Un dramee st survenu ce lundi sur l’île au Madeleine après le chavirement d’une pirogue. Quatre personnes sont décédées par noyade.
Parmi les 4 personnes décédées figure Yaye Kaba, nièce du ministre des Forces armées, Sidiki Kaba.
Cette dernière, employée de la compagnie aérienne Air France, était en vacance de 10 jours au Sénégal avec des françaises d’origine marocaine.
Arrivée à Dakar samedi dernier, elle était partie visiter l’île de la Madeleine avec ses copines. C’est au retour que le drame est survenu.
SI LE «PAYS NDUT» M’ETAIT CONTE
«Une forme archaïque du Wolof et du Poular». C’est ainsi que le Président-poète Léopold Sédar Senghor avait défini le «Sereer», lequel se distingue par un statut particulier qui le place au centre de l’ensemble culturel sénégalais.
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 17/09/2019
«Une forme archaïque du Wolof et du Poular». C’est ainsi que le Président-poète Léopold Sédar Senghor avait défini le «Sereer», lequel se distingue par un statut particulier qui le place au centre de l’ensemble culturel sénégalais. Les Sereer du Nord-Ouest de Thiès communément désignés sous le vocable de : «minorités ethniques du Kajoor et du Bawol» ou «Cangin», dont le particularisme n’est plus à démontrer, se distinguent aujourd’hui par le dénominatif de «Ndút». Une communauté de «rudes paysans à la nuque dure» éparpillés dans 23 villages parsemés entre la falaise de Thiès et le lac Tanma, autour de Mont-Roland, dans une zone vallonnée, au contact des Wolof au nord et des Lébu à l’Ouest. Un groupe d’environ 30.000 âmes dont beaucoup ont émigré dans les villes et «terres neuves». Quatre traits permettent de constater l’existence du particularisme Ndút avec notamment : «la langue, l’endogamie, les lignages maternels (à l’exception des Noon), les regroupements des urbanisés». Le «Pays Ndút », dans un sens plus large, désignant l’espace occupée par les Sereer parlant le dialecte défini sous le même vocable, on peut, dès lors, sur ce plan, nommer les «Paloor» ou «Faloor» qui habitent plus particulièrement la zone de Pout, jadis appelée «Le Siili» et les habitants de la contrée sénégalaise au nom français : «Mont-Roland».
De toutes les versions ou hypothèses qui ont essayé de remonter la saga sénégalaise pour fixer les lieux d’origine des Sereer et le sens des différentes migrations qui ont conduit ces derniers dans leurs creusets actuels, il ressort que chacune des principales ethnies du Sénégal a laissé une partie importante de son passé dans la langue, ou d’une manière générale, dans la culture Sereer. « C’est que le Sereer, nous dira Raphaël Ndiaye, est sorti de la ‘’gestation de la nation sénégalaise’’ avec cette particularité d’être la seule ethnie à répondre de par son histoire et de par sa tradition orale en général, de rapports de parenté très étroits avec chacune des autres ethnies », rappelle thomas Gana Diouf, phonéticien, chercheur en tradition orale du ndút, autodidacte qui s’est consacré, depuis 1971, à la recherche des traditions orales du ndút. lequel, par amour de son terroir, après avoir piqué le virus par l’entremise de ses amis chercheurs comme christian saglio, Feu Jean louis Doneux, charles Becker de l’oRstoM, Jean Boulègue, Directeur du centre de Recherches africaines à l’université Paris 1, cyr Descamps et Myron echenberg, chef du département d’histoire de l’université Mc. Gill de Montréal (canada), s’est consacré depuis 1971 à la recherche des traditions orales du ndút. selon lui, « on s’accorde à dire que le monde Sereer d’une manière générale, a eu à intégrer dans sa culture, les apports d’autres ethnies en conservant à travers tous les soubresauts de l’histoire, sa spécificité ».
Pour dire que le monde Sereer, avec ses diversités, constitue un exemple patent pour la réalisation du projet culturel national. car, renchérit Pape Massène Sène, « si la permanence de la culture Sereer a été sauvegardée, c’est que les apports extérieurs ont trouvé un socle solide où se greffer, c’est-à-dire le substrat culturel Sereer ». et M. Diouf de préciser : « L’ouverture caractéristique de la société Sereer a aussi joué pour permettre la saine fécondation (sans désagrégation) de sa culture. Il y a aussi et surtout, «la conscience de soi» du Sereer qui le pousse à s’enraciner toujours dans la culture. Il convient de signaler que la culture Sereer est une et indivisible malgré la diversité qui la caractérise. Nous Sereer, nous nous voulons des ‘’rameaux d’un même tronc’’ ; nous sommes tous alors de la même famille ». Sur le plan purement linguistique, la parenté génétique du serrer avec le Poular et le Wolof n’est plus à démontrer. Le Président-poète Léopold Sédar Senghor disait : « Le Sereer est une forme archaïque du wolof et du Poular ». Sur le plan culturel, cette parenté s’étend jusqu’au sud du Sénégal avec les Jolas et les Mandingues. M. Diouf souligne que « dans l’ensemble, dira J.L. Doneux, les liens génétiques plus ou moins étroits qui relient entre elles les différentes langues du Sénégal paraissent encore assez mal perçus. On ne peut reprocher aux populations elles-mêmes d’ignorer parfois les rapports qui unissent leur langue aux langues voisines ».
Dans son diagnostic, Doneux soulignera que « …le linguiste rencontre fréquemment cette idée assez surprenante que l’ethnie Wolof ‘’n’existe pas’’, qu’elle n’est que le résultat de la fusion de plusieurs groupes ; et cette autre idée, aussi surprenante, que les Joolas et les Sereers sont d’une certaine manière des ‘’cousins très proches’’. Idées effectivement surprenantes, si l’on s’en tient à l’approche linguistique, mais qui ne manquent sans doute pas d’un fondement social, lequel reste à analyser par les historiens et les sociologues ». c’est ce statut particulier qui place le Sereer au centre de l’ensemble culturel sénégalais, et trouve son explication dans le fait historique, son illustration dans la qualité et la diversité de sa tradition orale. une tradition orale qui a longtemps été mise en rade avant qu’on ne se rende compte qu’elle sert de point d’appui pour confirmer ou infirmer une version écrite.
CES «MINORITES ETHNIQUÉS DU KAJOOR ET DU BAWOL» OU «CANGIN»
C’est dans cette même logique que thomas Gana Diouf tente d’apporter un éclairage sur « les Sereer du nord-ouest communément désignés sous le vocable de : ‘’minorités ethniques du kajoor et du Bawol’’ ou ‘’cangin’’ », mais en particulier sur « les Sereer du ndút dont le particularisme n’est plus à démontrer ». et d’expliquer : « selon la classification esquissée par Wilson (1989), les ‘’cangin’’ sont une sous branche nordique de la branche atlantique de la famille linguistique du Niger Congo. Walter Pichl fut le premier à décrire les ‘’langues cangin’’ en 1966, choisissant le terme désignant la ville de thiès - utilisé par les noons - pour désigner les six langues apparentées présentes autour de cette ville du centre-ouest du sénégal. Dans la ‘’Genèse du Grand Jolof’’ (XIIIe – Xve siècle), Jean Boulègue nous signale qu’à l’époque des navigations portugaises, la curiosité de la ‘’découverte’’ et la nécessité d’informer le pouvoir ont stimulé les écrits, œuvres de navigateurs ou de compilateurs. Il nous signale que quelques auteurs se détachent (ils seront aussi des sources d’information économique et ethnographique). Le vénitien alvise da Mosto (souvent appelé cadamosto) et le portugais Diogo Gomes, naviguant l’un et l’autre pour le compte de l’Infant Dom Henrique du Portugal, effectuèrent chacun deux voyages en Sénégambie, respectivement en 1455 et 1456 et en 1456 et 1460…
D’une manière générale, les zones habitées par les Sereer du nord-ouest sont plus boisées et accidentées que les pays environnant. elles font penser à des zones refuges. leur tradition orale, comme celle de leurs voisins Wolof, témoigne d’une hostilité chronique entre ces peuples et le pouvoir central. Da Mosto décrit ainsi deux peuples qui font suite aux Wolof, c’est-à-dire passé le golfe de Rufisque : ‘’une fois passé ce petit golfe, cette côte du cap vert est habitée par deux générations : l’une est appelée ‘’Barbacini’’, l’autre ‘’sereri’’. le terme ‘’Barbacini’’ désignait les sereer du ‘’siine’’. le terme ‘’sereri’’ employé ici par opposition à ‘’Barbacini’’ désigne donc des sereer qui ne relèvent pas du ‘’siine’’ ». Jean Boulègue, selon thomas Gana Diouf , relève qu’« il est vraisemblable que les sereer du nord-ouest ont occupé une aire plus vaste et ont maintenu leur identité dans les pays qu’ils occupent actuellement, moins accessibles que les régions voisines. Mais à part la possible exception des ‘’niayes’’, ce mouvement a été antérieur à la période qui est considérée. sur la côte, les saafen sont étroitement localisés par les sources écrites dans leur domaine actuel. ndút et noon avoisinent les provinces centrales et les capitales du kajoor et du Bawol ». toujours, mentionne-t-il qu’« à l’intérieur des deux royaumes (kajoor et Bawol), des peuples différents furent très tôt repérés par les européens ; mais d’abord ce fut sous l’angle de leur différenciation sociopolitique. Puis un texte du milieu du XvIII siècle opère la distinction entre ces petits groupes et la majorité wolof, à l’intérieur d’un même royaume, en se basant sur le critère linguistique : les lébus, les Wolofs et les «noon». le nom de «Sereer» donné à ces peuples par les Wolof, est une désignation très vaste qui ne doit pas les faire confondre avec les Sereer du «siine» et du «saalum» dont ils se distinguent très nettement par la langue. c’est pourquoi certains auteurs ont préféré les appeler «les Sereer du nord-ouest» ou «sereer cangin» ». ainsi, note Becker Charles, « les contours géographiques des pays habités par les six principaux.
groupes n’ont été définis avec précision que plus tard : auparavant, ils se confondaient tous sous l’appellation unique de «sereer noon», triplement impropre ». en effet, souligne-t-il, « le nom de noon est celui que leur ont donné les Wolof et a une signification proche ‘’d’ennemi’’. (Il a servi à désigner aussi les ndút et les saafen avant de se restreindre à ceux-là qui sont appelés maintenant noon. eux mêmes ne se désignent pas par un nom générique mais par des noms locaux (Fandeen, Janxin, Jobaas, lexaar) ». M. Diouf ne manque donc pas de rappeler sommairement que l’on doit distinguer : « les noon de Thiès ou cangin à proprement parler ; ils sont intégrés à la commune de Thiès ou habitent les environs immédiats de cette commune, mais ont également fortement émigré vers la ville, à Dakar notamment. Outre ceux qui habitent les plus anciens quartiers de thiès, ils se répartissent dans les villages périphériques rattachés à la ville et dans les villages faisant partie des communes de Pout et de Pambal ». « les noon du lehaar, appelés laala, sont implantés autour de Pambal et s’apparentent aux noon de Thiès par la langue et l’organisation sociale. Ils constituent un ensemble restreint de 15 villages et de 10.000 personnes environ, presque entièrement entourés par les Wolofs à l’heure actuelle ». « les saafen ou saafi forment le groupe le plus important en nombre, atteignant un chiffre approximatif de 45.000 personnes et 38 villages. Ils habitent autour de Sébikotane, près des routes de thiès-Poponguine et Rufisque Mbour, entre Dougar et sindia. Dans ce même groupe saafi il faut distinguer ceux qui habitent la zone du Diobas et que l’on appelle saafi-sex ». « les ndút sont au nord-ouest de Thiès, autour de Mont-Roland. Ils occupent 23 villages dans une zone vallonnée, et se trouvent au contact des Wolof au nord et des lébu à l’ouest. leur groupe atteint le nombre de 30.000 environ, dont beaucoup ont émigré dans les villes et «terres neuves» ». « les Paloor-siili ou Faloor vivent auprès de Pout et sont à considérer comme un sous-groupe ndút, leur langue étant une variante dialectale du ndút. Ils sont répartis en 18 villages ».
LA «MIGRATION SUD-NORD», AU 17EME SIECLE, DES NDÚT DE MONT-ROLAND
En effet, beaucoup de villages du ndút de Mont-Roland sont, dit-on, originaires de cette « zone du siili » comprise entre Pout et Sébikotane. à savoir l’espace occupé par les migrants Sereer du ndút qui avaient fondé Ndiassane après Tivaouane, et qu’ils ont été contraints de quitter, par Amary Ngoné Sobel Fall (1er Damel). C’est ce que Antoine Mbengue, un natif du ndút, Géographe-environnementaliste, Professeur d’université qui a eu à faire une enquête dans le ndút, sur l’installation des villages, qu’il a intitulé : « les principales vagues de migration ndút », appelle « la ‘’Migration sud-nord’’, au 17ème siècle, des ndút de MontRoland ». cependant, note thomas Gana Diouf, « l’on signale que «les pays habités par ces groupes étaient rattachés, durant la période du Xv au XIXème siècle, aux anciennes entités politiques du kayoor et du Bawol ».
Toutefois, rappelle-t-il comme précision de l’autre, « les modalités de ce rattachement sont mal connues et décrites de manière très insatisfaisante par les rapports du XIXème siècle. la plus grande partie du pays safen et une partie du pays noon cangin auraient dépendu du Bawol, tous les autres villages faisaient partie du kayoor ; mais les liens effectifs avec le pouvoir central ont été fort lâches, comme l’attestent les sources anciennes qui insistent sur le caractère «indépendant» de ces groupes ». aussi Becker de noter que « les sociétés sereer du nord-ouest sont organisées selon des groupes familiaux ‘’patri et matrilinéaires’’, dont le rôle varie selon les régions. Les matrilignages ont conservé une grande place chez les ndút, les Paloor-siili et les safeen, malgré les succès de l’islamisation, alors que les patrilignages étaient plus importants dans l’organisation sociale chez les noon ». Les Sereer du nord-ouest étant généralement égalitaristes (société sans caste, mais aussi non anarchique, contrairement à ce que croient certains auteurs). ces sociétés étaient bien structurées et régies par des lois draconiennes dont le respect était assuré par un pouvoir « judico-religieux ». Il convient de signaler que ces populations font partie de ceux que d’aucuns appellent « les minorités ethniques du kayoor et du Bawol ».
Selon Becker Charles, on peut retenir quatre traits qui permettent de constater, avec une nette variable, l’existence du particularisme ndút. a savoir : « la langue, l’endogamie, les lignages maternels (à l’exception des noon), les regroupements des urbanisés ». leur évocation même exige les nuances qui manifestent de suite la crise de ce particularisme, valable aujourd’hui pour l’ensemble du groupe « cangin ». et thomas Gana Diouf de souligner : « le trait fondamental du particularisme demeure l’organisation judico-religieuse ». Il remarque que « le «Pays ndút», dans un sens plus large, désigne l’espace occupée par les sereer parlant le dialecte désigné sous le même vocable. sur ce plan, on peut nommer les «Paloor» ou «Faloor» qui habitent plus particulièrement la zone de Pout, jadis appelée «le siili», où l’on compte aujourd’hui plus de 18 villages, et les habitants de la contrée sénégalaise au nom français «Mont-Roland», 23 villages parsemés entre la falaise de thiès et le lac tanma ». Aujourd’hui, « le dénominatif de «ndút» désigne tout particulièrement ces derniers », renseigne thomas Gana Diouf.
PRESENTATION DU PAYS NDÚT
Depuis 1891, la contrée du ndút, composée aujourd’hui de 23 villages, devait porter ce nom qui s’est imposé au fil des ans à toute la zone. en effet, affecté au sénégal après l’Inde, en 1889, par le Pape léon XIII, Monseigneur Magloire Barthet, evêque-missionnaire français, 5ème successeur de Mgr. aloys kobes et ancien élève des Jésuites de Dôle, au collège notre-Dame de Mont-Roland, avait fait construire sur la colline du ndút, la première case-chapelle en souvenir des siens. cela devait symboliser le jumelage entre le ndút et son grand-frère déjà millénaire de Dôle. le choix du site serait dû à la similitude des reliefs. Déjà, Becker charles signale que « le pays ndút, au-delà de ses caractéristiques sociologiques, se présente comme un ensemble relativement homogène. Il a connu des changements socioreligieux profonds et divergents, après une longue période de stabilité sociale, au cours de laquelle les Sereer du ndút ont su conserver jalousement leur autonomie, sinon leur indépendance totale, par rapport aux royaumes politiques du kayoor et du Baol. leurs structures socio-familiales imposantes, fondées sur les matrilignages, leur système familiale et villageois reposant sur l’autorité des chefs de lignages (les yuu , les léemu, les yookam, les laha et les Deyan sont connus dans le pays safen et la région des sereer Paloor-siili (Pout) et ont sans doute conduit la migration Sereer venue du Fouta toro. leur importance est attestée dans ces trois groupements sereer et même chez les lébú) ». selon lui, « les Sereer du ndút ont toujours refusé l’intégration au royaume Wolof du kayoor auquel ils étaient en principe rattachés. leurs villages, implantés au cœur d’une forêt jadis très épaisse et de «montagnes», jugées impraticables par les colonisateurs français, ont maintenu vivant un système social particulier et une langue propre qui témoignent aujourd’hui encore de l’originalité du groupe ndút ». Thomas Gana Diouf note qu’« en effet, à l’instar des autres groupes sereer du nord-ouest, safeen, noon et Paloor siili, le groupe ndút a façonné et modelé sa langue, s’est exprimé à travers elle. Il l’a gardé comme son bien propre, en évitant longtemps son altération. laquelle langue peut être considérée comme un produit, une partie et une condition de la culture ndút.
Plus qu’en d’autres parties de l’ethnie sereer, les influences Wolof ont tardé à se faire sentir au niveau de la langue. toutefois elles se sont imposées dans le pays ndút, en liaison avec l’islamisation et la christianisation pour lesquelles l’usage de la langue Wolof a été prépondérant ». Il fait remarquer que « actuellement, tous les sereer du ndút comprennent et parlent le wolof ; mais le ndút garde ses droits dans la conversation courante en famille et au village. cependant, les emprunts au Wolof, pour le vocabulaire surtout, se sont généralisés, même parmi les personnes les plus âgées. chez les jeunes, les conséquences de bilinguisme, voire du trilinguisme, commencent à se manifester avec évidence et jouant dans le sens d’un appauvrissement de la langue. la situation linguistique ainsi créée est assurément complexe. elle révèle immédiatement, dès la première approche, les phénomènes sociaux majeurs qui caractérisent la société ndút actuelle, à savoir la diversité des influences socio-culturelles à l’œuvre et parfois en conflit, l’importance des mutations en cours et des réactions de la société ndút, l’existence de coupures profondes ». (A suivre….)
La langue étant « l’indice des sociétés », en l’occurrence, les usages linguistiques étant « les signes symptomatiques d’une crise de la société », Becker de mentionner que « la langue ndút ne coïncide plus avec la société et subit, elle-même, des altérations, là où elle n’est pas supplantées par les langues rivales ». Quant à thomas Gana Diouf, après ses premières tentatives, depuis 1972, d’alphabétiser les ndut, lui, se réjouit aujourd’hui que des « linguistes et des phonéticiens s’y attèlent avec détermination ». et c’est avec fierté qu’il cite « un des illustres fils du ndút, Gabriel Marie Gueye, Maître assistant à l’Ucad, et un des amis du ndút, Daniel Morgan, de la société Internationale de linguistique ». Pour avoir sorti un « manuel pour lire et écrire le ndut », également mis en place un comité d’alphabétisation, dirigé par un autre fils du ndút, Massaër Mbengue, qui est en fait, un collaborateur direct de Daniel Morgan.
Par Xavier DIATTA
LE MARTYRE D’UNE ELEVE CATHOLIQUE A YAVUZ SELIM
Permettez-moi chers amis, de vous raconter une anecdote : entre 2005 et 2009, j’avais ma fille inscrite à Yavuz Sélim. elle faisait partie des rares enfants catholiques dans cette école.
Je me serais bien gardé de donner un avis sur la question, car après mon post sur les assertions récurrentes de certains leaders d’opinion sur la représentativité de la communauté catholique au sein de la population sénégalaise, j’ai eu des retours à faire pâlir un moine en pleine méditation. Mais tant pis ; c’est dans la contradiction qu’éclot la construction.
Permettez-moi chers amis, de vous raconter une anecdote : entre 2005 et 2009, j’avais ma fille inscrite à Yavuz Sélim. elle faisait partie des rares enfants catholiques dans cette école. Pendant 4 années, ses vacances scolaires étaient décalées par rapport à celles des autres élèves du Sénégal : 2 jours à noël, rien à Pâques par contre 2 semaines à la korité et 2 autres à la tabaski. Elle avait même cours le vendredi saint, le lundi de Pâques, le lundi de Pentecôte. Quand j’ai interpellé la direction de l’établissement, il m’a été opposé des dispositions statutaires et réglementaires de l’établissement. Au sein de l’association des parents d’élèves, j’avais été mis en minorité pour ma demande de « conformisation » de l’établissement au calendrier officiel de l’état du Sénégal. comme je suis têtu, j’avais voulu interpeller par écrit Monsieur le Ministre de tutelle avec ampliation Monsieur l’ambassadeur de Turquie à Dakar, mais mon épouse a refréné mes ardeurs en me disant ceci : « Xavier, je n’approuve pas ta démarche. Admettons que tu réussisses à faire ployer l’administration, que retiendra ta fille ? Nous l’avons inscrite dans un établissement dont les fondements éducatifs sont basés sur le modèle des valeurs islamiques, en toute connaissance de cause. Notre fille doit apprendre à se conformer au modèle qui lui est imposé où proposé. où sont passées les valeurs du vivre ensemble que tu prônes ? Si même on lui imposerait le voile, je le lui ferais porter contre vents et marées. Même si elle devrait aller à l’école le jour de Pâques, je l’y conduirais moi-même. Nous avons choisi pour elle, car c’est notre rôle. Nous l’avons fait en toute connaissance de cause. Alors, assumons !!
Je ne te laisserai pas polluer cette enfant. si tu veux mener une bataille inter religieuse, épargne ta fille. Elle ne doit pas servir d’alibi. Par contre, le jour où tu voudras que nous la retirions de là, parce que le modèle ne te séduit plus, nous pourrons en discuter librement. Mais pour le moment enseignons à notre enfant les vraies valeurs de la vie en communauté» avec le recul, j’ai trouvé que mon épouse avait entièrement raison et j’ai laissé ma fille poursuivre son cursus au sein de l’établissement, en participant même aux cours sur l’Islam. Ce qu’elle y a gagné me rend fier aujourd’hui. Elle est devenue plus catholique que jamais. Cette leçon n’a pas seulement éduqué ma fille. Moi aussi, j’ai tiré des enseignements de sagesse. L’actuel déchaînement de toute la presse sénégalaise pour ce non événement alors que les véritables enjeux et ses corollaires éducatifs sont ailleurs….me rend triste. Voir des professionnels de la communication passer à côté de ce que je trouve d’essentiel, pour ne s’occuper que d’un épiphénomène, me désole et me rend nerveux.
Pendant que les 99/ 100 des élèves du Sénégal sont encore en vacances, l’à peine, un centième restant commence une nouvelle année studieuse avec un programme propre sans que les hectolitres de larmes de la multitude qui a échoué en Juillet dernier ne nous interpellent … et les parents de ceux qui vont ravir tous les prix du concours général 2020, voudraient enfermer tout le peuple sénégalais dans une préoccupation qui n’est pas la sienne. tous ces énarques de l’éducation, y compris nos brillants imams, qui s’en donnent passionnément avec des théories aussi fallacieuses qu’inopportunes me font peur. en lieu et place d’une véritable introspection pour faire avancer notre système éducatif, à l’image de ces bonnes écoles comme Jean d’arc, on nous plonge dans une querelle de borne fontaine. nous sommes à un mois de la rentrée scolaire officielle, préoccupons-nous plutôt de l’aventure annoncée de la suppression du CFEE. Une mutation qui transformerait le cycle primaire en une méga garderie d’enfants et d’adolescents, auxquels, aucune évaluation sérieuse, parait-il, ne viendrait sanctionner 9 années d’apprentissage (maternelle comprise). De plus, Yavuz Sélim, Jeanne d’arc, Mariama Niasse et autres, c’est une affaire de « bourgeoise bourguignonne » sénégalaise. laissons ces aristocrates régler leurs problèmes entre eux. en hommes cultivés, Ils finissent toujours par s’entendre. Refusons d’être enfermé dans ces petites considérations « mystico-magico religieuses » dont les pourfendeurs n’y croient même pas…
Que ces gamines soient en cheveux naturels, en crânes rasés ou en foulards, apprenons-les, plutôt, à s’adapter aux différents contextes et vicissitudes de la vie. Que nous, parents, nous nous fassions violence pour laisser nos enfants apprendre à se conformer aux règles et dogmes de la vie, car il y en aura toujours des règlements intérieurs ou extérieurs, partout où ils iront.
Xavier DIATTA
ancien parent d’élève à Yavuz Selim
DIOURBEL PERD PLUS DE 2 500 ENFANTS PAR AN
«La situation est très grave. En termes de nombre de décès néonatal, la région de Diourbel est la deuxième la plus touchée, après Dakar, avec plus de 2 500enfants par année.
La mortalité néonatale notée au niveau de Diourbel inquiète le médecin-chef de région. Docteur Balla Mbacké Mboup intervenait jeudi dernier, lors d’une réunion de concertation régionale des partenaires et acteurs de la santé. Lequel cadre de concertation est mis en place par le gouverneur, sur instruction du ministre de la Santé etde l’action sociale.
«La situation est très grave. En termes de nombre de décès néonatal, la région de Diourbel est la deuxième la plus touchée, après Dakar, avec plus de 2 500enfants par année. Soit un taux de 31 pour 1 000.» L’aveu a été fait jeudi dernier par le médecin chef de région. Pour Docteur Balla Mbacké Mboup, ce phénomène constitue aussi une grosse priorité pour le ministère de la Santé qui est en train de voir comment mettre en place un programme. Même si, dit-il, il y a déjà des programmes qui sont mis sur pied pour lutter contre cette mortalité ; d’où l’importance du programme de l’Unicef sur l’hygiène des maternités et celui de la lutte contre la mortalité néonatale. Ainsi, poursuit-il,«déjà avec l’Unicef, on a une unité de néonatalogie à l’hôpital de Ndamatou de Touba qui gère beaucoup d’urgences».
A en croire Dr Mboup, l’hôpital Heinrich Lübke de Diourbel est en train de construire une nouvelle pédiatrie avec une unité de néonatalogie. Selon lui, ce n’est pas encore suffisant, mais avec cela on peut arriver à assurer la gestion des urgences néonatales. Il a aussi fait savoir que les acteurs de santé doivent être formés à la détection des urgences néonatales et à la prise en charge au niveau des centres de santé avant leur évacuation au niveau des hôpitaux.
Revenant sur l’initiative de ladite rencontre, Dr Mboup a tenu à préciser que c’est un cadre qui permet de réunir tous les partenaires qui sont dans le secteur régional de la santé pour qu’ils puissent trouver des mécanismes de synergie et de mutualisation des efforts afin d’atteindre les objectifs de santé et de développement qui sont assignés à la région. «C’est un cadre qui permet à tout le monde de voir ce que les partenaires font dans quel domaine, pour quel objectif et de voir comment ils peuvent mutualiser leurs efforts pour que les objectifs de santé puissent être atteints. L’objectif du cadre est de voir comment fédérer tout ce que les partenaires font pour atteindre le même objectif», a-t-il ajouté. Abordant la question de la gestion des urgences, le régional de la santé a rappelé qu’en fin 2017, tout le ministère était venu à Diourbel pour parler de la gestion des urgences.
«A l’issue de cette rencontre, on a fait un plan régional et aujourd’hui la Coopération luxembourgeoise a mis beaucoup de millions de francs Cfa pour que la gestion des urgences puisse être améliorée dans la région. Ce, en mettant de l’ordre dans les Services d’accueil et d’urgence (Sau) ainsi qu’au niveau des Unités d’accueil et d’urgence (Uau) qui sont dans la région, en dotant la région d’un centre de régulation des appels.
Mais aussi de former les acteurs qui sont au niveau de la gestion des urgences pour qu’ils soient beaucoup plus capables à les gérer.»D’autant plus que, dit-il, Diourbel est une zone d’urgence avec la pléthore d’événements religieux et le Magal de Touba en particulier. «C’est pourquoi nous nous sommes tous unis pour mettre tous nos moyens sur la gestion des urgences : traumatiques, obstétricales, néonatales, entre autres», a-t-il déclaré.
VIDEO
TOUTE LA VÉRITÉ SUR L'ACCIDENT DE L'ÎLOT SARPAN
EXCLUSIF SENEPLUS - Les causes de l'accident, le nombre et l'identité des personnes décédées, comment les survivants ont lutté contre la mort - TÉMOIGNAGES AUDIO DES RESCAPÉS DU DRAME
Il est exactement 12 heures à l'hôpital principal de Dakar. A l'urgence, des hommes et femmes attendent que les autorités les renseignent un peu plus sur la situation des victimes de l'accident de la pirogue ayant fait 4 morts (bilan provisoire) au large de l'îlot Sarpan, encore appelé île de la Madeleine. Des rescapés descendent d'un bus des sapeurs pompiers et de quelques ambulances mobilisées pour leur évacuation. La démarche hésitante, deux jeunes hommes qui viennent de sortir de la salle d'urgence, cherchent désespérement une place pour se remettre les idées en place. Ils viennent d'échapper à la mort. Les yeux rouges de sommeil, les pieds enflés et remplis d'épines, ils ont vécu entre lundi et mardi, la plus longue nuit de leur vie. Préférant garder l'anonymat, ils sont revenus avec précision sur les causes et le déroulement de l'accident.
Ecoutez l'audio.
26 ANS DE DRAME EN MER
Entre surcharges des pirogues, non respect des consignes météorologiques, des infrastructures défectueuses, entre autres, les causes des catastrophes maritimes sont nombreuses
Du naufrage du bateau le Joola au chavirement d’une pirogue de touristes aux larges des Iles de la Madeleine, la série macabre des drames en mer se poursuit au Sénégal, avec de nombreuses pertes en vies humaines. Entre surcharges des pirogues, non respect des consignes météorologiques, des infrastructures défectueuses, entre autres, les causes des catastrophes maritimes sont nombreuses. Retour sur quelques drames en mer marquant lors du dernier quart de siècle.
Bettenty 1 (1993) : 11 morts
En partance pour la Gambie, 16 ressortissants de Bettenty perdaient la vie dans un chavirement de pirogue. Il y a eu onze morts et cinq survivants.
Le Joola (2002) : 1863 morts
Le 26 septembre 2002 coulait le bateau le Joola faisant 1 863 victimes. C’est la plus grande catastrophe maritime de l’histoire.
Bettenty 2 (2017) : 21 morts
Le 25 avril 2017, une pirogue chavire à Bettenty et fait 21 pertes en vies humaines.
Joal (2018) : trois morts
Le 5 février, trois personnes périssent dans le chavirement d’une pirogue.
Ziguinchor (2019) : huit morts
En mai 2019, à Ziguinchor une pirogue chavire et fait, dans un premier temps cinq morts. Trois personnes sont portées disparues et 24 autres ont pu être sauvées.
Matam (2019) : trois morts
Le 26 mars, une pirogue comptant à son bord 30 personnes chavirait au milieu du fleuve Sénégal, à hauteur du village de Dollol (région de Matam). Trois enfants y ont perdu la vie. Les 27 autres ont été secourus de justesse.
Îles de la Madeleine (2019) : quatre morts
Le 16 septembre, une pirogue de touristes fait un chavirement. Le bilan provisoire est de quatre morts.
PAR l'éditorialiste de seneplus, Abdoul Aziz Tall
DU RESPECT À L'ÉGARD D’IBA DER THIAM ET SON ÉQUIPE
La parution des premiers tomes de l'Histoire Générale de Sénégal a donné lieu à des contestations, dont certaines ont été totalement démesurées, en ce qu'elles portent les marques d'une violence inouïe que rien ne justifie
La parution des premiers tomes de l'Histoire Générale de Sénégal a donné lieu à des contestations, dont certaines ont été totalement démesurées, en ce qu'elles portent les marques d'une violence inouïe que rien ne justifie.
D'abord parce ce travail est une œuvre humaine. Par essence, aucune œuvre humaine n'est parfaite. Elle est donc forcément sujette à des observations, critiques et débats. Le tout devant se faire sans animosité, ni passion inutile, autant d'attitudes qui sont aux antipodes d’une démarche scientifique. N’eût-il été plus simple, dès lors qu'on a des observations sur le document, de s'adresser par voie épistolaire au coordonnateur Iba Der Thiam pour lui signifier ses réserves ? Il l'aurait bien volontiers examiné avec bienveillance et soumis à l'excellente équipe qu'il dirige, composée d'éminents scientifiques, doublés d'une objectivité, soumis à la rigueur de leur métier et animés d'un patriotisme qui ne leur a jamais fait défaut. Ceux là, ont consenti des sacrifices énormes dans la recherche, la réflexion, le travail de synthèse. En dépit de tout cela, il y aura toujours des contestations. Iba Der et son équipe ne sont ni dans la partisannerie, ni dans le favoritisme encore moins dans la compromission. C'est des honnêtes Hommes. A savoir intègres et détachés du soucis de paraître et de la vanité, d’une probité morale que nul ne saurait mettre en doute. La réponse du professeur Iba der Thiam, dès le début de certaines contestations aurait du suffire à calmer les esprits. Il a fait preuve de dépassement en annonçant publiquement que toutes les observations seront les bienvenues et qu'il n'exclut pas de reprendre avec son équipe, celles qui seront fondées. C'est cela l’esprit chevaleresque de l'intellectuel doublé de l'humilité du croyant qui demeure persuadé qu'il n'a pas le monopole de la vérité. Cela n'a pas empêché certaines personnes, animées d'un esprit de critiques, de se lancer dans des invectives, des insanités et autres gros mots.
Le professeur Iba Der Thiam n'a plus rien à prouver dans ce pays, voire même en Afrique et dans le monde. Il fait partie des plus grandes sommités au monde dans son domaine. Il a enseigné de l’élémentaire aux universités, dirigé des travaux de thèse et de recherche. Ministre, il a géré l'éducation nationale de l’élémentaire à l'université. En dépit de son âge avancé, il continue de servir bénévolement son pays, considérant que tant qu'il lui restera un souffle de vie, il devra le lui consacrer. Un homme comme celui-là, on lui doit respect, considération et beaucoup d'égards. Je suis sûr que ces attaques infondées ne feront que renforcer sa foi de musulman et de croyant. Ce n'est pas à l'historien accompli à qui on enseignera que l'histoire est remplie de faits marqués par des attaques agressives envers de Grands Hommes qui ont su relever le défi, en s’adossant aux valeurs de leur religion, de leur culture et de l'éducation reçue de leur milieu familial.
Abdoul Aziz Tall est Conseiller en Management, ancien ministre.
AUX ORIGINES D'UNE INIMITIÉ
Elles se mènent actuellement une guerre par presse interposée. Mais le différent qui oppose l’actuelle présidente du CESE Aminata Touré à sa prédécesseure Aminata Tall dure depuis plusieurs années
Les faits et gestes qui rythment désormais les rapports entre les deux personnalités de l’Alliance pour la République (Apr) que sont Mme Aminata Touré et Aminata Tall, rensei- gnent sur l’état de leur relation qui, actuellement est au plus bas niveau. Le Témoin revient sur l’origine de l’inimitié maladive de Aminata Tall envers Mimi Touré...
Elles se mènent actuellement une guerre par presse interposée. Mais le différent qui oppose l’actuelle Présidente du conseil economique, social et environnemental (cese), Aminata Touré, à son prédécesseur Aminata Tall dure depuis plusieurs années. Mais d’où est venue alors la froideur qui, aujourd’hui, caractérise les relations entre les deux dames ? La question vaut son pesant d’or. L’inimitié qui s’est installée entre les deux personnalités de l’Alliance pour la République est telle qu’il y a bien anguille sous roche. Non seulement ces deux grandes dames du régime en place s’évitent ostensiblement dans les cérémonies publiques mais en plus, elles prennent plaisir à se lancer des piques par médias interposés.
Et Mimi Touré éclipsa Aminata Tall
Ancienne élève de l’École normale des jeunes filles de Rufisque, puis de Thiès, où elle obtient son Baccalauréat série D, Aminata Tall est titulaire d’un doctorat obtenu au canada et a enseigné à l’École normale supérieure de Dakar. Elle fut aussi ancien ministre d’état, ministre des collectivités locales et de la Décentralisation et également députée-maire de Diourbel. En août 2003-2004, Aminata Tall est nommée ministre d’État auprès du président de la République. Entre 2004-2006, elle devient ministre d’état, ministre des collectivités locales et de la Décentralisation. En mars 2006-février 2007, elle est nommée ministre d’état auprès du président de la République. En octobre 2009, elle devient secrétaire générale de la présidence de la République, succédant ainsi à Abdoulaye Baldé nommé ministre des Forces armées. Le 1er avril 2012, elle est nommée par le président Macky Sall, secrétaire générale de la présidence de la République. Le 17 janvier 2013, elle devient présidente du Conseil économique social et environnemental avant d’être dégommée et remplacée le 14 mai 2019 par Mimi touré, son ennemie jurée. À l’instar d'Aminata Tall, Mimi touré a aussi fait un cursus sans faille. En effet, l’actuelle « patronne » du Conseil économique, social et environnemental a effectué son cycle élémentaire à Tambacounda (où son père, médecin, était affecté) avant d’entamer ses études secondaires au lycée Gaston-Berger de Kaolack. En 1981, elle est lauréate du concours général en économie et bachelière en série B, au lycée Van Vollen- hoven de Dakar. Elle étudie ensuite en France et obtient une maîtrise d’économie à Dijon, un DESS de gestion des entreprises à aix-en-Provence et un PHD en management international à l’International school of Management (ISM), Paris. Elle commence sa carrière profession- nelle en 1988, au sein de la compagnie des transports publics de Dakar, la Sotrac, dont elle dirige le département marketing et communication.
Contrairement à Aminata Tall, Mimi Touré a commencé à militer depuis l’âge de 14 ans en étant active dans les milieux universitaires français de gauche et membre de la Ligue communiste des travailleurs (lCT), futur Mou- vement pour le socialisme et l’unité (MSU). Lors de la campagne électorale de 1993, elle est la première sénégalaise directrice de cam- pagne pour le compte de Landing Savané dont elle rejoint le parti l’année suivante. Son engagement humanitaire est aussi incontestable. Car, Aminata Touré a été ensuite directrice des programmes de l’association sénégalaise pour le bien-être familial (asbef). À partir de 1995, elle travaille pour le Fonds des nations unies pour la population (FNUAP), d’abord comme conseillère technique principale au ministère de la Famille et de l’action sociale du Burkina Faso puis en qualité de conseillère régionale du FNUAP pour les pays africains francophones et coordinatrice du programme « Genre et VIH » en Afrique de l’ouest pour le bureau régional du Fonds des nations unies pour la Femme. Elle encourage notamment la planification fa- miliale et la santé de la reproduction.
Contrairement à sa prédécesseure qui a eu un cursus professionnel purement « local », Aminata Touré, elle, rayonne à l’international. Après la sous-région ouest-africaine, elle est nommée en 2003 à New-York, directrice du département droits humain du FNUAP. En 2010, Mimi Touré quitte le New Jersey pour devenir directrice du cabinet de Macky Sall, président de l’Alliance pour la République, et participer l’année suivante à l’écriture du programme de Sall pour la campagne électorale de 2012. Après la victoire de ce denier, elle succède à Cheikh Tidiane Sy comme ministre de la Justice dans le gouvernement Abdoul Mbaye. Femme de transparence, elle avait déclaré officiellement son patrimoine qui était composé de deux immeubles au Sénégal et un autre aux États-Unis, des biens immobiliers estimés à 777 millions de francs cFa. Le 1er septembre 2013, Aminata Touré est nommée Première ministre et forme son gouvernement dès le lendemain. En février 2015, elle est nommée par Macky Sall au poste d’envoyée spéciale du président de la République, pour toutes sortes de missions nationales et internationales. Le 14 mai 2019, Mimi Touré succède à Aminata Tall. Inutile de dire qu’entre les deux femmes, la haine est très forte.
Dans l’entourage de l’actuelle patronne du CESE, on dénonce un « désir compulsif d'Aminata Tall de déraciner et de détruire Mimi Touré ». Un acharnement qui s’apparenterait au comportement d’une personne souffrant de troubles obsessionnels. Une "haine" qui serait soutenue par l’animosité partisane de nombreux « républicains » de l’Alliance pour la Ré- publique. Ces supporters d'Aminata Tall ne supporteraient pas de voir l’ancienne Premier ministre noyer leur championne au côté de leur leader Macky Sall mais aussi sur le plan national. Dans le camp d’Aminata Tall, on accuse Mimi d’être trop ambitieuse et de viser rien moins que le fauteuil de président de la République !
LES TARIFS DE LA DISCRIMINATION
Les tarifs différentiels pratiqués sur la chaloupe Dakar-Gorée contrarient beaucoup de touristes qui y voient un signe de racisme à l’envers.
Les tarifs différentiels pratiqués sur la chaloupe Dakar-Gorée contrarient beaucoup de touristes qui y voient un signe de racisme à l’envers. Pour beaucoup, c’est injuste, regrettable, exagéré et discriminatoire qu’un touriste français par exemple paie 5 200 francs Cfa là où un Sénégalais ne paye que 1 500 f, soit 3fois moins. Au Monument de la renaissance africaine ou au Musée Ousmane Sow, c’est le même schéma qui est reconduit. Dans ce reportage, nous donnons la parole à ces touristes rencontrés sur le site des différentes attractions de la ville de Dakar. De Gorée au Monument de la renaissance, en passant par Les dents de lamer ou le Musée Ousmane Sow, les avis divergent. Si les uns n’hésitent pas à parler de discrimination, pour les autres, ces différents tarifs s’expliquent parfaitement.
Les Zimbabwéens ont connu le racisme à l’envers avec l’instauration par Mugabé d’une politique visant à exproprier et chasser les Blancs. Au Sénégal, nous n’en sommes pas encore là. Mais les tarifs pratiqués parla chaloupe reliant Dakar à Gorée, ainsi que dans d’autres sites historiques et lieux de mémoires, sentent la «discrimination» et le «racisme», si l’on en croit certains touristes qui ne demandent qu’à visiter et connaître Gorée pendant leur séjour au Sénégal. C’est l’avis de Franck Alliot, trouvé à l’embarcadère de Dakar, juste devant le guichet. M. Alliot tient entre ses mains un ticket qu’il a acheté à 5 200 francs Cfa et qu’il trouve «coûteux», comparé aux tarifs fixés aux Goréens (600 f/mois ou moins pour les enfants), aux nationaux (1 500 f pour adulte et500f pour les moins de 15 ans)et aux résidents africains (2700 f pour adulte et 1 700 pour les moins de 15 ans). Ce touriste français qui veut visiter Gorée et voir la Maison des esclaves juge «injuste» et«inacceptable» que ces tarifs soient pratiqués pour un site aussi symbolique que Gorée.«Le prix est cher par rapport aux Goréens, Africains, ou résidents sénégalais. Il y a un gros écart», note-t-il, regrettant encore de devoir payer une autre taxe une fois sur l’île. Sonami Sambito Joseph qui espère découvrir l’île aux esclaves, au même titre que lui, n’est pas moins critique vis-à-vis des autorités de la Liaison maritime Dakar-Gorée (Lmdg). Les tarifs pratiqués sont également à ses yeux «injustes», «exagérés», «discriminatoires».«C’est à la limite du racisme anti-blanc», fulmine t-il. Poursuivant son propos, il remarque que : «Cette différence de prix n’existe pas en France. Tout le monde paie le même prix, point barre. On esttous pareil. Mais là, ils font une différence. Je trouve que ce n’est pas bien.» Cela dit, rien ne gâchera au binôme le plaisir de découvrir l’île mémoire, petite par la taille, mais grande par l’histoire.
Une différence qui ne s’explique pas
Nadine Awassou et son groupe, tous aussi emballés que les premiers, sont eux moins chanceux. Arrivés quelques minutes après le départ de la chaloupe de 16h, ils sont obligés de patienter ¾ d’heures avant le prochain départ. Les touristes d’origine ivoirienne cherchent alors à meubler leur temps en attendant la prochaine chaloupe. Ils optent pour le Musée des civilisations noires, fraîchement inauguré et dont ils ont entendu parler. «Ce n’est pas très éloigné de l’embarcadère. On peut y aller et revenir avant 17h», décide la bande à Nadine. 20 minutes après, ils reviennent sans l’avoir visité. «On nous a dit que c’était fermé.» La visite de Gorée, elle se fera à tout prix. «Depuis l’école primaire, on entend parler de Gorée dans nos livres et bouquins. A cet endroit il y a eu la traite négrière. Gorée était le point de départ des esclaves vers l’Occident. Elle est un endroit important pour nous. On s’est dit une fois à Dakar qu’on va visiter», confie la chef de la troupe. En tant que résidents africains, elle et ses compatriotes ont déboursé chacun 2 700f Cfa pour s’offrir une place dans la chaloupe. Et comme le premier lot d’interviewés, pour Nadine, cette différence de tarifs entre les résidents nationaux, les résidents en Afrique et les non-résidents en Afrique ne s’explique vraiment pas.
«L’écart est quand même énorme. Je comprends que pour la valorisation de l’Île, l’entretien de l’endroit, la logistique, ils fixent des prix différents. Mais 1 200 f de différence entre les nationaux et les résidents en Afrique et 2500f entre ces derniers et les non-résidents en Afrique, c’est juste énorme et exagéré», soutient-elle. En lieu et place de ces prix, elle suggère des tarifs plus «justes» et «équilibrés».«Pourquoi ne pas harmoniser les prix entre les Sénégalais et les autres pays africains ?»,lance-t-elle. Comme Nadine, la plupart des personnes interviewées ne s’expliquent pas que, dans une île aussi renommée que Gorée et qui a connu le commerce des esclaves, la traite négrière, le racisme, on pratique un tarif différentiel basé sur la race. «C’est une forme de ségrégation», note-t-on de part et d’autre.
Redistribution inéquitable
Mais si d’aucuns voient d’un mauvais œil ce tarif pratiqué par la Liaison maritime Dakar Gorée, d’autres sont persuadés que c’est totalement «juste» et«normal». C’est justement le cas de Sébastien qui accepte ce tarif sans sourciller. «Je ne suis pas d’accord que les Occidentaux viennent et payent comme les autres pays d’Afrique», note-t-il d’une voix discordante. «Je l’accepte parce que nous sommes des touristes. On a un peu plus les moyens. Pour nous, 5 200f Cfa c’est… Chez nous, une visite classique d’une île ce sera largement plus cher que ça»,explique-t-il pour se défendre. Pour certains habitants de l’île, c’est également très normal de payer 600f le mois, là où le touriste ne paye peut-être que 5200f Cfa une fois toute l’année.«600f fois 12 font 7 200f Cfa. Ça vaut le coût pour le touriste qui ne vient généralement à Gorée qu’une fois l’année de payer 5 200 F Cfa», note Amadou Barry. Pour ce jeune habitant de Gorée, les priorités sont ailleurs. Il s’offusque de la redistribution «inéquitable»de l’argent qui émane du trafic Dakar-Gorée et plaide pour que l’argent revienne aux Goréens.
«Nous devrions pouvoir bénéficier des rentrées d’ argent. Mais Dakar gagne plus de ce port que les Goréens. A l’époque, le port versait un budget annuel à Gorée, mais ce budget n’existe plus. Aujourd’hui, Gorée souffre du chômage. Beaucoup de jeunes chôment parce qu’ils ne peuvent pas tous vivre du tourisme», se lamente-t-il. Quid de la taxe municipale exigée aux touristes une fois sur place? «Les 500f Cfa servent à lutter contre la violence, à recruter des maîtres-nageurs, et des gens chargés du nettoiement de l’île. Mais il arrive que les touristes refusent catégoriquement de payer cette taxe. Et en viennent même aux mains avec les agents chargés de la collecte», renseigne-t-il.
"UN BUDGET AU CHEF DE L’OPPOSITION REVIENDRAIT À TUER LA DEMOCRATIE"
Mouhamadou Ngouda Mboup se prononce sur le statut de l’opposition, le fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental et la situation au parti démocratique sénégalais
Aminata Mbengue Ndiaye serait pressentie pour diriger le Haut conseil des collectivités territoriales. Si cela se confirmait, la première secrétaire générale adjointe du Parti socialiste serait à la tête d’une institution dont les statuts ne prévoient aucune disposition en cas d’empêchement de son président. L’alerte est de Mouhamadou Ngouda Mboup qui appelle donc à une réforme de cette institution. Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur en Droit public à l’université de Dakar se prononce sur le statut de l’opposition, le fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental et la situation au parti démocratique sénégalais.
Qui doit incarner le chef de l’opposition ?
Nous avons déjà produit, dans le cadre des contributions citoyennes avec l’Ong 3-D, des réflexions en ce sens. A la suite du référendum du 7 janvier 2001 qui marque l’avènement de la 3ème République sénégalaise, l’opposition a acquis une place de choix dans la Constitution. Ce nouveau paradigme permet de préciser que les régimes ont évolué. Maintenant, on assiste à une séparation entre la majorité et l’opposition. La vision d’un gouvernement modéré théorisé par Montesquieu, qui permettait la liberté politique, a connu de nouvelles orientations. Un gouvernement modéré est celui qui accorde une place de choix à l’opposition et qui favorise l’alternance. Donc, l’article 58 de la Constitution de 2001 sur le statut de l’opposition est très symbolique, parce qu’il vient après le gouvernement du point de vue de la numérotation, du positionnement mais aussi de l’innovation. A ce propos, il faut rappeler que l’opposition sénégalaise commence à avoir une assise institutionnelle. C’est pourquoi ce qui a été écrit en 2001 a été substantiellement enrichi en 2016. Avec les travaux de la Commission nationale de réforme des institutions, l’article 14 qui proposait une nouvelle Constitution a eu une nouvelle approche de la notion de l’opposition. Dans la rédaction initiale de la Constitution de 2001, à travers l’article 58, l’opposition qui devait porter ce statut, était l’opposition majoritairement représentée à l’Assemblée nationale.
Ace niveau, il y avait une conception arithmétique de l’opposition. C’était bien la minorité à l’Assemblée nationale qui constituait l’opposition et à qui revenait de droit ce statut. Avec les travaux de la Cnri, l’article 14 faisait sauter l’opposition parlementaire pour avoir une approche organique de l’opposition. Désormais, le statut de l’opposition puisé dans les travaux de la Cnri concerne l’opposition parlementaire et extra parlementaire. On est passé d’une conception arithmétique de l’opposition à une conception organique. Désormais la notion d’opposition trouve sa source et ses fondements dès l’article 4 de la Constitution, ce qui veut dire que ce statut pourrait même revenir
à une entité indépendante. C’est un statut identifié et attaché à un leader. En gros, avant 2016, c’était très clair que le statut de l’opposition était lié au chef de la minorité parlementaire. Entretemps aussi, il s’est passé une chose très importante : la suppression du poste de Premier ministre. Ce qui fait que les élections législatives ne sont plus des
élections de décision mais de sélections de représentation. L’élection de décision, c’est la Présidentielle qui devient l’étalon de mesure pour jauger de la légitimité de celui qui doit être le chef de l’opposition. En clair, ce titre doit revenir à Idrissa Seck qui a été le second choix des Sénégalais à l’issue de l’élection présidentielle.
Et non le Pds ?
C’est impossible. En réalité, on ne parle pas de l’opposition parlementaire. Si ce statut devait revenir au Pds, on retournerait dans la conception arithmétique, alors que le constituant sénégalais a désormais une conception o r g a n i q u e . Constitutionnellement et techniquement, la Constitution a réglé le problème. Toutefois, ce statut de l’opposition pourrait faire l’objet de concertations. A la suite d’élections législatives, s’il y a de nouvelles forces en place, on pourrait réorganiser et dans le cadre de la notion de gentleman agreement, revenir à l’opposition qui a le plus de députés à l’Assemblée nationale. Le statut de l’opposition tel que formulé dans la Constitution ne rejette pas qu’il soit incarné par la minorité parlementaire. Mais de droit, la Constitution le confère au second choix à l’élection présidentielle.
Mais cette opposition est divisée sur la question…
C’est le charme de la démocratie. Le premier élément de la démocratie, c’est le conflit. La démocratie n’est pas synonyme de paix mais d’apaisement et forcément, il y a des intérêts en jeu. Pour le statut de l’opposition, c’est normal. S’il est conféré à Idrissa Seck, ça va forcément le mettre dans une posture de légitimation pour mieux se préparer encore en 2024. Idrissa Seck a raté la Présidentielle de 2012avec tous les aléas que cela comportait. Il a pris du poids en2019, quelle que soit la formule utilisée. L’élection présidentielle n’est pas une question de coalitions mais de personne. L’imagede la personne est importante.Idy2019 était une coalition degreffe. Maintenant ? La personne de Idrissa Seck était importante. Idrissa Seck pouvait prétendre à accéder à la Magistrature suprême. Ousmane Sonko pouvait aussi accéder à la Magistrature suprême. L’image de Ousmane Sonko était beaucoup plus décisive que Pastef son parti qui était logé dans une coalition. A l’élection présidentielle, c’est la personne qui intéresse les Sénégalais. L’appareil est certes important, mais c’est l’image de la personne qui est essentielle durant une élection présidentielle.
Si nous revenons au statut du chef de l’opposition, il faut convenir qu’il est beaucoup plus un titre honorifique. Celui qui l’exerce n’a pas le pouvoir de décision et il n’est pas l’élu des Sénégalais. Aussi, il faut préciser que le chef de l’opposition n’est pas nommé mais désigné. Il ne revient pas au président de la République de nommer le chef de l’opposition. On désigne le chef de l’opposition, ce qui va encadrer tout pouvoir discrétionnaire à cet effet. C’est à ce niveau que la loi doit préciser comment on doit désigner le chef de l’opposition. Le chef de l’opposition aura certainement des avantages mais sera aussi soumis à des obligations. D’ailleurs la Constitution lui confère des droits et le soumet à des devoirs.
Comme ces 2 milliards de fonds, d’après Mamadou Lamine Diallo…
Pour moi, cette déclaration est exagérée. Pour le statut du chef de l’opposition, on fausse le jeu quand on parle d’argent. Cela n’a rien à voir.
«Désormais, le statut de l’opposition puisé dans les travaux de la Cnri concerne l’opposition parlementaire et extraparlementaire. On est passé d’une conception arithmétique de l’opposition à une conception organique.»
Est-ce qu’on doit affecter des fonds au chef de l’opposition ?
Ce n’est pas obligatoire. Il n’y a pas d’obligations à lui conférer un patrimoine. C’est à l’opposition de chercher son propre patrimoine. L’Etat n’a pas l’obligation de mettre à sa disposition un budget. Par contre, l’Etat a l’obligation de lui conférer des avantages qui siéent. Le statut du chef de l’opposition donne un rang protocolaire : un avantage.
Cela vient après le gouvernement dans la Constitution. Cela signifie que le chef de l’opposition a un rang de ministre ou de président d’institution. Ce ne serait pas anticonstitutionnel parce qu’en 2009 le poste de vice-président était logé dans l’article 26qui parlait du président de la République sans être évoqué dans l’article 6 qui énumère les institutions. Cela signifie que le chef de l’opposition devrait être installé lors des cérémonies officielles, sur la même ligne que les présidents d’institution. J’ai suggéré que durant certaines cérémonies qu’il soit à côté du président de la République pour symboliser l’unité, notamment le jour de la fête de l’indépendance. Ce serait mémorable que le président de la République soit aux côtés du chef de l’opposition, y compris même tous les membres de l’opposition. Pour les autres avantages, c’est aux acteurs d’en décider. Mais donner de l’argent, soit un budget consistant au chef de l’opposition, reviendrait à diviser l’opposition. Cela va tuer notre démocratie dans un sens où on donnerait un trésor de guerre au chef de l’opposition. Ce serait une manne financière quine se justifierait pas et ça pourrait se retourner contre ce chef de l’opposition. On doit lui trouver des moyens pouvant lui garantir de faire son travail d’opposant dans un système de démocratie de contribution et de démocratie de contestation. Le statut de l’opposition n’est pas lié à une question d’argent.
Est-ce que les Sénégalais ont besoin d’un statut de l’opposition ?
Ce sont eux qui l’ont mis dans la Constitution en 2001 puis renforcé en 2016 lors du référendum. Ce sont les Sénégalais qui ont aussi dit oui à l’augmentation du nombre de membres du Conseil constitutionnel de 5 à 7. Ils l’ont fait pour le Haut conseil des collectivités territoriales. Pourquoi on devrait le refuser à l’opposition ? Cela devient injustifié de dire que ce n’est pas un besoin. Les opposants qui s’agitent contre ce statut, ne veulent pas que leurs droits soient renforcés. Le statut de l’opposition ENTRETIEN AVEC… Mouhamadou Ngouda Mboup, constitutionaliste Aminata Mbengue Ndiaye serait pressentie pour diriger le Haut conseil des collectivités territoriales. Si cela se confirmait, la première secrétaire générale adjointe du Parti socialiste serait à la tête d’une institution dont les statuts ne prévoient aucune disposition en cas d’empêchement de son président. L’alerte est de Mouhamadou Ngouda Mboup qui appelle donc à une réforme de cette institution. Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur en Droit public à l’université de Dakar se prononce sur le statut de l’opposition, le fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental et la situation au parti démocratique sénégalais. Un budget au chef de l’opposition reviendrait à tuer la démocratie» Propos recueillis par Babacar Guèye DIOP-bgdiop@lequyotisien.sn «Désormais, le statut de l’opposition puisé dans les travaux de la Cnri concerne l’opposition parlementaire et extraparlementaire. On est passé d’une conception arithmétique de l’opposition à une conception organique.» www.lequotidien.sn Le Quotidien n Mardi 17 Septembre 2019 N° 4969 POLITIQUE 5 renforce les droits de l’opposition en lui donnant une personnalité juridique, le pouvoir d’ester en justice, d’avoir une visibilité institutionnelle. Dans nos pays, l’opposition ne gère rien du tout et ce statut sera un moyen de la responsabiliser. Main - tenant, il n’y a pas encore de loi qui fixe les missions du chef de l’opposition. Cela veut que le législateur n’a pas légiféré sur une question à laquelle le constituant l’appelle à prendre une loi. D’après l’article 67 de la Constitution, c’est le Parlement qui doit prendre cette loi. Donc, cela va être une loi ordinaire, car la Constitution n’a pas renvoyé à une loi organique. Cela veut dire que le chef de l’opposition n’est pas logé à la même enseigne que les institutions énumérées à l’article 6. Bref, c’est un titre honorifique garant de la continuité du processus démocratique, de la légitimité institutionnelle.
Vu la configuration de l’opposition, un chef de l’opposition ne souffrait-il pas d’un problème de légitimité ?
L’opposition sénégalaise est en crise. C’est à la fois une crise latente et apparente. Nous avons une opposition qui peine à mobiliser les Sénégalais sur certaines questions mais aussi à faire un projet fondé sur une offre politique alternative. La crise apparente est due au fait que l’opposition est composée de blocs à l’intérieur desquels il y a des fissures. Lors de l’élection présidentielle, le Pds, un des plus grands partis du pays, a quasi-boycotté. Ce sont des prolongements de la cassure qu’il y a eue lors des Législatives de 2017 entre, par exemple, le Pds et Taxawu Dakar. Au sortir de l’élection présidentielle, les 4 candidats malheureux ont pensé qu’ils pouvaient parler au nom de toute l’opposition. Ils se consultaient et sortaient des communiqués. Mieux, l’opposition n’a pas pu faire sa rentrée politique. Jusqu’à présent, l’opposition n’a pas fait sa rentrée politique. Au de-là de ça, les partis d’opposition sont en crise. On voit ce qui se passe au Pds. Les nouveaux partis se cherchent. Pastef a un leader qui a pris du poids politique mais le parti ne suit pas. A côté de Sonko, on ne voit pas de leaders de Pastef qui émergent ou qui prennent du poids politique. Cela pose un problème d’organisation et de stratégie. Le leader est là mais il y a un problème structurel.
Cela m’interroge et me pousse à me demander où veut aller l’opposition ? Elle est dans des combats où certains se reconnaissent et d’autres non. Pour le dialogue politique, certains le fustigent et d’autres y sont. Il y a même des opposants qui rejettent le dialogue alors qu’ils ont leurs représentants là-bas. Cette crise de l’opposition ne peut pas permettre un rééquilibrage des forces politiques. Il y a beaucoup de questions sur lesquelles le pouvoir est en position de faiblesse mais l’opposition peine à saisir la balle au rebond pour faire des propositions alternatives. Ce, parce que l’opposition en général ne se fait entendre que sur des questions électorales, voire électoralistes ou dans des batailles de positionnement entre ses leaders ou militants.
Dans la situation au Pds, qui est dans la légalité, entre Me Abdoulaye Wade et le groupe de Oumar Sarr ?
L’élection de décision, c’est la Présidentielle qui devient l’étalon de mesure pour jauger de la légitimité de celui qui doit être le chef de l’opposition. En clair, ce titre doit revenir à Idrissa Seck qui a été le second choix des Sénégalais à l’issue de l’élection présidentielle.»
Le Pds a toujours fonctionné ainsi. En réalité, le ver est dans les textes. Les textes du Pds sont obsolètes au même titre que ceux du Parti socialiste, qui datent de l’époque du parti unique. Raison pour laquelle, sans concertation, aucun des secrétaires généraux adjoints ne peut remplacer Ousmane Tanor Dieng, car les textes du partis connaissent un vide juridique. Les textes n’ont pas été actualisés. Même la durée de la suppléance n’a pas été précisée par les statuts du Ps. Pour ce qui est du Pds, c’est la même chose : tous les pouvoirs sont entre les mains du Secrétaire général national. Les actes pris par Abdoulaye Wade sont conformes à la légalité. Mais Oumar Sarr et Cie ont créé un courant mais n’ont pas démissionné du parti. On ne peut pas tolérer un courant comme la Génération du concret et refuser un autre courant aujourd’hui.
Il est de nouveau agité l’éventualité d’un 3ème mandat pour Macky Sall. Est-ce possible en 2024 ?
«Le président de la République fait 03 HANGARS NEUFS À LOUER son second et dernier mandat. Ce n’est pas un deuxième.»
Juridiquement, c’est impossible. Le président de la République fait son second et dernier mandat. Ce n’est pas un deuxième. Nul ne peut exercer plus de 2 mandats consécutifs. Cela veut dire qu’en aucun cas, que l’on soit dans un mandat de 5 ans ou 7 ans, nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs.
Que pensez-vous du fonctionnement du Haut conseil des collectivités territoriales à l’arrêt depuis le décès de Ousmane Tanor Dieng ?
C’est une institution à l’arrêt parce que les statuts n’ont pas prévu des cas d’intérim et de suppléance. L’article 5 l’a oublié. Il faudrait réformer la loi pour créer les conditions d’intérim et de suppléance parce que le président du Hcct est nommé par décret présidentiel et il est mis fin à ses fonctions dans les mêmes conditions. On n’a pas prévu le cas exceptionnel d’empêchement, de démission ou de décès. Cela veut dire que l’intérim et la suppléance ont été oubliés dans la loi. On est au mois de septembre et il n’y a pas de session du Haut conseil alors qu’il doit en organiser 4 durant l’année… C’est une violation de la loi. Ces sessions doivent être organisées obligatoirement. Ce sont des mécanismes ou techniques qui permettent à l’institution de fonctionner. Le Hcct doit produire un rapport pour donner ses avis au gouvernement. On doit y remédier. Je ne serai pas aussi radical pour dire qu’il faut supprimer ces institutions. Soit on les renforce ou on les rationalise. Il faut renforcer le Hcct pour qu’il puisse s’investir sur des questions d’équité territoriale, pour combattre les discriminations.
Vous êtes pour le maintien du Hcct ?
Je ne suis pas pour une suppression irréfléchie
Rewmi appelle à sa dissolution pour allouer son budget à la gestion des inondations ?
En 2013, le Sénat a été supprimé pour les mêmes raisons et en 2019, les inondations existent toujours. Ce n’est pas une solution. Le Hcct pourrait être logé à la même enseigne que le Conseil économique, social et environnemental. On pourrait les rationnaliser et créer une Assemblée sociale et des territoires. L’autre option, c’est de renforcer le Hcct en créant des mécanismes de démocratie semi-directe. Le Hcct ne peut être saisi par voie de pétition. Par exemple, lorsque des populations de Fanaye qui se voient déposséder de leurs terres, saisissent le Hcct par voie de pétition. Pourtant, la loi précise que le Hcct est une institution de démocratie participative. Le Conseil économique, social et environnemental est la seule institution avec des mécanismes de démocratie semi-directe : le droit de pétition à travers l’article 4. C’est une institution qui devait jouer un rôle très important mais ne le fait pas. Le Ce se devait permettre de construire la démocratie sociale au Sénégal. La démocratie n’est pas uniquement politique, elle est sociale et économique. Le Ce se ne joue pas son rôle sur ce point. Dans la loi, on n’a pas intégré les conditions de saisine des pétitions. Combien de pétitions dorment sur Facebook ? Vaste question!
Ces sont des questions plus urgentes qu’une possible nomination de Mme Aminata Mbengue Ndiaye comme présidente du Hcct ?
Non, il est normal qu’on parle de cette question. C’est le président qui doit animer l’institution. Si on ne le nomme pas, l’institution va fonctionner au ralenti. On parle d’une institution constitutionnelle qui doit fonctionner sans arrêt, sans heurts, sans à-coup.
Quelle est la procédure que le président de la République devrait suivre pour mettre Aminata Mbengue Ndiaye qui n’est pas conseillère municipale, à la tête du Hcct ?
Ce sera très complexe. Elle n’est pas suppléante de Ousmane Tanor Dieng et elle n’était pas sur la liste des titulaires et suppléants à Louga. Elle ne peut qu’être nommée par le Président et même là, on ne saurait tolérer que le principe démocratique et la légalité soient torpillés. Pour qu’elle puisse être nommée, il faut forcément une démission d’un membre nommé ou un empêchement définitif.
Comment jugez-vous le fait que le ministère de l’Intérieur n’ait pas encore publié un arrêté pour reporter les élections locales après le consensus des acteurs politiques présents au dialogue ?
En l’état où nous sommes, il est prévu des élections locales au1er décembre 2019. Les arrêtés portant caution et fiche de parrainage ont été pris. Maintenant, la situation est déplorable. Si les élections ne se tiennent pas jusqu’au 31 décembre, l’autorité réglementaire sera des saisie parce qu’il ne sera plus possible de les reporter par voie décrétale,
mais par une loi. Reporter n’est pas du ressort du ministre mais du président de la République. Mais ça doit être dans la même année, si c’est l’année suivante, il faudra passer par une loi, donc par l’Assemblée nationale. Actuellement, on devait avoir des fiches de collecte de parrainages. Mais sans réforme de la loi sur le parrainage, matériellement et techniquement, le parrainage est impossible pour les Locales. Je vous renvoie aux contributions citoyennes à cet effet.
Après le consensus sur l’élection du maire ou du président de Conseil départemental au suffrage universel, quelle est la meilleure formule pour les adjoints au maire et les vice-présidents de conseil départemental ?
Je salue l’élection du maire au suffrage universel direct. Cela va donner une légitimité et une nouvelle dimension à la démocratie locale. Mais au-delà, cela va approfondir la démocratie locale. Cela permet au citoyen de connaitre qui il va élire maire, lorsqu’il regarde les listes de candidature. Pour moi, l’option principale, c’est d’élire le maire et le premier adjoint concomitamment. Ils peuvent former ce qu’on appelle un ticket. Cela permettra de régler les cas de suppléance ou d’élections partielles et la question liée à la parité. Pour la Ville, il faut revenir à l’ancienne formule d’avant l’Acte 3 qui avait fractionné certains territoires. Il faut créer une nouvelle liste de la Ville. Donc, que le maire de la Ville soit aussi élu directement. Cela permet d’avoir un mode d’élection unifié et non éclaté.
«Le président de la République fait 03 HANGARS NEUFS À LOUER son second et dernier mandat. Ce n’est pas un deuxième.»
Juridiquement, c’est impossible. Le président de la République fait son second et dernier mandat. Ce n’est pas un deuxième. Nul ne peut exercer plus de 2 mandats consécutifs. Cela veut dire qu’en aucun cas, que l’on soit dans un mandat de 5 ans ou 7 ans, nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs.
Que pensez-vous du fonctionnement du Haut conseil des collectivités territoriales à l’arrêt depuis le décès de Ousmane Tanor Dieng ?
C’est une institution à l’arrêt parce que les statuts n’ont pas prévu des cas d’intérim et de suppléance. L’article 5 l’a oublié. Il faudrait réformer la loi pour créer les conditions d’intérim et de suppléance parce que le président du Hcct est nommé par décret présidentiel et il est mis fin à ses fonctions dans les mêmes conditions. On n’a pas prévu le cas exceptionnel d’empêchement, de démission ou de décès. Cela veut dire que l’intérim et la suppléance ont été oubliés dans la loi. On est au mois de septembre et il n’y a pas de session du Haut conseil alors qu’il doit en organiser 4 durant l’année… C’est une violation de la loi. Ces sessions doivent être organisées obligatoirement. Ce sont des mécanismes ou techniques qui permettent à l’institution de fonctionner. Le Hcct doit produire un rapport pour donner ses avis au gouvernement. On doit y remédier. Je ne serai pas aussi radical pour dire qu’il faut supprimer ces institutions. Soit on les renforce ou on les rationalise. Il faut renforcer le Hcct pour qu’il puisse s’investir sur des questions d’équité territoriale, pour combattre les discriminations. Vous êtes pour le maintien du Hcct ? Je ne suis pas pour une suppression irréfléchie. Rewmi appelle à sa dissolution pour allouer son budget à la gestion des inondations ? En 2013, le Sénat a été supprimé pour les mêmes raisons et en 2019, les inondations existent toujours. Ce n’est pas une solution. Le Hcct pourrait être logé à la même enseigne que le Conseil économique, social et environnemental. On pourrait les rationnaliser et créer une Assemblée sociale et des territoires. L’autre option, c’est de renforcer le Hcct en créant des mécanismes de démocratie semi-directe. Le Hcct ne peut être saisi par voie de pétition. Par exemple, lorsque des populations de Fanaye qui se voient déposséder de leurs terres, saisissent le Hcct par voie de pétition. Pourtant, la loi précise que le Hcct est une institution de démocratie participative. Le Conseil économique, social et environnemental est la seule institution avec des mécanismes de démocratie semi-directe : le droit de pétition à travers l’article 4. C’est une institution qui devait jouer un rôle très important mais ne le fait pas. Le Ce se devait permettre de construire la démocratie sociale au Sénégal. La démocratie n’est pas uniquement politique, elle est sociale et économique. Le Ce se ne joue pas son rôle sur ce point. Dans la loi, on n’a pas intégré les conditions.