Pas un seul jour sans qu'on ne parle du voile. Pourquoi la France a un problème avec les femmes qui portent le voile ?
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« AU SÉNÉGAL, LE VIVRE EN COMMUN EST UN TRÉSOR NATIONAL »
L'éditorialiste de SenePlus Abdoul Fall et le spécialiste des changements de comportement Falilou Ba, invités de l’émission LR du Temps de Iradio, analysent le vivre-ensemble au Sénégal, dans un contexte d'effritement des valeurs sociétales
e-media |
Babacar FALL & Abdoulaye SYLLA |
Publication 13/10/2019
« La stabilité du pays est son bien le plus précieux », disait un grand homme politique du Sénégal. Cette stabilité, si chère au Sénégal, pose la problématique du vivre ensemble. Une problématique à laquelle les invités de l’émission Lr du Temps, sur Iradio, ont tenté d’analyser. Selon l’ancien ministre Abdou Fall, « le label du Sénégal est son art de vivre ». « Le Sénégal a été marqué, historiquement, par le fait qu’il soit un pays qui a connu une vie institutionnelle ininterrompue, une stabilité durable qui n’a pas connu de ruptures sur le plan politique. On a mis des mécanismes de gestion des relations entre les communautés, les confessions, les confréries de matière telle que le pays était resté stable », a-t-il constaté.
Ces propos de l’ancien ministre de la Culture de Me Abdoulaye sont corroborés par les retrouvailles entre son ancien patron, Me Wade et son successeur à la Magistrature suprême, le président Macky Sall, après plus d’une décennie de divergences sur le plan politique.
Selon le Docteur en Science de l’Information et de la Communication, Spécialiste des changements de comportements, Falilou Ba, « il ne faut jamais laisser s’effriter les valeurs qui constituent le socle du pays ». Pour M. Ba : « Le vivre en commun au Sénégal, c’est un trésor national. Il a été bâti par nos ainés sur plusieurs mécanismes, d’ordre ethniques, sociale ». C’est par exemple du cousinage à plaisanterie qui a été, selon lui, le ciment qui a aidé le Sénégal sur beaucoup de chose.
Toutefois, le Spécialiste des changements de comportement pense qu’il faudrait combattre les comportements déviant. « Aujourd’hui la question qui doit se poser, c’est comment faire pour arriver à éradiquer ces comportements de déviance qui sont en train de s’installer en passant par des canaux nouveaux comme les réseaux sociaux qui ont leurs lots de bonnes comme de mauvaises choses », fait savoir M. Ba.
"LA COULEUR DEMEURE UN MARQUEUR DE PRIVILÈGES"
Professeure de philosophie politique et organisatrice d’un colloque sur les « whiteness studies » à la Sorbonne, Magali Bessone décode ce qui se cache derrière le terme de « blanc »
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 13/10/2019
Il a suffi qu’en septembre Lilian Thuram prononce un petit mot de cinq lettres pour que les réseaux sociaux s’enflamment, provoquant davantage de polémique que les cris de singe lancés au footballeur Romelu Lukaku par des supporteurs italiens. Si le mot « noir » est régulièrement employé et ne pose guère question, l’on n’a guère l’habitude, en France, de parler de « blanc ».
Pourtant, tous deux se comprennent dans l’histoire de la traite transatlantique, ainsi que le rappelaient certains participants au colloque « Whiteness studies, réflexions sur un rapport social », organisé le 4 octobre à la Sorbonne par Magali Bessone, professeure de philosophie politique à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Qu’est-ce que les « whiteness studies »?
Magali Bessone L’expression désigne un domaine de réflexion développé dans les universités nord-américaines, qui mobilise les méthodologies de différentes disciplines (philosophie, science politique, droit, sociologie, littérature…) pour décrire et comprendre ce que recouvre le statut du groupe majoritaire « blanc » et ses processus historiques de construction, les lignes de tension qui le traversent, mais aussi ce que cela signifie d’avoir un certain type de privilèges parce qu’on relève de ce groupe. Dans cette perspective, soyons très clair, « blanc » n’est pas une couleur.
Qu’est-ce alors qu’être blanc ?
Etre blanc, c’est appartenir au groupe racial majoritaire dominant, ce qui s’entend d’un point de vue numérique, mais surtout socio-économique et politique. Etant donnée la manière dont ce groupe a été constitué aux Etats-Unis par ce que W.E.B. Du Bois a nommé la « ligne de partage des couleurs » (Les Ames du peuple noir, La Découverte, 2007), la couleur demeure un marqueur de privilèges. Mais c’est un marqueur qui peut échouer et dont l’analyse doit être socio-historique.
Les catégories raciales, la whiteness en particulier, ont été construites sous l’effet de mécanismes historiques tels que des personnes identifiées comme blanches aujourd’hui ne l’ont pas toujours été : les Irlandais-Américains par exemple se sont peu à peu « blanchisés », comme l’a montré l’historien américain Noel Ignatiev. Enfin, on connaît le phénomène du passing, selon lequel, particulièrement au début du XXe siècle – mais on en retrouve une magnifique réactualisation dans La Tache de Philip Roth, par exemple –, des Noirs métissés de phénotype « caucasien », pour reprendre une catégorie du recensement américain, ont quitté le sud des Etats-Unis pour rejoindre le nord où, passant pour blancs, ils pouvaient prétendre aux emplois et aux conditions de vie plus favorables réservées aux Blancs. Tous ces éléments montrent qu’il n’y a pas d’équivalence stricte entre race et couleur.
Mais l’idée de cette ligne de couleur demeure...
Oui, parce que, aux Etats-Unis, elle a été construite de manière particulièrement rigide par la one drop rule, une règle qui assignait à des fins administratives des individus au groupe noir, quelle que soit leur apparence phénotypique, dès lors qu’ils avaient au moins un ascendant noir [une seule goutte de sang, one drop]. Les whiteness studies étudient le statut et les trajectoires d’individus qui relèvent, eux, de la catégorie administrative « blanc ».
La France a aussi une histoire où la couleur a joué un rôle. Comment expliquer que l’on ait du mal à parler de Blancs alors que l’on parle aisément de Noirs ?
La difficulté à parler de Blancs s’ancre d’abord sur une difficulté plus globale en France : celle de faire une place « juste », dans les discours publics, aux catégories ethno-raciales. Par ailleurs, en France métropolitaine, les Blancs, majoritaires, ne « perçoivent pas » leur race parce que la norme majoritaire d’une société s’internalise en invisibilité, c’est-à-dire qu’elle fait oublier qu’elle est une norme. S’il y a des minorités visibles, c’est qu’il y a une majorité invisible qui a organisé le monde social de telle sorte qu’elle soit un point de vue, sans conscience d’être aussi un point à voir : on peut penser ici aux magistrales analyses de Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs. Le « privilège » blanc est d’abord celui-là : le luxe de ne pas avoir à s’interroger, dans la plupart des interactions sociales, sur les représentations et les stéréotypes qu’accompagne l’assignation à un groupe racial.
Est-ce la difficulté à admettre cette réalité qu’on appelle « l’ignorance blanche » ?
Oui, absolument. L’« ignorance blanche », conceptualisée par le sociologue américain Charles Mills, c’est l’idée que les Blancs ont construit un monde dans lequel ils se sont rendus aveugles à un certain nombre de déterminations : c’est une tendance cognitive qui désigne un dysfonctionnement, l’impossibilité d’appréhender et de comprendre certains faits sociaux, ou le fait de ne pas accorder de crédibilité au récit de certaines expériences, parce qu’elles n’entrent pas dans les grilles de lecture usuelles. Ne pas reconnaître le privilège blanc, en effet, est une marque importante de l’ignorance blanche, d’un système d’interprétation du réel dans lequel cette donnée-là est invisible, incompréhensible et ne peut pas même être pensée. Mais l’ignorance blanche n’est pas une fatalité, elle peut se transformer en connaissance. Si l’on est blanc et que l’on renonce à s’intéresser aux questions raciales parce qu’on est en situation de privilège, cela revient à estimer que ce sont des questions valides seulement pour les groupes minorisés, et que les Blancs ne sont pas concernés. C’est une position erronée, à la fois scientifiquement et politiquement.
L’organisation de colloques afroféministes ou de camps décoloniaux fait régulièrement polémique. Pouvoir organiser sereinement un colloque à Paris I sur les « whiteness studies » quand on est une femme blanche, n’est-ce pas là l’un des privilèges blancs dont vous parlez ?
Plusieurs lignes de privilèges se croisent. Et il y a notamment un privilège institutionnel. L’université est (encore) un des lieux où peuvent se créer les conditions d’un dialogue et le questionnement de conservatismes de la pensée. Il ne s’agit pas de s’illusionner sur le potentiel radical, critique, d’un événement organisé dans ce cadre, mais d’utiliser les ressources à notre disposition et prendre notre part de notre responsabilité à produire du savoir.
Existe-t-il un racisme anti-Blanc ?
Si l’on définit le racisme exclusivement de manière structurelle, comme un ensemble de comportements produisant des discriminations de manière « routinière », même en l’absence de croyances ou d’affects individuels, alors on ne peut pas parler de racisme anti-Blanc dans des sociétés où les Blancs sont en position de domination. Mais cela n’empêche pas l’existence de comportements individuels que l’on peut désigner dans ce cas comme relevant de la haine raciale. Et la définition du racisme doit vraisemblablement être à la fois individuelle et institutionnelle.
MIMI TOURÉ, L'ÉLECTRON LIBRE DE LA MOUVANCE PRÉSIDENTIELLE
L’ex-ministre de la Justice et ancienne chef du gouvernement ne craint d’afficher ni ses convictions ni ses ambitions. Aujourd’hui à la tête du Conseil économique, social et environnemental, elle est le troisième personnage de l’État. Portrait d’une forte
Jeune Afrique |
Benjamin Roger |
Publication 13/10/2019
Il faut désormais emprunter un tapis rouge et longer les colonnes blanches du Conseil économique, social et environnemental (Cese) pour rejoindre son bureau. Un cadre léché et un protocole digne de son statut de troisième personnalité de l’État, mais Aminata Touré ne semble pas impressionnée outre mesure par cette charge symbolique. Passée par le ministère de la Justice et la primature durant le premier mandat de Macky Sall, elle a été nommée à la tête du Cese après la réélection de ce dernier dès le premier tour, en février.
Une promotion en guise de remerciement pour cette femme d’expérience à qui le président sortant avait confié la direction de sa campagne. Fidèle à sa réputation, elle s’y est illustrée par son engagement et sa capacité à monter au front. « Battante », « femme de conviction », dans la bouche des cadres de la majorité Benno Bokk Yakaar, ce sont souvent les mêmes qualificatifs qui reviennent.
Un tremplin vers la présidence ?
À 56 ans, toujours élégante dans ses boubous bien taillés, elle a hérité d’une place de choix au cœur de l’administration. Elle y traite de nombreux aspects de la vie quotidienne de ses compatriotes (emploi, formation, politique sociale, environnement, etc.) et reçoit des interlocuteurs de tous horizons. Autrement dit, elle occupe une fonction transversale, qui lui permet de rester sur le devant de la scène.
Ne serait-ce pas un parfait tremplin vers la présidence, alors que Macky Sall a promis de quitter le pouvoir en 2024 ? « Plutôt une mission à remplir », répond-elle, installée dans son vaste bureau du quartier du Plateau, à Dakar, où trône le portrait du chef de l’État. « Elle n’a jamais clairement affiché ses ambitions, mais il y a beaucoup de suspicions, plus ou moins fondées, autour d’elle », affirme un cadre de la majorité présidentielle.
En politicienne madrée, elle veille à ne pas froisser celui à qui elle doit beaucoup et qui vient tout juste d’entamer son second mandat. « Parler de succession est prématuré, affirme-t-elle. Le président est concentré sur ses objectifs. Il n’a pas envie que son travail soit pollué par la frénésie des ambitions précoces. »
Une fois ces précautions prises, cette femme bien née, issue d’une fratrie de huit enfants, fille d’une sage-femme et d’un pédiatre, se dévoile un peu. En souriant, elle glisse qu’il « serait bien » qu’il y ait enfin une présidente au Sénégal. Elle admet aussi qu’il « n’y a pas de politicien sans ambition ». « Mais il ne faut pas que celle-ci soit obsessive, il faut qu’elle soit réaliste et qu’elle se pose au moment opportun. » En clair : « Mimi » Touré compte jouer sa partition mais dans le bon tempo. Reste à savoir si elle respectera celui donné par le chef d’orchestre et si elle parviendra à éviter les fausses notes.
Entre Aminata Touré et Macky Sall, les relations ont toujours été en dents de scie. « Parfois, c’est le grand amour. Et parfois, il y a de l’eau dans le gaz », souffle un intime du chef de l’État. Dans leur jeunesse, au cours des années 1970 et 1980, tous deux découvrent la politique sous le même prisme, celui des mouvements de gauche sénégalais, qui luttent contre le régime de Léopold Sédar Senghor puis contre celui d’Abdou Diouf.
Macky Sall fait ses armes dans les mouvements maoïstes, quand sa cadette (d’une année) fraye avec les trotskystes. Une fois ses études en France terminées, elle démarre sa carrière au Sénégal et intègre le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) en 1995. Après un poste à Ouagadougou, elle s’envole pour le siège de l’agence, à New York.
Le cas Karim Wade
Depuis l’autre côté de l’Atlantique, elle garde un œil attentif sur la politique sénégalaise. Elle observe la montée en puissance de Macky Sall, qui divorce avec fracas d’Abdoulaye Wade et fonde l’Alliance pour la république (APR) en 2008. Elle a plusieurs fois croisé l’ex-Premier ministre, mais ils ne sont pas particulièrement proches.
« Elle n’a pas été l’un de ses soutiens de la première heure, elle n’est arrivée que bien plus tard », lâche un proche du président. « Je trouvais qu’il faisait du bon boulot et qu’il avait le projet le mieux adapté pour le Sénégal », objecte Aminata Touré.
En 2011, elle approche celui qui s’apprête à incarner la deuxième alternance de l’histoire du pays. Le courant passe. Elle rentre à Dakar, participe à la rédaction du programme de ce dernier et devient sa directrice de campagne. Élu le 25 mars 2012, Macky Sall lui confie un ministère ô combien symbolique : la Justice.
Elle est chargée de concrétiser les grandes promesses sur la fin de l’impunité et la lutte contre la corruption. Elle s’y engage à fond. Elle réactive la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), qui juge et condamne Karim Wade, le fils de l’ancien président. « Malgré ce que peuvent dire ses soutiens, son procès a été juste et équitable. Karim Wade a maintenant une ardoise à régler, alors qu’il le fasse », déclare-t-elle.
La dame de fer ? « Un stéréotype patriarcal »
Plusieurs barons de l’ancien régime font les frais de la traque aux biens mal acquis. Elle n’épargne personne, pas même l’ancien ministre Oumar Sarr, son ex-mari et père de sa fille aînée. « Beaucoup, y compris parmi ses proches, lui en ont voulu. Mais elle estimait qu’elle faisait ce qu’elle avait à faire », justifie l’un de ses amis.
Sa ténacité et sa rigueur lui valent d’être surnommée la « dame de fer ». Aujourd’hui encore, elle s’en amuse. « C’est vraiment un stéréotype du patriarcat. Avez-vous déjà entendu parler d’« homme de fer » ? Jamais ! J’ai des points de vue bien affirmés que j’assume et je me bats pour mes idées, c’est tout. »
Mariée trois fois, mère de trois enfants et aujourd’hui grand-mère, Aminata Touré est libre et le revendique. Insistant sur la maturité politique de ses compatriotes, elle se dit convaincue qu’ils sont prêts à élire une femme à la présidence de la République. « Les Sénégalais ne se préoccupent pas du genre ou de l’âge des candidats, analyse-t-elle. Ils les jugent d’abord sur leurs qualités intrinsèques. »
Passage à la Primature
Garde des Sceaux, elle est au centre de l’attention politique et médiatique. Ses adversaires l’accusent de régler ses comptes et d’empêcher toute réconciliation au sein d’une famille libérale déchirée entre pro-Sall et pro-Wade.
En 2013, alors que les premières pluies s’abattent sur Dakar, le président réfléchit à la nommer à un autre poste. Il souhaite en faire sa directrice de cabinet. Elle refuse, estimant qu’elle n’y aura pas assez de responsabilités, et pose ses conditions : si elle doit quitter la Justice, ce sera pour la primature – un poste qu’elle finit par obtenir en septembre de la même année. Elle devient alors la deuxième femme Premier ministre du Sénégal après Mame Madior Boye (2001-2002).
Ses premiers mois se déroulent sans accroc. Puis les choses se compliquent. Elle prend des initiatives sans en informer le président, comme ce jour où elle entreprend de convoquer une réunion de cadres de l’APR, ou celui où elle décide d’organiser une tournée en Casamance. « Macky Sall était très remonté contre elle. Il estimait qu’elle prenait trop de libertés », se souvient un confident du chef de l’État. L’intéressée a beau faire acte de contrition, cela ne suffit pas. En juillet 2014, moins d’un an après sa nomination, sa défaite aux municipales à Dakar face à Khalifa Sall sonne le glas de son passage à la primature.
Petites frictions
Depuis, Macky Sall et Aminata Touré se sont rabibochés. « Aujourd’hui, cela se passe globalement bien, mais il y a toujours de petites frictions. Elle a nommé beaucoup de nouveaux conseillers et elle ne fait pas mystère de ses ambitions. Cela commence à agacer le président » indique-t-on dans l’entourage de ce dernier.
Au début de septembre, pendant un séminaire gouvernemental, Macky Sall a rappelé à ses ministres que le Cese n’avait pas autorité sur eux. De passage à Paris, le chef de l’État a également formulé une sèche mise en garde devant des responsables de l’APR : « Si des ministres ou des cadres ont des ambitions, qu’ils attendent la fin de mon mandat pour se manifester », a-t-il asséné. Beaucoup y ont vu un rappel à l’ordre adressé à Aminata Touré, après une grande interview accordée au quotidien Le Soleil, le 3 septembre.
Difficile pourtant de se séparer de cet électron libre. « Elle défend les intérêts du président, reconnaît un ministre. C’est une bosseuse, qui a toujours été très productive quand elle était en fonction. Elle fait aussi beaucoup de suggestions au chef de l’État, qui l’écoute d’une oreille attentive. » « C’est un animal politique et une personnalité majeure de l’APR, ajoute un proche de Macky Sall. On ne peut pas décider de se passer d’elle comme ça. Les gens ne le comprendraient pas. »
Battue lors des dernières municipales, elle n’exclut pas de se présenter aux élections locales officiellement prévues en décembre mais qui devraient une nouvelle fois être reportées. Un test grandeur nature avant la présidentielle de 2024 ? Prudente, Mimi Touré élude dans un sourire : « Attendons d’y voir plus clair. »
Une jeunesse militante
C’est au célèbre lycée Van-Vollenhoven (actuel Lamine-Guèye) de Dakar et en lisant la littérature marxiste de son grand frère qu’Aminata Touré s’initie à la politique. Comme beaucoup de ses camarades, elle adhère aux mouvements de gauche. Elle milite au sein de la Ligue communiste des travailleurs (LCT) et s’oppose au régime socialiste en place. Elle mène aussi d’autres combats, comme la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud – d’où sa « grande tristesse » à l’égard des violences xénophobes qui ont récemment secoué la nation Arc-en-Ciel.
Durant ses études en France, « Mimi » la révolutionnaire est proche des sphères communistes. Après un passage par le Mouvement pour le socialisme et l’unité (MSU) de Mamadou Dia, elle devient, à 31 ans, la directrice de campagne de Landing Savané, candidat du parti maoïste And-Jëf à la présidentielle de 1993.
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OBJECTION AVEC DOUDOU WADE
L'ancien patron des Libéraux à l'Assemblée nationale et membre du PDS, revient sur le deuxième acte des retrouvailles Macky-Wade illustré par la visite de l'ancien chef de l'État au palais de la présidence ce samedi
Doudou Wade, ancien président du Groupe parlementaire libéral et secrétaire général adjoint en charge des conflits du comité direcyeur du PDS, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
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L'ISLAM, UNE RELIGION POLITIQUE ?
Dialogue autour de l'islam entre le philosophe catholique français et le penseur musulman sénégalais, Souleymane Bachir Diagne, à travers "Le souci de la controverse", qui vient de paraître aux Éditions Stock.
Le souci de La controverse (Stock/Philosophie Magazine Editeur, septembre 2019) est de répondre aux questions récurrentes qui animent en France le débat d’idées sur la question de l’islam. Il s’agit de savoir si l’islam est par nature politique, violent, s'il est soluble dans la modernité, la démocratie et la république. La question est aussi posée de la part de liberté que laisse aux croyants un texte écrit par Dieu.
Olivia Gesbert reçoit Rémi Brague, spécialiste de philosophie antique et médiévale, et Souleymane Bachir Diagne, philosophe et historien des sciences.
La Grande table Idées d’Olivia Gesbert – émission du 8 octobre 2019
PAR Jean-Baptiste Placca
COUP D'ÉTAT, LES DERNIERS À LE VOIR VENIR...
Lorsqu’un ex-général de l’armée malienne suggère que pour abréger les souffrances de son peuple, il suffirait de mettre fin au régime d’un président réélu depuis à peine un an, l’on se demande par quel autre moyen qu’un coup d’État il espère y arriver
Au Mali, un ex-général passé à la politique a ouvertement suggéré que, pour abréger les souffrances du peuple malien, il faut « mettre fin au régime incompétent » du président Ibrahim Boubacar Keïta. Et depuis, la notion de coup d’État semble s’être banalisée dans le discours politique, et cela vous paraît extrêmement préoccupant. Pourquoi donc ?
Parce que la notion même de coup d’État est des plus… radioactives, et doit être maniée avec délicatesse, une extrême prudence. Or, il se trouve qu’au Mali, elle tend à se banaliser dans le discours politique. Et au sein de la population, l’on y recourt aujourd’hui à tort et à travers. C’est d’autant plus inquiétant que certains s’y réfèrent comme si c’était une option politique comme une autre, pour sortir des difficultés actuelles de leur pays, qui tournent essentiellement autour du fait que le Mali est confronté au terrorisme, comme tant d’autres États dans la sous-région et à travers le monde.
Aussi, lorsqu’un ex-général de l’armée malienne suggère que pour abréger les souffrances de son peuple, il suffirait de mettre fin au régime d’un chef d’État réélu depuis à peine un an pour un mandat de cinq ans, l’on se demande par quel autre moyen qu’un coup d’État il espère y arriver. Et tous, nous savons que si ce sont les militaires qui commettent les coups d’État en Afrique, c’est, en général, dans l’esprit des hommes politiques que germent, en premier, les idées qui y mènent.
Faut-il comprendre que ce sont les politiques qui poussent les militaires à faire des coups d’État?
Dans la plupart des cas, oui. Si l’on exclut l’ambition d’un seul homme ou d’un groupe d’officiers, le premier cas de figure est celui où les militaires constatent un désordre innommable ou une injustice insupportable et s’organisent pour agir, seuls. Autre cas de figure, les militaires sont discrètement approchés par des hommes politiques, qui n’en peuvent plus d’attendre les échéances normales, ou qui, sachant que jamais ils ne parviendraient au pouvoir par le biais du suffrage universel, cherchent quelqu’un pour leur faire la courte-échelle. Ils les convainquent d’agir, « pour le bien de la population », car le peuple est toujours l’alibi ultime, réel ou mensonger, parce qu’un coup d’État doit toujours se justifier par des motivations nobles.
Il y a, ensuite, les cas que l’on a observés en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Burkina et, plus récemment, en Algérie et au Soudan : le peuple est épuisé de souffrir un régime sans fin et se soulève. Mais, pour déloger le despote, il faut des armes, et les officiers les plus gradés (ou les plus audacieux) interviennent, pour parachever le travail des manifestants. Et, comme l’on a pu s’en apercevoir au Burkina, en Algérie et au Soudan, ceux qui parachèvent le travail ont souvent tendance à se muer en troisièmes larrons, pour confisquer le pouvoir.
Au Mali, l’ex-général avait-il besoin d’en parler, si telle était réellement son intention ? Il pouvait aussi agir en secret…
Il ne se cachait pas. Mais son « tweet » prenait prétexte du massacre d’une quarantaine de soldats par des terroristes. Et l’on se souvient que c’est à la faveur d’une humiliation du même type que des soldats et officiers de second rang avaient renversé le président Amadou Toumani Touré. Voilà sans doute pourquoi l’on a parlé d’incitation à la révolte, même si tout cela semble n’avoir pas de suite judiciaire. Parce que « IBK » est d’un niveau politique suffisamment subtil pour comprendre que faire arrêter un ex-général fera surtout la publicité de ce dernier.
Le laisser en liberté est même une façon de le décevoir et, peut-être, de lui signifier qu’il n’a pas joué de finesse. Car le terrorisme est un mal qui n’épargne personne, même pas les grandes puissances. Alors, si les opposants, partout où sévit le terrorisme, devaient se mettre à chasser le président de la République, l’on n’en finirait pas. Et, tout général qu’il est, il ne peut garantir que plus aucun soldat malien ne sera tué, s’il venait à être porté au pouvoir.
A cela, il faut ajouter la déclaration du ministre des Affaires étrangères, sur RFI, a prévenu que la Cédéao n’accepterait pas un éventuel coup d’État au Mali…
Par essence, un coup d’État est un acte déraisonnable. Et ceux qui le commettent ne s’embarrassent guère de principes édictés par une Cédéao qui a, elle-même, tant de mal à respecter ses propres règles. Il vaut encore mieux ôter aux putschistes virtuels tout alibi pour leur pronunciamiento, plutôt que de s’abriter derrière une organisation qui subit davantage qu’elle n’anticipe.
En général, ceux qui sont susceptibles d’être victimes d’un coup d’État sont les derniers à le voir venir…
par Bosse Ndoye
RÉFORME AMBITIEUSE DU CFA PAR LA FRANCE, QUELLE FARCE !
Pourquoi un État, fût-il prétendument « ami », dépenserait-il tant d’énergie pour une monnaie qui n’est pas la sienne ? Comme les hommes, les pays ne renoncent jamais volontairement aux avantages, aussi minimes soient-ils, qu’ils peuvent tirer d’un autre
Quand j'ai vu dans plusieurs médias le ministre de l’Économie et des finances de l'Hexagone dire que la France était ouverte à une réforme ambitieuse du franc Cfa, un sourire m'a fendu les lèvres. Un sourire de bonheur ? Certainement pas ! Mais un de ces sourires que l'on émet quand l'on est frappé de perplexité, dépassé que l'on est par une certaine réalité tenace.
Ce ne fut que plus tard, lorsque les pensées de deux des vaillants combattants pour les nobles causes du genre humain général et de l'homme noir en particulier, m'ont traversé l'esprit, que j'ai pu mettre un nom sur ce sourire-là : ce qui n'était rien d'autre que celui de dépit.
"Je le répète : le colonialisme n'est pas mort. Il excelle pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d'Association ou d'Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d'intégration (...) Mais de quelque masque que s'affuble le colonialisme, il reste nocif [1]." ;
« Notre tort à nous, Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule mais ne se convertit jamais. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité [2].»
Dans le meilleur des mondes, la France dirait j’en ai assez de ce franc CFA et de tout le tollé auquel il a donné naissance un peu partout dans le monde ; que cette monnaie et l'histoire qui lui est associée ne valent pas que mon image soit ternie... Donc, je m’en lave complètement les mains, et une fois pour toutes. Mais elle ne fera jamais. Au contraire, elle renforce son emprise, par quelque artifice, tant les différents avantages qu’elle tire de son maintien dans les pays où elle est utilisée sont grands. Par conséquent, pour faire perdurer ces avantages, elle est prête à laisser un peu de lest, mais juste dans le but de mieux tenir. Mais jamais pour abandonner. L’histoire mouvementée de cette monnaie sur le continent peut mieux aider à comprendre cette posture. En effet, elle a été marquée de meurtres inexpliqués de militants qui lui étaient opposés, de tentatives de déstabilisation, de pressions et menaces sur des dirigeants ayant voulu quitter la zone CFA. Dès lors, l’on est en droit de se poser certaines questions : pourquoi la France ne lâcherait-elle pas tout simplement cette monnaie plutôt que de proposer une réforme radicale ? Pourquoi un État, fût-il prétendument « ami », dépenserait-il autant d’énergie et de « moyens » pour une monnaie qui n’est pas la sienne ?
Ce n’est certainement pas par philanthropie. Loin s'en faut. D’autant que les États n’ont que des intérêts à défendre. De plus, de toutes les anciennes puissances coloniales, seule la France, pour moult raisons, refuse de tourner sincèrement et complètement la page coloniale. Ce qui explique certainement qu'elle ait commis plus de massacres sur le continent africain pour ne le quitter que pour le conquérir, comme le rappelle Boubacar Boris Diop dans Murambi, le roman des ossements.
En définitive, une possibilité de changer un tant soit peu cet état de fait nous semble donnée. Mais aurons-nous le courage de la saisir pour nous débarrasser définitivement de ce vestige du colonialisme dont la nocivité sur nos économies et sur notre souveraineté monétaire n’est plus à démontrer ? Ce qui est par contre clair c’est que, comme les hommes en général, les pays ne renoncent jamais volontairement aux avantages, aussi minimes soient-ils, qu’ils peuvent tirer d’un autre. Par conséquent « Les limites de la tyrannie s’établissent en fonction de l’endurance des opprimés [3].» Jusqu'à quand accepterons-nous toujours d'être exploités sans réagir ? L'initiative de l'Eco est bonne. Mais nombre de spécialistes disent que c'est une pale copie du CFA. La sortie complète de la zone Cfa ou le changement radical des principes le gouvernant requiert du courage et une ferme volonté de nos dirigeants. Ce qui semble manquer à nombre d'entre eux actuellement.
[1] Said Bouamama citant Aimé Césaire, "Planter du blanc" Chroniques du (néo)colonialisme français p.7
[2] Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, p.217
[3] Frédérick Douglas, cité par Chritiane Taubira : L’esclavage expliqué à ma fille, p.86
CE QU'IL FAUT SAVOIR SUR LA GRÂCE ET L'AMNISTIE
Qui a droit à la grâce présidentielle ? Peut-on la refuser ? Qu'est-ce qui la différencie d'une amnistie ? Éléments de réponse avec cette fiche d'information
Africa Check |
Samba Dialimpa Badji |
Publication 12/10/2019
La libération récente de l'ancien maire de la capitale sénégalaise Dakar, Khalifa Sall, suite à une grâce présidentielle, a suscité beaucoup de commentaires dans le pays. Cette fiche d'info donne des éléments de réponse à quelques questions que l'on se pose sur la grâce présidentielle et explique sa différence avec l'amnistie.
Pour rédiger cette fiche d’info, nous avons sollicité les éclairages du spécialiste du droit pénal, Ndiack Fall, du directeur des affaires criminelles et des grâces, Mandiaye Niang et de l’avocat Me Bamba Cissé.
Qu’est-ce que la grâce présidentielle ?
La grâce présidentielle est une mesure par laquelle le président de la République dispense un condamné de tout ou d’une partie de sa peine, explique le spécialiste du droit pénal Ndiack Fall. Selon le site officiel de l’administration française, Service-Public, la grâce présidentielle « permet au prisonnier qui en fait l’objet d’être libéré avant d’avoir purgé la totalité de sa peine ». Ndiack Fall précise qu’il « s’agit d’un droit discrétionnaire, une prérogative du chef de l’Etat garantie par l’article 47 de la Constitution ».
Qui a droit à la grâce présidentielle ?
Selon Ndiack Fall, toute personne faisant l’objet d’une condamnation définitive au plan pénal peut bénéficier d’une grâce présidentielle. Le juriste précise qu’il y a condamnation définitive, lorsque toutes les voies de recours sont épuisées.
Le directeur des affaires criminelles et des grâces, Mandiaye Niang, précise toutefois que « le code des drogues est le seul texte qui limite les prérogatives du président en exigeant que le condamné ait purgé les 4/5 de sa peine avant de pouvoir être gracié ».
Ndiack Fall souligne par ailleurs qu’il y a des condamnations qui sont exclues de la grâce. Il s’agit « des sursis, des condamnations par contumace et des peines subies (déjà accomplies) ».
Comment obtenir une grâce présidentielle ?
« Il n’y a pas de procédure rigide en ce qui concerne la grâce présidentielle », fait savoir Ndiack Fall. « Elle peut être demandée ou pas », précise-t-il. C’est-à-dire que le président de la République peut décider d’une mesure de grâce de sa propre initiative et même à l’insu du bénéficiaire. En quelque sorte, l’intervention de la grâce n’est pas subordonnée à la requête du bénéficiaire.
Et dans le cas où celle-ci est sollicitée, le site Service-Public précise que « la demande de grâce peut être formée par la personne condamnée concernée ou par un membre de sa famille, par le procureur ou par toute personne (ami, avocat, élu).
Quand il y a demandes de grâce, souligne Ndiack Fall, « celles-ci sont centralisées au ministère de la Justice et instruites par la direction des affaires criminelles et des grâces ».
Grâce et remise de peine
Le décret accordant la grâce à Khalifa Sall, l’ancien maire de la capitale sénégalaise, Dakar, a suscité des interrogations en raison justement de l’absence du terme « grâce » dans le texte. L’article premier du décret dit : « Une remise totale des peines principales est accordée aux condamnés définitifs dont les noms suivent ».
Cela a poussé certains à se demander s’il s’agissait vraiment d’une grâce, à cause notamment de l’emploi de l’expression « remise de peines ».
Selon le directeur des affaires criminelles et des grâces, Mandiaye Niang, « le terme grâce est vague et signifie seulement pardon ». « Dans le décret, il faut toujours préciser l’étendue du pardon », souligne-t-il avant d’ajouter « c’est pourquoi la remise totale de peine est une expression nécessaire pour clarifier ce qui est pardonné. La grâce aurait pu par exemple simplement réduire la peine. Ceci arrive souvent avec les condamnés à de longues peines criminelles. Il leur est souvent octroyé des réductions de peines ».
Il convient toutefois de noter qu’en ce qui concerne la grâce accordée à l’ancien ministre Karim Meïssa Wade et ses deux co-accusés graciés avec lui, Ibrahima Abdoukhalil (Bibo) Bourgi et Alioune Samba Diassé, le décret du Président de la République est intitulé « Décret n°2016-880 portant grâce présidentielle » et l’article premier dit : « la grâce est accordée aux condamnés dont les noms suivent …».
Le point commun est qu’elles sont toutes les deux des mesures d’apaisement social, souligne-t-il.
En ce qui concerne les différences, le juriste indique que le premier niveau porte sur les autorités compétentes. « Si la grâce est une prérogative du président de la République, l’amnistie relève du législateur, c’est-à-dire l’Assemblée nationale », dit le spécialiste du droit pénal.
L’autre distinction est que la grâce s’applique à la peine alors que l’amnistie s’applique aux faits. En conséquence, si les faits ont été amnistiés avant le déclenchement des poursuites, celles-ci ne pourront plus être engagées. Si l’amnistie intervient après le début des poursuites, celles-ci sont arrêtées. Enfin, si l’amnistie est votée après la condamnation, celle-ci est rétrospectivement effacée.
Le troisième niveau de différence porte sur les effets. La grâce dispense d’une peine mais celle-ci reste inscrite au casier judiciaire. Quant à l’amnistie, « c’est une mesure d’oubli », indique Ndiack Fall qui précise que « la peine prononcée est effacée du casier judiciaire ».
Un exemple de loi d’amnistie récente est la loi dite Ezzan qui dispose que « sont amnistiées, de plein droit, toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises tant au Sénégal qu’à l’étranger, en relation avec les élections générales ou locales ou ayant eu une motivation politique, situées entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004, que les auteurs aient été jugés ou non ». Les personnes condamnées pour l’assassinat de l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye, survenu le 15 mai 1993, ont ainsi bénéficié de cette amnistie.
Peut-on refuser une grâce présidentielle ?
Selon le directeur des affaires criminelles et des grâces, « la grâce est exercée unilatéralement ». « En pratique on ne peut pas la refuser, puisque l’administration pénitentiaire ne peut détenir quelqu’un sans titre valide. Même si le bénéficiaire refuse la mesure de clémence, on ne peut plus le garder », indique-t-il. Il fait toutefois noter qu’ « en théorie du droit administratif on aurait pu imaginer que celui qui est gracié alors qu’il n’en veut pas, attaque le décret du président de la République ». Mais d’après lui « son action serait jugée irrecevable parce que d’abord le décret relève d’un pouvoir discrétionnaire et ensuite il ne fait pas grief, c’est-à-dire qu’il ne porte pas préjudice à celui qui l’attaque ».
Mandiaye Niang donne l’exemple de la jurisprudence française avec le rejet par le Conseil d’Etat d’un recours d’un soldat qui contestait le décret de grâce commuant sa condamnation à mort en une peine de 20 ans de travaux forcés. Il s’agit de l’affaire Gugel en 1893 dans laquelle le Conseil d’Etat français avait décidé que «les actes accomplis par le chef de l’Etat, dans l’exercice du droit de grâce, ne sont pas susceptibles d’être déférés au Conseil d’Etat par la voie contentieuse».
Il précise d’ailleurs qu’au Sénégal « nous n’avons pas encore de contentieux autour de la contestation d’un décret de grâce ».
«Privilège du préalable » et « exécution forcée »
Pour l’avocat Me Bamba Cissé, même à supposer que le bénéficiaire d’une grâce attaque le décret, celle-ci lui sera malgré tout appliquée sans attendre le verdict, au titre du « privilège du préalable » qui permet à l’administration d’imposer sa volonté à des personnes sans avoir obtenu leur consentement préalable et sans avoir recours à l’autorisation préalable d’un juge.
L’avocat explique également que la grâce étant un acte administratif, si le condamné qui en bénéficie la refuse, il sera sorti de force de la prison en se fondant sur le principe de « l’exécution forcée » qui autorise l’administration à faire recours à la force pour contourner la résistance d’un administré et exécuter la décision.
LES POINTS SAILLANTS DE LA VISITE DE WADE AU PALAIS
Macky et son hôte ont fait le tour d’horizon de la situation politique nationale caractérisée par les questions relatives au processus électoral, au statut du chef de l’opposition, à la gestion des ressources naturelles, entre autres - COMMUNIQUÉ CONJOINT
SenePlus publie ci-dessous reçu des services du PDS, le communiqué sanctionnant la visite d'Abdoulaye Wade ce 12 octobre 2019, à la présidence de la République.
"Le président de la République, Macky Sall et le président Abdoulaye Wade se réjouissent de la rencontre toute empreinte de fraternité et de sérénité.
Le président Macky Sall et son hôte, le président Abdoulaye Wade ont tenu à remercier vivement le Khalif Général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacke qui les a invité tous les deux à l’inauguration de la grande mosquée Massalikoul Jinaan, facilitant ainsi leur rencontre en sa présence.
Au cours de leur entretien, les deux hôtes ont fait un large tour d’horizon de la situation politique nationale caractérisée par les questions relatives au processus électoral, au statut du chef de l’opposition qui seront reprises dans la cadre du dialogue national.
Le président Abdoulaye Wade a fait des recommandations au président Macky Sall pour qu’il déploie tous les efforts nécessaires à la maitrise de la gestion du pétrole, du gaz et des autres ressources naturelles.
Les deux hôtes ont également, abordé la situation sous régionale et africaine, dominée par des enjeux sécuritaires.
Constatant leur parfaite convergence de vue sur la question, ils s’engagent à unir leurs forces pour le retour de la paix et la consolidation de la stabilité.
Ils exhortent tous les sénégalais et tous les africains à cultiver la paix en privilégiant le dialogue et l’intérêt de l’Afrique.
Avant de se séparer, le président Macky Sall a tenu à remercier chaleureusement le président Abdoulaye Wade pour avoir accepté de se déplacer pour venir le rencontrer.
En retour, le président Abdoulaye Wade a exprimé toute sa gratitude au président Macky Sall de l’avoir invité au palais de la République avec tous les honneurs.
Enfin, le président Macky Sall a promis au président Abdoulaye Wade une visite retour à son domicile, à une date à convenir.