse ! Il y a de quoi effectivement.
En l’absence de M Coly Seck, actuel président du Conseil des droits de l’homme et Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies à Genève – qui n’a pour cette raison pu prendre part au dialogue entre la Délégation sénégalaise et le Comité des droits de l’homme, Mme Fatou Gaye, ministre-conseillère à la Mission permanente du Sénégal auprès des Nations Unies à Genève a remercié le Comité pour le dialogue.
Elle a rappelé « le très grand nombre de recommandations acceptées par le Sénégal dans le cadre de l’Examen périodique universelle et a assuré que la promotion et la protection des droits de l’homme sont une priorité du Sénégal, comme en témoigne la Présidence actuelle du Conseil des droits de l’homme assumée par M. Coly Seck – le Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies à Genève – qui n’a pour cette raison pu prendre part au présent dialogue ».
Il peut être écrit au bas de la publication du document sur le site du HCDH que « Ce document est destiné à l’information » et qu' »il ne constitue pas un document officiel » que cela ne nous empêche pas de tomber à la renverse !
VIDEO
LE PS DOIT SE REMETTRE À L'ENDROIT
EXCLUSIF SENEPLUS - Les retrouvailles libérales impliquent pour la Gauche d’anticiper dès maintenant ses actions – Il y a quelque chose à construire du PS au "Yonou Askan Wi" de Madièye Mbodj - Je n'ai pas confiance en Wade – SANS DÉTOUR AVEC PIERRE SANÉ
Le contrat du PS avec le régime de Macky Sall prend fin en 2024, affirme Pierre Sané. L'ancien directeur d'Amnesty International et éditorialiste de SenePlus, appelle tous les militants de gauche à se rassembler dès maintenant, afin de réfléchir sur des projets de société à soumettre aux populations. "Notre agenda ne doit pas être électoral. Nous devons penser aux futures générations", lance celui qui estime ne pas être comptable de la gestion du pouvoir en place.
L'invité de Sans Détour s'est par ailleurs exprimé sur la question des langues nationales et les enfants de la rue.
Voir l'intégralité de ce numéro de Sans Détour, co-produit avec l'école d'images numériques Sup'Imax et présenté par Abdoulaye Cissé. Il est accompagné de deux éditorialistes Hamidou Anne et Charles Faye.
La production de l'émission a été assurée par Mame Lika Sidibé, le montage par Bachir Mbengue, la photographie par Boubacar Badji et la réalisation par Christian Thiam. La coordination générale et la post-production est de Didier Diop, directeur général de Sup'Imax.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
ALIOU CISSÉ, SORCIER NOIR À TIR BLANC
EXCLUSIF SENEPLUS - L'enfant de Kandé, depuis quatre ans, n’a rien révolutionné. Le métier de sélectionneur demande un vrai savoir-faire, plus que celui de coach. L’appartenance à la communauté ne saurait être une immunité - INVENTAIRE DES IDOLES
Symbole du virage de la sélection nationale depuis 2015, Aliou Cissé est un entraineur qui jouit d’un grand capital sympathie. Si les succès sont modestes, l’homme reste pourtant une icône qui suscite beaucoup d’espoir et fait aussi l’objet de beaucoup de scepticisme. Chronique sur une trajectoire.
A Kandé, quartier du nord-est de Ziguinchor, quand Aliou Cissé passe se ressourcer, c’est l’enfant du pays qu’on chante. Les liesses succèdent aux fiertés devant le fils prodigue. Kandé est resté un quartier modeste, qui a eu son heure de gloire avec son ASC dans les années 90. Un quartier aux lotissements tardifs, où les demeures collées, rappellent les huttes et les cases originelles. Se promener dans les dédales de ce Kandé où la proximité a créé des liens solides, c’est se risquer à entendre des propos louangeurs sur les icônes locales qui font encore rêver les enfants. Comme ce jour, en 2002, après la campagne de l’équipe nationale de football en Corée et au Japon, où Aliou Cissé est venu partager sa joie avec les siens. Sur tout le trajet, les mêmes cris de joie qui escortent l’homme jusqu’à sa demeure. Plus que de la joie, on ressent dans les visages remplis de fierté, le sentiment d’appartenir à cette histoire qui s’écrit.
L’enfant du pays
L’adage sénégalais a coutume de dire que l’enfant béni est l’enfant de tous, c’est aussi vrai des stars du football qui deviennent les porte-étendards de quartiers ou de régions où la joie est si rare. Comme à Bambali pour Sadio Mané, Balacoss pour El Hadj Ousseynou Diouf, le succès a un autre goût quand il se remémore le berceau de l’envol. Ces pèlerinages retour ne sont pas seulement bons pour garder les pieds sur terre, ils disent aussi que l’aventure sportive n’est jamais solitaire. A Kandé, bien au faîte de cette vérité, on prolonge le plaisir. La fin de carrière du joueur Aliou Cissé n’a pas clos l’horizon. Avec sa nomination à la tête de la sélection nationale, c’est une double fierté : le sentiment d’entrer dans la profondeur de l’histoire. Dans les assemblées au seuil des maisons, mille sélectionneurs, dégustant leur thé, aiment et proposent leur expertise pour aider le coach. Ce Kandé pourtant, Aliou Cissé le quitte très jeune, vers 10 ans, pour s’établir dans le Val de Marne à Champigny. C’est la découverte d’une terre d’adoption qui deviendra aussi une patrie de cœur.
Un guerrier à la tâche
Les aptitudes d’entraineur d’Aliou Cissé ont été très vite perçues. Si sa carrière de joueur n’a pas eu de retentissement outre mesure, on se souvient tous de sa crinière de lion, de ses aboiements sur le terrain et de sa hargne à la tâche. Dans une équipe nationale touchée par la grâce à la veille et au début des années 2000, Aliou Cissé s’est imposé comme une évidence dans l’entrejeu où sa capacité à harceler l’adversaire et à insuffler cette énergie, ont fait de lui un taulier. Si les honneurs n’ont pas sanctionné les périples de cette équipe, l’histoire retiendra qu’Aliou Cissé a porté plus qu’un brassard. Il a été un meneur d’hommes et de destins, au charisme solidement ancré qui inspirait par sa rigueur et son sérieux l’estime, voire l’admiration de ses co-équipiers. Beaucoup de joueurs dont le talent n’est pas fulgurant, ont joué la réputation de leur carrière dans ce champ annexe de la bravoure et de l’honneur. Deux qualités que l’homme a promenées de manière épisodique, sur les pelouses de Ligue 1, à Lille, au PSG entre autres, avec quelques exils en Premier League anglaise avec Birmingham et Portsmouth. Il totalise près de 300 matchs au haut niveau, pour des récompenses timides. Si son talent n’a pas conquis les mémoires, son engagement sur le terrain lui est resté une marque de fabrique. Quoi de plus logique alors qu’il s’investisse dans une carrière de sélectionneur ?
Les prémisses d’un leadership
Depuis 2015, après avoir attentivement suivi comme membre du staff, il est à la tête de la sélection nationale sénégalaise. Quoi de plus formidable ! Quelle consécration. Il a sous ses ordres une équipe nationale prometteuse qui compile de grands noms à côtés de jeunes pousses prêtes à s’envoler. Sa nomination après la débâche de l’ancien sélectionneur Alain Giresse a presque des accents politiques. Des années déjà que le procès des entraineurs étrangers est fait régulièrement dans les colonnes de la presse et dans les discussions. Pourquoi maintenir ce complexe, ce lien avec l’ancienne colonie, qui offre son expertise contre des sommes considérables. Le temps des sorciers blancs avait été à l’échelle nationale décrété, terminé depuis longtemps. Même s’il y a eu des rechutes, l’idée de nommer des entraineurs sénégalais était largement partagée, comme un symbole du crédit accordé au local. Aliou Cissé est arrivé au bon moment, il coche toutes les cases : jeunes, avec un passé possiblement glorieux, enfant de Kandé, à la tête d’une équipe qui a de grandes ambitions et qui s’est hissée au premier rang continental, tout parlait pour Aliou Cissé. Jusqu’à cette image de sex-symbol qui pendant la dernière coupe du monde a affolé les chroniques, avec ses rastas, ses chemises unies et ajustées. Le bel homme de 43 ans a fait chavirer beaucoup de supportrices par son charme et par ce qu’il incarnait. Tous les ingrédients pour la narration sur le renouveau étaient là. Même s’il n’a presque jamais été question de réelle compétence - du moment que c’était le fils de Kandé et du Sénégal - avec un peu de chance, de prières, il pouvait s’en tirer.
Un investissement vraiment local ?
Dans l’ombre en effet, réalité moins connue, le poste d’entraîneur, des équipes de quartiers aux équipes de ligues nationales, est un poste ingrat. Mal payés, peu formés, peu suivis par les instances du football national, les coachs n’échappent pas à l’informel généralisé qui frappe le pays. Conséquence logique, le football national ne s’épanouit pas dans une culture de la transmission professionnelle. Si la passion du sport est restée forte, une ingénierie et une école avec des valeurs et une identité, n’ont jamais été partagées au niveau national. L’absence de planning crée un univers où on pilote à vue, en misant sur le destin. La nomination de Cissé aurait pu avoir la vertu de déclic pour allumer un feu. Si on veut miser local, il faut vraiment y aller jusqu’au bout. A vraiment examiner la logique, on ne manque pas d’être circonspect, car Aliou Cissé, depuis quatre ans, n’a rien révolutionné. Ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Sa nomination pleine d’espoir n’aura eu qu’un impact marginal sur le sport national dont l’équipe nationale est la locomotive.
Un bilan insuffisant
Plus qu’inquiétante, l’absence de palmarès est l’autre sujet de préoccupation. Encore pourrait-on être clément si dans le jeu il donnait des gages. Mais ce qu’on ne gagne pas en trophées, on ne semble pas le récupérer en performances. L’équipe reste, de compétitions en compétitions, étrangement la même que sous les autres coachs dans son offre de jeu. Il ne se dégage dans le contenu si volonté de jeu, ni discipline tactique. Même quand ces qualités sont là, c’est trop irrégulier. Presque toujours la même rengaine, l’équipe progresse lentement, dans un yoyo, où on a du mal à voir l’horizon. Les compétitions commencent souvent en fanfares sous le label du « ndam rek [i]» et finissement en résignation sous le label du « bu fi yamone sax mu neex [ii]». On a surtout vu Aliou Cissé a court d’idées, tâtonnant, semblant par moment dépassé, pas à la hauteur des enjeux. Comme dans beaucoup de secteurs, la capacité à évaluer la compétence, à la sanctionner au besoin, sera nécessaire pour promouvoir le talent, le mérite et la maîtrise. Le départ des sorciers blancs ne doit pas déboucher sur la complaisance avec les sorciers noirs. L’appartenance à la communauté ne saurait être une immunité. En observant cette équipe, c’est ce qui se dégage : les critiques de l’enfant de Kandé sont périphériques, pas franches. La volonté estimable de le voir réussir, pour démentir l’histoire, est si intense que les quelques médiocrités entrevues passent à la trappe. Le métier de sélectionneur demande un vrai savoir-faire, plus que celui de coach : les seules prédispositions de leadership sont à l’évidence insuffisantes. L’économie du football est devenue si impitoyable que pour gagner, tous les domaines de performance doivent se mettre en branle. Du sportif à l’extra-sportif. Les sélectionneurs doivent être des directeurs de ressources humaines aux idées qui dépassent les seuls cadres des compétitions.
Ce travail n’est pas assez perçu. Sans doute Aliou Cissé ne peut-il être rendu comptable de ça, mais pour l’heure, il ne donne pas de gages. Ses idées sont illisibles, ses conférences de presse assez atones. Le succès est souvent la sanction de processus plus global. A moins de se contenter de succès accidentels, l’équipe nationale sera véritablement glorieuse quand au niveau national, une véritable école du football, du sport de manière générale, une culture de l’excellence envahiront tous les lieux de décision. Pour l’heure, nous semblons avoir un sorcier noir qui tire à blanc. Qui satisfait la fierté, non le produit. De la sorcellerie en somme, sans distinction de race. Même en chaussant les lunettes à monture fines de l’enfant de Kandé, accessoire essentiel de l’attirail du sélectionneur. Il nous plaît de croire qu’il y verra plus clair s’il les ôte.
SERIGNE MOUNTAKHA MBACKE, CONCILIATEUR ET HOMME DE DIALOGUE
En plus d’être connu comme un grand serviteur du Mouridisme, le Khalife s’est fait remarquer ces derniers temps en rapprochant Macky Sall et Abdoulaye Wade qui pendant sept ans se regardaient en chiens de faïence
Serigne Mountakha Mbacké Ibn Serigne Bassirou de Darou Miname est le représentant du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba, sur terre. En plus d’être connu comme un grand serviteur du Mouridisme, le Khalife s’est fait remarquer ces derniers temps en rapprochant Macky Sall et Abdoulaye Wade qui pendant sept ans se regardaient en chiens de faïence.
Aux nombreux qualificatifs qui lui sont attribués, il faudra ajouter les termes «fédérateur, conciliateur et homme de dialogue». Serigne Mountakha Mbacké a mis fin le 27 septembre dernier à sept ans d’opposition frisant même la haine entre l’ancien Président Abdoulaye Wade et son successeur Macky Sall. Il a profité de l’inauguration de la mosquée Massalikul Jinnaan pour mettre les deux hommes devant le fait accompli, après les avoir exhortés à se concilier pour l’intérêt supérieur de la nation sénégalaise. Un acte qui a permis de décrisper la tension politique ; tout au moins, ce geste du Khalife a mis fin à l’adversité entre les frères libéraux et particulièrement entre le pape du Sopi et le chef de l’Etat qui commençait à prendre des tournures inquiétantes. Par le passé, le grand public a découvert les qualités de médiateur de ce fils de Serigne Bassirou Mbacké, lui-même fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, dans la crise qui a opposé, en son temps, le Dahira IzbutTarqiyah et Serigne Moustapha Saliou, un des fils de Serigne Saliou. Depuis, il a servi d’interface vis à vis des Hizbout Tarqiyyah et des autres organisations qui se revendiquent de la Mouridiyya.
En plus d’avoir toujours joué un rôle de médiateur hors pair auprès des différents khalifes. Serigne Mountakha est aussi un grand unificateur notamment autour de principes communs de l’islam. Il y a un an, lors de la cérémonie officielle du premier Magal sous son règne, le guide religieux avait appelé tous les Soufis à prôner le travail et à construire des écoles partout dans le pays, conformément aux enseignements et aux idéaux qu’ils partagent tous, l’éducation spirituelle et l’annihilation de l’être. Il disait ainsi être conscient que la mission de l’islam va de plus en plus être difficile et que les ennemis de la religion musulmane veulent coûte que coûte saper ses fondamentaux. Toujours dans son discours du 29 octobre 2018 qui se tenait dans un contexte préélectoral, il appelait tous les hommes politiques à préserver la paix sociale malgré leur adversité. «Les hommes politiques doivent éviter, à travers leurs discours, de semer la confusion entre les différentes familles religieuses et d’éviter de tenir des paroles de nature à mettre le pays à feu et à sang. Les hommes politiques doivent arrêter de se regarder en chiens de faïence et se faire confiance mutuellement», disait-il. Serigne Mountakha, c’est une présence discrète mais toujours reconnaissable avec son collier de barbe blanche et ses lunettes souvent transparentes, laissant apparaitre ses épais sourcils blancs. L’homme à la voix basse, tremblotante et qui a fréquemment le sourire aux lèvres, sait également se faire intransigeant. La preuve, il a tapé du poing sur la table dernièrement pour dire qu’il ne n’accepterait plus qu’on s’attaque à la confrérie Mouride. Une sortie à l’endroit des énergumènes qui passent leur temps à insulter dans les réseaux sociaux les guides religieux et ceux qui passent tout leur temps à débattre sur des questions d’appartenance confrérique jusqu’à s’insulter. Serigne Mountakha est un homme véridique qui aime souvent rappeler qu’une nation ne se bâtit pas dans le divertissement, mais dans le travail et la droiture.
SERIGNE MOUNTAKHA, UN GRAND BATISSEUR
Il est resté longtemps sous l’ombre titulaire de ses grands frères, Serigne Moussa et Serigne Moustapha. Mais les connaisseurs de la communauté mouride avaient déjà prédit que Serigne Mountakha faisait partie des valeurs sures chez les petits-fils promis à tenir haut l’héritage laissé par leur grand père Cheikhoul Khadim (le serviteur du prophète). Et l’histoire leur a donné raison le 10 janvier 2018, date à laquelle Serigne Mountakha Bassirou Mbacké a été désigné nouveau khalife général des mourides. Il est ainsi doublement khalife de Bamba et de son père, Serigne Bassirou Mbacké, depuis la disparition de son grand frère et guide Serigne Moustapha Mbacké, il y a neuf ans exactement. L’homme fort de Touba incarne également l’orthodoxie de la communauté mouride. Mieux, Serigne Mountakha Mbacké est un modèle par sa dévotion et son dévouement au service de la communauté. Très respectueux des Ndiguels, il jouissait de la confiance de son vénéré père, Serigne Saliou Mbacké. Une confiance renforcée par les différents Khalifes qui lui ont succédé (Serigne Bara Mbacké Falilou et Serigne Sidy Mokhtar Mbacké). C’est ainsi qu’il était désigné souvent comme le représentant du Khalife dans des évènements tels que la pose de la première pierre de la mosquée de Gouye Mouride à Niarry Tally et le démarrage des travaux de Touba.
Respecté par ses pairs pour son humilité et sa piété, il devient « un élément incontournable dans la marche de la cité religieuse et de la communauté Mouride». C’est à lui également que revient la finition et l’inauguration d’une des plus grandes mosquées de l’Afrique de l’ouest, Massalikul Jinnaan. Il a de ce fait marqué l’histoire pour avoir ouvert ce bijou d’un symbole extraordinaire pour la communauté Mouride. Il fait partie des Grands bâtisseurs de la confrérie. Grand propriétaire terrien, il contribue pour 72 millions de francs CFA à la construction de la mosquée de son village. Outre sa résidence, il possède des champs à Darou Salam Typ, où il a créé une Daara (école coranique) et enseigne à de nombreux disciples les enseignements de son grand-père.
UN RESPECTUEUX DU NDIGUEL
Mais il faut relever que Serigne Mountakha a commencé vraiment à se faire connaitre suite à la disparition de son grand frère Serigne Moustapha Bassirou Mbacké au mois d’août 2007. C’est ainsi qu’il a commencé à diriger la prière de la Tabaski à Diourbel, comme le faisait son aîné. En outre, il lui revient la charge de gérer et de présider le Magal de Porokhane en tant que Khalife de Serigne Bassirou MBACKE. Il dirige également à Diourbel l’évènement dénommé « Foulkou », en référence au nom de l’un des recueils de Khassidas (écrits de Cheikh Ahmadou Bamba), qui se déroule chaque année à Diourbel pendant le Ramadan. A travers cet évènement, les fidèles récitent quotidiennement l’intégralité du Coran et du « Foulkou ». Il s’est investi de cette charge de haute portée religieuse depuis le rappel à Dieu de son frère Serigne Abdou Akim Mbacké en 2013. Serigne Montakha Mbacké Bassirou est connu également pour avoir dirigé les prières mortuaires de Serigne Saliou Mbacké et du fils cadet de Serigne Ahmadou Bamba, Serigne Mourtada Mbacké.
L’INCIDENT AVEC LE PROTOCOLE DE MACKY SALL
A 89 ans, il ne passe jamais incognito avec ses traits physiques, notamment sa barbe blanche avec des côtés fins et biens taillés, mais également des paupières blanches. Très souriant, Serigne Mountakha Mbacké aime bien les lunettes qu’il porte souvent. Il adore la lecture du coran et des Khassaides (écrits du vénéré Cheikh Ahmadou Bamba). Au-delà du fait qu’il incarne l’orthodoxie Mouride et œuvre beaucoup pour la propagation du message de Cheikh Ahmadou Bamba, on le décrit également comme étant très émotif. Il arrive qu’il fonde en larmes lorsqu’il parle de son grand père et guide Cheikh Ahmadou Bamba. L’une de ses marques de fabrique, c’est également l’humilité et la modestie. On le voit souvent assis à même le sol, penché sur le livre saint. Il est décrit également comme un homme de dialogue et de paix.
Et il en a fait preuve lors du magal Touba de 2015 à l’occasion duquel, il a été empêché par le protocole du chef de l’Etat Macky Sall d’accéder à la grande mosquée, lors de la prière de vendredi qui a précédé l’évènement religieux. Il était venu ensuite à la rescousse de Macky Sall, attaqué de toutes parts par ses détracteurs et certains fidèles mourides, en soutenant qu’il était revenu sur ses pas de son propre chef et que personne ne l’a obligé à rebrousser chemin. «Je m’excuse auprès de tout le monde pour ces rumeurs. Ce ne sont que les faits de Satan. Je me suis dit que si j’accède à l’intérieur, je vais créer quelques mouvements par-ci et par-là. Je me suis dit qu’il est plus sage pour moi de retourner à la mosquée qui se trouve près de chez moi. C’est comme ça que les choses se sont passées. Il n’y a rien d’autre», avait-il martelé sauvant dans la foulée le chef de l’Etat de l’embarras et de la clameur populaire. Considéré comme un homme de dialogue, cultivé, rassembleur et respectueux de l’orthodoxie mouride, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké a grandi dans l’ombre de ses frères. Il a étudié le Coran et les préceptes de son grand-père, fondateur de la confrérie, d’abord sous l’égide de son père Serigne Bassirou, puis en Mauritanie.
Le huitième dignitaire de la confrérie soufie tire toutes ses vertus précitées de son papa, Serigne Bassirou MBACKE (1895 - 1966) Borom Darou Miname (Ndlr : le propriétaire de Darou Miname). Son papa, dépeint comme un homme plein de connaissances et d’une humanité extraordinaire, a été nommé, par Serigne Fallou, Vice-Président du Conseil Administratif chargé de la réalisation de la Grande Mosquée de Touba le 25 Juin 1947, lors de la reprise des travaux de la dite Mosquée, alors que Serigne Fallou en était le Président. Borom Darou Miname n’a jamais été Khalife. Son engagement pour la communauté a été cependant rétribué, puisque c’est son fils qui détient aujourd’hui les reines de la confrérie.
SERIGNE ABDOU KARIM MBACKE «MAKARIMAL AKHLAKH» , LE PURIFICATEUR DE LA JEUNESSE
Soufi, franc et charismatique, il est le levier sur lequel comptent s’appuyer les autorités de Touba pour «redresser» une jeunesse en perte de repère
Serigne Abdou Karim Mbacké «Makarimal Akhlakh» (nobles caractères) est devenu sans conteste l’un des nouveaux inspirateurs de la jeunesse mouride. Soufi, franc et charismatique, il est le levier sur lequel comptent s’appuyer les autorités de Touba pour «redresser» une jeunesse en perte de repère.
Charisme, popularité, humilité et savoir. Il a tout pris de son père. Fils du deuxième khalife de Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Fallou Mbacké, Serigne Abdou Karim Mbacké est devenu le modèle de la jeunesse mouride. Né en 1952, le petit-fils de Serigne Touba attire manifestement plus de jeunes que n’importe qui d’autre dans la confrérie. Certainement parce que «Makarimal Akhlakh» n’est pas comme les autres. En effet, sa naissance a coïncidé avec le rappel à Dieu de son grand-frère Serigne Abdou Karim. C’est ainsi que Serigne Fallou lui donna le nom de ce dernier avant de déclarer : «je ne peux pas manquer d’avoir un fils de la dimension de Abdou Karim dans ma demeure». Très enthousiasmé par la naissance de son fils, Serigne Fallou Mbacké lui prédit un destin de successeur accompli. C’est la raison pour laquelle il le confia, dès sa tendre enfance (3ans), à Mame Khassim Mbacké à Guinguinéo avec cette phrase prémonitoire : «je veux qu’il maîtrise parfaitement le Coran et qu’il soit un calligraphe hors pair à l’image de mon khalife Serigne Modou Moustapha».
Connu pour son «kasfu» (connaissance du caché ), Serigne Fallou Mbacké savait certainement que son fils serait le «purificateur» d’une jeunesse en déperdition. C’est pourquoi, très regardant sur son éducation, Serigne Khassim Mbacké l’amena chez Serigne El Hadj Niane pour son initiation coranique à Darou Nahim (village fondé par Serigne Modou Moustapha Mbacké, 1erkhalife général des mourides). Par la suite de 1961 à 1962, il ira au daara tenu par Serigne Mbaye Bousso à Touba Param (dans le département de Gossas, Fatick) pour continuer sa formation. Mame Khass va l’orienter après à Darou Salam Bambouck (département de Khoungeul, région de Tambacounda) chez Serigne Adama Sy où il fit sa mémorisation et écrivit deux exemplaires du Saint Coran.
Particulièrement adulé par les célébrités du pays (musiciens et sportifs) qui ont grandement participé à la vulgarisation de ses œuvres, le pensionnaire de Ndindy, village fondé par son père en 1913, entreprit personnellement à partir de 1970 de compléter sa formation spirituelle à Saint Louis. Ainsi, il s’installa au quartier Lodo quatre années pendant lesquelles il faisait des recherches scientifiques sur le hasbia chez Serigne Ahmet Diakhaté le matin, et le soir chez Serigne Dame Sylla un érudit du fikh (jurisprudence arabe). En 1974, il revient définitivement à Touba après de longues études qui ont participé à raffermir sa connaissance islamique et à faire de lui une voix autorisée dans la voie mouride.
PURIFICATEUR DES «DAMNES»
«Les gens disaient que Serigne Abdou Karim n’a pris que des voyous sous son aile, mais je pense que la meilleure façon d’aider celui qui a perdu son chemin, ce n’est pas de l’attendre dans la voie, mais c’est de l’y retrouver pour lui montrer le chemin», soutenait-il dans le passé pour répondre à ses détracteurs. En effet, il a aidé beaucoup de repris de justice à sortir de la délinquance et à devenir, comme il le souligne, «des hommes vertueux». Elégant et effacé, le marabout est adulé par les disciples mourides et même par ceux qui ne sont pas de cette obédience. Lors de l’inauguration de la mosquée Massalikul Jinann de Dakar, il avait presque ravi la vedette à tout le monde. Les fidèles se bousculaient pour le voir, à telle enseigne que les Baye Fall étaient obligés de soulever sa voiture pour le faire sortir. lE «NDIguEl»
EN FAVEUR DES HANDICAPES
Conscient de son aura auprès de la jeunesse, Serigne Abdou Karim en use à bon escient. Il y a quelques mois en effet, il avait demandé à chaque disciple de lui apporter une chaise roulante pour les personnes à mobilité réduite. Une injonction qui n’est pas restée sans suite, puisque Ndindy a été inondé de chaises roulantes que le président de la Fédération Nationale des Handicapés est allé récupérer. Vouant un amour inconditionnel à son grand-père Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, il aime rappeler qu’il n’est là que pour trois choses : «se parfaire, travailler et suivre les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba». Un triptyque qui cadre bien à son surnom «Makarimal Akhlakh» diminutif d’un hadith où le Prophète de l’Islam soutenait qu’il n’est venu sur terre que pour parfaire les nobles caractères.
SERIGNE MOUSSA MBACKE NAWEL, L’HOMME DE CONFIANCE DU KHALIFE DE TOUBA
Si c’était un ordre de préséance, on pourrait le qualifier de numéro 2 de la confrérie Mouride. Serigne Moussa Nawel a été porté «Jawrin», l’équivalent du titre de commandant en chef des talibés, par Serigne Mountakha Mbacké dès son arrivée au trône.
Si c’était un ordre de préséance, on pourrait le qualifier de numéro 2 de la confrérie Mouride. Serigne Moussa Nawel a été porté «Jawrin», l’équivalent du titre de commandant en chef des talibés, par Serigne Mountakha Mbacké dès son arrivée au trône. Barbe blanche, visage ferme, très actif, il orchestre en main de maître toutes les sorties du Khalife général des Mourides. Souvent en grand boubou imposant avec un manteau accroché sur les épaules, tel un guerrier, Serigne Moussa Mbacké Nawel se reconnait par son port vestimentaire. Il encadre tous les déplacements du Khalife général des Mourides. Il parle peu mais possède un charisme extraordinaire et n’hésite pas à s’interposer pour mettre de l’ordre aux abords du représentant de Serigne Touba sur terre.
A vrai dire, Serigne Moussa Nawel est chargé de coordonner toutes les activités de la communauté en accord avec le calife et ses proches collaborateurs. Entre autres prérogatives, selon nos informations, il a accès aux comptes de la communauté Mouride et supervise les grands chantiers de la cité religieuse. Ce n’est pas pour rien que Serigne Mountakha Bassirou Mbacké a décidé, dès son accession à la tête de la confrérie, de faire de lui le «Jawrin » de la communauté mouride, l’équivalent du titre de commandant en chef des talibés. En vérité Serigne Moussa Nawel est le fils de Serigne Moustapha Bassirou, grand frère de l’actuel Khalife général des Mourides.
Serigne Mountakha est donc son oncle paternel. Serigne Moussa Mbacké Nawel est né au début des années 1950 à Darou Salam Kayel, dans le département de Mbacké, non loin de Typ. Sa maman s’appelle Sokhna Fati Diakhaté. Et depuis 2007, il est le Khalife de Serigne Moustapha Bassirou. C’est un homme très respecté dans la famille et il remplace à ce poste de «Jawrin » le Khalife lui-même qui l’occupait pendant le précédent califat. Serigne Moussa Nawel entretient des relations très étroites avec Serigne Mountakha Bassirou depuis la disparition de son père en 2007.
D’après le Khalife, Serigne Moussa Nawel est toujours à ses côtés et constitue ses yeux, ses mains et sa bouche dans le foyer de Serigne Bassirou. Il est également le chef de protocole de son père et Khalife. Et selon les informations, depuis son installation, Serigne Moussa Nawel a remis de l’ordre dans l’agenda et les audiences du chef religieux. Il lui aurait même aménagé des heures de repos du fait de la forte affluence des talibés, marabouts, cheikhs et autres personnalités qui viennent le voir. D’ailleurs, d’après les informations, le choix de renouveler Serigne Bass Abdou Khadre comme porte-parole émane de lui.
SERIGNE MOUSSA NAWEL ET LES POLITIQUES
Par ailleurs, c’est un homme très convoité par les hommes politiques même si ces proches estiment qu’il abhorre la politique politicienne. Véridique, on se rappelle son discours tenu à Macky Sall qui était venu lui présenter ses condoléances suite au décès de sa mère, Sokhna Fati Diakhaté. Sans langue de bois, il a rappelé au chef de l’Etat que quand il était dans l’opposition, il venait souvent le voir mais que depuis qu’il est arrivé au pouvoir, c’était la première fois qu’il le revoyait. Non sans ajouter que le fait d’être président de la République ne devrait point l’empêcher de recueillir ses conseils. Serigne Moussa Nawel Mbacké est également le guide religieux du leader de Rewmi Idrissa Seck.
D’aucuns soutiennent que si Idrissa Seck a pu avoir les performances notées dernièrement à Touba lors de la dernière présidentielle, c’est grâce à lui. Idrissa Seck ne rate jamais d’ailleurs une occasion d’aller se ressourcer auprès de son ami et guide. Ses proches nous confient d’ailleurs que s’il garde de bonnes relations avec Idrissa Seck, c’est parce que celui-ci avait des rapports cordiaux avec son pater Serigne Moustapha Bassirou qu’il voudrait entretenir aujourd’hui.
De la même manière il se charge de perpétuer le legs de son papa et guide. Il gère aujourd’hui de nombreux Daara entre Nawel et Porokhane et cultive de nombreux champs dans la zone. C’est d’ailleurs son papa, Serigne Moustapha Bassirou qui lui avait confié Nawel, localité située non loin de Porokhne et fondée par Sokhna Mame Astou Walo, la mère de Mame Diarra Bousso. Son père Serigne Moustapha Bassirou est le premier Khalife de Serigne Bassirou, fils de Serigne Cheikh Ahmadou Bamba.
SERIGNE BASS ABDOU KHADRE, LA VOIX DE TOUBA
Son père Serigne Abdou Khadre n’a fait que 11 mois dans le khalifat. Mais Serigne Bass Abdou Khadre est le porte-parole du mouridisme depuis près de 10 ans. Tribun hors pair, il a eu la confiance de trois khalifes généraux
Son père Serigne Abdou Khadre n’a fait que 11 mois dans le khalifat. Mais Serigne Bass Abdou Khadre est le porte-parole du mouridisme depuis près de 10 ans. tribun hors pair, il a eu la confiance de trois khalifes généraux.
«Que mon jeune âge et ma condition d’homme noir ne soient pas des obstacles pour profiter de mon savoir », avait dit un jour le fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba. Et c’est certainement ce qu’avait compris le défunt khalife Serigne Bara Falilou Mbacké en nommant Serigne Bass Abdou Khadre porte-parole de la confrérie, alors que ce dernier n’avait même pas 40 ans. Et depuis, le fils de Serigne Abdou Khadre Mbacké appelé «l’imam des imams» pour sa grande érudition et sa discrétion est sous le feu des projecteurs. Né en 1976, Serigne Bass Abdou Khadre semble tout de même garder la tête sur les épaules malgré l’importance de sa fonction. Et il tient depuis 10 ans le haut du pavé. Eduqué par son oncle Serigne Souhahibou Mbacké, connu pour sa rigueur et son sens des préceptes religieux légendaires, Serigne Bass Abdou Khadre est malgré son jeune âge un homme qui ne badine pas avec ses principes.
Homme de confiance des trois derniers khalifes du Mouridisme, il est la porte d’entrée obligée de Touba. Ce qui fait de lui l’un des hommes les plus puissants de la ville sainte. Un privilège qui ne manque pas de causer quelques torts à ce polygame. En effet, certains chefs religieux s’étaient offusqués de certaines de ses sorties et avaient affirmé à l’époque que Serigne Bass Abdou Khadre ne parle pas au nom de Touba. Ce qui avait provoqué à l’époque la colère du Khalife général des mourides Serigne Sidy Mokhtar. Dans une de ses rares interviews, le défunt khalife arbitrait sans équivoque: «Certains m’ont rapporté que Cheikh Bass tient des déclarations qui ne m’engagent pas. Tous ses propos sont les miens, tout ce que Serigne Bass dit, il le dit avec mon autorisation et ma bénédiction. Je vous exhorte alors à lui donner l’égard qui doit être le sien et à davantage le soutenir dans la tâche que je lui ai confiée». Une sentence sans appel qui a mis fin à la polémique et élargi les champs d’action du porte-parole. Une confiance qui visiblement précède même sa fonction de porte-parole, et qui date de Serigne Saliou Mbacké. «C’est d’ailleurs à moi qu’il a confié sa dernière mission sur terre avant de rejoindre l’Au-delà », déclarait-il. Eloquent et posé, Serigne Basse brille par le discours de Touba à l’égard des fidèles qu’il porte toujours avec courage et précision. En 2012, alors que les manifestations faisaient rage au Sénégal avec leur lot d’arrestations et de victimes, Serigne Basse Abdou Khadre était monté au créneau : «Le Sénégal n’est la propriété privée de personne», alertait la voix autorisée de Touba.
INFLUENCE MAITRISEE
Vu la discrétion des khalifes généraux qui ne font leur apparition que lors du grand Magal ou de grands évènements religieux, Serigne Bass Abdou Khadre est celui qui quasiment «régente» la ville sainte. Une position qui l’a mis au-devant de la scène depuis presque 10 ans et le pousse forcement à entretenir des rapports privilégiés avec les hautes autorités du pays. Mais en diplomate rompu à la tâche, il a su rester à équidistance des leaders politiques tout en sauvegardant les intérêts des mourides. Et lorsque certaines indiscrétions ont affirmé qu’il fait partie des leaders d’opinion qui influent sur la nomination des ministres, sa réponse ne s’est pas fait attendre : «Je n’ai jamais voulu interférer dans les affaires politiques. Ce sont les journalistes qui me donnent des prérogatives que je n’ai pas. Mais je vous assure que je ne suis jamais intervenu pour qui que ce soit». En tout cas, Serigne Bass Abdou Kkadre continue d’avoir la confiance des khalifes qui se sont succédé depuis Serigne Bara Mbacké Fallilou. Une consécration pour le ‘’beau‘’ porte-parole, comme le surnomment les femmes mourides, et dont les grands boubous assortis d’un bonnet et les lunettes qu’il porte participent davantage à sa ‘’légende personnelle ‘’ et à une visibilité au service du Mouridisme.
YAYA SOW DÉVERSE SA COLÈRE SUR MACKY SALL
Une fronde des députés de Bennoo Bokk yakaar (Bby) a été évitée hier.
Une fronde des députés de Bennoo Bokk yakaar (Bby) a été évitée hier. Des parlementaires originaires des régions de Kaffrine, Tambacounda et de la Casamance naturelle ont failli se rebeller lors de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Ils en veulent au président Macky Sall puisqu’aucun parmi eux n’est membre du bureau. En colère, le député Yaya Sow a tout simplement boycotté le vote avant de s’attaquer vertement au président Macky Sall à qu’il reproche de promouvoir des transhumants au détriment des apéristes de la première heure.
Un vent de révolte a failli souffler hier, à l’Assemblée nationale, lors du renouvellement du bureau. Des députés de la majorité qui contestent les choix du Président Macky Sall pour la composition du bureau ont failli créer une fronde lors de la plénière. Toutefois, ils ruminent leur colère contre le chef de l’Etat et un groupe de lobbyistes qui font la promotion de transhumants et de responsables sans base politique au détriment des apéristes de la première heure.
Le député-maire de Ribot Escale, Yaya Sow, lui, a préféré bouder la plénière avant de cracher du feu sur le président de la République au cours d’un point de presse. «Nous ne sommes pas contents des choix du Président Macky Sall pour la formation du bureau de l’Assemblée nationale et la manière dont il gère le parti. Nous ne sommes pas d’accord avec la composition du bureau. Il a favorisé des gens sans base politique et des transhumants en reléguant au second plan les responsables qui l’ont défendu et porté au pouvoir», peste le député originaire de la région de Kaffrine. Il demande au chef de l’Etat d’accorder un minimum de considération aux responsables de son parti qui ont lutté à ses côtés contre le régime de Me Abdoulaye Wade.
Déplorant le fait que les députés issus des régions de Kaffrine, de Tambacounda, de Kédougou, de Kolda et de Ziguinchor soient zappés du bureau de l’Assemblée nationale, il déclare : «C’est la raison pour laquelle j’ai refusé de voter le bureau de l’Assemblée nationale. Il en est ainsi de Malaw Sow. Que Macky Sall se souvienne qu’en 2008 lorsqu’il a été renvoyé comme un malpropre par le régime de Me Wade, c’est nous qui étions à ses côtés pour porter son combat. Qu’il ne l’oublie pas. Un jour, il aura besoin de nous. Nous avons respecté notre part du contrat, qu’il en fasse autant», déplore M. Sow.
Très en verve, il poursuit ses diatribes. «Des députés comme CheikhTidiane Gadio qui était d’une liste adverse est promu vice-président au moment où les députés de l’Apr sont zappés. Aucun député issu des régions de Tambacounda, de Kaffrine, de Kédougou, de Kolda et de Ziguinchor ne figure dans le bureau de l’Assemblée nationale. Pourquoi ça ? Ne sommes-nous pas des Sénégalais ? Pourtant, la région de Kaffrine lui a donné 68% à la présidentielle, alors que dans certaines localités dont les députés sont promus, il y a perdu. Ce que je vous dis tout haut ici, c’est ce que plusieurs députés pensent tout bas», martèle Yaya Sow.
Très remonté contre le chef de l’Etat, il assène : «Que le Président Macky Sall sache que le Sénégal n’est pas seulement Dakar et le nord. Tous les responsables de l’Apr de la première heure n’ont pas de postes de responsabilité. On peut citer par exemple Mbaye Ndiaye, Mor Ngom, Mme Marième Badiane, Me Aliou Badara Cissé etc.».
Par ailleurs, l’édile de Ribot Escale prévient le chef de l’Etat que la promotion de transhumants et les réconciliations avec Me Wade ne lui serviront à rien. «Les gens qu’il reçoit au nom de la réconciliation notamment Me Wade et autres, c’est du bluff. Ces gens ne le soutiendront jamais. S’il veut développer le pays, qu’il s’entoure des militants de la première heure de son parti», fulmine Yaya Sow qui pense que le chef de l’Etat sera perdu par ses lobbies s’il ne change pas de conduite.