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27 juillet 2025
PAPE MATAR SARR S’ENGAGE POUR L’ELECTRIFICATION DE FAYAKO, SON VILLAGE
L’international sénégalais explique que les habitants lui ont récemment fait la doléance, ce qui l’a poussé à aller à la rencontre de Jean Michel Sène, Directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER), ce vendredi 04 juillet 2025.
Dans un post sur ses réseaux sociaux, Pape Matar Sarr a évoqué l’électrification de son village, Fakayo, situé dans la région de Kaffrine. L’international sénégalais explique que les habitants lui ont récemment fait la doléance, ce qui l’a poussé à aller à la rencontre de Jean Michel Sène, Directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER), ce vendredi 04 juillet 2025.
« Notre rencontre a été riche et constructive. Ensemble, nous avons évoqué les pistes concrètes pour accélérer le processus d’électrification de Fayako. Donner accès à l’électricité, c’est ouvrir la voie à l’éducation, à la santé, au développement économique et à la dignité », assure Pape Matar Sarr. Le joueur de Tottenham précise par ailleurs qu’il suivra le dossier de très près afin que les promesses soient traduites en actes.
LA RÉSINE QUI CHANGE DES VIES DANS LE FERLO
Extraite de l’acacia Sénégal, la gomme arabique joue un rôle écologique et économique majeur dans le Ferlo (département de Linguère), soutenant des milliers de familles rurales, notamment les femmes
Extraite de l’acacia Sénégal, la gomme arabique joue un rôle écologique et économique majeur dans le Ferlo (département de Linguère), soutenant des milliers de familles rurales, notamment les femmes.
La gomme arabique, « dakandé » en wolof, est récoltée entre novembre et janvier, puis d’avril à juin. La méthode utilisée est ancestrale : l’incision manuelle de l’écorce des acacias pour faire écouler une résine qui se solidifie au contact de l’air et forme des « larmes » translucides. Ce processus ne nécessite l’utilisation d’aucun produit chimique, ce qui rend cette activité respectueuse de l’environnement.
Les arbres commencent à produire de la gomme dès l’âge de trois à quatre ans, et les récoltants, souvent des femmes, se rendent sur les sites pour pratiquer des entailles sur les troncs pendant la saison sèche. Après un mois, les « larmes » de gomme sont soigneusement récoltées, séchées, nettoyées, puis classées selon leur qualité avant d’être commercialisées. Ce savoir-faire, pratiqué depuis des générations, est crucial dans la lutte contre la désertification et le reboisement.
Dans le Ferlo, où les opportunités économiques sont limitées, la gomme arabique offre aux producteurs un moyen de subsistance essentiel. Cette activité génère des revenus pour des milliers de familles et joue un rôle déterminant dans la stabilité financière des communautés locales. La rémunération des récoltants se fait généralement à la tâche, en fonction du poids de la gomme récoltée ou triée.
Une source de revenus stable pour les familles
Cette flexibilité permet à de nombreuses femmes, comme Oumy Diop, de subvenir à leurs besoins tout en exerçant un métier qui fait partie intégrante de leur culture et de leur identité. Âgée de plus de 40 ans, Oumy, une habitante de Dahra, s’adonne à cette activité depuis des années. Elle confie que la récolte de la gomme arabique est une source de revenus stable pour les familles.
« C’est une activité essentielle qui permet de soutenir ma famille et de financer mon commerce durant l’intersaison », explique la dame. Cependant, malgré l’importance de la gomme dans l’économie locale, elle reste une filière artisanale. Pour beaucoup, la modernisation de la récolte semble indispensable pour maximiser les bénéfices.
Une récolte artisanale
Malgré sa contribution à l’économie locale, la filière gomme arabique demeure largement artisanale et les techniques de récolte n’ont pas beaucoup évolué depuis des siècles. Maïmouna Bâ, une habitante du village de Boulal (département de Dahra), plaide pour une meilleure gestion de la récolte, particulièrement l’utilisation de lames spécifiques pour éviter les blessures inutiles aux gommiers. « L’arbre réagit mieux et produit plus de sève lorsque les incisions sont faites correctement », explique-t-elle.
Les récoltants demandent également des équipements modernes, tels que des sacs de collecte hygiéniques et des séchoirs solaires ou des abris ventilés, pour améliorer la qualité de la gomme et accélérer le processus de séchage.
Actuellement, le manque d’usines de transformation au Sénégal oblige souvent les producteurs à vendre leur gomme brute à des prix très bas. Sa transformation locale en poudre pourrait multiplier sa valeur par 10, mais l’absence d’infrastructures adaptées reste un obstacle majeur.
Plaidoyer la structuration de la filière
Si la filière est structurée et modernisée, elle pourrait devenir une ressource clé pour le développement durable. Ousmane Sy, un acteur influent de la filière à Dahra, explique que la gomme arabique pourrait devenir compétitive sur les marchés internationaux à condition que la récolte et la transformation soient modernisées. « La transformation de la gomme brute en produits dérivés permettrait non seulement d’augmenter les revenus des producteurs, mais de stimuler aussi l’emploi local dans la transformation et la logistique », ajoute-t-il.
La structuration de la filière présenterait aussi des avantages multiples : elle renforcerait l’économie locale, limiterait les intermédiaires et encouragerait la préservation des ressources naturelles, surtout la régénération des acacias. Selon les acteurs, ce processus pourrait également jouer un rôle central dans la lutte contre la déforestation en garantissant une gestion plus durable des forêts. La gomme arabique représente un modèle de développement durable alliant tradition et innovation.
Bien qu’elle soit déjà un levier économique important pour les communautés rurales, sa modernisation permettrait de maximiser son potentiel. En soutenant la structuration de cette filière, le Sénégal pourrait transformer une ressource naturelle précieuse en un moteur de développement économique et environnemental. La gomme arabique pourrait ainsi devenir un exemple à suivre dans la gestion durable des ressources naturelles en Afrique.
COMMISSIONS D’ENQUETE PARLEMENTAIRE : INQUIETUDES AUTOUR DES NOUVELLES DISPOSITIONS
La réforme du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, accorde des pouvoirs élargis aux commissions d’enquête parlementaire qui peuvent désormais sanctionner les personnes qui refuseraient de répondre à une enquête parlementaire
La réforme du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, votée le 27 juin 2025 dernier, accorde des pouvoirs élargis aux commissions d’enquête parlementaire qui peuvent désormais sanctionner les personnes qui refuseraient de répondre à une enquête parlementaire.
L’Assemblée nationale a adopté, le 27 juin dernier, la loi organique nᵒ 10/2025 portant sur le règlement intérieur de l’Assemblée nationale à une forte majorité de 138 contre une abstention. Le vote de ce texte a fait l’objet d’un large consensus au sein de l’Hémicycle avec une commission ad hoc regroupant des députés de la majorité, de l’opposition et des non-inscrits.
Le nouveau règlement intérieur s’est fixé aussi comme objectif de renforcer les prérogatives de l’Assemblée nationale en matière d’enquête parlementaire. Le rapport de la Commission des lois précise également une redéfinition des procédures de mise en place des commissions d’enquête parlementaire et du renforcement de ses moyens d’investigation.
La réforme, une révolution selon le député Tafsir Thioye
Selon l’article 48 de l’Assemblée nationale, dans le précédent règlement intérieur, il est mentionné que « les commissions d’enquête sont formées pour recueillir des éléments d’information sur des faits déterminés et soumettre leurs conclusions à l’Assemblée nationale. Il ne peut être créé de commission d’enquête lorsque les faits ont donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours. Si une commission a déjà été créée, sa mission prend fin dès l’ouverture d’une information judiciaire relative aux faits qui ont motivé sa création », peut-on lire dans le document.
Dans le cadre de la réforme du règlement intérieur, Tafsir Thioye, député non-inscrit et membre de la commission ad hoc, a tenu à saluer cette initiative. « Je pense qu’avec cette réforme du règlement intérieur, l’Assemblée s’est arrogée des prérogatives permettant à chaque individu d’être dans l’obligation de venir répondre à une convocation d’une commission d’enquête parlementaire. C’est quelque chose de révolutionnaire », a déclaré le responsable de la coalition « Sopi Senegaal ».
Dans la même dynamique, Ayib Daffé a salué la volonté de l’Assemblée nationale d’accorder plus de moyens financiers et techniques aux commissions parlementaires. « La réforme du règlement intérieur a comme axe principal le renforcement du contrôle de l’action gouvernementale. Ainsi, nous voulons faire de l’enquête parlementaire un outil de transparence nous permettant de jouer pleinement notre rôle de veille et d’alerte des politiques publiques », a-t-il affirmé.
Éclairages
Pour Alioune Souaré, ancien parlementaire, cette réforme va dans le bon sens, dans la mesure où elle renforce les prérogatives de l’Assemblée nationale en matière d’enquêtes parlementaires.
« La question de la commission d’enquête parlementaire était prise en charge par un seul article (art 48). Désormais, les articles de 53 à 58 du nouveau règlement intérieur régissent le fonctionnement des commissions parlementaires. Ainsi, dans l’article 56, il est fait mention que la commission d’enquête fait citer devant elle, par voie d’huissier, toutes les personnes dont l’audition lui parait utile. Les personnes convoquées pour audition devant une commission d’enquête ont l’obligation de déférer à celle-ci, sous peine des sanctions prévues par le Code pénal », a-t-il expliqué.
Toutefois, a souligné le spécialiste des questions parlementaires, cette disposition de l’article 56 peut occasionner quelques difficultés dans sa mise en œuvre. En effet, certaines dispositions du règlement intérieur peuvent heurter des aspects du Code de procédure pénale. « Dans le Code de procédure pénale, des articles 91 à 119 relatifs à l’audition de témoin, seul le juge dispose du pouvoir de contraindre le citoyen à être entendu », dit-il.
Poursuivant, M. Souaré a déclaré : « Je pense qu’il n’y a aucune disposition de la loi qui puisse autoriser l’Assemblée à sanctionner un citoyen qui refuse de souscrire à une convocation d’une commission d’enquête parlementaire. Néanmoins, le Parlement peut aller vers une modification du Code de procédure élargissant le champ de compétence du président de l’Assemblée nationale ».
Alioune Souaré a indiqué que ce texte risque aussi de remettre en cause le principe de la séparation des pouvoirs, surtout que l’article 56 revient sur le cas où si la commission d’enquête souhaite entendre des magistrats en service, elle devra solliciter l’autorisation du ministre de la Justice.
« Le fonctionnement de la magistrature est soumis aux dispositions de la Constitution, de la loi organique n° 2017-10 portant statut des magistrats et de la loi organique n° 2017-11 du 17 janvier 2017 portant organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature. Donc, le règlement intérieur qui est une loi organique ne peut être au-dessus des dispositions qui règlementent le fonctionnement de la magistrature. Ce, d’autant que le principe de la séparation des pouvoirs est ainsi remis en cause par cet article et que le Conseil constitutionnel pourrait retoquer cet aspect du règlement intérieur pour non-conformité avec la charte fondamentale », a-t-il clarifié.
VENTE DE PLATS DE THIERE TAMKHARITE : DU COUSCOUS 2.0
La société connait de plus en plus de mutations et le traditionnel couscous sénégalais, communément « thiéré tamkharite », n’y échappe pas. Cet art culinaire se monétise avec la vente des plats déjà prêts au grand bonheur des acheteuses
La société connait de plus en plus de mutations et le traditionnel couscous sénégalais, communément « thiéré tamkharite », n’y échappe pas. Cet art culinaire se monétise avec la vente des plats déjà prêts au grand bonheur des acheteuses.
« Je voudrais passer une commande de couscous plus sauce pour la Tamkharite. Merci à celles qui me trouveront une solution ». Cette annonce d’une des membres d’un célèbre groupe de discussions sur Facebook a suscité beaucoup de réponses favorables. Elle n’est pas la seule à solliciter l’aide d’un traiteur pour l’Achoura. Khady Mbengue (nom d’emprunt) a aussi décidé de passer commande pour la fête. L’agent commercial travaille jusqu’à 17 h 30 le jour de la Tamkharite. Cette derniere a donc sauté sur l’occasion afin de faire le bonheur de son mari. « Je ne peux pas faire autrement car j’ai des obligations professionnelles et je dois aussi servir du bon thiéré à mon époux », avoue-t-elle. La commande du couscous déjà prêt s’est révélée être sa seule solution.
Assietou Top a saisi cette demande pressante. Elle propose des plats à 5 000 FCFA. « Je fais des offres en fonction de chaque fête et je peux dire qu’il y a toujours du bénéfice », admet-elle. La femme de trente ans a déjà plus d’une vingtaine de commandes pour des plats de couscous déjà prêts. La cuisinière estime que ce phénomène a longtemps existé mais s’est développé avec les réseaux sociaux. « C’est devenu plus accessible car la cliente peut commander son plat de thieré et se faire livrer incognito », explique-t-elle. Cependant, la jeune femme a une règle d’or pour fidéliser ses acheteuses. «Nous offrons le meilleur de la cuisine traditionnelle dans la plus grande discrétion pour la satisfaction de nos clientes. »
Un marché rentable
« La tamkharite est célébrée la nuit. Les femmes n’ont plus le temps car elles doivent vaquer à leurs occupations », a expliqué Soda Lo. La responsable commerciale de SOXNABALY Restaurant Traiteur a donc décidé de saisir cette opportunité. Elle fournit des packs thieré compris entre 85 000 FCFA et 10 000 FCFA. La quadragénaire propose plusieurs offres de services allant du pack Sokhna Baly de 85 000 FCfa composé de 15 kg de thiéré, cinq poulets entiers, 5 kg de viande de bœuf et de mouton, 5 kg de légumes et 3 l de lait frais au pack célibataire de 10 000 FCfa composé d’un kilo de thiéré, d’un demi-poulet avec viande et légumes et du lait au pack.
« Nous avons aussi le pack jeune couple de 15 000 FCfa. Il est composé de 2 kg de thiéré, d’un poulet entier, d’un kilo de viande, d’un kilo de légumes et de lait pasteurisé », a fait savoir Soda Lo. Elle offre ces services depuis 2018 afin de soulager les femmes. « Cela apporte des solutions en aidant toutes les personnes qui ont des contraintes de temps tout en leur offrant la garantie de disposer d’un bon thiéré de tamkharite», affirme-t-elle. Une manne financière considérable pour la jeune femme.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE SENEGALAISE DU SAMEDI 5 JUILLET 2025
L’actualité sénégalaise de ce jour est dominée par une effervescence politique persistante, des tensions entre figures majeures de l’opposition, des révélations judiciaires troublantes, et des préoccupations majeures liées à l’urbanisme, à la sécurité
L’actualité sénégalaise de ce samedi 5 juillet est dominée par une effervescence politique persistante, des tensions entre figures majeures de l’opposition, des révélations judiciaires troublantes, et des préoccupations majeures liées à l’urbanisme, à la sécurité et à la gouvernance. Tour d’horizon des principaux titres de la presse nationale.
FRONT POLITIQUE : ENTRE CLASHS, APPELS A LA DEMISSION ET QUETE D'ALTERNANCE
Les querelles internes à l’opposition continuent de défrayer la chronique. Dans WalfQuotidien, Barthélémy Dias, figure de proue de Taxawu Sénégal, lance de virulentes critiques dans « Les uppercuts de Barth ». Il y déclare notamment : « Nous ne sommes pas dans une logique de casser Pastef, mais nous préparons une autre alternance ». Une sortie politique percutante également reprise par Le Quotidien, qui consacre sa Une à « Barth ‘livre’ sa vision », soulignant ses ambitions pour l’après-Sonko.
Ces déclarations alimentent un climat tendu au sein de l’opposition, marqué par l’appel du Front pour la Démocratie et la République (FDR) à la démission d’Ousmane Sonko. Yoor-Yoor, Les Échos et Source A convergent sur ce point : « Le FDR demande à Sonko de démissionner », avançant l’impératif d’une nouvelle dynamique. Les Échos insiste : « Il faut impérativement une nouvelle alternance ».
Barthélémy Dias revient aussi à la charge dans L’Évidence, accusant le pouvoir en place d’avoir « trahi les espoirs des jeunes ». Dans Source A, un entretien sans détour revient sur sa vision, son alliance avec Khalifa Sall, ses différends avec Sonko et son positionnement pour 2029.
EnQuête adopte un angle plus analytique, avec « L’épreuve du droit et du pouvoir », revenant sur les dimensions judiciaires et politiques du procès Sonko. Ce dernier demeure une figure centrale, entre soutien populaire et contestation institutionnelle.
JUSTICE ET SECURITE : REVELATIONS SUR DES DERIVES GRAVES
Libération publie une enquête explosive sur une « expédition punitive » impliquant des trafiquants présumés, avec l’intervention de la Douane à Joal. Le journal évoque une frappe musclée contre un réseau qui aurait même tenté d’embarquer des clandestins vers le Nigéria.
Sur un autre front, Rewmi Quotidien alerte sur un sujet d’une gravité extrême : « 1400 édifices menacent ruine au Sénégal », selon un rapport de l’Inspection Générale des Bâtiments. Le journal parle d’un danger imminent pour des milliers de familles.
DEVELOPPEMENT ET POLITIQUES PUBLIQUES : L’ÉTAT CHERCHE DES SOLUTIONS
Dans Le Soleil, le Premier ministre appelle à une mobilisation collective pour « l’enclenchement du centre de traitement des grands brûlés ». Une initiative sanitaire nationale qui fait suite à plusieurs drames récents.
Sud Quotidien insiste sur l’importance de « la restauration des terres comme levier stratégique », dans un contexte où l’accaparement des terres et les conflits fonciers se multiplient. Une approche inclusive et durable est attendue.
L’Évidence annonce par ailleurs que « plus de 8 milliards mobilisés par le ministère de l’Hydraulique » seront affectés aux infrastructures d’eau dans les zones rurales.
ÉCONOMIE ET DIPLOMATIE : DE NOUVELLES PERSPECTIVES
L’Info donne la parole à l’économiste Mor Gassama, qui « secoue les lignes » avec des propositions audacieuses pour refonder l’économie sénégalaise sur des bases productivistes, loin du modèle extractiviste actuel.
Direct News s’intéresse à la diplomatie et annonce : « Vers une coopération renouvelée » avec les États-Unis, après une rencontre au sommet entre Tidiane Thiam et des responsables américains à la Maison Blanche.
CULTURE ET INTELLECTUELS : L’EXCELLENCE SALUEE
La culture et les idées ne sont pas en reste. Le Point rend hommage à Souleymane Bachir Diagne, célébré pour « son engagement intellectuel ». Philosophe et penseur de renom, il incarne l’élite sénégalaise dans les cercles académiques mondiaux.
L’Observateur, de son côté, revient sur « l’école qui guérit les maux de la société », en présentant un modèle éducatif alternatif mis en œuvre dans les quartiers vulnérables.
SPORT : ENTRE SACRES ET DESILLUSIONS
En sport, Record consacre sa une à « Jaraaf, les jalons du sacre », après le sacre du club en championnat national. En revanche, Stades parle de déception pour Kalidou Koulibaly et Al Hilal éliminés de la Coupe du monde des clubs.
SunuLamb, quant à lui, fait son bilan de la saison de lutte, en dévoilant « les 15 valeurs sûres de la saison », des espoirs appelés à prendre la relève dans l’arène.
BARTHÉLÉMY DIAS DÉNONCE UN BRAQUAGE DE LA MAIRIE ET RÉCLAME L’HÉRITAGE DES JOJ
Lors d’un point de presse tenu ce vendredi, le leader du mouvement « Sénégal Bi Ñu Bokk » a réclamé des projets concrets pour Dakar en héritage des Jeux, tout en dénonçant la détention prolongée de ses proches.
Le leader du mouvement politique « Sénégal Bi Ñu Bokk », Barthélémy Dias, a tenu un point de presse ce vendredi, portant sur plusieurs aspects notamment l’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026, et la situation de la mairie de Dakar, qu’il qualifie de braquage de la part du gouvernement.
Dans son discours, il a non seulement réaffirmé le rôle central de la ville de Dakar dans l’organisation de l’événement sportif, mais a également dénoncé ce qu’il a qualifié de « braquage » de la Mairie de Dakar et de « prise d’otage » de ses proches.
Barthélémy Dias a insisté sur le fait que c’est la Mairie de Dakar qui a officiellement candidaté pour accueillir les JOJ 2026, et non le Comité National Olympique Sportif Sénégalais (CNOSS) ou l’État du Sénégal.
Il a étayé cette affirmation en soulignant que les Jeux Olympiques sont attribués à des villes et non à des nations, citant les exemples de « Paris 2024 » ou « Los Angeles 2028″, et non « France 2024 » ou « États-Unis 2028« .
Le maire de Dakar a également revendiqué sa position de président du comité d’organisation des JOJ Dakar 2026, invitant les curieux à consulter les archives.
Les JOJ Dakar 2026, une candidature de la ville
Il a rappelé avoir été « supplié » par des membres du CNOSS pour rehausser de sa présence un événement passé « Dakar en Jeu » au monument de la Renaissance.
Cependant, le ton a rapidement viré à la confrontation lorsque M. Dias a interpellé ceux qu’il accuse de vouloir « outrepasser leurs prérogatives » en raison de la « situation politique actuelle ».
Il a mis en doute leur capacité à financer l’événement, demandant si ses détracteurs disposent des 80 milliards de FCFA nécessaires pour l’organisation des Jeux.
Il a précisé que si l’État du Sénégal et la Ville de Dakar mettront de l’argent sur la table, la majeure partie du financement provient du Comité International Olympique (CIO).
M. Dias a soulevé des questions pressantes sur l’utilisation des fonds, demandant si 20 milliards de FCFA du budget total de 80 milliards sont réellement alloués à la restauration et aux billets d’avion.
Mais au-delà des chiffres, la préoccupation majeure du maire concerne l’héritage des JOJ pour Dakar.
Comparant la situation à celle de Paris 2024, il a cité la construction d’une nouvelle piscine olympique, la transformation du village olympique en logements sociaux et le développement de nouvelles lignes de transport public.
« Où se trouve l’héritage de Dakar ? », a-t-il lancé, suggérant que des projets concrets et durables devraient découler de l’organisation des Jeux.
Il a proposé des aménagements spécifiques, tels que la corniche des HLM, le boulevard de Gueule Tapée et l’extension de la VDN 3, estimant que ces projets liés à l’esprit des JOJ coûteraient moins de 10 milliards de FCFA.
« Braquage » de la mairie et « prise d’otage » politique
Le maire de Dakar a également saisi l’occasion vider son sac sur des sujets plus politiquement chargés.
Il a qualifié de « braquage » pur et simple la situation actuelle de la Mairie de Dakar, rejetant toute notion de droit dans cette affaire.
Par ailleurs, il a dénoncé la « prise d’otage » de ses gardes du corps et de certaines personnes l’ayant accompagné lors des dernières élections législatives.
Une situation qui, selon lui, dure depuis deux mois et se poursuit, par la « volonté du PM« , pour d’autres personnes « injustement et arbitrairement en prison à Saint-Louis« .
Le maire de Dakar a réaffirmé l’indépendance financière de sa municipalité, citant des projets déjà en cours comme l’aménagement de jardins et de terrains de football synthétiques, notamment à Cambérène et Gueule Tapée-Castor, pour prouver la capacité de la Mairie à agir sans attendre l’aide extérieure.
PLUSIEURS BLESSÉS LÉGERS DANS UN ACCIDENT DE BUS DAKAR DEM DIKK À TATAGUINE
Le véhicule assurait la liaison Bignona-Dakar. Pris en charge par les secours, les blessés ont été évacués à l’hôpital régional de Fatick. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’incident.
Un accident de la circulation impliquant un bus de la société nationale de transport public Dakar Dem Dikk s’est produit ce vendredi en fin d’après-midi, aux alentours de 17h30, dans la commune de Tataguine, sur l’axe routier Fatick-Kaolack. Le véhicule en question assurait la liaison Bignona-Dakarlorsqu’il a été victime de l’incident.
Selon un communiqué officiel publié par la direction générale de Dakar Dem Dikk, l’accident n’a fort heureusement causé aucun décès, bien que plusieurs passagers aient été légèrement blessés. Ces derniers ont été pris en charge par les secours, avec le concours des autorités locales, et transportés à l’hôpital régional de Fatick pour recevoir les soins nécessaires.
L’intervention rapide des secours et le soutien des autorités locales ont permis une gestion efficace de la situation. Dakar Dem Dikk a immédiatement envoyé une équipe sur les lieux pour : porter assistance aux passagers, analyser les causes techniques de l’accident et assurer un accompagnement continu des personnes concernées.
Selon Dakar Dem Dikk, un dispositif de suivi médical a été mis en place en coordination avec les services de santé, et les familles des blessés sont en cours de contact pour un accompagnement personnalisé.
Par ailleurs, une enquête interne a été lancée en lien avec les forces de sécurité afin de déterminer les circonstances exactes de l’incident. Des mesures correctives ou de prévention pourraient être prises en fonction des résultats de cette enquête.
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THIABA CAMARA SY, MENTOR DES AUDACIEUSES
Entre sagesse ancestrale et vision moderne, cette experte-comptable devenue investisseuse redéfinit l'entrepreneuriat africain en misant sur le potentiel des femmes, grâce à un fonds de 20 milliards de francs CFA
Dans le bureau feutré de son cabinet à Dakar, Thiaba Camara Sy accueille avec ce sourire dont elle dit qu'elle est "venue au monde avec". À 60 ans passés, cette femme d'affaires sénégalaise incarne une génération de pionnières qui ont tracé leur chemin dans un monde entrepreneurial encore largement masculin. Aujourd'hui, elle investit dans l'avenir à travers le Women Investment Club (WICK), un fonds de 20 milliards de FCFA dédié aux entreprises dirigées par des femmes.
"Je viens d'une famille de culture Lebou", explique-t-elle d'emblée. Cette origine façonne encore aujourd'hui sa philosophie d'entreprise. Les Lebou, cette communauté de pêcheurs et commerçants de la presqu'île du Cap-Vert, ont développé une société égalitaire où "il n'y a pas homme-femme, c'est l'être humain avec une égale obligation de dignité."
Son père, magistrat ayant plaidé courageusement lors du procès de Mamadou Dia, lui a transmis des valeurs cardinales : la droiture, l'honneur, et surtout cette maxime Lebou gravée dans sa mémoire : "Quoi que tu arrives à obtenir dans la vie, si tu n'as pas ton bien foncier, tu n'as rien." Une leçon d'indépendance économique qu'elle appliquera toute sa vie.
À 10 ans, Thiaba monte à cheval avec les gardes rouges de l'ASPA, l'association sportive des forces armées. Cette expérience militaire forge son caractère autant que sa vision du leadership. "L'équitation m'a appris que si vous regardez par terre, vous tomberez par terre. Quand on doit franchir un obstacle, il faut se projeter au-delà", raconte-t-elle.
Cette métaphore de l'équitation traverse tout son discours entrepreneurial. Après une chute qui lui brise le poignet à 14 ans, elle applique instinctivement la règle d'or des cavaliers : "On ne laisse jamais un cheval sur un refus. On ne reste jamais sur un échec. On a échoué au moment où on décide d'abandonner."
Thiaba maîtrise l'art de la parabole pour transmettre ses enseignements. Son histoire préférée ? Celle des puces dans le bocal. "Quand on enferme une puce dans un bocal ouvert, elle s'échappe. Mais si on met un couvercle, elle finit par ne plus sauter même quand on l'enlève. Elle s'est limitée elle-même."
Cette métaphore résume sa philosophie : nous sommes nos propres geôliers. "C'est mental. Et c'est là où il est important, quand on élève un enfant, de faire très attention au narratif qu'on lui donne", insiste-t-elle, particulièrement concernée par l'éducation des filles souvent bridées par des injonctions de prudence excessive.
L'entrepreneure malgré lui
Son parcours entrepreneurial commence par hasard. Jeune expert-comptable fraîchement diplômée, elle hésite à s'installer. Son père tranche : "Si tu dois faire les choses, fais-les sérieusement." Avec pour seul capital sa compétence et une conviction, elle loue un bureau, persuadée qu'au bout de trois mois d'arriérés de loyer, "on me mettrait à la porte."
Sa première cliente, une Française propriétaire d'un restaurant, accepte de payer 150 000 FCFA par mois quand le tarif standard était de 50 000. "Je lui ai dit : donnez-moi les moyens de vous délivrer cette qualité-là. Je n'ai que ça pour vivre." Le pari est tenu. Le bouche-à-oreille fait le reste.
"On ne réussit jamais seul" : ce leitmotiv guide toutes ses décisions. Thiaba prône l'humilité face à l'ignorance et la générosité dans le partage des conseils. "Le premier pas vers la compétence, c'est quand on prend conscience de tout ce qu'on ne sait pas et qu'on est ouvert au conseil d'autrui."
Elle insiste sur l'importance du mentorat, même payant : "Moi, je préfère payer 1000 francs et avoir ce dont j'avais vraiment besoin, plutôt que payer 100 francs et me rendre compte que j'ai jeté 100 francs par-dessus bord." Une philosophie qu'elle oppose à la mentalité francophone souvent réticente à investir dans le conseil, contrairement aux anglophones.
En 2016, Thiaba cofonde le Women Investment Club avec trois autres femmes. Le concept révolutionne l'investissement en Afrique de l'Ouest : "Par les femmes, pour les femmes." Le premier fonds de 3 milliards de FCFA a permis d'investir dans une dizaine d'entreprises dirigées par des femmes. Un deuxième fonds de 20 milliards est en cours de levée.
"Nous avons introduit l'empathie et la bienveillance dans ce monde de la finance", explique-t-elle. Chaque investissement s'accompagne d'un conseil d'administration, d'un mentorat et de six mois de coaching professionnel. L'approche cible le "missing middle" : ces PME de 200 millions à 1 milliard de FCFA de chiffre d'affaires, trop grandes pour la microfinance, trop petites pour les fonds traditionnels.
Les clés du succès selon Thiaba
Qu'est-ce qui différencie les entreprises qui réussissent ? "L'écoute et la capacité d'exécution", répond-elle sans hésiter. "Il faut se méfier de son ego. Entre ce qu'on sait faire et qu'on aime faire, et tout ce qu'on ne sait pas faire mais qui appartient au monde de l'entrepreneuriat, c'est énorme."
Son conseil aux jeunes entrepreneurs : "Vas-y, rien n'est en dehors de ta portée." Elle regrette d'avoir acquis cette confiance "beaucoup trop tard" et encourage l'audace calculée : "La peur, c'est un feu orange. Attention, il y a des risques. Mais ce n'est pas parce qu'on a peur qu'il faut pas y aller."
Pour Thiaba, l'Afrique détient les clés de l'avenir grâce à ses valeurs humanistes préservées malgré les épreuves. "Nous sommes profondément humanistes. Dans la langue wolof, l'importance du mot 'diam' (la paix) fait partie de nos valeurs fondatrices."
Elle milite pour une renaissance basée sur la connaissance de soi : "Il est important que nous comprenions, nous Africains, la puissance qui est en nous et que nous en soyons conscients et fiers. C'est ça qui va nous permettre de rétablir notre puissance."
Sa devise résume tout : "Nous vivons la vie que nous créons pour nous." Thiaba compare l'humanité à l'apprenti sorcier de Mickey Mouse : nous possédons un immense pouvoir de création, mais il faut l'accompagner de sagesse.
"L'esprit humain est la technologie la plus avancée de l'univers. Jusqu'à présent, nous sommes les seuls à avoir le pouvoir de création après le Tout-Puissant. Cette capacité créatrice, nous l'avons, mais elle n'a de sens que si nous savons l'utiliser à bon escient."
LA CEDEAO ACCUSÉE DE COMPLAISANCE VIS-A-VIS DE FAURE
De Dakar à Lagos, en passant par Abidjan et Conakry, des organisations citoyennes se mobilisent contre le "coup de force constitutionnel" togolais. Réunies dans une coalition inédite, elles interpellent la CEDEAO sur ses responsabilités historiques
Trente-sept organisations de la société civile africaine dénoncent l'insuffisance du communiqué de la CEDEAO sur la crise togolaise. Dans une déclaration cinglante parvenue à notre rédaction, elles accusent l'institution régionale de minimiser un "coup d'État constitutionnel" et réclament des sanctions contre le régime de Faure Gnassingbé.
"Nous, organisations de la société civile togolaise et africaine soussignées, avons pris connaissance du communiqué de la CEDEAO en date du 30 juin 2025 concernant la situation au Togo.
Si nous saluons l'attention portée par l'institution régionale aux événements en cours au Togo, nous exprimons notre profonde déception face aux graves insuffisances de ce communiqué, qui ne reflète ni la complexité, ni la gravité de la crise politique, institutionnelle et sécuritaire actuelle au Togo.
En effet, depuis le début du mois de juin 2025, des manifestations sociales et politiques de grande ampleur secouent la République Togolaise, en réaction à l'adoption controversée par voie parlementaire d'une nouvelle Constitution, instituant une Vème République, sans consultation référendaire. Ce changement constitutionnel a été largement perçu par la jeunesse togolaise et la société civile comme un coup d'État institutionnel et constitutionnel, destiné à pérenniser un pouvoir en place depuis 58 ans. Le Président du conseil des ministres a un mandat illimité et n'est plus élu démocratiquement par le peuple togolais.
Les manifestations pacifiques, principalement conduites par des jeunes, ont été réprimées violemment, occasionnant des pertes en vies humaines, des arrestations arbitraires, des atteintes aux droits fondamentaux et une restriction sévère de l'espace civique.
Des insuffisances notoires apparaissent dans le communiqué de la CEDEAO
1. Réduction de la crise à une simple tension sociale
Le communiqué omet toute référence aux causes politiques du soulèvement populaire : à savoir, l'adoption unilatérale d'une nouvelle Constitution par voie parlementaire, sans référendum ni consultation nationale. Et ce malgré les prises de positions régulières des partis politiques, de la société civile et des organisations religieuses.
2. Silence sur la légalité constitutionnelle
Aucune mention n'est faite des engagements du Togo au titre du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance, notamment l'interdiction des révisions constitutionnelles abusives ou anticonstitutionnelles (articles 1c, 1d, 1h).
Le communiqué ne fait pas non plus référence aux dispositions, pourtant très claires de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, un instrument de l'UA visé par l'article 1h de son protocole susmentionné, notamment à ses articles 23.5, 24 et 25 relatifs aux sanctions en cas de changement anticonstitutionnel de gouvernement.
3. Absence d'appel clair à un retour à l'ordre constitutionnel
La CEDEAO se contente d'appeler à la paix, sans exiger de mesures concrètes pour restaurer la légalité démocratique, pourtant bafouée par le passage à la Vème République.
4. Manque de reconnaissance du droit à l'organisation de manifestations pacifiques et à la légitimité des citoyens togolais à résister
Le communiqué ne reconnaît pas la légitimité des manifestations citoyennes, ni les violations massives des droits humains : morts, arrestations, actes de torture, restrictions de l'espace civique. Il appelle « les deux parties à la retenue » comme si les manifestants aux mains nues utilisaient les mêmes moyens que les forces de l'ordre et ne fait aucune référence à l'usage disproportionné de la force ni à l'interdiction de l'usage des armes et du recours à des traitements cruels, inhumains et dégradants visé dans l'article 22 de son protocole susmentionné, pour la dispersion de réunions ou de manifestations non violentes.
5. Responsabilité de la CEDEAO dans cette crise sociopolitique
Avant les élections législatives de 2024, la CEDEAO a dépêché une mission d'évaluation politique au Togo en plein débat sur le projet de constitution de la Vème république. La mission s'est déroulée du 15 au 20 avril 2024, soit quelques semaines avant le scrutin du 29 avril 2024. Elle avait initialement un mandat politique d'évaluation du climat sociopolitique, mais à la suite de pressions du gouvernement togolais, elle a été recentrée officiellement en "mission exploratoire" ou d'"information" sur l'organisation du scrutin.
La CEDEAO porte pourtant une lourde responsabilité dans la crise sociopolitique actuelle au Togo. En 2017-2018, une crise majeure avait éclaté autour de la demande de retour à la constitution originelle de 1992. Lors de la 53ème session de la Conférence des chefs d'État, la CEDEAO avait défini une feuille de route incluant la révision constitutionnelle par voie parlementaire, avec l'appui d'un expert constitutionnaliste et des élections législatives. En novembre 2018, la Commission de la CEDEAO a validé le rapport de cet expert, jugé conforme aux décisions du sommet et aux pratiques ouest-africaines, et l'a transmis aux acteurs togolais. Les élections législatives ont eu lieu en décembre 2018 et l'Assemblée nationale élue a révisé la constitution en mai 2019, suivant les recommandations de l'expert, avec notamment un article 59 limitant le mandat présidentiel à deux fois cinq ans, modifiable uniquement par référendum. L'article 59 nouveau stipule que : « Le Président de la République est élu au suffrage universel, libre, direct, égal et secret pour un mandat de cinq (05) ans renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être modifiée que par voie référendaire ». Cependant, l'Assemblée nationale élue en 2018, issue de cette médiation, a prolongé son mandat au-delà de la limite constitutionnelle en 2024 et changé en mars 2024, la constitution de la IVème République sans référendum, ce qui alimente la crise actuelle. L'Assemblée nationale élue en décembre 2018 à la suite de cette médiation de la CEDEAO est celle qui, après avoir voté la révision constitutionnelle de mai 2019, a prolongé son mandat hors du délai constitutionnel de cinq ans pour changer la constitution en mars 2024, sans recours à une consultation référendaire.
La responsabilité de la CEDEAO remonte même à la prise de pouvoir de M Faure GNASSINGBÉ à la suite du décès de son père en février 2005. En violation de la constitution togolaise et de son protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, la CEDEAO avait validé l'élection calamiteuse par laquelle M. Faure GNASSINGBÉ s'est maintenu au pouvoir malgré le coup d'État militaire puis constitutionnel et institutionnel et les crimes de masse commis lors de la répression de la contestation de cette élection frauduleuse.
La CEDEAO n'a jamais assuré le service après-vente des fausses promesses faites à l'opposition togolaise pour lui faire accepter l'élection frauduleuse de M. Faure Gnassingbé « pour un mandat unique de cinq ans afin de redorer le blason de son père ».
Plus de vingt (20) ans après cette promesse non tenue, les Togolais ont perdu toute confiance en la CEDEAO et risquent de ne plus accorder le moindre crédit à une médiation de l'institution sous-régionale si celle-ci ne prend pas ses responsabilités pour faire respecter ses propres textes ainsi que ceux de l'Union africaine.
Nos recommandations à la CEDEAO
1. Rectifier publiquement sa position en reconnaissant la nature institutionnelle de la crise togolaise et en appelant au retour à l'ordre constitutionnel de la IVème République et à arrêter la fuite en avant que constitue le processus électoral en cours, notamment les élections locales prévues dans le courant de ce mois de juillet 2025.
2. Mettre en œuvre ses propres protocoles, en envoyant une mission de médiation de haut niveau avec mandat de rétablissement de la légalité démocratique.
3. Suspendre le Togo des instances décisionnelles de la CEDEAO tant que le processus de réforme constitutionnelle ne respecte pas les normes démocratiques régionales.
Le peuple togolais, et en particulier sa jeunesse, attend de la CEDEAO qu'elle incarne ses principes fondateurs, au lieu de les ignorer. L'institution ne peut se contenter d'un positionnement neutre face à une rupture manifeste de l'ordre constitutionnel.
Au nom de la stabilité et de la justice démocratique en Afrique, nous appelons tous les peuples africains à rester vigilants et solidaires pour empêcher la banalisation des coups d'État et de force constitutionnels et électoraux qui sont le prélude des coups d'État militaires, seuls changements anticonstitutionnels de gouvernement objets de sanctions."
Signataires :
AfricaJom Center
AfricTivistes
Alliance for Inclusive Development- AidAfrica- Nigeria
ATTAC Togo
Bénin Check
Campaign for Good Governance, Sierra Leone
Civil Society Legislative Advocacy Centre (CISLAC)
Clic Citoyen
CREA
Fondation Autre Afrique
Forum pour la Nation et la Démocratie (FND)
Front Citoyen Togo Debout
Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC)
Front Populaire
Geek Bénin
IMD
Kimpact Development Initiative (KDI), Nigeria
LAD & HR
Ligue Bissau Guinéenne des Droits de l'homme
Lueur d'espoir
Mouvement Citoyen (Sénégal)
Nyonka Africa
Novation Internationale
Réseau National des Acteurs du Développement Durable (RENADE) pour la Guinée
Synergie Togo
TogoDebout-Europe
TogoDebout-USA
Tournons La Page
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Tournons La Page Togo
WADEMOS
West African Civil Society Forum- WACSOFOSCAO
Références aux engagements régionaux ratifiés par le Togo
Protocole de la CEDEAO de 2001 (art. 1c, 1h, 2, 22, 23) : interdiction des changements anticonstitutionnels ; garantie par la CEDEAO, des droits contenus dans la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des peuples et les instruments internationaux, obligation de soumettre les réformes à un consensus national, interdiction de l'usage des armes et du recours à des traitements inhumains et dégradants dans la dispersion de réunions ou de manifestations pacifiques.
Protocole de 1999 sur la prévention des conflits (art. 25, 36, 42) : droit d'intervention en cas de menace à l'ordre constitutionnel.
Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (UA) : ratifiée par le Togo, (article 23.5, 24, 25) elle condamne et sanctionne toute modification de la Constitution qui compromet l'alternance démocratique.
PAR HABIB DEMBA FALL
UNE FRATERNITÉ RÉPUBLICAINE EN UNIFORME
Le spectacle de citoyens qui crient leur colère et de policiers qui gesticulent est d’une banalité très dangereuse dans nos rues. Il est beau le spectacle de policiers apportant leur assistance à des routiers confrontés à une panne de leur véhicule.
De ma fenêtre, je regardais un oiseau. Un oiseau au plumage splendide qui prenait quelques graines en milieu de matinée. Un air de déjà-vu. Un air de déjà entendu comme cette fameuse phrase de Youssou Ndour dans une de ses chansons : « Je veux vivre, rester libre ; je veux m’envoyer vers le ciel. » Dans un précédent opus, il avait défini sa liberté comme l’envol d’un oiseau auquel il est loisible de se poser sur l’arbre de son choix. Une forte convergence avec « Je vole » de Michel Sardou, disant aurevoir à ses « chers parents » : « Je vous aime mais je pars/Vous n’aurez plus d’enfant… »
Hymnes à la liberté, hymnes à l’affirmation de soi. Chacun s’affranchit du plomb dans ses ailes pour visiter les cieux de sa propre destinée : la menace sur les libertés, le besoin de reconnaissance, le poids du regard de l’autre, la perte d’estime de soi, la solitude, la pauvreté, la stigmatisation, l’isolement, etc. La détermination donne des ailes, à l’image du vent qui souffle dans les voiles pour permettre à l’embarcation de voler littéralement, comme l’oiseau de la chanson, vers des horizons habités par la chance et la liberté. Le besoin de liberté accompagne donc les grandes enjambées vers une vie meilleure. Ce besoin porte toutes les marches pacifiques ou heurtées, pancartes à la main ou slogans criés à tue-tête.
Cette liberté est, assurément, une ressource essentielle à l’affirmation de soi et à l’émancipation des communautés. Une aspiration légitime des peuples à côté du devoir de veille sur la légalité exercée par les forces de sécurité comme mandataires de la puissance publique. En treillis ou en kaftan, un citoyen est un citoyen devant la loi. Les attributs de la police ou de la gendarmerie ne donnent pas le droit de faire vivre le martyre à quiconque. À ce niveau, la liberté ne subit qu’un seul diktat, celle de la responsabilité. Ce principe est un bol d’air pour les voix indignées des droits de l’hommistes dans ce qu’il est maintenant convenu d’appeler l’affaire des « bavures policières » à Cambérène et à Rosso.
Leurs mots se déploient, telles des ailes de la liberté, au-dessus de l’espace démocratique comme pour conjurer la pensée unique et la tentation de la répression. Ils sont dans leur rôle, pour reprendre l’expression diplomatique consacrant la diversité d’opinion adossée aux différents mandats. Le principe est de refuser que les drames ayant eu cours à Diamalaye et à Rosso soient classés au registre des habitudes des forces de la police. Une habitude n’est pas une bavure, entendons-nous bien sur le sens de ce mot.
Une bavure est un fait survenu par inadvertance. Elle peut être une bévue ou une erreur. Si tel n’est pas le cas, ce sera une bien vilaine habitude. Une seconde nature donc des forces de défense et de sécurité. C’est bien ce que laisse penser une autre opinion outrée par la récurrence des violences attribuées aux personnels chargés du maintien de l’ordre. Cette frange de l’opinion exhibe la liste des scènes et stigmates de la violence supposée des forces de l’ordre. Autant de blessures sur le corps de citoyens lambda et sur le visage des agents en service commandé censés les protéger. Les temps changent, à la vitesse du clic. Il y a deux à trois décennies, les défenseurs (ou les attaquants ?) des droits de l’homme faisaient le tour des rédactions, en compagnie de victimes présumées de la violence policière. Le « supplicié » du jour entrait dans la grande salle des journalistes dans une apparence normale. Puis, pris en isolement dans une petite pièce, montrait, lorsqu’il se dévêtait, une natte de balafres sur son corps. La photo immortalisait cette preuve d’une souffrance entre les mains des protecteurs habilités par la loi.
Cette scène était devenue très courante, avec le transport d’émotions qui défie la raison ou la distance d’objectivité au respect de laquelle est tenu le journaliste. Aujourd’hui, dans un monde en réseau, le moindre coup de matraque a un très grand retentissement. Haut perchés sur leurs balcons, des témoins filment les scènes de violence, n’hésitant pas à charger les forces de l’ordre. Ma mémoire ne sera pas sélective. Elle est longue, la liste des drames : Mamadou Sidibé de Kédougou, Malick Bâ de Sangalkam, les étudiants Balla Gaye, Fallou Sène et Mamadou Diop, Thierno Bâ et Lamine Dieng de Cambérène, Talla Keïta de Rosso… Ne l’oublions pas : ils ont rejoint dans l’au-delà leurs aînés policiers du 16 février 1993, massacrés alors que leur voiture ne démarrait pas ! Même au sol, à hauteur d’homme, la souffrance est une aubaine pour les voyeurs.
Les policiers n’y échappent pas ! Ils sont nombreux à avoir vu la scène très scandaleuse d’un policier au sol, roué de coups et recevant une brique de la manière la plus cruelle. Il a survécu alors que beaucoup l’avaient donné pour mort. Il n’existe pas de douleur plus vive que l’autre au prétexte que la victime est civile ou non. Un contentieux reste pendant. Le temps dira, peut-être, l’origine des balles ou des machettes du désastre. Dans la nuit noire des rancœurs, les mains malfaisantes peuvent aller plus vite que les intentions des bien-pensants pour lapider ou tuer. Je retiens de tout ceci que l’innommable est d’une laideur extrême pour un pays où la fraternité doit être le ciment du patriotisme. Cette bâtisse est le patrimoine de tous, qu’ils soient civils ou agents de la police ou de la gendarmerie.
Pour en prendre soin, il est important de tisser des relations de respect et de confiance. Le spectacle de citoyens qui crient leur colère et de policiers qui gesticulent est d’une banalité très dangereuse dans nos rues. Il est beau le spectacle de policiers ou gendarmes apportant leur assistance à des routiers confrontés à une panne de leur véhicule. L’image culte est celle de citoyens donnant à boire à ceux qui veillent sur leur sommeil et leurs biens. L’attitude républicaine de la part des citoyens de tous les bords ne cloue pas nos rêves au sol ; elle donne plutôt des ailes à nos accomplissements en libérant nos âmes des ombres des rancœurs et préjugés. Et l’oiseau des libertés continuera de chanter à nos fenêtres !