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17 juillet 2025
par Ibrahima Sene
MONSIEUR LE MAIRE, IL S’AGIT D’ABANDONNER LE FCFA AU PROFIT DE L’ÉCO
La seule réponse de dignité de nos chefs d’Etat, c’est d’entamer dès maintenant les procédures de retrait de nos 50% de réserves du Trésor Français à confier à notre Banque Centrale
Il ne s’agit pas d’une « réforme ambitieuse du franc CFA », mais, il s’agit bien, pour les pays membres de « l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine » (UEMOA), de son abandon au profit de la monnaie commune de la « Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest » (l’ECO).
Le sort du Fr CFA au sein de l’UEMOA n’est pas lié à celui de la « Communauté Economique de l’Afrique Centrale » (CEAC), pour la bonne raison qu’ils ne peuvent même pas s’inter changer directement.
Aucune de ces monnaies n’est valable dans le territoire de l’autre, même si ces Etats ont les mêmes accords monétaires avec la France.
En cherchant à lier ainsi leur sort dans le cadre d’une « réforme ambitieuse », la France manœuvre pour contrer l’abandon du Fr CFA par les pays de l’UEMOA au profit de l’ECO.
Il ne s’agit donc pas pour les pays de l’UEMOA d’en discuter avec ceux de la CEAC, sous l’arbitrage de la France, mais bien d’une décision souveraine collective des pays de l’UEMOA, de participer à la création de l’ECO en 2020.
Pour la première fois dans l’histoire du Fr CFA, à l’exception de la Mauritanie qui était fortement soutenue par les pays arabes, la France est confrontée à son abandon collectif, et non individuel comme au paravent, ce qui lui permettait de réprimer le pays qui osait réclamer son départ de la Zone Franc.
L’Union faisant la force, avec les pays de l’UEMOA, soutenus par le Nigéria et le Ghana dans leur ambition commune de créer une monnaie commune en 2020, les marges de manœuvre de la France, se sont réduites comme une peau de chagrin.
Ainsi, sa proposition de « réforme ambitieuse du Fr CFA », est une tentative désespérée pour briser la solidarité entre les pays de l’UEMOA, pour sauver ses intérêts économiques et stratégiques dans cette zone.
Mais, la seule réponse de dignité de nos chefs d’Etat, c’est d’entamer dès maintenant les procédures de retrait de nos 50% de réserves du Trésor Français à confier à notre Banque Centrale, et le départ de tous les Français qui siègent dans les organes de gouvernance de cette Banque, pour mieux préparer l’avènement de l’ECO en 2020, avec les pays ayant respecté les critères de convergence retenus.
C’est dans ce cadre que les pays membres de l’UEMOA pourraient entamer des négociations avec la Banque Centrale Européenne, et non avec la France, pour mettre fin à la parité fixe entre le CFA et l’Euro, en faveur d’un taux de parité flexible déjà décidé par les pays membres de la CEDEAO.
C’est ce tournant historique pour les pays de l’UEMOA, que la France cherche à bloquer, avec l’appui de ses hommes liges dans nos pays, au sein des gouvernements, des universités, et de la société civile.
D’où la nécessité d’un vaste rassemblement des forces vives des pays de l’UEMOA, pour soutenir la volonté exprimée par nos chefs d’Etat de créer l’ECO en 2020.
Les pan-africanistes de toutes obédiences, sont interpellés pour barrer la route à cette nouvelle, et certainement pas la dernière, manœuvre des autorités Françaises, pour maintenir nos économies sous sa coupe réglée !
VIDEO
DES RUPTURES SONT NÉCESSAIRES DANS CE PAYS
EXCLUSIF SENEPLUS - Pierre Sané, invité de Sans Détour, parle du compagnonnage PS-Macky et des choix indispensables à opérer en matière d'éducation, de promotion des langues nationales, des violences faites aux femmes, entre autres - BANDE ANNONCE
Mame Lika Sidibé et Youssouf Ba |
Publication 15/10/2019
De l’avis de Pierre Sané, secrétaire national du parti socialiste (PS) chargé des relations avec la gauche et les mouvements progressistes, son parti n’est pas suffisamment impliqué dans la mise en œuvre de certaines politiques publiques par le régime de Macky Sall. L’ancien secrétaire général d'Amnesty International en veut pour preuve l’Acte III de la décentralisation sur laquelle, le PS, estime-t-il, dispose d’une expertise qui aurait pu aider.
L’invité de Sans Détour rappelle que c’est une coalition électoraliste qui a porté Macky Sall au pouvoir mais qu’au moment de gouverner, c’est un président omnipotent qui prend toutes les décisions. Par conséquent, défend-il, le PS ne peut être ni comptable, ni responsable des politiques mises en œuvre par le gouvernement.
Au micro de Mame Lika Sidibé, le fondateur et président d’Imagine Africa, pointe par ailleurs du doigt, un manque de volonté politique dans la lutte contre les violences faites aux femmes et la maltraitance des enfants en dépit des mécanismes nationaux auxquels l’Etat du Sénégal a souscrit.
Abordant la question de l’éducation, Pierre Sané recommande une analyse rigoureuse du système éducatif et le courage d’oser des ruptures conséquentes.
Voir la bande annonce de l’émission Sans Détour.
ALTERCATION ENTRE ME EL HADJI DIOUF ET GUY MARIUS, L’ARRESTATION DE SONKO RÉCLAMÉE
Les avocats de Mamour Diallo et la délégation de FRAPP/France dégage, conduite par Guy Marius Sagna, se sont croisés au palais de Justice de Dakar
Chaque partie munie de sa plainte, les avocats de l’ex-Directeur des Domaines, Mamour Diallo, et la délégation du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP/France dégage), conduite par Guy Marius Sagna, se sont croisés au Palais de Justice de Dakar. Ce qui a conduit à une altercation entre Me El Hadji Diouf, l’un des avocats de Mamour Diallo, et Guy Marius Sagna.
« Ils sont morts de honte, vocifère la robe noire. Mais personne ne peut ni m’impressionner, ni m’intimider. Ils sont venus pour saboter notre plainte parce qu’ils n’ont pas d’arguments. On demandera leur arrestation et l’emprisonnement d’Ousmane Sonko. »
En face, Bentaleb Sow, membre de Frapp/France dégage, dans sa déclaration, accuse nommément Mamour Diallo, et les membres de la commission d’enquête parlementaire. « Nous avons déposé une plainte en dénonciation d’infraction de détournement de deniers publics d’un montant estimé à 94 milliards F CFA. Résumé de la plainte, il ne fait aucun doute que le respect de la Constitution n’a pas guidé les parlementaires qui ont souhaité la création de la commission d’enquête afin d’éclairer les Sénégalais sur des dysfonctionnements des acteurs du secteur foncier dans le respect de la séparation des pouvoir, et donc des procédures judiciaires, ainsi que du respect de la légalité des principes des valeurs constitutionnelles. Une technique illégale de captation des plus-values par Tahirou Sarr. Le détournement des titres d’expropriation est révélateur de la fraude née d’une stratégie de contournement d’une règle générale, interdisant l’intermédiation en l’espèce largement violée, et des mécanismes juridiques contribuant à la priver d’effets. »
Poursuivant, il ajoute : « Tahirou Sarr affirme avoir débourser plus de 3 milliards F CFA pour acquérir ladite créance à travers une technique de captation des plus-values, laquelle conduit au détournement de deniers publics. Au regard de ce fait probant, il ne fait aucun doute que Tahirou Sarr a explicitement posé un acte d’intermédiation entre l’Etat du Sénégal et les héritiers, lui conférant de fait la qualité d’intermédiaire d’une part, et d’autre part, d’en tirer profit à une plus valus de 91 milliards F CFA sur la base d’une rémunération car en tant que cessionnaire il s’est seulement proposé de verser à la partie cédante la somme de 2 milliards 500 millions F CFA. En l’espèce, le détournement de procédure est imputable à Mamour Diallo sur la base d’une lecture détournée des dispositions législatives relatives à la gestion et à la cession des biens constitués d’utilité publique. » Concluant, Sow affirme que « la responsabilité » de Mamadou Mamour Diallo, « est établie ».
« La Société financière d’intermédiation et de commerce (SOFICO) a le droit de racheter les créances des héritiers », a tranché Cheikh Seck, le président de ladite commission d’enquête parlementaire, interrogé par Le Soleil de ce mardi, 15 octobre.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
DEAL AU SOMMET DE LA RÉPUBLIQUE
Wade et Macky sont les deux faces d’une même pièce. Ces deux Machiavel adoptent les mêmes méthodes. On se ménage aujourd’hui dans l’optique de sortir les couteaux demain. Brutus et Judas n’ont jamais quitté la scène politique, de même que Abel et Caïn
En politique, le même scénario se répète toujours avec la rigueur d’une intrigue tragique. L’ami, le frère, le fils ou le fidèle, au gré de ses intérêts, révèle doucement ou brutalement sa fourberie et sa perfidie. Ainsi les retrouvailles entre les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, après moult années de brouille, ne constituent point une surprise si l’on sait qu’en politique on est toujours ballotté dans le cycle éternel des ruptures et des sutures sur fond de deal.
« Il ne faut jamais dire jamais». Cet aphorisme de Napoléon III est devenu une vérité absolue dans le champ politique sénégalais. L’histoire politique nationale, comme d’ailleurs celle de plusieurs autres nations, est faite de fractures, de ruptures, de sutures, de rabibochages et de replâtrages. Elle est caractérisée par des virages à 180 degrés et des retournements de situation spectaculaires. Et les remariages en fonction des intérêts des uns et des autres deviennent la règle en politique sénégalaise.
Un marché de dupes
Samedi dernier 12 octobre, l’ancien président Abdoulaye Wade a rendu une visite de courtoisie à Macky Sall au palais de la République dans l’optique d’effacer toutes les brouilles du passé et de sceller une fraternité politique. Après plus d’une décennie de tensions, de haines, de rancœurs, de ressentiments, d’esprits vindicatifs, place au rapprochement, au réchauffement et, éventuellement, à la réconciliation entre frères (libéraux) ennemis. Dès lors, les discours lénifiants éclipsent les diatribes, les dénigrements et les rhétoriques guerrières entre les deux présidents.
Désormais, ils se passent la brosse à reluire et se caressent mutuellement dans sens du poil. Après l’embrasement, place aux embrassements. C’est l’heure des bisounours. Nos deux présidents ne nagent plus dans le bain bouillonnant des animosités. Ils ont signé un armistice, un cessez-le-feu. Suspendues les hostilités, les attaques félonnes, les castagnes et le pancrace dans l’obscurité ! Le père fouettard et le fils rebelle se parlent et s’embrassent enfin. Le désir tenace de faire la paix l’emporte sur les egos surdimensionnés, l’envie vengeresse fait place à la mansuétude calculée et l’amour paternel ou filial triomphe de la haine mortifère. Les pathologies honnies et bannies d’hier deviennent des vertus bénies et abonnies aujourd’hui. Ces retrouvailles qui préfigurent une réconciliation postiche entre frères ennemis libéraux qui se vouaient une haine mortelle, il y a quelques années, démontre qu’au Sénégal, en politique, tout est possible. Les relations entre Wade et Macky s’étaient tellement exacerbées qu’on croyait que jamais les deux caïmans politiques n’allaient plus se baigner dans un même fleuve.
Aujourd’hui, les occurrences et les postures politiques ont changé. Seul invariant demeure : chacun des deux présidents, l’ancien et l’actuel, essaie de défendre ses intérêts crypto-partisans dans ce marché de dupes. Le Dialogue politique qui a valu à Oumar Sarr sa mise à l’écart du Pds par les deux Wade pour y avoir participé sans leur aval est maintenant le cadre démocratique idéal dans lequel il faut siéger pour apporter sa réflexion féconde. Pourtant en mai dernier, voilà ce que le Pape du Sopi disait à propos dudit dialogue national : « Le Parti démocratique sénégalais informe l’opinion nationale et internationale qu’il ne participera pas à la réunion de démarrage des concertations sur les termes de référence du dialogue politique du chef de l’État du jeudi 09 mai sous la présidence du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Ce dernier est surtout totalement disqualifié pour présider une telle rencontre car il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale pour faire gagner son patron Macky Sall. » Ngouille est toujours en poste et probablement il y restera jusqu’à la fin des travaux et très probablement avec son contempteur. Mieux, il a pris part à l’audience que le président Macky Sall a accordée à son prédécesseur ! Et demain Wade lui enverra ses plénipotentiaires pour embrasser le dialogue qu’il rejetait hier. Il ne restera donc plus qu’à acter son adhésion à Bennoo Bokk Yaakaar et son retrait du Front de résistance nationale.
Wade ingurgite ses vomissures
Les scandales du pétrole, si l’on en croit la version wolof du communiqué conjoint lue par Mayoro Faye porte-parole du Pds, sont devenus curieusement des actes de bonne gouvernance qu’il faut saluer. Il faut souligner que ces propos biaisés de Mayoro Faye, qui n’ont rien à voir avec le texte en français, en disent long sur la mauvaise foi de l’homme-lige de Wade. L’arbitrage vidéo montre qu’en novembre 2014, Wade accusait sans aménités Aliou Sall, frère de Macky en ces termes : « Aliou Sall, le jeune frère du chef de l’Etat actuel est un voleur. Macky s’est arrangé pour lui donner 30 % d’une société de recherche et d’exploitation du pétrole des deux sites qui sont celui de Saint-Louis et Cayar où du pétrole a été découvert. Le volume découvert estimé à 200 milliards Usd, Macky Sall en a donc donné 60 à son frère.
Ce dernier peut vendre ses actions à l’amiable et mettre l’argent dans ses poches. C’est un cas de vol de ressources publiques qui étaient conservées dans un magasin, le sous-sol de notre pays. C’est un voleur, nous demandons que les 30 % détenus indûment par Aliou Sall soient transférés à l’Etat qui aura ainsi 40 % au lieu de 10 %. Il faut enclencher des poursuites pénales contre Aliou Sall… » Certainement qu’Aliou Sall que Wade traitait de voleur de milliards sera bientôt le Monsieur propre, le symbole de la transparence et de la bonne gouvernance.
Et Macky Sall, l’esclave Maccube anthropophage sera ce descendant guerrier de la lignée des Sebbe. Voilà la République du Sénégal avec son système pourri et corrompu où les politiciens du système se jouent de la naïveté des Sénégalais pour continuer à se relayer au pouvoir en étant loin des préoccupations du peuple ! Au-delà du vernis de cette fraternité retrouvée entre Wade et Macky, il faut entrevoir dans leurs retrouvailles un stratagème politique qui consiste, pour les deux leaders, à montrer aux yeux de Serigne Mountakha, architecte de leurs retrouvailles, et des Sénégalais, la sincérité de leur remariage après un divorce douloureux de plusieurs années. Il s’agit de se donner ostensiblement une main chaude de fer dans un gant de velours, des baisers de Judas, de montrer que la guerre est finie entre clans et que désormais seule la paix doit prévaloir.
Rien que du saupoudrage ! Le jeu caché de Wade en s’accointant avec son pire ennemi de cette décennie passée vise seulement à se donner les moyens d’obtenir l’amnistie de son fils et légataire de son entreprise et patrimoine politique, le PDS. Au diable, l’éthique, le coût politique, les chemins sinueux et les scénarii empruntés ! Pour Macky Sall aussi, il faut pêcher et anesthésier ce gros requin de l’opposition qu’est Wade au moment où les alliés de Bennoo ne pèsent plus lourd électoralement et casser la dynamique de l’opposition renforcée par le leader de Taxawu Dakar, Khalifa Sall. Force est de reconnaitre, aujourd’hui que le vieux briscard Abdoulaye Wade a réussi sa stratégie politique.
Pendant toute la durée de la brouille, ce vieux briscard a toujours multiplié les effets de manches et fait de la communication d’enfumage politique dans le Front de résistance nationale qu’il a porté sur les fonts baptismaux pour poursuivre son combat politique avec les autres opposants. Ce, aux fins d’imposer à Macky un deal éventuel sous la houlette et l’homologation naïve des chefs religieux devenus malheureusement, et sans le vouloir, des institutions politiques. Il a fait croire qu’il restait à tort ou à raison le pilier et le patriarche de cette opposition autour de qui tout tourne.
D’ailleurs, il s’est toujours ingénié de façon séquentielle à recevoir médiatiquement les membres de l’opposition à tour de rôle comme pour montrer à Macky Sall que c’est lui le maitre du jeu de cette opposition incendiaire qui l’accule dans les dossiers du pétrole et du gaz. Et par conséquent, il est le seul canal par lequel passer pour tempérer cette ardeur des opposants et même de la société civile politisée. Mais cela a un coût politique. Il faut se retrouver, se réconcilier, tirer dans la même direction, affaiblir l’opposition et amnistier le prince héritier Karim. Wade et Macky sont les deux faces d’une même pièce. Et en politique, « la trahison est une question de date » comme dit Talleyrand et la fraternité débouche graduellement sur la rivalité, l’animosité voire l’assassinat politique. Ces deux Machiavel adoptent les mêmes méthodes en politique. On se ménage aujourd’hui dans l’optique de sortir les couteaux demain. Brutus et Judas n’ont jamais quitté la scène politique, de même que Abel et Caïn.
DAKAR, HUB DE LA DROGUE ?
Si la Douane, la Police et la Gendarmerie ont réussi à cerner la mafia sénégalaise de la drogue jusqu’à briser la chaine de réception, l’ampleur soudaine du trafic reste une énigme pour les forces de sécurité et les soldats de l’économie nationale
En 2018, la production mondiale de cocaïne a battu des records : près de 2.500 de tonnes de cette drogue particulièrement dangereuse ont été récoltées et stockées. Ce qui représente une valeur marchande surréaliste qui donne le tournis : 1 million de milliards de nos francs (un billiard de francs CFA) ! Pour écouler cette production record aux quatre coins du monde, les planteurs colombiens, péruviens, boliviens, brésiliens et mexicains comptent sur les narcotrafiquants à leurs risques et périls. Mais attention, ces chiffres n’incluent pas l’Afghanistan, l’un des plus grands producteurs mondiaux de pavot mais dont la marchandise de la mort est expédiée dans d’autres parties du monde. En tout cas, les nombreuses saisies enregistrés il y a quelques semaines à Dakar — là aussi, le record a été battu — montrent que les cartels de la drogue voudraient faire de notre pays un hub de transbordement vers l’Europe et les Usa. Surtout que le Sénégal est idéalement situé à mi-chemin entre ces deux continents grands consommateurs de cocaïne. Grâce au professionnalisme et à la perspicacité des agents de la douane, de la gendarmerie et de la police sénégalaise — et aux renseignements fournis par les services amis — la plateforme de transit de Dakar a été dynamitée. « Le Témoin » a enquêté…
Qu’est-ce qui explique donc les nombreuses saisies de cocaïne effectuées il y a quelques semaines à Dakar ? Si la Douane, la Police et la Gendarmerie ont réussi à cerner la mafia sénégalaise de la drogue jusqu’à briser la chaine de réception composée de parrains, narcotrafiquants, transitaires, guetteurs, superviseurs et autres lampistes, l’ampleur soudaine du trafic reste une énigme pour les forces de sécurité et les soldats de l’économie nationale. Une des explications à ces quantités record saisies au port de Dakar, c’est qu’il y a une surproduction mondiale de cocaïne, une drogue dont la Colombie reste le principal producteur. Suivent de très loin le Pérou, la Bolivie, le Brésil et le Mexique. Une chose est sûre : jamais jusque-là, dans l’histoire mondiale, une production de cocaïne n’avait atteint 2.500 tonnes produites et stockées soit une valeur marchande surréaliste de 1 million de milliards de nos francs (un billard cfa). Oui vous avez bien lu puisque le prix du gramme de cocaïne oscille entre 75.000 et 500.000 francs CFA selon la qualité et le marché. Pour vous faire une idée du chiffre d’affaires de ce trafic, prenez votre calculatrice qui va certainement disjoncter ! Naturellement, si les cartels parviennent à écouler cet important stock de cocaïne, l’économie mondiale va s’effondrer. Ce qu’un officier des douanes sénégalaises confirme : « Non seulement les fortes sommes d’argent issues de la vente vont créer de nouveaux riches dans le monde, mais encore les plus paresseux n’auront plus besoin de travailler, cultiver des champs de céréales ou faire tourner des usines par exemple du fait des retombées financières de cette surproduction de cocaïne. Cette montagne d’argent peut provoquer la faillite de l’économie mondiale. Sans oublier les dommages sociaux liés à la consommation en termes de destruction de la jeunesse des pays visés par les trafiquants » s’inquiète notre soldat de l’économie.
Selon toujours notre officier supérieur des gabelous, la culture des feuilles de coca est la plus rentable de toutes celles pratiquées au monde. En dehors de la fertilité des terres et de l’abondance des pluies dans les pays d’Amérique latine producteurs (Colombie, Pérou, Mexique, Bolivie, Brésil), les récoltes de feuilles de cocaïne se font sans effort. Aussi bien en Colombie qu’au Pérou, par exemple, la plupart des cultivateurs de feuilles de cocaïne sont des fermiers sans ressources. « Et comme la production de cocaïne ne nécessite pratiquement aucun investissement, elle est devenue leur principale culture de rente, celle qui enrichit rapidement. Mais si la production est facile, par contre, c’est l’exportation et la commercialisation qui posent problème ! Car, le trafic de drogue est la criminalité la plus combattue par les polices du monde ! » alerte notre douanier. Dans la même foulée, un policier français spécialiste des stupéfiants contacté par « Le Témoin » confie que les ports de Dakar, Abidjan, Téma, Bissau, Lomé, Lagos et Banjul font partie des destinations africaines privilégiées des trafiquants sud-américains. Lesquels utilisent ces ports comme des hubs de transbordement pour acheminer la drogue dure vers l’Europe et les Etats Unis d’Amérique (Usa). « Pour les narcotrafiquants, du fait du degré très élevé de la corruption en Afrique, c’est plus facile d’expédier de la drogue à partir des ports africains vers l’Europe et les Usa. Donc si les cartels préfèrent aujourd’hui transiter par l’Afrique pour atteindre les marchés américains et européens, c’est parce qu’en Amérique latine, toutes les routes terrestres et maritimes qu’empruntaient les cartels colombiens et mexicains pour rallier les Usa sont pratiquement coupées par les services de sécurité et de renseignements américains » indique notre policier français spécialisé en matière de stupéfiants.
Afrique, une destination corrompue !
D’ailleurs, M. Amado Philip de André, Représentant régional pour l’Afrique de l’Est de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) avait abondé dans le même sens que notre policier français. En Afrique de l’Ouest, déclarait-il sur les ondes de radio Bbc-Afrique, on peut acheminer de plus grandes quantités de drogue sans se faire remarquer en raison d’un réseau africain de surveillance quasi inexistant. « De plus, de nombreux pays ouest-africains sont classés parmi les plus pauvres et les plus corrompus du monde. Et si l’on considère les dispositions pénales relativement peu répressives dans certains pays de la région de l’Afrique de l’Ouest, les trafiquants préfèrent se faire condamner là plutôt qu’en Europe ou ailleurs. De plus, on notera l’insuffisance de la couverture policière : 180 policiers pour 100 000 habitants, c’est la moyenne continentale, alors qu’elle est de 363 agents pour 100 000 habitants en Asie » avait déploré le représentant régional de l’Onudc au lendemain des récentes saisies de cocaïne par la douane sénégalaise. Selon toujours Amado Philip de André, il arrive que des sacs contenant de la cocaïne soient largués à partir d’avions lorsqu’ils survolent une île inhabitée (la Guinée-Bissau en compte environ 70), où ils sont ensuite ramassés par des complices à bord de canots rapides. Ces cargaisons importantes sont ensuite divisées, morcelées, pour être emmenées en petites quantités en Europe, par avion ou par bateau. Mais parfois, s’étrangle M. Amado Philip de André, la totalité de la cocaïne est tout simplement acheminée par bateau vers le Portugal ou l’Espagne comme portes d’entrée en Europe.
A la conquête des marchés européens…
Le représentant régional de l’Onudc ne savait pas si bien dire. D’après nos informations, en effet, malgré les nombreuses saisies record effectuées à Dakar suivies de multiples arrestations, les cartels de la drogue ne se découragent guère ! A leurs risques et périls, ils investissent les pays africains pour acheminer leur drogue aux Usa et en Europe qui sont les marchés les plus lucratifs pour leur marchandise criminelle. L’Europe surtout où le marché de la cocaïne a explosé malgré cette surproduction mondiale. En effet si, en Afrique de l’Ouest, le gramme de cocaïne s’achète en moyenne entre 50.000 et 60.000 francs CFA, en France ou en Espagne notamment, le prix du même gramme varie entre 150 et 200 euros soit de 100.000 à 150.000 francs CFA environ. Aux Usa, où le trafic de drogue est pratiquement criminalisé, le gramme de cocaïne peut coûter jusqu’à 500 dollars soit 250.000 francs CFA ! Pour écouler aux quatre coins du monde et blanchir cette folle surproduction estimée à 2.500 tonnes, les trafiquants colombiens, péruviens, boliviens, brésiliens et mexicains misent donc sur les parrains africains de la drogue. Une chaine de relais pour pouvoir conquérir les larges marchés européens beaucoup plus lucratifs. Justement, c’est là qu’interviennent les grands trafiquants et petits convoyeurs africains pour aider les cartels latino-américains à se débarrasser de cette surproduction. Ce qui ne peut se faire sans passer par les ports de l’Afrique de l’Ouest, aux positions stratégiques entre l’Europe et les Usa. Dakar, pointe la plus avancée du continent sur son flanc Ouest, et encore une fois située entre l’Europe et les USA, est particulièrement ciblée dans ce dessein. Heureusement que grâce au professionnalisme et à la perspicacité des douaniers, gendarmes et policiers sénégalais, la destination Dakar est de moins en moins sûre pour les trafiquants criminels de cocaïne. Car, les récentes saisies globales de plus d’une tonne de cocaïne au port de Dakar par les douanes sénégalaises constituent un véritable coup de frein qui démobilise et décourage les cartels de la drogue. Mais pour combien de temps ?
COLLIERS, BRACELETS, "DJALABAN"...LES SECRETS DES BAYE FALL
Tous les chemins mènent à Touba. La cité religieuse, située à 187 kilomètres de la capitale sénégalaise commence à accueillir les fidèles, venus célébrer le grand Magal, commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba
Tous les chemins mènent à Touba. La cité religieuse, située à 187 kilomètres de la capitale sénégalaise commence à accueillir les fidèles, venus célébrer le grand Magal, commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Même si ce n’est pas encore l’effervescence, la ferveur du Magal bat son plein avec les « Khassidas » (poèmes religieux) que distillent les haut-parleurs placés un peu partout dans la ville.
Sur la voie qui mène à la grande mosquée, les commerçants finissent de s’installer. Sur les étals, les objets des « Baay Fall » attirent. Ceintures aux effigies de Mame Cheikh Ibrahima Fall, bonnet, chapelet « Djalaban », Makhtou, rien n’est négligé par les commerçants qui veulent appâter les fidèles Baye Fall.
Teint noir, la taille moyenne, Mame Mor Diouf vend depuis des années, l’artillerie des Baye Fall et des « Xassidas ». Il est dans la cité religieuse pour écouler ses marchandises. A l’en croire, c’est un commerce qui marche très bien d’autant que les Baye Fall marchandent très rarement. « Ils sont une bonne clientèle. Quand ils veulent un article, ils n’hésitent pas à casquer fort pour l’obtenir », dit-il.
Au delà de l’art
A quelques encablures, nous trouvons Modou Fall alias "Baye Fall". La quarantaine révolue, il est à fond dans les rangements de sa marchandise, en chantonnant des panégyriques de Cheikh Ahmadou Bamba. Natif de Mbacké, il vend des chapelets, des ceintures, des chaussures et des bonnets de Baye Fall.
A l’en croire, les objets des Baye Fall renferment des secrets en dehors de l’art. Le Djalaban explique-t-il, est un bois que Mame Cheikh Ibrahima Fall offrait quotidiennement à Serigne Touba. « C’est pourquoi les baye Fall ne peuvent pas s’en passer. Ils l’utilisent tous pour témoigner leur dévotion à Mame Cheikh Ibrahima Fall qui a ouvert cette voie du mouridisme », renseigne-t-il. Malgré, la cherté du prix, entre 5000 et 15 000 francs CFA, ils se vendent bien. Aussi, souligne-t-il le Djalaban protège contre Satan et le mauvais œil. Leurs bracelets, dit-il, est cousu avec une prière de Bamba, « ASMÂ-UT-TAHLÎL ».
C’est, selon Modou Fall, une prière écrite par Serigne Touba qui lutte contre la mortalité infantile et préserve contre les maladies. « Ces objets protègent les Baye Fall des malheurs. Beaucoup pensent que les Baye Fall mettent ses objets pour du fun pou pour se faire remarquer. Que nenni. C’est parce qu’ils savent les bienfaits qui s’y trouvent », se réjouit le commerçant. Qui se frotte les mains à 72 heures de la célébration du grand Magal.
LA LISTE DES 21 AVEC UNE FORTE OSSATURE DU DIAMBARS !
L’équipe u17 du Sénégal a rejoint hier le Brésil où elle doit prendre part au mondial de la catégorie.
L’équipe u17 du Sénégal a rejoint hier le Brésil où elle doit prendre part au mondial de la catégorie. Avant de quitter le sol sénégalais, l’entraineur Malik Daff a dévoilé la liste des 21 joueurs retenus pour cette campagne.
Le Sénégal prendra part au mondial U17 de football prévu au Brésil du 26 octobre au 17 novembre 2019. Pour ce rendez-vous majeur, l’entraîneur national a dévoilé la liste des joueurs retenus. Malick Daf qui connaît bien le football local s’est appuyé sur les centres de formations.
L’Institut Diambars se taille la part du lion, avec 9 éléments sélectionnés. Championne du Sénégal en titre, l’équipe de Génération Foot a placé quatre joueurs dans le groupe. Galaxy (3), Académie Darou Salam (1), Dakar Sacré-Cœur (1), US Gorée (1) et Reims (1) complètent la liste.
Sur les 21 joueurs, trois seulement n’avaient pas participé à la récente CAN organisée en Tanzanie. Il s’agit de Ibrahima Sy, Mamadou Aliou Diallo et de Mbaye Ndiaye. Qualifié après avoir gagné la bataille sur la fraude de l’âge contre la Guinée, le Sénégal tentera d’exister dans un groupe assez relevé.
Les poulains de Malick Daf logent dans la poule D, en compagnie des Etats-Unis, le Japon et les Pays-Bas.
LISTE DES 21 JOUEURS RETENUS
Samba DIALLO Darou Salam Académie)
Souleymane FAYE (Galaxie)
Issaga KANE (Galaxy)
Bacary SANÉ (Diambars)
Ameth Saloum FAYE (Diambars)
Aliou Badara BALDÉ (Diambars),
Cheikhou Omar NDIAYE (Génération Foot)
Ibrahima CISSOKO (Gorée)
Pape Ibrahima DIONE (Darou Salam)
Tihibaut AUBERTIN (Génération Foot)
Pape Matar SARR (Génération Foot)
Ousmane BA ( Génération Foot)
Birame DIAW (Galaxy)
Mikayil Ngor FAYE (Diambars)
Insa BOYE (Diambars)
Cheikh Mbaye DIOUF (Diambars)
Mouhamadou Moustapha DIAW (Diambars)
Boubacar Diédhiou DIALLO (Diambars)
Ibrahima SY (Stade de Reims) Mamadou
Aliou DIALLO (Diambars)
Mbaye NDIAYE (Dakar Sacré Coeur)
«ON PEUT RIVALISER AVEC N’IMPORTE QUELLE EQUIPE»
Logée dans le groupe d en compagnie des Etats-Unis, le Japon et les Pays-Bas, l’équipe u17 de football du Sénégal devra sortir le grand jeu pour sortir des phases de poules.
Logée dans le groupe d en compagnie des Etats-Unis, le Japon et les Pays-Bas, l’équipe u17 de football du Sénégal devra sortir le grand jeu pour sortir des phases de poules. Avant de rejoindre le Brésil où aura lieu la compétition, Malik DAF est revenu sur les chances de ses protégés.
Coach, quel est l’état d’esprit de vos joueurs ?
Il est toujours bon de participer à la coupe du monde. C’est un évènement majeur comme on dit. Tous les joueurs dans leurs carrières rêvent de jouer ce genre de compétition. On a la chance d’y participer. Maintenant, on va y aller avec beaucoup d’humilité, tout en sachant qu’on n’est dans une poule moyenne. Je peux dire que tout se passe bien. Nous avons fait une bonne préparation et nous n’attendons que la compétition. Les garçons sont sereins et savent ce qui les attend là-bas.
Avez-vous une idée sur vos adversaires en phases de poules?
Dans une compétition comme la coupe du monde, toutes les équipes se valent. Dans ce groupe, la Hollande est sans doute l’équipe la mieux outillée. La presque totalité de ses joueurs évoluent à l’Ajax Amsterdam. A l’âge de 17 ou 18 ans, ils jouent déjà dans les meilleures équipes européennes. Ils sont dans cette logique depuis des années. Mais je pense que le Japon, les Etats-Unis sont jouables. Il en est de même pour la Hollande.
Quels sont les objectifs du Sénégal dans ce tournoi?
On ira jouer les matchs avec beaucoup de respect, mais aussi d’ambitions. On essayera de gagner nos matchs et passer le premier tour. En football, toutes les équipes sont prenables. Mais depuis quelques temps avec les centres de formations et les infrastructures, on travaille pour améliorer la qualité de nos joueurs. Aujourd’hui, cette qualification est le fruit de ces investissements. On va se battre et mouiller le maillot. On défendra les couleurs de la Nation, comme tout Sénégalais devrait le faire.
Quelle appréciation faites vous de votre préparation pour ce mondial?
On a joué des tournois de grandes envergures. On a joué à Paris contre les équipes françaises, portugaises. Ce sont de grandes nations de football. On a aussi à jouer contre la Russie qui n’est pas n’importe qui. Ce genre de tournoi nous permis de progresser. On a aussi participé à un tournoi en Turquie. On a battu le pays hôte, mais aussi le Nigéria qui est l’équipe la plus titrée d’Afrique dans cette catégorie. Quand on a des jeunes de moins de 17 ans, il faudra être patient. Ce n’est pas pareil avec les joueurs matures et qui ont de l’expérience. Il y a un autre travail à faire. On avait fait une bonne préparation, avant d’aller à la Can. Arrivé làbas, on est passé un peu à côté. Maintenant, on sait qu’il y avait des détails à parfaire. En tant qu’entraineur, on a revu les vidéos et échangé avec les joueurs. Maintenant, je pense qu’ils sont conscients de ce qui les attend.
Dans quel domaine avez-vous le plus préparé vos joueurs ?
Dans une grande compétition, ils auront besoin de beaucoup plus de concentration. Comme vous le savez, on peut avoir la meilleure équipe possible et ne pas aller jusqu’au bout. Ce sont des détails qui font la différence. On a un groupe qui peut rivaliser avec n’importe quelle équipe. Mais il faut savoir qu’on ne gagne pas un match avant de l’avoir joué. On est dans notre place. On va travailler, être serein et jouer nos chances à fond. Mentalement, cette équipe est prête pour représenter dignement les couleurs du Sénégal au Brésil.
Certains vont découvrir la compétition. avez-vous tenu un discours particulier envers eux ?
Mon discours, c’est toujours gagner. Je veux gagner tout ce qui est devant moi. Et c’est ce que j’inculque à mes joueurs. Je ne suis pas un Dieu, mais une simple personne. Mais ce que je veux, c’est de gagner toujours. Qui connait Malick Daff sait que je suis un gagneur. Il m’arrive de ne pas gagner et je peux rester une semaine sans parler à mes poulains. C’est déjà bien qu’ils me connaissent, qu’ils comprennent. A mon avis, je pense que c’est l’essentiel. Notre rôle est toujours de les conscientiser sur la concentration. Je sais que dans ce groupe, il y a beaucoup de talents. Mais cela ne suffit pas pour gagner les grandes compétitions. Il faut encore beaucoup de caractère et une bonne mentalité. On y travaille et je suis sûr que l’équipe est prête. Toutes les conditions sont réunies
Et qu’en est-il de l’aspect financier comme les primes ?
Pour moi, à cet âge, il ne faut pas parler argent. Ce sont des jeunes qui doivent apprendre à progresser. Ils ont une chance de vendre leurs talents partout. Aller au mondial, ce n’est pas donner à n’importe qui. Maintenant, si un jeune qui a moins de 17 ans demande de l’argent, est-ce qu’il veut progresser ? S’ils font comme les autres, ce n’est pas intéressant. Pour moi, il faut qu’ils restent concentrés, aller montrer ce qu’ils valent, c’est-à-dire, aller faire un très bon tournoi au Brésil. Et pourquoi pas à partir de ce tournoi, avoir un contrat avec de bons clubs.
par MAMADOU NDIAYE
BOUILLON D’INITIATIVES
L’Afrique bouillonne d’initiatives, notamment dans sa partie orientale où se joue une partie de son destin
L’Afrique bouillonne d’initiatives, notamment dans sa partie orientale où se joue une partie de son destin. Pour avoir presque touché le fond, cette région renait, se réorganise et, progressivement, se mettent en place à un rythme soutenu les mécanismes d’une détermination tournée vers le long terme. Le Prix Nobel de la paix 2019 décerné au Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed projette une lumière éblouissante sur la réconciliation de son pays avec l’Erythrée. Cette nouvelle donne change tout en Afrique.
Le Comité Nobel norvégien salue les efforts en faveur de la paix et « l’initiative décisive » de Abiy Ahmed ayant résolu ce vieux conflit frontalier. Magnanime, le récipiendaire a dédié le Prix à l’Afrique. Jeune, à 42 ans, il entre par la grande porte dans la coure des grands et bouscule de ce fait des schémas établis. La réélection de Macky Sall à la tête du Sénégal en février dernier avait poussé certains analystes à lui prédire une carrière internationale. Les plus enhardis d’entre eux lui taillaient déjà le costume de Secrétaire Général de l’ONU à la fin de son second et… dernier mandat présidentiel.
Sans être à ce point pertinent, le scénario n’en était pas moins plausible au regard du dispositif diplomatique mis en place au lendemain du remaniement ministériel qui a entraîné la suppression du poste de Premier ministre. En revanche le moindre signe d’une ambition onusienne n’est guère perceptible chez le Chef de l’Etat sénégalais qui, pour y prétendre un jour, devra pacifier l’espace politique national, ouvrir le jeu et consolider les acquis de la stabilité dont jouit le Sénégal dans une zone de crise sans rémission.
Le G5 du Sahel, essoufflé par les avatars d’un terrorisme sans tête ni queue, révise sa position à l’égard du Sénégal et n’exclut plus l’intégration de son armée dans le commandement opérationnel. Le processus est presque enclenché. Même si le Tchad et la Mauritanie (encore elle) n’affichent pas à ce sujet un franc enthousiasme. Le retour en grâce de Dakar sur la scène régionale coïncide avec l’immobilisme institutionnel face à l’hydre terroriste qui tire sa force de la faiblesse d’autorité et s’y engouffre pour commettre des forfaits pour le moins surprenants. Le Mali et le Burkina Faso payent un lourd tribut avec des morts qui se comptent par dizaines.
Les bilans sont lourds. Avec l’intégration prochaine d’officiers supérieurs sénégalais, très appréciés au demeurant, les enjeux se précisent davantage : restaurer un sentiment de toute-puissance et assurer la cohérence des leviers de décision au sein des instances de pilotage stratégique. Si la conjoncture politique est relativement souriante au Sénégal, elle demeure crispante à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest où, face à la menace terroriste, l’idée d’une résistance populaire, armée de surcroît, fait son chemin, notamment au Burkina Faso dont les habitants manifestent de plus en plus des signes d’exaspération devant les tueries.
Dans ce contexte de réorganisation des forces de défense de ce côté-ci de l’Atlantique, dans l’océan indien la page de violence se tourne tandis qu’un nouvel air du temps se propage dans tous les pays de la corne de l’Afrique : Ethiopie, Somalie, Erythrée, Djibouti, Dans ces pays l’engagement collectif prospère avec une impulsion venue d’un leadership conquérant et séduisant à l’mage du Premier Ministre d’Ethiopie qui a affiché sans ambiguïté sa farouche volonté de pacifier les relations avec l’Erythrée. Aux yeux d’observateurs avertis, l’initiative relevait d’une gageure. Il avait fait du règlement du contentieux frontalier un marqueur fort de son mandat.
L’effort finit par payer. En devenant effective, la réconciliation ferme la douloureuse parenthèse du conflit armé en même temps qu’elle ouvre un horizon socioéconomique inespéré. Ce tournant marque l’amorce d’une reconfiguration géopolitique de l‘est de l’Afrique. A 42 ans, Abiy Ahmed voit non seulement son action politique couronnée de succès mais, mieux, il acquiert grâce au Nobel du prestige et de la notoriété dans une Afrique en quête de leadership éclairé.
Les dirigeants de cette trempe manquent parce qu’ils enjambent les générations pour inscrire leurs actions dans la longue durée. Paul Kagamé du Rwandais s’impose comme une figure de constance omniprésent sur le terrain de l’innovation politique et très actif dans la promotion des initiatives de rupture et de progrès. Il ne rate aucune occasion de rendre son pays visible tant dans l’assemblage de voitures électrique ou de tablettes « made in Rwanda » que de servir de vitrine à une Afrique qui s’assume et se veut performante.
Par contre les autocrates prolifèrent. Âgés et très chancelants, ils s’accrochent vaille que vaille au pouvoir cherchant par des artifices qui frisent le scandale à modifier les constitutions à leur guise. L’horizon s’assombrit en Guinée avec le silence fielleux du Président Alpha Condé qui s’entête à vouloir rester au pouvoir en tripotant la loi fondamentale. A l’appel de l’Opposition réunie au d’un Front national de défense de la Constitution (FNDC), les Guinéens épris de démocratie et de liberté protestent bruyamment ces jours non sans crainte de dérapages des forces de l’ordre. Le pays et la sous-région retiennent le souffle.
Au Cameroun, trône un dinosaure en place depuis plus de quarante ans ! Sans gêne aucune, Paul Biya tente de reprendre l’initiative malgré le poids des ans et des artères qui l’abandonnent à vue d’œil. Le sort peu enviable de Robert Mugabé au Zimbabwé n’inspire guère les autocrates d’Afrique enivrés par le pouvoir absolu et très peu portés vers l’ouverture ou l’alternance de génération. Faure Gnassimbé du Togo joue les prolongations à l’abri des médias lassés de ses turpitudes et autres facéties qui ont fini d’épuiser les acteurs politiques de moins en moins audibles et de plus en plus neutralisés. Son cynisme politique se joue dabs l’indifférence générale. La même indifférence s’observe en Côte d’Ivoire ; pas sur le plan politique cette fois mais sur le front environnemental plutôt. Le pays découvre avec étonnement que son couvert végétal (forêts et tapis herbacé) a disparu à près de 80 % du fait d’une conjonction de facteurs imputables à une flagrante imprudence de gestion planifiée. Géographiquement éloignées, les régions d’Afrique se frayent des chemins qui se ressemblent. Finiront-ils par s’assembler ?
Par Yaya Abdoul KANE
HOMMAGE À BOUBACAR LY
Il est parti ce lundi 14 octobre, paisiblement, à la pointe des pieds, sans dire au revoir et pour l’éternité. Professeur émérite à l’Université de Cheikh Anta Diop de Dakar, Boubacar Ly a été sans doute, le père fondateur de la Sociologie en Afrique
Il est parti, ce lundi 14 octobre, paisiblement, à la pointe des pieds, sans dire au revoir et pour l’éternité. Professeur émérite à l’Université de Cheikh Anta DIOP de Dakar, Boubacar LY a été sans doute, le père fondateur de la Sociologie au Sénégal et en Afrique.
Philosophe, sociologue, économiste, psychologue, pédagogue, il a contribué à la formation de générations d’intellectuels africains. Pour nous, singulièrement, il a été et il demeurera un père spirituel, un conseiller, un maître, un modèle, une source d’inspiration intarissable.
De la valeur de la morale des sociétés wolof et Pulaar qu’il a étudiées, nous tirons en lui la morale de l’homme, de la société, de la vie tout court. Sa pensée holistique et sa méthode, tirée de plusieurs années d’expérience, nous ont permis de nous donner une idée de la vie, du devenir et du devoir.
N’est ce pas lui qui disait « la formation que vous avez reçue de nous, ne fera pas de vous certes, des hommes riches, vous ne serez pas non plus des hommes pauvres, mais vous êtes suffisamment armés pour vous mouvoir dans tous les secteurs d’activités et contribuer au développement économique et social de votre pays ».
A l’aune de notre trajectoire et de celle de la plupart des étudiants qu’ils a formés et encadrés à travers le monde, n’est ce pas là, une vision prophétique du devenir de ses disciples. Ses enseignements nous inspirent au quotidien et constituent pour nous, et, sans doute, pour la plupart des intellectuels qui ont croisé son chemin, un code de conduite au quotidien , adapté à toutes les circonstances.
M. Boubacar LY est l’un des derniers intellectuels sénégalais, mu exclusivement par la recherche perpétuelle de la connaissance et détaché des mondanités. Voilà pourquoi, il n’est pas très bien connu du grand public, en dehors du monde académique à qui il a tout donné. QU’il repose en paix et que le Tout Puissant l’accueille dans son paradis.