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26 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
L’OPIUM DE L’OPPOSITION
EXCLUSIF SENEPLUS - On se livre des duels à fleurets mouchetés, on s’écharpe, on se harpaille pour un statut de chef de l'opposition, au lieu de plancher sur un vrai projet alternatif unitaire qui mettrait fin à l’hégémonie politique de Bennoo
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 29/09/2019
L’opposition peut être définie comme une organisation politique partisane qui a pour vocation d’animer une critique contre les tenants du régime, de définir un programme alternatif et de prendre le pouvoir. Mais dans certaines démocraties surtout parlementaires, cette opposition bénéficie d’un statut qui lui permet de se préparer à l’exercice dans les meilleures conditions. Et l’exemple le plus célèbre est celui que trouve dans les pays utilisant le système parlementaire de Westminster (district du centre de Londres où se trouve le Parlement du Royaume-Uni réunissant la Chambre des Communes et la Chambre des Lords). Et dans un tel système, le Leader of the Opposition est le leader du principal parti d'opposition au sein du parlement. Ce dernier disposant de certains attributs institutionnels et de certains avantages pécuniaires et matériels qui attestent de son statut particulier au sein du système.
Généralement dans un système parlementaire d’inspiration westminstérienne, on observe un bipartisme élargi qui permet l’alternance entre les deux formations politiques les plus importantes. Ce Leader of the Opposition forme, à l’instar de l’exécutif, son shadow cabinet c’est-à-dire un cabinet fantôme. La Toupie nous définit le shadow cabinet comme «une équipe de membres influents de l'opposition officielle, constituée en une sorte de gouvernement virtuel. Le cabinet fantôme, institution officiellement reconnue, est constitué par le chef du principal parti de l'opposition. Chacun des « ministres fantômes » a pour mission d'analyser le budget, de surveiller et de critiquer la politique du ministre en place. Le cabinet fantôme est un moyen très pragmatique de questionner la politique de la majorité en place dans chaque domaine d'intervention de l'Etat et de préparer une politique alternative. Ses membres, porte-parole de leur parti dans leur domaine, sont ainsi préparés, par leur connaissance des dossiers, à devenir éventuellement ministres le jour où leur parti remporte les élections.»
Si le parti d’opposition gagne les élections, les membres du cabinet fantôme héritent souvent du portefeuille gouvernemental qu’ils avaient la charge de surveiller. Dans un système pareil, la reconnaissance juridique et la codification du rôle du chef de l’opposition est une nécessité, voire impératif catégorique démocratique.
Statut du chef de l’opposition, une futilité dans les régimes présidentiels
Dans les pays qui adoptent les régimes présidentiel, semi-présidentiel ou présidentialiste où l’on retrouve un bipartisme absolu ou une flopée de partis ou de coalitions de partis politiques qui peuvent prendre le pouvoir alternativement, statufier le rôle du chef de l’opposition peut paraitre beaucoup plus complexe. Dans de tels régimes, le leader du parti le plus représentatif de l’opposition ne siège pas en général au sein de l’Assemblée nationale. Tout le contraire des régimes parlementaires d’inspiration westminstérienne où les deux leaders de partis se font face au sein du Parlement. Etre chef de l’opposition ne se limite pas simplement à être le deuxième parti après la majorité en termes de suffrages ou de députés mais dans sa capacité à tenir tête au pouvoir avec ses contre-propositions et son offre programmatique. Au Sénégal, le chef de l’opposition conduit son parti ou sa coalition à l’Assemblée mais il démissionne toujours pour laisser la place à son suppléant au moment de l’installation des députés. Puisque le régime présidentiel donne tous les pouvoirs à l’exécutif, le chef de l’opposition juge inutile sa présence à l’Assemblée nationale pour mener son combat politique. Il préfère déléguer son combat à ses députés au lieu de diriger les troupes. L’autre complexité du statut du chef de l’opposition résulte de la difficulté à identifier le véritable chef de la majorité. Est-ce le président de la République ? La réponse est négative parce qu’il est le président de tous les Sénégalais même s’il est le chef de son parti. Cet enchevêtrement dialectique des deux postures président de la République / chef de parti, complexifie la désignation du chef de la majorité. Un chef de la majorité doit pouvoir face et échanger avec le leader de l’opposition. C’est le partage régulier du même espace institutionnel définit les rapports de force et donnent un sens à la relation duale entre le président de la République et le chef de l’opposition. Et le professeur de droit El Hadji Mbodj, qui a travaillé depuis plus de deux décennies sur le statut du leadership de l’opposition, soutient une telle position : « En effet, le leadership de l’opposition n’a de sens que si celui qui l’incarne est avant tout un représentant du peuple siégeant à l’Assemblée nationale. Il doit s’intégrer dans les structures républicaines et s’exprimer à travers des courroies institutionnelles. Il sera commode d’aménager un statut sur mesure à ce chef de l’opposition. Il devra disposer d’un statut ex officio. Il pourrait être membre de droit du bureau de l’Assemblée nationale s’il ne l’est pas ; il devrait avoir droit à la couverture médiatique des manifestations liées à l’accomplissement de sa mission, à un droit de réplique aux messages et/ou autres interventions médiatisés du président de la République ou du chef du gouvernement. Une place de choix dans le protocole républicain devrait lui être réservée dans le décret sur les préséances. Il devrait être invité à toutes les cérémonies officielles de la République et traité avec les égards et honneurs dus à son rang. Il pourrait faire partie des délégations qui accompagnent le président de la République lors de ses déplacements à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire national. Il pourrait être associé à l’accueil des hôtes de marque de la République. Il pourrait lui être confié des missions spécifiques d’envergure nationale ou internationale et, surtout, être consulté ou reçu en audience par le chef de l’État chaque fois que de besoin ».
En Angleterre, le Premier ministre est chef le chef de la majorité et il face à son alter ego de l’opposition accompagné toujours de son shadow cabinet.
Leadership de l’opposition, un os à ronger
Dans notre pays, la querelle sur les critères de choix du leader de l’opposition fait rage. Au sein de la commission du dialogue politique, les partis d’opposition ont stérilement engagé une réflexion sur l’incarnation du leadership de l’opposition. Si Macky Sall s’ingénie à instituer un leadership de l’opposition, ce n’est point pour renforcer la démocratie mais pour diviser et fragiliser l’opposition. En bon lecteur de Joseph Joubert, il sait qu’en politique, il faut toujours laisser un os à ronger aux opposants. Faute de déjouer le piège mackyste, certains opposants déclarent que le leader du parti d’opposition le plus représentatif au Parlement doit incarner ce rôle, d’autres soutiennent qu’il revient de droit au parti arrivé deuxième après la présidentielle. Dès lors, une guerre entre Abdoulaye Wade, première force de l’opposition parlementaire et Idrissa Seck, premier opposant investi de la légitimité populaire lors de la dernière présidentielle, sourd même si, dans leur camp respectif, leurs militants feignent de ne pas s’intéresser trop à ce statut qui divise l’opposition. Et voilà que les haines recuites entre la triangulaire PDS-Rewmi-Pastef refont surface et la scène politique se transforme en véritable pancrace. On se livre des duels à fleurets mouchetés, on s’écharpe, on se harpaille au lieu de plancher sur un vrai projet alternatif unitaire qui mettrait fin à l’hégémonie politique de Bennoo. On se souvient en 2001 du crêpage de chignons entre Ousmane Tanor Dieng dont le parti avait glané lors des législatives plus de suffrages et Moustapha Niasse dont le parti avait obtenu plus de députés à l’Assemblée nationale quand le président Abdoulaye Wade avait agité l’idée du statut du chef de l’opposition.
Leadership de l’opposition en Afrique, un subterfuge machiavélique
Par conséquent, ce statut du chef de l’opposition n’est qu’un stratagème hypnagogique pour endormir ou anesthésier une opposition dont le rôle essentiel est de trouver des plages de convergences entre ses acteurs pour mieux face à la machine de Bennoo. Il ne sert à rien d’avoir un chef de l’opposition s’il ne peut pas jouir des libertés constitutionnelles sans être matraqué par les forces de l’ordre. Il est inutile d’instituer un chef de l’opposition s’il n’a pas accès aux médias d’Etat.
En Guinée-Conakry, le 23 octobre 2018, lors d’une journée de manifestations organisées par l’opposition guinéenne, le chef de l’opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo a été victime d’une tentative d’assassinat par les forces de l’ordre. Alors à quoi sert donc au leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) son statut de chef de l’opposition s’il ne peut pas jouir de la première liberté démocratique qui est le droit à la manifestation ?
Au Tchad, le député Saleh Kebzabo, président de l’Union national pour le développement et le renouveau (UNDR), a perdu, après une décision de la Cour suprême, son statut de chef de file de l’opposition au profit de Romadoumngar Félix Nialbé, leader de l'Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD). Ayant perdu deux ses députés (pour cause de décès et de démission), Kebzabo a perdu, non sans contester, le leadership de l’opposition. Où est passé le principe de la séparation des pouvoirs ?
Dans l’île de Madagascar, la proposition de loi modifiant celle de 2011, relative au statut de chef de file de l’opposition, a été adoptée à l’Assemblée nationale au d’août dernier dans le but de mettre un terme à la carrière politique du principal opposant Marc Ravalomanana. Cette nouvelle disposition de la loi indique, en effet, que seul un député peut prétendre au leadership de l’opposition. Ce qui n’est pas le cas de l’ex-chef d’État malgache qui n’est pas député. Tous ces exemples montrent à suffisance que le statut du leader de l’opposition en Afrique est plus un subterfuge machiavélique pour mieux neutraliser l’opposition qu’une saine initiative pour renforcer la démocratie.
Si Abdoulaye Wade dans les années 80 avait insisté pour que l’on codifiât le statut du chef de l’opposition copié sur le modèle canadien, c’était pour rompre avec l’image d’un chef de l’opposition charismatique avilie par les arrestations et les incarcérations récurrentes. C’était également pour la reconnaissance de son rang de futur présidentiable qui devrait remplacer Abdou Diouf à la tête de l’Etat. Déjà à l’époque, Wade menaçait de mettre en place un shadow cabinet, un contre-gouvernement qui allait faire face à l’équipe de Diouf. Sachant qu’une telle initiative allait confusément empirer le contexte de crise dans lequel les Sénégalais vivaient depuis le début de l’ajustement structurel, Abdou Diouf opta le 7 avril 1991 pour un gouvernement de majorité élargie avec l’attribution d’un certain nombre de portefeuilles qui allaient donner plus de poids, d’importance et de dignité au leader de l’opposition Wade. Ce partage des responsabilités gouvernementales éloigna de la tête de Wade le statut du chef de l’opposition jusqu’en 2000 après son accession au pouvoir. Diouf avait triomphé dans sa stratégie d’apaisement, du moins temporairement puisqu’il avait en face un renard avec ses calculs politiques. Dans l’actuelle commission du dialogue politique, Macky manœuvre en miroitant aux opposants un statut du leadership de l’opposition avec ses passe-droits matériels et pécuniaires afférents. Peut-être qu’un gouvernement de majorité élargie version d’inspiration dioufienne viendra couronner cette opération de déstabilisation de l’opposition entamée depuis de 2012.
Fatimata Wane s’interroge sur les freins au développement de l’Afrique noire en compagnie de l’économiste Kako Nubukpo et de l’écrivain Elgas dans "La grande palabre"
"L’Afrique noire est mal partie". Cet ouvrage provocateur, paru en 1962, était-il prophétique ? Plus de 50 ans après, Fatimata Wane s’interroge sur les freins au développement de l’Afrique noire en compagnie de l’économiste Kako Nubukpo et de l’écrivain Elgas dans "La grande palabre".
par Julie Owono
GARE À LA COLONISATION NUMÉRIQUE !
Avec l’assistance de sociétés étrangères, les programmes de surveillance se développent, sans que personne ne se demande où finissent les données personnelles des Africains ni ne s’inquiète de l’utilisation qui pourrait en être faite
Jeune Afrique |
Julie Owono |
Publication 29/09/2019
Les soupçons qui pèsent sur le chinois Huawei, accusé d'aider de nombreux États africains à surveiller les opposants et à réprimer les voix dissidentes, prouve l'urgence d'ouvrir un débat démocratique pour contrecarrer les risques que font peser la colonisation numérique en cours, bien plus sournoise que la précédente vague d’invasion.
Au cœur de la guerre commerciale que les États-Unis livrent à la Chine, la saga Huawei n’en finit pas d’apporter son lot de révélations. Selon la dernière en date, l’entreprise chinoise aiderait de nombreux États d’Afrique à surveiller et à réprimer les voix dissidentes. En Ouganda, des caméras de vidéosurveillance équipées de logiciels de reconnaissance faciale et d’outils d’espionnage de smartphones, fournis par Huawei avec service après-vente, auraient permis aux autorités de déjouer des manifestations et de démanteler des réseaux mobilisés contre le régime trentenaire de Yoweri Museveni.
Ces révélations ne surprennent pas les activistes qui dénoncent depuis longtemps la guerre que mènent certains États africains contre les activités numériques de leurs opposants, avec l’aide de firmes chinoises, allemandes ou israéliennes. Les esprits avisés entrevoient déjà que les outils qui paraissent aujourd’hui si pratiques aux États se retourneront contre eux et leurs populations dans un futur pas si lointain.
L’histoire a montré que tout système pensé en réaction à des menaces circonstancielles est porteur de danger. La précipitation et l’opacité qui entourent l’adoption des outils de surveillance de l’espace physique et numérique africain ne permettent pas de réflexion sur les dérives éventuelles.
Données personnelles
On estime que plus de la moitié des États du continent font état de lois sur les données personnelles insuffisamment protectrices, lorsqu’ils en sont pourvus. La question des biais sexistes et racistes dans les outils de reconnaissance faciale assistés par intelligence artificielle (IA) fait l’objet de nombreux débats dans le monde. Sauf semble-t-il en Afrique, où seuls les bienfaits de l’IA sont présentés.
Avec l’assistance de sociétés étrangères, les programmes de surveillance se développent à une vitesse fulgurante, sans que personne ne se demande où finissent les données personnelles des Africains ni ne s’inquiète de l’utilisation qui pourrait en être faite par les puissances entre les mains desquelles elles tombent. Personne ne se préoccupe de la nouvelle colonisation technologique et numérique, bien plus sournoise que la précédente vague d’invasion.
Les dirigeants africains devraient voir au-delà des bénéfices immédiats procurés par ces technologies. De vrais débats démocratiques doivent avoir lieu pour que chaque État décide des outils qui répondront aux enjeux de sécurité et de développement, tout en préservant les libertés des citoyens.
Julie Owono est avocate camerounaise, directrice exécutive d'Internet sans frontières
« ON VEUT BIEN CROIRE QUE CE N’EST PAS DU CINÉMA »
Mignane Diouf, président du forum social souhaite que l'image affichée par Wade et Macky vendredi dernier à la face du monde, ne soit pas de la poudre aux yeux
Les retrouvailles entre l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade et son successeur, Macky Sall continue de faire débat. Une réconciliation qui a été possible grâce à l’intervention du Khalife général des mourides qui a joué les bons offices entre les deux hommes. Invité de l’émission LR du temps sur Iradio (90.3), Mignane Diouf, président du forum social sénégalais souhaite que cette image que les deux hommes ont montré à la face du monde ne soit pas de la poudre aux yeux. « Je voudrais considérer que ce n’est pas un jeu, que ce n’est pas du cinéma, que c’est sincère et cette sincérité devrait se répercuter dans l’atmosphère politique au Sénégal et se propager au sein des populations sénégalaises », a-t-il déclaré.
Pour Diouf, cette réconciliation entre les deux hommes peut avoir un impact positif sur l’économie sénégalaise. Ce, d’autant plus qu’on ne peut pas booster les choses ou convaincre les investisseurs tant que l’atmosphère est tendue. « Le pardon a été décliné, il reste maintenant à voir jusqu’où ce pardon est sincère entre eux parce que lancé dans une enceinte qui s’appelle la maison de Dieu », a soutenu Mignane Diouf. Qui, dans le même ordre d’idées, informe qu’ils ont, avant la tenue de l’élection présidentielle, essayé de rapprocher les deux hommes. Mais, révèle-t-il : « cela n’a pas marché parce que dans les deux camps respectifs, il y avait des gens qui ne voulaient pas de cette réconciliation. Et, ils ont tout fait pour qu’on ne réunisse pas les deux hommes. Ce sont des gens qui gagnent leur activité que dans la tension entre les deux hommes ».
Interpellé sur la question, Abou Kane, après avoir apprécié le beau geste des hommes, a fait savoir que le Khalife a réglé un problème qui ne devait pas exister. Ce, parce que l’alternance devrait pouvoir se faire sans problème entre les deux hommes. Mais, il voit, au-delà de cette image, d’autres problèmes derrière. « Dans un pays où les gens ont confiance en la justice, personne ne doit dire que c’est à cause du président qu’on a emprisonné telle personne. Si cela se dit c’est parce que les gens ont constaté que la justice n’est pas équidistante », a-t-il fait constater. Contrairement à Mignane Diouf, Abou Kane estime que le différend qui opposait les deux hommes n’a pas eu des incidences sur l’économie sénégalaise. Mais à son avis, cette réconciliation peut apaiser les tensions qui existaient entre les militants du Pds et ceux de l’Apr qui se regardent en chiens de faïence.
LE SIGNALEMENT EXPLOSIF DU LANCEUR D'ALERTE QUI ACCUSE TRUMP
Mediapart a traduit le signalement du lanceur d’alerte qui accuse Donald Trump d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, alors que son entourage a tenté d’imposer le silence sur cette affaire
Mediapart a traduit le signalement du lanceur d’alerte qui accuse Donald Trump d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, alors que son entourage a tenté d’imposer le silence sur cette affaire.
Étant donné le caractère explosif du rapport du lanceur d’alerte qui met actuellement le feu à la Maison Blanche, Mediapart a décidé de le traduire en français. Rendu public par la Chambre des représentants, ce document (lire ici l’original) accuse le président américain d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, alors que son entourage a tenté d’imposer le silence sur cette affaire. Nous l’avons traduit quasi intégralement, hormis des parties techniques sur les classifications et les notes de bas de page.
Et voici quelques repères chronologiques pour saisir l’ampleur de cette affaire :
– Le 12 août dernier, un lanceur d’alerte au sein des services de renseignement envoie le document traduit ci-après à l’inspecteur général de la communauté du renseignement (ICIG), Michael Atkinson. Il se dit inquiet des tentatives de Donald Trump de persuader son homologue ukrainien de s’ingérer dans la campagne présidentielle de 2020 en enquêtant sur un rival démocrate éventuel, l’ancien vice- président Joe Biden. Un mois plus tard, le Washington Post en révèle l’existence, mais sans donner le nom du dirigeant étranger ni le pays en question.
– Le 26 août, après avoir jugé cet informateur « crédible », Michael Atkinson transmet le signalement au directeur par intérim du renseignement national (DNI), Joseph Maguire, afin qu’il en informe le Congrès. Mais ce dernier, tout juste arrivé à son poste, laisse expirer
le délai de sept jours prévu par la loi qui protège les lanceurs d’alerte, sans le notifier aux parlementaires.
– Le 9 septembre,Michael Atkinson envoie une lettre aux commissions du renseignement de la Chambre des représentants et du Sénat pour les informer de cette plainte du lanceur d’alerte, sans révéler son contenu. Le même jour, une enquête est lancée par plusieurs commissions.
– Le 22 septembre, Donald Trump reconnaît avoir évoqué les accusations de corruption contre Joe Biden lors d’une conversation téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski.
– Le 24 septembre,Nancy Pelosi, la puissante « Speaker » de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, lance la procédure d’« impeachment » contre le président.
– Le 26 septembre, le New York Times affirme que le lanceur d’alerte est un membre de la CIA affecté un temps à la Maison Blanche. « Je veux savoir qui est la personne qui a informé le lanceur d’alerte, a tonné Donald Trump. Parce que c’est quelqu’un qui est pratiquement un espion, a-t-il poursuivi. Vous savez ce que nous faisions au bon vieux temps quand nous étions intelligents, n’est-ce pas ? Les espions et la trahison, nous avions l’habitude de gérer ça un peu différemment de ce que nous faisons maintenant », a-t-il ajouté.
*** NON CLASSIFIÉ 12 août 2019
L’honorable Richard Burr Président Commission du renseignement Sénat des États-Unis
L’honorable Adam Schiff Président Commission du renseignement Chambre des représentants des États-Unis
Messieurs les présidents Burr et Schiff,
Je vous fais part d'une « préoccupation urgente » en accord avec les procédures prévues dans le 50 USC § 3033 (k) (5) (G) [Article de la loi sur les lanceurs d’alerte du renseignement – ndlr]. [...]
Dans l’exercice de mes fonctions, j’ai reçu des informations de plusieurs représentants du gouvernement des États- Unis selon lesquelles le président des États-Unis a fait usage de son pouvoir pour solliciter l’ingérence d'un pays étranger dans le cours des élections de 2020 aux États-Unis. Cette ingérence consiste notamment à faire pression sur un pays étranger pour qu’il enquête sur l’un des principaux rivaux politiques du président. L’avocat personnel du président, M. Rudolph Giuliani, est une figure centrale de cette initiative. Le procureur général Barr semble également impliqué.
Au cours des quatre derniers mois, plus d’une demi-douzaine de responsables américains m’ont informé de divers faits liés à cette initiative. Les informations fournies dans le présent document m’ont été transmises dans le cadre d’activités officielles entre différentes institutions. Il est courant pour les responsables américains responsables d’un secteur particulier, qu’il soit régional ou thématique, d’échanger de telles informations afin de nourrir l’élaboration des politique et les analyses.
Je n’ai pas été témoin direct de la plupart des événements décrits. Cependant, j’ai trouvé que les récits de mes collègues sur ces événements étaient crédibles, car, dans la plupart des cas, de nombreux responsables ont fait part de faisceaux de faits cohérents entre eux. En outre, toute une série d’informations conformes à ces récits privés ont été rapportées publiquement.
Je suis très préoccupé par le fait que les actions décrites ci-dessous constituent “un problème grave ou flagrant, un abus ou une violation de la loi ou d’un décret” qui “n’inclut pas de divergences d’opinions concernant des questions d'intérêt public”, conformément à la définition de “préoccupation urgente” incluse dans le 50 USC § 3033 (k) (5)
(G) Je m’acquitte donc de mon devoir de communiquer ces informations aux autorités compétentes par les voies légales.
Je suis également préoccupé par le fait que ces actions constituent un risque pour la sécurité nationale des États-Unis et sapent les efforts du gouvernement américain pour dissuader et contrer les ingérences étrangères dans les élections américaines.
[...]
I. L’appel présidentiel du 25 juillet
Tôt dans la matinée du 25 juillet, le président s’est entretenu par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski. Je ne sais pas qui a initié l’appel. Il s’agissait du premier appel reconnu publiquement entre les deux dirigeants depuis un bref appel de félicitations à la suite de la victoire de M. Zelenski à la
présidentielle le 21 avril.
Plusieurs responsables de la Maison Blanche, qui ont eu connaissance directe de l’appel, m’ont informé que, après un premier échange de plaisanteries, le président avait passé le reste du temps à défendre ses intérêts personnels. C’est- à-dire qu’il a cherché à faire pression sur le dirigeant ukrainien pour que ce dernier agisse afin de l’aider dans sa tentative de réélection en 2020. Selon les responsables de la Maison Blanche qui
étaient au courant de l’appel, le président a fait pression sur M. Zelenski pour qu’il, entre autres :
– lance ou poursuive l’enquête sur les activités de l’ancien vice-président Joseph Biden et de son fils, Hunter Biden ;
– l’aide à prétendument dévoiler que les accusations sur l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016 ont leur origine en Ukraine, avec une demande spécifique que le dirigeant ukrainien localise et remette les serveurs utilisés par le Comité national démocrate et examinés par l’entreprise de cybersécurité CrowdStrike, qui avait initialement indiqué que des pirates informatiques russes avaient pénétré dans les réseaux de la DNC en 2016 ;
– rencontre ou parle avec deux personnes que le président a nommées explicitement comme ses émissaires sur ces sujets, M. Giuliani et le procureur général Barr, auxquels le président a fait référence à plusieurs reprises.
Le président a également fait l’éloge du procureur général ukrainien, M. Iouri Loutsenko, et a suggéré que M. Zelenski puisse le maintenir à son poste. (Note : à partir de mars 2019, M. Loutsenko a fait une série de déclarations publiques – sur nombre d’entre elles il s’est rétracté par la suite – au sujet des activités de la famille Biden en Ukraine, la prétendue implication de responsables ukrainiens dans l’élection américaine de 2016 et les activités de l’ambassade américaine à Kiev. Voir la partie IV pour plus de précisions.)
Les responsables de la Maison Blanche qui m’ont fait part de cette information ont été profondément troublés par ce que laissait deviner l’appel téléphonique. Ils m’ont dit qu’il y avait une « discussion en cours » avec des avocats de la Maison Blanche sur la manière de traiter l’appel, car il était probable qu’ils aient été témoins de l’abus commis par le président pour son bénéfice personnel.
La partie ukrainienne a été la première à reconnaître publiquement l’appel téléphonique. Dans la soirée du 25 juillet,
un communiqué a été publié sur le site du président ukrainien contenant la phrase suivante (traduction à partir de l’original en russe) :
– “Donald Trump a exprimé sa conviction que le nouveau gouvernement ukrainien sera capable d’améliorer rapidement l’image de l’Ukraine et d’achever l’enquête sur des cas de corruption qui ont entravé la coopération entre l’Ukraine et les États-Unis.”
À part les “cas” mentionnés ci-dessus qui concerneraient prétendument la famille Biden et les élections américaines de 2016, des responsables de la Maison Blanche m’ont informé qu’aucun autre “cas” n’avait été discuté.
D’après ce que j’ai compris, environ une douzaine de fonctionnaires de la Maison Blanche ont écouté l’appel – un mélange de responsables et d’officiers en service se trouvant dans la “salle de crise” de la Maison Blanche, comme c’est l’usage. Les responsables à qui j’ai parlé m’ont dit que la présence à ce coup de téléphone n’avait pas été restreinte à l’avance, car tout le monde s’attendait à ce que ce soit un appel “de routine” avec un dirigeant étranger. Je ne sais pas si quelqu’un était physiquement présent avec le président pendant l’appel.
– En plus du personnel de la Maison Blanche, on m’a dit qu’un responsable du département d’État, M. Ulrich Brechbuhl, a également écouté l’appel.
– Je n’étais pas le seul responsable hors Maison Blanche à avoir reçu un compte-rendu de l’appel. D’après ce que j’ai compris, plusieurs fonctionnaires du département d’État et de la communauté du renseignement ont également été informés du contenu de l’appel comme décrit précédemment.
« Verrouiller » tous les enregistrements de l’appel téléphonique
II. Tentatives visant à restreindre l’accès aux enregistrements liés à l’appel
Dans les jours qui ont suivi l’appel téléphonique, de nombreux hauts responsables américains m’ont appris que de hauts responsables expérimentés de la Maison Blanche étaient intervenus pour « verrouiller » tous les enregistrements de l’appel téléphonique, en particulier la transcription officielle mot à mot de l’appel qui avait été faite – comme il est de coutume – par la “salle de crise” de la Maison Blanche. Ces agissements m’ont fait comprendre que les hauts responsables de la Maison Blanche avaient compris la gravité de ce qu’il s’était passé au cours de l’appel.
Les hauts responsables de la Maison Blanche m’ont dit qu’ils avaient “reçu l’ordre” de la part des avocats de la Maison Blanche de retirer la transcription numérique du système informatique dans lequel ces transcriptions étaient généralement stockées à fin de coordination, finalisation et distribution parmi les membres du cabinet.
Au lieu de cela, la transcription a été mise sur un système informatique distinct, qui est par ailleurs utilisé pour stocker et traiter des informations classifiées de nature particulièrement sensible. Un haut responsable de la Maison Blanche a estimé que cet acte constituait une utilisation abusive de ce système informatique, car l’appel ne contenait aucun élément sensible du point de vue de la sécurité nationale.
Je ne sais pas si des mesures similaires ont été prises pour restreindre l’accès à d’autres comptes-rendus de l’appel, tels que les notes manuscrites prises au même moment par ceux qui écoutaient.
III. Préoccupations actuelles
Le 26 juillet, au lendemain de l’appel, le représentant spécial américain pour les négociations sur l’Ukraine, Kurt Volker, s’est rendu à Kiev et a rencontré le président Zelenski et diverses personnalités politiques ukrainiennes. L’ambassadeur Volker était accompagné lors de ces réunions par l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland.
Selon plusieurs comptes-rendus de ces réunions rapportés par divers responsables américains, les ambassadeurs Volker et Sondland auraient conseillé les dirigeants ukrainiens sur la manière de s’y “retrouver” parmi les demandes adressées par le président à M. Zelenski.
J’ai également appris par l’entremise de plusieurs responsables américains que, vers le 2 août, M. Giuliani se serait rendu à Madrid pour rencontrer un des conseillers du président Zelensky, Andrei Yermak. Les responsables américains ont qualifié cette réunion, qui n’avait pas été rendue publique à l’époque, de “prolongement direct” de la conversation téléphonique entre le président et M. Zelenski concernant les “affaires” qu’ils avaient évoquées.
Par ailleurs, de nombreux responsables américains m’ont dit que M. Giuliani aurait établi des contacts privés avec différents conseillers de Zelenski, notamment le chef d’état-major Andrei Bohdan et le président par intérim des services de sécurité ukrainien Ivan Bakanov.
Je ne sais pas si ces responsables ont rencontré ou ont parlé à M. Giuliani, mais plusieurs responsables américains m’ont dit que M. Yermak et M. Bakanov avaient l’intention de se rendre à Washington à la mi-août.
Le 9 août, le président a déclaré aux journalistes : “Je pense que le président Zelenski va conclure un accord avec le président Poutine. Il sera invité à la Maison Blanche. Nous sommes impatients de le voir. Il a déjà été invité à la Maison Blanche et il veut venir. Et je pense qu’il le fera. C’est un homme très raisonnable. Il veut voir la paix en Ukraine et je pense qu’il va venir très bientôt en fait.”
IV. Circonstances précédant l’appel téléphonique présidentiel du 25 juillet
À partir de la fin mars 2019, une série d’articles a été publiée dans le journal en ligne The Hill. Dans ces articles, plusieurs hauts responsables ukrainiens – notamment le procureur général Youri Loutsenko – ont formulé
une série d’accusations contre d’autres responsables ukrainiens et d’actuels et anciens responsables américains. M. Loutsenko et ses collègues ont notamment déclaré :
– qu’ils possédaient des preuves que de hauts responsables ukrainiens – à savoir le chef du Bureau national de lutte contre la corruption en Ukraine, Artem Sytnyk, et le député Serhiy Leshchenko – s’étaient “ingérés” dans l'élection présidentielle américaine de 2016, apparemment en collaboration avec le Comité national démocrate et l’ambassade américaine à Kiev.
– que l’ambassade des États-Unis à Kiev – en particulier l’ambassadrice des États-Unis Marie Yovanovitch, qui avait critiqué M. Loutsenko pour son bilan médiocre en matière de lutte contre la corruption – avait fait entrave à la la justice ukrainienne dans certaines affaires de corruption, notamment en fournissant une liste d’individus à “ne pas poursuivre en justice”, et avait empêché les procureurs ukrainiens de se rendre aux États-Unis afin de présenter leurs “éléments de preuve” concernant les élections américaines de 2016.
– que l’ancien vice-président Biden avait exercé des pressions sur l’ex- président ukrainien Petro Porochenko en 2016 pour qu’il limoge le procureur général ukrainien Viktor Shokin, ceci afin d’annuler une enquête criminelle sur Burisma Holdings, une entreprise d’énergie ukrainienne au conseil d’administration de laquelle était présent le fils de l’ancien vice-président, Hunter Biden.
Dans plusieurs déclarations publiques, M. Loutsenko a également déclaré qu’il souhaitait échanger directement avec le procureur général Barr à ce sujet.
Les accusations de M. Lutsenko ont été prononcées à la veille du premier tour de l’élection présidentielle ukrainienne, le 31 mars. À ce moment-là, le président Porochenko, parrain politique de M. Loutsenko, talonnait M. Zelenski dans les sondages et semblait susceptible d’être vaincu. M. Zelenski avait fait savoir qu’il souhaitait le remplacement de M. Loutsenko au poste de procureur général. Le 21 avril, M. Zelenski a battu largement M. Porochenko.
– Il a également été révélé que M. Giuliani avait rencontré M. Loutsenko à au moins deux reprises : une fois à New York fin janvier et une autre fois à Varsovie à la mi- février. En outre, il a été rapporté que M. Giuliani avait parlé fin 2018 avec l’ancien procureur général Shokin dans le cadre d’une conversation Skype organisée par deux associés de M. Giuliani.
– Le 25 avril, dans un entretien accordé à Fox News, le président Trump a qualifié les déclarations de M. Loutsenko d’“énormes” et d’“incroyables” et a déclaré que le procureur général “voudrait voir cela”.
Vers le 29 avril, de hauts responsables américains, directement informés de la situation, m’ont appris que l’ambassadrice Yovanovitch avait été soudainement rappelée à Washington par des hauts fonctionnaires expérimentés du département d’État pour “consultations”, et qu’elle serait très probablement démise de ses fonctions.
– À peu près au même moment, un responsable américain m’a également appris que des “associés” de M. Giuliani essayaient de prendre contact avec la nouvelle équipe de Zelenski.
– Le 6 mai, le département d’État a annoncé que l’ambassadrice Yovanovitch mettrait fin à sa mission à Kiev “comme prévu”.
– Cependant, plusieurs hauts responsables américains m’ont dit qu’en fait sa mission avait été interrompue à cause des pressions découlant des accusations de M. Loutsenko. M. Giuliani a par la suite déclaré dans une interview avec un journaliste ukrainien publiée le 14 mai que l’ambassadrice Yovanovitch avait été “limogée... parce qu’elle était partie prenante des agissements contre le président”.
Les agissements de Rudy Giuliani, avocat personnel de Donald Trump
Le 9 mai, le New York Times a annoncé que M. Giuliani prévoyait de se rendre en Ukraine afin de faire pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il poursuive des enquêtes qui pourraient aider le président dans sa candidature à la réélection en 2020.
– Dans la multitude de ses déclarations publiques qui ont précédé et suivi la publication de cet article, M. Giuliani a confirmé qu’il souhaitait avant tout encourager les autorités ukrainiennes à ouvrir une enquête sur les accusations d’ingérence de l’Ukraine dans les élections américaines de 2016 et d’actes répréhensibles présumés de la part de la famille Biden.
– Dans l’après-midi du 10 mai, le président Trump a déclaré dans un entretien avec Politico qu’il envisageait de s’entretenir avec M. Giuliani sur son voyage.
– Quelques heures plus tard, M. Giuliani a annoncé qu’il annulait son voyage, affirmant que M. Zelenski était “entouré d’ennemis du président [américain]... et des États-Unis”.
Le 11 mai, M. Loutsenko a rencontré le nouveau président Zelenski pendant deux heures, selon un témoignage rendu public plusieurs jours plus tard par M. Loutsenko. M. Loutsenko a déclaré qu’il avait dit à M. Zelensky qu’il souhaitait rester à son poste de procureur général.
À partir de la mi-mai, de nombreux hauts responsables américains ont été profondément préoccupés par ce qu’ils considéraient comme le détournement par M. Giuliani des procédures de prise de décision en matière de sécurité nationale, afin de dialoguer avec les responsables ukrainiens et de relayer les messages entre Kiev et le président Trump. Ces hauts responsables m’ont également dit :
– que des responsables du département d’État, notamment les ambassadeurs Volker et Sondland, avaient parlé à M.
Giuliani dans le but de “limiter les dégâts” causés à la sécurité nationale des États- Unis.
– que les ambassadeurs Volker et Sondland, au cours de cette période, ont rencontré des membres de la nouvelle administration ukrainienne et, en plus de discuter de questions de politique générale, ont également cherché à aider les dirigeants ukrainiens à comprendre les messages divergents qu’ils recevaient des canaux américains officiels d’un côté, et de M. Giuliani de l’autre, et à y répondre.
Au cours de la même période, de nombreux hauts responsables américains m’ont dit que les dirigeants ukrainiens avaient été amenés à croire qu’une réunion ou un appel téléphonique entre le président et le président Zelenski dépendraient de la volonté de Zelenski de “jouer le jeu” sur les questions qui avaient été exposées publiquement par Loutsenko et Giuliani.
Peu après l’investiture du président Zelenski, M. Giuliani aurait rencontré deux autres responsables ukrainiens : le procureur spécial ukrainien chargé de la lutte contre la corruption, M. Nazar Kholodnytskyy, et un ancien diplomate ukrainien, Andrei Telizhenko. Kholodnytskyy et Telizhenko sont tous deux des alliés de M. Loutsenko et ont formulé des accusations similaires dans la série d’articles de The Hill sus- mentionnée.
Le 13 juin, le président a déclaré à George Stephanopoulos de la chaîne ABC qu’il accepterait des informations préjudiciables sur ses rivaux politiques provenant d’un gouvernement étranger.
Le 21 juin, M. Giuliani a tweeté : “Le nouveau président ukrainien reste silencieux sur l’enquête relative à l’ingérence ukrainienne en 2016 et à la corruption présumée par Biden de Porochenko. Il est temps de diriger et d’enquêter sur les deux si vous voulez découvrir comment l’Ukraine a été maltraitée par Hillary Clinton et son entourage.”
À la mi-juillet, j’ai appris un changement soudain de politique concernant l’aide américaine à l’Ukraine. »
par Babsmania
TU TE SOUVIENDRAS DU JOOLA !
Instituez une journée du civisme, une stèle commémorative, renflouez le bateau, faîtes tout pour que cette date, ne serait-ce que le temps d’une journée, soit une catharsis perpétuelle pour nous, nos enfants et leurs petits enfants !
Ce jour, 26 septembre, il a fallu que j’écrive la date du jour au bas d’un texte pour que je me rappelle que cette date est celle du naufrage du Joola. Et je pense à mon humble avis que je ne suis pas le seul à avoir succombé à l’oubli de ce jour tragique. S’il y a une chose que les différents régimes ont réussi depuis cette tragédie sans précédent, c’est d’être parvenu à effacer le souvenir de cette plaie béante dans l’Histoire de ce pays dans le cœur et l’esprit des citoyens. Pas une autorité présente au Cimetière de Mbao, le président de la République trouvant toujours le prétexte d’être absent du pays au moment de la commémoration annuelle !
Alors me sentant envahi par un sentiment de lâcheté, je me suis replongé dans les archives, les documentaires vidéos, les témoignages des parents de victimes. Mon cœur s’est fendu en entendant ces cris de détresses des passagers coincés dans la coque, ces jeunes garçons emportés par leur passion du foot, ces étudiants pleins de projets dans la tête, ces stagiaires de l’ENA et du Centre de Formation Judicaire prêts à servir enfin leur pays, ces commerçantes, militaires, hommes, femmes, vieux, bébés, partis à la quête d’un lendemain meilleur, tout ce microcosme de notre société englouti en quelques minutes ! J’ai entendu Mme Diallo, l’épouse du maire de Dalifort, pleurer de ce que leurs trois garçons sont toujours coincés dans le bateau. 17 ans et toujours pas de deuil pour des milliers de famille. Monsieur le président êtes vous insensible à ce point ?
J’ai lu le rapport de la Commission d’enquête et là, chose effarante, je découvre que l’Armée, à travers la Marine Nationale, tant chantée pour sa discipline et son organisation, a été l’une des principales responsables de ce crime en faisant preuve d’autant de légèretés, d’amateurisme voire d’irresponsabilité. La Marine Marchande avait tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, oh mon Dieu, et les autorités n’ont pas réagi ! Ce bateau n’aurait jamais dû prendre la mer ! Pire les secours des autorités sénégalaises sont arrivés sur les lieux 18 heures après le naufrage alors que le dernier survivant a été extrait du bateau vers 14 heures.
L’année 2002, l’aube d’un nouveau millénaire, d’une nouvelle ère pour le pays, l’alternance, Dakar sera comme Paris ! Nos braves lions du foot avaient conquis le monde en Asie, le slogan c’était le Sénégal qui gagne. Plus rien ne pouvait nous arrêter…hélas comme une piqûre de rappel de la Providence, quelques semaines seulement après le retour triomphal des lions, ce drame est venu nous remémorer nos tares congénitales, nous mettre devant un miroir pour apprécier cette horreur dont nous sommes tous responsables n’en déplaise à Wade qui parle d’une somme de responsabilités individuelles. Alors dans une entreprise peut-être forcée d’expiation nationale, rongés sans doute par un sentiment de culpabilité, nous avons invoqué le changement des comportements, l’avènement d’un NTS (nouveau type de sénégalais) avant Y’en a Marre…hélas notre nature est revenue au galop assez vite…depuis combien de nouveaux « petit Joola » sur nos routes, dans nos stades, nos maisons et encore sur nos eaux. Les drames récents de Bitenty et des îles Madeleine, comme un symbole !
Le temps dispose certes de cette capacité à la fois géniale et pernicieuse de réussir à tout couvrir par son linceul infini : les chagrins, les peines, les joies…mais de grâce que l’Etat ne compte pas sur cet attribut pour tenter de reléguer ce gouffre purulent de notre destinée, ce triste record, dans les profondeurs de notre amnésie collective bien sénégalaise. Que ce jour du 26 septembre soit férié ou pas, il doit à jamais nous mettre devant nos responsabilités. Instituez une journée du civisme, une stèle commémorative, renflouez le bateau, faîtes tout pour que cette date, ne serait-ce que le temps d’une journée, soit une catharsis perpétuelle pour nous, nos enfants et leurs petits enfants !
par Mamadou Kane
LE SÉNÉGAL EN HAUTEUR ENTRE HONNEURS ET INCONGRUITÉS !
Le Sénégal navigue avec honneur dans le concert des Nations, le drapeau est tenu en hauteur et les incongruités de la minorité ne feront jamais baisser la bannière
Les belles images des retrouvailles entre les présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade ont embaumé les cœurs. C’est dans le prolongement du séjour du chef de l’Etat à New-York du 21 au 26 septembre 2019, un signal fort pour les hommes de bonne foi au Sénégal. Les multiples communications officielles et interventions académiques à Yale du président Macky Sall ont été marquées du sceau de la distinction dans la substance, la prestance et l’élégance. À la tribune de la 74eme Session de l’Assemblée générale des Nations Unies, il a fait écho aux préoccupations de tous les habitants de la planète terre sur les périls du changement climatique, les inégalités entre les peuples, soulignant la commune aspiration à vivre ensembles dans un environnement sain et paisible. Il fait incontestablement la fierté de tous les patriotes, nos compatriotes honnêtes et sincères de l’intérieur et de l’extérieur.
Ceux vivants aux États-Unis d’Amérique ont une fois de plus vécu les élans du leadership clairvoyant d’un homme issu d’une génération après l’indépendance. Quid d’une petite poignée de manifestants qui s’est évertué à faire du bruit pour se faire relayer par la presse nationale ? Ils espéraient ternir l’honneur de notre délégation nationale avec une gestuelle incongrue d’agitateurs forcenés. Si la protestation ne s’était pas singularisée par l’insolence et les excès de langage, nous aurions juste haussé les épaules et ranger leurs slogans dans la dynamique de la vitalité démocratique.
Mais lorsque les porteurs de pancartes arborent l’effigie des prédateurs avérés des deniers publics, brandissent les photos de Karim Wade, on est en droit de dire que le cirque des mercenaires sur ordre des fieffés détourneurs, n’a la dignité historique qui mérite considération. Au regard des contre-vérités distillées dans la presse et le bruit fait autour de la présence de la Première Dame devant ce lieu de souveraineté de notre pays, c’est à croire qu’au-delà de la recherche du sensationnel amplifié, il y avait un réel désir de créer le buzz pour justifier leur salaire. La Première Dame a observé sereine, ces adultes mineurs, dans sa volonté de toujours faire la médiation, elle avait de la compassion pour ces égarés qui sont ses enfants. La démonstration des militants de l’Alliance pour la République fût de loin supérieure à celle de nos crieurs endiablés qui ont déserté les premiers la place. La mobilisation démocratique est gagnée malgré tout, faute de combattants !
Une leçon pour ceux qui croient encore qu’il est possible de déranger la quiétude du pouvoir, librement choisi par la majorité des citoyens sénégalais. Le Sénégal navigue avec honneur dans le concert des Nations, le drapeau est tenu en hauteur et les incongruités de la minorité ne feront jamais baisser la bannière. La respectable stature du président Sall, son humilité en face du sacré, rencontrant l’ancien président Wade dans la nouvelle mosquée Massalikul Jinaan, une perle divine dans notre patrimoine religieux, est s’il en faut, une preuve que le Sénégal est béni. Le chemin de l’émergence croise la volonté de Dieu.
AUDIO
OBJECTION AVEC DJIBY DIAKHATE
Le professeur de Sociologie est l'invité de Baye Oumar Guèye