Les syndicats du G20 annoncent le boycott de la rentrée des classes prévue demain à cause de la non-effectivité de l’application des accords du 17 février 2014.
La rentrée scolaire, prévue demain, ne s’annonce pas sous de bons auspices. Le G20, constitué de 26 organisations syndicales, a annoncé «le boycott de la rentrée scolaire du 3 octobre». Cette organisation qui polarise les syndicats n’ayant pas atteint le seuil de 10% lors des élections de représentativité désapprouve le mode de négociation du gouvernement qui a confié la gestion du monitoring du suivi des accords aux ministres chargé du Pse et de l’Education nationale et «exige» le respect du protocole d’accord du 17 février 2014. Cette décision de boycott est motivée par le non-respect «du gouvernement des accords signés depuis 2014. Le gouvernement doit près de 100 milliards aux enseignants en termes de rappels de validation, d’avancement et d’intégration».
Il y a aussi la réforme du système de rémunération des fonctionnaires qui ne serait pas équitable, et dont les conclusions sont réclamées depuis des mois par les enseignants. «Le G20 a décidé de prendre ses responsabilités, de boycotter le rentrée des classes et de déposer un préavis de grève. Et récuse le choix porté sur Cheikh Kanté pour le monitoring des négociations parce qu’il ne maîtrise aucune question de l’éducation», explique Dame Mbodj.
Dame Mbodj (Cusems/Authentique), Ameth Suzanne Camara (Sepe), Maguette Diop (Ois/Rd), Pape Mamadou Kane (Sydels), entre autres secrétaires généraux, ont fait face à la presse et ont décrété ce mot d’ordre qui risque de plomber le slogan d’une ouverture effective à date échue (Oubi téy djang téy). Gougna Niang, secrétaire général de l’Union des enseignants du Sénégal (Udes), estime que les syndicats du G20 sont «laissés en rade dans le dialogue» avec le gouvernement, qui a repris les pourparlers vendredi dernier. Or les actions menées par le G6 sur les protocoles d’accord sont «insuffisantes», à en croire le porte-parole du jour qui estime que «le seul acquis du G6 est l’indemnité de logement». Alors que, dit-il, la délivrance des actes administratifs relatifs à la carrière des enseignants, le règlement définitif de lenteurs administratives liées aux alignements, aux paiements des rappels de validation, d’intégration, d’avancement, de reclassement, le paiement des crédits Dmc ne sont pas complètement vidés. En outre, ces syndicats signataires du protocole de 2014 disent «avoir un droit de regard sur les accords». Ce qui leur donnerait de facto la légitimité de prendre part au dialogue.
«Cheikh Kanté n’est pas la personne indiquée pour assurer le monitoring des négociations. La stratégie du gouvernement est de divertir. Le protocole du 30 avril 2018 est une farce. Le G6 a failli et le G20 se présente comme la seule initiative pour les enseignants», décrète M. Kane. Mamadou Talla aussi n’est pas épargné par les critiques. Dame Mbodj le traite de «sbire de la France sur la question de l’Institut Sainte Jeanne D’arc et la promesse de privatisation d’écoles sénégalaises au profit de la France». Une belle ambiance de rentrée.
«PLUS DE 90% DES ALERTES SUR LES RISQUES DE CONFLITS QUE JE REÇOIS AU QUOTIDIEN VIENNENT DU FONCIER»
Présidé par Macky Sall, le 31ème congrès des notaires d’Afrique a pour objectif de créer, consolider, voire étendre la place du notariat dans la «déjudiciarisation» de certains contentieux, la sécurisation foncière qui est un levier pour le développement
Placé sous l’égide de la Commission des Affaires Africaines (CAAF) de l’Union International du Notariat (UINL) et la Chambre des Notaire du Sénégal (CDNS), le Centre International de Conférence Abdou Diouf de Diamniadio a abrité, hier mardi, le 31e Congrés des Notaires d’Afrique. Présidé par le président de la République, Macky Sall, cette rencontre devant se terminer le 4 octobre, a pour objectif de créer, consolider, voire étendre la place du notariat dans la «déjudiciarisation» de certains contentieux, la sécurisation foncière qui est un levier pour le développement. Car, informe le chef de l’Etat, plus de 90% des alertes qu’il reçoit au quotidien sur les risques de conflit viennent du foncier. Le tout dans un environnement national, continental, voire mondial de plus en plus numérisé.
Atravers le thème «Déjudiciarisation, Foncier, Numérique», le notariat africain prend la mesure des enjeux actuels qui interpellent le continent africain, par rapport au reste du monde, pour améliorer la qualité des services offerts, pour assurer la paix sociale, la sécurité juridique et le développement économique pour le bien-être des populations. Conscient des enjeux qui tournent autour du notariat, le président Macky Sall déclare, à titre d’exemple, que «la loi confère au notaire le monopole de l’authenticité. Celui-ci est le seul habilité à instrumenter les actes juridiques civiles, dits actes notariés, les juridictions non-contentieuses pour lesquelles la forme authentique est prescrite par la loi ou requise par les parties. L’authenticité attachée aux actes faits ou signés devant un notaire permet à ce dernier d’émettre un titre exécutoire chaque fois que les parties requièrent ses services. Ce titre permet de saisir ainsi un débiteur défaillant sans avoir à entamer une procédure judiciaire préalable».
PLAIDOYER POUR LE REGLEMENT DES CONFLITS HORS DE LA SPHERE JURIDIQUE
Développant, par ailleurs, les 3 éléments constitutifs du thème du jour à savoir «Déjudiciarisation, Foncier et Numérique», le président de la République renseigne que «force est de constater qu’il s’agit de trois thèmes différents qui, mis au profit de la profession, peuvent contribuer à l’amélioration du service public. Relativement à la déjudiciarisation, on constate que la justice apparaît, aux yeux des usagers, plus ou moins lente avec des procédures lentes qui échappent à leur contrôle. Les reformes que j’ai entrepris, depuis 2012, tentent d’y apporter des corrections rapides et adaptées, certains d’entre-elles accélèrent le coup du procès. Il en est ainsi du décret 2013- 10-71 portant modifications du Code de procédure civile en ce qu’il renforce les compétences du juge, de la mise en état, de la réduction des délais d’appel ainsi que de la lutte contre les pratiques dilatoires».
Par rapport à la question du foncier, Macky Sall relève: «quant au foncier, il demeure au cœur de notre politique de développement économique et social. Cependant, son statut juridique hybride, marquée par la coexistence de terres matriculées et la grande majorité de terres immatriculées pose problème. Je peux même dire qu’au Sénégal, l’essentiel des alertes que je reçois sur les risques de conflit au quotidien viennent, plus de 90%, du foncier. Il convient, dès lors, de tenir compte du potentiel économique des terres non immatriculées afin d’envisager un nouveau droit d’usage auquel pourrait être attachés les droits réels sécurisés». Concernant le dernier aspect qui concerne le volet numérique, le président de la République, Macky Sall, ajoute: «enfin, en ce qui concerne le numérique, je partage votre assertion quant au sacerdoce du notaire en tant que dépositaire de secrets. Interpellé dès qu’il s’agit de la communication, du traitement ainsi que la sécurisation des données personnelles et confidentielles, ainsi, vous ne perdez pas de vue les profondes mutations de l’exercice de votre activité dans une société en profondes mutations. C’est ainsi que peuvent être sollicitées les compétences du notaire».
APPEL A UNE EXTENSION DES DOMAINES D’INTERVENTION
A sa suite, la présidente de la Chambre des Notaires du Sénégal, Me Aïssatou Sow Badiane, a formulé une panoplie de vœux allant dans le sens redonner au métier de notariat sa place dans la sphère juridique. «Nous émettons, d’ors et déjà, le vœu que nos législateurs prennent des dispositions pour réduire le contentieux à sa plus simple expression, rendre au médiatoire la réquisition du notaire, quelle que soit la nature des droits concernés ou la qualité des contractants. Pour soulager les juridictions, conférer au notaire la compétence exclusive sinon concurrente pour déterminer la dévolution successorale et accomplir les formalités qui en résultent par le seul acte notarié; ce qui suppose la modification de la loi foncière». S’y ajoutent «l’ouverture des testaments olographes par actes descriptifs notariés ou non devant le juge conformément aux dispositions du Code de la famille ; l’établissement des procès-verbaux au Conseil de famille par acte authentique; l’implication du notaire dans les procédures de déclaration aux fins d’adoption, dans la déclaration aux fins de mariages coutumiers; dans les déclarations d’acceptation soudaine ou de renonciation. Et enfin les contrats de mariage en remplacement du système d’options devant l’officier civil».
KEDOUGOU, LE DRAME DES MINEURS
Dans les sites d’orpaillage à Kédougou, ce sont des centaines de mineurs (es) qui sont pris au piège et forcés à la prostitution et au travail minier.
Dans les sites d’orpaillage à Kédougou, ce sont des centaines de mineurs (es) qui sont pris au piège et forcés à la prostitution et au travail minier. Face à l’absence de l’autorité de l’Etat, les Ong essaient de sauver ces migrants qui ont du mal à retrouver le fil de leur vie normale.
A Kédougou, la lumière de l’or a rendu aveugles des milliers de personnes, attirées par les mirages des mines d’orpaillage. Derrière l’activité aurifère se cache un drame : le trafic et la traite d’êtres humains, qui se banalisent à cause de l’impunité. Aujourd’hui, les villages de Karakhéna et de Banataco connaissent leur prospérité grâce à l’exploitation artisanale de l’or. C’est l’un des sites d’orpaillage de la région de Kédougou où le flux migratoire est très important grâce au développement fulgurant de l’activité du métal précieux. Cette situation a attiré des migrants issus des pays de la sous-région et le développement de la traite des mineurs à cause de l’implantation de réseaux de trafic entretenus par des Nigérians, Ghanéens, Burkinabè, Sénégalais, Ivoiriens, Togolais, Maliens, Guinéens et Béninois. Un business qui regroupe tous les pays de la sous-région. Et les chiffres font froid dans le dos, n’est-ce pas Aliou Bakhoum ? «Depuis 2013, nous sommes en train d’intervenir dans la migration dans le cadre d’une étude de référence. On avait recensé dans les sites d’orpaillage 1109 enfants dont 123 enfants migrants qui effectivement venaient avec les Burkinabè pour les aider à travailler sur le concassage des cailloux», détaille le chef de l’antenne régionale de l’Ong La lumière, qui s’intéresse au fonctionnement des sites d’orpaillage traditionnels.
Le système mis en place est huilé. Par conséquent, il est difficile de pénétrer ces réseaux où l’omerta est la loi. A Karakhéna, le soleil ne décourage pas les «chercheurs» de l’or, qui creusent, tamisent, mais ne prononcent mot. Sur place, des enfants, pris au piège, font les tâches adultes. Comment en est-on arrivé là ? «La question de la migration est très difficile à régler parce que, comme vous le constatez, ce sont des enfants qui viennent avec leurs parents ou bien même avec des tuteurs. La confiance constitue aussi un problème parce que parfois on dit voilà nous sommes du même village quand vous partez au Sénégal, on vous donne trois enfants à amener. Mais, une fois au Sénégal, ils sont exposés au travail des moulins», explique M. Bakhoum. C’est un travail acharné, qui vole à ces gamins leur avenir. Ils sont surtout sans revenus et sans éducation.
Mineures forcées à la prostitution
Dans toutes ces zones, le couple or-sexe fait des ravages, entretient le proxénétisme. Comme tout site d’orpaillage, Karakhéna et Banataco, où cohabitent une douzaine nationalités de la sous-région, n’échappe pas à cette réalité. Située à 90 Km de la commune de Kédougou et à 30 km de la commune de Saraya, dans l’arrondissement de Bembou, Kharakhéna est l’un des plus gros villages de la région de Kédougou qui connait sa prospérité grâce à l’exploitation artisanale de l’or. Le village abrite un site d’orpaillage de renom et constitue une attraction pour des populations en tous genres et de toute nationalité. Niché à 30 kilomètres de la frontière entre le Sénégal et le Mali, le village grouille de monde et vit dans une ambiance enfiévrée. L’étranger est vite reconnu et dévisagé dans ce village, qui a connu une explosion démographique dont une partie est constituée de travailleuses du sexe essentiellement des Nigérianes. Un véritable trafic de personnes, avec un réseau de trafic très huilé, qui s’opère au niveau des sites d’orpaillage. Il s’agit de bandes organisées depuis le Nigeria avec des ramifications au niveau de chaque zone ou lieu de transit jusqu’à la destination finale.
«Il y a des sergent-recruteurs établis au Nigeria et un comité d’accueil basé à Kédougou, explique une source, qui a préféré rester anonyme. Elles avaient l’espoir d’aller en Espagne pour travailler dans les restaurants ou dans les salons de coiffure. Mais la destination est au Sénégal précisément à Kédougou dans les sites d’orpaillage.» «Les jeunes files sans se poser des questions et sans hésitation sont embarqués à bord d’un véhicule. Le trajet est : Nigeria, puis Cotonou (Benin), Togo-Mali. Ils vont séjourner là-bas le temps qu’on leur fabrique de fausses pièces d’identité. D’ailleurs pour les mineures, ils vont augmenter l’âge pour pouvoir les amener. Une fois à la frontière sénégalo-malienne, les convoyeurs récupèrent leurs papiers et leur annoncent le travail qu’elles doivent faire : la prostitution. N’ayant pas le choix étant loin de leur famille, elles sont obligées de se conformer aux décisions de leurs bourreaux, qui confisquent leurs pièces d’identification et les convoyeuses menacent d’attenter à leur vie à travers des pratiques mystiques si toutefois elles refusaient de collaborer. Elles acceptent tout bonnement la décision pour échapper aux menaces», retrace un connaisseur des sites. En écho, l’Ong La lumière ne dit pas autre chose à travers ses études. Sur place, elles n’ont plus le choix : «Quand elles refusent de coopérer on leur demande de rembourser tout ce que la proxénète a dépensé, à savoir son transport et sa nourriture jusqu’au site.
Généralement ça tourne autour de 1,5 million jusqu’à 2 millions F Cfa, donc parfois des mineures ne pouvant pas supporter l’acte sexuel boudent pour aller se réfugier à la gendarmerie ou à la police. Avec l’Onudc, nous avons pu en tout cas identifier 30 cas de mineures qui ont été amenées au Sénégal et qui ne savaient pas ce qu’elles devaient faire. On leur avait proposé un voyage en Espagne pour travailler dans des restaurants. Parmi ces filles il y a même des élèves qu’on a amenées au Sénégal et elles se sont retrouvées dans la prostitution. Et la plupart des cas que nous avons reçus de 2013 à nos jours sont passés par les Forces de l’ordre pour venir vers le centre. Donc nous avons tout fait d’abord pour les maintenir au centre et nous avons demandé des ordonnances de garde provisoire à l’Aemo, qui nous a donné en tout cas, à travers le Tribunal pour enfant, mandat pour pouvoir garder ces personnes et aller chercher un partenaire et les retourner en famille», explique M. Bakhoum. Il ajoute : «C’est en ce moment que nous avons collaboré avec l’Organisation internationale pour la migration (Oim) pour nous aider à retourner une vingtaine de filles avec des projets de reconversion de 2000 dollars. Donc ça nous l’avons réussi ici. J’avoue que nous sommes très organisés dans la région parce qu’il y a un représentant des Nigérians, qui nous aide et qui constitue un relais même. Et depuis notre intervention, nous avons pu dénoncer et faciliter l’emprisonnement de 5 proxénètes avec l’intervention des Forces de l’ordre. Donc il y a un grand travail qui est en train d’être fait pour démanteler le réseau de trafic et traite des personnes migrantes.» Ces mots du chef de l‘antenne régionale de l’Ong La lumière sont vérifiables au niveau du Commissariat urbain de Kédougou, qui multiplie les opérations de sécurisation.
Dernièrement, elle a démantelé un réseau de trafic, géré par deux femmes de nationalité nigériane. Il s’agit de J.O., âgée d’une trentaine d’années, et H.O., âgée de 29 ans, qui ont été arrêtées pour traite et trafic de personnes dans le site d’orpaillage de Karakhéna. Elles avaient érigé leur Qg dans ce village aurifère pour accueillir des jeunes filles venant du Nigéria avant de les forcer à se prostituer. Les flics ont réussi à sortir du piège six professionnelles du sexe, et déférer les proxénètes, qui seront ensuite placées sous mandat de dépôt à la Mac de Kédougou. «Dans ce site d’orpaillage traditionnel, il y a une dizaine de nationalités qui sont imbues à la recherche effrénée du bénéfice. Si d’aucunes pensent se faire du profit, d’autres utilisent des moyens illégaux pour gagner de l’argent. C’est le cas de ces deux dames nigérianes qui s’adonnent à la traite et trafic de migrantes», poursuit un interlocuteur.
Un travail qu’essaie de faire les Ong devant les carences de l’autorité de l’Etat dans ces zones. «On a intervenu pendant 14 mois et nous avons en tout cas retiré au minimum 169 enfants dans les sites d’orpaillage. Et les 69 ont été placés dans les ateliers d’apprentissage professionnel et une partie en tout cas a été insérée au niveau des écoles de leurs villages et certains ont échappé à la traite», évalue La lumière.
Loi de l’omerta
Lors de la dernière présentation de son rapport, le président de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, El Hadji Malick Sow, avait souhaité la mise à disposition de moyens nécessaires susceptibles d’aider à faire reculer «de manière significative» le trafic d’êtres humains. «Face au caractère transnational du phénomène qui touche des millions de personnes, il est dès lors impératif que les pouvoirs publics mettent en œuvre des moyens nécessaires à la mesure du fléau, si nous voulons faire reculer ce trafic de manière significative», a-t-il déclaré lors de la remise du rapport annuel au Premier ministre d’alors, Mohammed Boun Abdallah Dionne. Il avait demandé que la «la loi du 10 mai 2005, relative à la traite des personnes et pratiques assimilées, soit appliquée dans toute sa rigueur». Il a noté qu’au Sénégal, «la traite revêt de multiples formes dont les plus courantes sont l’exploitation par la mendicité, le travail domestique, l’exploitation sexuelle, le travail des mineurs et ainsi que le trafic des migrants».
Un certain nombre de recommandations ont été soumises dans ce rapport, dans le sens d’une amélioration et d’un renforcement de la politique en matière de traite. Il s’agit de mener une enquête et de poursuivre devant les juridictions de manière pérenne, toutes les violations de la loi dans le domaine de la traite des personnes et de punir leurs auteurs. Il faut aussi créer une brigade spécialisée chargée de la détection et de l’enquête concernant les délinquants qui se livrent à cette activité. Le rapport propose également de renforcer les contrôles aux frontières et la surveillance des moyens de transport pour veiller aux déplacements d’enfants au besoin en collaboration avec les pays de la sous-région. Selon l’Onudc, la traite d’êtres humains, qui est une forme de criminalité organisée, génère à l’échelle mondiale des revenus estimés à 32 milliards de dollars.
KOLDA ET ZIGUINCHOR, LES FAUSSES NOTES D’UNE RENTREE
Les enseignants ont répondu présent dans la plupart des localités. Sauf qu’à Kolda et Ziguinchor où l’installation des abris provisoires dans certaines écoles et établissements risquent de plomber le démarrage effectif des cours le jour de la rentrée.
Abdou DIAO, Ignace NDEYE, Yves TENDENG, Ousmane SALL, Samba Niébé BA et Adama NDIAYE |
Publication 02/10/2019
C’est parti pour un objectif de 1296 heures réparties en trois semestres pour l’année scolaire 2019/2020. Conformément au décret 2019- 1363, relatif aux trimestres et à la durée des congés et vacances dans les établissements scolaires, le personnel enseignant a repris le chemin de l’école hier, mardi 1er octobre 2019, en attendant une rentrée des élèves prévue demain, jeudi 03 octobre, sur l’étendue du territoire sénégalais. Les enseignants ont répondu présent dans la plupart des localités. Sauf qu’à Kolda et Ziguinchor où l’installation des abris provisoires dans certaines écoles et établissements risquent de plomber le démarrage effectif des cours le jour de la rentrée. A Saint-Louis et à Keur Massar (Dakar), les élèves sont invités à se rendre dans leurs écoles respectives.
KOLDA : Les enseignants ont répondu à l’appel
Le personnel enseignant a repris le chemin de l’école en nombre. En attendant l’arrivée des élèves dès demain, jeudi 3 octobre, la question des abris provisoires non encore réglée et certaines écoles transformées en mares naturelles restent une grande équation.
A Kolda, les enseignants ont répondu présents dans certaines écoles et établissements, à l’occasion du premier jour de rentrée hier, 1er octobre, de l’année scolaire 2019/2020. «C’est une mobilisation du personnel enseignant en ce jour de rentrée du personnel», donne le ton M. Sow du haut de ses 15 ans de service au Fouladou. Les enseignants sont allés en nombre dans les différents établissements, à l’image de l’école Sikilo Médina Cherif. M. Sané révèle que le personnel est présent à l’exception de deux absents notés. Le directeur a pointé du doigt «l’insuffisance des tables bancs», avant de rassurer que «cet impair de la rentrée ne peut empêcher le démarrage des cours». Mieux, indique-t-il, «il est prévu un conseil de rentrée pour remettre les différents documents et autres emplois du temps». A l’école Franco Arabe de Gadapara, on retrouve le directeur et ses adjoints dans la cour. L’école a déjà reçu la visite de la communauté pour le désherbage. Pour un démarrage effectif des cours dès la rentrée, le président des parents d’élèves engage déjà une campagne de sensibilisation auprès de la communauté pour doter les enfants de fournitures scolaires et procéder à l’inscription de leurs progénitures. S’agissant des autres structures scolaires de Gadapara, les autorités sont déjà organisées pour dégager l’eau et aider à la reprise des études dans de meilleures conditions. Dans les collèges et lycées sans abri provisoire, il est attendu un démarrage normal des enseignements et apprentissages. Ce sera aussi le cas des écoles de la Tankanto escale. En revanche, les collèges de proximité qui enregistrent la présence d’abris provisoires, devront attendre quelques jours pour le démarrage des cours. L’installation des huttes ne sera possible après l’arrêt des pluies.
ZIGUINCHOR : Les écoles encore dans un «air de vacances»
Toutes les dispositions matérielles et pratiques sont prises pour un bon démarrage des cours. Les assurances sont des autorités académiques qui ont pu s’enquérir hier, mardi 1er octobre, de la situation sur la rentrée du personnel enseignant dans la circonscription académique de Ziguinchor. Des missions de supervisions envoyées dans différentes zones de la région ont permis d’apprécier la présence certes de quelques enseignants sur place mais aussi de mesurer certaines difficultés qui risquent de compromettre sérieusement l’effectivité de la rentrée dans quelques jours. «Nous avons envoyé des missions de supervisions partout pour s’assurer de l’effectivité de la présence des enseignants de la préparation des salles de classes, constater l’état réel dans lequel se trouvent les établissements et écoles pour pouvoir assurer un bon démarrage des enseignement apprentissages», a déclaré l’inspecteur d’Académie de Ziguinchor, Siaka Goudiaby. Non sans relever les difficultés rencontrées avec le prolongement de l’hivernage. Certaines écoles encore sous l’emprise des eaux de pluies tardent à matérialiser le concept «école propre» pour accueillir les élèves mais aussi les enseignants qui ont brillé, par moment, dans certains établissements, par leur timide présence. La récente visite du ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, pour diagnostiquer le système et lancer la semaine nationale de la propreté à Ziguinchor, a permis une mobilisation même timide du personnel enseignant dans les écoles où souffle encore l’air des vacances.
En revanche, le personnel administratif est bien en place en présence des rares élèves qui sacrifient aux formalités d’inscription. Le patron de l’école à Ziguinchor déclare : «toutes les conditions sont réunies pour une bonne rentrée surtout que tous ont affiché leur bonne volonté de faire démarrer les cours dès le premier jour de la rentrée, conformément aux instructions nationales. Les différents acteurs (les APE, les chefs d’établissements les enseignant les élus, …) ont pris toutes les mesures. Et pour rationaliser et équilibrer les effectifs de nouveaux lycées ont été créés. Il s’agit du nouveau lycée de Kenya Diabir dans la commune de Ziguinchor, le lycée de Souda et le nouveau lycée de Koudioubé. De nouvelles créations qui permettront, selon M. Siaka Goudiaby, de rendre plus fluide le pilotage des structures scolaires au niveau du secondaire. En attendant le retour des élèves prévu ce mercredi, c’est une timide présence des enseignants qui est notée dans plusieurs écoles de Ziguinchor.
SAINT-LOUIS : Les enseignants à l’heure
Le 1er jour de la rentrée a été respecté hier, 1er octobre, par les enseignants et le personnel administratif qui se sont présentés dans leurs différents établissements scolaires. La plupart des écoles sont fin prêtes pour recevoir leurs élèves demain jeudi 3 octobre, jour de la rentrée des classes. Les enseignants et le personnel administratif, à leur tour, invitent les parents d’élèves à laisser leurs enfants aller à leurs écoles respectives, dès jeudi. La porte grandement ouverte, les salles de classes fermées à l’exception du bureau de la directrice des lieux. Au milieu de la grande cour, des hommes et des femmes sont en pleine discussion après des retrouvailles. Nous sommes à l’école élémentaire François Mbaye Salzmann située au quartier de la Corniche. La rentrée des enseignants et du personnel administratif est bien effective. Ces derniers ont tous répondu présents. «Notre école est fin prête pour accueillir ce jeudi les élèves. Toute la cour et aussi les salles de classes furent toutes nettoyées. Il n’y a rien qui puisse entraver la rentrée des classes. Ici, on peut dire que le concept “«Ubbi Téy, Jàng Tey» “ sera réussi “, a laissé entendre Aïda Gueye Ndiaye, directrice de cette école élémentaire François Mbaye Salzmann. Ainsi, dans tous les autres établissements scolaires visités, la rentrée des enseignants et du personnel administratif a été effective. C’est le cas d’ailleurs pour l’école élémentaire Khayar Mbengue, ex-École des Fils de Chefs, le lycée Charles De Gaules et le lycée technique André Peytavin de Saint-Louis. Sur place, tous les acteurs ont invité les parents d’élèves à laisser leurs enfants aller à leurs écoles respectives le jour de la rentrée des classes.
DAKAR – KEUR MASSAR : En attendant les élèves !
A Keur Massar, précisément dans les écoles élémentaires Keur Massar2, Parcelles Assainies U 4, le Cours privée Sœur Gilbert Plus et au Cem de Keur Massar 2, la quasi-totalité du personnel est au rendez-vous dès 8 heures du matin. L’heure est déjà à la première réunion administrative. Pour les chefs d’établissements, le démarrage effectif des cours dépendra en partie de la mise en place de tables- bancs et de la disponibilité des fournitures
Hier, mardi 1er octobre 2019 marque officiellement la reprise du chemin de l’école pour les personnels enseignants du public comme du privé, sur toute l’étendue du territoire national, au titre de l’année scolaire 2019-2020. C’est le cas au Cem Keur Massar1 où malgré le décor marqué par la présence d’herbes touffues qui envahissent la cour de l’école, quelques enseignants assis devant la salle des professeurs discutent de façon très chaleureuse.
Le Principal du Collège recevait un à un des parents venus inscrire leurs enfants. Selon Monsieur Maguette Diaw, le chef d’établissement du Cem, «sur les 40 agents qui composent le personnel enseignant du Collège, les 30 sont déjà sur place». «Notre établissement compte au total 40 professeurs dont 26 hommes et 14 Dames ; pour l’essentiel», précise-til, «ils étaient tous là à 10 h avant le démarrage la réunion administrative». Abordant la question de la salubrité de l’établissement après les trois mois de vacances M. Diaw de rassurer : «nous avons aujourd’hui (hier, Ndlr) pris rendez-vous avec le service d’hygiène pour la désinfection des lieux pour un coût de 57 000FCfa que nous allons payer nous-mêmes, parce que la Mairie ne subventionne presque plus ces genres d’opérations». Abondant dans le même sens, la Principale du Cem Zone de Recasement, Madame Sokhena Fall Sene, renseigne que «le Corps professoral est bien suffisant et que tous ont répondu présents à la convocation pour la rentrée».
Et de poursuivre : «du côté de l’Administration, les listes et les emplois du temps sont disponibles, pour dire que tout est fin prêt pour le démarrage des cours dès le jeudi, soit deux jours après la rentrée». A l’école élémentaire Keur Massar 2, sur les 14 maitres, il n’a noté qu’une seule absence. «Nous sommes en réunion de rentrée, nous n’avons qu’une seule absente pour des raisons de congé de maladie depuis l’année dernière», selon Demba Ba, directeur de ’école Keur Massar2. Du côté des établissements privés, à l’image de Aiguillon et le Cours privée Sœur Gilberte Plus, deux établissements situés dans la même zone, ne sont également pas en reste. «Dans le cadre du respect du calendrier, nous avons tenu ce matin (hier, Ndlr), comme tous les autres établissements, à organiser la réunion administrative pour préparer le bon démarrage de l’année scolaire 2019/2020», soutient Madame Silvie, la chargée du Secrétariat de Sœur Gilberte Plus.
LES DIFFICULTES N’EN MANQUENT PAS
Ailleurs, certains chefs d’établissements égrènent plusieurs difficultés auxquelles ils se confrontent souvent pour le bon démarrage de l’année. Il s’agit, entre autres, de la présence des élèves, l’indisponibilité des fournitures scolaires à temps. «Il arrive le plus souvent que les personnels soient en place et que les potaches arrivent à l’école sans trouver le matériel», se désole Modou Dao, directeur de l’école PAU4. Profitant de notre présence, il invite les parents d’élèves à bien préparer leurs enfants au moins pour qu’ils puissent venir avec un stylo et cahier». M. Diaw de déplorer un autre phénomène celui du suivi des élèves par les parents. Il souhaite du côté des parents qu’ils fassent tout pour que leurs enfants soient présents le jour de l’ouverture pour que le concept «Ubbi Téy, Jàng Tey» soit une réalité». Dans l’ensemble des établissements visités, le manque de tables-bancs constitue le mal le mieux partagé par tous. Dans la plupart des écoles, les responsables sont obligés de faire appel aux menuisiers du coin pour des réparations d’urgence. «Nous faisons face depuis des années à un énorme déficit de tables-bancs mais nous essayons de faire tout notre possible pour que les élèves puissent s’asseoir à deux», signale le principal du Cem Keur Massar1.
MBOUR : Un taux de rentrée entre 80 et 95%
Le début de l’année scolaire 2019- 2020 est effectif dans le département de Mbour. Les taux de présence du personnel enseignant ont atteint 95% pour l’enseignement préscolaire ; 92% pour l’élémentaire et 80% pour le moyen. Du reste, ces ratios sont assez révélateurs des mesures conservatoires de l’inspecteur d’éducation et de la formation de Mbour 1 demandant aux enseignants de sa zone de compétences de se présenter dès le 1er octobre pour être opérationnel demain lors de la rentrée des élèves. Un tour dans les établissements du département de Mbour présage d’un démarrage des cours dans la voie du concept ‘’Ubbi tey jang tey ‘’. Ceci est à l’image des écoles ayant bénéficié de la semaine de la propreté ou bien ayant été entretenus par des mouvements comme Amdem ‘’Agir avec Macky pour le développement de Mbour ‘’. A son actif, dx mille kits scolaires ont été distribués dans le département de Mbour à des élèves, certaines écoles ont été désherbées, reboisées désinsectisées, dératisées et saupoudrées. Au bout du compte, les parents d’élèves parlent des fortunes diverses car toutes les écoles ne sont placées à la même enseigne pour démarrer demain les cours. Si certains parmi eux, parlent du «renchérissement du coût de la vie», d’autres évoquent le «manque de suivi de certaines directives». A leur en croire, «les écoles, chapelles et nos mosquées ne doivent plus être nettoyées lors de grandes fêtes mais au quotidien ou au plus par semaine». Ils pointent du doigt le manque de promptitude des collectivités territoriales à définir des politiques visant à aller dans l’assistance des écoles au-delà du gardiennage et des fournitures à demander aux mouvements de jeunesse bénéficiant de subventions municipales ou départementales à s’investir dans les emblais des écoles, à les désherber et leur donner une couche de peinture. Des enseignants interrogés nous parlent en milieu rural de «la transformation des conditions difficiles en conditions favorables». Certains enseignants soutiennent une rentrée ‘’différée‘’ car bon nombre d’élèves sont encore dans les champs avec l’installation tardive de l’hivernage. Ainsi, à la période des récoltes, des absences dé début d’année scolaire sont à craindre.
DIOURBEL : L’IA exhorte les parents à être ferme avec leurs enfants pour une reprise effective des cours
L’inspecteur d’académie de Diourbel Seydou Sy a tiré un bilan satisfaisant de la rentrée du personnel enseignant. L’inspecteur d’académie de Diourbel a exhorté les parents à être ferme avec leurs enfants pour qu’ils rejoignent les classes des le premier jour de la rentrée scolaire prévue demain 3 octobre.
La rentrée scolaire du personnel enseignant est effective. L’inspecteur d’académie de Diourbel, Seydou Sy a expliqué que «le bilan de la reprise de service s’établit comme suit : il y a l’inspection départementale de l’éducation de Mbacké, une reprise du service de 98%, à l’Ief de Bambey 82% et à l’Ief de Diourbel 69%. Soit un taux de 74% pour l’ensemble du cycle élémentaire ». «En ce qui concerne l’enseignement moyen, nous sommes à un taux de 73%. Tous les établissements du moyen public ont été recensés et l’état des lieux a été fait. Au niveau des lycées, la reprise est à 83%. Cela montre que les enseignants ont repris service. Ceux qui ne l’ont pas fait, s’expliqueront auprès de leurs chefs d’établissements qui nous rendront compte.» L’inspecteur d’académie de Diourbel déclare qu’on leur a signale quelques problèmes de toitures soulevées par des tornades dans le département de Diourbel et des cas d’écoles inondées au niveau de Bambey. «Nous espérons que les Cdd organisés permettront à ses écoles d’être fonctionnelles. L’inspecteur d’académie de Diourbel exhorte les parents à être ferme avec leurs enfants pour qu’ils viennent dès le premier jour de la rentrée à venir étudier. Et des instructions ont été données aux chefs d’établissements. «Si nous avons seulement deux élèves en classe, nous démarrerons les enseignements», a-til conclu.
MACKY VEUT METTRE FIN AU PROBLÈME DU FONCIER
«Au Sénégal, l’essentiel des alertes que je reçois au quotidien sur les risques de conflit viennent à plus de 90% du foncier.»
Le Sénégal risque de connaître des conflits liés au foncier. L’alerte est du président de la République, Macky Sall, qui présidait hier le 31ème congrès des notaires d’Afrique, organisé sous l’égide de la Commission des affaires africaines de l’Union internationale du notariat (Caaf).U
La voix présidentielle a la puissance d’une alerte : «Au Sénégal, l’essentiel des alertes que je reçois au quotidien sur les risques de conflit viennent à plus de 90% du foncier.» Cette révélation faite hier par le président de la République, lors de l’ouverture du 31ème congrès des notaires d’Afrique sous le thème, «La déjudiciarisation, le foncier et le numérique», montre les germes du conflit enfouis dans le foncier. Selon lui, si ces trois domaines sont mis au profit de la profession de notariat, cela contribuera à l’amélioration du service public. Toutefois, le chef de l’Etat reconnaît que «relativement à la déjudiciarisation, on constate que la justice telle qu’elle a toujours fonctionné, si ce n’est pas de sa faute, apparaît aux yeux des usagers comme plus ou moins lente avec des procédures longues, lourdes et complexes qui échappent à leur contrôle».
Par ailleurs, le président de la République a salué le rôle «primordial» joué par les notaires dans la pacification des relations sociales en sécurisant les contrats. Très ravi de la place qu’ils occupent dans la société sénégalaise, le Président pense d’ailleurs qu’il est temps qu’au Sénégal les notaires puissent prendre en charge les aspects liés à l’état civil, au mariage, au divorce. Alors, entre autres doléances, Me Aïssatou Sow Badiane, présidente de la Chambre des notaires du Sénégal, a sollicité une loi régissant le statut des notaires au Sénégal. Pour Me Hawa Dodo Dan Gado, présidente de la Chambre des notaires du Niger, par ailleurs présidente du 31ème congrès, «l’Afrique doit se débarrasser des avatars et autres anachronismes hérités de la gestion coloniale avec laquelle nous devons rompre sans complexe et avec détermination».
D’ailleurs, Macky Sall a invité le ministre de la Justice, Me Malick Sall, à intégrer dans la prochaine révision du Code de procédure pénale les dispositions qui devraient permettre aux notaires, dans leur statut, de faire des avancées. Mais aussi, le Président a invité les notaires au respect des prescriptions de la loi 2017- 32 du 15 juillet 2017 et du décret 2017-85 qui leur font obligation de domicilier les fonds détenus dans l’exercice de leurs fonctions à la Caisse des dépôts et consignations (Cdc).
Cette rencontre, 4ème du genre au Sénégal, a réuni des notaires venus de l’Algérie, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la République Centrafricaine, du Congo Brazzaville, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée, de l’Ile Maurice, de Madagascar, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Tchad, du Togo, de la Tunisie et du Sénégal.
Ils sont issus des 19 Etats membres de la Commission des affaires africaines de l’Union internationale du notariat (Caaf). Au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, il y avait également d’autres venus de l’Allemagne, de la Belgique, de la République démocratique du Congo (Rdc), de l’Espagne, de la France, d’Haïti, de la Roumanie.
«EN 2024, KHALIFA SALL POURRAIT ETRE CANDIDAT ET SOUTENU PAR IDY ET GAKOU, SI...
Dr Momar Thiam croit fermement que, si Khalifa Sall règle son problème d’éligibilité, il pourrait bien se faire soutenir par ses alliés de la présidentielle de 2019, à savoir Idrissa Seck de Rewmi, tout comme Malick Gakou du Grand parti
L’amnistie de l’ancien maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall, et du fils de l’ancien président, Karim Wade constituerait un obstacle pour la candidature du président Macky Sall et sa victoire en 2024, tout comme pour son possible dauphin au sein de l’Apr ou de Bennoo Bokk Yaakaar. Le Docteur en communication politique, Momar Thiam, croit fermement que, si Khalifa Sall règle son problème d’éligibilité, il pourrait bien se faire soutenir par ses alliés de la présidentielle de 2019, à savoir Idrissa Seck de Rewmi, tout comme Malick Gakou du Grand parti. Cela, si bien évidemment, «on se base sur le respect de l’éthique, de la déontologie politique et de la parole donnée»,
Certains pensent que le combat qui vaille aujourd’hui pour Karim Wade et Khalifa Sall, c’est d’obtenir une loi d’amnistie. A votre avis, est-ce qu’une amnistie arrangerait le président Macky Sall ?
Il y a deux hypothèses. Si on se pose dans l’hypothèse selon laquelle le président Macky Sall ne se représentera pas en 2024, la question ne se pose pas si ça l’arrange ou pas que Karim Wade et Khalifa Sall soient amnistiés. Maintenant, si on retient l’hypothèse selon laquelle il y a des possibilités pour qu’il se représente parce que, semble-t-il, la Constitution lui permettrait cela d’autant plus que dans cette réforme de la Constitution, la partie où on parle du deuxième et troisième mandat, la formulation était très claire. On dit que le mandat en cours est hors de portée de la présente réforme. Ça veut dire que le mandat de 7 ans est hors de portée de la présente réforme. Donc, si on s’en tient à cette argumentation juridique et ce qui est écrit, cela veut dire que le mandat de 7 ans ne fait pas partie du décompte et que le premier mandat de 5 ans commence en 2019. Sous cette hypothèse, s’il y a amnistie de Karim Wade et de Khalifa Sall et qu’ils soient candidats, bien sûr, cela représenterait un obstacle à, non seulement la candidature éventuelle de Macky Sall, mais aussi à une victoire éventuelle en 2024.
Par rapport à la première hypothèse, celle où le président Macky Sall ne se présenterait pas, ne pensez-vous pas que l’amnistie serait un obstacle pour son possible dauphin ?
J’ose croire qu’en 2024, si le président Macky Sall ne se représente pas, à un an de l’échéance présidentielle, les prétendants à sa succession dans son camp se dévoileraient. On ne sait pas qui il sera. Si toutefois on est dans l’hypothèse d’un dauphinat, c’est-à-dire qu’il «parraine» un candidat issu de son rang, à partir de ce moment effectivement, il y aurait beaucoup à dire pour ce candidat, si Karim et Khalifa Sall sont amnistiés. Maintenant, il se trouve que Macky Sall a été élu, pas avec uniquement l’Apr qui est son appareil, mais aussi avec la coalition Benno Bokk Yaakaar. Qu’adviendrait la coalition en ce moment là ? Est-ce qu’elle va continuer dans la même dynamique de soutien d’un candidat issu de l’Apr ou est-ce que la coalition exigerait légitimement qu’il y ait une autre alternative issue du Parti socialiste, ou du moins de ce qu’il en reste, ou de l’Afp et que l’Apr serait amené à soutenir ce candidat-là ? Autant de questions qu’il faudra se poser à peut-être un an de l’échéance de 2024. Autant de questions que devrait se poser aussi le président de la République et notamment, je dirais plus d’ailleurs le patron de l’Apr qui est le président de la République, pour essayer de trouver la formule la mieux à même de le faire perdurer ou de faire perdurer son camp au pouvoir. Mais, il ne faut pas oublier qu’il peut y avoir des jeux d’alliance. Aujourd’hui, qui dit que ces retrouvailles entre Macky Sall et Abdoulaye Wade ne susciteraient pas demain une espèce d’alliance entre l’Apr et le Pds version Abdoulaye Wade ou Karim Wade, puisque la politique n’est pas une science exacte ?
Est-ce qu’une amnistie constituerait une menace aussi pour des opposants comme Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Malick Gakou et autres ?
La reconfiguration de l’espace politique sénégalaise veut que demain, avec la sortie de Khalifa Sall, si toutefois il retrouve tous ses droits, que cette reconfiguration soit vue autrement en ce sens que Khalifa Sall appartient à une coalition, notamment à la présidentielle où vous avez Idrissa Seck, Malick Gakou. Ce qui s’est passé en 2019, Khalifa était en prison et ne pouvant pas être candidat, c’est Idrissa Seck qui a été mis sur orbite. Si on estime que ce gentlemen-agreement s’est fait sur la base d’éthique, de déontologie et de respect de la parole donnée, en 2024, il faut envisager que ce soit Khalifa Sall qui soit candidat et que Idrissa Seck et les autres puissent le soutenir. Je dis bien : si on se base sur le respect de l’éthique, de la déontologie politique et de la parole donnée, donc forcément Khalifa pourrait être candidat et soutenu par Idrissa Seck et Malick Gakou. A partir de ce moment-là, les jeux de coalition vont se redéfinir. Avant cela, vous avez les locales et les législatives. Je pense que l’opposition gagnerait à trouver des programmes alternatifs au niveau local pour pouvoir être majoritaire dans les différentes communes et avoir des maires, mais surtout pour les législatives pour tenter d’être majoritaire au niveau de l’hémicycle.
La question foncière et la politique font le menu des quotidiens parvenus mercredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
L’évocation de la gestion foncière est revenue au-devant à la faveur d’une sortie publique du chef de l’Etat alertant sur l’ampleur des préoccupations liées à cette question en lien notamment avec de possibles conflits.
‘’Plus de 90 % des alertes que le reçois viennent du foncier’’, déclare Macky Sall dans des propos repris par Le Soleil à sa Une.
Pour le chef de l’Etat, les difficultés tiennent à la nature hybride du foncier marqué par une coexistence de terres immatriculées et une grande majorité de terres qui ne le sont pas, explique le journal.
‘’Risques de conflits au Sénégal : Macky indexe le foncier’’, affiche à sa Une le journal l’AS. Selon cette publication, le chef de l’Etat a étalé au grand jour l’ampleur des risques de conflits fonciers en Afrique en général et au Sénégal en particulier.
Présidant mardi le 31e congrès des notaires africains au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, le chef de l’Etat a indiqué que les alertes qu’il reçoit au quotidien sont à 90 % liées à des questions foncières renchérit le journal.
A la suite de constat le président de la République ‘’veut des actes’’, estime de son côté Le Quotidien. ‘’La déjudiciarisation, le foncier et le numérique mis au profit de la profession de notariat contribueront à l’amélioration du service public’’, mentionne le journal qui cite Macky Sall.
En politique, les quotidiens continuent d’épiloguer sur le retour de l’ex-maire Dakar dans le jeu après son élargissement de prison à la faveur d’une grâce présidentielle ayant ponctué un séjour carcéral de deux ans et demi.
‘’Quel avenir politique pour Khalifa Sall ?’’, s’interroge ainsi Le Témoin. Selon le journal, l’ex-candidat déclaré à la présidentielle de février dernier, recouvre la liberté après une longue bataille judiciaire qui n’avait pas eu d’issue positive. Après son élargissement, il reste maintenant à élucider la question de son avenir en perspective de la présidentielle de 2024.
A ce propos, Walf Quotidien met en lien cette la situation de Khalifa Sall et celle de Karim Wade, tous deux condamnés à des peines privatives de droits civiques avant de bénéficier d’une grâce présidentielle. Le journal explique ces dossiers allaient sans doute constituer un ‘’prochain combat pour l’opposition’’.
‘’Le Front de résistance nationale ne veut pas se contenter de la libération de Khalifa Sall et de la, poignée de mains entre Abdoulaye Wade et Macky Sall (…) et rappelle sa revendication : le rétablissement des droits civiques de Karim Wade et de Khalifa Sall et la fin de l’utilisation de la justice pour écarter des candidats à une élection’’, indique le journal dans ses colonnes.
La situation du Parti démocratique sénégalais (PDS), principal parti de l’opposition, miné par des dissensions intéressent également les quotidiens, à l’image de Vox Populi qui annonce la nomination par le par le secrétaire général national, Abdoulaye Wade des ‘’liquidateurs d’Oumar Sarr et compagnie’’.
Sarr, ancien numéro deux de cette formation politique et d’autres responsables de premier plan sont en froid avec son leader historique à cause de réaménagements récemment apportés par Wade à sa direction et à ses structures.
‘’La rupture semble être définitivement consommée entre Abdoulaye Wade et Karim et le groupe des frondeurs à la lumière des nouvelles et fortes décisions prises par le secrétaire général national du PDS’’, souligne la publication, en citant entre autres le ramaniempent de la Commission de discipline et la désignation de nouveaux représentants au sein d’une coalition de l’opposition, le FNR.
‘’Après le Secrétariat exécutif national qui a connu un remue-ménage sans précédent, c’est la commission de discipline qui a connu un vent de chanagement. Desormais, c’est Daouda Niang qui va occuper ce poste stratégique dans le fonctionnement des instances du parti libéral’’, explique le journal ‘’Kritik’’.
Commentant cette actualité à sa Une, le journal ‘’Source A’’ évoque un ‘’Gorgui (autre surnom de l’ancien président Wade), en perdition’’.
WADE DEBARQUE OUMAR SARR POUR BARA GAYE ET DOUDOU WADE
Le Parti démocratique sénégalais (Pds), absent du dialogue politique initié depuis plus de 2 mois, prend dorénavant part à ces concertations sur le processus électoral.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds), absent du dialogue politique initié depuis plus de 2 mois, prend dorénavant part à ces concertations sur le processus électoral. Dans une note parvenue à la rédaction hier, mardi 1er octobre, le “Pape du Sopi“ non moins Secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye Wade désigne un nouveau représentant de son parti au sein du Front national de résistance, présent au dialogue politique depuis le début, en la personne de Bara Gaye et de Doudou Wade.
La rencontre entre l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade et l’actuel, Macky Sall à l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane, sous la supervision du khalife général des mourides, Sérigne Mountakha Mbacké continue de faire ses effets de décrispation de la sphère politique. Après la libération de l’ancien maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall, suite à une remise totale de peine décrétée par Macky Sall, la participation du Parti démocratique sénégalais (Pds) au dialogue politique sur le processus électoral se précise. En effet, le Pds de Wade absent à ces concertations qui ont débuté depuis bientôt plus de 2 mois, s’est résolu à prendre part à ces échanges.
Dans une lettre rendue publique hier, mardi 1er octobre, le Secrétaire général national du Pds, Me Wade a fait part au coordonnateur du Front de résistance nationale (Frn) du changement opéré concernant les représentants du parti au sein de cette plateforme, en plein dans le dialogue politique. Dans la lettre, Me Abdoulaye Wade indique que les nouveaux représentants du Pds au sein du Frn sont Bara Gaye, Secrétaire général adjoint chargé des relations avec les organisations politiques, non moins Rapporteur du collège des Secrétaires généraux adjoints du Pds, et Doudou Wade, Secrétaire général adjoint chargé des conflits du Pds.
Ainsi donc, Doudou Wade et Bara Gaye remplacent Oumar Sarr, précédemment Secrétaire général adjoint du Pds. Il faut rappeler que lors du lancement du dialogue national, le 28 mai dernier, au palais de la République, Oumar Sarr avait répondu présent en son nom propre, alors que son parti avait décidé de ne pas prendre part à cette cérémonie. Une décision du “Pape du Sopi“ qu’il avait défiée, protestant ainsi contre une position qu’aurait prise Karim Wade à la dernière minute, alors que le Pds avait déjà donné son accord la veille pour prendre part au lancement du dialogue national. Ce qui a précipité sa mise à l’écart dans le nouveau Secrétariat national du Pds, mais aussi les agitations au sein du Pds pour récupérer son siège à l’Assemblée nationale.
Ledit parti, faut il le rappeler, avait suspendu sa participation au sein du Frn, depuis que la plateforme a pris part au dialogue national, sous la conduite de Mamadou Diop Decroix. A noter, par ailleurs, que l’ancien président, Me Abdoulaye Wade a procédé aussi au remaniement de la commission de discipline du Pds.
Désormais, c’est Daouda Niang qui est en le président, avec comme rapporteur Arame Dièye. Une commission remaniée avec au total 17 membres, au moment où des voix se lèvent pour réclamer la traduction d’Oumar Sarr et ses camarades «frondeurs» au sein de la commission de discipline pour les bouter hors du parti.
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LA REVUE DE PRESSE DE ZIK FM
L'essentiel de l'actualité de ce Mercedi 02 Octobre 2019 avec AHMED AIDARA
L'essentiel de l'actualité de ce Mercedi 02 Octobre 2019 avec AHMED AIDARA
Par Abdoulaye THIAM
M. LE PRESIDENT, VOUS POUVEZ MIEUX FAIRE !
Notre pays a besoin d’institutions fortes, d’une réelle séparation des pouvoirs, d'une Justice indépendante, une presse libre - Nous avons démontré qu'impossible n’est pas sénégalais
Le président de la République, Macky Sall, a pris d’importantes décisions allant dans le sens de la décrispation du climat politique qui est plus que tendu depuis quelques années. D’abord, ce sont les retrouvailles avec Me Abdoulaye Wade, facilitées par le Khalifa général des Mourides. Une poignée de main entre «père» et «fils», mots savamment utilisés par Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, avant de les inviter à un tête-à-tête loin des certaines indiscrétions.
C’était le jour même de l’inauguration de la Mosquée Massalikul Jinaan où les Sénégalais ont démontré à la face du monde leur «commun vouloir de vie commune» avec un Hadratoul Jummah des Tidianes dans une mosquée mouride et l’Eglise Saint-Thérèse qui avait ouvert ses portes aux musulmans pour la prière de vendredi. N’en déplaisent à tous ces intégristes et autres censeurs qui avaient failli mettre le feu sur le magnifique voile qui englobe notre pays. Dans cette tempête de joie, saluée par notre classe politique toute obédience confondue, jusqu’aux membres de la société civile et dans la presse, le Chef de l’Etat rajoute au bonheur des Sénégalais, la libération de Khalifa Ababacar Sall. Enfin, il a eu la «volonté» ou le «désir» d’user de ce pouvoir que lui confère notre Charte fondamentale, pour libérer l’ancien maire de Dakar. Ce qui participe davantage à la décrispation du climat politique au Sénégal. Toutefois, comme il l’avait lui-même déclaré dans une interview avec à nos confrères de rfi.fr, «la décrispation ne saurait être réduite à une dimension de grâce».
LA GRACE, C’EST BIEN ; L’AMNISTIE, C’EST MIEUX !
Le Président de la République devrait aller plus loin, en demandant aux députés de sa Majorité, de voter une loi d’amnistie, pour effacer l’ensemble des délits supposés ou réels, commis les vingt dernières années. Il ne s’agit pas ici, de ressusciter la loi Ezzan, qui rappelait aux Sénégalais, les douloureux souvenirs de la vie politique de la Nation avec l’assassinat abject de Maître Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, par de vulgaires délinquants dont on ne saura jamais, qui en est ou en sont le ou les commanditaire(s). Au sein de notre hémicycle, il a des députés pétris de talent, respectés et respectables qui sont capables d’endosser une telle responsabilité afin de permettre à notre pays d’enterrer cette douloureuse étape et de retrouver sa quiétude et sa sérénité. Ce qui permettra au peuple de choisir ses dirigeants pour les Locales, mais aussi, et surtout, pour la présidentielle de 2024. Les enjeux sont donc énormes.
La pression étouffante. Surtout pour le Chef de l’Etat, Macky Sall qui sera entre le marteau de son parti APR et sa coalition Benno Bokk Yaakar et l’enclume des adversaires politiques de la trempe de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall qui ne demandent qu’à retrouver leurs droits civiques et politiques afin d’être électeurs et éligibles. D’ailleurs, c’est ce qui explique la sortie des Khalifistes, tenant à préciser que leur mentor n’a jamais demandé la grâce. Le cas échéant serait synonyme d’une reconnaissance du délit de détournement pour lequel, il est poursuivi dans l’affaire de la caisse d’avance. La décrispation est donc entre les mains du président de la République. Pour qu’il y arrive, il ne faudrait surtout pas qu’il écoute les faucons du Palais qui ne font qu’attiser le feu. Et dire que de tels pyromanes n’hésiteront à tourner casaque. Ils ont fait perdre Me Wade en appuyant son projet de dévolution monarchique du pouvoir. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux, courbent l’échine devant Macky Sall. Que ces chasseurs de primes et autres courtiers politiques ne viennent surtout pas nous dire qu’une loi d’amnistie équivaudra à faire des «deals» sur le dos des Sénégalais. Dans tous les pays du monde, des crises politiques ont été gérées de la même façon. Même les crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité, ont été effacées par des commissions vérité et réconciliation. Touchant du bois, le Sénégal politique est certes divisé mais, n’a jamais atteint ce summum. Même si nous devons rester vigilants face à la montée des intégristes religieux, ethniques et autres régionalistes qui ne cessent de vouloir saper la cohésion nationale.
EVITER LA JUSTICE DES VAINQUEURS
D’Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, chaque régime a eu à poser des actes qui ont fait pschitt. Arrivé au pouvoir grâce à l’article 35 taillé sur mesure pour lui par l’ancien Chef de l’Etat, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf avait fait introduire dans le code pénal sénégalais, le 10 juillet 1981, le délit d’enrichissement illicite. Deux voire trois personnes seront condamnées avant que cette juridiction d’exception ne tombe à l’eau. Un échec total, reconnu d’ailleurs, par son géniteur ! «J’ai créé le tribunal de la lutte contre l’enrichissement illicite dont j’avoue que c’était un échec», a confié Abdou Diouf (Hebdomadaire, Le Témoin en mai 2014. Abdoulaye Wade ne retiendra pas la leçon. Dans une euphorie totale suite à la première alternance intervenue au Sénégal, le 19 mars 2000, le régime libéral lance les fameux audits. Une véritable chasse aux sorcières contre des responsables socialistes. Seulement, le peuple sera à nouveau fourvoyé.
En réalité, le PDS qui avait perdu beaucoup de ses crocs dans sa longue marche vers la conquête du pouvoir (1974 à 2000), n’avait plus suffisamment de cadres. Sous la menace de la prison, des responsables socialistes seront contraints quitter leur navire pour la nouvelle prairie bleue. Les audits, avaient en quelque sorte, légitimé la transhumance honnie par le peuple. Les quelques rares personnalités qui avaient refusé de tourner casaque auront des démêlés avec dame justice. On peut citer l’ancien Directeur général du Port, Pathé Ndiaye, l’ancien Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), Abdoul Aziz Tall, l’ancienne Directrice générale de la Société pour le Domaine industriel de Dakar (Sodida), Khady Diagne. Sans occulter, l’ancien Directeur général de la Société nationale des chemins de fer (Sncs), Mbaye Diouf.
Pour la deuxième alternance, on va toujours rester dans la même dynamique de la justice des vainqueurs. C’est ainsi que Macky Sall va dépoussiérer la fameuse CREI dans le cadre de ce qu’il était convenu d’appeler la «traque des biens mal acquis». 25 dignitaires du régime wadien seront accusés d’avoir pompé des milliards au contribuable sénégalais. Mais, au finish, seul Karim Wade, paradoxalement, va payer un lourd tribut avec un séjour carcéral à Rebeuss, suivi d’un exil forcé à Doha au Qatar. Il est temps d’arrêter cette hémorragie. Pour y arriver, il n’y a pas trente six solutions. Notre pays aura besoin juste d’institutions fortes ; d’une réelle séparation des pouvoirs telle que définit par Montesquieu, qui, selon lui, «vise à séparer les différentes fonctions de l’État, afin de limiter l’arbitraire et d’empêcher les abus liés à l’exercice de missions souveraines» ; une justice indépendante ; d’une presse libre et autonome. Ce qui est loin d’une chimère. Parce que notre pays a fini de démontrer que l’impossible n’est pas Sénégalais. Alors, M. le Président, dites vous bien que vous pouvez mieux faire !