SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 juillet 2025
LA CNTS REJETTE LE DÉCRET PRÉSIDENTIEL DE NOMINATION À LA TÊTE DE L'IPRES
"C’est une institution où l’Etat, les employés ainsi que les travailleurs sénégalais siègent ensemble. Par conséquent, le choix du directeur doit se faire sur la base d’un appel à candidatures"
La nomination d’Amadou Lamine Dieng à la tête de l’Ipres n’agrée pas la Cnts qui s’est étonnée que le chef de l’Etat ait pris un décret pour nommer une personne de son choix à sa tête. Une bizarrerie administrative si l’on sait que les différents Dg de la boîte ont été choisis par le Conseil d’administration à la suite d’un appel à candidatures.
C’est une décision qui avait surpris : le décret qui place Amadou Lamine Dieng à la tête de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres) semble s’être substitué au Conseil d’administration qui choisissait le directeur général à la suite d’un appel à candidatures.
Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi ce changement ? La rencontre entre l’Union des routiers du Sénégal (Urs) et la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts) a constitué une vitrine pour Lamine Fall, secrétaire général adjoint de la Cnts, qui a tenu à rappeler au gouvernement que la «nomination du directeur général de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres) est du ressort du Conseil d’administration de ladite institution».
Il a ainsi signifié que l’Ipres n’est pas une propriété de l’Etat pour que le président de la République nomme une personne de son choix à la tête de la direction générale. "C’est une institution où l’Etat, les employés (Ipres) ainsi que les travailleurs sénégalais siègent ensemble. Par conséquent, le choix du directeur doit se faire sur la base d’un appel à candidatures".
Ainsi, parmi les candidats, on choisit celui qui a le meilleur profil pour diriger l’Ipres», défend Lamine Fall, secrétaire général adjoint à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts). Mais il y a des questions qui n’ont pas été réglées : Mamadou Sy Mbengue, qui a atterri à la Sn Hlm, a-t-il été défénestré par le Conseil d’administration qui l’avait choisi comme directeur général de l’Ipres ? Le Ca va-t-il se réunir pour invalider ce choix de Macky ?
L’avenir le dira sans doute, mais il réserve des débats houleux sur le choix porté sur M. Dieng qui n’a pas été recruté sur «appel à candidatures» comme tous ses prédécesseurs. Aujourd’hui, cette sortie du secrétaire général adjoint de la Cnts montre le statut particulier de l’Ipres, drivé par Racine Sy qui a réussi à mettre sur la touche le maire de Tivaouane qui s’était lancé dans un bras de fer qui lui a été fatal.
Le quotidiens parvenus vendredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS) s’intéressent à une pluralité de sujets allant notamment de l’économie à la politique en passant par des faits de société.
L’Observateur par exemple semble déjà faire un bilan d’étape de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER), mécanisme mis en place par l’Etat pour faciliter l’accès aux financements des femmes et des jeunes.
La Une du journal du groupe Futurs médias (GFM) : "La DER des échecs" lève tout équivoque sur les conclusions de l’enquête menée par le journal sur cette question.
La publication pointe notamment des "légèretés dans le financement et le clientélisme politique et des difficultés de recouvrement".
Des choses qui font dire à Mohamed Dia, expert financier en banque, dans des propos rapportés par le même journal, que le "mécanisme utilisé par la DER était prédestiné à échouer".
Les questions financières intéressent également le journal Le Témoin, lequel met le focus sur les chiffres d’affaires de banques établies au Sénégal au premier semestre 2019.
"Les banques et établissements financiers du Sénégal continuent d’afficher une dynamique haussière. Au cours du premier semestre 2019, leur total bilan s’est établi à fin juin à 7 378, 7 milliards de francs CFA contre 7249, 8 milliards en décembre 2018, soit une progression semestrielle de 1, 3 % et annuelle de 9, 1 %", fait savoir le journal dans ses colonnes.
"Toujours plus d’embonpoint pour les banques. Pendant que l’économie est morose et que les Sénégalais n’en peuvent plus de serrer la ceinture, les banques elles, ne cessent de s’engraisser", commente cette publication.
Dans les colonnes du journal Le Quotidien, il est question de la nomination de Amadou Lamine Dieng à la tête de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (CNTS), en remplacement de Mamadou Sy Mbengue, et des réactions relatives à ce changement.
"La CNTS s’oppose à Macky (Sall)", écrit le journal à sa Une pour rendre compte de la désapprobation de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal par rapport à ce changement.
Selon Le Quotidien, cette intersyndicale fait notamment valoir que la nomination du directeur est du ressort du Conseil d’administration et non du président de la République.
"L’IPRES n’est pas la propriété de l’Etat pour que le président nomme quelqu’un à sa tête", soutiennent les syndicalistes dans une déclaration relayée par le journal du groupe Avenir communication.
Les enjeux de l’adoption du bulletin unique dans le processus électoral, objet d’une certaine crispation entre pouvoir et opposition, sont analysés à la loupe par Sud Quotidien.
"Portée ou disqualifiée d’un contexte à un autre par tous les acteurs politiques, en fonction de leur situation dans l’opposition ou au pouvoir, la problématique du bulletin unique ne cesse de cristalliser les positions à chaque concertation pré-électorale", constate le journal.
Et Sud Quotidien de faire remarquer que le dialogue politique enclenché sous l’égide du président Macky Sall, "à l’issue d’un présidentielle contestée ne fait pas exception".
La même publication rappelle que "face à la requête de l’opposition de recourir au bulletin unique, la majorité refuse de jouer le jeu (…), alors que ce mode de consultation électorale est en vigueur dans presque toute la sous-région".
La photo de l’opposant Ousmane Sonko, arrivé troisième à l’issue de la présidentielle de février dernier, est à la Une de Walfquotidien, lequel évoque l’enclenchement du processus de "mise à mort" de l’ancien fonctionnaire des Impôts devenu député.
Pour le journal, "les députés ont posé hier (jeudi) un autre acte pour éloigner le leader du parti PASTEF de l’espace politique". La publication croit ainsi savoir que l’examen en plénière des conclusions du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards de francs va ouvrir la voie à un procès contre "le plus farouche opposant" au président Sall.
L’affaire dite des 94 milliards, en lien avec une question d’indemnisation foncière, concerne une accusation de détournement de fonds portée par le leader des Patriotes du Sénégal pour le travail l’éthique et la fraternité (PASTEF) contre l’ancien directeur des impôts et domaine, Mamour Diallo.
Pendant ce temps, Le Soleil met en relief l’inauguration par le chef de l’Etat d’un collège d’enseignement moyen (CEM) à Diamniadio, dénommé "Daara Rama", un établissement scolaire dédié aux filles et réalisé par la Fondation Servir le Sénégal dirigée par son épouse, Marième Faye.
Le chef de l’Etat a salué ce "modèle original et innovant qui permettra d’optimiser les performances des filles grâce au régime de l’internat", rapporte le quotidien national.
Vox populi évoque de son côté, les conséquences des orages qui se sont abattus dans la nuit de mercredi à jeudi sur plusieurs endroits du pays, occasionnant un mort à Thiès et des dégâts à Dakar.
Dakar, 4 oct (APS) – Le quotidiens parvenus vendredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS) s’intéressent à une pluralité de sujets allant notamment de l’économie à la politique en passant par des faits de société.
L’Observateur par exemple semble déjà faire un bilan d’étape de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER), mécanisme mis en place par l’Etat pour faciliter l’accès aux financements des femmes et des jeunes.
La Une du journal du groupe Futurs médias (GFM) : "La DER des échecs" lève tout équivoque sur les conclusions de l’enquête menée par le journal sur cette question.
La publication pointe notamment des "légèretés dans le financement et le clientélisme politique et des difficultés de recouvrement".
Des choses qui font dire à Mohamed Dia, expert financier en banque, dans des propos rapportés par le même journal, que le "mécanisme utilisé par la DER était prédestiné à échouer".
Les questions financières intéressent également le journal Le Témoin, lequel met le focus sur les chiffres d’affaires de banques établies au Sénégal au premier semestre 2019.
"Les banques et établissements financiers du Sénégal continuent d’afficher une dynamique haussière. Au cours du premier semestre 2019, leur total bilan s’est établi à fin juin à 7 378, 7 milliards de francs CFA contre 7249, 8 milliards en décembre 2018, soit une progression semestrielle de 1, 3 % et annuelle de 9, 1 %", fait savoir le journal dans ses colonnes.
"Toujours plus d’embonpoint pour les banques. Pendant que l’économie est morose et que les Sénégalais n’en peuvent plus de serrer la ceinture, les banques elles, ne cessent de s’engraisser", commente cette publication.
Dans les colonnes du journal Le Quotidien, il est question de la nomination de Amadou Lamine Dieng à la tête de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (CNTS), en remplacement de Mamadou Sy Mbengue, et des réactions relatives à ce changement.
"La CNTS s’oppose à Macky (Sall)", écrit le journal à sa Une pour rendre compte de la désapprobation de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal par rapport à ce changement.
Selon Le Quotidien, cette intersyndicale fait notamment valoir que la nomination du directeur est du ressort du Conseil d’administration et non du président de la République.
"L’IPRES n’est pas la propriété de l’Etat pour que le président nomme quelqu’un à sa tête", soutiennent les syndicalistes dans une déclaration relayée par le journal du groupe Avenir communication.
Les enjeux de l’adoption du bulletin unique dans le processus électoral, objet d’une certaine crispation entre pouvoir et opposition, sont analysés à la loupe par Sud Quotidien.
"Portée ou disqualifiée d’un contexte à un autre par tous les acteurs politiques, en fonction de leur situation dans l’opposition ou au pouvoir, la problématique du bulletin unique ne cesse de cristalliser les positions à chaque concertation pré-électorale", constate le journal.
Et Sud Quotidien de faire remarquer que le dialogue politique enclenché sous l’égide du président Macky Sall, "à l’issue d’un présidentielle contestée ne fait pas exception".
La même publication rappelle que "face à la requête de l’opposition de recourir au bulletin unique, la majorité refuse de jouer le jeu (…), alors que ce mode de consultation électorale est en vigueur dans presque toute la sous-région".
La photo de l’opposant Ousmane Sonko, arrivé troisième à l’issue de la présidentielle de février dernier, est à la Une de Walfquotidien, lequel évoque l’enclenchement du processus de "mise à mort" de l’ancien fonctionnaire des Impôts devenu député.
Pour le journal, "les députés ont posé hier (jeudi) un autre acte pour éloigner le leader du parti PASTEF de l’espace politique". La publication croit ainsi savoir que l’examen en plénière des conclusions du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards de francs va ouvrir la voie à un procès contre "le plus farouche opposant" au président Sall.
L’affaire dite des 94 milliards, en lien avec une question d’indemnisation foncière, concerne une accusation de détournement de fonds portée par le leader des Patriotes du Sénégal pour le travail l’éthique et la fraternité (PASTEF) contre l’ancien directeur des impôts et domaine, Mamour Diallo.
Pendant ce temps, Le Soleil met en relief l’inauguration par le chef de l’Etat d’un collège d’enseignement moyen (CEM) à Diamniadio, dénommé "Daara Rama", un établissement scolaire dédié aux filles et réalisé par la Fondation Servir le Sénégal dirigée par son épouse, Marième Faye.
Le chef de l’Etat a salué ce "modèle original et innovant qui permettra d’optimiser les performances des filles grâce au régime de l’internat", rapporte le quotidien national.
Vox populi évoque de son côté, les conséquences des orages qui se sont abattus dans la nuit de mercredi à jeudi sur plusieurs endroits du pays, occasionnant un mort à Thiès et des dégâts à Dakar.
LES RESSORTS TRÈS POLITIQUES D'UNE GRÂCE PRÉSIDENTIELLE
La libération de Khalifa permet de neutraliser le discours radical de Sonko qui ne s'embarrasse pas de précautions. Plus encore, cette diversification prend les traits d'une OPA sur la direction d'une opposition au détriment du «tout sauf Macky !»
La Tribune Afrique |
Ibrahima Bayo Jr. |
Publication 03/10/2019
Après 936 jours passés dans le confort spartiate de la «chambre spéciale» de la prison de Rebeuss, Khalifa Sall a bénéficié d’une grâce que Macky Sall a signée à la surprise générale. Destitué de son mandat de maire, éjecté de son siège de député, laissé en rade lors de la présidentielle de février 2019, celui que ses partisans surnomment Khaff est désormais libre. Au-delà d’un avenir politique à reconstruire, les ressorts de sa libération relèvent d'un calcul politicien rondement ajusté. Analyse.
A son corps défendant, Khalifa Sall avait congédié le porteur de la bonne parole du jour. Connu pour son bagout, l'avocat Me Khassimou Touré s'était invité ce 29 septembre à la chambre spéciale de Rebeuss, la prison urbaine où Mbaye Touré, son frère et ex-directeur administratif de la Mairie de Dakar, était embastillé. En première instance, il faisait partie de l'escadre d'avocats commis à la défense de l'ancien maire de Dakar avant d'en être écarté sur des accusations de «taupe du pouvoir». Avec un secret bien gardé de Malick Sall, le ministre de la Justice, Khassimou Touré avait déjà saisi Macky Salld'une lettre de demande de grâce au profit de son frère et de Khalifa Sall, à leur insu.
Familier du portail de l'établissement carcéral dakarois, la robe noire porte la nouvelle du décret de grâce au détenu le plus célèbre de la prison la plus surpeuplée du Sénégal. Ce dernier semble réfractaire. En quelques heures, via la messagerie cryptée Telegram, les téléphones cellulaires surchauffés ébruitent l'affaire dans le très petit milieu judiciaire sénégalais. Les avocats du maire se précipitent pour faire mine de le supplier d'accepter. L'honneur de l'ex-édile est sauf. Il s'engouffre dans un 4X4, en direction de chez sa mère.
Calcul d'un «animal politique à sang froid»
Au-delà de l'anecdote, pourquoi donc Khalifa Sall, qui pousse le symbole de sa radicalité à prouver son innocence au point d'adopter le boubou blanc immaculé, a-t-il été libéré à la surprise générale? La réponse tient en une phrase : un calcul politicien bien pensé de Macky Sall. Le geste de mansuétude présidentielle n'est que l'écume des pistes d'explications. Dans le fond, il arrive sur le tard, malgré la demande sociale, la pression politique et médiatique et même les bons offices - pour ne pas dire les sommations - des familles confrériques musulmanes du Sénégal. Avec la grâce à Khalifa Sall, le chef de l'Etat sénégalais réalise un coup de maître digne d'un «animal politique à sang froid».
Deux jours plus tôt, le locataire du Palais de la République scellait sa réconciliation avec Abdoulaye Wade dans le sillage de l'inauguration de la Grande mosquée Massalikoul Jinane. L'euphorie nationale provoquée par l'ouverture de la plus grande mosquée d'Afrique de l'Ouest avait fini de tailler pour le président sénégalais ses nouveaux habits d'apaiseur social. Plus que le blanchiment à la chaux de l'image présidentielle, la libération de Khalifa Sall répond à une volonté de rééquilibrage des forces de l'opposition.
Bien avant la présidentielle de 2024, les législatives de 2022 sont autant un test-faix qu'annonciatrices du grand chamboulement dans l'échiquier. Au sein de l'opposition, on cherche déjà à atténuer l'amère défaite par «un coup, KO !» qui a consacré la réélection de Macky Sall. Elle devra se chercher un meneur. Mais le rapport des forces en présence n'est pas simple. «Chargé de l'organisation, de la modernisation et de l'élaboration des stratégies politiques». Avec la réorganisation stratégique des instances du Parti démocratique sénégalais (PDS), Karim Wade a reçu l'onction d'Abdoulaye Wade. Une fonction kilométrique taillée pour ses ambitions de tenir les brides de la deuxième force politique à l'Assemblée nationale.
Une sortie honorable pour la postérité
Et pourtant, selon la logique du score instituée par la Constitution de 2016, Idrissa Seck endosse les habits de chef de l'opposition sans en assurer les pleins rôles, enferré par une loi organique qui se fait attendre. Un rôle que lui dispute Ousmane Sonko, anobli par ses partisans du titre de «leader de l'opposition». En profitant de l'absence de Khalifa Sall de la scène politique, l'ovni politique s'est sculpté une stature en tenant le rôle de nouveau poil à gratter du régime. La libération de l'ancien maire de la capitale permet de neutraliser le discours de ce radical qui ne s'embarrasse pas de précautions. Plus encore, cette diversification prend les traits d'une OPA sur la direction d'une opposition au détriment du «tout sauf Macky ou son camp !»
Dans la ligne de mire du président sénégalais, la présidentielle de 2024. Si la grâce accordée à Khalifa Sall a épongé le reste de sa peine, il reste privé de ses droits civils et politiques que seule une loi d'amnistie pourrait rétablir. Condamné pour enrichissement illicite, Karim Wade est dans la même situation. Sur la tête du premier pend l'épée du remboursement des 5 millions d'amende et du 1,8 milliard qui s'est évaporé de la caisse d'avance. Le retour du second est retardé par les 138 milliards de Fcfa d'amende qui peuvent valoir l'application de la contrainte par corps. Autant de moyens de pression pour contraindre les deux hommes à s'asseoir à la table du dialogue national avec la promesse d'une loi d'amnistie.
Avec un casier judiciaire à nouveau blanchi, Khalifa Sall et Karim Wade deviendraient des rivaux politiques dans la course au palais, divisant un peu plus l'opposition. Avec plusieurs têtes, cette dernière garantirait à un candidat issu du parti présidentiel des chances, sinon supérieures au moins égales dans les urnes. Dans l'éventualité où le pouvoir devrait échapper à son propre camp, Macky Sall se retrouverait dans le rôle confortable d'arbitre du jeu politique. Celui de l'homme qui aura perpétué l'image de «vitrine démocratique de l'Afrique de l'Ouest» dont se targue le pays. Une sortie honorable pour la postérité !
LE CLUB DES MANDATS AU-DELÀ DE LA LIMITE CONSTITUTIONNELLE
Dans le club des chefs d'Etat africains qui souhaitent faire sauter le verrou de la limite constitutionnelle sur leur mandat, il y a deux camps
LA Tribune Afrique |
Ibrahima Bayo Jr. |
Publication 03/10/2019
Jusqu’ici, Alpha Condé entretenait le clair-obscur dans son intention de rempiler à la tête de la Guinée après l’expiration de ses deux mandats constitutionnels. Mais depuis son appel lancé à la diaspora guinéenne aux Etats-Unis pour voter un référendum qui pourrait ouvrir la voie à un changement de régime, le président guinéen a levé le voile sur ses ambitions. Le professeur-président est sans doute encouragé par ces chefs d’Etat, encore au pouvoir, qui ont réussi le tour de force. A moins que l’influence ne vienne d’autres de ses pairs sur le Continent à qui on prête les mêmes desseins –avoués ou non-. Revue non exhaustive des effectifs.
Alpha Condé n'est pas le seul président africain qui pense à se maintenir au pouvoir même s'il fallait en passer par un changement ou une révision de la Constitution. Dans le club des chefs d'Etat africains qui souhaitent faire sauter le verrou de la limite constitutionnelle sur leur mandat, il y a deux camps.
En catimini ou au forceps, il y a ceux qui ont pu réussir. Ils suscitent l'envie chez certains de leurs homologues qui doivent céder le fauteuil. Partagés entre la crainte d'une opinion publique friande d'une démocratie dont Internet est l'accélérateur et les discours laudateurs de leur premier cercle, d'autres hésitent à franchir le pas ou y pensent secrètement dans l'attente du moment opportun.
Paul Kagame : la poigne, le prix de la réussite économique ?
C'est le nouveau disque des grandes institutions, des fonds d'investissement, des chefs d'entreprises privées et même de certains politiques. Afro-centré, efficace et sans complexe face aux récriminations de l'Occident, le « modèle rwandais »impressionne le monde avec sa croissance mirobolante, ses réalisations en termes d'infrastructures, d'innovation et de gouvernance. Aux commandes de ce pays cité en exemple dans tous les séminaires, les conférences internationales et les réseaux sociaux, Paul Kagame (62 ans en octobre prochain) qui entame son troisième septennat et peut rester au pouvoir jusqu'en 2034 !
Profitant de l'appareil du Front patriotique rwandais (FPR), le président rwandais fait voter en 2015 une révision de la constitution pour y inscrire un mandat transitoire de 7 ans avant un passage à un quinquennat. Désigné par le parlement en 2000, l'ex-maquisard de la rébellion des Tutsis avait été un des acteurs qui ont mis fin au génocide. Sur un plan plus politique, il avait assuré (de 1994 à 2000) l'intérim du président démissionnaire de l'époque, Pasteur Bizimungu, dont il a été le vice-président et le ministre de la Défense.
Élu pour la première fois au suffrage universel en 2003, il sera réélu en 2010 puis en 2017. La constitution validée par un référendum en 2015 permet à Paul Kagame de briguer deux autres mandats de cinq ans à la fin de son septennat actuel (2017-2024). Contre la critique sur sa gestion de poigne, les complimenteurs de Paul Kagame opposent les perspectives d'avenir du pays qui porte toute la symbolique du surnom de « Singapour de l'Afrique ». Le prix de la réussite économique ?
Edgar Lungu : les voies de la toute-puissance
« Nous avons bravé la tempête pour présenter cette [nouvelle] constitution [... ] Soutenez le processus ! », a lancé, comme une injonction impérieuse, Edgar Lungu, le président zambien, lors de son discours au parlement à la mi-septembre 2019. S'il passe, le projet d'amendement de la Constitution qu'il vient de proposer aux députés devrait lui ouvrir les voies à la toute-puissance en confiant la gestion du pays à un parti-Etat qu'il tient dans sa main.
D'abord parce qu'il devrait transférer à un parlement largement acquis à la cause du Front patriotique(FP, au pouvoir) certains pouvoirs de nomination des juges de la Cour suprême et de la Cour constitutionnelle. Les quelques députés frileux à l'idée d'appuyer cette réforme seront sans doute rayés de l'institution dans la réduction proposée du nombre de représentants du peuple. Les recalés pourraient facilement être casés dans des postes de vice-ministres qui vont être introduits dans la réforme.La tactique est au point. En ligne de mire, la présidentielle de 2021 à laquelle le président est autorisé à se présenter.
Fin 2018, la Cour constitutionnelle de la Zambie met fin à la houleuse controverse juridique sur la vis du «troisième mandat». Désigné en 2014 pour assurer l'intérim de Michel Sata, décédé sur le fauteuil présidentiel, Edgar Lungu est désigné l'année suivante par le parti pour terminer le reste du mandat de son défunt prédécesseur. A la présidentielle contestée, mais validée de 2016, il est (ré) élu pour un mandat de cinq ans. Ses pourfendeurs estiment que le président a effectué les deux mandats qu'autorise la Constitution.
Ce n'est pas l'avis de la Cour constitutionnelle. «Notre réponse est que le premier mandat présidentiel de Lungu [...] ne peut être considéré comme un mandat complet », avait tranché la juridiction en réponse à l'opposition qui dénonçait la violation de la Constitution.
Faure Gnassingbé : au jardin de mon père
C'est avant de battre le record de longévité au pouvoir d'Omar Bongo (41 ans) que Gnassingbé Eyadema a rendu l'âme, avant la fin de son septième septennat. Peu avant le décès du patriarche qui aura régné 38 ans sur le Togo, le nouveau palais présidentiel que son fils, alors ministre des Travaux publics, avait fait construire, laissait déjà présager de l'application d'une loi salique à un régime républicain. Trois ans avant que le général-président ne casse son bâton de commandement, il avait déjà réformé la constitution pour calibrer l'âge légal requis à celui de son fils.
Député de Blitta avant son entrée au gouvernement, Faure Gnassingbé lui succède en 2005 dans des circonstances invraisemblables : en visite au Bénin, Fambaré Natchaba Ouattara, alors président de l'Assemblée nationale, s'empresse de rentrer au pays lorsqu'il apprend la nouvelle du décès d'Eyadema. C'est en principe lui qui doit assurer l'intérim et organiser de nouvelles élections après la période de deuil. Mal lui en a pris lorsqu'on le bloque à la frontière. Avec une rapidité qui surprendra tous les observateurs, les députés sont réunis en conclave d'urgence. Ils destituent le président de l'Assemblée nationale et votent une réforme de la constitution qui désigne Faure Gnassingbé pour terminer le mandat de son père.
Après une mini-tournée chez Mouammar Kadhafi de la Libye et Omar Bongo du Gabon, le président désigné opère une reculade face à la pression de l'Union africaine (UA). La réforme est retirée, mais le président se rabat sur un adoubement au sein du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) pour se présenter à la présidentielle de 2005. Avec parfois l'intimidation d'électeurs par des militaires, il est élu sans grand mal. La technique n'est pas nouvelle. Une décennie après son arrivée au pouvoir désavouée, deux réélections (en 2010 et 2015) tout aussi contestées, le premier locataire du nouveau palais n'est pas prêt de rendre les clefs.
Le 8 mai 2019 vers minuit, alors qu'il est en visite chez Ali Bongo du Gabon, les députés retoquent la Constitution pour remettre les compteurs à zéro. A 53 ans, Faure Gnassingbé est en train de semer ses cailloux dans le jardin de son père. Il peut briguer deux autres quinquennats lors des élections présidentielles de 2020 et 2025. S'il remporte ces deux rendez-vous électoraux, il pourrait rester au pouvoir jusqu'en 2030. Au décompte, cela lui fera 25 ans au pouvoir, loin du record de son père. Qui sait ? Le calendrier politique togolais pourrait toujours révéler un subterfuge pour encore prolonger un peu plus.