Condamné en août 2018 à cinq ans de prison pour "faux en écriture et escroquerie portant sur les deniers publics", Khalifa Sall a bénéficié d'une "remise totale des peines principales".
Libre, l’ex-maire de Dakar peut-il reprendre ses activités politiques ? Nous avons posé la question à Hadj Hamidou Kassé, ministre conseiller du président de la République en charge de la Culture :
"Pour le moment, je ne peux pas m'avancer là-dessus. Ce qui importe, ce sont les actes qui ont été posés. La grâce accordée à Khalifa Sall et puis le dialogue national qui est en cours. Tout cela traduisant une volonté de décrispation et d'apaisement. Le reste, ce sont des questions d'avenir sur lesquelles on pourra certainement revenir de façon plus ample."
Grâce présidentielle n'est pas amnistie
Si Khalifa Sall a bénéficié de la grâce présidentielle, l’ex-maire de Dakar n'est pas pour autant amnistié. Il a donc perdu ses droits civils et politiques.
Selon l’analyste politique, Ibou Ba, seule une issue politique peut permettre de lever cette menace qui plane sur le désormais ex-prisonnier de Reubeuss :
"Présentement, reprendre ses activités politiques, non. Mais, c’est une bataille juridique qui a va suivre. Mais à mon avis, je crois que ce n’est pas fortuit que le président Sall puisse poser cet acte-là. C’est sûr qu’il ne peut pas briguer un mandat électif. C’est possible dans le temps. Monsieur Khalifa Sall n’est pas n’importe qui au Sénégal."
Pour Moussa Diaw, professeur de Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, seule une amnistie peut permettre à Khalifa Sall de se relancer en politique.
"Il retrouve sa liberté. Mais il n’aura pas de marge de manœuvre politique. Il ne pourra pas être sur une liste électorale, ni voter. C’est une contrainte d’ordre politique qui pèse sur lui. La seule solution qui pourrait le sortir de cette situation, c’est une amnistie votée par l’Assemblée nationale qui pourrait lui permettre de mener des activités politiques, d’être sur une liste électorale et d’être électeur."
Amendes
Khalifa Sall reste toutefois astreint au paiement d'une amende de cinq millions de francs CFA, soit un peu plus de 7.000 euros.
C’est aussi le cas de Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, condamné en 2015 à six ans de prison et à plus de 210 millions d'euros d'amende pour "enrichissement illicite".
Karim Wade a lui aussi bénéficié d'une grâce présidentielle et a été libéré le 24 juin 2016, après trois ans de prison. Depuis, il vit à l'étranger et reste sous la menace d'une nouvelle arrestation s'il rentre au Sénégal sans payer son amende.
LES AMIS AFRICAINS DE CHIRAC ? "IL Y AVAIT D'ABORD DIOUF ET BONGO"
Quatorze ans avec Chirac, ça ne s'oublie pas... Michel Roussin, l'ancien ministre français de la Coopération, revient sur les relations africaines de l'ancien chef de l'État
RFI : Si vous avez un souvenir particulier de Jacques Chirac, racontez-nous…
Michel Roussin : Des anecdotes, j’en ai beaucoup. Les plus savoureuses, c’est lorsque je l’ai accompagné dans plusieurs campagnes électorales. Je me souviens à Paris où nous enchaînions les tours dans les arrondissements de l’Est. Je ne savais pas comment on allait s’y prendre. Alors on prenait l’ascenseur pour monter : « Et Michel, on descendra à pied et on s’arrêtera à chaque palier. Et on sonnera ». Cet homme qui avait été Premier ministre disait :
« Bonjour, madame, je suis Jacques»,
«Mais je vous connais, monsieur Chirac».
«Je viens parce que ce sont les élections. Est-ce que vous avez des problèmes?»
«Oui, mon fils Tom ne peut pas aller à l’école…»
Et c’était, à chaque moment, une disponibilité, une directive qu’il me donnait pour qu’ensuite, de retour à l’hôtel de ville de Paris, on puisse répondre à la requête de la bonne dame. Et puis des moments très drôles. Un jour, je fête mon anniversaire avec des amis et il est en voiture avec le chef de cabinet, Jean-Eudes Rabut. Et Jean-Eudes Rabut lui dit : « Je vous accompagne parce que c’est l’anniversaire de Michel ? » Il dit : « Mais je ne suis pas invité ! » Et il débarque au milieu de mon équipe de copains et de copines pour me souhaiter un bon anniversaire. Ça, ça ne s’invente pas. Et donc, j’ai vécu avec un chef très au courant de tous les sujets, un travailleur extraordinaire parce qu’on le présente toujours comme ça joyeux, caracolant. Mais pas du tout ! Les ordres étaient précis, les dossiers fouillés. Il signait toutes les correspondances. Et il me disait : «Michel, je signe tout parce que, lorsqu’on reçoit la lettre, les gens mouillent leur doigt et regardent si c’est une machine à traitement de texte qui a signé ou si c’est bien moi ». Ça aussi, ça ne s’invente pas.
Comme chef de cabinet, puis directeur de cabinet du maire de Paris, vous avez été poursuivi en justice dans l’affaire des emplois fictifs à l’hôtel de ville de Paris. Est-ce que Jacques Chirac n’avait pas un rapport un petit peu léger avec les questions d’argent ?
Je ne peux pas me prononcer sur ça. Il y a eu cette histoire d’emplois fictifs. Des décisions de justice ont été prises qui me concernaient, mais peu importe. Quand vous servez un chef et que vous avez une mission, si vous devenez un dommage collatéral, c’est la règle.
Mais vous êtes comme Alain Juppé, vous êtes un fidèle qui vous êtes sacrifié pour le chef ?
Non, je ne me suis pas sacrifié. « Sacrifié», c’est grandiloquent ! Cela a été dur sur le moment, mais quand je fais le bilan, cela fait partie d’un parcours. Et ce parcours, je ne le regrette pas parce que 14 ans avec Chirac, dans la vie d’un bonhomme, je peux vous dire que ça compte.
Vous qui avez été ministre de la Coopération et qui avez beaucoup voyagé en Afrique… Quelles étaient à votre avis les deux ou trois personnes qui comptaient le plus pour Jacques Chirac sur le continent africain ?
Je pense qu’il avait une amitié profonde et une considération manifeste pour le président Abdou Diouf [ex-président du Sénégal]. Je l’ai accompagné plusieurs fois et il y avait une communion d’idées avec le président Abdou Diouf. Cela est certain. Il avait aussi une relation très originale avec le président Omar Bongo [du Gabon]. Une anecdote par exemple : un texte de la France doit passer à l’ONU. Il faut voter. J’ai entendu Jacques Chirac solliciter Omar Bongo. Omar Bongo lui dit : « Mais tu n’as pas vu, Jacques, qu’il y a un décalage horaire? Tu m’appelles maintenant, mais pourquoi ? » Jacques Chirac dit : « Ce serait intéressant que le Gabon puisse voter pour la motion française ». L’autre éclate de rire et lui dit : « Mais tu m’as téléphoné pour ça ! Mais bien sûr, on votera la motion française ». Et ça, c’est dû à une relation ancienne, affectueuse avec ce chef de l’État qui a été un médiateur en Afrique extraordinaire et toujours très proche de l’exécutif français.
Mais franchement, est-ce qu’il n’est pas allé trop loin dans ses déclarations d’amitié à des chefs d’État fâchés avec la démocratie, comme le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali ou le Togolais Gnassingbé Eyadema ?
Oui. Mais Chirac n’est pas là en tant que supporter de ces gens-là. Jamais. Il a toujours conservé son quant-à-soi et une distance.
Quand vous avez lu cette interview au Journal du Dimanche en septembre 2011 de Robert Bourgi, avocat révélant ces valises de billets circulant entre l’Afrique et le bureau de Dominique de Villepin à l’Élysée. Comment avez-vous réagi ?
Je me suis dit qu’il fallait être très costaud pour transporter toutes ces valises ! Et Bourgi, je lui laisse, moi, la responsabilité de ce qu’il a pu dire.
Et à la mort d’Omar Bongo en juin 2009, quand Valérie Giscard d’Estaing a raconté cette anecdote selon laquelle il avait morigéné le jeune Omar Bongo qui soutenait la campagne du candidat Chirac en 1981 ?
Je ne savais pas qu’il y avait eu cette déclaration du président Giscard. En tant que témoin et en tant que collaborateur, je n’ai jamais assisté à un trafic de ce genre ou été associé. Moi, ancien collaborateur proche de lui sur les affaires africaines, je peux vous assurer que, pour ce qui me concerne, je n’ai jamais été le témoin de quoi que ce soit.
Vous serez à Saint-Sulpice ce lundi aux obsèques de Jacques Chirac ?
Je ferai tout pour être à Saint-Sulpice parce que je pense y rejoindre une équipe qui reste très soudée et qui formait l’équipe de Chirac, Premier ministre à Matignon. C’était une équipe jeune à l’époque. Nous sommes restés très liés. Voilà.
Vous êtes ému ?
Je dois dire que c’est 15 ans de ma vie. Je dois beaucoup à Jacques Chirac. Et pour moi, c’est une espèce de grand vide. Bang ! C’est un coup de tonnerre, une grande émotion dans le même temps.
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NDONGO SAMBA SYLLA AT MMT CONFERENCE
The Programme & Research Officer at Rosa Luxembourg Foundation Office for West Africa, discusses about money, imperialisme and development
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L'INCROYABLE SAGA DU CLAN QUI A TENU L'ANGOLA PENDANT 38 ANS
José Eduardo, Isabel, José Filomeno... Dans « La dos Santos company. Mainmise sur l'Angola », qui sortira le 2 octobre, Estelle Maussion raconte l'histoire d'une famille devenue intouchable, jusqu'à l'élection de João Lourenço
Jeune Afrique |
Estelle Maussion |
Publication 30/09/2019
Un père autoritaire, une fille milliardaire et un fils emprisonné. Dans La dos Santos Company. Mainmise sur l’Angola, Estelle Maussion – journaliste en Angola de 2012 à 2015 – plonge le lecteur dans l’incroyable histoire du clan dos Santos, entre rebondissements, coups tordus et manipulations.
Arrivé au pouvoir en 1979, le père José Eduardo dos Santos décide de tout, tout seul, et distribue les ressources à ses proches, tandis que la majorité de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Un règne familial qui s’annonce éternel jusqu’à ce que le nouvel homme fort, João Lourenço décide de faire le ménage après avoir remporté la présidentielle de septembre 2017.
Ce livre est le fruit d’une longue enquête qui décrypte une saga familiale, celle des dos Santos, tout en mettant en perspective les défis actuels de l’Angola.
« Quand nous sommes réunis, nous ne parlons pas de nos activités professionnelles. Nous échangeons des nouvelles, surtout à propos des enfants. Nous évoquons souvent le bon vieux temps, l’époque où nous étions petits. » Trentenaire souriant et élégant, José Filomeno, le premier fils du président angolais, fait cette confidence un après-midi d’octobre 2012 à Luanda, après deux heures d’entretien.
À 34 ans, il vient d’intégrer, grâce à un décret signé par son père, le trio d’administrateurs dirigeant le fonds souverain de l’Angola. Moins d’un an plus tard, il prendra, toujours grâce à son père, la tête de ce même fonds d’investissement étatique doté de quelque cinq milliards de dollars.
Une famille comme les autres ?
Les dos Santos sont une famille comme les autres, laisse pourtant entendre le jeune homme à la voix posée. Ils déjeunent chez la grand-mère Marta le dimanche. À table, comme dans beaucoup de foyers, interdiction de parler travail.
On évite aussi les sujets qui fâchent. Qu’est-ce que Zénu – le surnom de José Filomeno – compte faire du pactole reçu de papa ? Est-ce que l’aînée Isabel, déjà à la tête d’un empire, ne peut pas laisser un peu de place à ses demi-frères et sœurs plus jeunes ? Doit-on vraiment payer aussi cher l’allégeance des amis du clan, dont le vice-président Manuel Vicente et le général Kopelipa ?
Dans le joyeux vacarme provoqué par les petits-enfants, tous guettent la réaction du patriarche, José Eduardo, l’incarnation d’une main de fer dans un gant de velours. Jamais d’éclat de voix, jamais de scène en public mais une autorité incontestée et incontestable. Chef de tribu impénétrable, c’est lui qui décide, départage, promeut et punit. Il n’est pas seulement leur frère, père, grand-père, chef ou président. Il est le maître de leur existence, le « parrain » d’un clan qui règne sans partage et sans scrupule sur l’Angola.
Le quartier présidentiel, un bunker
Sa toute-puissance ne se ressent nulle part ailleurs mieux que dans la Cidade Alta, le quartier qui abrite le palais présidentiel. Luanda est une ville chaotique, bruyante, aux trottoirs défoncés ou inexistants et à la circulation automobile anarchique. Située sur les hauteurs de la ville, la cidade alta est un havre de verdure, de silence et d’ordre.
Belles allées de palmiers, rues parfaitement asphaltées, trottoirs pavés quotidiennement balayés, bâtiments roses et blancs datant de l’époque coloniale ornés de colonnades. On y entend les oiseaux chanter.
Ce cadre idyllique ferait presque oublier qu’il s’agit d’un bunker. En voiture, vous pouvez y passer mais interdiction de vous garer ou de vous arrêter. Il faut utiliser un parking en contrebas puis finir le trajet à pied. Sur le chemin, des militaires en treillis armés de mitraillettes sont postés à chaque porte, soit tous les cent mètres. Toute personne extérieure est immédiatement repérée et doit montrer patte blanche.
Passée une première guérite, il faut marcher encore un peu avant d’apercevoir l’entrée du palais présidentiel et son portique de sécurité où des agents en costume-cravate retiennent les téléphones portables, interdits dans l’enceinte. Une fois à l’intérieur, les visiteurs subissent une ultime épreuve, une attente à durée indéterminée, cantonnés dans des salles en marbre mais sans fenêtre. Chef de la police, ministre, ambassadeur, tout le monde reçoit le même traitement.
Une aile du palais est réservée aux réceptions de personnalités étrangères, dont la date et l’heure ne sont confirmées qu’à la dernière minute. Accueillis avec les hommages militaires, les chefs d’État et de gouvernement sont ensuite escortés dans un petit salon feutré. Chaque geste est scruté par les hommes du protocole. Les journalistes sont relégués dans les jardins pour des déclarations à la presse, toujours brèves, très encadrées et rarement suivies de questions. Voilà l’atmosphère dans laquelle règne José Eduardo dos Santos.
Le président décide de tout, tout seul
Sur le papier, l’Angola est une démocratie. Il y a une Constitution, des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire séparés, des élections organisées régulièrement. Dans les faits, le président angolais décide de tout, tout seul. Et cela, depuis des années du haut de sa tour d’ivoire qu’est le palais présidentiel.
Les conseils des ministres se déroulent à l’étage dans une immense salle rectangulaire. Quelques bouquets de fleurs tentent d’apporter un peu de chaleur à la pièce. En vain. La configuration des lieux suffit pour comprendre qui est le chef. José Eduardo dos Santos préside derrière un imposant bureau juché sur une estrade. En contrebas, les ministres se rangent, disciplinés, autour d’une table ovale.
Lorsque le président fait son entrée, l’ambiance se tend. Les visages se ferment. On retient son souffle. Puis, impassible, il écoute pendant des heures les rapports de ses subordonnés avant de finalement annoncer ses décisions. « Rares sont les téméraires à prendre la parole spontanément, la plupart des ministres attendent que cela se passe en priant pour ne pas être sollicités, raconte un ancien habitué de ces réunions. Quand le président ne peut pas imposer ses vues aussi directement alors il ruse ! » Par exemple lorsqu’il doit consulter le conseil de la République, organe qui rassemble les forces vives du pays (magistrats, partis politiques, responsables religieux et associatifs), avant de prendre une décision importante comme la date des élections.
La séance commence comme n’importe quelle autre. Il laisse parler longuement les différents protagonistes sans jamais prendre la parole ni montrer aucune réaction. On dirait un sphinx. Chacun est agréablement surpris et a l’impression d’être entendu. Jusqu’au moment où, en fin de session, José Eduardo dos Santos annonce la date de son choix, pour reprendre l’exemple des élections, soulignant qu’elle a été choisie d’un commun accord…
L’État angolais, une entreprise familiale
Si le président angolais se comporte de cette façon, c’est parce qu’il « considère le pays comme sa propriété privée », résume, après s’être assurée de l’absence d’oreilles indiscrètes, une consœur journaliste angolaise. Et pour cause, José Eduardo dos Santos n’administre pas un État, il régit une entreprise familiale.
Depuis son arrivée à la tête de l’Angola en 1979 – je n’étais pas née, comme les trois quarts des Angolais –, le parrain a pris soin de distribuer richesses nationales et postes à responsabilités à ses proches. Si son deuxième enfant et premier fils, José Filomeno, a été bien servi avec le fonds souverain, c’est son aînée, Isabel, qui a reçu la plus grosse part du gâteau avec des positions dans l’industrie du diamant, les banques, les télécoms, l’immobilier et le commerce.
Les deux héritiers suivants, la députée Welwitschia dite Tchizé et l’artiste José Paulino de son nom de scène Coréon Dú, ne sont pas à plaindre. Ils sont omniprésents dans le domaine culturel et l’audiovisuel public. Une ex-compagne du président a pendant longtemps dirigé l’agence supervisant les investissements étrangers dans le pays.
Quant à l’actuelle Première dame, Ana Paula, une ancienne hôtesse de l’air, elle fait des affaires dans le secteur aérien et celui de la mode. Avec les trois enfants issus de son mariage avec José Eduardo, des jeunes d’une vingtaine d’années, ils sont les heureux propriétaires d’un luxueux institut de beauté à Luanda (le Deana Day Spa).
La fondation José Eduardo dos Santos et celle de la Première dame centralisent les actions de bienfaisance. De son côté, Isabel brille en tant que dirigeante de la Croix-Rouge en faisant venir à Luanda, le temps d’un gala de charité, la diva américaine Mariah Carey.
Isabel, la « princesse »
Isabel, c’est l’étoile de la famille et son visage séduisant à l’étranger. Si on la surnomme la princesse, c’est parce que sa vie a tout du conte de fées. Elle est riche (fortune estimée à trois milliards de dollars), intelligente (ingénieure polyglotte) et belle (en tailleur-pantalon comme en robe de soirée).
Métisse née de l’union entre José Eduardo dos Santos et une Russe, elle est mariée à un prince charmant, le Congolais Sindika Dokolo, collectionneur d’art et fils d’un banquier ayant fait fortune dans le Zaïre de Mobutu. Cosmopolite et globe-trotter, Isabel sait recevoir, comme lors d’une somptueuse fête d’anniversaire organisée dans un palace de Marrakech, mais aussi s’amuser au sein de la jet-set mondiale pendant le festival de Cannes.
N’allez pourtant pas croire qu’elle reste à la maison s’occuper des enfants. La fille aînée de José Eduardo dos Santos est une redoutable femme d’affaires, devenue la première Africaine milliardaire en 2013. Un jour, elle croise le fer avec le groupe espagnol CaixaBank pour prendre le contrôle de la banque BPI à Lisbonne. Le lendemain, elle intègre une délégation de deux-cents chefs d’entreprises angolais en visite officielle en Chine.
Le jour suivant, elle assiste à un forum des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) à Johannesburg. Vous comprenez pourquoi mes efforts pour la croiser ont mis du temps à porter leurs fruits. Par chance, je suis de passage en Afrique du Sud en même temps qu’elle en août 2013. C’est dans ce cadre que je la vois pour la première fois, soit un an et demi après mon arrivée à Luanda. En tant que patronne d’Unitel, le premier opérateur de téléphonie en Angola, elle participe à une table ronde avec d’autres pointures africaines, dont Johann Rupert, l’homme le plus riche d’Afrique du Sud, et Mo Ibrahim, milliardaire anglo-soudanais chantre de la bonne gouvernance.
Son intervention, dans un anglais parfait, dure à peine trois minutes. Souriante, elle se prête ensuite aux questions de la salle, sans jamais conserver la parole très longtemps. Comment encourager l’investissement dans les télécoms ? Quels sont les moteurs de la croissance africaine ? Quel est le rôle des femmes dans le développement ?
Facile, ce sont ses thèmes de prédilection. Elle est comme un poisson dans l’eau. « Isabel n’est pas qu’un exemple pour les femmes du continent mais bien pour tous les Africains », s’enthousiasme le modérateur du débat, Donald Kaberuka, le président de la Banque africaine de développement de l’époque. La salle est conquise. Les applaudissements fusent. Le tout sous les yeux de son mari, assis au premier rang dans le public. Isabel a le succès modeste, elle remercie l’assemblée sobrement. Comment est-elle devenue milliardaire avant 40 ans ? Je vous expliquerai cela un peu plus tard.
par Babacar Gaye
GRÂCE DIFFÉRENCIÉE
Le président Macky Sall a fait preuve de plus de mansuétude à l'égard de Khalifa Sall. Alors que Karim Wade traine encore un boulet dont seule une amnistie pourrait le libérer
"La grâce accordée [à Karim Wade et consorts] dispense [uniquement] de l'exécution des peines d'emprisonnement restant à subir"
Alors qu'à Khalifa Sall et consorts, "une remise totale des peines principales [emprisonnement et amendes] est accordée".
En clair, Karim Wade est obligé de payer les amendes de 138,2 Milliards sous peine de retourner en prison pour 2 ans supplémentaires du fait de la contrainte par corps qui avait été fixée au maximum, quand bien même il a été dispensé de l'exécution des peines d'emprisonnement restant à subir.
En effet, "lorsqu’une personne est condamnée à des amendes, restitutions, dommages et intérêts au profit de l’Etat, la contrainte par corps est exécutée d’office'.
Quand à Khalifa Sall, il est libéré de toute contrainte car la demande de l'Agence judiciaire de l'Etat pour des dommages et intérêts a été rejetée par le tribunal.
En conclusion, le Président Macky Sall a fait preuve de plus de mansuétude à l'égard de Khalifa Sall. Alors que Karim Wade traine encore un boulet dont seule une amnistie pourrait le libérer.
NB:
Ce post n'a qu'une motivation: poser un prétexte d'un débat scientifique sans parti pris ni considération politicienne.
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ADAMA GAYE, LE VIRTUEL ET LE RÉEL
Journaliste émérite à la carrière remplie, il n'en est pas moins un personnage controversé. Consultant averti avec un bon carnet d'adresses pour les uns, simple activiste pour les autres
Le rendez-vous qui devait avoir lieu au Presse café de Dakar a finalement été délocalisé dans son appartement. L'homme a beaucoup hésité face à un dilemme cornélien : recevoir dans un lieu public ou bien chez lui où règne le désordre total. Adama Gaye se résout finalement à accueillir Seneweb dans son domicile. A peine a-t-il ouvert la porte de l'appartement qu'il donne la première consigne : "Fermez les yeux et entrez. Je m'excuse, je suis en plein aménagement".
Un simple coup d'œil suffit pour avoir une idée du chamboulement qui a eu lieu. Des papiers qui tapissent le sol, une paire de chaussures par ici, une chaussette par-là. Les pantalons et chemises sur les canapés et quelques ouvrages jetés négligemment sur la table du salon. Même ses photos de souvenirs s'exposent à des coups de pied involontaires. Fraichement sorti de Rebeuss, après un séjour carcéral de plus d'un mois pour offense au chef de l'État et atteinte à la sécurité publique, Adama Gaye a du mal à se retrouver dans cette pagaille. "Je reviens à la vie. Tout ceci est à reprendre", confesse-t-il.
Tout est à reprendre, en effet ! Y compris sa santé "passablement malmenée". L'homme est affaibli, même s'il gagne petit à petit de l'entrain. Silhouette longiligne, démarche encore chancelante, il a les traits du visage un peu étirés, avec des yeux creux et une peau plus ou moins ridée. A l'évidence, le séjour à la grande maison de son ami Malick Sall a été éprouvant. Et puisque l'homme ne fait jamais dans la langue de bois, il l'admet sans fioriture. "Vous savez, quand vous êtes dans une prison, vous mangez mal, vous craignez de mourir à tout moment dans ces conditions, ça peut vous affecter", reconnait-il.
La terreur des réseaux sociaux
Depuis quelques temps, le journaliste-consultant ne cesse de faire l'actualité par le biais de ses publications critiques contre le régime de Macky Sall. L'homme est même devenu la "terreur des réseaux sociaux", Facebook en particulier. Pétrole, gaz, bonne gouvernance et même inconduite présidentielle. "Dans mon univers (anglo-saxon), toute vérité est bonne à dire. Les frasques, on doit en parler", se cramponne-t-il. Une posture qui fait de lui un homme controversé. Pour beaucoup, il n'est qu'un activiste qui tire sur tout ce qui bouge.
Pourtant, Adama Gaye a un Cv balèze. Issu de la 8è promotion du Cesti (fin des années 70), il fait partie des journalistes sénégalais aux carrières les plus abouties. "C'est incontestablement l'un des journalistes africains les plus brillants, les plus cultivés, les plus instruits, un homme qui dispose d'un carnet d'adresses impressionnant", témoigne son ami de 30 ans Mamadou Oumar Ndiaye, à travers un texte intitulé : Moi, l'avocat du diable Adama Gaye.
Ayant fait l'essentiel de sa carrière dans la presse étrangère, il a interviewé beaucoup de grandes figures du continent africain et d'ailleurs. Nelson Mandela avec qui il dit avoir voyagé "en exclusivité", mais aussi le président de la Banque mondiale. L'homme a été le rédacteur en chef du West Africa Magasine à Londres, le plus ancien journal africain anglophone, disparu en 2005. L'ancien collaborateur de Jeune Afrique a été également le directeur de la communication de la Cédéao. Un journaliste sénégalais se rappelle d'ailleurs qu'il s'était beaucoup investi à l'époque pour permettre à l'Union des journalistes de l'Afrique de l'ouest de trouver des fonds nécessaires afin de tenir son congrès en 1996 à Accra. Grâce à son réseau, il vient aussi en aide au Cesti, son ancienne école.
"Beaucoup de jeunes ont enceinté des filles, ils étaient fiers…"
Et dire que l'homme aurait pu terminer sa vie comme peseur de 'séko' ou même un vagabond dans les rues de Kaolack. Au début des années 60, sa famille, comme beaucoup d'autres, faisait face à une aventure ambigüe : l'école coranique ou celle des Blancs. Dans un premier temps, ce sera le daara du patriarche Serigne Ndoye à la mosquée lébou de Cazenac. Et pour l'inscrire à l'école, son père, riche commerçant, a dû convaincre ses oncles maternels, puisque Adama est de la famille Mbacké de par sa mère, fille de Mame Cheikh Anta Mbacké.
Mais l'écolier va se révéler être un enfant terrible. Se laissant aller à vivre la jeunesse, il séchait les cours et ne faisait jamais ses devoirs. Amateur de football, supporter du Mbossé de Kaolack, cet adepte du thé et de la belote était capable de réciter les noms de tous les clubs à la fois du Sénégal et de la France. Très jeune, il était écartelé entre devenir grand danseur, sapeur, ou propriétaire d'une moto "Bravo". Il aimait les boites de nuit et tout ce qui est ambiance festive.
"Rien de ce qui se passait dans mon quartier ne me laissait indifférent. Je voulais devenir une de ces icones de la vie de Kaolack. Je suis un miraculé de l'école puisque j'aurais pu arrêter mes études très tôt", réalise-t-il aujourd'hui. D'un père polygame avec 3 femmes, jeté au milieu d'une fratrie assez importante, le gamin était quasi incontrôlable. Il a fallu d'ailleurs que sa mère s'investisse pleinement et aille voir le provisoire du lycée, à l'époque Kader Fall, ancien ministre de l'Education, pour que le garçon turbulent retourne à l'école.
Pendant ce temps, le petit, lui, rêvait de devenir peseur de 'séko' pour gagner 30 000 à 40 000 f à la fin du mois. A l'époque, la drague était le sport favori des adolescents. A l'âge de 20 ans, il fallait avoir un enfant. "Beaucoup de jeunes ont enceinté des filles, ils étaient fiers de dire : je baptise. Et nous, on regardait ceux qui parvenaient à ces exploits comme des modèles à copier", se rappelle Adama. Mais aujourd'hui, tout ceci n'est que vieux souvenir.
L'exemple de Malick Sall et Mamadou Oumar Ndiaye
Membre fondateur du Syndicat des journalistes sénégalais (Synpics), Adama Gaye a écrit dans de grandes publications occidentales. Il intervenait régulièrement sur les plus grandes chaines de télévisions au monde telles que Cnn, Bbc, Al Jazeera. Ainsi, lorsqu'on dit de lui qu'il n'est pas journaliste, le concerné préfère en rire. "J'ai épuisé les charmes du journalisme. J'ai connu les belles pages de la profession", s'enorgueillit-il. En plus, Adama Gaye a le sens des relations, il a été à la table des dirigeants du monde, ceux de l'Afrique en particulier.
Cette réussite a-t-il changé l'homme ? En tout cas, le constat est quasi général qu'Adama Gaye ne souffre pas la contradiction. Tous ses "amis" qui se sont opposés à lui sur facebook ont été bloqués. D'ailleurs, à sa sortie de prison, l'ancien bagnard a annoncé une "opération déblocage" en faveur de ceux qui n'étaient plus dans son espace amical, mais qui ont épousé sa cause.
Seulement, ses amis virtuels ne sont pas les seuls. Ceux de la vie réelle aussi. Me Malick Sall et Mamadou Oumar Ndiaye, des compagnons de plus de 30 ans, en sont deux exemples vivants. L'actuel ministre de la Justice que Gaye qualifie de "gaffeur en chef" a été le témoin de son mariage aux États-Unis. Quant au patron du journal Le Témoin, affectueusement appelé MON, il dit ne plus reconnaitre son Adama Gaye. Se référant sur ce qu'en pense une bonne partie de l'opinion, MON se demande si son ancien copain n'est pas "devenu cassant, hautain, arrogant, imbu de lui et un brin mégalomane". Quoi qu'il en soit, ce monogame père de trois enfants dit être devenu "plus humain" en sortant de prison.
Pour se prévaloir d'une carrière aussi remplie, Adama Gaye a fait presque le tour des universités occidentales. Après le baccalauréat au lycée Gaston Berger (actuel Valdiodio Ndiaye), il réussit directement le Concours du Cesti. A sa sortie de l'école, alors que ses camarades de promotion faisaient leurs premiers pas dans les rédactions, Adama s'est fait recruter à l'école vétérinaire de l'Université Cheikh Anta Diop.
Une dizaine d'universités à travers le monde
Alors que les autres gagnaient 80 000 f Cfa par mois, lui avait un salaire de rêve de 204 000 f. Malgré ce privilège, le camarade d'Alioune Touré Dia ne se sentait pas épanoui. De l'école des vétérinaires, il devient le correspondant d'Africa n°1 à Dakar. Il a également écrit à l'Aps et au Soleil, "de façon intermittente". Mais aussi au journal Sopi de Me Abdoulaye Wade. Mais le journaliste avait déjà des envies d'ailleurs. "J'avais compris que la communication uniquement ne suffisait pas, il me fallait élargir mon horizon".
Pour comprendre cette propension de Gaye à toujours chercher plus, il faut essayer de cerner sa personnalité. Au Cesti déjà, il se considérait comme faisant partie de l'élite. Lui et ses camarades avaient créé un groupe dénommé la "coalition de l'excellence", composée de ceux qui pensaient devoir peser sur le cours des choses. Les débats portaient sur les grands enjeux du continent. "On était capable de se bagarrer physiquement pour des questions idéologiques", se souvient-il. C'était au temps des jeunes intellectuels engagés et agités. A titre personnel, Adama affirme avoir réalisé un mémoire hors du commun, diffusé sur Radio Sénégal et longtemps présenté comme étant le meilleur mémoire au Cesti.
Soit ! Mais il n'en était pas moins un frimeur, un dragueur partisan d'une vie pleinement consommée. Débarqué à Dakar après le bac, "avec l'envie de prendre la capitale à belles dents", le natif de Kaolack va vibrer au rythme du Dakar by night. Boites de nuit, style afro, costume cravate, il avait tout d'un prince charmant. Avec même quelques habitudes de consommation aujourd'hui peu avouables. "Nous étions des villageois qui se prenaient pour les maîtres de la ville. On a fait la belle vie, on a fait les 400 coups et tout", confie-t-il.
Cependant, malgré "les dégâts de jeunesse", le groupe est resté ambitieux et voulait aller au-delà de ce qu'offrait l'État du Sénégal. C'est ainsi qu'une bonne partie de cette promotion s'est retrouvée à l'étranger.
Kofi Annan, Rilwanu Lukman, Oumar Bongo…
Sur encouragement de son ami Samba Thiam, il part en France avec un autre camarade. A Paris, débrouillard et curieux, il se rend au ministère français des Affaires étrangères. En bon "blablateur", il parvient à convaincre son interlocuteur. Rendez-vous est pris pour la prochaine fois. Adama revient et remplit les formalités : les voila bénéficiaires d'une bourse de l'État français. Débute alors un long périple qui le mènera dans plusieurs établissements.
D'abord les sciences de l'information et de la communication à l'université de Paris II, puis la science politique à la Sorbonne. Ensuite, étant porté vers la langue anglaise, Gaye franchit l'Atlantique, pour se rendre aux États-Unis. Sa conviction était qu'il devait être imprégné de la culture anglo-saxonne pour être à jour des évolutions qui allaient marquer le monde, l'Afrique en particulier. Il passe tour à tour à l'Université d'Oxford aux États-Unis, celle du Maryland, une formation à Harvard.
Retour en Europe. Adama s'inscrit au London school of economics. Et plus tard, à l'Institut des hautes études internationales de Genève. S'intéressant aux questions liées aux ressources naturelles, le pétrole notamment, il intègre les institutions spécialisées telles que l'Université de Dunee en Ecosse, celle de Thionsé Kensy aux États-Unis, sans oublier l'Institut international de Droit. Bref, une dizaine d'instituts et d'universités à travers l'Europe et les Amériques.
En fait, il ne faut jamais perdre de vue qu'Adama Gaye veut être parmi ceux qui comptent. Affable et généreux, il n'en aime pas moins les honneurs. A vrai dire, avec Adama Gaye, le moi n'est pas haïssable. Au contraire, il aime exposer ses faits d'armes. L'homme affirme avoir aidé Kofi Annan à devenir le premier Africain noir secrétaire général de l'Onu, il a lui-même téléphoné au président de l'Opep d'alors, Rilwanu Lukman, pour lui recommander Macky Sall. Il a aidé son ami Malick Sall à rencontrer le premier chef d'État dans sa vie en la personne d'Oumar Bongo en 1990. Etc., etc. Et c'est ça aussi Adama Gaye.
par Oumou Wane
LA RÉCONCILIATION EN MODE « FAST-TRACK »
La belle image entre les présidents Wade et Macky, en boubou blanc devant la haute autorité mouride, est-elle une véritable avancée démocratique prometteuse pour notre nation ou un simple épisode de plus dans la saga politico religieuse du pays ?
Pour une fois que j’en ai l’occasion, je veux saluer la classe politique dans son ensemble, car aujourd’hui, la politique a un sens dans notre pays.
Le sens de l’histoire oserai-je dire, et qui s’accélère depuis ce week-end par la réconciliation fraternelle entre Macky Sall et Abdoulaye Wade. Il semblerait même flotter sur notre démocratie, comme un désir de se retrouver ensemble en un instant, si rare, d’unité nationale.
Comme si, par ces retrouvailles « père-fils » chacun de nous se reconnaissait un peu, la nation appartenant à tout le monde, riche ou pauvre, petit ou grand, sans parti pris, sans ethnie, juste des enfants de la patrie, fiers de l'appartenance au pays où ils sont nés.
L'unité dans la diversité. L’heure était donc à la réconciliation ce vendredi 27 septembre à Dakar, pour marquer l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane, dans ce chef d’œuvre architectural qui a réuni en son sein et tout au dehors des milliers de fidèles.
On se souviendra longtemps je l’espère, qu’à l’initiative du Khalife général des Mourides, l’ancien président, Abdoulaye Wade et l’actuel chef d’Etat, Macky Sall, ont enterré ce jour-là la hache de guerre après dix ans de brouille profonde et que ce geste intervient dans un cadre global de décrispation, au travers du dialogue politique national.
Et comme pour sceller cette réconciliation, dans la logique de cette « transcendance » politique qui changera peut-être la vie quotidienne des Sénégalais aux quatre coins du pays et de la diaspora, voici que Macky Sall décide ce dimanche 29 septembre, d’accorder la grâce présidentielle à l'ex-maire de Dakar Khalifa Sall, en prison depuis deux ans et demi, et remis en liberté immédiatement.
La grâce de Khalifa Sall, de même que les gestes affectueux d’amitié que le président a exprimés envers Abdoulaye Wade sont le signe, s’il en fallait, d’une volonté d’ouverture qui conduira peut-être les conseillers politiques issus de différents partis et mouvances à travailler ensemble pour rassembler les populations autour de leurs projets et en assurer le succès et la représentativité dans les plus hautes instances du pouvoir.
Mais respecter l’autre et travailler ensemble pour bâtir un Sénégal pour tous, exige en premier lieu d’effacer les rancœurs pour permettre à la nation de surmonter ses divisions.
Car même si la cohabitation a finalement toujours été notre force, Serigne Mountakha met en garde les saboteurs ! Après six mois d’efforts inlassables, le Khalife général des mourides qui a réussi le coup du siècle, avertit tout esprit malveillant de tout bord qui tenterait de saboter son travail.
Toujours est-il qu’il faudra un sursaut populaire pour que le pays sorte de cette anomie et retrouve une normalité sociale vers l’épanouissement des populations.
La belle image du vendredi entre les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, tous deux en boubou blanc devant la haute autorité mouride est-elle une véritable avancée démocratique prometteuse pour notre nation ou un simple épisode de plus dans la saga politico religieuse du pays ?
Dans cette réconciliation en mode « fast-track », la logique permettrait d’avancer le retour prochain de Karim Wade au bercail et la dissolution prochaine du gouvernement qui laissera place, à l’issue des travaux sur le dialogue national, à une nouvelle ère d’ouverture et d’écoute.
À suivre...
Oumou Wane est présidente d’Africa7
par Madiambal Diagne
AU NOM DU PÈRE, DES FILS, DE TOUBA ET DU SÉNÉGAL
Le train des retrouvailles va-t-il laisser un Idy à la gare ? Sonko devrait se sentir encore plus isolé, lui qui était le seul à croire qu’il pouvait décrocher le soutien Wade
L’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinan a été un moment historique à bien des égards. La communauté des fidèles mourides et le Sénégal tout entier viennent de concrétiser la vision de Serigne Saliou Mbacké qui avait à cœur le projet d’édifier un grandiose lieu de culte à Dakar. Ses successeurs à la tête de cette confrérie religieuse musulmane, à savoir Serigne Bara Falilou Mbacké, Serigne Sidy Moctar Mbacké et Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, n’ont ménagé d’efforts pour la matérialiser. C’est une réalisation majeure qui, à l’image de biens des lieux de culte dans le monde, servira de repère à des générations futures, de sceau culturel à travers la dévotion cultuelle. L’élan de générosité, de communion et d’ouverture qui a accompagné cette inauguration montre que par la force de la volonté, bien des choses peuvent se faire.
Cet exemple réussi d’efforts collectifs, de participations, de contributions diverses et de générosité devrait être dupliqué dans bien des domaines. On ne le dira jamais assez, la fibre de la foi religieuse pourrait être un levier efficace au Sénégal pour canaliser les énergies et impulser des actions de développement économique et social solidaire. Des questions essentielles, comme par exemple le problème récurrent d’adduction d’eau potable à Touba, pourraient être réglées, surtout que l’Etat révèle encore sa carence à trouver des solutions durables. Le défi reste donc de trouver les motivations suffisantes pour que tout le monde mette la main à l’ouvrage. La cérémonie d’inauguration, le vendredi 27 septembre 2019, a aussi été marquée par des retrouvailles et une réconciliation entre le président de la République Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade.
Une paix des braves
Image ne pouvait être plus belle pour des gens ayant longuement cheminé ensemble que de faire un pas l’un vers l’autre, taisant tout différend, pensant à un après. L’initiative et l’entremise de Serigne Mountakha Mbacké sont à saluer. Le guide religieux avait fait de la réconciliation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall un objectif majeur. De nombreuses démarches discrètes avaient été entreprises jusqu’à l’aboutissement de la poignée de main publique dans la nef de la mosquée. Ainsi, Serigne Mountakha a su concilier, rapprocher et surtout permettre un échange franc entre «père et fils», reconnaissant l’apport de tout un chacun à la communauté nationale et les bienfaits venant d’un échange à partir des postures lucides et sincères. Le Président Macky Sall ne s’y est pas trompé en soulignant que des contentieux ont existé, mais l’heure est au dépassement. Les personnes qui ont pu échanger avec le Président Macky Sall, à l’issue de cette cérémonie, ont sans doute pu constater un grand soulagement chez le chef de l’Etat. Macky Sall se trouve apaisé par son effusion de retrouvailles avec Abdoulaye Wade. Sur le plan strictement humain, l’homme n’avait pas manqué de souffrir de sa brouille avec Abdoulaye Wade. Il faut aussi dire que Abdoulaye Wade avait toujours considéré qu’un rapprochement dynamique avec Macky Sall était indispensable à la pacification de la vie politique, mais surtout permettrait à préserver le devenir de son fils Karim Wade.
C’est justement ce dernier qui se mettait dans une logique de rancune et refusait cet élan. Karim Wade s’est toujours révélé être l’obstacle aux retrouvailles. Son père Abdoulaye Wade, conscient de son propre sort de mortel, n’a pas manqué de faire comprendre à son fils qu’il aurait intérêt à ce qu’il arrange sa situation avant qu’une situation fâcheuse ne l’en empêchât. Karim Wade est revenu à la raison et a béni les retrouvailles, d’autant qu’il avait déjà fini d’user toutes ses cartouches dans son combat contre Macky Sall. Le commentaire de Karim Wade après les retrouvailles publiques entre Macky Sall et Abdoulaye Wade serait très positif. «C’est une bonne chose», aurait-il confié à des proches. Ces retrouvailles constituent la phase publique de contacts discrets entamés depuis plusieurs mois. Chacun des protagonistes désirait ardemment de faire la paix avec l’autre. C’est comme le dit l’adage Wolof selon lequel «la méthode la plus facile pour séparer des belligérants est d’attendre qu’ils soient tous épuisés». Abdoulaye Wade et Karim Wade ont pu être fatigués de chercher à combattre Macky Sall, parfois par des procédés peu conventionnels. Macky Sall lui aussi a pu mesurer combien une lutte acharnée à mort avec la famille Wade pourrait s’avérer contre-productive. Il se trouve également que Macky Sall et Abdoulaye Wade ont pu tenir éloignés de leurs discussions secrètes certains de leurs proches qui, pour diverses raisons, étaient assez hostiles à de telles retrouvailles.
«Rien ne sera plus comme avant»
Cette formule du Président Abdou Diouf va devoir à nouveau s’appliquer à la situation politique au Sénégal. Une nouvelle réalité s’impose donc au paysage politique sénégalais. La réconciliation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall œuvre dans une dynamique de conciliation et d’échanges, dans une logique de donner au politique la primeur de l’échange. L’idée d’une «paix d’avance» est embrassée, contrairement à un raisonnement d’une «guerre de retard» qui a longtemps marqué le paysage politique sénégalais. Cela a gardé le pays, depuis un long moment, dans une forme de campagne électorale permanente avec la politique au centre des débats malgré les urgences dans le social et l’économie. On dit qu’une paix va rarement de soi ! L’entremise du khalife général des Mourides montre ce à quoi s’attendre d’une autorité morale. En insistant sur le fait que les relations entre un père et un fils sont «inséparables», Serigne Mountakha a surtout rappelé que «le bénéfice de tout le Peuple sénégalais» est ce qui doit résulter des retrouvailles de Massalikoul Jinan.
En outre, en enlevant une épine du pied à la fois à Macky Sall et à Abdoulaye Wade, Serigne Mountakha a réussi le tour de force de faire redonner la main, en quelque sorte, au clergé de Touba dans le jeu politique. Le vote massif de la ville de Touba, lors de la dernière élection présidentielle du 27 février 2019, contre le candidat Macky Sall qui ne sera pas moins bien élu, n’avait pas manqué de calmer l’ardeur de certaines personnes qui pensaient que le vote de Touba détermine la vie politique au Sénégal.
Les implications politiques de la mise en œuvre des retrouvailles Wade-Sall vont fatalement faire bouger les lignes. Macky Sall qui avait toujours voulu associer des franges du camp de Abdoulaye Wade à la gestion des affaires publiques saisira cette occasion. De même, il lui devient plus que jamais possible de casser la dynamique d’unité de son opposition politique. Mieux, des retrouvailles avec Wade ne manqueront pas de mettre la pression sur de nombreux proches du Président Sall qui pourraient désormais considérer que le facteur Karim Wade serait un obstacle à d’éventuelles ambitions pour succéder à Macky Sall. Les enjeux sont grands, Macky Sall pourrait ainsi rassembler son parti politique, l’Alliance pour la République, avec la famille politique restée encore fidèle à Abdoulaye Wade.
Quelle sera la place de ce qui resterait encore du Parti socialiste et de l’Alliance des forces de progrès et des autres partis de gauche qui étaient dans la majorité aux affaires ? Les prémisses d’un nouveau grand parti politique qui rassemblerait la nouvelle majorité présidentielle élargie sont ainsi dégagées. Une telle perspective donne encore de la pertinence à ce que nous avancions dans ces colonnes, le 29 juillet 2019, «l’heure pour Macky de créer un nouveau parti». Ce sera aussi le moyen pour le chef de l’Etat d’embarquer dans ce nouveau train toutes les personnalités politiques qui ont dernièrement rompu les amarres avec Abdoulaye Wade. Nul ne voudrait être naïf pour ne pas s’imaginer que Macky Sall n’avait pas encouragé les défections des Oumar Sarr, Madické Niang et autres. En revanche, quelle place Idrissa Seck aura-t-il dans ce dispositif ? Karim Wade et son père avaient toujours montré qu’il leur était plus facile de se retrouver avec Macky Sall qu’avec un Idrissa Seck. Le train des retrouvailles va-t-il donc laisser un Idrissa Seck à la gare ? Ousmane Sonko devrait se sentir encore plus isolé, lui qui était le seul à croire qu’il pouvait décrocher le soutien de Abdoulaye Wade.
Il reste que la réconciliation entre les Présidents Sall et Wade augure d’une orientation vers l’essentiel quant aux questions majeures. La dynamique de conciliation et de dépassement ne manquera pas d’impacter la suite des travaux du dialogue national en cours. Le processus électoral, le financement des partis, la représentativité entre autres questions sont discutés sans accrochages majeures dans une démarche constructive. Il est souvent dit du Congrès américain qu’il a perdu de sa collégialité et versé dans la bi-partisanerie aveugle, quand la caméra a fait son entrée dans les sessions. Pareil pourrait être dit du jeu politique sénégalais où les formules chocs, les déclarations pour créer la controverse et séduire le public ont pris le pas sur le débat posé et les échanges constructifs. Cette nouvelle donne s’imposant après l’inauguration de Massalikoul Jinan interpellera les acteurs du pouvoir comme de l’opposition sur l’itinéraire qu’ils se tracent pour se faire une place dans le jeu politique et dans l’espace public. Le temps édifiera.
Le président Macky Sall vient d’en rajouter une couche et parachevé cet élan de concorde nationale en décidant d’une remise de peines en faveur de Khalifa Sall et ses codétenus Mbaye Touré et Yaya Bodian. Macky Sall a usé de ses prérogatives de président de la République pour décrisper encore et encore, la situation politique. Ce geste est aussi un geste en direction de Serigne Mountakha Mbacké, qui n’a eu de cesse de demander une mesure de clémence en faveur de son disciple Mbaye Touré.
Serigne Mountakha Mbacké ou la concorde incarnée
L’inauguration de Massalikoul Jinan a été forte en symbolique. De façon spontanée, les initiatives solidaires, les rencontres et les exemples redonnant foi à la stabilité et à l’union dans la diversité au Sénégal n’ont pas manqué. Dans un contexte marqué par de récentes crispations sur des questions religieuses, des appels malsains aux antagonismes confessionnels, des menaces ambiantes dans une sous-région confrontée aux extrémismes violents, les audiences du khalife général des Mourides, sa méthode, ses rappels aux disciples et son ouverture à l’autre sont des gages d’assurance. Rien ne se bâtit sans la paix et il est un devoir de le rappeler à tous. Voir l’archevêque de Dakar Monseigneur Benjamin Ndiaye devant Serigne Mountakha Mbacké, psalmodiant des versets du Coran pour une paix durable, est tout un symbole ! L’ouverture de la cour de l’établissement d’enseignement catholique Saint-Pierre et de la cour de l’église Sainte Thérèse à des fidèles musulmans pour effectuer la prière inaugurale est son éloquent continuum. La tenue d’une khadra, prières spécifiques à la communauté de la confrérie des Tidianes, avec des fidèles à l’unisson est un autre exemple attestant, comme l’a soutenu le khalife des Mourides, qu’il faut «résister à n’importe quelle stratégie». Cerise sur le gâteau, on a vu des milliers de fidèles nettoyer les lieux après la prière. Un tel acte civique est à saluer.
Au vu des enjeux qui se présentent au Sénégal, un tel rappel ne pouvait mieux venir. Je soutenais dans ces colonnes, pour rendre hommage au septième khalife des Mourides, au moment de sa disparition que : «Le défunt khalife Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké a œuvré de façon inlassable à la concorde dans le Sénégal. Les relations qu’il entretenait avec l’Eglise catholique du Sénégal comme en attestent les témoignages de religieux qui l’ont fréquenté sont plus que révélatrices. La force du Sénégal en tant que communauté unie où tous trouveraient toit et mèneraient vie descente dans le respect de leurs convictions est la trame de fond de tous les appels lancés par Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké. Ses appels et rappels à la communauté nationale tout comme aux disciples mourides sont à voir avec du recul comme une infatigable main tendue. Main tendue à des gens d’une communauté d’appartenance, main tendue à une communauté plurielle riche de sa diversité.» Cette même main, Serigne Mountakha la tend éloquemment et généreusement à tous pour le bien du Sénégal.
LA LISTE DE CISSÉ POUR LE BRÉSIL
Le groupe est marqué par les retours de Famara Dédhiou, Sidy Sarr, Habib Diallo, Opa Nguette, Racine Coly, Mamadou Loum Ndiaye et Pape Djibril Diaw. L'attaquant Moussa Koné découvre la sélection A
Aliou Cissé a dévoilé la liste des joueurs qui prendront part à la rencontre amicale entre l'équipe nationale du Sénégal et celle du Brésil. Rencontre prévue le 10 octobre à Singapour. Un groupe marqué par les retours de Famara Dédhiou, Sidy Sarr, Habib Diallo, Opa Nguette, Racine Coly , Mamadou Loum Ndiaye et Pape Djibril Diaw. L'attaquant Moussa Koné découvre la sélection A.
Gardiens : Edouard Mendy, Alfred Gomis, Abdoulaye Diallo
L’équipe nationale de Handball (Filles) du Sénégal ne sera pas des Jeux Olympiques Tokyo 2020. Battue hier par l’Angola en finale du TQO, la bande à Awa Ndiaye devra désormais se concentrer sur le mondial 2019.
Le miracle n’a pas eu lieu. Opposé hier à l’Angola en finale du tournoi qualificatif olympique (TQO), le Sénégal a complètement déjoué. Vainqueur vendredi de la RDC (29-18), l’équipe locale nourrissait l’ambition de prendre sa revanche contre l’Angola et décrocher ainsi le seul ticket en jeu pour les JO Tokyo 2020. Hier, les protégées du coach Frédéric Bougeant ont eu des difficultés pour entrer dans la partie.
Première à attaquer, l’équipe sénégalaise s’est heurtée à une solide défense angolaise. C’est l’Angola même qui va lancer les hostilités en ouvrant le score. Bousculées, les « Lionnes » vont encaisser trois buts, avant de réussir à faire trembler les filets au bout de la quatrième minute. Bien en place, l’équipe angolaise déroule, pratiquement sans une grande résistance.
A la pause, le Sénégal avait déjà six buts de retard (12-6). Le second acte ne fera que confirmer la suprématie des Angolaises qui vont dérouler. Le Sénégal qui avait réussi à relever légèrement la tête sombre à nouveau (26-14). C’est le score final. Comme lors de la finale de la récente Can de la discipline, l’Angola a encore eu le dernier mot. Elle va représenter l’Afrique aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
Le Sénégal qui en faisait une priorité devra encore s’armer de patience. Qualifiée tout de même pour la Coupe du monde 2019, la bande à Doungou Camara devra désormais se focaliser sur cet événement où elles seront attendues.