Les choses deviennent de plus en plus sérieuses à Mbacké suite à la visite du Khalife Général des Mourides au niveau du stade et l'expression de son souhait de voir l'infrastructure délocalisée et le site attribué à Serigne Touba.
Tard dans la nuit d'hier, des personnes ont débarqué saccageant les installations et prétextant que l'Odcav a eu totalement tort d'organiser des matches de football sur les lieux quelques heures seulement le ndigël du Patriarche de Darou Miname.
L'homme (Ibrahima Diop) qui ne cache pas son identité avouera son forfait par le canal d’un enregistrement diffusé à travers les réseaux sociaux.
Revendiquant son appartenance à l'association ''Mbacké Sama Gokh '', il lancera un défi à la police non sans signaler être au courant que cette dernière s'y est déjà rendue pour faire le constat...
COINAFRIQUE DÉPASSE LA BARRE DES 500 MILLE UTILISATEURS ACTIFS
Avec une activité en croissances mensuelles de 10% le service est en passe de devenir la première audience mobile de la sous région avec toujours pour objectif d’atteindre 10 millions d’utilisateurs d’ici à 2022 - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la direction de la plateforme en ligne CoinAfrique, datée du 16 septembre 2019.
"Une révolution dans le secteur des petites annonces en Afrique francophone, en seulement trois années d’existence, la Startup qui a basé son siège au Sénégal passe la barre symbolique des 500,000 utilisateurs actifs dans sa plateforme en Août 2019 dans l’ensemble des pays où elle est opérationnelle.
Dakar, le 10 Septembre 2019. « C’est un cap important que nous venons de franchir. Car avec 500,000 utilisateurs actifs dans nos services, nous validons notre modèle de croissance » annonce fièrement Kamal Diaite, Directeur Marketing et Communication de la plateforme CoinAfrique.
« Nous avons multiplié par 3 le nombre d’utilisateurs à notre service en moins d’un an, signe que nous couvrons un vrai besoin. Depuis le début de l’aventure, nous pensons que notre modèle de mise en relation est le plus pertinent pour faire venir les gens au commerce électronique »
« Nous recevons plus de 1000 voitures par jour, des centaines de smartphone et permettons à des dizaine de milliers de vendeurs de distribuer leur produits et services à travers la plateforme » souligne Kamal Diaité.
Avec une activité en croissances mensuelles de 10% le service est en passe de devenir la première audience mobile de la sous région avec toujours pour objectif d’atteindre 10 millions d’utilisateurs d’ici à 2022.
A propos de CoinAfrique CoinAfrique est le premier service mobile de petites annonces en Afrique francophone. Fondée en 2015 par Matthias Papet et Eric Genêtre, la société est basée à Dakar avec des bureaux à Cotonou (Bénin), Lomé (Togo), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Douala (Cameroun). La startup vise 10 millions d'utilisateurs actifs en 2022."
par Matar Seye
DU STATUT DE L’OPPOSITION ET DE SON CHEF, ENTRE AMALGAMES ET MANIPULATIONS
Doit-on demander à l’opposition de renoncer au statut que lui garantit la constitution tout simplement parce qu’Idrissa Seck risque d’en être le chef ?
Depuis quelques jours un débat est agité concernant le statut du chef de l’opposition. Au lieu de se focaliser sur les contours du statut de l’opposition, le débat est centré sur la personne du président du parti Rewmi, Idrissa Seck.
De quoi s’agit-il ?
1) Le débat est posé selon l’angle exclusif du chef de l’opposition et de ses privilèges. Que dit la constitution ?
« Article 58. - La Constitution garantit aux partis politiques qui s’opposent à la politique du Gouvernement le droit de s’opposer. La Constitution garantit à l’opposition un statut qui lui permet de s’acquitter de ses missions. La loi définit ce statut et fixe les droits et devoirs y afférents ainsi que ceux du Chef de l’opposition ».
Le statut dont il est question ici concerne toute l’opposition et non seulement son chef. Cependant certains ont décidé de biaiser le débat en focalisant les esprits sur de prétendus privilèges du chef de l’opposition qui seraient en négociation. La constitution parle bien de statut de l’opposition, de droits et devoirs de l’opposition et de son chef. Un statut n’est pas seulement un privilège. La reconnaissance du statut de l’opposition peut déboucher par exemple : sur une représentation paritaire dans le bureau de l’Assemblée nationale, un même temps de parole à l’opposition et à la majorité à l’Assemblée nationale quel que soit le rapport de force, l’égal accès de l’opposition et du pouvoir aux médias publics, etc. C’est la constitution qui garantit le statut et une loi qui doit la définir. Donc vouloir réduire le statut de l’opposition aux seuls droits de son chef relève de la pure manipulation. Nous avons voté non au référendum mais il faut avoir l’intelligence lors du dialogue politique de faire de ce point une avancée démocratique qui permette à l’opposition de s’acquitter correctement de sa mission.
2) La participation au dialogue national serait une façon d’avaliser des deals ? Il faut préciser que le dialogue national est divisé en plusieurs commissions et qu’il n’y a que la commission politique qui fonctionne. Il faut préciser que Rewmi ne participera qu’à la commission politique et que tout le monde y est représenté sauf le PDS, notamment Pastef et les Khalifistes. Vouloir dire alors que la participation au dialogue serait un deal signifierait aussi que Sonko et Khalifa font partie du deal. En réalité, le statut de l’opposition (donc de toute l’opposition) et de son chef constitue le dernier point de l’ordre du jour des discussions. Ce statut s’impose à tous, ce n’est pas un cadeau de Macky Sall, il est dans la constitution. Ce qui reste à discuter, c’est la loi qui va permettre de l’appliquer. Doit-on demander à l’opposition sénégalaise de renoncer au statut que lui garantit la constitution tout simplement parce qu’Idrissa Seck risque d’en être le chef ? Il faut savoir que le chef de l’opposition tout comme le chef de l’État est une « créature constitutionnelle à incarnation humaine variable ». Il peut s’appeler Idrissa Seck ou Bara Dolly Mbacké jusqu’en 2024, mais plus tard il s’appellera Makhoudia, Ndoumbé, Mapathé Diallo ou Georges Mendy. Une fois que la loi aura fixé, comme le dit la constitution, ses droits et devoirs, ce sera un acquis démocratique dont bénéficieront dans le futur les potentiels opposants. La désignation du chef de l’opposition, qu’elle se fasse en régime parlementaire ou présidentielle, résultera forcément des suffrages des sénégalais (le second de la présidentielle ou le chef de l’opposition parlementaire) et non de la volonté ou du désir de Macky Sall. La commission politique du dialogue national devra permettre à chacun de défendre son point de vue.
3) Une corrélation entre reconnaissance des résultats des élections et jouissance des droits en résultant ? Une seule réponse : nous avions tous contesté les résultats des législatives de 2017. Nous avions tous parlé de mascarade et pourtant cela n’empêche en aucun cas aux députés de l’opposition d’y siéger, et de bénéficier des privilèges y afférents : salaire, voiture, carburant, téléphone. La présence des députés de l’opposition à l’Assemblée nationale résulte-t-elle d’un deal ?
4) Ce deal motiverait le silence du président Idrissa Seck qui ne se prononce pas sur les questions qui intéressent les sénégalais en l’occurrence le bradage de nos licences ? Je passe sur les interpellations d’Idrissa Seck sur le contrat avec la Mauritanie et le dépôt par Déthié Fall en 2018 d’une demande de commission d’enquête parlementaire sur le pétrole et le gaz. Je renvoie à l’interview avec le groupe GFM du président Idrissa Seck en 2018. Le silence d’Idrissa Seck n’a rien de nouveau. Il n’a quasiment pas parlé pendant toute la pré-campagne présidentielle, il n’a même pas présenté lui-même son programme, n’a pas fait d’émissions télés ou radios. En réalité, après plus 30 ans de combat aux côtés des sénégalais, sous les régimes de Diouf, Wade et Macky, Idrissa Seck n’a plus rien à prouver aux sénégalais. On l’aime ou on ne l’aime pas mais il n’a plus besoin d’être bavard. La preuve : près de 900 000 sénégalais ont voté pour lui alors qu’il n’a pris la parole que lors de la campagne électorale.
5) Rewmi et Idrissa Seck obnubilés par les 2 milliards de fonds politiques ? Nous rappelons que depuis sa création Rewmi est resté dans l’opposition sauf une année de compagnonnage avec Macky Sall à laquelle nous avons mis fin volontairement. Je ne reviens pas sur la longue lutte de Idrissa Seck aux côtés de Wade avant 2000, tenant presque seul la barque libérale lors de l’exil volontaire de Wade en France. Il faut être dépourvu de cervelle ou être animé de volonté manifeste de nuire pour penser une minute qu’Idrissa Seck s’il ne cherchait que des privilèges n’aurait pas pu obtenir auprès de Macky ce que Niasse, feu Tanor, Aminata Tall, Mimi Touré ou peut-être Aminata Mbengue Ndiaye ont obtenu en dirigeant des institutions avec des fonds politiques. Si Idrissa Seck courrait derrière les privilèges je ne pense pas qu’il se serait opposé à tous les présidents du Sénégal. Si les 2, 3 ou 10 milliards sont effectifs, qui vous dit qu’il ne les reverserait pas aux femmes transformatrices de Ziguinchor ou à la pouponnière de Kaolack (damay togne nak) ?
6) Définir un statut de l’opposition et de son chef alors que les sénégalais souffrent, notamment d’inondations ? Comme je l’ai dit plus haut, le statut de l’opposition et de son chef est consacré par la constitution. Il reste à définir les droits et devoirs par une loi. C’est ce que nous discuterons dans le cadre du dialogue politique. Ce statut n’est pas forcément pécuniaire. Il n’a rien à voir avec les difficultés des sénégalais. Les sénégalais ont des difficultés mais les maires, les députés, les ministres et tant d’autres continuent de garder leurs privilèges, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. Je n’ai encore vu aucun député rendre sa voiture sous prétexte que les sénégalais ont des difficultés.
En réalité ce dont il s’agit ici, et c’est une occasion historique, c’est de permettre enfin à l’opposition sénégalaise d’exercer ses droits dans le cadre d’une loi, de procéder à la rationalisation et à la modernisation de nos partis politique, de parler du financement des partis, du contrôle et de la moralisation de la vie publique. Et cela devient plus qu’une urgence, si on sait qu’avec le pétrole et le gaz le Sénégal risque d’être la convoitise de puissances étrangères et de d’aventuriers. Sécuriser notre espace politique devient une nécessité vitale. C’est ce que ce dialogue politique doit permettre. Personne n’a confiance en Macky Sall, moi-même je me suis opposé fermement à tout dialogue avec lui, mais il faut être réaliste et le pendre au mot. Il faut aussi savoir qu’une loi est impersonnelle et que toute loi qui sortira du dialogue ne portera pas le nom de Massamba ou Demba, tout droit ou devoir de l’opposition qui en sortira comme le stipule la constitution profitera à toute l’opposition actuelle et aux oppositions futures. Notre rôle et notre mission aujourd’hui est de faire en sorte que ce qui sortira de ce dialogue politique soit une avancée démocratique et soit bénéfique pour le Sénégal.
Il est temps pour l'opposition sénégalaise d'organiser son dialogue, pour tirer les leçons de l'échec aux différentes élections depuis 2012. Ce dialogue entre opposants devrait aussi être l'occasion de définir les contours d'une liste unique aux élections locales et législatives à venir. Car je le redis encore toute division de l'opposition à ces échéances consacrera sa défaite. Les leaders de l'opposition ont aujourd'hui sur leurs épaules cette responsabilité de ne pas conduire encore leurs troupes à de nouvelles bérézinas. Il ne faut pas confondre les types d'élections. Si nous sommes rivaux lors des présidentielles nous devons être partenaires lors des élections locales et législatives. Il ne s'agit que de réalisme politique.
Matar Seye est Secrétaire National à la Formation du parti Rewmi, coordonnateur Rewmi Commune de Biscuiterie
VIDEO
MACKY ET LA RUSE DU STATUT DE L'OPPOSITION
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi la matérialisation du statut du chef de l'opposition a autant traîné ? Que cache l'enjeu financier agité par le pouvoir ? Pour quelle modalité de désignation opter ? ENTRETIEN AVEC ASSANE SAMB
Youssouf Ba et Samsidine Diatt |
Publication 16/09/2019
Pourquoi avoir décidé de trancher la question du statut de l'opposition maintenant, trois ans après le vote de la loi référendaire qui le consacre, se demande Assane Samb, patron du quotidien Rewmi. Selon le journaliste, l'attitude du pouvoir en place sur ce sujet dénote une volonté de provoquer une scission parmi les différentes franges de l'opposition. "L'enveloppe financière de deux milliards agitée, va aiguiser les appétits et risque de diviser", estime l'invité de SenePlus, qui s'interroge par ailleurs sur les modalités de désignation de la tête de gondole de l'opposition.
Voir l'intégralité de l'interview ci-dessus.
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
L'ACCORD SUR LA POLÉMIQUE DU VOILE À L'ISJA EST UNE FARCE
Énoncer un accord pour les 22 élèves voilées est un déni de droit pour tout autre élève qui éprouverait demain le désir de mettre le voile - Si le ministre n’a pu résoudre un problème de ce niveau, c’est qu’il n’est pas à la hauteur des enjeux
Le voile de la controverse à l’institution Sainte Jeanne D’Arc : un compromis à minima . . .
Et surtout, 1000 questions que l’autorité n’a pas tranchée sur le modèle que l’on veut pour l’école de la République.
Une occasion encore manquée d’affirmer un peu plus notre identité.
La chronique RFM est signée Abdoulaye Cissé
Que c’est commode de faire semblant d’avoir trouvé une solution à la crise du foulard à l’école Jeanne D’Arc.
On a tellement joué à se faire peur, à entretenir une sorte de tension artificielle dans le pays pour un épiphénomène qu’on arrive à se convaincre que c’est l’accord du siècle, telle une résolution des Nations-unies pour sceller la paix entre Israël et Palestine.
On peut vraiment s’estimer heureux ici de n’avoir pas certains problèmes d’autres pays, au point de s’en créer des mini-minis problèmes.
Si c’est pour s’exercer à la résolution de crise, genre faire une simulation sur des cas pratiques avant que ne survienne la vraie grosse crise qui va déchirer notre société, on peut comprendre.
Mais finalement à voir la façon laborieuse dont cette affaire est gérée avec à la clé, une résolution qui ne satisfait personne, on peut craindre quand surviendra la bourrasque sociétale.
Il n’y a tellement rien dans cet accord que la minute établie par le cabinet ministérielle met en avant dans son communiqué, les 8h de négociations nocturnes pour une entente à minima et à l’arraché paraphé à 1H 30 du matin. La dramaturgie ministérielle cru bon d’ailleurs de nous apprendre que les négociations ont eu lieu à Diamniadio, un coin perdu du pays. Apprécier l’esprit de sacrifice des protagonistes qui sont allés à Canossa pour sauver le pays. Tout va bien, la cohésion nationale est préservée. Grand merci, seigneur !
On aurait d’ailleurs pu ajouter, pince sans rire que le ministre n’a pas dormi à la suite puisqu’il lui fallait présenter son accord de cessez-le feu le matin en Conseil des ministres. Non, soyons sérieux.
Qui peut croire que cette crise, c’était juste une affaire de taille de foulard. Je me demande qui dans cette réunion tenait la calculatrice tel un épicier pour déterminer le nombre de yard au delà duquel le foulard serait voué aux gémonies et finir sur le bucher, telle l’héroïne Jeanne D’arc.
Cet accord est une farce et le ministre de l’éducation nationale qui s’en gargarise ne rend vraiment pas service à la République.
Déjà, énoncé qu’un accord est trouvé pour les 22 élèves voilés est un déni de droit pour tout autre élève qui éprouverait demain le désir ou le besoin de mettre le voile. On lui dira que son cas n’est pas prévu par l’accord. Ça alors !
Et moi qui suis Hindou, de confession sikh, que fait-on de mon fils dont le foulard dépasse le plus haut des bonnets ?
Que fait-on demain avec le fils du coopérant Touareg ou diplomate du Niger dont le fils veut mettre la kaala traditionnelle des gens du désert ?
Que fait-on surtout de l’enfant du fonctionnaire de l’Etat d’Israël qui veut accueillir le shabbat du samedi comme il se doit et mettre sa kippa le vendredi : faudrait peut-être lui donner le diamètre réglementaire de son bonnet.
Un accord, on le fait avec les acteurs d’un conflit. Dès lors, il n’est pas étonnant que les familles réservent leur décision pour n’avoir pas pris part à ce conclave nocturne qui a ignoré tout de leur préoccupation.
Dans cette affaire, soit l’Institution Sainte Jeanne D’arc est dans son droit d’interdire les signes distinctifs religieux dans son espace, alors on le conforte n’en déplaisent aux familles et à l’opinion en général.
Ou alors, l’école Jeanne D’arc a tout faux d’importer un modèle de laïcité qui n’est pas le notre et pas conforme à notre « vivre ensemble », on remet l’institution privée catholique à sa place par une décision d’autorité.
Couper le foulard en deux, pardon couper la poire en deux est la plus mauvaise des solutions à cette affaire.
Celui qui en parle le mieux, est un conseiller technique du président de la République en charge de ces questions. Et pour lui, cette affaire est du niveau de l’inspection d’académie et ne devait même pas remonter au ministre.
J’ajouterais, si le ministre n’a pu résoudre un problème de ce niveau, c’est qu’il n’est vraiment pas à la hauteur des enjeux. Faudrait peut-être qu’on commence à écouter les conseillers. En plus ils sont payés pour ça !
MOI CATHOLIQUE, JE DÉFENDRAIS LE VOILE A JEANNE D’ARC, SI…
Je voudrais commencer par un engagement ferme à défendre le port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja)
La mesure d’interdiction de port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) a été le prétexte du combat médiatique mené depuis plusieurs mois contre cette institution, mais avec en arrière-plan le bénéfice d’un avantage essentiel pour des élèves suivant un cursus scolaire français au sein de cet établissement : une bourse universitaire française à terme.
Je voudrais commencer par un engagement ferme à défendre le port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja), si on m’apporte la preuve que l’enjeu véritable de la polémique suscitée et entretenue par une vingtaine de familles, notamment franco-libano-sénégalaises, ne porte pas essentiellement que sur le désir d’offrir une bourse française aux filles concernées.
Toutefois, ce motif n’est pas assez mobilisateur ou pas du tout mobilisateur au point de rallier de grandes masses autour de cette cause, afin de s’en servir comme levier pour mettre une pression très forte capable de faire céder la direction de cet établissement. Enrober la cause elle-même d’un voile permet d’atteindre l’objectif véritable poursuivi. Voilà la raison pour laquelle les victimes de la mesure, face au risque de perdre l’opportunité d’avoir une bourse française, ont choisi l’angle d’attaque médiatique présentant la situation comme un rejet du voile qui serait synonyme de rejet de l’islam.
Je défie toute personne, porteuse d’un strict désir de Vérité, de me prouver que la majorité des filles voilées exclues de l’Isja ne sont pas également de nationalité française ou/et aspirent à l’obtention d’une bourse d’étude universitaire française après leur cycle secondaire.
Que je sache, le port du voile (musulman) n’est pas interdit dans une église (maison de Dieu et de prière), mais le port vestimentaire est réglementé en son sein et dans les différentes institutions tenues par des structures de l’Eglise (telles que les écoles), en fonction des objectifs poursuivis. Si une fille ou une femme voilée peut en toute liberté accéder à une église, s’y recueillir ou y prier, c’est la preuve que la tolérance est une réalité concrète dans la religion catholique.
Le bateau de l’émotion met les voiles
Une des principales remarques qu’on peut faire lorsqu’on observe sur les sites web d’actualité les quelques interviews de parents d’élèves concernés par cette affaire est qu’il s’agit essentiellement de membres de la communauté sénégalaise d’origine libanaise. Ils ont été les premiers à porter la charge médiatique dans ce combat contre cette institution scolaire. Les photos et vidéos d’illustration d’élèves voilées et de leurs parents le démontrent aussi.
Que l’on se comprenne bien, il ne s’agit pas dans cette analyse des faits de mettre à l’index une communauté ou un groupe de population qui, du reste, est un segment très dynamique de la vie économique nationale. Je suis à l’aise pour parler d’elle, d’autant plus que sa présence qualitative dans la vie nationale a suscité un tel intérêt pour moi il y a 20 ans, que je lui avais consacré un travail universitaire intitulé : «Les Libanais de Dakar : la greffe inachevée du cèdre au baobab» (le cèdre arbre symbole du Liban, est l’équivalent du notre baobab national).
A cette occasion, j’ai eu le privilège de rencontrer d’éminents représentants de cette communauté, notamment le Professeur Albert Bourgi, politologue qui vit en France. Il me rapportait que sa fille disait partout dans son école en France qu’elle est Sénégalaise, au point qu’on a convoqué ses parents pour des explications (comment une jeune fille blanche pouvait se déclarer sénégalaise ?).
Il lui a fallu leur expliquer qu’elle dit vrai et que la famille est bien sénégalaise. Cette anecdote renseigne sur le niveau d’intégration de bien des membres de cette communauté qui est littéralement une ethnie sénégalaise. Par ailleurs, j’ai eu le privilège de visiter le Liban il y a six (6) ans, dans un cadre professionnel et j’ai pu contempler ces fameux cèdres du Liban qui ont une très grande longévité.
Si par souci de transparence et pour la manifestation de la vérité, on communiquait la liste et la nationalité des filles voilées concernées par cette affaire, tout le monde serait bien édifié. Il aurait été bien que ceux qui ont pris l’initiative de médiatiser à outrance cette affaire communiquent ces informations pour une meilleure compréhension des enjeux et intérêts à peine dévoilés. Il serait tout aussi bien indiqué que la presse d’investigation s’intéresse à ces informations pour nous fournir une autre grille de lecture de ces événements.
Vivement le retour de l’investigation, de l’enquête dans le journalisme, de la prise de recul dans certains analyses et commentaires. Ces genres rédactionnels perdent du terrain dans un contexte où les temporalités médiatiques tendent de plus en plus à la vitesse, à l’accélération dans la délivrance du message. Par ailleurs, le temps des médias n’est pas celui de l’Etat, de l’Administration qui ont besoin de recul, de réflexion avant toute réaction.
Cette opposition de temporalités fait que les représentants de l’Etat et de l’Administration, face aux pressions médiatiques et politiques, sont bien souvent obligés de servir une réponse d’attente sous des formes différentes. Elle permet de prendre le temps de la réflexion et le recul nécessaires pour la recherche de solutions durables. La solution à certains problèmes importants nécessite l’intervention de diverses structures ou spécialités permettant d’avoir une vue plus globale sur une question.
Qu’y a-t-il sous ce «voile» que je ne saurais voir ?
J’ai passé en revue de nombreuses contributions et réactions diffusées à ce propos dans la presse. La plupart d’entre elles tendent à titiller la fibre émotive et/ou religieuse. Je voudrais partager un extrait de la contribution (qui a attiré mon attention) d’un membre de cette communauté, Scandre Hachem, publiée sur le site de Dakaractu.com à la date du 16 mai 2019, sous le titre suivant : «La question du voile à l’Isja : de la discorde aux replis i d e n t i t a i r e s » (https://www.dakaractu.com/L a-question-du-voile-a-L-ISJAde-la-di s corde-aux- repli s - identitaires_a170286.html).
Il écrit : «Nombre de ces élèves ont choisi l‘Isja pour la qualité de son enseignement et son projet pédagogique d’ouverture et de rigueur. Parmi elles, des raisons pratiques de proximité géographique ou parce qu’elles poursuivent le cursus d’enseignement français. Celles qui suivent ce cursus verront la porte du lycée Jean Mermoz fermée. Il ne leur restera comme opportunité que l’école Sainte Marie de Hann…»
Il ajoute : «Celles qui ont la nationalité française ne pourront plus disposer de bourse, celle-ci étant exclusivement réservée aux élèves qui sont inscrits dans un cursus français.» J’apprécie l’honnêteté intellectuelle contenu dans ces propos et qu’on a tenté de nous cacher tout au long de cette histoire, ou du moins l’enrober sous le voile d’un prétendu combat contre l’islam. S’ériger en victime d’une institution catholique offre l’avantage de mobiliser la Umma islamique en sa faveur pour faire pression sur l’Isja, au regard de la sensibilité de la question religieuse.
Personne ne doit s’autoriser à orienter tout un Peuple sur les chantiers glissants des divergences religieuses pour le seul intérêt de sa ou de ses filles, juste pour qu’elle(s) puisse(nt) disposer de bourse(s) française(s), après avoir suivi un cursus français. Vous n’avez pas le droit de jouer avec des allumettes autour de la poudrière et la boîte de pandore que peut être la question religieuse.
Il est certes légitime que des parents défendent les intérêts de leurs enfants. Je comprends la tristesse de ces élèves qui risquent de perdre l’opportunité d’avoir une bourse française, si elles n’ont pas suivi un cursus français qu’offre l’Isja, mais cela ne doit pas se faire au péril de la paix sociale d’une Nation encore en construction. Vous n’avez pas ce droit.
Il faut éviter de faire preuve d’ingratitude, sous le coup de l’émotion et face aux difficultés. Même si l’interdiction posée par les autorités supérieures de la congrégation des sœurs de Saint Joseph de Cluny était maintenue (sans dispositions transitoires), il ne faut pas oublier que les victimes de cette mesure, du moins certaines d’entre elles, ont fait une bonne partie de leur cursus dans cet établissement.
Le devoir de reconnaissance devrait pousser à admettre qu’elles ont profité par le passé des avantages et des prestations de l’Isja. La rancœur ou le dépit amoureux, nés d’un divorce difficile (conflictuel), ne doit pas pousser à peindre en noir même les bons souvenirs vécus ensemble dans un mariage.
Quand Dieu ferme une porte devant vous, il en ouvre grandement une autre que seuls les yeux de la foi sont capables de distinguer. Il n’est pas indiqué de s’accrocher aux portes fermées. Il faut accepter les épreuves de la vie, en tirer les leçons. Que ce soit dans une perspective spirituelle ou temporelle, on note que les prophètes ont subi bien des épreuves dans leur vie et les grands Hommes de l’Histoire aussi.
En se fermant derrière Me Abdoulaye Wade, les portes de la prison lui avaient ouvert les grilles du Palais présidentiel du Sénégal. De même, si le Président Macky Sall n’avait pas vécu dans des conditions modestes au cours de sa jeunesse, il n’aurait pas eu le cursus de vie adéquat qui l’a préparé à devenir aujourd’hui le 1er des Sénégalais.
Porter le voile 1 mois à l’Isja, l’équivalent d’1 an de bourse de sécurité familiale
Il suffit de visiter le site internet de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc pour voir qu’elle offre un cursus sénégalais (avec à peu près les tarifs standards de l’enseignement catholique) et un cursus français (programme d’enseignement conforme aux textes de lois et règlements de la France), accessible aux élèves dont les parents sont d’un très haut niveau social. Il n’y a aucun mal à réussir dans la vie au point d’être en mesure d’assurer une excellente scolarité à ses enfants. C’est très louable
Parcourez les frais de scolarité exigés pour ce cursus français et vous en serez convaincus. Les frais mensuels de scolarité s’élèvent à environ 100 mille F Cfa (si vous y incluez le coût de l’uniforme et les frais accessoires). Il est évident que vouloir faire instruire ses enfants au Sénégal suivant des standards français a un coût que l’Isja répercute aux parents. Ce montant est l’équivalent du salaire de beaucoup de travailleurs. C’est l’équivalent de trois (3) bourses d’étudiants dans nos universités. C’est aussi l’équivalent du montant annuel d’une bourse de sécurité familiale initiée par le Président Macky Sall au bénéfice des Sénégalais les plus démunis.
Ces comparaisons servent juste à tracer le périmètre de la Interdiction port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) de Dakar Moi Catholique, je défendrais le voile à Jeanne d’Arc, si… www.lequotidien.sn 11 Le Quotidien n Lundi 16 Septembre 2019 N° 4968 OPINIONS&DÉBATS catégorie de personnes concernées par cette affaire dite de l’interdiction du port du voile à l’Isja. Il s’agit de Sénégalais avantagés par la vie, de par leur niveau de revenus leur permettant d’inscrire leurs enfants dans un cursus scolaire français. Ils sont vraisemblablement binationaux, (ou disposent de plus d’une nationalité), je dirais Franco-sénégalais, puisque les avantages offerts par la 1ère nationalité (française) ou le cursus français sont l’enjeu de cette bataille et non sénégalo-français. Cela me conforte à dire que c’est une affaire française qui se déroule au Sénégal, et qu’on a présenté sous un voile religieux.
Pourquoi, moi, Sénégalais, devrais-je me mobiliser et prendre position dans une affaire dans laquelle des élèves (françaises) voilées réclament le droit de suivre un cursus français, de force dans une école catholique ? L’interdiction du port du voile au lycée français Jean Mermoz de Dakar n’a pas fait autant de vagues. Je n’évoque pas ici les débats en France autour du voile à l’école. Pourquoi donc autant de vagues et de crispations à l’Isja, pour une histoire de cursus français ?
Le voile ne tient pas sous le képi
Il est facile de pointer du doigt une institution scolaire tenue par une congrégation religieuse catholique qui décide d’interdire le port du voile et de lui reprocher de ne pas respecter la Constitution et les lois et règlements de ce pays en fermant les yeux sur d’autres faits. Nous sommes tous fiers de nos forces de défense et de sécurité au Sénégal du fait de leur professionnalisme et du havre de paix qu’elles ont réussi à nous garantir dans une des sous-régions les plus tumultueuses d’Afrique.
Avez-vous remarqué qu’aucune femme membre des corps militaires et paramilitaires n’a jamais paradé en uniforme assorti d’un voile au défilé du 4 avril ?
fille qui portait un voile avant de rejoindre les rangs de ces forces de défense et de sécurité s’est conformée aux exigences règlementaires du port d’uniforme, sans que jamais personne n’invoque la Constitution ou un autre texte. Il doit en être ainsi. Dieu qui sonde les reins et les cœurs sait bien que ces forces de défense et de sécurité comptent bien des croyants dans leurs rangs.
Les références répétitives de la Constitution sénégalaise pour défendre certaines positions, estimant que le règlement intérieur de l’Isja est anticonstitutionnel, m’ont donné l’occasion de revisiter notre charte fondamentale. Compte tenu du fait qu’elle est rédigée en français, je reste convaincu que son contenu est accessible à toute personne lisant et parlant correctement cette langue, sans avoir nécessairement besoin de la «traduction» (ou de lecture expliquée) d’un juriste.
La Constitution de 2001, modifiée par la loi constitutionnelle 2016-10 du 5 avril 2016, garantit la liberté de pratiquer sa religion, garantit également le droit de propriété en son article 15 (l’Isja appartient à une congrégation religieuse). Dans sa partie qui traite de l’Education, l’article 22 dispose que : «L’Etat a le devoir et la charge de l’éducation et de la formation de la jeunesse par des écoles publiques. (…) Les institutions et communautés religieuses ou non religieuses sont également reconnues comme moyens d’éducation.»
Dans la partie traitant de la religion et des communautés religieuses, cette même Constitution dispose en son article 24 : «Les institutions et les communautés religieuses ont le droit de se développer sans entrave. Elles sont dégagées de la tutelle de l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d’une manière autonome.» Alors, pourquoi vouloir imposer à une institution religieuse catholique, de continuer à assurer l’éducation de ses filles, au mépris de son règlement intérieur .
Pourquoi vouloir saper la rigueur que l’on reconnaît à une institution scolaire dont le sérieux est reconnu, en exigeant justement qu’elle fasse preuve de moins de rigueur dans l’application de son règlement intérieur ? Combien d’établissements scolaires imposent le port du voile au Sénégal, sans que personne ne trouve rien à redire ?
C’est cette rigueur notamment dans le respect des standards d’enseignement du cursus français qui vaut encore à l’Isja d’avoir l’agrément ou l’autorisation de dispenser ce type d’enseignement pouvant ouvrir droit à une bourse française. Il suffirait qu’elle fasse preuve de moins de rigueur que ceux-là même qui posent cette exigence soient les premiers à lui tourner le dos, justement à cause d’une rigueur en perte de vitesse. Le cas échéant, il y a fort à parier qu’une baisse de rigueur irait avec peut-être une perte de l’habilitation à dispenser les enseignements du cursus français.
Le voile de la retenue et de la raison déchiré
En tout état de cause, les lois et règlements organisant les cursus scolaires et universitaires au Sénégal ne sont concernés dans cette affaire. C’est la raison pour laquelle j’ai trouvé bien curieuses et bancales certaines réactions, notamment de syndicalistes. Que je sache, la raison d’être d’un syndicat est de prendre en charge les intérêts matériels et moraux de ses membres.
Le système du vedettariat imposé par les médias et la course vers «l’heure de gloire» y sont pour quelque chose. Il faut faire des déclarations captivantes pour que son image et sa citation puisse jouer des coudes à la Une des sites internet et journaux.
De manière générale, il est courant de convoquer des statistiques pour accorder un vernis scientifique à ses propos. «Les statistiques ne mentent pas, mais les menteurs aiment les statistiques», disait l’auteur américain Marc Twain. Nous préférons bien souvent faire des déclarations politiquement correctes à la place de déclarations véridiquement correctes. Jacques Ellul avait raison de parler de temps de la «pensée molle» et de «la parole humiliée».
Cette affaire d’interdiction du port du voile à l’Isja est en réalité principalement «française» en terre sénégalaise, contrairement aux réactions si chargées d’émotions qu’elles ont passablement commotionné le «désir de vivre ensemble». Une lecture froide de la situation s’impose.
Une stratégie médiatique à peine voilée
Les victimes de la mesure d’interdiction du port du voile à l’Isja ont pris l’initiative de la bataille médiatique sous l’angle voilé de la confrontation religieuse, suscitant réactions, émotions et condamnations parfois porteuses de menaces à peine dévoilées contre une communauté catholique minoritaire. La stratégie de la manipulation faisant appel au cœur, à la croyance pour masquer la réalité d’une situation est aussi vieille que le monde. Elle a même perdu de son suc à force d’utilisation pour justifier des guerres au cours de l’histoire de l’humanité et dans la vie politique.
Certains ont poussé le bouchon si loin au point d’appeler au retrait de l’agrément de l’Isja. Pour une vingtaine d’élèves voilées en cursus français, en quête de bourse française, on devrait compromettre l’avenir de plus d’un millier d’autres élèves musulmans pour leur majorité ?
Retirer un agrément ou mettre sous administration provisoire une structure privée dans ce contexte de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse) serait un très mauvais signal à l’endroit des investisseurs privés que l’on cherche à faire venir dans notre pays. Le projet du Président Macky Sall de construire une Cité du Savoir à Diamniadio fait partie des projets phare du Pse en matière d’éducation. Même si l’agrément de l’Isja lui est retiré, ce n’est pas cette congrégation qui ira porter plainte contre le gouvernement au Tribunal arbitral de la Banque mondiale pour les investissements. Elle s’en remettrait certainement à la Justice de Dieu.
Toutefois, les investisseurs potentiels en tireraient les conséquences. Tout investisseur sérieux (notamment dans le secteur de l’éducation) qui envisage d’investir au Sénégal doit certainement suivre l’évolution de cette situation et le traitement réservés à des investisseurs déjà bien établis.
Qu’on le veuille ou non, l’enseignement catholique s’est imposé dans l’espace public sénégalais avec son label de rigueur et de qualité. C’est la raison pour laquelle de nombreux parents d’élèves y inscrivent encore leurs enfants et je pense qu’ils continueront à lui faire confiance, malgré cette parenthèse voilée de l’Isja. Je pense que ces parents d’élèves ne se sentent pas brimés dans leurs croyances et ne se sentent pas victimes d’une quelconque intolérance. Cette confiance en l’enseignement catholique sera certainement renouvelée tant que les labels de rigueur et de performance demeureront.
Il y a quelques semaines, j’ai aperçu dans les couloirs d’une école catholique de Dakar, fièrement affichée, la photo d’un ancien pensionnaire de l’établissement, un jeune ministre du gouvernement, actuellement en fonction (de confession musulmane). Comme pour le donner en exemple aux élèves. J’ai été séduit par cette satisfaction affichée. Le fruit a été à la hauteur de la promesse de la fleur.
Vous êtes minoritaires ! Voilez vos particularités ! On est où la ? Dans quelle démocratie ?
Je me demande encore comment une institution appartenant à la religion minoritaire qu’est la religion catholique au Sénégal peut bien opprimer des membres de la religion musulmane largement majoritaire. L’une des déclinaisons de cette stratégie de manipulation de l’opinion est bien celle-là dite de la victimisation.
La triste réalité ici est que les véritables victimes d’oppression dans cette situation de l’Isja sont cette digne communauté catholique sénégalaise dénigrée pour une «intolérance» qui n’en est pas une, balayée par cette vague de critiques suscitée par l’action bien pensée et planifiée des familles de parents d’élèves exclues de l’Isja, pour des intérêts strictement personnels liés à l’enjeu d’obtenir une bourse française à des élèves franco sénégalaises (ou suivant un cursus français) et qui sont issues de familles à l’abri du besoin.
C’est une posture dangereuse sur un sujet sur lequel les dérapages sont vites arrivés. La ceinture de pays en crise (notamment religieuse) qui délimite le Sénégal est bien illustrative, de même que la situation sécuritaire sous régionale. L’histoire du conflit au Liban est tout aussi illustrative. Ne donnons pas des prétextes déclencheurs ou d’embrasement aux extrémistes ! Nous ne le souhaitons pas, mais le cas échéant, les détenteurs d’une nationalité sénégalaise unique et exclusive seraient condamnés à être les potentielles victimes, faute de nationalité de secours, de nationalité de sauvetage ou de nationalité de repli.
Il est vraiment important que les initiateurs de cette bataille médiatique et leurs souteneurs arrêtent le recours à des arguments religieux sources de crises aux lendemains incertains. Le fumeur imprudent tenaillé par son désir incompressible de cigarette qui se promène dans une broussaille desséchée ne s’imagine pas toujours que son mégot peut embraser tous les villages et espaces environnants ainsi que les êtres vivants qui s’y trouvent. Ne nous laissons pas aveugler par nos désirs d’avantages terrestres au point d’ébranler des fondements et/ou de passer à côté de choses importantes dans la vie ! Il est urgent et opportun que les Sénégalais prennent conscience des véritables enjeux dans cette affaire.
La religion catholique est certes très minoritaire au Sénégal, mais le Christ Jésus nous dit bien : «Vous êtes le sel de la terre». On n’a pas besoin d’une grande quantité de sel pour donner du goût à une sauce, mais on ne peut pas s’en passer pour les bonnes sauces ou le bon goût tout simplement. Que seraient la terre et la vie sans sel ? Un adage ouolof dit bien : «lou doul deug dou yague» (la traduction littérale serait : ce qui n’est pas vrai est éphémère) ou cette déclinaison : «lou yag deug la».
L’Eglise catholique est vieille de plus de 2 000 ans. Elle est une des institutions les plus vieilles de l’humanité. En outre, si nous évoquons la date de ce jour du mois de septembre 2019 (repère historique du 1er Noël célébré), c’est en référence à l’année de naissance de Jésus Christ que le décompte du temps le plus convenu et le plus usité s’effectue.
Pour s’en convaincre, il suffit de consulter son calendrier, sa montre, son portable, sa tablette. Notre temps passera, notre génération et celle de nos enfants passeront, les paroles du Christ seront encore là, jusqu’à ce qu’il revienne comme il est parti, conformément à sa promesse. Qu’on le veuille ou non, on évoque le Christ à chaque fois qu’on se réfère à une date du calendrier grégorien ! Que vous l’aimiez ou pas, il vous aime ! Jésus aime toutes les voilées anciennes élèves de l’Isja (et leurs familles). Il les a couvertes de son voile divin tout au long de leur séjour dans cet établissement scolaire et continuera à le faire, notamment à travers les valeurs et vertus qu’elles y ont apprises.
L’Eglise catholique du Sénégal a été d’une très grande contribution qualitative dans l’édification de notre Nation, bien au-delà du secteur de l’Education. Elle est fière d’avoir donné au Sénégal (pays à très forte majorité musulmane) son 1er président de la République Léopold Sédar Senghor (pur produit de l’enseignement catholique) qui a accédé au pouvoir et régné grâce au soutien d’éminents chefs religieux musulmans. Le Président Senghor a bâti les bases solides de notre Etat que ses successeurs les Présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall ont consolidées.
Je suis fier d’être ce catholique sénégalais qui porte sa Croix du Christ… même enrobée d’un voile vert, jaune et rouge, avec une étoile verte au milieu du jaune à l’image du drapeau national.
par Charles Faye
AUDIO
JEANNE D’ARC EN FOULARD, ON FAIT QUOI MAINTENANT ?
Après le déluge des mots ayant surfé sur nos identités remarquables farouchement défendues, la vérité, cruelle de sa réalité absolue, nous envoie en plein visage, la totale mesure de notre sinistrose structurelle
Jeanne d’Arc en foulard, on fait quoi maintenant ?
Après le déluge des mots ayant surfé sur nos identités remarquables farouchement défendues, la vérité, cruelle de sa réalité absolue, nous envoie en plein visage, la totale mesure de notre sinistrose structurelle.
Nous voilà, avec nos enfants, bien loin des 0,001% que représente la bonne vieille Jeanne d’Arc sur l’échelle nationale, à prendre rendez-vous avec l’aqueuse rentrée des classes. Bien plus perplexe que formelle, compromise pour ainsi dire. Comme d’habitude.
Et pour cause, il pleut des cordes sur Dakar et partout ailleurs dans le pays, comme jamais ces dernières années. Le changement climatique est passé par-là. Comme d’habitude, on s’est fait distancer, par Tefnout cette fois.
La divinité égyptienne a rompu les amarres, avec juillet et août. Jaloux, concentrant ses eaux et sa foudre, dans une nouvelle répartition temporelle. Septembre, octobre et qui sait novembre !
Ne nous étonnons pas alors, que nos écoles publiques, mises à terre par la démission collective, se gorgent davantage d’eau de pluie et en refoulent même, tant l’infiltration va à vau-l’eau.
Ivres d’H2O, noyées dans des bassins artificiels, programmes scolaires, résolutions parentales et promesses écolières prendront l’eau, sous le flot agité de cours incertains et grèves systémiques.
Comme d’habitude et forcément, il sera déclenché, dans les prochaines semaines, la matrice d’action prioritaire, pour que directions de la prévention et de la protection civile, mais aussi sapeurs pompiers et service d’hygiène, débarquent dans les écoles. En urgence, à la rescousse de la grande masse, dont le seul choix est de subir un public aux abois, rongé par les plateformes syndicales insatisfaites.
Chacun sa revendication. Chacun son problème !
Ainsi va la vie de nos écoles publiques. Le grand nombre d’élèves, abonnés à l’école de l’absurde, revivra la misère. Loin du digital. Tel Germinal. Dans le sable, sous les eaux. Parce que c’est ainsi pour eux.
Hélas, ils ne peuvent mettre les voiles. Les pauvres ont toujours tort ! Leurs enfants encore plus ! Point barre ! Désolé chers écoliers ! Mais c’est comme ça ! Comme d’habitude ! Bonne rentrée des classes quand même !
par Mamadou Bamba Ndiaye
LETTRE OUVERTE AU DG DE LA SN/HLM
Je viens demander votre compréhension envers les graves inquiétudes des victimes des immeubles Sn/Hlm de Hann-Maristes
Je viens demander votre compréhension envers les graves inquiétudes des victimes des immeubles Sn/Hlm de Hann-Maristes.
Ces inquiétudes se résument en une question et une seule : pourquoi, après tant d’années de discussions ayant abouti à un accord sur une solution globale du dossier, une démarche unilatérale a-t-elle été initiée, à la surprise générale, en vue d’une évacuation des résidents par la gendarmerie ?
L’argument relatif à la sécurité et au devoir de protection de l’Etat est blessant, pour éviter de dire méprisant, à l’égard des centaines de chefs de famille qui ont fait confiance à la Sn/Hlm et qui, de ce seul fait, vivent dans le danger depuis plus de 15 ans. Personne n’aime la sécurité de nos familles plus que nous et il est étrange, pour dire le moins, que vous sembliez suggérer le contraire.
En isolant la question de la sécurité, vous nous donnez l’impression d’engager une bataille d’opinion en vue d’isoler notre collectif, discréditer ses porte-parole que vous citez nommément, et justifier de futures injustices. Ce qui n’était sûrement pas votre intention.
Bien entendu, nul n’ignore que le sous-préfet de Grand-Dakar a commis un « arrêté de péril » en se substituant au maire de notre commune, que la loi habilite à prendre un tel acte. Ledit « arrêté » ordonne en particulier l’évacuation immédiate de sept immeubles qui sont … déjà évacués depuis 15 ans pour certains, mais qui tiennent encore debout.
La légèreté des motifs de cet « arrêté » indique que cette grave question de la sécurité est utilisée comme prétexte pour justifier un déguerpissement pur et simple de propriétaires dont les droits fonciers sur le site concerné sont pourtant incontestables et reconnus par tous les services de l’Etat et experts ayant étudié la question. Ceci ne peut manquer d’alimenter les suspicions quant à la volonté de certains lobbies de morceler et vendre le site, en vue de leur enrichissement personnel.
C’est pourquoi, en raison de tout ce qui me relie aussi bien à la Sn/Hlm qu’au collectif des propriétaires, je vous exhorte à rejeter tout emploi de la force contre les résidents, qui ne pourrait que compliquer davantage le dossier.
La bonne option me paraît être la poursuite des concertations et la mise en œuvre effective et immédiate des accords déjà conclus et qui portent sur le triptyque Relogement-Reconstruction-Restitution.
Les résidents veulent une garantie de la continuité du paiement des loyers pendant la période de relogement, pour leur éviter le sort dramatique vécu par leurs prédécesseurs. C’est pourquoi ils demandent que ces paiements soient pris en charge dans le cadre du budget du projet de reconstruction, et non soumis aux aléas de la trésorerie de l’Etat ou de la Sn/Hlm. J’espère que vous pourrez satisfaire cette préoccupation légitime.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général, en même temps que mes vœux de succès dans vos missions, l’expression de ma très haute considération.
Mamadou Bamba Ndiaye est ex-PCA de la SN/HLM, ancien député à l’Assemblée Nationale, Immeuble O, Hlm/Hann Maristes
PAR Cheikh Guèye
L'IMPÉRATIF D'UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL ENTRE L'ÉTAT, LES RELIGIONS ET LA SOCIÉTÉ
L’Etat nation sénégalais en gestation depuis des siècles est à la croisée des chemins, pénétré par des interrogations sur le projet de société qu’il porte, les institutions qui doivent le servir, le système d’éducation qui doit en former les acteurs
La question du voile à Jeanne d’Arc vient de connaître un début de solution mais elle est loin d’être finie. Je le rappelle, elle a commencé avec l’école Hyacinthe Thiandoum à Grand Yoff et le collège Didier Marie de Saint Louis en 2016 et a concerné d’autres écoles dans une relative discrétion. Elle va ressurgir demain dans d’autres écoles parce qu’on n’a jamais vu autant de voilées dans nos maisons, nos quartiers et nos écoles. Ceci montre qu’elle est loin d’être un épiphénomène lié à la communauté des lybano syriens du Sénégal.
Dans ce contexte de retour d’une certaine sérénité, il est important de donner une profondeur analytique à la réflexion sur la nature des enjeux que cette crise pose et sur les risques encourus par la société sénégalaise.
Cette crise de Jeanne d’Arc révèle comme rarement le côté obscur des relations pourtant harmonieuses entre chrétiens et musulmans au Sénégal. Oui, nous vivons dans nos familles, nos quartiers, nos entreprises des relations empreintes de cordialité, des métissages fruits de mariages et d’alliances multiples, une mutualisation culturelle et cultuelle favorisée par l’urbanisation et les mobilités. La tradition d’amitiés entre marabouts et autorités de l’église a perpétué la relation féconde que Senghor a su tisser avec intelligence et empathie depuis plus de 60 ans entre les communautés pour faire nation. « La laïcité pour nous, n’est ni l’athéisme, ni la propagande anti-religieuse… La religion est un aspect essentiel de la culture. Elle représente l’effort le plus noble pour lier l’Homme à l’univers dans un double effort de socialisation et de totalisation » disait il. Ses orientations n’ont pas toujours fait l’unanimité mais ont maintenu un équilibre perpétuant le fameux vivre ensemble sénégalais.
Cette crise de Jeanne d’Arc est une révélatrice des frustrations justifiées ou non comme on a pu le percevoir à travers les prises de position « non religieuse » en faveur de Jeanne d’Arc de la part de beaucoup de frères chrétiens, alors que le voile et la décence qu’il véhicule devrait faire converger les deux principales communautés religieuses du Sénégal. La solidarité de beaucoup de chrétiens derrière Jeanne d’Arc montre que malgré tout, une cristallisation communautaire est encore tenace et s’exprime de manière nouvelle.
De l’autre côté, la levée de bouclier de beaucoup de musulmans face à l’interdiction du voile est également la preuve que l’exigence dans les revendications pour un respect de leurs valeurs s’exprime plus fortement depuis quelques années (Sidy Lamine Niasse : l’étranger parmi les siens, 2016). Cette nouvelle dynamique fédère des organisations nombreuses et engagées sur la voie de la préservation de vertus et de comportements conformes à nos religions et nos traditions, avec comme focus, l’homosexualité, la dépravation des mœurs, ou encore le respect du système éducatif islamique.
Plus globalement, notre société reste vulnérabilisée par l’absence de connaissance et de maîtrise des mutations sociétales et culturelles qui fissurent et restructurent, à son insu, les liens sociaux et symboliques qui l’agrègent en communautés. Cela est le produit d’un déficit de recherche et de débats publics susceptibles de produire des consensus sociopolitiques autour de grandes orientations (culturelles, économiques, politiques) indispensables pour un développement inclusif et basé sur une dynamique concertée de progrès et d’émancipation.
Les rapports Etats Nation, religion et société ne font encore l’objet d’aucune approche stratégique et prospective. Bien au contraire, ils restent souvent contenus dans des logiques clientélistes et politiciennes qui, une bonne partie du temps, en exacerbent les aspects négatifs et extrémistes.
Pendant longtemps, le Sénégal a joui d’une réputation de terre d’exception où le pluralisme des confessions et les particularismes des attachements doctrinaux rimaient avec harmonie et juste milieu. Les temps semblent changer. En effet, l’espace public sénégalais devient de plus en plus l’objet d’un travail de capture de la part de nombreux groupes qui s’y affichent de manière plus ou moins bruyante avec des projets plus ou moins structurés de re-façonnage de celui-ci selon leurs desseins propres. Cette conjoncture inédite particulièrement renforcée par l’élargissement de l’espace médiatique et la circulation mondialisée des idéologies extrémistes pose des défis importants tant à la communauté universitaire qu’aux décideurs politiques et autres acteurs de la société civile. La prise en charge de ces défis passe par la capacité de réponse sociétale à au moins deux types d’interrogations. Comment en effet, la société sénégalaise est-t-elle en train d’articuler la vitalité de ses attachements multiples à la foi et la nécessité de préserver et développer sa culture (légendaire) de la tolérance et la laicité qu’elle est sensée incarner ; quels rapports existent entre la volonté de réforme des institutions, de l’éducation, des territoires et de leur gestion, etc et le projet de société post colonial qui fait l’objet d’une revendication forte mais sourde ?
L’Etat nation sénégalais en gestation depuis des siècles est donc à la croisée des chemins, pénétré de toutes parts par des interrogations sur le projet de société qu’il porte, les institutions qui doivent le servir, le système d’éducation qui doit en former les acteurs, animateurs et citoyens.
Il en oublie l’essentiel : la renégociation de son pacte national et d’un contenu auquel les porteurs d’enjeux se reconnaissent et se réfèrent pour aujourd’hui et demain. Si l’image d’une société stable et sans histoires nous colle encore à la peau, la confrontation doit être évitée dans un contexte de revendications fortes pour une révolution culturelle décolonisante et une remise en cause de la laicité à la française énoncée dans nos textes et qui a aussi ses défenseurs intégristes. Il est impératif en notre sens de renouveler le contrat social face au renouvellement des centres névralgiques des confréries, à l’affirmation accélérés des idées, discours, pratiques et acteurs réformistes, à l’exposition et l’envahissement de l’espace public par des idéologies étrangères diverses qui mettent au défi les certitudes et mécanismes de stabilisation de la société sénégalaise depuis l’indépendance, et à l’échec du modèle élitiste et occidentalisant.
L’inversement de l’image de l’école publique porteuse de qualité devant l’école privée désormais sans grève et garantissant les standards et les minimas de quantum horaire est désormais une réalité. Dans ce contexte, les initiatives privées se multiplient de la maternelle à l’université, de l’école laïque, catholique, franco arabe, bilingue, turc (yavuz selim), iranienne (IMI), aux écoles musulmanes moyen-orientales, etc. Se mettent ainsi en place parallèlement plusieurs systèmes d’éducation forgés de l’extérieur, avec des conceptions différentes, des logiques différentes, des finalités différentes.
S’y ajoute le vaste secteur dit informel qui compte des milliers d’écoles coraniques allant des daaras structurés permanents aux daaras dit « voyous » où la mendicité prime sur l’enseignement.
Toutes ces écoles rendent compte de l’inégale prise en charge par l’Etat et la perte de contrôle sur le domaine le plus stratégique de l’avenir de notre nation. Au demeurant, l’école continue à discriminer les enfants (classes pléthoriques ou moyennement remplies, répartition inégale de la formation informatique, des enseignants de qualité, privés contre public, enseignement laic contre enseignement religieux, médersas musulmanes contre daaras, etc.) et est paradoxalement une fabrique d’injustice et d’inégalités dans les chances de réussite entre sénégalais.
De manière générale, les réformes qui sont faites dans le sens d’intégrer l’arabe, le religieux et les langues nationales pour répondre à la demande d’une école plus « sénégalaise » constituent des tactiques pour gagner de nouveaux publics et non des choix stratégiques d’enseignement et d’éducation adossés à un projet de société global. L’école d’aujourd’hui marquée par une dispersion extrême reflète et renforce une désintégration des référentiels traditionnels endogènes, religieux et d’emprunts externes coloniaux et post coloniaux.
La naissance de l’Etat sénégalais indépendant a été loin de renier l’héritage complexe fait depuis la colonisation d’une entente au sommet, nommée : « contrat social sénégalais » (O’brien, Diop, Diouf, 2002). La relation entre l’Etat central et les autorités centrales des confréries est ainsi allée jusqu’à constituer, dans une vision extrême, le pivot d’un système de « gouvernement indirect » (Mamdani : 2004). Système entretenu, dans une démarche clientéliste, par l’influence supposée des marabouts sur les électeurs d’un côté et, de l’autre, par une distribution de prébendes et avantages liés à l’Etat. Ce « deal au sommet » a constitué pour beaucoup de chercheurs un gilet de sécurité, avec des fortunes variables, pour les trois premiers présidents de la République du Sénégal (Christian Coulon, Léonardo Villalon, Blondin Cissé, etc.). Je ne conteste pas l’existence d’un contrat social sénégalais mais si ce supposé « contrat social sénégalais » a prévenu et circonscrit les conflits dans une certaine mesure, il n'a pas généré le développement, ni même un projet de société vers le développement basé sur nos propres valeurs.
La société sénégalaise expérimente donc de profondes mutations socioreligieuses et politiques depuis au moins un quart de siècle. L’arrivée en force des jeunes dans les espaces religieux, l’amplification des discours et demandes d’islam, les réactions identitaires d’une communauté chrétienne sur la défensive, l’émergence d’entrepreneurs religieux à l’assaut des leviers symboliques et administratifs de l’Etat sont autant de signes d’une ferveur religieuse riche de tous les possibles. D’un côté, on pourrait considérer de façon optimiste que l’accroissement des interconnections entre le religieux et le politique n’est pas le signe d’une menace immédiate ou évidente contre la laïcité, mais plutôt celui d’une réinvention d’un meilleur équilibre entre deux pouvoirs, tout aussi important l’un que l’autre, dans la société sénégalaise. D’un autre côté, on pourrait aussi soutenir que cette réinvention du rapport politique et religion ne s’accompagne pas moins de points de cristallisations négatives. Ainsi la crise de Jeanne d’Arc marque une étape dans l’aggravation d’un face à face nourri de perceptions et revendications identitaires et sociétales. Une action réparatrice s’impose et dans cette optique, je fais déjà quatre propositions que vous pourrez enrichir et renforcer :
- Mettre dans l’agenda du Dialogue National la question du renforcement du vivre ensemble sénégalais
- Intégrer d’urgence dans le système éducatif sénégalais les enseignements de paix, de tolérance et de cohabitation harmonieuse des grandes figures religieuses sénégalaises de toutes les confessions
- Mettre en place un mécanisme de dialogue et de gestion prospective des crises entre le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal et les représentants de l’église
- Etablir une SEMAINE NATIONALE DU VIVRE ENSEMBLE, pour célébrer le modèle sénégalais, promouvoir les ressorts de la tolérance, de la cohabitation pacifique interconfessionnelle, intra confessionnelle et le cousinage à plaisanterie.
Cheikh Guèye est Secrétaire Général du Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal
LA SPIRALE MORTELLE DE LA FOUDRE
L’hivernage s’accompagne de ses bonnes fortunes et de son lot d’épreuves. La foudre, qui a récemment fait plusieurs victimes à Dakar, en est une sinistre illustration
Sous le ton de la boutade – certes inconvenante en ces temps funestes –, un quidam s’écrie : « les Sénégalais s’attirent les foudres du ciel ». Sa subite inspiration est à la fois divine et un tantinet cynique. Mais elle témoigne des ravages causés par la foudre en cette période de fortes pluies pourtant si espérées il n’y a guère longtemps. Hélas, elles sont venues avec leur lot de sinistres. La foudre a tué à l’intérieur du pays et à Dakar ; comme lundi dernier, quand elle s’est violemment abattue sur le malheureux Fodé Diallo, responsable de la tôlerie à la plateforme logistique de Dakar Port au moment où une fine pluie fouettait la capitale sénégalaise que l’imagerie populaire a exclu du champ des foudres. Le lendemain, trois individus, dont deux habitants de Tivaouane Peulh et un autre employé de Nma Sanders, trépassaient du fait de cette décharge électrique se produisant entre un nuage électrisé et la terre. En pleine mer, deux pêcheurs de Soumbédioune cherchant fortune se faisaient surprendre par la foudre le 7 septembre dernier. Moustapha, le troisième pêcheur, a succombé quelques heures plus tard à l’hôpital, laissant derrière lui une famille éplorée. A l’intérieur du pays, cette récurrence macabre était moins notable à Dakar où sept pertes en vies humaines ont été enregistrées jusqu’ici. Il y aurait au moins quatre morts dans le reste du pays.
Le 1er septembre dernier, les habitants du village de Dékhinane Peul, dans le département de Louga, témoignaient leur compassion à la famille d’un jeune berger de moins de 20 ans foudroyé dans la brousse alors qu’il faisait paître les bêtes au moment où le soleil déclinait. Atkhana Sow, natif de Ganiakh Peul dans la commune de Niomré où il repose désormais, n’a pas survécu à la violence de la décharge malgré sa prompte évacuation à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Dans la même sphère géographique, à Keur Momar Sarr, une autre personne subissait le même sort.
7 morts à Dakar (décompte arrêté au 14 septembre)
Le 12 juillet 2019, l’agglomération rurale Saré Yoro Sy, dans la région de Kolda, perdait une âme créative, le sculpteur Samba Gadjigo, emportée par la foudre sous un arbre qui lui servait d’abri dans ses instants de création, de besogne. Dans le Fouladou, ces drames sont récurrents malgré les campagnes de sensibilisation sur les comportements à adopter en cas de pluie. Un peu plus d’un an avant, le 24 septembre 2018, la foudre avait occasionné des dégâts matériels à Médina Yoro Foula où les populations regardaient, impuissantes, leurs cases et leurs greniers complètement calcinés. Elles y avaient également perdu du matériel agricole, des denrées, de l’argent… Leurs déchirantes complaintes étaient à la mesure de leur affligeant sort. Les médias en avaient fait large écho. Au-delà de la fatalité quelquefois invoquée, le manque de couverture en paratonnerres est souvent évoqué par les populations quand l’hivernage, s’installant, propose ses réjouissances et ses malheurs. Ceux qui ont affecté une mère et son enfant de deux ans, à Foundiougne, le 4 septembre 2018, à la nuit tombante, avaient suscité un certain émoi dans les chaumières et l’espace public en proie aux tourments.
5.250 paratonnerres et parafoudres installés depuis 2004
L’actualité laisse entendre d’assourdissants coups de tonnerre. Des éclairs qui déchirent le ciel. Le corollaire de cette crainte (foudre) et joie (pluie), telle que décrite dans le Coran, est le lot de morts, en attendant les promesses de belles récoltes. Pour se protéger de la foudre, la Direction de la protection civile développe tout un programme d’installation d’appareils (paratonnerres et parafoudres) sur l’étendue du territoire national.
« La foudre cause un nombre important de dommages matériels et corporels aux conséquences souvent dramatiques. Si ce ne sont pas des pertes en vies humaines, ce sont des dégâts matériels qui surprennent par leur ampleur. La foudre cause également des pertes inestimables sur le bétail, endommage les appareils électriques et provoque des incendies ». Le décor planté par l’adjudant-chef Ismaël, chef de bureau à la Division études et opérations de défense civile à la Direction de la protection civile (Dpc), est largement éloquent sur les dangers de la foudre en cette période d’hivernage très pluvieuse ces derniers temps. Pour se protéger de la foudre, il faut, selon la Direction de la protection civile, installer des paratonnerres et des parafoudres. C’est l’association de ces deux solutions qui « permet une solution complète et optimale », souligne l’adjudant-chef Fall. « Les paratonnerres protègent les bâtiments et les sites contre le foudroiement et ses effets destructeurs. Quant aux parafoudres, ils protègent les équipements et les réseaux électriques contre les surtensions provoquées par la foudre », explique-t-il.
La Dpc a en charge la « prévention des risques de toutes natures ainsi que la protection des personnes et des biens et de l’environnement contre les sinistres et catastrophes ». Ainsi, si le risque peut être défini comme « tout ce qui peut compromettre ou menacer la vie d’une personne », la foudre constitue donc un risque élevé. Un risque qui ne laisse pas indifférentes les autorités étatiques qui, par le biais de la Dpc, développent, selon l’adjudant-chef Fall, un programme d’installation d’appareils (paratonnerres et parafoudres) depuis 2004.
« Ce sont 5250 appareils qui ont été installés depuis 2004 sur des bâtiments administratifs et stratégiques, établissements recevant du public (écoles, mosquées, églises, marchés, châteaux d’eau) dans les 14 régions. Quand nous installons les appareils, nous prenons en considération les lieux les plus élevés. L’accent est mis sur les régions Sud qui sont les plus exposées (Ziguinchor, Kolda, Tamba, Sédhiou) », révèle Ismaëla Fall.
La répartition géographique laisse entrevoir une bonne distribution des appareils sur l’étendue du territoire : Ziguinchor (452), Tamba (372), Kaffrine (360), Fatick (423), Diourbel (417), Dakar (252)… Si la foudre a tué à Dakar, l’adjudant Fall fait remarquer que c’est dans la périphérie de la capitale où il n’y a suffisamment pas d’appareils. Mais aussi que les « tués de Soumbédioune » étaient en mer où il est déconseillé de se rendre en temps d’orage. Les pêcheurs doivent regagner la terre ferme à la survenue d’orage suivant les mesures édictées. Ces consignes de sécurité de la Dpc ciblent les comportements à avoir tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans l’eau ou sur une pirogue.
Aussi, les normes et la réglementation exhortent à l’installation d’appareils sur les constructions d’une certaine hauteur. Tout comme les sociétés de téléphonie installent également des appareils sur leurs antennes, selon l’adjudant-chef.
« La Dpc, en plus de l’installation d’appareils, mène une campagne nationale de sensibilisation sur les accidents liés à la foudre et l’accent est mis sur les endroits les plus exposés (zones où sont enregistrées plus de victimes). Nous fournissons des informations et menons une sensibilisation du grand public sur les risques liés à la foudre pour une meilleure prise de conscience, mais aussi nous édictons des mesures d’apprentissage aux gestes essentiels pour sauver, afin d’amener les populations à plus de culture de sécurité et de changement de comportement… », souligne l’adjudant-chef Fall. Les accidents domestiques, les noyades, les risques liés aux inondations sont donc dans le quotidien du travail des acteurs de la Dpc. Elle a d’ailleurs parcouru, durant trois semaines cette année, les plages de Dakar.
Orage, décharge électrique qui provoque foudre et tonnerre
Les épisodes pluvieux intenses ont pris position dans le centre du pays ces derniers temps. Avec de fortes précipitations qui dépassent très souvent les 50 millimètres dans les environs de Dakar, selon le directeur de l’exploitation de la Météo, Ousmane Ndiaye. Des précipitations sont encore attendues dans les deux semaines à venir et seront d’intensités variables. Ces fortes précipitations constituent un phénomène normal même s’il faut aussi y voir les changements climatiques, assure le patron de la Météo nationale. Il explique également que quand les précipitations sont fortes, elles s’accompagnent d’orages, d’éclairs, de foudre et de tonnerre qui vont ensemble.« L’orage est un phénomène de décharge électrique entre un nuage et la terre. Nous pouvons aussi dire que l’orage est le phénomène de décharge électrique qui se manifeste par la foudre, le tonnerre et l’éclair. Quand vous avez une décharge entre deux bornes, elle se manifeste par des étincelles, du bruit et un passage. Le phénomène est d’une puissance de 220 volts, mais pour un nuage il peut est entre 10 et 20 millions de volts. Il est donc beaucoup plus important et donne un bruit assourdissant qui est le tonnerre, la lumière (étincelle ou éclair). C’est pourquoi, quand ça foudroie, ça crame ! » explique M. Ndiaye dont le service est compris dans l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim).
Ce qu’il ne faut jamais faire
Il en appelle d’ailleurs à la prise de certaines mesures ou se mettre à l’abri de la foudre. En partant du fait que la décharge électrique « tombe sur ce qui est le plus en hauteur (arbre, immeuble, etc.) », il invite à « éviter les objets en hauteur quand on n’a pas de paratonnerre qui attire et capte la décharge électrique ». Autrement dit, il faut éviter les objets élevés : grands arbres, être seul dans un champ… Mais aussi les objets qui conduisent l’électricité comme les objets métalliques (machines à labourer par exemple), le fer… En cas d’orage, certains sont tentés de s’abriter sous des arbres. Une attitude à bannir. Une personne se trouvant à l’extérieur devrait, pour se protéger, s’asseoir ou se coucher, conseille M. Ndiaye. Tout comme l’utilisation du téléphone portable, qui conduit également de l’électricité, doit être arrêtée en cas d’orage. Il faut surtout éviter également tout parapluie avec une pointe métallique.