Affaissement du pont de Sinthiou Garba
Les populations du village de Sinthiou Garba, dans la commune d’Ogo vivent le calvaire en cette période hivernale. Avec l’affaissement du pont, le village est coupé du reste du pays. Suite à l’affaissement de leur pont, elles ont trouvé un nouveau moyen de traverser et d’évacuer leurs malades A la place du pont qui reliait le village au reste de la zone et qui n’a pas pu tenir après les fortes pluies de dimanche dernier, ce sont des grues de fortune qui assurent la traversée et font office de bac. En attendant que le pont soit refait, les employés de l’entreprise chinoise, Henan Chine, s’activent pour créer une nouvelle déviation et soulager les populations qui empruntent ce pont pour rallier d’autres villages du département de Kanel. Au lendemain de ces fortes pluies, les populations des villages du Dandé Mayo étaient aussi descendues dans la rue pour une marche pacifique et réclamer le bitumage de la piste qui mène vers cette partie enclavée du Fouta.
Thierno Alassane Sall médusé
La vidéo de la grue faisant traverser les populations de Sinthiou Garba qui est devenue virale sur la toile, a ému plus d’un. L’ancien ministre des Transports, Thierno Alassane Sall, n’en croit pas à ses yeux. Le président du parti la République des Valeurs s’exclame : «incroyable mais vrai! ». Faisant dans l’ironie, Thierno Alassane Sall dira que le Fouta émerge littéralement des eaux. Et le miracle du Plan Sénégal Emergent (PSE), c’est qu’on ne transporte plus les malades par charrette, mais par grue sur des brancards de fortune comme à Sinthiou Garba, Kanel ! «Qui ose dire après que MS n’a pas mérité son triomphe électoral au Fouta», indique Thierno Alassane Sall.
SAA suspend ses vols Dakar-Washington
A partir du 1er septembre prochain, la compagnie South African Airways va suspendre ses vols entre Dakar et Washington. D’après des sources de «L’As», chaque semaine, il y avait deux vols entre la capitale fédérale américaine et notre pays. Désormais, ces vols de la compagnie sud-africaine vont transiter par Accra de l’avis de nos sources qui ignorent pour le moment les raisons de cette décision. C’est dire que Delta Airlines sera désormais la seule compagnie à assurer la desserte Dakar-Washington.
Macky Sall
Le président Macky Sall va écourter ses vacances pour prendre part au Sommet du G7 prévu à Biarritz en France, à partir du 24 août prochain. Cette rencontre des pays les plus puissants à laquelle des chefs d’Etat africains sont conviés, aura pour thème la lutte contre les inégalités. En effet, au cours de la session dédiée à l’Afrique, le 25 août, le Sommet discutera des questions relatives à la promotion de l’entreprenariat féminin et de la transformation digitale en Afrique, de la situation au Sahel, de la transparence dans les marchés publics et de la lutte commune contre la corruption. Après le sommet, le président Macky Sall se rendra au Japon, pour participer à la 7e Conférence Internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7) à partir 28 août. La rencontre de Tokyo se focalisera essentiellement sur trois thématiques majeures à savoir, la transformation économique et la diversification, la résilience et la sécurité humaine et la paix, la sécurité et la stabilité. Le président rentrera le 2 septembre prochain.
Levée du corps de Jacques Diouf
Décédé à Paris le 17 août dernier, la cérémonie de levée du corps de l’ancien Directeur général de la FAO, a eu lieu hier à Paris. De nombreuses personnalités parmi lesquelles le ministre Amadou Ba ainsi qu’une délégation du gouvernement ont pris part à la cérémonie pour rendre un dernier hommage à Jacques Diouf qui va se reposer pour l’éternité à Saint Louis. Nos radars ont également aperçu Lamine Diack l’ancien président de l’Iaaf à la cérémonie funéraire.
Me Wade à la famille de Jacques Diouf
L’ancien chef de l’Etat du Sénégal a envoyé un message de condoléances à la famille de l’ancien Directeur Général de la FAO, rappelé à Dieu le 17 août dernier. Me Wade retient de Jacques Diouf un grand sénégalais, un grand africain et un cadre international de haut niveau. Elu pour la première fois en 1993 à la tête de la FAO, il allait faire trois mandats de 6 ans. Me Wade s’honore d’avoir présenté et soutenu sa candidature à la tête de l’institution onusienne pour d’autres mandats. A l’en croire, Jacques Diouf a incontestablement défendu les intérêts de l’Afrique, même si la conception de l’institution qu’il représentait était opposée à l’idée qu’il se faisait d’une institution, certes mondiale, mais largement africaine. Et par là, elle devait avoir son siège au cœur de notre continent et diffuser ses effets induits en termes d’emplois, de distribution de revenus et de know how, au sein de nos populations, mais non s’installer en milieu développé. Toutes choses qui font que la conception onusienne de Jacques Diouf et la sienne se sont vite heurtées. Toutefois, estime Me Wade, cela ne l’a pas empêché de le soutenir chaque fois pour sa réélection. D’après lui, son engagement personnel et son infatigable plaidoyer en faveur de la lutte contre la pauvreté, la faim et la malnutrition lui ont valu en 2011 l’instauration d’un prix qui porte son nom.
Clédor Sène reçu par Me Wade
Restons avec le pape du Sopi qui reçoit depuis quelque temps les responsables de l’opposition. Hier, Me Abdoulaye Wade a reçu Clédor Sène, président du mouvement Claire Vision reconnu coupable d’avoir assassiné Me Babacar Sèye. Le secrétaire général national du Pds et son hôte ont parlé essentiellement des questions liées aux mines, ressources naturelles et aux contrats miniers ainsi que de nouvelles investigations menées sur d’énormes scandales dans le domaine. Pour la petite histoire les deux hommes ont été tous cités dans l’affaire Me Sèye. Arrivé au pouvoir, Me Wade a fait voter une loi amnistie en faveur de la bande à Cledor Sène.
9 blessés graves de l’accident à Badiouré évacués à Dakar
L’accident du bus à Badiouré a fini de mettre à nu les insuffisances du plateau médical dans la région de Ziguinchor, voire dans la partie sud du pays. Les autorités sanitaires ont décidé finalement d’évacuer hier 9 accidentés qui étaient interné à Ziguinchor. Le médecin chef de la région médicale rassure qu’ils ont été bien pris en charge à Ziguinchor, mais qu’ils devront subir une opération à Dakar car le bloc opératoire de l’hôpital régional de Ziguinchor qui suinte, est en réparation. A l’en croire, l’évacuation a été faite grâce à l’appui de l’armée nationale qui a mis à leur disposition un avion. Une fois à Dakar, les blessés ont été transférés à l’hôpital Principal, d’autres à l’hôpital Général de Grand Yoff et à l’hôpital militaire de Ouakam. Pour rappel, le bilan de l’accident est de cinq morts et 65 blessés dont 37 graves.
Une étudiante chute du 3e étage à Ouakam
L’étudiante, Awa Tounkara âgée de 22 ans a chuté du 3e étage d’un immeuble sis à la Cité Avion de Ouakam. Le drame s’est produit mardi vers 13 heures. La jeune fille, décédée au cours de son évacuation à l’hôpital Principal de Dakar, suivait des études en Santé dans un établissement privé de la place. D’après un témoin, les sapeurs-pompiers ont tardé à se pointer sur les lieux après l’accident. Selon nos confrères de Seneweb, la victime qui vivait avec son grand-frère douanier, est originaire de Sokone où elle a même passé la fête de la Tabaski. Elle est rentrée à Dakar, ce lundi, la veille de son décès.
Rareté du sucre sur le marché
À Dakar, dans certains quartiers, le sucre se fait rare. La rareté de ce produit de première nécessité a engendré une hausse irrégulière des prix dans quelques endroits. Par exemple aux Parcelles Assainies, le prix du kilogramme de sucre a connu une hausse de 100 F Cfa puisqu’il passe de 600 à 700 Fcfa. Une pratique que beaucoup de consommateurs ont condamnée, d’après nos confrères de Dakaractu. Le directeur du Commerce intérieur, Ousmane Mbaye a pointé du doigt la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). Il explique cette situation par le retard des livraisons de la Css puisque le marché est exclusivement approvisionné par ladite compagnie. A l’en croire, la Css a redémarré ses livraisons depuis mardi au niveau de Dakar. Et c’est ce basculement, dit-il, qui a un peu provoqué les lenteurs dans les livraisons. Il rassure que ses services travaillent en rapport avec la Css pour que la situation redevienne normale d’ici la fin de semaine.
150 soldats Gambiens en formation au Sénégal
La coopération militaire entre le Sénégal et la Gambie est en marche. En effet, 150 soldats de la garde présidentielle ont quitté hier Banjul pour Fatick pour les besoins d’une formation de trois mois. Le détachement est sous le commandement du Major Ousmane Bah. Neuf filles font partie du contingent gambien dont la cérémonie de départ a été présidée par le chef d’état-major de l’armée gambienne, Masanneh Kinteh.Il a déclaré devant les soldats que la garde présidentielle de l’ère Yahya Jammeh était composée d’éléments qui avaient l’habitude d’abuser des droits des populations. Maintenant, il veut une nouvelle garde présidentielle du pays, républicaine. La garde présidentielle est une unité d’élite en cours de constitution chargée d’assurer la sécurité du Président et du Palais de la République. L’unité est composée principalement de soldats, mais également d’agents de police et de renseignement. Le chef de l’armée gambienne envisage de faire passer de 150 à 300 les éléments de la garde présidentielle.
Kaolack
Douze communes situées dans la région de Kaolack ont reçu un logiciel de numérisation de l’état civil acquis grâce au partenariat du Conseil départemental de Kaolack avec la ville italienne de Pontedera, a appris «l’Aps», mercredi de la partie kaolackoise. «Nous venons de procéder à la validation du rapport général de formation fait par le consultant, à la remise des attestations de formation et à la clôture officielle de ce projet», a dit Baba Ndiaye, le président du conseil départemental de Kaolack. Il s’exprimait à la fin d’une cérémonie de remise d’attestations à une cinquantaine de représentants des communes bénéficiaires du logiciel.
Il est probablement le président français dont l’élection a suscité un espoir général au sein des populations africaines, toutes générations confondues. Deux ans après, elles sont partagées entre désenchantement et interrogations
keumayou.com |
Louis Magloire Keumayou |
Publication 21/08/2019
Mieux que le « Yes, we can ! » de Barack Obama, l’élection d’Emmanuel Macron a donné de l’espoir aux jeunes Africains. Il a été élu sans cocher les cases par lesquelles étaient passés ses prédécesseurs. Cette élection a marqué la fin d’un mythe. Autre mythe renversé par le jeune président : en février 2017 à Alger, pendant sa campagne, le candidat Macron était sorti des clous en déclarant que la colonisation avait été un crime contre l’humanité.
Suite à la polémique que ses propos avaient suscité, il s’était défendu en précisant qu’il n’avait pas fait acte de repentance. L’élection d’Emmanuel Macron a été perçue par la jeunesse africaine comme un permis de rêver. Jusque-là, pour envisager de devenir président en France, et plus encore en Afrique, il valait mieux être un homme d’âge avancé, avoir milité dans des partis politiques historiques, avoir empilé les mandats électifs et, détail très important pour accéder au fauteuil présidentiel d’un pays africain : avoir ses entrées au plus haut sommet de l’Etat en France. Car la France entretient avec ses anciennes colonies d’Afrique des rapports particuliers. Malgré les indépendances, acquises pour la plupart en 1960, l’influence de la France dans ces pays est restée très forte. Dans l’esprit des Africains, le destin de leurs pays et de leurs dirigeants dépend plus de l’Hexagone que des élections. Un terme symbolise cette coopération singulière et ses dérives : la françafrique. Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient, chacun à son tour, promis de la démanteler. En vain. La première pierre de ce partenariat renouvelé avait été posée par François Mitterrand, au cours d’un Sommet avec ses homologues africains.
Partenariat renouvelé
La 16è conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France, tenue en juin 1990 à la Baule, est entrée dans l’histoire à travers le discours dit de la Baule. Il avait été rédigé par Erik Orsenna, et prononcé par François Mitterrand. Au cours de ce Sommet, la France a initié le programme accroissement de l’ouverture démocratique et respect plus accru des droits de l’homme contre accroissement de l’aide publique au développement au coeur des relations avec les pays de son ancien pré-carré. Pris entre les feux de leurs populations qui aspiraient à une plus grande ouverture démocratique, et ceux de la France, les gouvernements africains de l’époque avaient cru percevoir dans ce discours une volonté d’ingérence de la France dans les affaires intérieures d’Etats souverains, c’est-à-dire du néocolonialisme. Ils y ont donc résisté autant qu’ils ont pu. Et un événement a changé la donne. La fin de la guerre froide et l’irruption du bloc des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a élargi le périmètre diplomatique des pays africains. L’argent que la France posait des conditions pour leur prêter, ils pouvaient désormais en disposer, sans conditions, auprès de ces pays. En devenant président, Emmanuel Macron a pris acte de cette situation. Son choix de bâtir un partenariat renouvelé avec l’Afrique part probablement de ce constat. La politique de Macron en direction de l’Afrique repose sur quelques axes. Le respect des souverainetés nationales, l’écoute des sociétés civiles et de la jeunesse, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la précarité et la pauvreté qui poussent les jeunes africains à migrer vers l’Europe, sans oublier la lutte contre le changement climatique ainsi que la défense des droits des femmes à l’éducation, à la formation et à l’emploi. Il a créé une structure pour porter cette ambition : le CPA – Conseil Présidentiel pour l’Afrique. Quant à son discours de politique africaine, c’est à Ouagadougou (Burkina Faso) qu’il l’a prononcé.
Le baptême du feu de Ouagadougou
Vu l’enthousiasme soulevé en Afrique par son élection, ce discours d’Emmanuel Macron était très attendu. Ses homologues africains voulaient savoir s’il les traiterait avec arrogance, ou pas. La jeunesse, quant à elle, voulait savoir si elle pourrait l’avoir comme partenaire sûr, pour enfin trouver sa place dans un système de coopération qui n’a cessé de l’exclure. Il y a enfin les associations de défense des droits de l’homme, les oppositions politiques et toutes les communautés africaines de l’extérieur, dont l’espoir de voir la françafrique terrassée par un président français a été respectivement déçu par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Face à ces attentes aussi diverses que légitimes, le président Macron s’est appuyé sur le CPA pour préparer son grand oral africain. Le CPA est constitué de jeunes Africains (de l’ancien pré-carré, mais pas que…) et de jeunes Français. Ils sont tous issus de la société civile. Tourné vers les attentes des jeunesses d’Afrique et de France, ce Conseil a un cahier de charges défini sans ambiguïté par son géniteur lors de la conférence des ambassadeurs du 29 août 2017 : transformer la gouvernance de la politique africaine, car « la France ne saurait être ce pays post-colonial hésitant entre un magistère politique affaibli et une repentance malsaine ». Plus prosaïquement, les missions sont les suivantes : apporter au locataire de l’Elysée un éclairage sur les enjeux de la relation entre la France et l’Afrique, en formulant des propositions d’actions sur des secteurs d’avenir de cette relation tels que l’entrepreneuriat, l’innovation, le développement durable, l’éducation et la santé. A cet effet, le CPA a joué sa partition pour le renouvellement de la relation de la France avec l’Afrique. Dans le continent de la tradition orale, les discours ne suffisent plus pour convaincre. Les promesses non plus. Surtout que sur cette terre du Faso, le souvenir de Thomas Sankara reste vif. S’il fallait à tout prix lui trouver un équivalent, il serait le Che Guevara de son pays. La révolution qu’il a menée en prenant les rênes de son pays, a laissé des marques indélébiles ici, et dans de nombreux autres pays africains. Renversé par un coup d’état dans lequel le rôle de la France n’a pas encore été élucidé, son successeur, Blaise Compaoré, vient d’être renversé par des jeunes qui étaient opposés à la révision constitutionnelle qui lui aurait permis de briguer un nouveau mandat présidentiel, après vingt sept ans de pouvoir. Des militaires français l’ont aidé à rejoindre la Côte d’Ivoire par hélicoptère. C’est sur les braises encore chaudes de cette révolte populaire que le président français et son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, prennent la direction de l’université Ouaga 1.
Grand débat franco-africain
Avec le recul, c’est au Burkina Faso, le 28 novembre 2017, qu’Emmanuel Macron a tenu son premier grand débat.
Face à un auditoire remonté (marxiste et panafricain, pour reprendre les termes du président) mais pas politisé, le président français a très vite et très habilement retourné la situation en sa faveur. D’abord par le discours. Ensuite, au cours du débat ouvert qui s’en est suivi. La bascule s’est produite quand il a affirmé qu’il n’y a plus de politique africaine de la France, mais une politique française de développement spécifique, en partenariat avec les pays bénéficiaires et tous les autres donateurs, tant bilatéraux que multilatéraux. Pour commencer, il a rendu hommage à Thomas Sankara, et promis que « les documents relatifs à l’assassinat de l’ancien président seront déclassifiés à l’intention de la justice burkinabè, qui y aura librement accès. » Autre dossier judiciaire, celui de l’extradition de François Compaoré, le frère de Blaise (l’ex-président, réfugié en Côte d’Ivoire), dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Le président a promis qu’il fera « tout pour faciliter » l’extradition de François, dans le respect de la séparation des pouvoirs. Les juges en charge du dossier restent saisis. L’instruction suit son cours, qui n’est pas toujours aussi rapide que dans le cas de ressortissants français détenus en Afrique, et dont la justice ou les autorités politiques françaises auraient demandé l’extradition vers la France. Le fil rouge de l’échange entre le président quadragénaire et les près de mille étudiants, venus des neuf universités du pays, fut sans doute la volonté de tourner la page et la prise de responsabilité pour conduire une révolution dans les domaines de la mobilité et de l’innovation, dans une bienveillance ambitieuse. Le président a étalé ses promesses sur l’ensemble de son quinquennat. C’est peut-être pour cette raison que les étudiants africains, qui l’applaudissaient à Ouagadougou, s’interrogent encore sur le sens de la bienveillance macronienne.
Contrariété des étudiant(e)s et des jeunes
A côté du développement de pôles d’excellence en Afrique, illustré par le campus franco-sénégalais de Dakar et le hub éducatif franco-ivoirien, il y a eu une hausse vertigineuse des frais d’inscription dans les universités françaises. Ils sont passés de 370 euros aujourd’hui à 2770 (en licence), voire 3770 euros (en master et au-delà). Les premières victimes de cette hausse sont les étudiant.e.s africain.e.s. Le président avait fait la promesse que celles et ceux d’entre elles/eux qui seront diplômés de l’enseignement supérieur français ne resteraient plus en France par nécessité, mais obtiendront des visas de circulation de longue durée pour aller et venir entre leurs pays d’origine et la France. Sans diplôme, pas de visa. Il reste cependant les 200 millions d’euros dont le versement a été promis au Partenariat mondial pour l’éducation, pour la période 2018/2020. Sur le terrain des affaires, qui est la deuxième jambe de l’ambition présidentielle en Afrique, des dispositifs ont également été déployés. 2,5 milliards d’euros pour accompagner les entreprises africaines sur la période 2018/22, 65 millions d’euros pour les start-ups africaines via Digital Africa, sans oublier les 1000 passeports talents qui seront délivrés en Afrique, chaque année, aux porteurs de projets économiques innovants. Ou encore les 7,5 milliards d’euros de l’Alliance Sahel. Tous ces investissements pourraient apporter des résultats concrets, si la culture de l’évaluation prônée par Emmanuel Macron était appliquée à la politique de coopération monétaire de la France avec les pays ayant en commun l’usage du franc CFA, dont la parité fixe avec l’euro produit l’effet d’un boulet sur les exportations desdits pays, et celui d’une subvention sur leurs importations. Le franc CFA est la dernière monnaie coloniale encore en circulation dans le monde. Sur ce sujet précis, Emmanuel Macron, qui n’a de cesse d’inviter à rompre avec les méthodes et les discours du passé, préfère refiler la patate chaude de la réforme ou de l’abandon du franc CFA, à ses pairs africains. Au grand désarroi des masses africaines dont le cri de colère contre cette monnaie ne cesse de monter.
Familiarité gênante
Les phrases polémiques d’Emmanuel Macron en France sont connues. Ses indélicatesses avec ses pairs africains, un peu moins. Quelques exemples. A Ouagadougou, il avait, sur le ton de l’humour, dit que Roch Marc Christian Kaboré, sorti (pour des raisons inconnues jusqu’à ce jour) alors qu’il répondait aux questions de la salle, était allé réparer le climatiseur. Et qu’il (Roch Marc Christian Kaboré) sortirait du franc CFA après l’avoir fait. Pour sa première visite aux soldats en OPEX (Opérations extérieures), il s’était rendu auprès des soldats sur la base militaire française de Gao, sans passer par Bamako. Son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keita, avait même dû se rendre sur place pour l’accueillir. Autre exemple, la première visite de Georges Weah hors d’Afrique, en tant que président élu du Libéria, c’est à la France qu’il l’a réservée. Le président Macron a cru bien faire, en le recevant en présence de joueurs et de dirigeants du football. Pourtant cela fait des années que l’ex-star du ballon rond a entamé une carrière politique. En 2015 comme sénateur, avant son accession à la magistrature suprême de son pays en janvier 2018. Le recevoir de la sorte n’était pas une bonne idée. Il y a enfin le récent échange avec les diasporas africaines de France, alors qu’il recevait le président ghanéen Nana Akufo-Addo. C’était la première visite du chef de l’Etat ghanéen en France. Là aussi, l’intention était probablement louable. Mais la fusion des deux événements leur a fait perdre en solennité. Les mauvaises langues n’en ont retenu que les selfies que certain(e)s participant(e)s ont posté sur les réseaux sociaux. Cela dit, il y a tout de même quelques succès, qu’il faudra mettre à l’actif du président Macron.
Succès et avenir
Il a eu le courage de nommer Sibeth Ndiaye : femme française d’origine sénégalaise, porte-parole du gouvernement. Elle est Noire, et sa coiffure sort de l’ordinaire. Son camarade de promotion à l’ENA, et ancien président du CPA, Jules-Armand Aniambossou, ambassadeur du Bénin en France dans une autre vie, a été nommé ambassadeur de France en Ouganda. La République En Marche, a envoyé au Palais Bourbon des députés d’ascendance africaine. D’ordinaire, l’opportunité d’incarner la France ne leur est offerte que par le sport. Emmanuel Macron a aussi fait un pas décisif sur le chemin de la réconciliation avec le Rwanda, en appuyant la candidature de Louise Mushikiwabo au poste de Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Le domaine dans lequel il marque indéniablement de bons points, c’est celui de la restitution des biens culturels africains à leurs propriétaires légitimes. La question était en suspens depuis près de cinquante ans. Le travail sur la question a été confié à la professeure et historienne de l’art Bénédicte Savoy, et à l’économiste sénégalais Felwine Sarr. Leur rapport a été remis au président de la République en novembre 2018. Quant aux oeuvres, elles seront temporairement, ou définitivement, rendues aux pays africains dans cinq ans. En principe… L’avenir s’annonce plein de promesses. Il y a tout d’abord la saison des cultures africaines Africa 2020. Elle sera une opportunité pour les Français(e)s de découvrir l’Afrique contemporaine et sa créativité. Elle durera six mois, de mai à octobre, et mobilisera aussi bien la société civile que les acteurs privés et institutionnels. Tous les 54 pays du continent seront concernés, les départements et territoires d’Outre-Mer aussi. Il y a enfin le Sommet Afrique France de Bordeaux, sur le thème de la ville durable. Il se tiendra en juin 2020. La prudence et la maîtrise relativement faible avec lesquels il aborde les dossiers africains, ont placé Emmanuel Macron à l’abri des situations délicates que ses prédécesseurs ont dû gérer. Lors du 75è anniversaire du Débarquement de Provence, le président a dit que « La France a une part d’Afrique en elle ». Faisant référence à la contribution des soldats africains dans la libération de la France. Sans rappeler le massacre du Camp de Thiaroye, où ceux que l’on continue d’appeler communément des tirailleurs sénégalais, furent tués par l’armée française, parce qu’ils revendiquaient des droits légitimes. Il y a certes des avancées symboliques, mais pas assez pour entretenir l’enthousiasme qui est retombé tel un soufflet.
Louis Magloire Keumayou est Journaliste et président du Club de l’Information Africaine
par Abdoulaye Wade
JACQUES DIOUF A INCONTESTABLEMENT DÉFENDU L'AFRIQUE
Un grand sénégalais, un grand africain, un cadre international de haut vol, voilà ce que le Sénégal, l’Afrique et le monde retiendront de l'ancien Directeur Général de la FAO, rappelé à Dieu le 17 Août 2019
Un grand sénégalais, un grand africain, un cadre international de haut vol, voilà ce que le Sénégal, l’Afrique et le monde retiendront de Jacques Diouf, ancien Directeur Général de la FAO, rappelé à Dieu le 17 Août 2019. Elu pour la première fois en 1993, il allait faire trois mandats de 6 ans et je m’honore d’avoir présenté et soutenu sa candidature à la tête de l’institution onusienne.
Il a incontestablement défendu les intérêts de l’Afrique, même si la conception de l’institution qu’il représentait était opposée à l’idée que je me faisais d’une institution, certes mondiale, mais largement africaine, et, par là, devait avoir son siège au cœur de notre continent et diffuser ses effets induits en termes d’emplois, de distribution de revenus et de know how, au sein de nos populations, au lieu d’aller s’installer en milieu développé.
Toutes choses qui font que sa conception onusienne et la mienne se sont vite heurtées, ce qui ne m’a pas empêché de soutenir chaque fois Jacques Diouf pour sa réélection.
Son engagement personnel et son infatigable plaidoyer en faveur de la lutte contre la pauvreté, la faim et la malnutrition lui ont valu en 2011 l’instauration d’un prix qui porte son nom.
Je présente mes sincères condoléances à sa famille et prie Allah, le Tout Puissant, de lui accorder son pardon et de l’accueillir dans son paradis.
PAR Samba Oumar FALL
LE SYNDROME DES POCHES TROUÉES
Pauvres complexés ! Nous thésaurisons tout ce que nous gagnons difficilement pour le dilapider ensuite en un jour. Nous dépensons plus que ce que nous percevons, oubliant qu’après la Tabaski, la vie continue
Nous, Sénégalais, sommes de grands fêtards devant l’Éternel. Nous ne ratons jamais l’occasion de faire bombance. Notre existence est jalonnée de célébrations à n’en plus finir. De la naissance aux funérailles, nous festoyons. Nous ne faisons plus la distinction entre Tabaski, Korité, Tamkharite, Noël, Pâques, Saint Sylvestre, 15 août, Saint-Valentin… Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête. Il en est ainsi depuis des années. Dernièrement, lors de la Tabaski, nous avons encore démontré notre propension à gaspiller exagérément. Emporté par l’esprit de la fête, nous avons perdu la maîtrise de nos dépenses. Les temps ont vraiment changé. Autrefois, la Tabaski était un moment privilégié de partage, de solidarité, de communion, de convivialité et de pardon. Aujourd’hui, l’excès a pris le pas sur toutes ces valeurs. Avec nos femmes aussi prétentieuses, difficile d’échapper à la guillotine … financière. Difficile de résister à leurs dépenses qui défient toute logique : tissus à la mode, coiffure à la mode, bijoux à la mode, chaussures à la mode, sans compter les soins esthétiques … Tentées par le goût du luxe ou contaminées par le mimétisme social, elles ont rendu la célébration de cette fête encore plus dispendieuse.
Le constat est que d’année en année, les dépenses consacrées à la Tabaski explosent, atteignent le plafond. Qu’importe ! L’essentiel, pour nous, c’est de ne pas être la risée du voisinage, des amis ou de sa belle-famille. Pauvres complexés ! Nous thésaurisons tout ce que nous gagnons difficilement pour le dilapider ensuite en un jour. Et si ça ne suffit pas, nous nous payons le luxe d’accumuler des dettes à gauche et à droite pour être ensuite traqués, pourchassés comme un gibier par nos impitoyables créanciers. Et malheureusement, la conjoncture ne nous apprend jamais à remettre en cause l’ordre de nos priorités. Nous dépensons plus que ce que nous percevons, oubliant qu’après la Tabaski, la vie continue.
Eh oui, les lendemains de fêtes sont toujours terribles et la plupart du temps, ceux qui dépensent toutes leurs économies pour embellir leur fête se retrouvent sans le sou. Aujourd’hui, c’est partout la dèche, la galère. Difficile donc de joindre les deux bouts quand on a les poches trouées. Nombreux sont ceux qui se réveillent sans même avoir de quoi se payer une miche de pain. La dépense quotidienne, n’en parlons même pas. D’aucuns n’hésitent pas à quémander, voire même à revendre leurs boubous qu’ils avaient très cher payés, pour avoir pour avoir de quoi tenir… jusqu’à la fin du mois. Et avec les jours qui filent à la vitesse d’un caméléon, ce n’est jamais gagné d’avance. Il faut être un très bon jongleur pour tenir jusque-là. Au Sénégal, nous sommes habitués au syndrome des poches trouées. Nous ne nous rendons compte de la valeur de l’eau que quand les puits sont à sec. Et c’est vraiment dommage.